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lundi 28 février 2011

La geste kadhafienne

(Suite du dialogue entre le torrentiel et un Croissant de lune, partie IV, herméneutique 13, codécryptage)

1. Du torrentiel au Croissant de lune, envoyé le 27 février 2011 à 8h52

Je crois que, ce qui perd Kadhafi, ce n'est pas la démocratie directe, mais la démocratie pyramidale. Il meurt du "peuple en armes", dis-tu. Et pourtant, il n'a pas craint d'armer le peuple. L'une de ses originalités et grandeurs aura été de n'avoir aucun poste officiel. L'un de ses errements aura été de surfer entre les causes augré de l'aura de son art oratoire. Le colonel Kadhafi se sera sans doute perdu en paroles. Un point qui me navre, c'est que l'on surrenchérisse sur le caractère à chaque fois plus corrompu du régime renversé. Cela ne me paraît pas vraisemblable. Le vrai motif du renversement des régimes arabes n'est pas tellement la corruption de ses chefs que le vice intérieur de ces régimes. Pas autant vicié que les autres n'était celui du lybien tortionnaire si, bien sûr, il n'avait banalisé la torture et sans le makiavélisme qui les faisait passer en double vie du régime et du personnage. Pas aussi vicié que les autres parce qu'émanant d'une geste personnelle, comme le régime de Saddam Hussein. Les occidentaux, même s'ils se sont montrés plus tardifs à dénoncer la répression lybienne, n'ont jamais pu voir Kadhafi en peinture, parce qu'ils détestent les gestes personnelles transformées en coups d'essai politiques, dernière forme, quoi qu'on en dise, et pour le meilleur ou pour le pire, de l'héroïsme, voire du prophétisme en politique. Mais la persistance du prophétisme, ce serait, aux yeux de nos sociétés traumatisées par deux guerres mondiales, la persistance des "heures les plus sombres". Or, sans un minimum de prophétisme, il ne saurait y avoir de politique. Les lybiens ont renversé un prophète, cela va les obliger à proposer une véritable alternative au régime déchu. Les tunisiens et les égyptiens se sont trouvés face à rien moins que des prophètes, c'est ce qui fait qu'on ne sait pas trop à quoi la victoire du peuple va être consacrée. Reconstruire est un travail de longue haleine. Que dieu ne les abandonne pas au milieu du gué !


2. Du Croissant de lune au torrentiel, envoyé le 27 février à 23h24

Bonsoir, Torrentiel,

Comme toi, je suis ému et partagé envers le sort du colonel. Combien j'eusse mieux aimé qu'il eût moins parlé et agi davantage, qu'il ait fait selon ce qu'il disait et qu'il ait dit ce qu'il faisait! Dans son cas, très particulier, on parle de "dictature idéologique". Cet homme se dit lui-même prophète, on le dit poète, il aime à l'excès l'idée et la parole, sans être pour cela, un orateur magnifique. Crois-moi, il maîtrise mal l'art oratoire, mais il veut qu'on l'écoute! Ce qui arrive est fort triste, en vérité.


Geste personelle, chacun est juge. Pas utile de comparer, mais il s'en faut de beaucoup, que sa vie et son expérience équivalussent à celle de l'imam Khomeini, Nasser, ou le roi Ibn-Séoud. Ce grand roi, quand il mourut, on compta sur sa dépouille trente-huit cicatrices et traces de blessures reçues dans les combats! Jamel Abd-El-Nasser, le plus grand de nos raïs, ne participa lui-même, et personellement, à des opérations de reconnaissance, en 69, derrière la démarcation du Sinaï, derrière les lignes ennemies. Son ministre de la défense périt martyre cette même année, en pareille opération. Rien ne certifie que notre colonel ait jamais combattu ni vécu nul péril! J'ignore même si les 300 mirages Français, achetés à grands frais, ont servi en octobre 73, ou s'ils sont restés sagement sous les hangars, comme on le prétend. Il y en aurait beaucoup à dire, sur les titres de gloire de tel ou tel, je ne vais pas m'étendre là-dessus.


Toutefois, je concède que l'histoire du colonel a quelque-chose d'émouvant. Si j'ai bien compris, il naquit et grandit dans le dénuement d'une famille Bédouine, il tient donc de l'Arabité la plus profonde, par ses origines. Pour ces gens, la seule issue, environ le seul moyen de promotion, consistait dans la carrière des armes. Les Bédouins font partout de bons soldats, cette carrière convient bien à leurs aptitudes de résistance physique. Il dut soufrir bien des sarcasmes, souvent le Bédouin est moqué! On se moque du Bédouin, autant qu'on l'exhalte. Or, le Bédouin, c'est l'Arabité même, tellement que le mot Arabe, peut très bien s'employer en lieu et place du mot Bédouin. Ceci le fit soufrir au point, qu'il s'est partout imposé, de coucher sous la tente, mu par un besoin douloureux d'affirmation. La douce France ne fut pas assez bonne, pour lui épargner ses railleries, lors de sa dernière visite. Sans doute, il s'enthousiasma et tint pour Nasser, et sa révolution à vocation Panarabe, il s'est dit fils spirituel du grand raïs. En 67, le colonel assista la mort dans l'âme au désastre égyptien. Etant affecté, avec d'autres officiers, au voisinage de la base Américaine de Walis, on les éloigna de là, pendant les opérations. Mais ils surent que des pilotes Juifs volontaires, ont été entraînés sur cette base, et ont chevauché des appareils Américains, participant aux bombardements massifs et traîtreux sur l'égypte. C'était cuisant d'humiliation, mais ils surent, suivant l'impulsion avisée de Khaddafi, préparer nuitament le coup d'état, s'inspirant du modèle des Officiers Libres égyptiens. C'est qu'en ce temps-là, il était assez avisé pour bien tenir sa langue. On ne sut absolument rien de l'affaire, jusqu'à son aboutissement, le premier septembre 69. Ce fut comme un miracle inattendu! Nasser se trouva fort embarassé, ne sachant que faire de ces aventuriers. On pensait qu'une riposte Anglo-Saxonne foudroyante, ne se ferait pas longtemps attendre. Nasser eut assez d'à-propos, pour intervenir auprès du roi Hidris qui se trouvait en visite à Istamboul, lui offrit l'asile, et une résidence à Alexandrie. Le roi, patriote, malgré tout, fit ce qu'il put, pour épargner à son peuple le péril de l'invasion. Il se démit et abdiqua, reconnut le nouveau gouvernement, déclara ne vouloir aucune ingérance, et ôta par là même tout prétexte légal aux Anglo-Saxons. Ceux-ci auraient pu passer outre, mais par suite d'impréparation en Méditerrannée, d'autres soins les occupant ailleurs, le temps passa, ils renoncèrent. Les historiens s'accordent sur cette incroyable chance, qui ne tint vraiment qu'à peu de choses! Ce fut comme un miracle, et l'Arabe prétendrait y avoir droit, tant nous en eûmes. Le gouvernement des Officiers Libres Lybiens, obtint, je ne sais comment, le départ et la désaffection de la puissante base Anglo-Américaine, ils eurent toute la vaste Lybie, libre, sans nulle présence étrangère, libre avec ses ressources faussiles considérables! Le croyant, comment n'y verrait-il pas une quelconque faveur?


Que se passa-t-il ensuite? Probablement, l'ivresse du succès! Penses donc, le fils d'une tente Bédouine, déposer un monarque, chasser des occupants, distribuer au peuple pauvre, une part sensible des revenus pétroliers. Il dut se croire béni, et il tourna mal! Notre prophète Mohamed, une année d'abondance, dit aux gens de Médine, "Endurcissez-vous, endurcissez-vous, peut-être le bien ne dure pas!" C'est que Dieu nous éprouve tant par le succès que par l'échec, la victoire ou la défaite. Or, Kaddafi ne sut pas, comme beaucoup d'autres, rester humble dans le succès! Il voulut beaucoup de choses, il en réussit peu. Il tint à régner sur l'esprit de son peuple, s'ennivra des aclamations, s'écouta parler. Le Livre Vert fut une obligation, il fallut s'en gaver! Trop souvent, il paraissait sur l'écran, on n'osa pas lui en remontrer de son omni-présence. Il se perdit en paroles, des discours fleuves, très mal cousus, de longues causeries, avec parfois quelques bons mots repris par les flatteurs. Propagande, culte de la personalité, qu'on imposa à des gens supposés libres! Une brouillonnerie inouïe, très naturelle, l'incurie de ceux qui croient toujours avoir raison! Ses actions sur la Révolution mondiale, furent plus perturbatrices qu'autre chose. Y eut-il de la malveillance de sa part? Certains le supposent. Si on compare son action avec celle de l'égypte Nassérienne, ou encore l'expérience de la république Islamique, on a l'impression désagréable d'un ouvrier brouillon, qui ne finit jamais aucun chantier! En fin de compte, les pays qui n'ont pas voulu fusionner avec lui, ont dû avoir leurs raisons! Dommage.


Qu'il y ait du complot, dans toutes ces affaires, il y en a toujours, mais je reste sceptique. Fondamentalement, il est vrai, que l'humanité entière et non pas l'Amérique, trouve son profit au relèvement de ma Nation, si Dieu permet qu'il s'accomplisse. Quand il y eut le krach financier en 2008, Max Gallo fit en substance ce commentaire, "Il n'y a pas de variable d'ajustement, pas de continent à conquérir." Je me suis dit alors, que le poumon économique, la variable d'ajustement, c'est le relèvement de nos peuples, le bon usage de nos biens et ressources, du moins pour l'Europe voisine! Cela me semble fondamentalement vrai, notament pour la France, le meilleur des scripturaires, la Nation que depuis toujours, nous voulions pour partenaire privilégié. Le colonel Lybien avait bien nourri cette ambition, mais il fallut qu'il gâche tout, par sa demande incongrue de convertion massive. Que d'erreur n'a-t-il pas faites! En ce temps-là, l'amitié Française était presque gagnée! A présent, que se font de si grandes choses, si Dieu veut, l'heure des choix va sonner pour la France et l'Europe. Je ne suis content qu'à demi, de ton président, il nous place un ministre que je n'aime guère. Je préférais Vilpaint, bon, l'autre n'est pas très amical! Il a pourtant confirmé le miracle formidable, qui est, non pas seulement le réveil de nos peuples, mais l'éloignement de l'ingérance.


Je crois pas à l'article transmis par ton ami. Vois qu'à présent, ce sont trois pays voisins et complémentaires, qui sont en voie de libération. Surprenant, que ce soit conforme aux intérêts Américains! Comment déclencher des opérations de ce genre, alors qu'on est sûr de ne pas pouvoir les endiguer et les contrôler? Je crois plutôt à mon hypothèse, qui joint une plus grande vulnérabilité militaire de l'ennemi, et une moins grande capacité d'ingérance Occidentale, à une soif de force et de souveraineté arabe, soutenue par le renouveau de l'esprit premier, l'esprit du combat sacré, l'héroïsme populaire, pacifique ou armé! Il y a que la Jézira a unifié nos esprits, il y a que nous sommes tombés si bas, qu'on nous a foulé comme de la vile poussière, il y a les pillages et incuries considérables, qui se sont accrus ces dernières années, il y a les guerres injustes, les caricatures, les minarets et autres gifles et humiliations. Oui, nous avons accumulé trop de torts et dommages, au point que c'en était devenu inavouable! Tel était l'intérêt de l'ennemi. Or, les exemples de résistance, de proche en proche, nous ont rendu courage. Il fallut la flamme de Sidi-Bouzid, pour qu'on redécouvre émerveillés, l'esprit du combat, l'héroïsme que nous avons cru perdre. Toutes nos valeurs et principes étaient stigmatisées et dépréciées, nous-mêmes avions commencé à croire les calomnies toxiques de nos ennemis. Quand la pouf du front, fit ses déclarations Lyonaises, ce fut pour moi, comme si vraiment, elle piétinait un jeune homme en prière, sur son passage. Comprends-tu cela? Nul ne nous a porté secours, sans doute craignait-on de nous témoigner trop d'amitié! L'amitié, nous en voulons, la plus douce des nations nous le doit bien. Je veux que la France m'aime, et qu'elle le dise et le chante. Si Dieu veut, la France saura, par ses aides et conseils, nous guider sur les chemins nouveaux. Bien et prospérité lui advienne, et que son amitié lui soit multipliée et rendue.


Croissant de lune.

3. Du Torrentiel au croissant de lune, envoyé le 28 février à 1h08

Juste quelques mots en réponse à ton message, le premier pour te remercier des éclairages historiques que tu m'apportes sur la geste de Kadhafi, que je ne connaissais pas en détails ; le deuxième pour te dire que, moi non plus, réflexion faite, je ne suis pas d'accord avec l'article qui me fut posté par mon ami d'algérie, sur "les révolutions colorées". C'est qu'il a de la suite dans les idées, car il y tient, à son complot américain. Peut-être y a-t-il cette part de vrai que les Américains ont armé la tactique des révolutionnaires par le livre sur les révolutions non violentes qui y est évoqué dans cet article qu'il m'a transmis et que j'ai reproduit sur mon blog.

Mon troisième mot est pour te dire que, moi aussi, j'aurais préféré que Villepin soit ministre, comme il se murmurait que Sarkozy l'avait appréhendé pour occuper ce poste, fausse rumeur ou déclin de l'offre par l'intéressé pour convenance personnelle et souci de sa propre carrière. Toutefois, ce qu'a fait de mieux l'inamical et cassant alain Juppé est d'avoir été ministre des affaires étrangères. Pour une fois, je le crois placé où il doit, puisque la france a l'air de considérer qu'il ne saurait aller sans qu'alain Jupppé soit casé quelque part.

Je voudrais aussi m'applaudir de la démission de Ganouchi : les révolutionnaires tunisiens ont de la suite dans les idées, ce qui était surtout à craindre était qu'ils ne continuent pas le combat, une fois Ben Ali renversé. Je comprends ton sentiment de piétinement d'un homme en prière par celle que tu appelles "la pouf du front", dont je te répète qu'à mes yeux, contrairement à son père, elle sue la véritable haine, qu'elle joint à la tactique, ce qui en fait une espèce de fauve politique très redoutable, mais très caressée en ces temps chafouins.

Je comprends ta revendication de te faire aimer de la france, maîtresse des lettres des arts et des lois, comme il fut dit parfois. Cela se fait déjà et en même temps se heurte à des résistances, car l'homme arabe contient en lui un mystère dont je compte te parler dans ma missive. Ce mystère tient à ce que son amour s'accompagne d'imprécations, mais aussi à ce que ses sursauts sont imprévisibles, après des périodes de trop longue résignation. Il présente à nos yeux un curieux mélange de piété et de force, toutes qualités que nous avons endormies dans la douceur de vivre dont on a fait un épithète à la France. Sans compter que nous ne sommes même plus capables de discerner que la force puisse être concentrée dans la piété, qui n'est pas un simple acquiescement, car la foi est une force : elle soulève les montagnes autant que la charité console et soutient le monde.

Je te souhaite une bonne nuit sur l'évocation de ces deux plus grandes de nos trois vertus théologales, celle du milieu étant "la petite fille Espérance", comme l'appelait Péguy, dont j'imagine que tu as lu le "porche du Mystère de la charité de Jeanne d'arc" !

Ton Torrentiel incorrigiblement noctambule

Du miracle lybien

(Suite du dialogue entre le Torrentiel et un croissant de lune, chronique 16,

Envoyé par Croissant de lune, le 26 février 2011 à 18h46

Mon Torrentiel.

Précédemment, j'ai fait part de mes craintes, en rapport avec certaines rumeurs d'ingérance militaire étrangère dans l'affaire Lybienne. Cette menace s'éloigne, semble définitivement écartée!

L'élysée, Londres et la Maison Blanche ont laissé filtrer des informations en ce sens, avec l'odieux prétexte rebattu, d'ingérance humanitaire. Ce prétexte, dont l'usage est fort éculé, convient bien au caractère profondément ambiguë de ce que je nomme Croisérisme, il revêt la vérité de mensonge et le mensonge de vérité. Plusieurs faits advinrent, qui rendirent ce genre de projet plus hasardeux, voire inconcevable.

Si l'Occident a quelques droits, néanmoins, ce serait la poursuite régulière des fournitures et livraisons, selon les contrats signés. Cela ne relèverait, en droit, que d'une revendication dialectique et juridique, et, si d'aventure un fournisseur de ressources énergétiques et premières, décidait souverainement de suspendre ses livraisons, voire même, si d'aventure, il détruisait ses propres ressources, le principe de souveraineté interdirait toute ingérance, ne permettrait que des remontrances et rien de plus! Pourquoi fallut-il, en cette occurrence, que l'Occident laisse filtrer des menaces, au lieu de s'en tenir à ses justes demandes? C'est que le suprématisme a la vie dure, et jusqu'à un certain point, n'est pas toujours lucide et conscient! Dans la conjoncture Lybienne actuelle, juste une excuse, et encore, les Occidentaux peu informés, auront craint que le tyran aux abbois, n'ait encore le moyen de détruire les structures gazo-pétrolières. Ils ont craint aussi que les insurgés ne créent pas, avec la célérité voulue, une entité capable d'assumer les responsabilités Lybiennes et d'honnorer les contrats.

Or, voilà que les insurgés, se sont assurés des gisements et structures, et par suite des défections militaires nombreuses, le tyran n'est plus en mesure d'exécuter ses menaces. Les insurgés se sont emparés des champs et des structures, mais ils ont coupé les approvisionnements par holéoducs. Cette action a deux buts. Le premier, le plus apparent, mais le moins authentique, c'est de prévenir les destructions intempestives. Le second, plus authentique, est de dissuader une quelconque ingérence, puisque c'est l'insurgé, qui a la main posée sur les ressources et a pouvoir souverain sur elles. L'interruption des écoulements répond en partie à un souci de sécurité, au cas, ou malgré tout, les conduits soient endommagés ou explosent. Mais en même temps, c'est un élément de pression, qui laisse entendre, aux arrogants d'au-delà des mers, que l'Arabe libre est fermement résolu à ne plus soufrir aucune menace, si insinuante fût-elle. Autrement dit, les Croiséristes sont avertis d'avoir à économiser leurs menaces, ou d'avoir à les exécuter. Dans cette occurrence, l'Arabe libre leur promet que nos terres libres et ardentes le seront assez, pour brûler leurs bottes et leurs pieds! Les insurgés Lybiens de l'intérieur, ont su formuler ces mises en garde, suffisamment, pour qu'aucun doute ne soit permis!

Il y eut réponse ferme aux menaces, il y eut main-mise sur les ressources et leur libération, et réapropriation, il y a aussi le processus aussi rapide que possible, de la mise en place d'une autorité nationale, qui d'avance, prévoit de tenir les obligations Lybiennes à tous égards. Rien n'y manque, pas même l'obligation de ce qu'on doit à tout ressortissant ou immigré, y compris aux aix-mercenaires, saisis et capturés! J'ignore si l'histoire fournit pareils exemples de mansuétude. Car, en effet, l'Arabe est pardonnant, l'Arabo-Musulman, n'est pas inexhorable. Un des savants Lybiens, a seulement averti les gouvernements Africains du voisinage, de ne pas collaborer aux recrutement de mercenaires, sous peine de suites judiciaires et de conséquences fâcheuses dans les relations bilatérales. Déjà, le Botswana, qui se sait peut-être impliqué, s'est-il empressé de rompre ses rapports avec le tyran. Or, c'est surtout l'éthiopie, Sioniste et pourrie d'évangélisme, qui serait la première pourvoyeuse. Certes, la chute de cette gouvernance byzarre, obligera certains Africains, à réévaluer sérieusement le bon voisinage que nous nous devons mutuellement. C'est assez considérable pour être remarqué, qu'en dépit de ces actions meurtrières de tels mercenaires, l'Arabe n'a pas la haine longue, et rien ne semble sustenter, pour l'instant, un quelconque revanchisme facile au détriment de l'Afrique. Que de leçons de grandeur, on peut imposer, à ceux d'au-delà des mers, qui se sont apropriés exclusivement, et ont monopolisé le principe d'amour universel! Nous commençons à nous voir tels que nous sommes, à savoir ce que nous valons, et ce que valent nos contempteurs! C'est que la Nation est juste et saine, rendue méconnaissable à force d'adversité et de calomnies!


J'ai le grand déplaisir d'entendre comment réagissent et s'expriment certains gouvernants d'Amérique Latine, ceux des altairs et autres Marxistes! Bien vrai, qu'en certaines heures, le colonel leur porta une main secourable. Car en fait, il fut révolutionaire. Au fond, sans son narcissisme excessif, il eût fait de grandes choses. Il succombe, en partie, parce que ne voulant pas créer une armée classique, il a fait vivre, ce principe révolutionaire du peuple en armes. Le peuple en arme s'est contre lui, insurgé. Pourtant, le principe est valable, et mérite d'être partout généralisé. Il meurt du peuple en arme, et de la démocratie directe. Qu'est-ce qui a cloché? Qu'il ne fut pas assez solide et sincère, pour entendre les vrais jugements du peuple, pour entendre d'autres voix que la sienne. Très comparable à Néron, il s'est trop écouté parler. Or, les errances et les délires étaient une conséquence fatale. Tantôt vaguement Marxiste, tantôt Islamiste, il a seurfé en permanence dans les idéologies et les doctrines, et s'est cru grand penseur et philosophe. Il y a qu'il n'écouta personne à part lui-même, il y a aussi qu'étant seul juge, il eut des complaisances infinies, comme le démontreraient les pillages du trésor, en faveur de sa famille et de son clan! Triste fin que celle-là, car ce n'est pas un tyran ordinaire. Aprenons pour toujours, que nul n'a raison, par le seul fait de n'être pas contredit! Comme l'enseigne notre Hazmi Bchara, la démocratie, c'est le multi-colore. Qu'on prenne soin d'avoir des contradicteurs, c'est le moyen de se tromper le moins! Du choc des idées jaillit la lumière, ou au moins, il en résulte de moindres erreurs. Notre doctrine enseigne de décider dans la concorde, de gouverner par la consultation! Dieu est vraiment grand, qui enseigne et montre la voie droite, qui assure la victoire aux justes, tant qu'ils demeurent dans la justice.


Croissant de lune

Salutaire mise au point

(suite du dialogue entre le Torrentiel et un croissant de lune, herméneutique 12, réaction tardive du torrentiel au décryptage précédent du croissant de lune)

Envoyé par le Torrentiel le 1er mars 2001 à 4h8)

Mon cher croissant de lune,

Le message auquel je réponds, bien que tardivement, contient des propos, auxquels je ne peux rester sans réagir.

1. Il ya bel et bien eu, dans le moment où tu l'as écrit, des volontés d'ingérance occidentale, mais je rappelle que, pour lors, le plan ne consistait pas à intervenir militairement en Libye, mais simplement à établir un pont aérien au-dessus de ce pays afin d'empêcher l'aviation militaire encore obéissante à Kadhafi de bombarder les populations civiles. Que l'intérêt pétrolier ne soit pas complètement absent d'un désir occidental de venir en aide à des populations massacrées, me paraît un propos ici hors de saison, car l'Occident pourrait très bien régler ce problème avec le régime qui aurait succédé à celui de Kadhafi, lequel il n'a jamais vraiment ménagé, pas même durant la dernière période, il n'y a qu'à garder dans l'oreille le souvenir des cris d'orfraie poussés par l'Occident lorsque la Lybie a dirigé la commission des droits de l'homme, et pas seulement parce que la Lybie en profitait pour multiplier les rapports qui condamnaient Israël, quoique tu aies laissé entendre, non sans logique, que, depuis la libéralisation que le colonel Kadhafi avait consentie de ses ressources pétrolières, il se serait allié avec la puissance israélienne. Ne t'en déplaise, toutes les ingérances occidentales, pour se suivre, ne se ressemblent pas, et toutes n'obéissent pas à des motifs unilatéralement déshonorants. La seule interrogation qui me paraît dénuée de procès d'intention face à la recherche occidentale de la manière d'épargner au peuple lybien les violences de celui qui n'était devenu que son tyran, interrogations qui ont occupé le Conseil de Sécurité jusqu'à hier matin, 28 février, me paraît être de convenir que l'Occident aurait pu avoir la même réaction humanitaire face à la dernière opération "plomb durci" qui a sidéré gaza en 2008 et, de même, face à "la guerre du Liban" qui a détruit une bonne partie des infrastructures de ce pays à la liberté déjà bien aliénée et surveillée de toutes parts, sous prétexte qu'Israël ne voulait pas faire face au danger que lui faisait courir le Hesbollah, guerre au courant de laquelle on n'a pas oublié que Sarkozy, interrogeant un responsable de l'état-major israélien, ne sut que lui demander sans ambages :
"Combien de temps vous faudra-t-il pour finir le boulot ?"

2. Tu m'écris que nos "gouvernants sont la plaie et la lèpre du monde, d'eux procède la tyrannie, ils sont la tyrannie même". Votre ressaisie actuelle prouve qu'on peut s'affranchir de la tyrannie, si tyrannie il y a. Car il reste à prouver que cette tyrannie procède essentiellement de la "force étrangère", et non pas de causes internes aux pays dans lesquels elle s'exerce. Car enfin, il faudrait savoir si c'est l'Occident qui a renversé le roi Idris (l'Occident a fort mal supporté le régime lybien, même si une certaine normalisation s'est établie après le contrôle volontaire que ce dirigeant lui a laissé sur ses ressources minières) ; si c'est encore l'Occident qui a obligé des sociétés post-coloniales, une fois leur indépendance acquise, à ne pas organiser des sociétés qui le devinssent aussi. Il a bien tenté de leur apporter de son savoir-faire en matière d'organisation administrative (car on ne chasse pas impunément une administration bien formée pour la suppléer par une autre improvisée), mais l'Occident a été chassé par ces pouvoirs venant de gagner leur indépendance, ce qu'on peut comprendre dans un premier mouvement ; mais depuis, les mêmes n'ont jamais cessé de lui reprocher d'avoir livré ces peuples à eux-mêmes, alors qu'un de gaulle concevait ce qu'edgar Pisani a appelé plus tard pour la Nouvelle calédonie l'"indépendance association". Les gouvernements qui ont chassé l'ancienne puissance coloniale lui ont fait grief de ne pas les avoir assistés, en même temps qu'ils la soupçonnaient constamment de vouloir pratiquer l'ingérance dès qu'elle ouvrait la bouche, et tout en lui demandant de ne pas couper "la pompe à finances" et de continuer à alimenter ses régimes corrompus, au nom du devoir de mémoire qui demandait à l'Occident réparation de son péché colonial. Il faudrait tout de même que le monde arabe arrête de chercher les moyens de ne pas s'en prendre d'abord à lui-même et d'attribuer son mal à celui qu'on lui a fait. L'Occident aurait pu opposer toute la résistance qu'il aurait voulu, il n'aurait jamais pu empêcher le monde arabe de s'unir, si vraiment il l'avait voulu, ce qui n'est pas encore acquis même "au jour d'aujourd'hui". Tu n'as qu'à voir comment confronté à un juste sursaut, l'Occident ne peut que se contenter d'entériner les événements, en s'en réjouissant plus ou moins sincèrement, mais en ne pouvant rien faire pour contrarier la logique du sursaut. La résignation n'est jamais génétique, même s'il peut y avoir au fatalisme une part atavique. Par atavisme, n'entends bien que ce que j'y mets : soit comment l'histoire ou la perception de soi face aux préceptes que l'on a reçus transmet à nos comportements des réactions qui relèvent de l'inconscient collectif et dépassent la logique, à laquelle devrait en droit être subordonnée la part de l'atavique, comme l'instinct à l'intelligence, mais nous sommes pleins de ressorts instinctifs, qui sont à la base d'une part non négligeable de nos réactions.

3. Qu'est-ce qui justifie en fin de compte que l'Occident ait peine à être complètement sincère dans la joie de votre liberté progressivement recouvrée ? Figure-toi que lui aussi a de la mémoire, et qu'il se souvient de cet expansionnisme arabe qui est venu le surprendre bien avant les croisades, dont l'échec a peut-être favorisé un instinct croisériste. Pour le dire d'un mot, l'Occident voudrait s'assurer que vos victoires ne sont la défaite de personne et en particulier pas la sienne. Car l'Occident n'a pas seulement de la mémoire, mais il entend les imprécations dont tu le flagelles quotidiennement. Sois assuré d'une chose : l'Occident a le même amour de l'humanité que toi. L'Occident a été le premier à croire en "l'idéologie du progrès" dans laquelle il aurait voulu entraîner l'humanité et toi avec. Il n'est pas jusqu'à une certaine conception de la colonisation républicaine qui n'ait pour une part obéi à cette volonté d'entraîner les peuples colonisés, considérés comme moins avancés ou, disons-le, car ainsi parlaient Jules ferry ou renan, qui étaient rien moins que des cléricaux, "inférieurs", dans un progrès dont il se savait techniquement dépositaire. Tu peux contester à cette colonisation républicaine et tout ce qu'il y a de plus laïque l'illusion d'avoir cru en même temps que cette supériorité technique allait de paire avec une supériorité idéologique. Mais cette erreur n'est jamais que la manifestation commune à tous les peuples d'une croyance instinctive en un dieu qui donne la victoire et l'abondance à ceux qui prennent le bon chemin pour l'acquérir. Ce sentiment d'être justifié par l'abondance répond à celuui de l'opprimé dont la voix crie "justice" parce qu'il ne voit jamais que lui soit redistribué le bien commun, bien qu'il travaille peut-être plus que les autres à en faire profiter l'humanité. La perversion du système s'est accrue pour des raisons macroéconomiques, d'aucuns diraient inhérentes au capitalisme, qui ont éloigné la production de ses sources humaines, réduites par l'analyse marxiste à n'être que des "moyens de production".

4. La méfiance occidentale peut s'accroître d'un certain penchant racialiste redondant dans ta rhétorique. Ainsi, toi qui ne cesse de faire l'apologie d'une "érotique du métissage", tu te demandes ce qu'un arabe peut trouver de bon à épouser une américaine, interrogation sous laquelle perce une ironie dont je sais bien que tu n'es pas dupe, car tu sais comme moi que l'amour est aveugle, mais une américaine a autant de charme que n'importe quelle femme au monde : elle a simplement un charme différent. Mais ce racialisme, non seulement différencialiste, mais inégalitariste, peut t'amener à dire, quand tu te considères et te laisses emporter, que vous êtes "l'harmonie du monde et, si j'osais dire, sa beauté". Comment veux-tu que l'Occident ne se méfie pas, quand il entend de telles professions de supériorité, qui le transportent dans le souvenir, je ne te ferai pas l'injure de te dire de la nation allemande, qui se prenaient elle aussi pour une "race supérieure", mais de l'"élection" du peuple juif, dont tes propos transportent un reflet dans ton appréhension de toi-même, un reflet certes atténué en ceci que tu ne te confères pas un caractère représentatif de l'humanité, et que tu veux entraîner l'humanité dans ta victoire, mais seulement après l'avoir redressée des torts que tu estimes qu'elle a eus envers toi ?

5. Et cette façon dont tu l'engueules en te suppliant de t'en faire aimer, tel un "porc épic qui voudrait être embrassé", comme se définit fort bien l'un de mes amis kabyles à la suite d'un diagnostique qui lui a été adressé par un psychologue, fait que tu crois naïvement que l'européen retrouve le "goût de vivre" quand tu es libéré ? D'abord il y a ceci que ta libération n'est pas encore entièrement accomplie : donc il l'observe et ne demande qu'à s'en réjouir par avance, si elle va jusqu'au bout de ses aspirations. Ensuite, il y a que l'européen s'est toujours réjoui des libérations. N'oublie pas que l'européen porte en germe un instinct révolutionnaire depuis la révolution française qui s'est exportée dans toute l'Europe et que le trotskysme a exalté en désir de "révolution permanente" érigé en vertu gouvernementale. Instinct utilement tempéré par le conservatisme dont je t'entends me répondre qu'il doit calmer toute menée révolutionnaire pour qu'elle ne dégénère pas en anarchie dissociatrice et cahotique, ce en quoi je ne puis que te donner raison. Je t'ai écrit cet après-midi que le christianisme portait dans ses gènes, depuis saint-Paul, une forme de résignation qui était à la limite de la collaboration avec des régimes injustes. J'aurais dû ajouter que Saint-thomas d'aquin a largement rectifié le tir quand il a assorti cette obéissance quasi servile aux autorités de l'Etat de la légitimité du tyranicide, quand le tyran, fût-il un "roi très chrétien", en venait à ne donner que des ordres immoraux. Saint-thomas d'aquin a été le premier inventeur de la désobéissance civile. Qu'en est-il de la prégnance de ce sentiment révolutionnaire en Islam ? Je te pose cette question sans malice, car je ne suis pas un contempteur de l'esprit révolutionnaire, mais j'en connais très exactement les limites.

Donc, l'européen se réjouit de la victoire arabe parce qu'elle flatte son instinct révolutionnaire. Mais je t'assure que, tout bien disposé qu'il soit, en même temps qu'il s'en réjouit, l'européen ne peut s'empêcher de s'en méfier, et il est parfaitement possible que ceux qui s'en sont réjouis devant toi, par-delà le fait qu'ils étaient contents pour toi, ont aussi peut-être essayé de ménager l'avenir et de te concilier, pour le cas où la victoire que remporterait ta nation dans ses justes soulèvements finirait par faire triompher la force par-dessus la liberté, comme il est arrivé que dans les pays de l'est, la révolution a fait triompher le fric sur les aspirations à la délivrance de la chape de plomb, qui emmenait au goulag quiconque essayait de la soulever. Telle a été la désillusion qu'ont entraînée, pour l'homme occidental qui ne demandait qu'à y croire,les dérives pseudoreligieuses et tout à fait olygarchiques de la révolution, colorée ou non, des pays de l'est. Or, à tout prendre, le fric est misérable, mais il ne fait violence que colatéralement : il ne fait pas le bonheur et ne fait le malheur que quand on n'en a pas, donc il ne fait rien du tout, à la limite, il est incapable de faire du mal. Si vraiment tu considères que l'origine de tous tes maux est attribuable à l'homme occidental et à ses menées croiséristes, lèpre de l'humanité, ta violence verbale ne sera pas que colatérale, l'homme occidental qui n'a jamais désiré ton humiliation le parie au-dedans de lui-même. S'il ne se rend pas de manière masochiste à tes arguments qui sont autant de coups de fouet que tu fais pleuvoir sur son dos, c'est parce qu'il a beau être voûté, il ne désire pas l'être davantage. Je sais bien que l'individu dissocié a le dos large, à force de ne plus répondre aux exaspérations multiples dont il est victime de toutes parts. Mais qu'il ait le dos large ne veut aucunement dire qu'il ait envie d'avoir mal au dos.

Ton Torrentiel, fils d'une génération qui en a plein le dos, tellement que ça lui fait avoir une sciatique qui lui donne envie de rester statique

Des "révolutions colorées" et du danger qui planerait sur la Lybie

(suite du Dialogue entre le Torrentiel et un croissant de lune,
réaction du croissant de lune à l'article précédent, partie IV? herméneutique 11)

Merci Torrentiel de cet envoi. Je pourrais y faire de nombreuses objections, mais le temps me manque. Qu'il y ait des inter-actions, je n'en disconviens pas, tant l'Amérique agit sur nous, nous agissons sur elle. Je reste sceptique sur l'efficacité mécanique et massive de l'usage des nouvelles technologies. Qu'il y ait des Arabes dénaturés et dégénérés, des Atlantistes, je n'en doute pas! Il faut savoir se souvenir, que le public Arabo-Musulman, est précisément, au monde, celui qui craint le plus les complots et dérives Occidentalistes! On peut dire que nos peuples, sont au monde, les plus informés, en substance et en finesse, ceux qui analysent le plus, par crainte du complot et du piège. Ils flairent le complot de très loin!


Les doutes que contient cet article, sont toutefois raisonnables, on doit les intégrer, comme éléments de réflexion. Mais voilà que précisément, l'Arabe répugne tout à fait, à la pensée de vivre "une révolution colorée"! La Tunisie s'est laissé, par faiblesse, sans doute, infliger le jasmin, alors qu'on ne trouva pas de nom pour qualifier les évènements de l'égypte longue. Il y eut, en effet, en Iran, une tentative de révolution colorée, sans aucun succès. Celle-ci fut en effet, médiatisée à l'outrance, contrairement aux deux révolutions Arabes. La troisième, une insurrection armée, serait même délibérément ignorée! Lors des élections présidentielles Iraniennes en 2009, la médiatisation fut telle, que les radios Françaises nous informait des taux de participation, comme s'il se fût agi de l'hexagone. Il y a loin de cette surmédiatisation artificieuse, au relatif silence, voire aux fausses informations que diffusent les médias Français, envers les révolutions Arabes. Pis encore, les commentateurs et intellectuels, s'efforcent de frelater, travestir et falsifier le sens profond de nos révoltes populaires et de nos mouvements. Que de contorsions et d'efforts, comme en déploie la Julie Clarinie, soucieuse de nous ôter notre profondeur d'Islam et d'Arabité, pour nous ramener à sa taille misérable d'individu, qui revendique l'absence du sens et de la profondeur. Le sang versé au champ des martyrs témoigne contre elle, comme les pleurs et lamentations de ceux qui ont perdu des fils et êtres chers! Que dirait-elle de la situation Lybienne, où l'insurrection est en partie conduite par les savants, qui unifient ce peuple composé de tribus et le cimentent dans le combat sacré?

Un danger plane sur la Lybie. L'insurrection a gardé et tenu les terres libres, le tyran, malgré ses menaces, ne peut que verser inutilement le sang du peuple, sans rien regagner et reprendre. Une compagnie d'aviation militaire, basée à Ben-Gazi, aura, ce jour, rejoint les insurgés. Le tyran se trouve réduit à l'impuissance militaire et doit avoir bien du mal à garder l'autorité sur ses forces. Hazmi Bchara, fait même cette remarque, que le régime se désagrège à une vitesse plus grande que les progrès et gains de la révolution. Hier, la fille du tyran (note du torrentiel: un temps pressentie pour succéder à son père, car Haïsha Kadhafi, son unique enfant de sexe féminin, plastronnait en Lybie et circulait à travers le monde comme un modèle de beauté investi dans des actions caritatives, qu'on a dit dans le pays aimée à l'égal de lady Di. Kadhafi avait un moment imaginé cette alternative d'illusion ou de réalité féministe d'un transfert de pouvoir, pour suppléer à l'impopularité du sien, enfermé dans une logique sanguinaire...) a tenté de fuir, avec trois autres personnes, vers l'île de Maltes. On leur a refusé la permission d'atterrir. En définitive, le succès, la victoire finale, sont donnés pour certains, et s'il y a résistance et casernement dans des bounquers, cela durerait le temps d'un siège pénible, mais l'affaire est néanmoins dans le sac.

Or, voilà que les Occidentaux, se font de plus en plus désireux d'intervenir, prétextant le nombre des victimes, et le devoir d'ingérance humanitaire. En réalité, ils veulent cueillir le fruit à point, installer un gouvernement de leur choix, voire s'approprier les ressources du peuple Arabe de la vaste Lybie. Un savant Lybien, qualifiait ce soir de traître à la patrie, quiconque fait appel à l'ingérance armée. Il assure que tels appels n'hémanent pas des Lybiens de l'intérieur, ni d'aucun révolutionaire, mais seulement de traîtres. Il faut donc, couper court et maîtriser au plus vite, le sol et ses ressources, par soi-même.

Du moins, Hazmi Bchara, et ces savants Lybiens, tombent d'accord, sur le fait que les insurgés doivent au plus vite, créer une entité politique commune, encore inexistante, une autorité transitoire révolutionaire, qui pourrait prendre Ben-Gazi, pour capitale temporraire. Cette entité, sitôt créée, devrait susciter les reconnaissances des pays de la région, du moins celle de l'égypte, de la Tunisie, de la Turquie. A partir de là, cette autorité, devrait couper court aux velléités d'ingérance, en élevant la voix contre les voleurs de liberté. Déjà, la Turquie s'élève contre ces projets intempestifs d'ingérance opportuniste.

Voilà, en effet, le fossé qui sépare clairement, le voeu de nos peuples, et la toxicité, la corruption de vos gouvernants croiséristes. Vos gouvernants, Torrentiel, sont la plaie et la lèpre du monde, d'eux procède la tyrannie, ils sont la tyrannie même! L'humanité n'en peut plus de l'arrogance et de la suffisance de vos dirigeants et de vos élites! En effet, sans ambages, nos révolutions sont, pour l'heure, anti-occidentales, comment ne l'être pas? Et si nos révolutions sont si peu de choses, comment expliquer l'engouement qu'elles vous inspire. Car au fond, elles vous transportent autant que nous! Je vois que la France profonde respire mieux grâce à nos peuples. Mes patients me disent leur joie profonde. L'un s'est réjoui, que le canal soit ouvert à nouveau aux vaisseau de la marine Iranienne. Il me dit ne pas aimer l'image afreuse et détestable, de l'Arabe humilié, et celle des gouvernements humiliés et courbés. Pourquoi donc notre humiliation ne plaît à personne? Est-ce peutêtre que notre posture naturelle, tel qu'on veut nous voir, c'est précisément l'élévation et la fierté!

Quand ma Nation s'élève, tout homme libre s'en félicite. Nos victoires ne sont la défaite de personne, elles exhaltent l'Homme et l'humanité. Nos défaites sont le mal et la laideur pour tous. Torrentiel, toi, qui analyses et descend dans les fondamentaux, pourquoi donc l'Européen soufre-t-il de nous voir honnis et maltraités, alors qu'il retrouve le goût de vivre, quand il lui semble que nous retrouvons nous-mêmes de la grandeur? L'européen nous préfère fort que faible. C'est que pour lui, nous incarnons quelque-chose de l'harmonie et du sens. Voilà ma supposition. Voilà, pourquoi, selon moi, l'Occidental, pourvu qu'il ne soit pas trop toxique, et pourquoi l'humanité comptent beaucoup sur nous, et sur nos révolutions glorieuses. Nous sommes l'harmonie du monde, et si j'osais dire, sa beauté! Nul doute que si l'Amérique, croit jouer avec nous, elle tombera sans doute sous notre séduction et engouement. Diable, dire que l'un des personages de l'article s'est marié à une Américaine! Je m'imagines pas un instant à sa place. Comment aime-t-on vraiment une Américaine, sérieux? Pense donc, Torrentiel, cherches les raisons pour lesquelles, l'Européen, est toujours ému de notre vie.


Croissant de lune.

Le monde arabe vivrait-il des "révolutions colorées"?

(Je relaie cette hypothèse, qui court sur Internet, qui donne un éclairage sur l'aspect non violent du "modus operandi" égyptien et, dans une certaine mesure, tunisien, mais dont on ne voit pas, d'autre part, comment il satisferait ce que d'aucuns appellent "l'agenda américain", voyant partout la "main invisible" des "maîtres du monde".

par Ahmed Bensaada *


Il n'y a rien de plus émouvant que de voir un peuple recouvrer sa liberté après avoir subi le joug du despotisme et retrouver sa fierté après des années d'humiliation.

Les marées humaines défilant dans les rues, occupant des places, déployant des slogans cinglants et irrévérencieux, maniant une parole si longtemps confisquée, arborant une dignité outrageusement bafouée : la quintessence du bonheur divin.

Mais les lendemains de ces révoltes nous laissent quelque peu perplexes. Qu'ont-elles accompli à part l'étêtement des régimes en place?

Voyons voir. En Tunisie : un Ghannouchi qui reste en place malgré la vindicte populaire et des années passées à servir un système mafieux, un bloggeur qui décide de siéger comme ministre dans un gouvernement qui l'a personnellement maltraité et des milliers de jeunes harragas qui préfèrent fuir vers l'Occident au lieu de perpétuer la " révolution " au pays du jasmin. Du côté du Nil, même scénario : un Tantaoui, pur produit du système, qui a dépassé l'âge de la retraite depuis belle lurette, et qui, sans en référer au peuple souverain, décide de maintenir ses relations avec Israël avant même de s'inquiéter du sort de ses propres concitoyens; un gouvernement légèrement modifié et dont les postes clés restent toujours aux mains des apparatchiks du système; des retouches cosmétiques de la constitution et une demande de gel des avoirs de la famille Moubarak [1] après d'incompréhensibles hésitations, bien longtemps après celle des anciens dignitaires du régime [2].

Est-ce cela une " révolution "? Est-il pensable que l'éléphant n'aurait accouché que d'une petite souris?

Les résultats mitigés de ces révoltes ne peuvent être compris qu'en examinant leur genèse. La plupart des spécialistes " cathodiques " ou officiant dans les médias majeurs se sont entendus sur la nature spontanée de ces mouvements. Grosso modo, le peuple peut être considéré comme un genre de cocotte-minute susceptible d'exploser sous l'effet d'une pression sociale et politique trop grande. Cette explosion produit une réaction en chaîne dans les pays avoisinants, de culture ou d'histoires similaires. Il suffit donc d'attendre sagement, de préparer les caméras et les micros afin de couvrir, en temps et lieux, les évènements que remueront les rues arabes. Il s'agit là d'une analyse naïve et primaire qu'il est difficile d'accepter de la part de personnes savantes, titulaires de chaires, responsables de revues, qui ont passé leurs vies à scruter les moindres soubresauts de cette région du monde. Un peu comme les illustres économistes de notre temps qui n'ont pas pu prévoir l'immense crise économique que le monde a récemment connue. Qu'aurait-on dit si un météorologue n'aurait pas prévu un gigantesque ouragan?

En fait, ce qui attire l'attention depuis le début des émeutes tunisiennes, c'est la trop grande préoccupation étasunienne concernant les nouvelles technologies. Les multiples interventions du président Obama et de sa secrétaire d'état pour défendre la liberté d'accès à Internet et leur insistance pour que les régimes en prise avec les manifestations populaires n'interrompent pas la navigation sur la toile avaient quelque chose de suspect.

Mme Clinton a même affirmé, le 15 février dernier, " qu'Internet est devenu l'espace public du XXI siècle " et que " les manifestations en Égypte et en Iran, alimentées par Facebook, Twitter et YouTube reflétaient la puissance des technologies de connexion en tant qu'accélérateurs du changement politique, social et économique " [3]. Elle a même annoncé le déblocage de 25 millions de dollars " pour soutenir des projets ou la création d'outils qui agissent en faveur de la liberté d'expression en ligne ", et l'ouverture de comptes Twitter en chinois, russe et hindi après ceux en persan et en arabe. D'autre part, les relations " complexes " entre le département d'État américain et Google ont été longuement discutées dans la presse. D'ailleurs, le fameux moteur de recherche à été qualifié " d'arme de la diplomatie américaine " [4].

Mais quelle est la relation entre le gouvernement américain et ces nouvelles technologies? Pourquoi des responsables de si haut niveau prennent-ils des décisions dans la gestion d'entreprises qui sont supposées être privées? Cette situation n'est pas sans nous rappeler l'intervention américaine similaire lors des évènements qui ont suivi les élections en Iran [5]. Le ministère américain des Affaires étrangères avait alors demandé à Twitter de reporter une opération de maintenance qui aurait entraîné une interruption de service, ce qui aurait privé les opposants iraniens de moyen de communication [6].

Ces curieuses accointances entre le gouvernement américain et les réseaux sociaux dans des régions du monde aussi sensibles et pendant des évènements sociaux aussi délicats est très suspect, c'est le moins qu'on puisse dire.

Autre élément qui attire l'attention : la surmédiatisation de bloggeurs, leur association avec une révolution qualifiée de " facebookienne " et l'insistance sur leur non-appartenance à un mouvement politique quelconque. Ce sont donc des personnes jeunes et apolitiques qui utilisent les nouvelles technologies pour déstabiliser des régimes autocratiques ancrés dans le paysage politiques depuis des décennies. Mais d'où viennent ces jeunes et comment peuvent-ils mobiliser autant de personnes sans avoir bénéficié d'une formation adéquate ni être relié à une organisation précise?

Chose est certaine : le modus opérandi de ces révoltes a toutes les caractéristiques des révolutions colorées qui ont secoué les pays de l'Est au début des années 2000.

Les révolutions colorées

Les révoltes qui ont bouleversé le paysage politique des pays de l'Est ou des ex-républiques soviétiques ont été qualifiées de " révolutions colorées ". La Serbie (2000), la Géorgie (2003), l'Ukraine (2004) et le Kirghizistan (2005) en sont quelques exemples.

Toutes ces révolutions, qui se sont soldées par des succès retentissants, sont basées sur la mobilisation de jeunes activistes locaux pro-occidentaux, étudiants fougueux, blogueurs engagés et insatisfaits du système.

De nombreux articles [7] et un remarquable documentaire de la reporter française Manon Loizeau [8] ont disséqué le mode opératoire de ces révoltes et montré que c'était les États-Unis qui en tiraient les ficelles. En fait, l'implication de l'USAID, du National Endowment for Democracy (NED), de l'International Republican Institute, du National Democratic Institute for International Affairs, de Freedom House, de l'Albert Einstein Institution et de l'Open Society Institute (OSI), a été clairement établie [9]. Ces organisations sont toutes américaines, financées par soit le budget américain, soit par des capitaux privés américains. À titre d'exemple, la NED est financée par un budget voté par le Congrès et les fonds sont gérés par un Conseil d'administration où sont représentés le Parti républicain, le Parti démocrate, la Chambre de commerce des États-Unis et le syndicat AFL-CIO, alors que l'OSI fait partie de la Fondation Soros, du nom de son fondateur George Soros le milliardaire américain, illustre spéculateur financier.

Plusieurs mouvements ont été mis en place pour conduire les révoltes colorées. Parmi eux, OTPOR (Résistance en serbe) est celui qui a causé la chute du régime serbe de Slobodan Milosevic. Le logo d'OTPOR, un poing fermé, a été repris par tous les mouvements subséquents, ce qui suggère la forte collaboration entre eux.

Dirigé par Drdja Popovic, OTPOR prône l'application de l'idéologie de résistance individuelle non violente théorisée par le philosophe et politologue américain Gene Sharp. Surnommé le " Machiavel de la non-violence ", Gene Sharp n'est autre que le fondateur de l'Albert Einstein Institution. Son ouvrage " From Dictatorship to Democracy " (De la dictature à la démocratie) a été à la base de toutes les révolutions colorées. Disponible en 25 langues différentes (dont bien sûr l'arabe), ce livre est consultable gratuitement sur Internet et sa dernière édition date de 2010. Sa première édition, destinée aux dissidents birmans de Thaïlande, a été publiée en 1993.

Le cas de l'Égypte

C'est le mouvement du 6 avril [10] qui a été le fer de lance de la protestation populaire égyptienne et le principal artisan de la chute de Hosni Moubarak. Constitué de jeunes de la classe moyenne, activistes, férus de technologies nouvelles, ce mouvement a, dès 2008, appuyé les revendications ouvrières. La première collusion entre ce mouvement et le gouvernement américain a été divulguée par WikiLeaks. Il s'agit de 2 câbles (08CAIRO2371 et 10CAIRO99) datant respectivement de novembre 2008 et de janvier 2010 qui montrent clairement des relations étroites entre l'ambassade américaine du Caire et les activistes égyptiens [11, 12]. La bloggeuse Israa Abdel Fattah [13], cofondatrice du mouvement du 6 avril, est nominativement mentionnée dans le second document comme faisant partie d'un groupe d'activistes ayant participé à un programme de formation organisé à Washington par Freedom House. Le programme, nommé " New Generation ", a été financé par le département d'état et USAID et avait pour but de former des " réformateurs politiques et sociaux .

Ces stages de formation d'activistes égyptiens aux États-Unis susceptibles " de représenter une troisième voie, modérée et pacifique " ne sont pas rares. Condoleeza Rice (mai 2008) et Hillary Clinton (mai 2009) en ont rencontré, sous les auspices de Freedom House (FH). Ces dissidents ont même eu des entretiens avec de hauts responsables de l'administration américaine [14].

Les activistes d'OTPOR, fort de leur expérience dans la déstabilisation des régimes autoritaires, ont fondé un centre pour la formation de révolutionnaires en herbe. Cette institution, le CANVAS (Center for Applied Non Violent Action and Strategies), se trouve dans la capitale serbe et son directeur exécutif n'est autre que Srdja Popovic [15]. Un des documents qui circulent dans la toile et qui illustre la formation dispensée par ce centre est " La lutte non-violente en 50 points " qui s'inspire largement des thèses de Gene Sharp. L'ouvrage y fait abondamment référence et le site de l'Albert Einstein Institution est cité comme un des meilleurs sur la question. CANVAS est financé, entre autres, par Freedom House, Georges Soros en personne [16] et l'International Republican Institute qui compte dans son bureau nul autre que John McCain, le candidat à la présidentielle américaine de 2008 [17]. D'ailleurs, ce dernier est longuement interviewé dans le documentaire de Manon Loizeau et son implication dans les révolutions colorées y est clairement établie. En outre, les auteurs de l'ouvrage (dont Drdja Popovic) remercient longuement " leur ami " Robert Helvey pour les avoir " initié au potentiel étonnant de la lutte stratégique non-violente ". Robert Helvey est un ancien colonel de l'armée US, associé à l'Albert Einstein Institution via la CIA, spécialiste de l'action clandestine et doyen de l'École de formation des attachés militaires des ambassades américaines [18].

Le porte-parole du mouvement du 6 avril, Adel Mohamed, a affirmé, dans une entrevue accordée à la chaîne Al Jazira (diffusée le 9 février 2011), qu'il avait effectué un stage chez CANVAS durant l'été 2009, bien avant les émeutes de la place Tahrir [19]. Il se familiarisa avec les techniques d'organisation des foules et de comportement face à la violence policière. Par la suite, il forma à son tour des formateurs.

Ahmed Maher, le cofondateur du mouvement du 6 avril, a déclaré à un journaliste du Los Angeles Times " qu'il admirait la révolution Orange d'Ukraine et les Serbes qui ont renversé Slobodan Milosevic " [20].

Une autre similarité entre la révolution serbe et la révolte égyptienne est l'adoption du logo d'OTPOR par le mouvement du 6 avril, comme l'ont fait les autres révolutions colorées [21].

D'autre part, le site web de ce mouvement contient une longue liste des comportements à adopter par les membres s'ils sont arrêtés par la police. Cette liste indicative extrêmement exhaustive n'est pas sans rappeler le guide de " La lutte non-violente en 50 points " de CANVAS [22].

Parmi les activistes égyptiens, certains ont été sous les projecteurs durant les derniers jours du régime Moubarak. Parmi eux, Wael Ghonim est une figure marquante qui a été emprisonné pendant 12 jours et, après avoir été libéré, a accordé un entretien à la chaîne égyptienne Dream 2 où il raconte sa captivité et s'effondre en larmes avant de quitter le plateau. Cette performance audiovisuelle a fait de ce cyberdissident un héros malgré lui.

Formé à l'université américaine du Caire (une coïncidence?) Wael Ghonim est égyptien vivant à Dubaï, travaillant comme chef du marketing chez Google (une autre coïncidence?) pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord et mariée à une américaine (une dernière coïncidence?). Wael est un activiste récent dans le mouvement du 6 avril, mais il a travaillé étroitement avec Ahmed Maher [23]. Ce qui attire l'attention dans son intervention télévisée, c'est sa déclaration lorsqu'on lui a montré les images des jeunes tués pendant les manifestations : " Je veux dire à toute mère, tout père qui ont perdu un fils, je m'excuse, ce n'est pas de notre faute, je le jure, ce n'est pas de notre faute, c'est de la faute de toute personne qui était au pouvoir et s'y est accrochée ". Cette déclaration montre que le mouvement était très organisé et qu'aucun des membres n'avait prévu des pertes aussi grandes dans les rangs des manifestants, pour la plupart des jeunes qui ont été contactés via les réseaux sociaux.

Autre information surprenante : le PDG de Google s'est dit " très fier de ce que Wael Ghonim avait accompli ", comme si faire la révolution faisait partie de la description des tâches d'un responsable du marketing d'une quelconque entreprise [24].

La révolte égyptienne, tout comme les révolutions colorées, a fait apparaitre des personnages " internationalement respectables " prêts à être la figure de proue d'un changement démocratique dans la vie politique du pays. Le candidat de prédilection du mouvement du 6 avril est sans conteste Mohamed El Baradei, prix Nobel de la paix et ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le battage médiatique occidental autour de son " incontournable " candidature n'était finalement qu'un pétard mouillé. Le peuple de la rue ne l'a pas plébiscité et il a vite disparu du paysage. Il est intéressant de noter qu'El Baradei était le candidat privilégié des États-Unis. En effet, l'ancien directeur de l'AIEA est membre de l'International Crisis Group et siège avec de nombreux membres dont Georges Soros (encore lui!) [25]. Le monde est vraiment petit, c'est le moins qu'on puisse dire.

Finalement, notons que la NED, surnommée " la nébuleuse de l'ingérence " démocratique " " par Thierry Meyssan a été créée par Ronald Reagan pour poursuivre les actions secrètes de la CIA [26]. Le rapport 2009 de cet organisme montre qu'il a attribué environ 1,5 millions de dollars à plus de 30 ONG égyptiennes " pour la croissance et le renforcement des institutions démocratiques à travers le monde " comme prétendu sur leur site [27].

L'utilisation des nouvelles technologies, si encensée par l'administration américaine, s'avère être un outil de choix pour la lutte non violente. Elle permet de contacter un nombre impressionnant de personnes en un temps record et d'échanger des données numériques et des informations de grande importance à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Les investissements massifs consentis par les institutions et le département d'état américains dans ce domaine se font dans le but d'améliorer les techniques de contournement de la censure étatique, de la géolocalisation des activistes lors de leur arrestation et l'envoi d'images et de vidéos pouvant montrer le visage " inhumain " des régimes autocratiques. La récente annonce du réseau suédois Bambuser permettant de diffuser gratuitement, à partir d'un téléphone portable, des séquences vidéos en direct et leur stockage instantané en ligne en est un bon exemple [28].

Cependant, une fois dans la rue, les techniques de mobilisation de foules, de socialisation avec les représentants de l'ordre, de gestion logistique et de comportement en cas de violence ou d'utilisation d'armes de dispersion de foules nécessitent une formation adéquate et de longue haleine. Dans le cas de l'Égypte, cela a été rendu possible grâce à l'assimilation du savoir-faire de CANVAS et aux formations dispensées et financées par les différentes institutions américaines.

Il est clair que la révolte de la rue égyptienne n'est pas aussi spontanée que le prétendent les médias majeurs et leurs commentateurs. Cela n'enlève rien au remarquable engagement du peuple égyptien qui a suivi les leaders du mouvement du 6 avril et de sa noble abnégation pour se débarrasser d'un système corrompu afin d'accéder à une vie meilleure.

Mais espérons que l'historique révolte de la rue égyptienne et le lourd tribut qu'elle a payé pendant ces dernières semaines ne soient pas confisqués par des intérêts étrangers. Le récent véto américain contre un projet de résolution condamnant la politique de colonisation israélienne est de mauvais augure. Le mouvement du 6 avril n'était-il pas sensible à la souffrance du peuple palestinien [29]?

À suivre : Partie 2 : La Tunisie et les autres pays arabes.

* Docteur en physique, Montréal (Canada)

Références :

1. «L'Égypte demande des avoirs de Moubarak et de sa famille à l'étranger», Le Monde, 21 février 2011, http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/02/21/l-egypte-demande-le-gel-des-avoirs-de-moubarak-et-de-sa-famille-a-l- etranger_1483326_3218.html#ens_id= 1470465&xtor=RSS-3208

2. «L'Égypte demande le gel d'avoirs d'anciens responsables du régime Moubarak», Le Monde, 15 février 2011, http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/02/15/l-egypte-demande-le-gel-d-avoirs-d-anciens-responsables-du-regime-moubarak_1480192_3218.html

3. «Hillary Clinton milite pour la liberté sur Internet», Le Monde, 16 février 2011, http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/02/16/hillary-clinton-milite-pour-la-liberte-sur-internet_1480855_651865.html

4. «Google, les États-Unis et l'Égypte», Le Monde, 3 février 2011, http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/02/03/google-les-etats-unis-et-l-egypte_1474508_651865.html

5. Ahmed Bensaada, «Téhéran-Gaza : la différence médiatique», Géostratégie, 3 juillet 2009, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option= com_content&view =article&id=49:teheran-gaza-la-difference-mediatique &catid=37:societe&Itemid=75

6. «Iran : Washington intervient auprès de Twitter», Technaute, 18 juin 2009, http://technaute. cyberpresse.ca/nouvelles/internet/200906/16/01-876173-iran-washington-intervient-aupres-de-twitter.php

7. Lire, par exemple, John Laughland, "La technique du coup d'État coloré", Réseau Voltaire, 4 janvier 2010, http://www.voltairenet.org/article163449.html

8. Manon Loizeau, «Les États-Unis à la conquête de l'Est», 2005. Ce documentaire peut être visionné à l'adresse suivante : http://mecanoblog.wordpress. com/2009/10/16/etats-unis-a-la-conquete-de-lest-video/

9. Lire, par exemple, Ian Traynor, «US campaign behind the turmoil in Kiev», The Guardian, 26 novembre 2004, http://www.guardian.co.uk/world/2004/nov/26/ukraine.usa

10. Shabab 6 April Youth Movement, http://

shabab6april.wordpress.com/shabab-6-april-youth-movement-about-us-in-english/

11. WikiLeaks, câble 10CAIRO99, http://213.251.145.96/cable/2010/01/10CAIRO99.html

12. WikiLeaks, câble 08CAIRO2371, http://www.wikileaks .ch/cable/2008/11/08CAIRO2371.html

13. Fanoos Encyclopedia, «Israa Abdel Fattah», http://www.fanoos.com/society/israa_abdel_fattah.html

14. Michel Chossudovsky, «Le mouvement de protestation en Égypte: Les «dictateurs» ne dictent pas, ils obéissent aux ordres», Mondialisation, 9 février 2011, http://dissidentvoice.org/2011/02/the-junk-bond-%E2%80%9Cteflon-guy%E2%80%9D-behind-egypt%E2%80%99s-nonviolent-revolution/

15. Canvasopedia, http://www.canvasopedia.org/

16. Maidhc O. Cathail, «The Junk Bond «Teflon Guy» Behind Egypt's Nonviolent Revolution», Dissident Voice, 16 février 2011, http://dissidentvoice.org/2011/02/the-junk-bond-%E2%80%9Cteflon-guy%E2%80%9D-behind-egypt%E2%80%99s-nonviolent-revolution/

17. Tony Cartalucci, «CIA Coup-College: Recycled revolutionary «props»», Info War, 20 février 2011, http://www.infowars.com/cia-coup-college-recycled-revolutionary-props/

18. Thierry Meyssan, «L'Albert Einstein Institution : la non violence version CIA»», Réseau Voltaire, 4 juin 2007, http://www.voltairenet.org/article15870.html

19. Tina Rosenberg, «Revolution U», Foreign Policy, 18 février 2011, http://www.foreignpolicy.com/articles/2011/02/16/revolution_u?page=0,7

20. Jeffrey Fleishman, «Young Egyptians mount unusual challenge to Mubarak», Los Angeles Times, 27 janvier 2011, http://articles.latimes.com/2011/jan/27/world/la-fg-egypt-youth-20110128<

21. Florian Bieber, «The Otpor Connection in Egypt», Balkan Insight, 31 janvier 2011, http://www.balkaninsight. com/en/blog/the-otpor-connection-in-egypt

22. Shabab 6 avril Youth Movement, «Que faire si vous êtes arrêté», http://shabab6april.wordpress.com/shabab-6-april-youth-movement-about-us-in-english/v

23. David D. Kirkpatrick et David E. Sanger, «Egyptians and Tunisians Collaborated to Shake Arab History», The New York Times, 13 février 2011, http://www.nytimes.com/2011/02/14/world/middleeast/14egypt-tunisia-protests.html

24. AFP, «Égypte: le PDG de Google «très fier» de ce qu'a accompli Wael Ghonim», 15 février 2011, http://www.france24.com/fr/20110215-egypte-le-pdg-google-tres-fier-qua-accompli-wael-ghonim

25. International Crisis Group, «Crisis Group Announces New Board Members», 1er juillet 2010, http://www.crisisgroup.org/en/publication-type/media-releases/2010/crisis-group-announces-new-board-members.aspx

26. Thierry Meyssan, «La nébuleuse de l'ingérence «démocratique»», Réseau Voltaire, 22 janvier 2004, http://www.voltairenet.org/article12196.html

27. NED, «2009 Annual report : Egypt», http://www.ned.org/publications/annual-reports/2009-annual-report/middle-east-and-north-africa/description-of-2009-gra-2

28. Yves Eudes, "Des vidéos vues en direct et stockées à l'abri ", Le Monde, 21 février 2011, http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/02/21/des-videos-vues-en-direct-et-stockees-a-l-abri_1483057_ 3212.html

29. The International Solidarity Movement, «Mohamed Adel a enfin été libéré», http://www.ism-france.org/temoignages/Mohamed-Adel-a-ENFIN-ete-libere-article-10484

Vers la fin d'un régime par le discours d'un fou

Rétrospective (suite, dans le cadre du dialogue entre le Torrentiel et un Croissant de lune, partie IV, chronique 15)

(Envoyé par le croissant de lune, le 23 février 2011 à 0h20)

Mon Torrentiel.

Voilà, semble-t-il, que s'approche la fin du Néron contemporain, le criminel hystrion! Je n'ai entendu que de petites parties de son discours, beaucoup trop long et ennuyeux, pour que la Jézira combattante en accable ses spectateurs. Quand j'étais jeune, lorsque cet homme sustentait les causes Arabes, je pensais qu'une propagande hostile, l'accusait à tort de folie. Force me fut d'en convenir.

Notre Hazmi Bchara, suggère que cet homme ne tint jamais sincèrement pour aucune cause, tout au contraire, il les a sabottées! Son action fut brouillonne, intempestive, sans plan ni discipline, pour ainsi dire, sans véritable désir de succès. Ce ne fut donc pas un guide de la révolution mondiale, mais tout au contraire, un ferment de désorganisation. Tantôt il misait et alimentait une faction Palestinienne, tantôt une rivale, comme il arriva au Liban. Il est permis de se demander, si cette absence de tactique, de stratégie, fut délibérée et volontaire, ou si elle ne tient qu'au personnage et à sa nature brouillonne. L'avenir répondra peut-être, par les découvertes qu'on fera. Il se peut d'ailleurs, que les deux hypothèses se conjuguent, vrai désordre mental et vrai désir de nuire aux causes. Bref, on serait bien en peine de citer un seul exemple de réussite à son actif. Dans la Lybie prétendument socialiste, les structures sanitaires sont insignifiantes, au point de forcer les habitants malades d'aller recevoir les soins à l'étranger! Dire que cette famille se partage tous les postes de première responsabilité laisse rêveur, puisqu'elle ne semble pas briller de ses lumières et compétences. C'est que le pays est nécessairement gerrée par d'autres, à l'évidence.

Ses menaces hystériques relèvent d'un anti-Arabisme profond! Il promet des bains de sang, il veut faire revivre Ghaza et Falouja! Il menace son peuple de lui faire vivre la situation Irakienne de 2003! Son raisonnement tortueux, c'est, puisque les Occidentaux ont commis ces horreurs, qu'il peut bien le faire lui-même! Il veut égaler les criminels dans le crime.

Qu'en sera-t-il vraiment? Les analyses optimistes, tiennent que son discours témoigne de son impuissance, comme ferait une bête traquée. En effet, les défections militaires se multiplient, sans compter les ambassadeurs et ministres, on dit que la majeure partie des terres Lybiennes serait déjà libres, sauf quelques poches qu'il faudra réduire et assiéger. Pourtant, j'ai une crainte. Tout se passe comme si l'Amérique ne le traitait pas comme ennemi: on n'entend guère de condamnation, rien que des regrets de la secrétaire d'etat, le président ne dit rien. Hazmi Bchara souligne, qu'un accord unit le tyran avec l'axe Américano-Israïlien. Son rôle dans l'affaire serait financier. Verse-t-il un tribut régulier à l'ennemi? C'est une hypothèse difficile à vérifier, pour l'instant, mais probable. Ce qui serait plus sûr, c'est qu'il finance les politiques Sionistes en Afrique! En effet, je me suis toujours demandé quels moyens peut bien avoir l'ennemi, pour sustenter tant de gouvernements Sud-Sahariens, des pays à dominante Christiano-animiste, contre nous! L'ennemi y a fait d'importantes percées, notament dans les pays d'amont du Nil, où il sustenterait des projets de détournement du fleuve, ou d'une captation et réduction de son débit vers l'égypte. L'ennemi, livré à ses propres ressources, ne peut pourtant pas circonvenir et acheter des gouvernements que nous avions autrefois pour alliés! Le financement Lybien semble être la seule issue de ce dilemme. La chute de ce régime serait donc un ébranlement de la politique de cet axe en Afrique. La chose importe surtout pour Israël. Voilà pourquoi, je nourris des craintes, que l'ennemi ne dépêche une aide et envoi militaire au tyran, qui en l'ocurrence, est sa poule aux oeufs d'or secrète. Comment l'ennemi procèderait-il? Il aurait des forces stationnées au Sud-Soudan limitrophe.


Malgré tout, quoi qu'il arrive, avec ou sans le soutien ennemi, l'heure finale approche. En fait, sans expédition et ingérance étrangère, l'affaire est déjà faite, pour ainsi dire. Il s'agirait seulement, d'assiéger les retranchements de ce qui reste de force au régime déchu. Tâche longue, épuisante, mais de l'ordre du possible, du faisable. Si toutefois l'ennemi lui dépêche ses secours, la Nation devrait lui porter des coups efficaces et douloureux! Pour l'état Sioniste, la perte de la Lybie, c'est la perte des moyens d'actions sur l'Afrique, qui, probablement reviendrait à la politique naturelle de voisinage. Si Dieu veut, un jour prochain, l'ennemi se retrouverait seul et nu, conscient de ses limites étroites!


Ce qui se produit est tellement merveilleux que nous avons de la peine à y croire. Il se passe, que notre faiblesse était excessive, n'avait rien de naturel. Il se passe que nous revenons à nous-mêmes et à nos vraies dimensions! Il nous suffit de nous dresser, de vaincre la peur, de renouer avec l'esprit du combat sacré, comme Dieu nous l'enseigne, après l'avoir honni et renié! Quand la Nation se dresse, plus d'Occidentalisme qui tienne, plus guère de petites phrases, contenant des menaces militaires à peines voilées! Les phrases ne suffisent plus, la force, c'est être conscient de sa force. On observera que l'Amérique semble avoir suspendu, comme par enchantement, ses opérations meurtrières en Afghanisthan et au Pakisthan, ou du moins ne les publie guère. Il n'est jusqu'à l'ennemi Sioniste qui ne semble se faire moins menaçant et meurtrier! Il fallut que l'esprit du combat sacré reprenne une nouvelle vie, dans ma Tunisie verte, le pays le plus acculturé qui soit. On compare cette conjoncture avec ce qui advint en Iran, en 79, alors donné comme très avancé dans la dépossession de lui-même. Une année auparavant, Kissindjer communiquait que le régime des shhas Palavis, survivrait à la Maison-Blanche. C'est qu'un Dieu justicier fait des merveilles, et frappe toujours et intervient, précisément, là où on l'attend le moins. Dieu est grand, et par sa grâce, ma Nation grandit chaque jour.


Croissant de lune plus fort qu'avant.

Mais pourquoi la Lybie?

(Rétrospective. Extrait du dialogue entre le torrentiel et un croissant de lune, partie IV, herméneutique 10)

Envoyé par Croissant de lune, le 17 février 2011 à 21h43.

Extrait

Les évènements de Lybie, n'en sois pas surpris. Tu sembles vouer une
certaine admiration au système Lybien, qui serait certes le meilleur du
monde, s'il était authentique! Ah que nenny! Ne sais-tu pas que le
colonel a déclaré forfait sans combat? C'est un vaincu! Désolé! C'était en
2002 ou 2003, il a privatisé les pétroles et hydrocarbures, au grand profit
des Américains, il a tout fait à leur convenance. Ce ne fut certes pas en
suivant ce système pyramidal si parfait! En fait, il a saoûlé et usé son
peuple, avec l'inepte Livre Vert, se prenant pour un grand penseur
politique. Rien que des propositions, des aphorismes, tellement évidents,
qu'on se demande à quoi ça sert. Enfin, qui sait, sans cette capitulation en
rase campagne, ce qui serait advenu de la Lybie? Très curieux, pour cet
homme vaincu et résigné, de voir se mettre en mouvement et en vie, ce qu'il
avait toujours sustenté, la Grande Révolution Arabe. Voilà que sa révolution
se hausse juste au niveau de laisser l'un de ses fils semer la zizanie dans
les boîtes de nuit Françaises. Son fils aîné, le mal nommé "Sabre de
l'Islam", sabre bien engaîné, était pressenti pour succéder à son père, au
titre de Guide de la Révolution, sans rire. Interviewvé par la Jézira sur
cette question, il osa comparer l'aspect d'hérédité de la gouvernance
Lybienne à l'hérédité de la Monarchie Britannique. Sauf que je n'arrive pas
à comprendre, bon sang, comment on peut être guide révolutionaire de père en
fils...

Journées terribles en Lybie

(dialogue entre le torrentiel et un croissant de lune, partie IV, chronique 14)

Envoyé par Croissant de lune, le 21 février 2011 à 23h58

Ah, mon Torrentiel!

Voilà que des évènements inouïs se produisent dans la vaste Lybie, terre d'Islam et d'Arabité. Lors, nous apparaît, le vrai visage du narcissique autocrate, qui tyrannise ce grand peuple depuis des décennies! Hier, son fils, héritier présomptif de la fonction de guide révolutionaire, le mal nommé "Sabre de l'Islam" a tenu un discours rempli de menace, comme le rugissement d'un tigre blessé! Puisqu'environ, tous les moyens répressifs terrestres, soit furent éliminés, ou bien le plus souvent, les forces se retournèrent et se joignirent au peuple, nonobstant les mercenaires Africains, Lybiens ou Italiens, le tyran eut le coeur assez dur et sanguinaire, pour faire agir les forces aériennes! Comme le peuple convergeait de partout, vers la capitale Tripoli, afin que retentisse sa voix puissante, les avions sont entrés en action. Malgré le blocus total sur toute information, et le brouillage ou l'interruption des communications avec ou sans fil, la Jézira combattante a réussi à se procurer des images effrayantes des massacres et carnages! J'étais seul, alors devant l'écran, et ne peut m'en faire une idée. Mais les images durent être épouvantables, puisque le présentateur, avant de les rediffuser, recommandait aux spectateurs d'éloigner les enfants! Pareils agissements nous font ressouvenir du martyre du peuple résistant de Ghaza. L'usage de bombardements aériens à l'encontre de l'expression libre de la volonté d'un peuple, serait, semble-t-il, sans précédent! Le sheik Youcef El-Carathaoui, commentant ces atrocités, alla jusqu'à envisager qu'il serait juste et droit qu'un officier ou soldat, qui aurait le moyen d'aprocher le barbare, l'exécute sans attendre et en délivre l'humanité!


Or, qui peut l'aprocher? Qui garde le tyran et sa famille? Qui commet ces horreurs? Hazmi Bchara, dont les analyses ne sont pas trop empruntes de l'élément affectif, souligne qu'à son avis, aucun Lybien et même aucun Arabe ne pourrait commettre ces atrocités. J'ai tendance à le croire, en mesurant sur moi. Elle est calomnieuse, la réputation de dureté que nous ont fait des ennemis hypocrites, et que dans notre faiblesse, nous finirions par faire nôtre. Non, l'Arabe aime l'Arabe, tant soit peu, le Musulman aime le Musulman, si peu que ce soit, peu d'hommes se haïssent au point de commettre ces ignominies! Le recours à des mercenaires, probablement. On aprenait, ce soir, que deux pilotes Lybiens, se sont sauvé avedc leurs appareils, se sont posés sur l'île de Maltes, réclamant l'asile. Des Africains, alors, des Italiens, mais lesquels? Un interlocuteur de Ben-Gazzi, qui dit être ancien militaire, affirme avoir vu, des Fantômes 16 Israïliens qui participaient aux bombardements! Il soutient aussi que les mercenaires Africains, dont il s'agit seraient des Fallashas. La Jézira commente prudemment qu'il est impossible, dans l'état actuel des choses, de vérifier l'authenticité de ces informations. Pourtant, ça ne me semble pas invraissemblable que nos tyrans, du moins certains, soient protégés et alliés de l'ennemi! Précisément, celui-là, depuis la reddition qu'il fit en 2002, comment se serait-il le mieux protéger, qu'en mariant son pays à l'ennemi, dans une écoeurante union! Supputations de ma part, je crains d'avoir raison. Aucune surprise, si j'aprenais les jours et mois prochains, que moyennant le versement d'un tribut, le criminel vit sous la protection de l'ennemi. Il faut bien qu'aille quelque-part, les trésors Lybiens, les bénéfices et rentrées fiscales pétrolières, chiffrées à 35 milliards de dolards par an! Le Lybien n'en bénéficie guère, où vont donc ses trésors?


Quoi qu'il en soit, Dieu Puissant, ne manquera pas de faire la victoire des justes, quels que soient leurs ennemis! Qu'advienne donc des mutineries, ou que le tyran se donne lui-même ce qu'il mérite. Sans issue, la Nation ne pourrait rester sans agir et intervenir. Si l'ingérance ennemie est démontrée, la Lybie, serait pour nous tous un danger, jusqu'à ce qu'ils en soient chassés, et que l'Arabe soit libre et justifié. Dieu est grand.


Croissant de lune affligé

Réponse à ces chroniques égyptiennes

(Du Torrentiel au croissant de lune, herméneutique 9)

Envoyé par le Torrentiel, le 28 février à 16h12

Mon cher croissant de lune,

Je suis en train de publier tes messages, décryptages et chroniques, et je ne sais pas comment je suis passé à côté de celle du 20 février, dont je suis pourtant certain d'avoir lu le début ; mais comme tu y mettais en cause avec beaucoup de véhémence le patriarche Chénouda III auquel je suis attaché parce qu'il est mon correligionnaire et pour l'amour de mes amis coptes, j'ai dû ne pas pouvoir en lire plus long. Je vais t'y répondre succintement à ce que j'en tiens pour les points principaux.

Préalablement aux quelques éléments de réponse qui vont suivre, transmets à ta femme et à sa fille mes félicitations pour la naissance de ces deux jumelles, dont tu te trouves être le grand-père par alliance. Je te félicite aussi pour en porter la responsabilité dans ton sein paternel par alliance.

Mais revenons-en à nos échanges plus traditionellement politicoreligieux. Tout d'abord, tu fais état de la lâcheté
de certains savants qui assurent qu'on ne doit pas "sortir contre les rois du temps", et tu ajoutes que l'attitude du patriarche ressemble à celle de ces savants. Il faut te répondre que cette attitude est fondée en christianisme sur un verset de Saint-Paul qui, souhaitant que lui soit intenté un procès en sa qualité de citoyen romain, enjoint les fidèles de "respecter les autorités de l'Etat", car "tout pouvoir vient de Dieu", dit un autre verset : "Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir si tu ne l'avais reçu d'En Haut", précise le christ à Pilate. Cette dernière précision permet de sortir de l'ambiguïté : un pouvoir est forcément permis par dieu, puisque rien de ce qui a lieu sous le ciel ne saurait avoir lieu sans Sa permission, ce qui ne vaut pas forcément approbation. Je reconnais que c'est là une distinction bien casuistique et que le christianisme a pu s'attirer la réprobation des "esprits clairs", parce qu'il manifeste dès l'origine un goût tout à fait spécial pour ce genre de raisonnements spécieux. Il en va de même de sa condamnation de l'esclavage, jamais prononcée sous une forme qui ne souffre pas la discussion. Saint-Paul renvoie Onésime à Philémon pour qu'il l'affranchisse par un acte libre de sa volonté. Sans doute, ne trouvait-il pas tactique de dénoncer carrément l'esclavage alors qu'il était l'un des constituants manouvriers de la cité antique et singulièrement de l'Empire romain ! La religion ne doit pas toujours chercher à se rallier les habiles. D'autant qu'à se rallier les habiles, il est probable que l'on entre dans un esprit général de ralliement à l'injustice sous des prétextes qui ne visent en réalité que la défense de ses intérêts personnels. C'est ainsi que Léon XIII a exigé des partis catholiques qu'ils se rallient à la très anticléricale troisième République pour obtenir qu'elle le soutienne dans sa volonté de récupérer ses etats pontificaux. Dans le cas d'espèce du "pape" des Coptes, a-t-il été sensible au fait qu'Hosni Moubarak était l'époux d'une de ses fidèles ? A-t-il voulu rester fidèle à l'enseignement de saint-Paul dans la lignée des savants d'outre-egypte qui ne voulaient pas que l'on sortît contre les "rois du temps" ? A-t-il craint qu'un régime issu d'une révolution ne fragilise la situation déjà précaire des fidèles dont il avait la charge ? A-t-il voulu préserver tels de ses intérêts privés ? Je ne saurais te le dire, ne connaissant pas ces intérêts. Il est cependant indéniable qu'un pays franc, libre et souverain ne saurait tolérer que le patriarche d'une religion minoritaire, même s'il lui est légitime de rechercher une certaine sécurité qu'elle n'obtient visiblement pas de l'Etat, dispose d'une police parallèle. De même que je suis à peu près de ton avis sur la réserve que devraient garder des autorités religieuses en matière de prononciamento électoraliste. Bien qu'il fasse quelquefois bon savoir qui pense quoi. Mais ces avis ne devraient pas valoir injonctions. Du reste, l'immiction des autorités religieuses dans la chose politique dessert la religion. On reproche à juste titre à l'épiscopat français de tenir un discours dont la teneur spirituelle est relativement faible, tandis que les évêques de france ne cessent de décrire une société, qu'ils ne connaissent que de l'observer à travers des visites officielles, qui ressemblent à celles des ministres, dans des églises ou des usines, ou d'en recevoir des notes qu'ils commandent à des sociologues. Nos évêques sociologues sont incapables de produire un discours spirituel consistant, sont pour partie responsable du creux de la vague spirituel et de notre dépression chrétienne européenne. Il est vrai que la spiritualité innerve de manière hollistique, comme tu dirais avec d'autres, sans séparation dissociatrice, toute la vie d'un individu. Pour autant, le discours d'un chef religieux doit être "spirituel d'abord". Le sens religieux inné des fidèles ne s'y trompe pas, qui n'ont ni suivi les savants que tu incrimines, et qui ont participé au soulèvement égyptien pour les coptes, jusqu'à faire de leurs corps un cordon sanitaire pour leurs compatriotes en prière, comme nous autres, catholiques, ne suivons pas toujours notre pape infaillible, quand il nous donne l'impression d'errer. Et nous sommes fondés à agir de la sorte, puisque l'un des premiers mots que dit le premier pape, Saint-Pierre en l'occurrence au début de son discours après la Pentecôte, fut celui-ci :
"Ne faut-il pas obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes" ?
Les coptes ont participé à la révolution égyptienne. C'est cet aspect de la coexistence religieuse qui me paraît plus important à regarder que les anathèmes des savants ou le conservatisme patriarcal d'un chef religieux qui est aussi, malheureusement, celui d'une police, j'en demande pardon à dieu pour lui si ces rumeurs se confirment et sont fondées.

Faisons à ton invitation une incursion dans les domaines politique et économique avant de revenir plus loin au domaine religieux qui est décidément celui, par cloisonnement peut-être, mais aussi parce que j'ai une foi à transporter les montagnes (il faut avoir une foi à transporter les montagnes et une charité à consoler et soutenir le monde), où je me sens le plus à l'aise. Tu dis que l'"ennemi" (pour toi, c'est l'etat juif) aurait exigé que, quelque régime qui succède à celui de Moubarak, il ne soit pas question pour l'egypte de revenir sur sa signature des accords de camp david. J'applaudis tout d'abord à la pragmatique de ta proposition de "lecture minimaliste" du traité. Je n'ignore pas que, pour toi, cette "lecture miniimaliste" n'est qu'un premier pas, mais tout refus de la "politique du pire" est un acte de bonne volonté qui vise, si ce n'est à empêcher un état de guerre, à ne la faire que chacun n'ait refait ses forces. En droit, je précise que je ne vois pas ce qui empêcherait un pays souverain de dénoncer un Traité qu'il trouve injuste. Nous pourrions même affiner l'analyse en disant que, par exemple, si, du point de vue du droit constitutionnel français, le Président de la république est le garant de la continuité de l'etat et du respect des traités, ceci ne vaut que dans le cas précis où il n'y a pas de changement de régime, le régime suivant étant parfaitement libre d'attribuer d'autres prérogatives au Président de la République, voire de supprimer cette fonction si elle ne lui paraît plus nécessaire. Il n'y a pas un tel caractère d'irréversibilité dans la signature des Traités qu'il doive en résulter le sentiment que le respect d'un Traité oblige un Etat à échapper à son histoire. Qu'en est-il de celui de camp David ? Le fait est qu'au jour où j'écris ces lignes, il n'a pas été dénoncé, mais qu'il a même été réaffirmé par le maréchal Tantaoui. Ici, une question se pose : à quel point ce traité s'est-il révélé un objet d'opprobre essentiel à la destitution du régime dont Moubarak était le représentant principal ? Il semble que les manifestants aient peu insisté sur l'importance de le dénoncer prioritairement ou en tout état de cause. Mais je ne me cache pas que, proférant cette remarque, je suis loin d'être au fait de tous les slogans qui ont été scandés sur la place Tahrir, notamment parce que la règle du jeu d'une information sélective fait que je reçois depuis la France des informations filtrées. Ensuite, les accords de camp david sont littéralement un accord de cesser-le-feu. Qu'avec la complicité d'un régime favorable à Israël (j'emploie ce mot de "complicité" pour adopter ton point de vue, le temps de l'analyse), cet accord de cesser-le-feu se soit étendu à une coopération économique, ce n'est qu'un avatar de relations internationales érigées indépendamment de la volonté des peuples. Cette coopération doit-elle continuer, doit-elle cesser ? C'est aux deux parties, c'est-à-dire en définitive aux deux peuples, d'en décider. La réponse n'est pas obligatoirement aussi certainement négative qu'on peut le supposer vu d'ici. Il y a pourtant de fortes présomptions qu'elle le soit, prenons-en acte, du moins qu'elle le soit à long terme, si la sensation de chantage continue d'être donnée à un peuple souverain, et d'échanges sous surveillance, quasi obligatoires, attentatoires à la souveraineté d'une des parties, ici, clairement, de l'Egypte. L'important est de sauvegarder l'essentiel. Or quel est l'essentiel ? A mon avis, trois choses : le cesser-le-feu bien sûr ; mais aussi la fin du blocus de Gaza et la libre circulation à tout pays auquel l'Etat souverain d'Egypte le permettra, si possible à tous les pays, moyennant des droits de douane qu'il appartient à l'egypte de fixer, des eaux du canal de Suez. Donc c'est plutôt une bonne nouvelle que l'Iran ait retrouvé le droit d'y circuler. Ce serait aussi une bonne nouvelle si un arrangement pouvait se trouver avec Israël.

Je développerai le même genre de théories au sujet de la relative tranquillité qui est laissée à Moubarak, réfugié dans sa résidence de Charm El-sheikh. A la limite, aurais-je envie de dire, que retirerait-on de bon à ce qu'il soit recherché, jugé et condamné ? Je sais bien que les révolutions ne s'estiment pas faites qu'elle n'aient satisfait à ces sortes de vengeance. Mais ces sortes de vengeances s'avèrent par la suite être la malédiction de ces révolutions. D'une toute autre ampleur est la restitution par l'Union européenne des avoirs qu'elle aurait injustement accaparés sur les biens de "l'Egypte longue". Cette restitution est morale, elle ne fait, comme on dit, acception de personne, et c'est en quoi on doit l'encourager. D'autre part, elle paie une dette matérielle réelle et quantifiable et non pas un dommage morale que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, on n'a cessé de chercher à quantifier financièrement pour réparer l'irréparable. Réparer en argent du mal moral obéit à des motifs qui ont bien peu de rapport avec le dommage dont on se propose de compenser le préjudice, que ceci, qui finit par s'assimiler à un rackett, soit fait depuis plus de soixante ans par Israël envers l'Allemagne ou par l'algérie envers la France. Morale, parce que matérielle, est la restitution des biens juifs injustement captés pendant la guerre, mais immorale est la compensation par le fait qu'on abonde un etat en l'alimentant financièrement jusqu'à lui permettre d'exister et à se faire grenouille qui veut devenir plus grosse que le boeuf. Je porte la même condamnation envers l'algérie qui, jamais, ne fait le solde des bénéfices et des pillages faits pendant la période coloniale et qui, non pas sous bénéfice d'inventaire, mais contre toute volonté d'inventorier, exige de la france, au nom de la repentance, qu'elle finance au titre des réparations un Etat qui n'est même pas gouverné en bonne police financière, telle que l'argent qu'on lui donne soit redistribué à une population qui ne soit pas obligée d'avoir, pour seul horizon d'espoir, le désir de quitter un pays, le sien, qui ne lui est plus hospitalier, tout comme est condamnée au désoeuvrement et à l'oisiveté, me dis-tu, mais c'est également vrai de l'Europe, la jeunesse de l'"Egypte longue", qui a dans ses traditions d'avoir, depuis ce qu'on pourrait appeler la nuit des temps de l'humanité, su cultiver son oasis. Je ne sais pas s'il faut que je souhaite avec toi à l'"egypte longue" qu'elle montre au reste du monde que le travail doit devenir arabe. Je dirai, sans vouloir te blesser, mais au sens où ce mot désignant le caractère immémorial de l'egypte, pourrait faire consensus si personne n'essayait de le confisquer, que je souhaite à l'"egypte longue" que le travail y redevienne copte, égyptien, populaire, national, au sens non plébéien, mais pas non plus réductible à la dimension islamique de la société et de la nation. Car si tu ne souhaites au travail que de redevenir arabe, tu introduis une sélectivité racialiste dont le devoir de tout membre de l'espèce humaine qui prétend lutter contre le racisme, doit prémunir ceux qui ont même dignité d'homme, d'où que vienne la propension ou la prétention à la domination ou à l'exemplarité. Tant qu'à anticiper sur un point la réponse que je voulais te faire dans ma missive qui en sera écourtée de cette phrase, ce qui n'est pas du luxe, crois-moi, "les lumières" n'ont pas, comme tu le dis, été seulement une réaction contre l'obscurantisme chrétien. N'oublie pas que voltaire a également intitulé l'une de ses pièces hautement controversées, au point que certaines ligues musulmanes ont voulu interdire qu'on l'étudie en classe et en France : "Mahomed ou le fanatisme". Le racialisme arabe est une forme de fanatisme, comme toutes les prétentions à la supériorité de quelque modèle socioreligieux que ce soit, le modèle chrétien compris, mettons-nous bien d'accord. De mauvais esprits ont récemment avancé que l'islam évoluait constamment entre fanatisme et fatalisme. Peut-être est-il en train de nous montrer une troisième voie qui est plus fidèle à ce qu'il a souhaité faire originellement et que les péripéties d'une histoire qui l'a obligé d'être chassé dès la période meckoise du prophète l'ont empêché de réaliser. L'occidental tiendra toujours pour une propension au fanatisme dont il se méfiera le désir de faire payer au corrompu ses méfaits et captations. Je ne te dis pas que l'occidental ne connaisse pas ces désirs de se faire justice à lui-même, les temps révolutionnaires ont assez prouvé qu'il n'en était pas avare, et cela est allé jusqu'à la terreur, qui a non seulement été une épuration aristocratique, mais une épuration idéologique. Du moins, si l'on remonte aux principes, le christianisme, en remettant le jugement à la vie future et en stipulant qu'on s'en remette à Dieu pour la vengeance, afin de calmer les nerfs et les instincts des vindicatifs qui voudraient comprendre pourquoi il n'y a pas une rétribution des actes en ce monde, calme-t-il ces ardeurs. Ou, s'il ne les calme pas, au moins ne les encourage-t-il pas. Je t'entends d'ici me répondre que, par les lois de l'injonction contradictoire, en réprimant le juste désir de vengeance, il l'exacerbe au contraire. Il y a une vérité dans ce paradoxe dont tu aimes à m'accabler. L'homme est un tissu de paradoxe et, comme j'aime à le dire, entre le paradis et le paradoxe, il y a même parenté de radical. D'une certaine manière, il est radical de situer le paradis dans le paradoxe. Jeu de mots ? Pas seulement. Rien n'est simple. Nous avons, dans nos analyses, à essayer de concilier deux choses : juger l'idéalité du principe aux fruits qu'il produit réellement ; mais aussi savoir que c'est de l'origine que se tirent les conséquences. De ce second fait, une injonction d'amour ne peut, que par une perversion opérée par la nature humaine sur l'origine du précepte qui lui est adressé, dégénérer d'une injonction d'amour universel en guerre totale. Seulement, j'ai beau te parler de l'amour universel, je ne suis pas sans constater que, souvent, je m'envenime, tandis que tu me supplies de t'aimer et que, pour m'y encourager, tu m'adresses des imprécations. Je t'en adresse en retour tout en t'exhortant à ne pas céder à l'esprit de vengeance. Paradoxe !

Mais je ne peux laisser passer par exemple, sauf à le mettre sur le compte d'un certain fanatisme, que tu me contestes le droit de pleurer l'horrible massacre, par égorgement, nous y revoilà, d'un prêtre polonais dont tu me dis qu'il faut attendre l'enquête, pourquoi ? Pour savoir s'il n'a pas mérité son sort ? S'il ne l'a pas mérité parce qu'il était pédophile ? Tu le supposes pédophile ; une chose est certaine: c'est qu'il est mort égorgé. J'attends de pied ferme et l'esprit aux aguets ton article sur l'injonction d'amour universel qui se châtre au point de provoquer un excès de dépravation dans nos moeurs chrétiennes. Si tel est à peu près le fond de ce futur article, je ne puis qu'en approuver la substance. Mais en attendant, tu ne veux pas que je m'émeuve de faits, en regard desquels tu me proposes des soupçons. Que je m'en émeuve signifie-t-il que, définitivement, pour un chrétien, la vie d'un chrétien a plus d'importance que celle d'un autre homme ? Définitivement non, Croissant de lune, où prends-tu cela ? Le chrétien n'a pas dans ses gènes je ne sais quelle élection personnelle qui le ferait représentant de l'humanité. Pour le chrétien, il n'y a qu'un seul représentant de l'humanité qui est en même temps "le fils de l'homme" (bien avant qu'il soit déclaré, à la suite d'intuitions platoniciennes préchrétiennes, le Fils de Dieu). Ce seul Représentant de l'humanité qui accomplit le type de l'homme parfait, comme le fait à tes yeux Mohamed, c'est le christ. Le chrétien ne prétend pas partager la perfection messianique du christ. Tout au plus peut-il souhaiter de Lui être configuré, d'être réflecteur de sa Lumière avant, s'il croît en sainteté, d'être au moment de la mort, Transfiguré en Lui pour participer à sa divinisation. De Lui être configuré verbalement, mais surtout christiquement, en priant pour toi si tu ne le reconnais pas, pour que la Face de dieu Que tu révères soit celle par laquelle tu sois sauvé ! Il n'y a pas de représentation qui joue là-dedans ! Alors, pourquoi nous appesantir sur les chrétiens persécutés ? D'abord parce qu'ils le sont en grand nombre. Quelle que soit la gloire que connaît la Turquie, le patriarcat de Constantinople, pourtant plus ancien que l'Empire ottoman, continue d'y être confiné et d'y connaître des mesures vexatoires qui ne permettent pas le plein développement d'une religion ancienne, critère qui t'est cher et à qui tu ne peux opposer l'insupportable nouveauté exogène de l'évangélisme pentecôtiste et yankee. Le musulman renié pour se faire chrétien, quel traitement les fanatiques de ta religion lui infligent-ils ? Mais j'arrête là ma litanie. La deuxième raison qui me fait m'intéresser aux chrétiens persécutés est tout simplement le fait naturel qu'ils sont mes correligionnaires. La troisième raison qui, tout à fait personnellement, me fait te répondre à ce sujet dans le cas d'espèce de ce prêtre polonais est que je me suis toujours senti mal à l'aise devant la surrenchère que l'on fait de la persécution chrétienne comme d'une "amorce", selon ton expression que je trouve assez heureuse, si je puis dire en matière qui l'est si peu, à je ne sais quelle conversion doloriste. Je ne suis pas de ceux qui aiment égrener au quotidien le martyrologe d'hier et d'aujourd'hui, car je trouve qu'il y a là un réflexe malsain. Pour autant, dans la mesure où je me suis engagé avec toi sur la voie de ce dialogue jusqu'à en héberger l'essentiel sur un blog public, je ne voudrais pas me faire l'hébergeur d'un de nos persécuteurs, si ce n'est activement, du moins par une espèce d'apologie, ou de compréhension des motifs de ceux qui se livrent à ces exactions. Cela, au nom de l'honneur que je dois à mes frères chrétiens et non de la valeur supérieure qu'aurait leur vie fauchée par rapport à celle de tout homme qui meurt, je dois, si je me rends accessible à tes analyses au point de les héberger publiquement sous la responsabilité de mon nom ; cela, je dois le dénoncer.

Un dernier mot qui sera plus consensuel et qui concerne Jean-Paul delevoye. Je l'ai moi aussi entendu il y a huit jours sur "france cuulture", et j'ai entendu un homme aux accents d'une sincérité évidente que ses fonctions de médiateur de la République ont transformé. Et dire que cet homme a d'abord connu le parcours d'un politicien ordinaire, briguant la présidence du RPR qui lui fut refusée pour être attribuée, ça ne s'invente pas, à Michèle Alliot-Marie, sous prétexte que Jean-Paul delevoye apparaissait sans relief. C'était vrai alors. Il n'en est plus ainsi, d'évidence. La médiation lui aura fait mesurer la précarité à laquelle notre société fait face. Une précarité démunie même de langage, une précarité quasi mutique, qui fait que cet homme a appris, à se taire au moins autant qu'à parler, j'aime bien ton expression, qui rejoint une prière du cardinal verdier à l'Esprit-saint, où il Lui demande de lui inspirer ce qu'il doit dire, comment il doit le dire et ce qu'il doit taire. Jean-Paul delevoye s'imagine-t-il dans la peau d'un présidentiable ? Je crois qu'il a fait abstraction de tout carriérisme. Et pourtant, tu as raison, il faut sans doute que nous le suscitions et priions pour qu'il en ait envie, à moins qu'un Dominique de Villepin ne démontre avec une certaine constance qu'il est réellement revenu à lui-même. Le voilà qui vertèbre son programme politique, non seulement d'une compréhension de ce qui se passe dans le monde arabe qu'il connaît, ne serait-ce que par la porte d'entrée de la poésie, qui n'est pas la moins noble, mais d'une proposition d'instauration d'un revenu minimum social substantiel, lui, l'homme du CPE, juste dans l'instauration de celui-ci comme il l'est dans celle qu'il suggère de ce revenu universel. N'oublions pas cependant qu'il est aussi l'homme de "l'état d'urgence", lorsqu'éclatèrent les émeutes de la banlieue ! Qu'avait-il besoin de rechercher ce symbole ? D'après un faisceau de rumeurs concordantes (les rumeurs ne sont pas toutes fausses d'être des rumeurs), il serait aussi l'homme d'un souverain mépris qui, les pieds sur la table, traite tous ses collaborateurs et ceux qu'il observe s'agiter de "connards" qui n'ont pas de "couilles". Franz-Olivier Giesberg, relayé par Didier porte que j'aime bien, ajoute qu'il aurait également été l'inoubliable auteur de cette phrase :
"La france a envie qu'on la prenne, ça la démange dans le bassin".
Ce serait donc ça, le gaullisme, et ça peut être ça, le futur Président de la France ? Alors, Villepin ou delevoye ? Que Dieu ne nous mette pas dans l'état de n'avoir à voter pour personne ! Tu me diras que je formule une prière négative. Que Dieu nous suscite un homme ! Ou que notre pensée se fortifie au point de le susciter ou, ne craignons pas d'être mégalomanes, de le devenir !

Ton torrentiel priant avec toi pour la france et pour devenir un homme