Pages

lundi 21 décembre 2015

"Je est un autre" ou "la loi du Nom"



 

 

"Dieu dit JE et toutes les personnes sont à son image quand elles disent JE",écrit l'abbé Guillaume de Tanoüarn.

 

J'ai le rare privilège de me souvenir de ma prise de conscience. Un matin, je me suis réveillé, et je me suis demandé, non pas quel était le visage (je ne les voyais pas) de mes parents, mais quelle était leur voix. Je les ai découvertes, il y en a une que j'ai aimée plus que l'autre, n'importe. Un soir, je me suis endormi vagissant dans la conscience simultanée et un matin, je me suis réveillé conscient.

 

Ce qui m'a étonné rétrospectivement est que la première question que je me suis posée était celle de ma filiation. Bien plus tard, je l'ai récusée, puis j'ai essayé d'assumer ce que je pouvais de l'héritage ou de la condition de fils. Mais dans ce premier éveil de ma conscience d'enfant qui jouait dans le couloir, autant il m'était facile d'identifier mes parents quoi que j'en pense, autant je ne parvenais pas à m'identifier à moi-même. Sitôt que j'essayais, tout devenait pesant alors que j'étais chétif et rachitique à faire pitié. Je faisais passivement l'expérience de ce que Rimbaud a formulé activement en disant : "Je est un autre".

 

« La personne est ce qu’il y a de plus parfait dans tout l’Univers » dit saint Thomas." A ce compte, est-ce "je" ou "moi" qui suis une personne ? Quelle perfection y a-t-il en "je" si, ne pouvant m'identifier à moi-même, je ne puis pas répondre de mes actes ? Serais-je coupable et pas responsable ?

 

Certes, si je me réfère à ce que Dieu révèle de Lui-même au buisson ardent, tout ce que j'arrive à fixer de Lui, c'est que son Verbe est "le sujet de toutes les paroles" (Il est donc aussi le sujet de tous mes rapports sur moi et si c'est le cas, ma question est résolue), mais parce que l'être est l'objet du "noli me tangere", Il donne ses prolégomènes à la théologie apophatique. Si donc c'est "je" et non pas "moi" qui suis une personne, je suis trop l'analogue de Dieu en ce que ce que je suis, dans mon cas m'excède, mais excède ce que je peux en dire. Ce que je suis excède ce en quoi je puis répondre de moi. Et autant le fait que je sois l'analogue de Dieu en excédant ce que je peux en dire pourrait donner prise à mon orgueil, à mon prométhéisme, voir à mon prothéisme, autant, au contraire, le fait que je ne peux pas répondre de moi, que je ne suis pas identique à moi-même, que je suis même étranger à moi-même  constitue une humiliation. Plus j'avance et moins je me ressemble.Une distance semble avoir été mise entre moi et moi-même pour que je ne puisse pas me ressembler, m'admirer ou me regarder. Je suis interdit de narcissisme puisque je ne fais pas ce que je veux. Plus je vais, plus mes actes s'éloignent de moi. Je n'ai pas donné, en matière de résultat, ce que je promettais en fait d'espérances. Je ne suis pas devenu ce qui se dégageait de moi, l'addition promet d'être salée. Plus mes actes s'éloignent de moi, plus je m'aperçois que je ne peux plus être sauvé que par un transfert de justification, qui, s'il n'est pas miraculeusement opéré par le Dieudont le Nom est Salut, doit m'entraîner inexorablement et logiquement dans la seconde mort, moi dont la vie est pavée de bonnes intentions, mais dont les œuvres ne correspondent pas.

 

"Je suis un autre", j'ai besoin d'un Sauveur ! Si j'étais moi, je me suffirais. Je ne suis pas fait pour moi, mais pour Lui.

 

LA LOI DU NOM

 

Il y a quelque chose de changé au royaume des hommes depuis qu'Il est venu. Non pas certes visiblement. Visiblement, tout continue de dysfonctionner. Certains adventistes pensent même qu'il y a une loi de l'entropie par laquelle la régression historique ira à l'encontre du progrès technique et que tout ira de mal en pis jusqu'au dernier dévoilement. Ce qui est changé, c'est que l'homme n'est plus sauvé par la loi, il est entraîné dans le NOM du Salut ! Ce qui a changé, c'est que la religion de la loi est devenue la Loi du Nom. "Par quelle autorité fais-tu cela ?" demandent les scribes. "Par l'autorité de Mon Nom : On vous a dit, Moi je vous dis, et Je vous le dis sans abroger un iota de la loi."

 

Dès lors, la question de savoir qui, de "je" ou de "moi", est une personne, voir si le fait pour moi de devenir personne suppose l'abdication de ma personnalité, la question se transforme. A la Ressemblance de Dieu, "je" deviens identique au message que porte mon Nom. Je ne deviens pas mon mental, mais un peu ma musique intérieure. Je ne deviens pas la différence de ce que j'ai consommé et de ce que j'ai assimilé, ou la somme de ce que j'ai produit en espérant que j'aie produit au-dessus de mes moyens, je ne deviens pas ce que je pense de moi ou la réputation qui me précède, je deviens ce que je suis sous le regard de Dieu et dans l'oreille de ceux qui entendent ma musique. Malraux l'a dit, moi, je m'entends dans ma poitrine, les autres m'entendent de leurs oreilles.

 

A  la différence de Dieu Qui est mieux cru de moi qu'Il n'est compris, fût-ce de Lui-même, j'En suis mieux compris que je ne suis crédible à mes propres yeux.

 

J'En suis compris, donc pardonné si je l'accepte, et si j'accepte que ce n'est pas à moi de m'accepter, mais à Lui de me pardonner.

 

De même que ce n'est pas à moi de me réaliser, c'est à Lui de me justifier.

 

dimanche 13 décembre 2015

Comment les socialistes réussissent à pervertir jusqu'à la proportionnelle



 

Les socialistes, qui mènent en permanence une politique à contresens, ont dénaturé la proportionnelle qu'ils avaient instituée pour les élections législatives de 1986 et qui ne subsiste que pour les élections régionales.  Ils l'ont dénaturée en se retirant des régions où le front nationalrisquait de présider la région. Or c'était commettre une quadruple erreur :

 

-         D'abord, c'était se dédire : Jean-Christophe Cambadélis avait dit qu'il ne voulait plus redonner dans le piège Front républicain, et il l'a poussé plus loin que jamais;



-  ensuite, c'était s'interdire de siéger dans une assemblée dont le mode d'élection permet à toutes les sensibilités républicaines de le faire, dans le respect le plus abouti du pluralisme ;

 

- il n'était pas difficile au parti socialiste de fusionner ses listes avec les autres forces de gauche. La chose était faisable dans le Nord, elle aurait également été possible dans le grand Est ou en PACA.

-          

-         - - - enfin, c'était agir inutilement, car à supposer qu'on  ait voulu éviter que le front
national ne préside une région, il suffisait de faire comme on avait fait aux régionales de 1998 et de reporter au sein du parlement régional le vote pour le parti le mieux placé pour présider la région en dehors du front national. C'est d'ailleurs sans doute ce qui va se passer dans les régions où le Front national, quoique placé en tête du premier tour,fera moins de 40 %.

 

En ACAL où je n'ai pas voté pour le parti socialiste, je sais gré à Jean-Pierre Masseret de ne pas s'être retiré. Malheureusement, il risque de ne pas être payé de retour en voix pour son courage politique.

 

Dans le Nord-pas de Calais-Picardie, Pierre de Saintignon a cédé aux instances de son parti et c'est la région qui va le payer, car l'ADN du Nord, c'est d'être de gauche ; si Marine le Pen gagne dans cette région, la tension risque de monter. Garder une représentativité régionale de la gauche dans l'hémicycle aurait garanti une certaine stabilité dans cette région qui n'avaitpas besoin d'être divisée, car la misère industrielle en fait une poudrière, et la gauche de terra nova a renoncé à y représenter le prolétariat. L'appareil solférinien ne l'a pas permis et à la base, on n'a pas fini de s'en mordre les doigts.

mercredi 9 décembre 2015

L'islam et la République


(En réponse au billet de Rudy consultable sous ce lien) :

 

http://ab2t.blogspot.fr/2015/12/france-ta-laicite-fout-le-camp-suite.html?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed:+blogspot/IfvW+(MetaBlog)

 

 

Cher Rudy,

 

Vous avez d'abord le mérite de la fidélité à vous-même, ce n'est pas si courant.Dans un billet datant de quelques années, vous vous en preniez à la manière dont François Fillon définissait de l'extérieur l'orthodoxie musulmane. On ne peut pas dire que ça se soit beaucoup amélioré depuis. Les politiciens ont gardé ce réflexe, ils ont même été récemment rejoints par le pape qui, s'autorisant sans doute de l'esprit d'Assise et de se rendre de temps à autre à la mosquée pour embrasser le Coran, exige des musulmans qu'ils se démarquent des terroristes ou de Daech. Les musulmans n'apprécient pas que des "mécréants" ou des non musulmans leur dictent la conduite à tenir en matière de religion. Cette infantilisation sous promesse de "pas d'amalgame" et dictée par le sentiment de supériorité des pédagogues autoproclamés des "Lumières" intellectuelles des "races supérieures" au "devoir [civilisateur]" (visez Léon Blum), nourrit légitimement le sentiment d'islamophobie de nos élites et des autorités politiques et médiatiques  éprouvé par nos concitoyens musulmans.

 

Au lieu de dire ce qu'elle tolère de l'islam au nom de l'ordre public, la République se demande si l'islam est soluble dans la République. Voulant ramener l'islam aux "valeurs" et aux "vertus républicaines", elle se permet d'expulser de France des imans dont le tort serait de ne pas prêcher en français ou de tenir des propos qui iraient contre l'orthodoxie républicaine. Elle pourrait s'opposer à ce que des imans soit mandatés par des puissances étrangères pour avoir pinion sur rue dans des mosquées de France. Mais comme elle est à vendre à la découpe aux monarchies du golfe, elle ne  veut pas leur interdire d'ouvrir des mosquées et  préfère exiger que les prédications soient prononcées en français pour ne pas se donner la peine d'envoyer des agents de renseignement arabophones, à supposer qu'il soit licite que des agents de renseignement  aillent surveiller des lieux de culte.

 

Elle organise l'islam en cooptant pour partie les membres du cfcm et en accréditant parmi les membres élus de cette institution crée sur (et à sa) mesure ceux dont le discours édulcoré lui semble compatible avec elle-même. Elle ne croit pas assez en la maturité des musulmans de France pour leur proposer  de former un concistoire.

 

La République est très chatouilleuse sur la laïcité.  Jamais elle ne demande pourquoi l'islamo-marxiste  du premier FLN n'a pu être tellement marxiste qu'il ait dû s'inféoder à  l'islam qui, s'il n'impose pas la charia dans toutes les sociétés dont il est la religion dominante, contrairement au fantasme occcidental,  interdit du moins à tout membre d'une société musulmane de se dire athée. La République  négocie des traités d'amitié avec l'Algérie et préfère vendre des armes à l'Arabie sahoudite plutôt qu'à la Russie,  elle soutient l'Allemagne dans sa volonté de renouer les négociations pour que la Turquie intègre l'Union Européenne, mais jamais elle ne demande à ces trois pays, l'Algérie, l'Arabie sahoudite et la turquie, sinon l'égalité et la sécurité confessionnelle pour les non musulmans, du moins la tolérance pour les chrétiens et leur culte.

 

La République ne se  souvient pas non plus comment, ancienne puissance coloniale, elle a intégré l'islam dans des pays où elle ne pouvait pas en faire abstraction. Elle ne rappelle pas que des partisans de l'Algérie française comme Jean-Marie le Pen militaient pour une intégration à part égale, avec liberté migratoire et confessionnelle dans les deux sens, des Français musulmans et des Français d'origine européenne.

 

La République enfin, qui ne se définit pas comme un régime politique, mais en désignant son ennemi, ne survit que de s'en être trouvé deux: l'islam radical et le Front national. Ces deux ennemis sont pourtant en guerre l'un contre l'autre, et la République ne prétend négocier un compromis avec aucun d'entre eux. C'est un peu comme en Sirie, où elle exclut que l'ordre soit rétabli et prétend combattre simultanément Bachar el-assad et Daech en prenant fait et cause pour une opposition modérée dont  la partie la plus visible serait une branche d'al-Qaïda qui serait devenue fréquentable comme le Hamas en Palestine. On pourrait croire que  cette inimitié républicaine contre ces deux pôles de radicalité islamiste et nationaliste date des attentats spectaculaires du 13 novembre qui n'ont pas fait plus de morts que ceux de Madrid et n'ont eu pour effet que de changer la majorité politique espagnole, ou  DE la percée  récente et prévisible du front national aux élections régionales,  qui n'a pas fait plus de voix, bien que ce ne soit pas vrai proportionnellement  au pourcentage des abstentionnistes et donc AU NOMBRE des votants. L'agitation comme "variable[s] d'ajustement du discours politique" de ces deux épouvantails que sont le Front national et l'islamisme, voire l'islam, n'a pas  changé de nature, elle n'a fait que s'intensifier parce que la crise de la république est telle  que son gouvernement ne tient plus qu'à ce fil, d'exciter verbalement les citoyens contre ces deux ennemis plus forts qu'elle.

 

"La République", c'est "SOS racisme". Or le coup de génie d'"SOS racisme" comme l'a FAIT REMARQUER Philippe de Villiers est d'avoir dit dans un lapsus révélateur dans l'intitulé même de son association qu'il fallait Sauver le racisme. "Sauver le racisme et le Front national pour que nous puissions nous agiter contre ces deux ennemis à la fois, tout en pouvant si l'étranger devient tropincontrôlable nous élever contre l'islam en nous parant de toutes les vertus républicaines DE l'amour de l'étranger, notre inassimilable semblable. Sauvez le racisme, le Front national et l'islamisme ou l'islam, à bas le fanatisme et vive nous, qui en sommes les régulateurs et, pour prix de cette régulation de salut public, devons, ce n'est que justice, terroriser médiatiquement, judiciairement et financièrement nos ennemis!"

samedi 5 décembre 2015

A quoi donc employer sa vie?



 

La question n'est donc pas de savoir à quoi s'employer d'utile à soi, mais à quoi de digne de soi. Nous ne sommes pas n'importe qui, si nous apparaissons au début de l'ordre de la charité. Comment ne pas s'éparpiller, se gaspiller en s'employant à quelque chose qui n'est pas nous et qui nous sortedu recueillement, de ce recueillement qu'il faut cultiver pour que mûrissent idées et relations humaines ?

 

A quoi donc s'employer ? Se poser la question, c'est se préparer à ne pas y répondre. Philippe de Villiers donne une bonne piste quand, décrivant l'itinéraire de Jimmy Goldsmith, il note que la vie de cet homme a commencé par être un jeu. Et puis le joueur en a fait une cause. Il y a un temps pour s'"amuser" et un autre pour s'"engager", pour "témoigner" jusqu'au martyre.

 

Comment employer sa vie si un ordre serait requis afin que "ce qui monte converge" comme l'écrit Teilhard de Chardin, mais si, malgré cette réquisition d'un ordre, nous tombons dans les choses au milieu des intrigues et dans les disciplines au milieu des tribulations,  comme je suis tombé dans l'orgue, moi et beaucoup de mes confrères illustres ou inconnus, à commencer par Pierre Cochereau ou Olivier Latry. Ils n'imaginaient pas "entrer dans la carrière" en se perchant sur une tribune. Je suis tombé dans l'orgue même si Pascal reber m'assure que le professeur peut débroussailler la forêt vierge.

 

A quoi employer sa vie si l'on convient, non pas qu'on doive être la matière de son livre, mais que notre vie soit la matière d'une œuvre utile aux autres et extérieure à soi ?

 

Nécessairement, l'emploi de notre vie est extérieur à nous-mêmes. La dispersion nous éparpille, mais à tout prendre, elle représente un risque moindre que l'oisiveté. Si l'oisiveté est mère de tous les vices, la dispersion est le premier pas sur le chemin vertueux de l'engagement, à condition de décider ("décider dans le doute et agir dans la foi", comme l'écrit Jean Guitton dans le travail intellectuel) qu'on ne cessera pas de monter pour converger, d'accepter la raideur de la pente du repentir qui monte vers le monde, et ne nous recentre pas par la descente en nous-mêmes, à la manière du recueillement qui ne sait pas à quoi il est destiné. Le recueillement ne nous est pas destiné, il y a un recueillement désordonné.

 

A tout prendre, la dispersion est un risque moindre que le recueillement, qui nous fait rentrer en nous-mêmes en nous laissant l'illusion d'être le lieu de la profondeur. L'oraison est un plus grand risque que la dispersion.

samedi 28 novembre 2015

Les victimes culturelles, non au consumérisme!


En réponse à "Scrutator sapientiae"

Dont le message peut être lu ici

 


 

et qui réagit comme moi à la position du P. Hervé Benoît, immédiatement relevé de ses fonctions par le cardinal Barbarin, qui n'aime pas qu'un de ses prêtres accuse le diable… La tribune peut être lue en cliquant ou en copiant le lien ci-dessous :

 


 

 

Bonsoir, Scrutator,

 

J'écris ces lignes en tremblant, et votre message me donne matière à clarifier ma position.

 

 

Constatons d'abord que le billet du P. Benoît fait parler et suscite un malaise, parce qu'il met sur le même plan les victimes passives de modes culturelles décadenteset des crimes qui les ont occises d'une part, et de l'autre côté les criminels qui ont fomenté et provoqué directement leur mort, et ceux qui les ont abreuvées d'un satanisme auquel elles étaient plus ou moins consciemment consentantes.

 

 

Le malaise que suscite le billet du P. benoît vient donc de ce que, non content de ne pas sacrifier à la rhétorique émotionnelle et compassionnelle sous prétexte que prêtre, il a rendu ses devoirs aux morts en célébrant pour eux des messes, il met sur le même plan les actifs et les passifs. Les actifs, ce sont les terroristes et les satanistes. Les passifs, ce sont (ou ce seraient) les spectateurs, consommateurs des productions des satanistes et victimes des crimes des terroristes.

 

 

Vous avez distingué la culpabilité criminelle et la culpabilité culturelle, qui ne sont pas équivalentes sur une échelle de gravité. Soit. Le langage de la société a quant à lui organisé la déconscientisation des masses en mettant en avant le vocable de "consumérisme". Les consommateurs deviendraient, sous l'effet du consumérisme, des êtres sidérés, inconscients, victimes, non de ce qu'ils ont renoncé à produire, non de ce qu'ils ont renoncé à faire jouer la loi de l'offre et de la demande en commençant par demander, mais de ce qu'ils seraient incapables de sentir et de vouloir.

 

 

Ce consumérisme ne pourrait être autre chose que victimaire, et cela tombe bien, puisque plus personne ne veut être aux prises avec le sentiment de culpabilité, plus personne ne veut faire son examen de conscience. On préfère l'inconscient à l'examen de conscience, celui-là même qui discerne la culpabilité réelle de la culpabilité imaginaire. Le consumérisme est victimaire, et le consommateur est bien content de ne pouvoir être, par position, du côté des bourreaux, comme ce serait le privilège de l'écrivain, a prétendu Gilles deleuze, de "sortir du rang des criminels".

 

 

La victimisation du consommateur au moyen du consumérisme affleure au moment  épistémique où la civilisation n'accepte plus que son corollaire soit la responsabilité.La crise de la responsabilité est devenue sensible dans la crise de la civilisation  à travers le "moment Charlie". Les assassinés de "Charlie" n'étaient certes pas des consommateurs, mais des créatifs et des producteurs. Mais à aucun moment ceux qui les ont pleurés n'auraient pu envisager que, s'ils étaient des martyrs de la liberté d'expression, voire de provocation, c'était qu'ils étaient responsables. Ils étaient martyrs dans la mesure où ils acceptaient d'être responsables. Mais comme ils ne voulaient ni être responsables,  ni être martyrs, on les a fait passer pour des victimes innocentes. On les a intégrés à la folle grille de lecture girardienne où la victime est toujours innocente et où le violent est toujours le salaud intégral, dont la monstruosité vient de ce qu'il reste rivé à sa vengeance et à son désir mimétique. Le terroriste est un monstre, car nous lui refusons le droit de se venger de nous, qui refusons d'être responsables.

 

 

La figure la moins responsable et la plus victimaire est celle du consommateur, présentée comme la double victime de la culpabilité culturelle et de la culpabilité criminelle. Eh bien, si nous en faisions, avec le P. Benoît, non pas une double victime, mais une simple victime! Le consommateur resterait victime de la folie criminelle, mais  il participerait à la culpabilité culturelle en tant qu'il aurait choisi, non pas de mourir, mais de courir le risque de mourir tandis que serait invoqué le nom du diable en sa présence et sous ses applaudissements.  Le consommateur aurait  couru ce risque pour se divertir  au moyen du prestige du sacré.

 

 

Je compatis de tout coeur au statu de victime de la culpabilité criminelle de ces citoyens de mon pays que j'aimerais voir encore à nos côtés, et qui avaient plus d'intérêt que moi à continuer de voir la lumière du jour, j'écris cela sans pathos ni humour noir. Mais je ne compatis pas du tout à la part d'activité criminelle que les victimes culturelles, ou que les idiots utiles du satanisme ordinaire avaient en leur qualité (ou leur défaut) de consommateurs débilités par le consumérisme.

 

 

Et je regrette enfin, sur un plan plus métapolitique et moins grave, que le consumérisme aboutisse à ce que le pouvoir s'exerce sur ce qu'Emmanuel Todd appellerait des zombies. Je le déplore, car il n'est pas dans la nature du pouvoir de ne pas rencontrer de résistance. Or le consumérisme fait précisément croire aux consommateurs, ses victimes, qu'ils résistent. Leur seule force de résistance dans cette épreuve et leur seul patriotisme est de défendre la "franch way of life" et de rétorquer, comme George Bush en son temps, que le mode de vie français, "festif, ouvert et cosmopolite", n'est pas négociable. Leur seul patriotisme possible est la boboïtude où le drapeau devient "tendance". Cette incapacité à résister est d'autant plus anachronique et terrifiante que François Hollande, dont on a compris depuis longtemps qu'il est une graine de George Bush, en profite pour faire la simili-politique du Front national à l'intérieur, et pour semer la terreur à l'international en impliquant notre pays dans nombre de guerres où il n'a que faire. Nos concitoyens consommateurs sans couleur avalent cette ultime couleuvre et prennent pour argent comptant cette politique odieuse.

samedi 21 novembre 2015

La France en guerre?


Vivons-nous une preuve de la loi de l'entropie historique, ou une grande régression historique, aux antipodes de l'hégélianisme triomphant méconnaissant le tragique de l'histoire, à travers les événements traumatiques que la France traverse depuis le 13 novembre ?

 

S'il faut les commenter, ils ne me semblent être que la réplique trop prévisible de la logique d'ingérance dans laquelle l'Occident s'est enfoncé depuis la première guerre du golfe. C'est une chose que je puis me targuer d'avoir prévue, même si je me garderai bien d'avoir ici le prophétisme triomphaliste.Et je ne m'en garderai pas pour faire étalage de bons sentiments. Au contraire, j'ai mauvais esprit et quand j'assistais, à Lisieux, à l'effondrement des tours jumelles, je me suis dit que c'était bien fait pour les Américains, qui étaient châtiés de s'être crus invincibles et d'avoir bâti le Temple du capital qui tombait maintenant comme babel, tout en servant de prétexte à leur future guerre contre Babylone. De même, quand est arrivé Charlie, je ne me suis pas réjoui de la mort des dessinateurs, mais je me suis dit que, si on prétendait à la civilisation comme on nous en rebattait déjà les oreilles, le revers de la civilisation était la responsabilité, et il fallait donc que les dessinateurs, châtouillant des gens qui avaient la kalash facile, assument d'être, le cas échéant, des martyrs du droit au blasphème. Mais devant ces derniers attentats, je ne suis, comme tout mon peuple, que tristesse. Je le suis comme Fatima, qui m'a dit, elle, la femme voilée, que ces terroristes étaient le cancer de l'islam et son cancer personnel.

 

Or on ne soigne pas le mal en redoublant le mal. Personne ne s'est ému que l'adversaire de Marine le Pen dans le Nord pas de Calais, Xavier Bertrand, ait pu parler d'exterminer l'ange exterminateur (au cours de l'interview qu'il a accordée hier matin à Jean-Pierre Elkabbach… Dès le lendemain de ces attentats, tous les politiques invités par Laurent Ruquier à l'exception du front national qui n'avait pas voix au chapitre se sont empressés de dire que nous étions en guerre. Il n'en fallait pas plus pour que Hollande enfourche le cheval de bush en faisant de "la France est en guerre" l'incipit de son discours au congrès de prétendant à la dictature, qui voulait réformer la constitution pour cela, Hollande a trouvé ce dérivatif.

 

Manuel Valls ne tient que par la désignation d'un ennemi de la République en danger, ennemi qui est, tantôt le Front national, tantôt les terroristes islamistes. Ce llicencié en histoire, qui a fait toute sa carrière dans la communication et l'intrigue politique et qui est l'impuissance incarnée au pouvoir, aurait été renversé depuis longtemps s'il n'avait su (pour combien de temps encore ?) liguer tous ses adversaires contre les ennemis qu'il leurprésentait comme un os à ronger. Or ces adversaires chienchiens étaient aussi bien les frondeurs de sa majorité que les cathos de "la manif pour tous" ou que les jeunes de la mouvance dieudonno-soralienne. Je lui donais six mois, Charlie a été son sursit.

 

Quant à Hollande, le petit garçon qui bafouille en annonnant les discours qu'on a peut-être écrits pour lui et qu'on sent régulièrement assailli de douleurs arthriques à moins qu'il ait mal aux reins, il ne pouvait exister que comme dérisoire chef de guerre s'écriant que l'accueil qu'il avait reçu au Mali était "le plus beau jour de sa vie politique". Il présente à la tête de l'Etat un curieux composé de Guy MOllet et de George bush junior. Il nous refait le coup de "la pacification" de "la barbarie" par les "races supérieures" civilisatrices. Ce n'est pas pour rien que sa visite au Panthéon a été l'inauguration d'une statue de Jules Ferry.

 

Mais rien de ce qu'il dit n'a un caractère opératoire. Par exemple (et c'est plutôt rassurant), ce n'est pas parce qu'il dit que "la France est en guerre" qu'elle l'est en effet. Lors de la guerre d'Algérie, les gouvernants ne se sont pas précipités pour parler de guerre. On ne parlait que d'"événements" alors qu'on faisait face à une guerre réelle. Aujourd'hui, on parle de guerre parce qu'on n'a affaire qu'à des événements.On sait depuis 2001 que "la guerre contre le terrorisme" est un monstre conceptuel, puisqu'on ne peut pas faire la guerre à un ennemi par nature indéterminé, donc indéfini et donc infini. C'est une guerre ingagnable, imperdable aussi en un sens, mais plus ingagnable qu'imperdable, surtout quand on sait d'où on vient, nous qui avons le culte de la résistance, alors que les résistants étaient désignés comme des terroristes par les nazis.

 

Ces crimes en série d'une ampleur exceptionnelle devraient être traités de manière événementielle parce  que ce sont des événements. Ce sont des faits divers à grande échelle, et une recrudescence de la criminalité à effet mondial desquels on prend prétexte pour feindre d'ordonner une mobilisation générale pour garantir  l'immobilité des peuples exaspérés. Les sociétés dirigées par une administration en roue libre et par une finance qui en exige l'austérité pourraient se rebiffer. On les berce d'une bonne guerre qu'ils n'auront pas à faire pour que les populations non enrôlées se tiennent tranquilles.

 

La preuve que rien de ce que dit Hollande n'a un caractère opératoire peut être tirée de l'analyse de la première décision qu'il a annoncée, le soir même de ces attentats. "sur ma décision, tenait-il à préciser, les frontières seront fermées." Le Président prenant la douane de court, celle-ci fit observer que ce n'était pas possible sans un peu de préparation. Un quart d'heure plus tard, l'Elysée corrigeait Hollande : les frontières n'étaient pas fermées, mais on rétablissait le contrôle aux frontières. Encore un quart d'heure plus tard, on se souvenait que ce contrôle aux frontières était déjà rétabli depuis le jour même en vue de la conférence où les chefs d'Etat se réuniraient à Paris en croyant, tels des rois primitifs et préhistoriques, avoir prise sur la météo. Donc Hollande n'avait pris aucune décision et eût-il décidé de fermer les frontières, c'était en notoire incohérence avec la manière dont il les avait ouvertes toutes grandes pour accueillir "les migrants", volant comme des oiseaux perdus depuis la sirie en feu. Hollande a depuis tenu, dans son discours au congrès, à ce que le contrôle aux frontières ne contrarie pas le mouvement des réfugiés. Or tout indique qu'il faut faire une pause migratoire si l'on veut retricoter le lien social et si l'on veut que tous ceux qui sont là, nationaux ou étrangers, soient encore intégrés dans la société qui se défait à vue d'œil sous l'effet d'un paupérisme organisé ou endémique. Qui aurait osé murmurer contre l'afflux récent des migrants ou supposer que des islamistes pouvaient se mêler à ces migrants, aurait été accuser d'inhumanité ou d'obscurantisme xénophobe. A présent, nous savons que deux réfugiés siriens, y compris deux djihadistes partis et revenus de Sirie malgré un mandat d'arrêt international, étaient mêlés aux terroristes.

 

Jamais je ne dirai comme Aymeric Chauprade qu'il faut liquider les djihadistes qui sont partis en sirie. Jamais non plus il ne me viendrait comme à Valls l'idée d'empêcher quelqu'un qui a une cause à défendre d'aller la défendre. Il était contraire à toutes les libertés de criminaliser le départ des djihadistes, mais on pouvait criminaliser leur retour. Non seulement on ne l'a pas fait, et les djihadistes sur le retour sont passés dans les trous de la passoire au lieu de passer à travers les mailles du filet des services de renseignement pris à contre-pied ; mais encore, les "musulmans du quotidien" se demandent avec anxiété s'ils ne vont pas être pris dans  l'amalgame. On peut les rassurer en disant qu'on n'amalgame aux terroristes que les jeunes à la casquette à l'envers, que les jeunes de cité, que les jeunes de la petite délinquance avec ce vivier de la grande délinquance et de la grande criminalité dans lequel puise Daesh.Mais surtout on peut se demander pourquoi le gouvernement a l'air de n'interdire à cette petite délinquance que de devenir djihadiste. Tant qu'elle trafique dans l'économie informelle, on lui promet l'impunité. Mais qu'elle devienne djihadiste, on l'exclut de l'humanité. La dernière trouvaille est qu'il ne saurait y avoir de guerre de civilisations puisque nous serions les seuls civilisés et qu'en face de nous, il n'y aurait que des barbares. On a oublié que, selon Claude Lévi-Strauss, le barbare est celui qui croit en la barbarie. Nous, on "kife la life" quand les autres ne seraient que dans la pulsion de mort. La psychanalyse nous avait appris "l'ambivalence des sentiments" et des pulsions, nous voilà univoquément dans le bien face à "l'axe du mal".

 

"tous les malheureux ne sont pas méchants, mais tous les méchants ont été malheureux". Ceux qui détruisent ont commencé par souffrir avant de vouloir détruire. Il reste que détruire paraît la seul raison d'être de l'islamisme violent. Le problème de l'islam est qu'il conçoit des sociétés harmonieuses solubles dans la loi et que cela est incompatible avec la condition humaine, qui est radicalement sans solution.

 

Qu'est-ce enfin que daesh ? dans un livre tout à fait "grand public" paru il y a une dizaine d'années, Antoine sfeir, le neveu franc-maçon de l'ancien patriarche maronite,  expliquait que les Américains comptaient organiser "un grand Moyen-Orient" au moyen d'Etats confessionnellement homogènes, construits sur la ruine d'Etats come le Liban et la Sirie, subjugués par des organisations paramilitaires financées par la CIA. Comme le Hamas a été originairement une création d'Israël, comme benladen fut une créature des Américains, Daesh et son kalif seraient des pions qui, soit auraient dépassé les souhaits de leur donneur d'ordre, soit se comporteraient en agents d'un désordre mondial, qui garantit l'hégémonie des puissants du jour par une forme inédite de guerre mondiale. La guerre contre daesh n'aurait donc pas pour but de détruire l'enclave, mais de s'assurer qu'elle ne gagnera de terrain que dans la mesure fixée, tout en garantissant à l'intérieur des puissance belligérentes, la stabilité des sociétés en crise.

 

vendredi 23 octobre 2015

L'accidentalisme

Dramatique collision entre un camion et un car aux environs de Libourne.
Traitement de l'information:
     Sur france inter, on commence par MINIMISER le nombre de morts qu'on évalue à 32. "On ne sait pas de quelle nationalité sont ces morts", insiste par deux fois la journaliste.  Moi, je ne comprends pas l'intérêt de la question, si ce n'est que, si c'étaient des Français MORTS en france, ce serait moins grave ; MAIS si c'étaient des Français MORTS à l'étranger, ce serait plus sensationnel.
    2. BFM TVse met en édition spéciale. "Ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa g..." Intervient entre autres une avocate spécialiste de la sécurité routière qui demande qui est le responsable. Le responsable, accuse-t-elle, ce sont les pouvoirs publics et infrastructures, les routes, très étroites et très mauvaises à cet endroit. Dans les causses ou l'Aveyron, les routes sont mauvaises aussi; mais comme il n'y a pas d'accident aujourd'hui dans ces régions-là, l'avocate ne les mentionne pas. Idem, dans le Gard, les murs sont construits dans une pierre très friable, ils tombent chaque fois qu'il y a une inondation, mais on reconstruit TOUJOURS à l'identique.
traitement de l'événement PAR LE GOUVERNEMENT:
    1. Depuis la Grèce, le Président du  deuil nationaldit sa tristesse.
    2. Le premier ministre, le ministre de l'Intérieur et le secrétaire d'Etat aux transports se rendent sur place pour freiner le travail des secours. Quand CESSERA-T-ON de confondre la politique avec le SENSATIONNALISME? Une preuve de cette confusion est que, quand un journaliste passe, avec un politique en interview, d'un sujet de fond  à la cuisine de son parti, il dit qu'il va maintenant parler "politique" alors que c'est précédemment qu'il en parlait.
Lorsque des membres d'un gouvernement se rendent sur les lieux d'un sinistre où ils ne sont d'aucune utilité, ils confortent la foule dans son voyeurisme, la foule qui s'agglutine pour voir l'étendue de la catastrophe en empêchant l'évacuation des blessés.
Une preuve par l'accidentalisme comme par "la révolution manifestationnaire" que la démocratie représentative, c'est la représentation au bénéfice de la foule AVEC ses représentants pour acteurs, alors que la démocratie directe, ce serait l'exercice de la souveraineté populaire avec le peuple pour acteur.

vendredi 2 octobre 2015

L'Eglise et les migrants


(Lire au préalable :


 

 

IL y a des moments où l'exercice non obligatoire et la figure que l'on s'impose du commentaire trop systématique est quasiment criminelle... En l'occurrence, il serait criminel de ramener l'effort de hauteur que vous  essayez de prendre avec une actualité dont l'urgence a besoin qu'on y réfléchisse profondément,  à un  effort de justification identitaire d'autant plus intellectuellement confortable qu'il est très élaboré. Même si vous faites quelques risettes à votre milieu ("Ne vous y trompez pas, j'ai choisi le pacte de reims...)", votre réflexion ne saurait s'y réduire,  ne serait-ce que parce que vous commencez par énoncer la majeure: Jésus ne nous a pas seulement demandé d'accueillir l'étranger, mais la sainte famille est la première figure du migrant.

 

Toutefois la migration de masse à laquelle nous assistons nous pose assurément un problème identitaire. Or à un premier stade, spirituel et non pas politique, il me semble que le risque dont doit se garder un chrétien est celui de l'attachement qu'il faudrait rompre partout, excepté, pour lui qui aime à se voir disparaître ou anéanti  dans l'Infini du "milieu divin", s'il s'agit de se perdre. Notre réaction n'est pas politiquement chrétienne si nous cédons à un simple réflexe de survie, qui consiste à ne pas vouloir nous perdre, si naturel que soit ce réflexe.

 

D'autre part, l'universalisme d'analogie que vous nous décrivez comme étant l'apanage du catholicisme a un revers: c'est qu'il constitue la société dans son individualisme pratique, dont le matérialisme pratique autrefois dénoncé à l'encontre du marxisme avec son athéisme pratique, et aujourd'hui son individualisme social-émotionnel, n'est que le prolongement naturel.

 

Dans la grande babylone sociétale qui a l'air de vouloir multiplier les voyageurs aux pas perdus dans des sociétés détricotées, chassez l'origine, elle revient au galop! Le monde a nié le péché originel, et la psychanalyse a organisé l'accusation perpétuelle des parents déshonorés qui avortent pour y échapper... Michel foucault a dénoncé l'illusion du "retour de l'origine", mais et l'antiracisme n'est qu'une obsession de l'origine inversée, avec cette dernière tartufferie hollandaise de  vouloir chasser des dictionnaires un mot, le mot "race", dont la réalité n'existerait pas, tout en poursuivant ceux,  les racistes, que l'on  tient pour se définir à l'aulne de cette seule réalité. Il y a là une mascarade linguistique où les nouveaux bien-pensants de "C'est dans l'air" en ont hier soir perdu leur latin ou leur franglais.

 

Le retour à Benoît XV et à Pie XII montre un changement de paradigme de l'immigration. Celle-ci n'obéit plus à des motifs invasifs comme les voyages ne forment plus la jeunesse, et la déformeraient plutôt, car on émigre pour fuir... Pour autant, l'étranger ne cesse pas  d'être désigné comme un ennemi potentiel, et la palme de l'hypocrisie revient à ceux qui nous placent depuis trente ans dans l'insupportable alternative d'avoir à choisir entre un internationalisme xénophile et antiindigène et un nationalisme xénophobe. La condition de l'étranger fascine les "cosmopolites" au point que la société est focalisée, non comme autrefois sur la survie de la patrie, mais sur cet autre fusionnel, dont il faut dissoudre la condition d'étranger, et la naturalisation est là pour cela, qui singe l'adoption par la Grâce baptismale à travers la sémantique, et la désignation par  l'opposé de la Grâce, la nature,   de ce que fait la nation quand elle adopte celui dont elle ne permet plus qu'on l'appelle étranger, sans s'être assurée qu'il consent à être adopté et qu'il se sent de son nouveau pays. Et malgré cela, on ne cesse de distiller que cet étranger est l'ennemi, non en lui-même ni par sa religion ("pas d'amalgame"), mais enfin si tous les musulmans ne sont pas islamistes, tous les islamistes sont musulmans, et il n'y a qu'à regarder d'où proviennent les attentats depuis trente ans....

 

Bref, on dissout l'origine et l'étranger, et en les dissolvant dans une naturalisation abusive, dans une naturalisation qui n'est pas naturelle, on les rend les ennemis d'eux-mêmes, puis nos ennemis de l'intérieur...

 

C'est ici qu'il nous faut être vigilants et que le rappel au gaullisme et à l'histoire longue qu'a risqué Nadine Morano est peut-être salutaire pour savoir qui accueille et qui est accueilli, pour garder certains droits du premier occupant, non pour assimiler, mais pour accueillir. Et il n'y a un accueillant et un accueilli que si l'accueillant reste maître chez lui et si l'accueilli demeure un étranger non dissout dans l'"étrangeté" (comme disait Jacques Prévert) de sa condition ni fascinante, ni enviable.

 

Alain finkielkraut disait à raison ce matin (je suis d'autant plus content de le dire que je suis rarement d'accord avec lui) qu'il y a deux écueils à éviter devant cet afflux migratoire: c'est l'indifférence du front national jusqu'à la négation du droit d'asile, et c'est, d'autre part, cette espèce de béatitude d'un accueil anarchique et sans lendemainqui pourrait nous être fatal, non à court terme, mais dans le processus de tiers-mondisation de nos pays développés qu'il signifie, et qui s'amorce depuis une quinzaine d'années avec la bénédiction de nos dirigeants politiques démissionnaires.

Avant la deuxième session du synode sur la famille

(Lire au préalable

 

 

 

Monsieur l'abbé,

 

J'espère ne pas faire une lecture superficielle de votre article en interjetant les quatre remarques suivantes:

 

    1. De quelque côté que l'on regarde, un chemin pénitentiel est toujours proposé pour l'accès éventuel à l'eucharistie des divorcés remariés. En son temps, vous avez critiqué sévèrement celui du cal Kasper que vous trouviez minimaliste. Il me semblait au contraire que la reconnaissance du péché entourant l'échec des divorcés remariés y était particulièrement mise en relief, avec un chemin de retour à la communion sacramentelle et avec la communauté de l'Eglise qui n'était pas sans rappeler le retour public que devaient faire les baptisés convaincus de péché public avant que n'existe la confession auriculaire. Sans vous chercher systématiquement querelle, je me demande si vous n'avez pas critiqué ce chemin pénitentiel par réflexe conditionné contre un prélat à qui vous reprochiez d'être un grand promoteur de l'oecuménisme. Mais surtout je me demande si la critique traditionaliste très acerbe contre le cardinal Kasper n'a pas abouti comme  souvent à l'effet  inverse  du but recherché, à savoir qu'on fait à présent une proposition encore plus minimaliste que ce chemin pénitentiel exigeant un haut degré de repentance. Cela a d'ailleurs commencé, en amont du synode et pour lui donner le ton de la volonté du pape, par le bradage des procès en nullité qui se feront plus vite que le prononcé du divorce civil et avec un certain mépris de la réalité des relations au nom de la maturité requise pour qu'un amour soit vrai et indissoluble.

 

    2. Il y a un curieux paradoxe à assister, aussi bien dans le motu proprio de Benoît XVI visant la libéralisation de la célébration de la messe de Saint-Pie V que dans cet instrumentum laboris,   au retour du curé dans sa charge apostolique et pastorale au moment même où, au nom de la collégialité sous le pontificat de françois, dans les faits sous Benoît XVI, le rôle propre du curé comme "empereur en sa paroisse" s'était vu confisquer par les évêques et par les conférences épiscopales, évêques qui ont fait capoter le motu proprio de benoît XVI par une pratique très dirigiste de l'administration des sacrements dans les diocèses.

 

    3. Au cas où le second schéma serait retenu par le synode, c'est-à-dire celui qui donnerait le dernier mot de la discipline du Sacrement eucharistique au curé pour les divorcés remariés, cela ne ferait qu'entériner en l'officialisant une pratique que j'ai toujours vue être observée, depuis au moins la fin des années 1970 où j'ai commencé à m'intéresser au sujet. En pratique, un pénitent divorcé va voir son curé, et c'est lui qui prend sur lui de lui permettre ou non de communier. Et la permission lui est généralement accordée par le curé au nom de la tradition miséricordieuse de l'Eglise.

 

    4. Je voudrais enfin dire un mot de la Miséricorde elle-même.

 

Le chrétien ne mesure pas sa grandeur. La Miséricorde ne consiste en effet pas seulement à ce que Dieu mette loin de lui son péché, c'est-à-dire loin de sa conscience immédiate pour ne pas asphyxier la psychologie du pécheur; mais Dieu efface et oublie le péché.

 

Or au lieu d'entrer dans  le pardon et dans l'oubli de dieu de son péché, le chrétien continue de le ressasser en regardant en arrière avec une certaine complaisance au mal. Or il est encouragé dans cette complaisance à ne pas renaître parce que l'Eglise lui suggère qu'il doit s'assurer lui-même qu'il est en état de Grâce et non de péché grave ou mortel. Le pécheur pardonné vit dans une tension existentielle qui efface le pardon de Dieu et qui est d'autant plus déséquilibrée que le chrétien n'est pas son propre juge. Il faudrait sans doute nuancer ce dernier propos avec ce qui se passera au Jugement dernier, mais il est globalement conforme à ce que la Révélation nous enseigne.

Je suis un vendéen de Sirie...

Je dois être un petit peu vendéen sur les bords pour que, plus l'actualité ne nous est montrée que d'un seul côté de la propagande, moins ça s'arrange. Là où "rue 89" s'émeut que des jeunes bien sous tous rapports et tirés à quatre épingles viennent écouter ce que les soutiens du régime sirien ont à dire pour leur défense, je trouve de l'équilibre dans leur mise en perspective du réel, s'ils consentent à confronter ce "récit" à ce que disent d'autre part les médias occidentaux de la guerre en Sirie.
Je les soutiens encore plus quand "Rue 89" n'en revient pas qu'ils se montrent sensibles à l'argument que "la source unique, c'est la dictature". Jusqu'où sommes-nous descendus, pour citer Alain Sorral qui a raison sur ce point, pour qu'un argument qui est le béaba du journalisme, fasse s'époumonner de convulsions révulsées des journalistes soi-disants confirmés?
J'irai même plus loin: admettons que ces vendéens, convaincus par la propagande du régime sirien, veuillent guerroyer à ses côtés, je n'y verrai aucun inconvénient personnel ou pour mon pays; comble de l'horreur,    j'ai autant de mansuétude à l'endroit de jeunes Français   (ou de jeunes à qui l'on a fait croire qu'ils étaient Français) s'en allant faire le djihad, si c'est de ce côté que leur conscience les engage à militer. Que je sache, le mercenariat, et plus encore l'engagement volontaire, a toujours existé, et on n'a jamais reproché à des jeunes Français juifs ne se voulant pas assimilés  de se porter volontaires auprès de tsahal ou de s'y enrôler temporairement comme Arnaud Clarsfeld, qui a même été récompensé pour cela en se voyant confier par Nicolas Sarkozy la présidence d'une commission de réflexion sur la politique d'immigration en france.
Dans le cas des djihadistes, si les services jugent utile de "débreafer" et de surveiller ceux qui reviennent de Sirie pour des raisons de sécurité intérieure, ils ont le devoir de le faire. Mais ils n'ont pas le droit d'interdire à qui que ce soit de s'engager où bon lui semble, et c'est vrai des djihadistes comme de tout autre citoyen français, à moins que l'on déclare officiellement que "le djihadisme, voilà l'ennemi", mais surtout que l'on définisse clairement les contours de cette notion quand même un peu moins floue que celle de terrorisme, cette guérilla spectaculaire qui fait trembler le monde et lui désigne un ennemi invisible et indéfini, donc impossible à combattre dans une guerre honnête.
J'ajoute que le pacifisme dans lequel je suis né et dans lequel je croyais devoir mourir fait qu'il m'en coûte d'écrire ces choses, de même que je suis fâché qu'on me place sans cesse devant l'alternative d'avoir à choisir entre un internationalisme xénophile et antiautochtone et un nationalisme xénophobe. Je n'ai pas été élevé dans la polarisation de l'étranger,  désigné plus ou moins hypocritement comme ennemi potentiel.
Mais devant l'incurie de nos dirigeants politiques en matière de politique internationale et qui ne s'illustrent que par le détricotage des sociétés dont ils ont la charge, je suis plutôt du côté de vladimir Poutine que de françois Hollande, même si je suis tout fraîchement sensible à cette information datant opportunément de ce matin, selon laquelle les premières frappes de la Russie se seraient exercées contre des opposants au régime sirien qui n'appartiendraient pas à Daesh. Mais je ne suis pas naïf au point de ne pas discerner un nouvel élément de propagande dans cette information opportuniste. Les occidentaux ne voudraient pas que Vladimir Poutine, après avoir eu raison en Ukraine, berceau de son pays, ne leur en déplaise, et qu'il n'est par conséquent pas tout à fait indifférent de perdre en le voyant passer de l'autre côté de la nouvelle guerre froide, ait encore une fois raison en Sirie, et rien de mieux pour torpiller sa tournée internationale que de discréditer ses premières frappes pour ne pas ridiculiser nos rounds d'observation pour cibler nos zones de bombardement.
Mais voici le lien de l'article qui m'a ffait réagir: http://rue89.nouvelobs.com/2015/10/01/y-a-aussi-francais-vont-syrie-ecouter-version-regime-261428

mercredi 30 septembre 2015

Marine de Pantin, philippique contre le caractère girardien de la dernière tragédie française


J'écoute l'émission de Bernard Antony sur "radio courtoisie". C'est en l'écoutant il y a quelques mois que j'ai appris l'invasion de l'Irak curde par Daesh que notre Président de la République appelle d'un nom de lessive : Dash (2 en 1, je ne me souvenais plus de ce slogan, mais ce n'est pas étonnant qu'il l'ait choisi vu sa position sirienne : "tout sauf Bashar, l'opposition+daesh, un chaos à la libyenne, tout ce qui n'est pas opérationnel, diviser pour ne pas régner, 2en1."

 

Bernard Antony dit d'abord que Marine le Pen parle exactement comme son père Jean-Marie, ce que j'ai remarqué depuis qu'il lui a cédé son parti avec la complicité des médias. Elle peut parler commeson père, Alain Minc le permet, il ira même dîner avec elle à condition qu'elle renie son père, c'est lui qui l'a dit sur une radio périphérique, je l'ai entendu de mes oreilles... Qu'elle le renie pour avoir prononcé une phrase complexe que cet esprit rompu aux arcanes de l'économie pas simple feint de ne pas avoir comprise :

 

"Les chambres à gaz sont un détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale, à moins que la seconde guerre mondiale ne soit un détail de l'histoire des chambres à gaz."

 

Or Jean-Marie le Pen a dit la plus belle chose qui ait jamais été dite en termes d'expression lyrique de la mémoire de la seconde guerre mondiale. Il a dit en pleurant devant un documentariste qui le filmait il y a trente ans : "Pour moi, le mort le plus important de laguerre, c'était mon père… Il ne fumait pas, il ne buvait pas, il chantait et il est mort… Pour nous, la vie s'est arrêtée."

 

Que m'a donc appris Bernard Antony ce soir sur le reniement de son père par Marine le Pen ?Que c'était un effet de "la rivalité mimétique". C'est ce que lui aurait dit un des maîtres d'œuvre du livre noir de la psychanalyse. Naïvement je croyais que Marine avait déshonoré son père en le tuant. Elle l'a tué, elle l'a déshonoré, et elle est impardonnable d'avoir tué son père, mais il ne pouvait subsister à côté d'elle et elle ne pouvait subsister à côté de lui. Ce n'est pas un drame shakespearien ; c'est une banale histoire de famille dénaturée, comme toutes les éducations sont manquées…

 

Ce n'est pas une tragédie grecque, c'est notre dernière tragédie française. Cette tragénie banale a sa grandeur médiocre, comme le diable dépouillé de ses oripeaux. Ce pourrait être la dernière version des Atrides où Electre n'aurait pas tué Egyste, son beau-père, mais Agamemmnon, son père. Ce qui dédramatise cette tragédie, c'est qu'elle est simplement girardienne. Cette affiliation girardienne du meurtre de son père par Marine, voilà la banalisation que m'a montrée Bernard Antony à travers son grand psychiatre.

 

La théorie de René Girard est la plus inopérante qui soit. Elle ne fait presque même pas semblant de se doner des dehors thérapeutiques. Elle ne fait qu'énoncer le cercle vicieux de la jalousie, qui commence par l'imitation apparemment indépassable de l'enfant-singe.

 

Elle est marsionite au point de croire que le Nouveau Testament n'exprime que l'amour, et que le christianisme ne réalise pas toutes les phases de la divinisation, du meurtre de la victime à saglorification ultime, au point que c'est pour le christianisme qu'on croirait que la théorie de René Girard aété inventée.

 

Or c'est plus banalement pour Marine le Pen que cette théorie semble avoir été faite, non qu'elle puisse la guérir d'avoir à tuer ce père dont elle est jalouse comme l'aînée des filles du Roi Lear, et dont elle doit manger son héritage. Mais cette théorie, qui n'a de la psychologie que l'apparence, et qui est prisée des militants d'extrême droite au mépris du fait qu'ils pratiquent le tiers exclus comme Alain Soral avec le tiers juif en dépit de son admiration pour René Girard, est applicable à Marine le Pen par synchronicité, le ressort le plus retors de la psychologie théorique, mais aussi le plus thellurique du surnaturalisme païen.

 

Jamais, Marine n'aurait dû renier son père, au risque de passer pour la tête de pont d'un parti prônant un patriotisme parricide, au corps défendant du roi et de sa fille, Antigone philipotisée.

 

La théorie de René Girard est tellement peu opératoire qu'elle s'achève dans une espèce d'apocalypse pitoyable. Notre pays est lui aussi dans une espèce de chaos. Comment la fille de l'apocalypse pourrait-elle nous sauver du chaos sans, pour devenir opérationnelle, s'affranchir de la doctrine inopérante qui la fait agir malgré elle, comme un automate sous les doigts du pantin Philippot, soldat de plomb, face au soldat, son père ?

"Absoluble" maturité

                                   (Suite de la réflexion précédente)


Je continue (ou plutôt je commence seulement) à vous lire de près ce soir :

 

1. D'abord vous m'étonnez. Vous reconnaissez de curieux critères d'objectivité de l'amour :le coup de foudre et la reconnaissance mutuelle, qui font l'évidence de l'amour. Premièrement, je vous trouve bien platonicien, ou je ne vous savais pas si idéaliste. Il me semblait vous avoir lu souvent conspuer le romantisme. Voilà que vous nous dites que le critère objectif de l'amour, c'est son évidence romantique. Dieu serait l'andogyne de l'âme et l'âme l'androgyne de Dieu. Dieu foudroyant le premier et l'âme Le reconnaissant, auraient un coup de foudre réciproque et une reconnaissance mutuelle d'une telle évidence que l'âme ne pourrait nier être paramétrée, périmétrée et formatée pour Dieu.

 

En toute autre occasion vous me diriez que si l'amour bannit la crainte que ranime la liberté, il n'y a pas plus d'amour sans liberté que de liberté sans amour, même s'il n'y a jamais de liberté sans crainte. Ici, plus de liberté dans le foudroiement de l'amour de reconnaissance gémellaire de l'âme androgyne et de Dieu andoggame !

 

En surfant sur la toile, je trouve cette "devinaigrette" d'Alain Créhange : celui qui a défini le tsimtsoum comme un "absenthéisme" a néologisé l'"l'absoluble". Le transcendantalisme inné du catholicisme peut pester contre l'individu (la peste soit de cet iste ostentatoire et démonstratif !), qui ne veut pas se résoudre et se dissoudre dans l'amour. Mais si je vous rappelais que les mages hindoues proposent à leurs patients de "se dissoudre dans le divin". Se dissoudre, est-ce encore de l'amour ? Ettre dissout est-il le propre de l'amour vrai ?Je ne préfère pas mener une vie dissolue si tel est le cas de l'amour, mais de plus romantiques que moi vous diraient que la débauche est assurément préférable.

 

Dieu est absolu et la nature humaine est absoluble, malgré la relativité de l'homme.

 

Redescendons à nouveau de l'amour à la loi ! Il suffirait donc de quarante-cinq jours aux autorités éclésiastiques pour prononcer une nullité quand le juge ne met pas moins de six mois pour prononcer un divorce. "RTL" s'était ému que soit instauré "un divorce catholique" à travers l'assouplissement des procédures de nullité souhaité par le pape François. Vous assumez ici le terme de "divorce". J'avais écrit en son temps sur ce blog que le divorce était moins hypocrite que la nullité, qui aboutit à déclarer l'inexistence objective d'un lien qui a été et qui a pu donner naissance à des enfants,même s'il s'agissait d'une relation déviante selon le critère de la maturité.

 

L'Eglise concède l'immaturité comme clause favorisant la nullité. On aurait beau jeu de lui demander pourquoi, au temps des mariages princiers appariés tout enfants et souvent par l'intermédiaire de leurs seuls témoins en l'absence des époux, l'immaturité de l'enfance ne paraissait pas à cette mère une objection dirimente. Mais ceci est une objection plus méchante que fondée, quoiqu'elle le soit en effet. Il est plus constant que l'introduction du critère de maturité psychologique est pathogène. L'Eglise en le mettant en avant, se rend complice de la psychiatrisation de ses enfants.

 

Il y a trois points communs entre l'état de notre monde et le totalitarisme communiste : la bureaucratie, les appartements collectifs appelés désormais colocations,  et la protection d'un million de majeurs en france, ou la psychiatrisation des citoyens dissidents

mardi 29 septembre 2015

L'amour, la sainteté, la doctrine et la loi



(dialogue avec l'abbé de Tanoüarn à partir de son texte : http://www.ab2t.blogspot.fr/2015/09/reponse-ma-niece-sur-mgr-vesco-et-sur.html

 

 

 

1. "Tout amour vrai est indissoluble. Or il s'est dissout. Donc il n'était pas vrai", voulez-vous faire dire à mgr d'Oran...

 

Et si nous commençions par le début ?

 

Tout amour est une rencontre. Toute rencontre est intemporelle. Donc toute rencontre est vraie.

 

Il n'y a que quand on veut décomposer une rencontre qu'on la falsifie. Et parfois quand on veut la prolonger. Tout homme (et toute femme) gagne à être connu(e), mais toute rencontre ne gagne pas à être prolongée. Il y a des gens qu'il faut n'avoir rencontré qu'une fois dans sa vie, et dans cette rencontre il y a toute la densité de l'amour. Prolonger cette rencontre serait la décomposer…

 

"L'amour n'est pas un état d'âme." L'amour est une institution. Il n'y a d'amour que d'institution. Donc tout mariage est d'amour, avec ou sans dot…

 

Apories : l'amour est-il un état fixe ou un effetd'entraînement ? Si l'amour est un effet d'entraînement, est-ce que celui que Dieu sauve est celui qu'Il a créé ? Mais si l'amour est un état fixe, est-ce que j'aime si je ne me laisse pas entraîner et donc transformer par le Bien-Aimé ?

 

Pour Proust, l'amour est une composition, pour Jacques Lusseyran une "grande image", mais l'amour est la différence du défaut de l'autre à la sublimité de mon désir. Et le résultat est mon défaut de sublimité qui ne sait pas sublimer le défaut de l'autrejusqu'à l'intemporel.

 

L'amour est le défaut de ma condition qui ne sait pas aller jusqu'à l'inconditionnel et qui le conditionne dans le temps, où l'habitude de conditionner fait croire que le travail rend libre.

 

L'amour conditionné, l'amour travaillé n'est pas libre. La liberté de l'amour est moins dans la purification des mœurs que des conditions dans lesquelles il voudrait feindre d'ignorer qu'il est un amour en travail de perpétuité, en contradiction temporelle avec le travail d'enfantement.

 

L'amour n'est pas institutionnel. Plus précisément le sacramentel n'est pas l'institutionnel. Mais l'institution-Eglise, dans sa volonté d'être matrice des relations, aura beaucoup à se purifier avant de le comprendre. Elle devra opérer la même purification que celle qui doit substituer depuis Simone Weil et depuis l'intuition du P. Liebermann, comme condition de la sainteté, à l'héroïcité des vertus, la conformation inconsciente au Christ, du pauvre qui ne le connaît pas et qui ne sait pas qu'il le suit, du disciple qui est inconscient du christ, comme la prostituée ne sait pas qu'elle est sainte : quadosh-quedesha.

 


 

La loi n'est certes pas une doctrine, elle est une discipline. La doctrine vient de ce qui monte, l'idée de ce qui descend, la loi comme le principe vient de ce qui est fixe. Mais autant l'homme est fait en vue de la doctrine, autant il n'est pas fait pour la loi. Comme le dit Saint-Paul, la loi n'est là que pour "mettre en évidence le péché". Autant l'homme est fait en vue de la doctrine du mariageet pour n'avoir qu'un seul amour, autant la loi du mariage n'est là que pour lui montrer qu'il ne peut pas respecter cette sainte inclination. La doctrine du mariage lui indique le but, la loi du mariage est faite pour l'humilier. Mais cette humiliation narcissique est la blessure qu'il doit rendre à l'Amour de Dieu. Pas à la loi du mariage qu'il ne peut que trahir. Mais à l'Amour de Dieu et non pas même à l'idéal du moi qui doit céder, mais à l'Amour de Dieu joint à son idéal de l'amour de l'autre.

 

Maintenant, vous le savez bien, M. l'abé, et Berthold brecht avait raison d'intituler une de ses pièces ainsi : "L'exception est la règle…"

 

Je ne suis pas léniniste, mais qu'y faire… ?