De l'impératif du non enlisement

(suite du dialogue entre le torrentiel et un croissant de lune, herméneutique 6 et chronique 8)

Envoyé par Croissant de lune, le 9 février 2011 à 0h19


Mon Torrentiel!


J'ai bien lu et relu ton message. Dupont-Aignan, aurait évolué d'une tendance d'extrême-droite relative et classique, avec de l'hostilité envers l'immigration d'une part, et du souverainisme d'autre part, jusqu'à un positionnement Gaulliste pur, comme avant l'existence du Front. C'est précisément des Gaullistes de ce genre que je recherche. L'a-t-il fait uniquement par intérêt électoral et politique, pour soigner sa carrière? L'habileté n'est pas un vice, non plus que les aptitudes et savoirs-faires en communication. Maintenant, toi qui est Chrétien, pourquoi ne le fais-tu pas bénéficier du principe du repentir? Tout ça ne serait que calcul? Si d'aventure, un élan plus profond s'y trouve, comment savoir? Dans l'ignorance de ce qu'il y a dans le coeur des hommes, on doit leur supposer autre-chose que le mal. Le repentir existe, Dieu aime les repentants. C'en est au point, dans le Coran, qu'on se dirait presque qu'il vaut mieux d'abord avoir péché, pour s'en repentir ensuite, ainsi, gagnerait-on mieux encore son salut. Qu'il ne confesse pas délibérément ses fautes passées, qu'importe! L'oubli des fautes, n'est-ce pas ça, le pardon? S'il fréquente Radio-Beur, c'est pas une référence, étant une radio moyenne, voire nunuche et grand public, mais enfin quand-même! Voilà pour ce que je crois comprendre, mais à part ça, aurait-il l'envergure qu'il faut à l'homme providentiel?


Ou bien encore, si Dieu veut qu'il émerge en France un candidat Beur, sustenté par les thèses de Todd et de l'économiste Jean-Luc Gréault et d'autres qui sortent des sentiers battus, et qui sont bien capable de lui procurer les signatures, qu'en penses-tu? Si vraiment, il n'y a pas d'autochtone en perspectivve, si tu n'en vois aucun, de l'envergure souhaité, cette sollution serait assez judicieuse, jusqu'au premier tour! Un candidat beur, mais non pas de gauche, par pitié! Un qui soit plus ou moins Gaulliste, et qui, à l'instar de Chevennement, ne serait ni à droite, ni à gauche, ni même au centre, sa candidature serait centrale, comme De Gaulle. Un qui transporterait en France la flamme de Sidi-Bouzid, un qui soit capable de dire "non". Un qui soit assez sincère et courageux pour ne pas plier devant l'adversité croisériste, de manière à créer un contre-feu, une autre attraction. Rien que cela seul, aurait déjà de l'intérêt, et transformerait le paysage. Mais en plus, étant muni des thèses alternatives, il aurait une arme imparable. L'intérêt de cette démarche, c'est, comme j'en ai parlé dans un autre message, de rendre encore plus spectaculaire et visible ces idées et thèses. Il faudrait qu'il s'annonce avant la fin de cette année, et qu'on s'habitue à cette idée, pour que les Beurs et minorités visibles, comme beaucoup d'autres gens, se soucient de s'inscrire sur les listes, chose trop souvent négligée! Une montée en force le conduirait en position respectable, qui lui permette de négocier le report des voix enregistrées sur le candidat qui reprendrait le mieux la paternité des thèses nouvelles. Je ne vois pas meilleur moyen d'illustrer ces idées fortes, de les rendre perceptibles au plus grand nombre, et quelle que soit l'issue finale, elles auront marqué les esprits, et auraient des chances de compter au-delà des élections! En définitive, ce candidat n'aurait pour but réel, selon mes voeux, d'être porté à la présidence, mais seulement, de faire vivre ces idées. Je pense que la présidence et beaucoup d'autres postes de haute souveraineté, devraient relever uniquement des autochtones, il y a déjà certaines minorités, excessivement représentées en politique. Voilà un point dont je voudrais t'entretenir un peu en une prochaine occasion.

Ce jour, le grand peuple Arabe et libre de l'égypte longue, mère des patries, a élargi et aprofondi ses marches et mouvements, encore plus massifs! Je n'ai pas le chiffre, mais ce quinzième jour, depuis le grand 25 janvier, serait le sommet de ce qui se fit jusqu'à présent. Le peuple ne se lasse pas, les marches sont plus massives et ont gagné plus d'étendue dans le pays. Torrentiel, j'ai grand regret, que les médias Français désinforment et minorent les mouvements de l'égypte longue. C'est devenu nettement laconique et mensonger. On peut s'afliger de l'absence totale de soutien populaire dans toute l'europe, ce week-end. Il n'y eut guère que des égyptiens, sans l'amitié que les peuples libres devraient, en principe, se témoigner! Quel jugement portes-tu sur cet attentisme? Est-ce du croisérisme? N'en eût-on pas fait davantage en faveur d'Américains du sud? Ce qu'on nomme "la Révolution mondiale", semble s'être fractionné au moins en deux, depuis 1979, depuis la grande révolution Islamique d'Iran. Que des Musulmans aient eu parfois, quelques torts minimes envers des Marxistes, je ne le conteste pas. Mais en revanche, bien plus grave est la trahison Marxiste, on en est venu parfois à sustenter la guerre Irakienne, en ce temps-là! Le Marxiste serait-il croisériste à son insu? Quand cesserez-vous votre haine et toxicité? Les commentaires mêmes semblent faire plus de cas de la Tunisie, jugée sans doute moins coupable d'Islam que l'égypte. Qu'en penses-tu?


C'est en vain que certains ont cru au balancement Américain. Il y eut juste du verbalisme et ce qu'il faut d'hypocrisie. Du reste, il n'est pas certain que l'action Américaine soit déterminante, quand bien même on le voudrait vraiment! C'est qu'il s'agit vraiment d'un régime fort, jouissant finalement d'une relative souveraineté alors même que, si on peut dire, sa doctrine était celle d'une souveraineté limitée, que certains ont nommé, je ne sais pourquoi, "complémentarité". Je commence à croire que l'armée n'est pas indécise, seulement, elle ne se salit pas les mains, laissant aux milices de basse flicaille le rôle répressif. Or, la répression semble s'être relâché, on n'enregistrerait plus de tués, pas même de blessés, semble-t-il, pour ce que j'ai compris. Je pense qu'un peuple en mouvement, surtout dans nos pays, a relativement besoin du martyre, de marches sur le palais et vers des immeubles officiels fort bien défendus de l'armée. Impossible d'y rentrer, mais il fut pourtant possible d'empêcher je ne sais quel ministre de gagner son bureau!


Pourquoi faut-il agir maintenant, et ne pas attendre le terme du mandat? C'est que l'homme n'a, ni panache ni grandeur! Saches, pour l'exemple, qu'aucun, ni lui, ni d'autres, ne reconnaissent leur responsabilité dans l'offensive des bastonneurs. Les exemples sont innombrables, qui pointent la crise de confiance infranchissable entre le peuple et le régime. Trop souvent trompé, même en ces jours, malgré le discour qui t'a paru grand, le peuple tient le régime pour un monstre blessé, prêt aux vengeances. Pas de choix. Haïkel, le journaliste l'a bien dit, et il conseille au peuple de ne pas cesser ses mouvements tant qu'il n'a pas la preuve de changements définitifs et irréversibles. Le bas niveau actuel de la répression est une situation délibérée, par laquelle le régime entend faire sortir le peuple du rêve élevé du martyre. Or, si les choses continuent ainsi, il faudra bien que le peuple recherche en effet, le sang sacrificiel, prix de la liberté. Certes, la liberté peut coûter cher, mais, en refuser le prix, est encore plus coûteux!

Demain sera un jour calme, et je présume que vendredi seulement, d'autres marches massives se feront. Avant que le peuple ne s'épuise, et que les pénuries ne se fassent sentir, il faudra bien que des volontaires égyptiens, voire Jordaniens fassent quelque-chose. Il y a une structure Jordanienne équivalente au Hizb-Allah, j'ignore s'il y en a une en égypte même. Enfin, je présume que des cellules éparses existent. Avant que le peuple ne se lasse et s'épuise, la République Islamique, qui, vendredi dernier, fit connaître son soutien par la voix d'El-Khamenaï, si elle en trouve les voies et les moyens, doit faire tenir nuitamment des armes, voire transférer des hommes, des cadres militaires, connaissant bien le maniement des volontaires. La Cause égyptienne est la cause clef, de la Nation et de l'Homme. Dieu est grand.


Rodomont pour qui, tout se tient.

----- Original Message -----
From: Julien WEINZAEPFLEN
To: Abdellatif Harzi
Sent: Tuesday, February 08, 2011 5:17 AM
Subject: Re: Constatations du jour.


Mon cher croissant de lune,

Tu m'interroges sur Nicolas dupont-aignan, je crains d'avoir à te décevoir une fois de plus. L'homme se dit gaulliste, on peut bien lui en faire le crédit. Il a commencé par adopter des positions très "à droite" et très anti-immigrationnistes, au moins autant que souverainistes. Il a aussi brigué la Présidence de l'UMP contre sarkozy en étant conscient de donner un coup d'épée dans l'eau, mais en prétendant combattre pour l'honneur, ce que je veux bien encore lui concéder. On a souvent estimé que c'était un de villiers (light), mais qui avait la faveur des médias, ayant sa carte d'invitation chez Thierry ardisson, entre autres amuseurs-débatteurs de la "société du spectacle", qui ne saurait concevoir le débat qu'il ne soit ponctué d'"amusettes". Le Pen a toujours fustigé comme antidémocratique le fait que les médias ne le recevaient pas, ne le traitaient pas, lui et son parti, à égalité avec ses concurrents, la moindre des choses qui devrait être de rigueur en démocratie. Etrangement, sa fille a été invitée, est devenue une espèce de chouchou, d'icône, des agents de transmission de l'information que sont les médias, pour le maintien et la perpétuation de l'épouvantail, comme tu sais que c'est ma thèse, et l'opération a réussi, Marine le Pen a recentré le front National sur l'antiislamisme plutôt que sur l'anti-immigrationnisme, ce qui a fait qu'on a trouvé son discours passable, en quel honneur ? Un discours antiimmigrationniste avait au moins le mérite d'être plus franc, et de ne pas stigmatiser la pratique ou la foi religieuse de personnes qu'on prétendait accueillir. Le spectre politique des années où Nicolas dupont-aignan était un Viliers invité par les médias, lequel était lui-même plus invité que le Pen, était le suivant : à gauche de la droite, on avait les cassiques de l'UMP classique ; un peu plus à droite était dupont-Aignan ; ensuite, venait de villiers qui, à son souverainisme, joignait l'islamophobie, montrant le chemin à Marine le Pen ; à droite de villiers, venait le père de cette dernière.

Les cartes se sont un peu redistribuées après la présidentielle de 2007 :Philippe de Villiers est "mort politiquement" de son opération d'antiislamisme qui lui a fait dire, durant toute la campagne présidentielle que, cette fois, il était bel et bien sorti du système et que plus rien ne l'y ferait rentrer. Tout cela pour accepter, à peine six mois plus tard, la main tendue de Sarkozy. Dupont-Aignan, qui avait toujours été un ersatz de villiers, a fait le raisonnement suivant qu'il avait déjà amorcé avant la campagne : il faut que je reste sur une ligne gaulliste, mais que je supprime de mon discours comme une gangrenne, tout anti-immigrationnisme et jusqu'à toute trace d'antiislamiste, ce qui lui vaut d'être un invité récurrent et bien aimé de "beur FM". Ainsi fut fait, jusqu'à expulser de son mouvement la curieuse dirigeante de "riposte laïque", christine Tasin qui, issue des mouvements de la gauche, s'est lancée dans des opérations antiislamistes du plus mauvais goût, comme celle d'organiser des "apéros géant" saucisson-pinard dans le quartier de la goûte d'or. Je ne dis pas qu'on n'ait pas le droit d'organiser de telles réunions ; mais pourquoi ne pas prévoir des boissons non alcoolisées et autre chose que du saucisson pour ne pas exclure, avec une hypocrisie qui rend l'opération agressive, les populations musulmanes devenues majoritaires dans ce quartier et dont on insulte, non seulement à la croyance, mais aux personnes, en les excluant de fait de telles manifestations ? Cela étant, je me suis aussi senti mal à l'aise quand, me rendant dans une fête turque (qui n'était pas fermée aux autochtones), il m'a été impossible de trouver une bière.

Ce qui est le plus reproché à Nicolas dupont-Aignan est d'avoir, dans sa jeunesse, participé à une réunion des "young leaders" repérés par les observateurs américains, au cours de laquelle il aurait appris la stratégie et la communication politique et qui lui aurait donné à la fois son bagoût et une espèce de passe-partout pour pouvoir être invité où il souhaite d'exprimer ses opinions. Donc il n'est pas improbable que Nicolas dupont-Aignan, qui se rêve en alternative, d'un rêve réel ou de galeriste, ne soit en réalité qu'une créature. Cette personnalité mise à part, je ne suis pas surpris que tu te sentes plus de connivence avec des personnalités de droite qu'avec des partisans d'une gauche qui caresse la population arabe dans un sens purement électoraliste. Cette réaction m'a été plusieurs fois signifiée par des arabes, soit de l'intérieur, lesquels me disaient ne pas détester le Pen, soit au Moyen Orient, disant qu'il était parfois plus facile de traiter avec des gouvernants israéliens de droite, pourvu qu'ils ne fussent pas affairistes, qu'ils s'appellent Sharon plutôt que Netanyaou,, car ils faisaient des concessions sur lesquelles on pouvait espérer qu'ils ne reviendrait pas, qu'avec des travaillistes, les avatars locaux des socio-bourgeois que tu fustiges, qui n'avouent jamais leur hostilité, mais n'ont aucune parole . J'avais senti dès la première réponse que tu me fis qu'il en allait ainsi de toi, car je te trouvais une communauté d'écriture avec la force polémique des littérateurs de droite ; et sans cette "famille d'écriture" si ce n'est de pensée, il est probable que nous n'ayons rien pu entamer, toi et moi, en matière de joute ou de dialogue. Car je me crois à peu près sur la même ligne que toi : je ne me sens pas de droite à proprement parler, mais je ne supporte pas le flou que se plaît à entretenir la gauche. J'aime à l'occasion prendre mon bain dans la voix saoulante, mais maternelle, coulé avec un robinet d'eau tiède de Ségolène royal. Mais je ne suis pas dupe que c'est de l'eau tiède, une simple variation de température, mais la même politique. En résumé, la droite est ma famille de pensée (dans le mode de penser), mais elle n'est pas (ou pas toujours, ou pas souvent) ma famille de pensée dans les opinions et conclusions auxquelles elle aboutit.

Concernant Julie Clarini que tu fustiges depuis deux ou trois messages parce qu'elle aurait regretté dans sa chronique que "la France (n'ait) plus besoin de héros", je crois que tu n'as pas bien saisi la nuance de regret qui perçait dans sa "sociologie de l'héroïsme". Ce qu'on peut lui reprocher, comme à tous les représentants de la "boboïtude" dont il n'est pas faux que notre société crève, comme à tous ces agens du non sens qui font du "grand n'importe quoi" le nec plus ultra de l'expression devant précéder l'agonie du langage et des certitudes, c'est précisément qu'elle se livre à une "sociologie de l'héroïsme" plutôt que de d'y réengager ceux qui l'écoutent; qu'elle discute de l'héroïsme comme d'autres discutent de la faim dans le monde au cours des colloques où sont invités à s'asseoir autour d'une "table ronde" les représentants de peuples qui crient famine ou devant les clochards qu'on plaint en ne leur donnant pas la pièce quand on les rencontre ici ou là. Ainsi a-t-on reproché à Michel rocard de s'être souvent gobergé dans des "think tanks" mondiaux, tiersmondistes, mondains et très sérieux où l'on parlait de la faim. Je trouve assez dérisoire la brochure ""Indignez-vous" de l'onctueux stéphane Hessel, mais il a raison sur un point : mieux vaut se trouver un sujet d'indignation que de regarder la vie passer en se la coulant douce. Le problème, c'est qu'on doive se chercher un sujet d'indignation. Notre coeur et notre sentiment ne seraient-ils pas de bons guides pour que nous puissions les trouver sans avoir besoin de les chercher ? De plus, l'indignation est-elle un ressort suffisant quoiqu'il soit nécessaire ?

Concernant la "révolution égyptienne", il est certain qu'elle traverse un mauvais pas. Ces palabres sur la "place de la libération" traduisent un certain immobilisme bien connu et apprécié des occidentaux, parce qu'il lui rappelle leur mode de gouvernement, où la "manifestation", ou les râleries dans la rue sont intégrés dans l'établissement de prétendues réformes pour rendre le pays précisément irréformable et la politique apolitique et stationnaire. Il est certes vain de s'interroger sur le moment où cette révolution égyptienne a lieu, car le propre d'une révolution est de ne jamais choisir son heure. Mais elle arrive à l'expiration du dernier mandat de Moubarak. qu'elle ait voulu signifier à celui-ci qu'il n'était pas question que son fils en prenne la relève, on peut le concevoir. Mais dès lors que le peuple a obtenu gain de cause à ce sujet, pourquoi veut-il précipiter les choses ? De notre temps, il se trouve en effet qu'un événement qui dure lasse très vite, et il en va ainsi dans tous les pays, c'est un effet cumulé de l'accélération de l'histoire, facteur que je crois très important dans l'appréciation des événements, et du décérébrage organisé en zapping, qui fait par exemple que les oreilles musicales occidentales ne sont plus aptes à goûter un morceau qui fait plus de trois minutes, à trouver que n'est pas fioriture le motif beethovenien qui développerait le thème d'une symphonie. Le temps perdu en "sitings" joue contre ce mouvement social. D'autre part, il faut reconnaître, même si on ne peut approuver cette ingérance, que l'administration américaine joue plutôt bien. Cela serait le fait d'une ligne choisie par Obama contre sa secrétaire d'Etat Hilary clinton, qui me paraît l'incarnation du cynisme en politique. Obama a exhorté le régime à négocier avec les "frères musulmans" qui, dès lors qu'ils font partie du pour-parler censé résoudre la transition entre le régime moribond et celui qui va lui succéder, a l'air de se croire quittes de continuer une révolution à laquelle ils n'ont que trop peu participé, preuve que la composante religieuse n'est pas nécessairement aussi importante que l'on croit dans ces mouvements et que la lecture occidentale d'une rechercheh d'amélioration par le peuple de ses conditions matérielles, n'est peut-être pas aussi fausse qu'on le souhaiterait, même si la réduction d'un mouvement social d'une telle importance qu'on l'a assimilé à un "printemps des peuples", à un coeur qui serait essentiellement matérialiste, est terriblement décevante. Le peuple estime peut-être encore avoir été entendu s'il a mené cette révolution pour que les "frères musulmans" soient intégrés à la "transition démocratique" devant mettre en place un nouveau régime. Les "frères musulmans" auraient-ils suggéré au peuple cette attitude ? Je n'incline pas à le croire, d'autant que je suis prêt à parier que les mouvements islamistes préféreraient accéder au pouvoir par des voies démocratiques ou par un appel au peuple, afin que leur accession au pouvoir ne soit pas entachée du même défaut d'origine de légitimité que ne l'aura été le régime précédent. La démocratie ne doit pas avoir peur de l'islamisme, ou elle a peur d'elle-même et prouve par là qu'elle ne tient pas à grand-chose. Il faut reconnaître enfin que Moubarak a fait preuve d'un certain panache en refusant de céder au déshonneur personnel de se démettre et de s'enfuir comme ben ali, comme si une lâcheté en entraînait nécessairement une autre. La seule manière de mettre fin à l'ambiguïté serait d'organiser, le plus tôt possible, une "marche millionnienne" vers le palais présidentiel, je ne vois pas comment on pourrait en sortir autrement, et je ne pense pas non plus que l'essoufflement de ce mouvement serait une bonne nouvelle, ni puisse a fortiori de redonner du moral au peuple, dont il a bien besoin pour se ressaisir de son destin. En tout état de cause et quelles qu'en soient les conséquences, même si Hubert védrine dit qu'on est un apprenti sorcier quand on néglige les conséquences d'un tel soulèvement-relèvement, un "peuple libre" est préférable à un peuple asservi, et qui passe son temps à devoir céder au chantage. Le chantage est l'antonyme de la liberté.

Torrentiel, l'improvisateur, qui voudrait que soit réhabilité le mot de Liberté, pourvu qu'on ne dérive pas comme sous notre terreur à commettre "combien de crimes en (son nom"), ce nom que Paul Eluard écrivait sur tous les frrontispices de l'oppression et de l'occupation.
----- Original Message -----
From: Abdellatif Harzi
To: Julien Weinzaepflen
Sent: Tuesday, February 08, 2011 12:26 AM
Subject: Constatations du jour.


Mon Torrentiel!


J'aimerais bien que tu m'éclaires sur un personnage politique Français que j'ai entendu brièvement ce soir, il s'agit de Nicolas Dupont Aignant. Pardonnes-moi l'ortographe, c'est phonétique. La radio marchait, Europpe-1, dans la cuisine, quand je vins m'aprêter, un peu avant sept heures du soir, pour m'en aller finir ma journée, par les soins à domicile. Tu m'as bien dit, que le Gaullisme est récessif. Il se dit Gaulliste, j'ai tendance à le croire. Comme Emmanuel Todd, il répudie l'idée pernicieuse, selon laquelle, il n'y aurait, pour la France et l'Europe, qu'une seule politique économique possible. J'ai eu chaud au coeur, quand je l'ai entendu, en substance, citer les Tunisiens en exemple, du pouvoir que pourrait prendre le Français, de se dresser contre ce qui est donné pour inéluctable, pourvu qu'il le veuille. Connais-tu un peu son parcours? Quels sont ses points de vue, sur l'immigration et tout ce qui l'entoure? Autrement dit, Un Arabe peut-il votter pour lui, sans crainte? Et quelle est l'envergure de sa carrière, lui vois-tu un avenir? En tout cas, si Dieu veut, la flamme Tunisienne pourrait bien infuser l'énergie qui manque au relèvement de la France et de l'Europe.


La France est un pays où vit l'héroïsme. Douceur et féminité, n'y font rien, c'est le pays de Jeanne d'Arc. La douce France, sait se hausser au niveau de l'ardeur héroïque, comme il en fut à Valmy et Jemmeppes, la France est généreuse dans le courage et le combat. Les intellectuels socio-bourgeois qui disent autrement, sont des traîtres, promoteur du désarmement moral et mental, qu'il ne faut pas tolérer dans nos esprits, tant il est funeste. Ce genre de climat défaitiste et lamentable, semble avoir existé dans les années 30, comme en témoigne, De Montherlant, pour s'en indigner. C'est un écueil de la féminité et douceur, qui, par excès, en arrive à cette indifférence léthargique, où l'amour disparaît! Qu'on ne dise pas, qu'en France, le culte de l'héroïsme n'est plus de mise, n'ayant plus à vivre des guerres étrangères sur son sol! D'abord, comment en être sûr? Mais le culte de l'héroïsme ne sert pas qu'à ça! L'intensité de la résolution, sert, en toutes circonstances où ça se trouve nécessaire, à prononcer un "non" efficace! Or, dans la France socio-bourgeoise désarmée, on ne sait dire "non" qu'au voile, c'est à peu près tout! Or, le Français est piétiné, tremblant devant l'avenir, sans avoir l'audace ou l'imagination de dire "non", puisqu'en effet, on a placé loin de lui, l'intensité héroïque. L'ennemi de ta Nation, ce n'est pas moi, mais bien cette socio-bourgeoise que tu as cité et d'autres. Ceux-là répandent un poison toxique, et il est vrai, que l'homme Français ne s'y prête que trop, par sa nature et sa pente. Si Dieu veut, la flamme Arabe est-elle déjà agissante, l'esprit de Sidi-Bouzid anime et vivifie le grand peuple de France. Comme le Tunisien, qui s'est tenu pour couard, le Français pourrait, émerveillé, redécouvrir ses vertus et courage. Il se peut, que Rodomont ait déjà pris Jeanne en croupe de son cheval, pour la soustraire aux agences de notation! Jeanne osait penser, elle fut pieuse et chef de guerre, et même, armée d'une simple hache défensive, elle fit beaucoup dans les combats. Il arriva même qu'elle fit un prisonnier, peu de temps avant qu'on ne la prit elle-même! Jeanne avait des pensées fortes, Péguy lui fait dire, à l'adresse des Anglais, : "Si France ne rendez, je vous ferez occire!" Oses penser comme Jeanne, et avec moi, franchement deviser. Tiens-toi éloigné des empoisonneurs, et ne transmets pas le poison. Celle que tu cites, ne t'étonnes pas, si je la mets hors du champ du respect. Méprises-la et oublions-la avec ses pareils.


Saches, que depuis toujours, je sens plus de sincérité et de respect authentique de l'Arabe, auprès des Gaullistes et une partie de la droite, bien plus qu'auprès de cette gauche qui considère, que l'homme ne vit que de pain! Ces gens-là ne nous aiment pas vraiment, même s'ils coucheraient volontiers avec nous! Ils n'aiment pas en nous, notre éventuelle grandeur, ils nous veulent dépouillés de vertu et d'identité, réduit au simple état d'homme et d'individu interchangeable. Voilà précisément ce que je refuse. Mon Arabité, ou ce qui m'en reste, est à prendre ou à laisser. Mon Arabité n'est pas hostile à la France, l'un souligne au contraire l'existence de l'autre, le fait être et exister.


Le grand peuple Arabe et libre de l'égypte longue, doyenne et mère des patries, connut une journée de repos relatif. On annonce pour demain, des marches millioniennes, et ce serait le jour, où on marcherait sur le palais présidentiel du Caire. Bien sûr, le tyran ne s'y trouve pas, et Charmeil-Sheik n'a pas bougé depuis le début des évènements. Les sittings sur la grande place, font l'objet de discussion, on y tient généralement, mais certains font observer que c'est un point de fixation, qui ôte au mouvement un plus grand dynamisme! Savoir. Il est question de mardcher aussi, vers d'autres points cruciaux, comme l'immeuble de la télévision officielle et les résidences des mandarins des médias, qui passent leur temps, à déverser des paroles creuses! Possible qu'il y ait des heurts, ce serait même nécessaire! Oui, pardon, ne t'en déplaise à ton pacifisme, un mouvement de cette sorte, peut céder, tant à une intense répression, qu'au contraire, à une atmosphère de kermesse! Une chose qui a échappé à beaucoup d'observateurs, c'est qu'en définitive, au lendemain du discour du tyran, la répression fut spectaculaire mais peu meurtrière, en comparaison des jours précédents! Il semble même qu'il y ait une baisse d'intensité de cette répression, laquelle est finement réglée, avec des négociations infructueuses, et une vie qui revient graduellement à l'ordinaire. Les banques et magasins ont r'ouvert, et le gouvernement a même annoncé une augmentation des fonctionnaires de 15% le mois prochain! L'enlisement et piétinement du mouvement est visible, avec la pénurie alimentaire croissante qu'on organise dans les provinces.


La participation des Frères aux négociations, soulève des débats dans leurs rangs, et leur attire des commentaires divers et variés. Ce mouvement associatif, compterait 5 millions d'adhérents. Si le chiffre est excessif, mettons, il ne semble pas qu'ils aient mis toutes leurs forces dans le mouvement. Crainte d'une répression plus forte? Probable. Enfin, il y a quelque chose qui ne va pas dans ce mouvement révolutionaire. Qu'il ne soit pas exclusivement Islamique, je veux bien, mais la part de l'Islamisme politique est au-dessous du nécessaire et du réel. Aurait-on trop souci, de plaire aux publics Occidentaux, au Croisérisme bien connu? Si c'est le cas, pourquoi présenter les poitrines aux balles? Un recentrage vers plus d'authenticité et plus de masse du mouvement, semble nécessaire à son aboutissement. Son échec serait terrible. l'égyptien Mohamed Houssein Haïkel, prévient son peuple, que le régime est comme un monstre blessé, son réflexe est la vengeance! Le peuple n'a plus le choix, étant trop avancé. Il semble que les inter-actions étrangères ne sont pas déterminantes dans un sens ou dans l'autre, l'Amérique varie et change, selon ce qui se passe sur le terrain. Faut donc que le peuple force le sort, et si besoin, que des volontaires lui portent secours d'une manière ou d'une autre.


Le secrétaire du Hizb-Allah Libanais, est monté aux créneaux, exposant au peuple d'égypte, que de son succès et victoire, accroîtraient la force et la liberté des peuples de la région! Si les choses piétinaient trop, et pourvu qu'il y ait en égypte, quelques moyens et volontaires, l'ouverture du front contraindrait tant l'Armée à courir et à se déployer, que dans les hasards de ces troubles, des retournements pourraient survenir et des occasions se présenter! Quoi qu'il en soit, paisible ou pas, cette révolution est sustentée de tout homme juste et libre sur la terre. Joins tes voeux aux miens, Torrentiel.


Rodomont.