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lundi 18 mars 2019

Un contrepoint radical à l'opinion commune sur la crise sexuelle dans l'Église catholique

Sur le blog de l'abbé Philippe Laguérie: https://blog.institutdubonpasteur.org/Ordinations-d-hommes-maries Que je commente ainsi: Article décisif et beaucoup plus enrichissant que bien des échanges que j'ai eus à ce sujet sur Le forum catholique avec des traditionalistes de stricte obédience comme vous l'êtes. Il critique bien moins mgr Wintzer lui-même que, en pratique, la formation des hommes mariés ordonnés diacres qui sont dans le même cas de figure que les hommes mariés dont l'archevêque de Poitiers envisage l'ordination. Mais surtout il va, à l'aide d'arguments frappants, aux antipodes de cet os à ronger que donne Rome aux chrétiens déboussolés avec ce nouveau péché de "cléricalisme" qui serait, sinon la cause du vice des prêtres abuseurs, mais celle de l'omerta. Selon vous, c'est au contraire parce qu'on a volé le sacré à tous les étages aux ministres sacrés qu'ils en arrivent au viol, notamment de l'enfance, c'est-à-dire à la désacralisation par excellence, au scandale innomable pour lequel il faudrait qu'une meule fût attachée au cou de qui le commet et qu'on le noyât, dit le Seigneur, qui lève ainsi toute ambiguïté sur le "Laissez venir à Moi les petits enfants." Sur le ton laconique et viril qui vous caractérise, vous faites pièces au fait que les apôtres furent mariés en disant (et c'est certainement votre argument le plus intéressant) que c'est Jésus et Sa mère qui ont inventé le célibat et la virginité en les proposant sous la forme du "comprenne qui pourra" et pas explicitement d'abord à ses ministres. Quatre observations pour finir, d'inégale importance et qualité: 1. Michel Onfray (recopiant certes Celse) ne soupçonnne pas saint Paul d'homosexualité, mais d'impuissance. L'hypothèse ne prend pas concernant l'apôtre, du moins ne prend-elle pas chez moi. 2. Le terme "dégradation" est bien plus propre que celui de "réduction à l'état laïque". L'Église n'a pas ou ne devrait pas plus avoir le pouvoir de désordonner que celui de débaptiser (ce qui n'est pas sans poser de problèmes au civil, au passage, car cela l'assimile à une secte au regard de l'État). La vogue de "débaptisations" actuelles a pour vrai nom apostasie. 3. Si mgr Wintzer tient à relever cette qualité des prêtres de "justiciables comme les autres", il y a comme une sécularisation de leur espérance de justification. 4. Vous faites bien de noter cette différence essentielle entre les prêtres et les pasteurs, qu'on oublie généralement de remarquer, que les pasteurs sont avant tout des prédicateurs, alors que les prêtres doivent surtout pratiquer la cure d'âme, même s'ils ont oublié le langage "animiste". 5. En se plaçant dans l'optique de sacralisation que vous leur proposez ou rappelez, les évêques seraient, comme vous le notez, beaucoup plus armés pour punnir des prêtres se rendant coupables de manquement graves à la sacralité de leurs ouailles qu'ils ne le sont dès lors qu'ils envoient des hommes ayant reçu une vocation exceptionnelle pour vivre comme tout le monde au milieu de tous.

samedi 9 mars 2019

LE PARADIS PERVERS OU LA MORALITÉ BLESSÉE

En commentaire de cet article : http://ab2t.blogspot.com/2019/03/un-entretien-paru-dans-present.html J'avais ce soir une discussion avec une amie. Je lui disais: "Quel malheur que l'éducation d'un enfant commence par le valoriser, par lui faire croire que c'est super qu'il ait gagné la course, avant de le civiliser par les valeurs de l'Évangile, qui a donné la civilisation chrétienne par une ruse de l'histoire, et de le persuader que les premiers sont les derniers, donc qu'il ne doit plus avoir l'esprit de compétition. L'enfant tombe de haut. Ses parents qu'il va décevoir ont commencé de perdre toute crédibilité. Il tombe de son piédestal égocentrique et se sent floué comme après le mensonge du Père Noël duquel il devrait découler pour lui qu'il ne doit pas non plus croire en dieu, que c'est la même supercherie, si l'enfant ne savait distinguer d'instinct qu'un conte et légende n'est pas de même nature qu'un symbole de foi. "D'autant que le narcissisme est le paradis perdu de l'innocence de l'âme", concluai-je. "Oui, mais un paradis pervert, le paradis d'après la chute", me répondit mon amie. Je l'applaudis pour cette réponse. Enivré de pouvoir m'aimer moi-même en toute bonne conscience, je n'y avais jamais réfléchi. L'homme est un être à la moralité blessée. La "morale sans le péché originel" qui sait ce qu'est "une sexualité bien comprise" est présomptueuse et croit que l'homme maîtrise. Mais l'homme ne maîtrise rien. Si la maîtrise de soi existe, elle est comme la patience, non pas ma qualité principale, mais un fruit de l'Esprit-Saint.

LES NUANCES

En commentaire de ce billet : https://www.philippebilger.com/blog/2019/03/la-perversion-de-la-globalit%C3%A9-la-facilit%C3%A9-de-la-fuite.html Cher Philippe, Je ne parlerai pas de ceux qui quittent les plateaux, sinon pour mettre mon grain de sel dans votre galerie de portraits: - Depuis la dernière élection présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan essaie de compenser son crypto-lepénisme amidonné ou son lepénisme bourgeois par des traits de langage un peu crapuleux. - Il n'y a qu'un intellectuel juif avec lequel tout le monde semble se donner carrière d'être antisémite: c'est BHL. BHL est beaucoup moins omniprésent et beaucoup plus intelligent qu'Alain Finkielkraut ou a fortiori Eric Zemmour. Il a certes tendance à clouer le bec de tous ceux qui ne partagent pas sa vision européiste et d’ingérence mondialiste en les accusant d'antisémitisme. Du moins sa conception du monde a-t-elle du poids, du fond, de la pertinence, de la cohérence et de la conséquence, quand Zemmour n'est qu'un petit garçon agité et Finkielkraut un brillant commentateur torturé par l'histoire. Mais passons. Il y a peut-être une "volupté des considérations totalitaires", mais le risque inverse n'est pas négligeable, de se "perdre dans ses nuances". Il me semble, pour tout vous dire, que vous le courez assez souvent, notamment dans votre précédent billet. Parce que je me pique de nuances,je vous soumets l'anecdote que voici. Un jour, je demande à mon meilleur ami: "Qu'est-ce que tu penses de moi ?" Il me répond: "Veux-tu vraiment entendre ma réponse ou est-ce que tu me poses la question pour le plaisir de la question ?" "Non non, j'aimerais vraiment le savoir." "Je pense que tu es perdu dans un labyrinthe et que tu te complais dans ce labyrinthe où tu es perdu. Autrement dit, tu ne cherches pas l'issue". C'est la rançon du labyrinthe et des nuances qui ont pour elles, puisqu'il faut être nuancé, de nous éviter d'être binaires. Mais chaque fois que je pense au risque de s'égarer dans ses nuances sous prétexte qu'"en philosophie, comme le dit Karl Jaspers, les questions sont plus essentielles que les réponses", me revient cet incipit de la chanson de Bruel "Alors regarde !": "Perdu dans tes nuances, ta conscience au repos." Celui qui ne s'abandonne pas à "la volupté des considérations totalitaires" donne du repos à sa conscience parce qu'il est intellectuellement scrupuleux, ne veut pas être manichéen et oublie que la "complexité" a pour corollaire que les systèmes complexes sont indémontables. Ceci dit, moi aussi, je préfère les issues tâtonnantes aux dogmes opposables. Je crois même que, pour notre démocratie et notre France à la croisée des héritages, l'issue est sur la ligne de crête où ceux-ci s'affrontent, et doit synthétiser le meilleur de nos matrices.

L’INVENTION DU SURNATUREL

Dans une joute sur « le forum catholique » avec un certain Luc de Montalte avec qui j’ai déjà ferraillé, celui-ci m’accuse de témérité en m’envoyant cette citation remarquable : « L'éclaircissement de cette différence doit nous faire plaindre l'aveuglement de ceux qui apportent la seule autorité pour preuve dans les matières physiques, au lieu du raisonnement ou des expériences, et nous donner de l'horreur pour la malice des autres, qui emploient le raisonnement seul dans la théologie au lieu de l'autorité de l'Écriture et des Pères. Il faut relever le courage de ces timides qui n'osent rien inventer en physique, et confondre l'insolence de ces téméraires qui produisent des nouveautés en théologie. Cependant le malheur du siècle est tel, qu'on voit beaucoup d'opinions nouvelles en théologie, inconnues à toute l'antiquité, soutenues avec obstination et reçues avec applaudissement ; au lieu que celles qu'on produit dans la physique, quoique en petit nombre, semblent devoir être convaincues de fausseté dès qu'elles choquent tant soit peu les opinions reçues : comme si le respect qu'on a pour les anciens philosophes était de devoir, et que celui que l'on porte aux plus anciens des Pères était seulement de bienséance ! Je laisse aux personnes judicieuses à remarquer l'importance de cet abus qui pervertit l'ordre des sciences avec tant d'injustice ; et je crois qu'il y en aura peu qui ne souhaitent que cette [liberté] s'applique à d'autres matières, puisque les inventions nouvelles sont infailliblement des erreurs dans les matières que l'on profane impunément ; et qu'elles sont absolument nécessaires pour la perfection de tant d'autres sujets incomparablement plus bas, que toutefois on n'oserait toucher. De la Préface au traité du vide, d’un certain Pascal. Vous êtes de ces téméraires qui préférez les lumières de votre raison en des sujets où elle ne suffit Pas. » Son message est consultable ici : https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=863358 Je lui réponds ceci ici : https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=863359 Cher Luc, Étant donné le nombre d'occurrences du mot "insulte" ou de l'adjectif "insultant" dans les messages de vous que je lis par hasard, je vais commencer par vous "insulter": vous êtes un perroquet intelligent. Le choix de votre citation est remarquable. Donc, "autorité" dans les choses morales ou théologiques et "invention" dans la physique. Soyons honnêtes, invention non de la nature, mais dans la description de la nature. On peut présumer que l'attitude de votre auteur de prédilection, philosophe d'avant le siècle des Lumières mais d'après le scepticisme d'un Montaigne et le "doute méthodique" d'un Descartes que Pascal a pratiqués l'un et l'autre, peut s'expliquer par différents motifs: -Un désintérêt pour la grâce qui fait qu'on convient de n'en parler qu'à l'aide d'arguments d'autorité. -Mais non, cette hypothèse est ridicule étant donné celui dont nous parlons, l'apologète ou le pamphlétaire de la grâce, qui se trouve être aussi le petit télégraphiste de la probabilité... Reprenons notre sérieux, car Blaise le parieur ne mettait pas les rieurs de son côté... Il faut envisager une autre hypothèse: -Il se pourrait que Pascal, dont la constitution n'était pas robuste et qui était assez migraineux comme votre cher Lesquen (nous retombons dans nos classiques et cela vous manquait!) ait été un physicien génial (il était remonté enfant et tout seul aux raisons de la géométrie euclidienne), mais un théologien un peu couard (pardonnez ma témérité, mais Pascal n'était pas un "esprit fort"!), qui avait besoin du recours à l'argument d'autorité, car il manquait de finesse ou n'était pas assez poétique dans les choses spirituelles. -Je ne peux jamais longtemps garder mon sérieux avec vous.- J'y reviens. La citation que vous m'opposez se réfugie dans l'autorité de l'Écriture et des Pères, comme si la foi s'imposait et come si l'Église faisait autre chose que de "proposer à croire". La foi est un don de dieu et un don ne s'impose jamais. Par conséquent la foi est un pari existentiel et ne relève pas de la certitude physique, bien qu'elle relève du besoin vital. La foi ne relève pas du même genre de certitude que la science. C'est pourquoi Pascal évite d'en parler scientifiquement. Mais plus encore, le Pascal qui a de la chair prouve par ses écrits que la foi est pour lui un pari existentiel. Come lui, vous et beaucoup de liseurs (intervenants sur ce forum) cherchez à vous rassurer en étant des encyclopédies vivantes du magistère de l'Église, comme si la foi était la loi. Vous n'entendez pas Saint Paul qui vous dit qu'elle est le contraire. La loi convient à la foi pourvu que cela lui convienne (car "tout est permis, mais tout ne convient pas"), et parce qu'il convient d'être sérieux et conséquent avec Dieu, de ne pas se moquer de Lui, de ne pas Le mettre à l'épreuve, de ne pas invoquer Son Nom en vain. Mais par la foi, même la loi, "tout est grâce". Cela, Pascal devrait vous l'avoir appris.

vendredi 8 mars 2019

La crise sexuelle de l'Église n'est pas un complot divin

Réponse au billet de l'abbé de Tanoüarn intitulé "Un complot contre l'Église?" et consultable ici: http://ab2t.blogspot.com/2019/03/un-complot-contre-leglise_7.html Cher abbé, Heureux de vous retrouver sur ce blog même si vous y écrivez parce que l’heure est grave. Quelques réflexions poil à gratter comme au bel autrefois : « La mauvaise conscience est aussi dangereuse que la bonne », je crois en savoir quelque chose, mais il n’est pas vrai que la repentance de l’ »Église du jubilé » « n’a convaincu personne » ni que « ce repentir [d’aujourd’hui] doit concerner ceux qui ont péché, en tant qu'ils ont péché. » Car individualiser le repentir dans l’Église, c’est nier le péché originel. Ne nous en déplaise, nous sommes autant solidaires des « bourreaux » s’ils sont des nôtres que des victimes à qui doit aller premièrement l’élan de notre cœur, mais notre prière doit se répartir équitablement entre les uns et les autres, d’autant que, s’il faut absolument individualiser notreréaction, nous sommes tous des bourreaux et des victimes en puissance. La crise qui secoue l’Église n’a rien d’un « complot de Dieu ». Il y a quelques années, j’avais dénoncé vigoureusement que Benoît XVI mette tellement l’accent sur la pédophilie dans l’Église qu’on finissait par croire qu’il n’y avait plus que de la pédophilie dans l’Église. L’énergie que le précédent pape a mise à s’emparer de cette question et à essayer de nettoyer les écuries d’Augias n’est certainement pas étrangères aux raisons qui ont provoqué son départ ou sa démissiion. Le moins qu’on puisse dire est que l’attitude de son successeur est ambiguë. Elle oscille entre indignations vertueuses qui pleurent avec les victimes, convocation d’un sommet sur les abus sexuels sur les mineurs et, dans le discours de conclusion de celui-ci, banalisation de la pédophilie dans l’Église qui, loin d’être envisagée dans ce qu’elle a de spécifique, est ramenée à la « banalité » de la pédophilie familiale et mondiale, elle-même insérée à son tour dans l’ensemble des abus qu’on inflige à l’enfance, comme celui des enfants soldats. L’Église s’engage, entre autres, par la voix du pape, à lutter contre le tourisme sexuel, dont on ne voit pas en quoi ça la concerne. Ces attermoiements pontificaux sont très conformes à l’ »en même tempsisme » des gouvernantsactuels, de Trump à Macron. Ou, pour parler comme François, ces réactions qui jouent de l’effet de balancier sont contaminées par la maladie atrocement mondaine du gouvernement de l’injonction paradoxale. Or l’injonction paradoxale est le mode dont se fait tantôt plaindre et tantôt craindre le pervers narcissique. Lorsque j’ai compris l’affaire Barbarin que je soutenais d’abord, je me suis acharné à flétrir son inaction, non pour ne pas avoir dénoncé des faits dont il a eu connaissance beaucoup plus tôt qu’il l’a prétendu comme en atteste, par exemple, Isabelle de Gaulmin (que vaut un État où il existe des crimes de non dénonciation ?), mais pour ne pas avoir mis ce prêtre hors d’état de nuire et pour avoir continué à lui confier une charge pastorale jusqu’en2015. Quelle volée de bois vert n’ai-je pas essuyé, en particulier de la part des « liseurs » du forum catholique ! N’importe. Aujourd’hui, le cardinal Barbarin démissionne et ne doit pas démissionner. Sinon, pourquoi ne pas exiger la démission du pape comme le fait mgr Carlo Maria Vigano en faisant assaut d’accusations outrancières ? Faut-il que le Père Pierre Bignon ait raison du cardinal Barbarin ? Non. Le cardinal Barbarin doit affronter la tempête aux côtés de ses diocésains et non pas quitter le navire que ses défauts de gouvernance ont fait tanguer. Car l’enjeu est de se demander ce qu’a de spécifique la pédophilie dans l’Église et quel en est le terrain favorable. Trois caractéristiques résument à mon sens la question : - Les prêtres n’ont droit à aucune sexualité active, ce qui est invivable quand on vit dans le siècle. L’Église peut-elle se satisfaire d’imposer une discipline qui fait qu’on ne puisse s’en sortir que par l’hypocrisie ? - Le célibat des prêtres n’est qu’un aspect de ce défaut d’activité sexuel. Il faut sans doute y mettre un terme. Mais il faut avant tout remédier au « trouble dans le genre » par lequel un prêtre, individu de sexe masculin, est configuré à un Corps, l’Église, entité de sexe symboliquement féminin car épouse du Christ. Ce « trouble dans le genre » fait que la véritable origine de la pédophilie dans l’Église est l’homosexualité de beaucoup de prêtres,comme le disent les non conformistes, homosexualité latente à laquelle le cléricalisme qui devrait être l’ennemi selon François (Gambetta ?) fait honteusement diversion dans ces relations abusives où « l’abus de position dominante » ne joue qu’un rôle mineur... Il faut affronter ce « trouble dans le genre » et mettre de l’ordre à la conception sexuée que l’Église se fait d’elle-même, ce qui exige des débats de qualité entre les catholiques.

jeudi 7 mars 2019

Pensées suscitées

Par: http://blocnotesdepatricecharoulet.blogspot.com/ et les "varia" du 6 mars 2019: -« La vie me sied mal. » (Chateaubriand) À moi aussi, François-René. Dans le Deutéronome, notre Dieu me demande de la choisir pour que je vive et parce qu'il me l'a donnée. Je consens à la recevoir, mais j'ai du mal à la choisir, car je sais mal l'aimer. J'aime mieux vivre que je n'aime la vie. Tout le monde n'est pas à égalité devant l'amour de la vie. Pourquoi Dieu nous demande-t-Il à tous de la choisir pour être bénis, sans considérer quel capital d'amour de la vie nous avons reçu à la naissance? -Je pourrais facilement être "platiste", car pou rmoi, la vérité est esthétique. La vérité doit être en rapport avec le beau, donc avec l'idée que je me fais du beau. Si rien n'est absolu, la vérité ne saurait être quantitative, car l'absolu est une quantité infinie. Si la vérité n'est pas absolue, elle doit être relative. La vérité est relative, car c'est une question de relation. La vérité est relative, raison de plus pour qu'elle soit qualitative. Et si la vérité est qualitative, elle est d'autant plus esthétique. Car le beau est une certaine qualité du réel. -La démocratie tocquevillienne, qui a fait primer l'égalité des conditions sur la décision quantitative "Un homme, une voix" (je n'aime la quantité que dans la décision), était destinée à favoriser successivement la lutte des classes et la lutte des minorités. -Je suis en train de lire "Voyage au centre du système" d'Alain Minc, où cet énarque qui a "défroqué" de l'inspection des finances pour travailler d'abord dans le privé, puis influencer les acteurs économiques et politiques, décrit admirablement "le système" dans lequel il a évolué. Il ne parvient pas à me le faire aimer, mais en montre la cohérence -en quoi c'est un bon portraitiste-, et en cultive la nostalgie. Il déteste le populisme, ce qui n'est pas mon cas, mais je comprends qu'il ne parvienne pas à concevoir qu'un patch-work idéologique théoriquement beaucoup plus indigent que n'était le marxisme tellement dialectique et tellement construit, ne soit un ennemi aussi redoutable du système politique dans lequel il dominait et voulait faire dominer "le cercle de la raison". La quatrième de ses zones de confluence est le monde intellectuel. -"L'Arabie saoudite est un Daech qui a réussi." Pour une fois je suis d'accord avec Zemmour. -L'exemple d'Onfray pour improuver l'égalité est stupide. Un chaudronnier n'est pas un chirurgien. -Le même auteur affirme qu'"Hulot est un rigolo". Il faudrait le faire confirmer par tous ceux qui ont signé son pacte écologique en 2007 en leur demandant pourquoi ils ne l'ont pas appliqué. Dans ce pacte, figurait le développement du ferroutage. Macron a démantelé la SNCF en sous-traitant les petites lignes ferroviaires aux "cars Macron" dont toutes les compagnies ont fait faillite. Hulot a oublié son propre pacte écolo, puisqu'il est devenu le ministre de Macron, le contre-ferrouteur. Ses états d'âme ultérieurs doivent être appréciés à l'aune de ce premier reniement. -"L'en-même-tempsisme" est le gouvernement de l'injonction paradoxale, donc du pervers narcissique. -"La crainte de l'adjectif est le commencement du style." (Claudel) Alain Breton, directeur de la librairie Racine, m'avait recommandé de me méfier de l'adverbe. Un roccoco ne se méfie d'aucune forme verbale et cautionne formellement toutes les idées que ces formes peuvent véhiculer. Le mal est dans l'intention, mais les mots n'en sont que le premier dévoiement. Autre est la trace, autre l'âme. -"Le président du CRIF est un Kalifat judaïque". (Henry de Lesquen) - "La religion catholique est le poème qui me satisfait le plus." (Barrès). "L'Eglise catholique, c'est la fabrique à névroses, elle est là pour ça!" (Sollers, qui est devenu catophile avec l'âge, comme pas mal de maoïstes...) -"Je ne puis que vous parler en mon nom et ce nom n'est rien." (Bernanos, 1941) Le passage du judaïsme au christianisme est celui de la religion de la loi (nomos) à celle du Nom: "Quiconque invoquera le Nom du Seigneur sera sauvé": les Actes des apôtres citant le prophète Joël pour parler du Nom de Jésus, substitut exotérique du tétragramme).

vendredi 1 mars 2019

Algérie, toute révolution est un risque, mais le statu quo est indigne

Croissant de lune, Nous devrions faire le point sur la situation algérienne. J'aimerais partir du fait que Boualem Sansal n'offre aux Algériens que la solution d'avoir un grabataire pour président pour lutter contre le retour des islamistes et de la décennie sanglante. Me revient quand je lis sa position la chanson de Renaud "Balle sur l'ambassade ! Quelques vieux malades, Imbéciles et grabataires Se partagent l'univers." Boualem Sansal oublie que, si on n'avait pas dénié la victoire du FIS aux élections municipales de 1992, la décennie sanglante n'aurait probablement pas eu lieu et le GIA ne serait pas devenu le bras armée du FIS. La démocratie est presque toujours la solution et la révolution présente toujours un risque. Sansal prend à longueur d'écrits son peuple pour un enfant immature. L'algérie mérite mieux que ce qu'est devenu Bouteflika, eût-on peur de ce que sont devenus les "printemps arabes", qui désespèrent de la capacité des sociétés islamiques à se démilitariser. À cet égard, l'indépendance de l'Algérie n'a pas tenu ses promesses pour le peuple algérien. Mais il ne faut jamais désespérer de l'avenir, il n'y a pas de fatalité. La France s'est fendue hier soir d'un communiqué qui attend de prendre date. On se serait cru en plein exercice du pouvoir de Michèle Alliot-Marie. Je ne crois pas que Bouteflika se maintiendra au pouvoir. Si mon hypothèse se vérifie, sa carrière sera en deux cycles de grandeur et de décadence : grandeur du plus jeune ministre des affaires étrangères qui avait la particularité de disparaître des mois durant en France où Giscard qui s'y connaissait supposait qu'il se livrait à des parties fines, puis décadence de Bouteflika devant s'exiler d'Algérie à cause de ses malversations et de son détournement, entre autres, de l'argent de l'OLP ; puis à nouveau grandeur du Bouteflika de la "concorde civile", puis décadence d'un président qui se fait soigner en France et en Suisse et qui, victime d'un AVC, ne sait pas se retirer, parce qu'il veut mourir président et incarner l'Algérie jusque dans sa mort, ou plus modestement assurer une stabilité à son pays, à son clan et de l'Algérie pour le reste du monde ? J'appréhende la situation de trop loin et c'est une énigme pour moi. Je ne me souviens pas non plus pourqoi l'on disait au moment des printemps arabes que la déstabilisation de l'Algérie aurait des conséquences trop dangereuses pour que quiconque puisse en prendre le risque. Les Algériens de France que je co nnais oscillent entre l'enthousiasme de voir tomber leur président momie et la peur de l'aventurisme politique. Le successeur de Bouteflika ne semble que pouvoir émerger spontanément de la séquence qui va suivre ou appartenir à son clan, sinon avoir déjà exercé le pouvoir sous ce président. Que t'en semble ? Veux-tu que nous chroniquions les événements d'Algérie ? Nous entendons-nous assezz bien pour recommencer cete ancienne entreprise de longue haleine ? Fraternité du torrentiel

Le pape et le Vénézuela

Par le Croissant de lune qui écrit en chapeau de ce billet qu'il me transmet : Mon Torrentiel, voici qui fait suite à tes condamnations un peu expéditives de Nicolas Maduro qui reste le seul raïs légal. Pourvu que la posture du pape ne soit pas fatale à une église catholique très souffrante. Assalamou 'alaïkoum. Voici un article sous la forme d'une lettre adressée au pape François touchant à son affligeant allignement et son soutien à Jouan Gaido, raïs auto-proclamé. En fait, ce député pourrait selon la constitution s'élever au poste de président intérimaire en cas de défaillance du président en titre, maintenant j'ignore si la constitution du pays détaille les cas précis ouvrant droit à cette substitution. Enfin, je doute qu'on soit dans l'un de ces cas, et il m'a suffi d'entendre que Gaido sustente l'ingérance Américaine pour le considérer à jamais illégal et illégitime dans le pays, sustenter l'ingérance le rend indéfendable voire rend légitime toute action contre lui. Avant cela, je ne comprenais pas le débat politique au Vénuzuéla, affaire intérieure, mais je ne voyais pas comment il n'y aurait pas moyen de débattre à l'intérieur et de conclure à la poursuite de l'actuelle présidence et autres mandats électifs jusqu'à leur terme. Qu'il y ait incurie de gestion, c'est probable, hélas, par exemple, je déplore que pendant sa longue gouvernance, Hugo Chavez n'ait pas résolument crevé l'abcès des maffias destructrices du pays, mais ça doit pas être aussi simple qu'on se l'imagine. Le pays est en état de siège depuis longtemps avec des sanctions Américaines déclarées et non déclarées, rendues plus efficaces du fait des nombreux sabotteurs qui sans pudeur tésaurisent les biens de consommation et les médicaments pour les raréfier et en augmenter les prix. La tgouvernance au Vénuzuéla n'est pas de référence Marxiste, elle est de référence Chrétienne, c'est un peu la théologie de la Libération au gouvernement, d'où une certaine amitié que cultivent à son égard des orateurs Musulmans de sensibilité Frériste, enfin pendant les présidences Chavez. Mais ça n'a que peu d'importance, le pays est peuplé de chrétiens catholiques en grande partie, l'église a une influence politique significative. On eut aimé, enfin j'eusse aimé que les évêques du pays restent au minimum neutres, je ne peux pas du tout comprendre qu'ils se taisent devant les sanctions Américaines étranglantes planifiées dans le but objectif de contrôler le pays qu'on veut réalligner et dont on veut exploiter les immenses richesses. Et au moment où on entend parler d'ingérance militaire Américaine, la neutralité n'est plus soutenable, le pape de Rome ne saurait sans forfait rester neutre devant cette perspective. Partout l'église catholique souffre en ce moment, et voilà que dans un pays où il lui reste de l'influence politique, elle en fait usage dans le sens de l'allignement, contre l'indépendance et l'avenir du pays. L'église catholique aujourd'hui souffrante peut-elle se permettre ces menées qui achèvent sa ruine dans les esprits? C'est un peu ça qui est suggéré dans l'article et les commentaires, on a l'impression d'une action néfaste et peut-être suicidaire de l'église catholique, une crise terminale. Or, la déchristianisation ainsi accrue ajoute au non-sens et au déséquilibre dans le monde. Honnorons-nous du fait que certains pays de Musulmans restent solidaires du Vénuzuéla assiégé, la Turquie est co-agissante, les pays restés alliés achètent le pétrole du pays et le ravitaillent par mer. Tout se tient dans ce monde, si le monstre Américain contrôlait le pays et ses réserves au moment où les pétroles dits de schistes s'épuisent ou croissent en coût de production, ce ne sera pas pour notre bien mais pour notre perte, parce que l'Amérique est axiomatiquement ennemie des Musulmans. Je vous invite à lire l'article du Québécois Oscar Fortin, mais lisez aussi les commentaires. Certains sont anti-chrétiens, désagréables comme souvent sur ces forums, mais il y a beaucoup d'information dans les commentaires. https://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/lettre-ouverte-au-pape-francois-212772 Croissant de lune.

Le pape François veut-il banaliser la pédophilie dans l',glise?

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2019/february/documents/papa-francesco_20190224_incontro-protezioneminori-chiusura.html Un discours confondant de banalisation: - "La pédophilie est "un problème universel et transversal". C'est pas nous, c'est les autres, ou c'est tellement marginalement nous par rapport aux autres. -La pornographie est un fléau supérieur ou égal à la pédophilie. -C'est une monstruosité à l'intérieure de l'Eglise, mais l'autorité religieuse coupable "se laisse asservir par sa propre maladie" et et "[devient] un instrument de Satan." C'est pas les prêtres, c'est Satan. -Il y a une kyrielle d'autres abus sur les mineurs, des "enfants soldats" aux "enfants avortés". -Les personnes abusées sont rancunières. Les personnes traumatisées ont "des blessures indélébiles, de l'amertume, des rancœurs et des tendances à l’autodestruction", voire à la "[vengeance] en faisant la même chose", en abusant à leur tour. -Il faut "perdre du temps dans l'écoute" pour guérir les victimes et se guérir soi-même. -Les abus de pouvoir sont la conséquences du pouvoir. C'est pourquoi je propose la diversion du cléricalisme pour ne plus tolérer les abus d'autorité. -Quelle [est] donc la “signification” existentielle de ce phénomène criminel? -Il faut "chercher à enrayer les abus très graves par des mesures disciplinaires et des procédures civiles et canoniques". Seulement les abus très graves et seulement "chercher à enrayer"? -Il faut agir à équidistance du "justicialisme" et de l'autodéfense." Cela dit, en positif: -Le pape donne une belle définition du mystère d'iniquité: le mal "s’acharne contre les plus fragiles parce qu’ils sont images de Jésus." -Rappel opportun de la condamnation par Jésus de la pédophilie (Mt 18, 6-7). -Il énonce un principe (sachant que Tartufe aussi avait des principes, et le pape François est vraiment mal entouré): "La configuration des pasteurs au Christ bon pasteur est un droit imprescriptible du peuple de Dieu." -Une belle motion: "Le courant vivifiant de la vie mystique demeure invisible. Il est certain que les événements décisifs de l’histoire du monde ont été essentiellement influencés par des âmes dont rien n’est dit dans les livres d’histoire. Et quelles sont les âmes que nous devrons remercier pour les événements décisifs de notre vie personnelle, c’est une chose que nous saurons seulement le jour où tout ce qui est caché sera manifesté »."

Henri Hude, le visionnaire des Gilets jaunes

J'écris ceci à Henri Hude en réponse à un commentaire qu'il veut bien poster sur mon mur Facebook suite au partage d'un de ses articles. Cher Monsieur, Vous ne pouvez pas vous en souvenir, mais à ma stupéfaction, c'est vous qui m'avez demandé en ami il y a quelques mois, sans doute parce que vous aviez repéré que je parlais de vous sur la toile. Je suis donc d'autant plus honoré et heureux de pouvoir vous dire en direct le bien que j'en disais de manière impersonnelle. Surtout que ce bien prend une résonnance particulière dans les circonstances actuelles que traverse notre pays. Je ne connaissais pas votre œuvre. Je savais que vous étiez bergsonien, tout au plus. (Un bergsonien peut-il être conservateur? Je vous pose cette question incidente sans croire que vous le soyez). Vous m'avez furieusement intéressé le jour où je vous ai entendu conseiller aux bourgeois sociétaux de "La manif pour tous" de faire la jonction avec les mélenchoniistes et les petits entrepreneurs. C'était beaucoup plus intelligent que le "front des populismes" que Jacques sapir ou moi-même conseillions à Jean-Luc Mélenchon en prêchant dans le désert, car l'antifascisme d'avant-guerre du tribun de la gauche était allergique à une telle jonction et préféra d'ailleurs faire élire un libéral en la personne d'Emmanuel Macron, que de s'allier avec une présumée fasciste qui avait le même programme que lui, excepté sur son impensé à lui, l'immigration, qui était son abcès de fixation à elle. Votre conseil était également beaucoup plus intelligent que le front des religions qu'a voulu réaliser "La manifpour tous" au nom de l'anthropologie. Le front des religions a fait long feu, et je suis encore horrifié de la manière dont a été utilisée puis jetée une femme à la croisée de son histoire comme était Farida Belghoul. Votre convergence à vous a aujourd'hui un nom: les Gilets jaunes. C'est parce que personne n'a voulu la faire qu'elle a débouché motu populare sur ce mouvement qui, faute de leader ou par excès de spontanéisme, risque d'accoucher d'une souris politique, c'est bien dommage.