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samedi 27 janvier 2018

Faut-il être contre-révolutionnaire?

Extrait de mon journal politique.

Suis-je contre-révolutionnaire ?
Cette question vaut bien un sous-titre comme j’en ai émargé mon premier livre pour peser mes impensés.
Je suis séduit par ces expérimentations d’écriture collective où, comme les péripéties sont autant de routes entre lesquelles les héros d’un roman doivent choisir, on explore chacuned’elles, qui se ramifient en autant d’embranchements.
Je me sentis frustré quand, regardant Dalas sur Jimmy, je m’aperçus qu’il y avait plusieurs fins et que je devais choisir la mienne.
Saint Augustin était un ancien manichéen. Son maître-livre LA CITE DE DIEU détaillait ces ramifications pourle roman biblique. La route de la cité de Dieu devenait plus étroite à mesure que sedivisaient les routes de la cité de Satan, le diviseur.
Ce n’est qu’ultimement que qui espère trouver le salut se met en peine de faire une fin dernière. Le péché originel a toujours d’abord entravé sa route. Celui de la République est d’avoir coupé la tête du roi pour préfigurer la mort de Dieu.  La horde révolutionnaire, qui pourtantétait loin d’être primitive, réalise l’absurde hypothèse freudienne du repas totémique, où les frères consomment le père pour lui voler sa femme. La horde civilisée des révolutionnaires pleins de Lumières et de raison détourne donc le fratricide de la première chute pour consommer leur réconciliation fraternelle sur la tête du père.
Le péché originel de la République est dans une moindre mesure la Terreur à laquelle la fondation du royaume des Francs par les troupes barbares de clovis n’a rien à envier. La République reçoit les répliques tardives de son populicide (vendéen) et de son terrorisme. ON dit même que, puisque la France a répandu ses erreurs dans toute l’Europe, la seconde Guerre mondiale serait de sa faute.
Or il y a peu de chances que la monarchie soit rétablie un jour en France. Et ce que je crois impossible ne me paraît pas davantage souhaitable. Provocateur incorrigible, me promenant dans la crypte de la basilique de Saint-Denis où nos rois reposent en paix dans leurs cénotaphes, visités par les versaillais, tandis que la ville de leur pèlerinage dominical est la Babylone du village d’Astérix, trouvant que celui de François Ier était aussi solide qu’un comptoir, je commandai au roi : « Dis donc, François Ier, tu peux nous servir deux demis ? », au frémissement furibard des Versaillais scandalisés.
Je plaide coupable de ne point souhaiter ce dont je ne puis croire que ce soit un bien. Je ne me range pas derrière la bannière des royalistes qui nous promettent un prince arbitral tout en échafaudant le programme du roiqui ne doit pas gouverner, mais qu’il  entendent gouverner. Et si la France est empêchée tant qu’elle vivra dans ce péché de République, qui a montré sa nocivité par le meurtre du père, existe-t-il une seule réalité humaine capable de se sanctifier ou de se convertir, qui n’ait pas commencé par une perversion ? Grand Dieu ! Pourquoi saint Augustin était-il si manichéen ? Si tout ce qui s’accuse par un péché originel est jeté loin de la cité sainte, dont la voie est étroite comme la Porte du Christ, quelle organisation humaine, quel corps politique pourra-t-il subsister ? Le Christ ne serait Il venu sauver que nos âmes et, en dehors de l’Église, aucun de nos corps politiques, aucune de nos réalités humaines, et nulle de nos tentatives en-dessous de la charité, de cimenter la communauté humaine ? « Domine, fac salvam rem publicam », cette prière est-elle possible ?

jeudi 25 janvier 2018

Les paradoxes plaisants de la petite bourgeoisie


Voilà le type de plaisanteries qu’on faisait dans la petite bourgeoisie où j’ai grandi : « Le capitalisme, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme. Le communisme, c’est le contraire. » Comme il n’y a rien de contraire à l’exploitation de l’homme par l’homme, le communisme n’était rien.

 

Dans les repas de famille, on tapait régulièrement sur les faux chômeurs. Aujourd’hui, l’Etat, qui devient de plus en plus petit-bourgeois et ne prête officiellement qu’aux riches sans distinguer parmi les « premiers de cordée » entre les rentiers et les investisseurs, ne lutte pas contre la fraude fiscale, mais traque la fraude sociale et refuse d’indemniser les chômeurs s’ils ont refusé deux offres d’emploi raisonnables, devraient-elles les conduire à quitter leur famille pour trouver du travail, sous prétexte de mobilité.

 

Quand un dégoût me faisait rechigner à manger quelque chose, on me représentait que ce n’était pas moral, car les petits enfants pauvres auraient bien voulu manger ce que j’avais dans mon assiette. Je me disais par-devers moi que le fait que j’engloutisse ce que je n’aimais pas ne donnerait pas à manger aux petits enfants pauvres. Des contes m’apprenaient à m’émouvoir de la situation des enfants du Tiers-monde. On pétitionnait avec l’ACAT contre la situation qui était faite, dans les pays du tiers-monde, aux prisonniers politiques. On avait la charité tiers-mondiste, quoiqu’un brin xénophobe, mais on ne savait pas que le tiers-mondisme était issu du communisme. On ignorait qu’il était écrit dans le manifeste du parti communiste : « À mesure qu’on abolira l’exploitation de l’homme par l’homme, l’exploitation des nations par les nations aussi s’abolira. L’hostilité des nations entre elles disparaîtra avec l’antagonisme des classes dans la nation. « 

mercredi 24 janvier 2018

Poutine et le communisme

J'ai participé à une intéressante discussion sur le communisme, dont le prétexte était que Poutine (tel Napoléon?) a comparé le communisme au christianisme,
jusqu'à la vénération du mausolée de Lénine qui serait une "réincarnation" du culte des saints.... Voici l'article qui expose de quoi il retourne: https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=842993
Et voici mes principales interventions (puisque nous sommes sur ma page), sachant qu'à la fin de tous les messages, un fil permet de lire l'ensemble de
la discussion: Le communisme, une simple praxis et pas une idéologie? https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=843161 La liberté se réduit-elle
à la propriété? (avec trois remarques importantes). https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=843163 La qualification d'intrinsèquement pervers
(Pie XII) s'inscrit dans le maximalisme pastoral de l'anathématisation. https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=843178 Le césaro-papisme poutinien
vient de ce que le pouvoir est rarement exercé par les dissidents. https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=843165 Spiritualité sacramentelle
(en réponse à l'idée que le communisme aurait les mêmes sources que la pensée de Teilhard). https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=843239

Victor Larceneur

En novembre 2009, revenant pour signer l'état des lieux de l'appartement parisien que nous venions de quitter, j'élus domicile dans un étape hôtel dont la chambre sans fenêtre ouvrable était si exiguë qu'en sortant des toilettes, je me cassai la figure sur mon sac. Je reconnus à la douleur que j'éprouvai que je m'étais cassé l'autre bras. J'appelai Nathalie, qui appela la réception de l'hôtel, qui appela les pompiers, qui m'emmenèrent aux urgences de Bichat.
J'attendis longtemps avant d'être allongé sur un brancard, dans une salle commune. Là, une vieille dame souffrait de problèmes neurologiques. Un jeune algérien avait trop fêté la victoire de son pays à je ne sais plus quelle compétition de football. Et deux clochards animaient notre chambrée.
Le caïd de la bande des clodos s'appelait Victor Larceneur, et son timide compagnon s'appelait Lavocat, mais on n'a jamais su son prénom. Larceneur ramenait à la raison le paquet de nerfs qu'était le supporter algérien qui voulait tout le temps s'échapper. Quand il se levait et s'habillait pour partir, Victor lui montrait son lit et lui recommandait de s'y coucher. L'autre n'en finit pas moins par filer à l'anglaise. Larceneur était reconnu par les pompiers qui amenaient de temps en temps de nouveaux malades. A un moment donné, il interpella une infirmière: "Dites donc, demain soir, vous nous mettrez une couverture un peu plus chaude."  L'infirmière se récria en souriant: "Dites donc, M. Larceneur, vous n'allez pas faire comme l'année dernière, vous faire ramasser tous les soirs pour dormir chez nous!"

jeudi 11 janvier 2018

La République en marche et la démocratie chrétienne


J’ai entrepris de lire la démocratie religieuse de Maurras, toujours attiré par les esprits corrosifs qui pensent à la pointe de l’épée et savent trancher,contrairement à moi.

 

Marc Sangnier définissait la démocratie chrétienne comme une « action populaire bienfaisante » qui doit être « dégagée de toute signification politique », bien qu’il se propose de « Mettre en marche notre démocratie », ajoutant :  « Je dis « mettre en marche », car si l'on peut atteindre la monarchie, la démocratie apparaîtra toujours, au contraire, comme l'expression d'une orientation, le sens d'un mouvement. »

 

La démocratie chrétienne se présente donc comme un élan porté par une « infime minorité » élitaire, pour laquelle « le Christ » est « l’expression de l’intérêt général », comme « la loi est l’expression de la volonté générale » selon Rousseau. Cet élan s’inscrit dans une philosophie de l’histoire hégélienne, à laquelle Maurras reproche à juste titre, bien que sa propre alternative soit essentiellement guerrière, de supposer une évolution sans creux ni bosse, continue et sans accident, une évolution dont serait exclue la pensée de la mort, de la mort comme terme négatif, alors que le terme passe généralement pour un point oméga.

 

Mais René de Marans, un des correspondants de Maurras, note un trait qu’il présente comme caractéristique de Marc Sangnier : il détourne son « christianisme social » en un appel libéral au progrès individuel indifférent à « l’organisation de la société ». Accusation injuste, outrancière. Notons toutefois avec Maurras : « Dans un pareil système, il est assez naturel d'en venir, comme l'observe M. de Marans, « à souhaiter les institutions qui soutiennent le moins l'homme. Plus l'individu manquera de protection du côté de l'organisation sociale, plus il aura besoin, en effet, d'un appui interne, et cet appui est tout trouvé, c'est la foi au Christ. »

 

Je ne sais pas si cela s’applique à Marc Sangnier, mais cela décrit bien le processus appelé par La République en marche. Ce slogan d’ »en marche ! » résulte sans doute des initiales du fondateur de ce mouvement, de la connaissance qu’avait cet homme réputé cultivé du fait qu’ »en marche » est la traduction du « Heureux » des Béatitudes, et de l’affirmation silloniste que la participation à la vie politique de la démocratie chrétienne, notamment à l’origine du projet européen, relève d’un mouvement ou d’un élan qui se définit comme « en marche ».

 

Or Emmanuel Macron m’est toujours apparu, dans son incernabilité qui cultive l’ambiguïté jusqu’à la saturation, comme le méchant roi Turlubulu du conte, un Jupiter fuyant qui n’organise positivement que la dérégulation. Si René de Marans et Maurras ont raison contre Sangnier, cette fuite de ce qui soutient l’homme pour le remplacer par des structures vagues, n’est-elle pas la tactique adoptée depuis toujours par la démocratie chrétienne ? Si nous ne sommes que mobiles et soutenus par »un appui intérieur », « Pourquoi ne pas faire voter systématiquement pour Dioclétien ou pour M. Combes ? », demande Maurras, lequel n’aime le peuple que dans sa position de dominé et non comme un acteur qui mérite à la fois de décider et d’être soutenu ?

 

Au moment où j’achève de rédiger ces lignes, j’apprends que le sujet du Téléphone sonne de ce soir est : « La démocratie elle aussi est-elle en marche ? »

 

 

J’ai entrepris de lire la démocratie religieuse de Maurras, toujours attiré par les esprits corrosifs qui pensent à la pointe de l’épée et savent trancher,contrairement à moi.

 

Marc Sangnier définissait la démocratie chrétienne comme une « action populaire bienfaisante » qui doit être « dégagée de toute signification politique », bien qu’il se propose de « Mettre en marche notre démocratie », ajoutant :  « Je dis « mettre en marche », car si l'on peut atteindre la monarchie, la démocratie apparaîtra toujours, au contraire, comme l'expression d'une orientation, le sens d'un mouvement. »

 

La démocratie chrétienne se présente donc comme un élan porté par une « infime minorité » élitaire, pour laquelle « le Christ » est « l’expression de l’intérêt général », comme « la loi est l’expression de la volonté générale » selon Rousseau. Cet élan s’inscrit dans une philosophie de l’histoire hégélienne, à laquelle Maurras reproche à juste titre, bien que sa propre alternative soit essentiellement guerrière, de supposer une évolution sans creux ni bosse, continue et sans accident, une évolution dont serait exclue la pensée de la mort, de la mort comme terme négatif, alors que le terme passe généralement pour un point oméga.

 

Mais René de Marans, un des correspondants de Maurras, note un trait qu’il présente comme caractéristique de Marc Sangnier : il détourne son « christianisme social » en un appel libéral au progrès individuel indifférent à « l’organisation de la société ». Accusation injuste, outrancière. Notons toutefois avec Maurras : « Dans un pareil système, il est assez naturel d'en venir, comme l'observe M. de Marans, « à souhaiter les institutions qui soutiennent le moins l'homme. Plus l'individu manquera de protection du côté de l'organisation sociale, plus il aura besoin, en effet, d'un appui interne, et cet appui est tout trouvé, c'est la foi au Christ. »

 

Je ne sais pas si cela s’applique à Marc Sangnier, mais cela décrit bien le processus appelé par La République en marche. Ce slogan d’ »en marche ! » résulte sans doute des initiales du fondateur de ce mouvement, de la connaissance qu’avait cet homme réputé cultivé du fait qu’ »en marche » est la traduction du « Heureux » des Béatitudes, et de l’affirmation silloniste que la participation à la vie politique de la démocratie chrétienne, notamment à l’origine du projet européen, relève d’un mouvement ou d’un élan qui se définit comme « en marche ».

 

Or Emmanuel Macron m’est toujours apparu, dans son incernabilité qui cultive l’ambiguïté jusqu’à la saturation, comme le méchant roi Turlubulu du conte, un Jupiter fuyant qui n’organise positivement que la dérégulation. Si René de Marans et Maurras ont raison contre Sangnier, cette fuite de ce qui soutient l’homme pour le remplacer par des structures vagues, n’est-elle pas la tactique adoptée depuis toujours par la démocratie chrétienne ? Si nous ne sommes que mobiles et soutenus par »un appui intérieur », « Pourquoi ne pas faire voter systématiquement pour Dioclétien ou pour M. Combes ? », demande Maurras, lequel n’aime le peuple que dans sa position de dominé et non comme un acteur qui mérite à la fois de décider et d’être soutenu ?

 

Au moment où j’achève de rédiger ces lignes, j’apprends que le sujet du Téléphone sonne de ce soir est : « La démocratie elle aussi est-elle en marche ? »