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mardi 30 octobre 2018

Ellsass unser Länder

"Réunifiée, l'Alsace va devenir la «collectivité européenne d'Alsace», titre le Figaro.
Ce qui se passe en Alsace aujourd'hui est en effet bien dans les manières de l'Union européenne. Quand on vote mal, l'Europe ou les gouvernements européens font revoter, ou on fait entrer par la fenêtre la décision que les électeurs ont refusé de faire entrer par la porte démocratique ou référendaire.
En 2013, nos élus du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et du Conseil régional d'Alsace ont voulu fusionner l'Alsace en une région mono-départementale, qui aurait été la seuele dans le genre, dans la France d'avant la fusion des régions. Je n'ai pas pu voter faute d'accompagnateur, mais une abstention valait un vote contre, car il y avait un chorum requis pour que la décision passe et non seulement ce chorum n'était pas atteint, mais la majorité des suffrages exprimés se prononçait pour le non. J'ai donc participé à la majorité des suffrages exprimés ou silencieux qui ont refusé que notre région se singularise une nouvelle fois. Personnellement et à l'époque, c'était la principale raison de mon opposition. Ce fut un camoufflet pour les élus alsaciens, qui croyaient l'emporter sans coup férir.
Comme ce référendum avait lieu le jour de la bénédiction de notre orgue de Sainte-Marie, je me souviens d'une réflexion que m'avait rapporté #SimonBollenot: "J'ai voté comme X (une ancienne), qui m'a dit qu'il fallait refuser, sinon le Bas-Rhin volerait l'argent du Haut-Rhin, mieux géré." Cette raison d'une ancienne a quelque chose d'avare et de cocace, mais est respectable et est sans doute plus fondé qu'on ne pense en le regardant de haut.
L'Alsace passe avec armes et bagages dans une grande région, le grand Est,  par la décision de  Hollande, qui n'avait pas fait de la grande réforme régionale une promesse électorale. Pour l'Alsace comme pour beaucoup de régions, la greffe est douloureuse. Du coup, la réforme visant à souligner l'unité de l'Alsace par la fusion en une seule collectivité territoriale reprend du sens et du poil de la bête. J'y suis toujours opposé, car je me suis rendu compte depuis de l'importance de la dimension de proximité de l'échelon départemental. Quoi qu'il en soit, la loyauté politique aurait exigé que ce qui a été refusé par référendum soit à nouveau proposé au référendum. Au lieu de cela, les élus en discutent autour du premier ministre Edouard Philippe et topent là. La décision est prise sur un coin de table, les élus alsaciens auront ce qu'ils voulaient avant la réforme régionale. l'Alsace deviendra une grande collectivité européenne mono-départementale insérée dans le grand Est et en France comme un Länder.
C'est pire que l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, pour lequel Nicolas Sarkozy avait prévenu pendant la campagne du procédé par lequel il entendait contourner le résultat négatif du référendum de 2005. Si on n'en voulait pas, il ne fallait pas voter pour lui. C'est une véritable trahison électorale, démocratique, référendaire, des Alsaciens par les élus alsaciens.

samedi 27 octobre 2018

Les racines analogiques


Hier soir, rediffusion sur « Radio Courtoisie » d’un intéressant dialogue entre l’abbé de Tanoüarn et Rémy Soulier, auteur de « racination », mot qu’il emprunte à Péguy. Curieux, de la part de ce philosophe de la reconstitution des apartenances, et de la présence à nos appartenances, de se complaire dans l’écriture fragmentaire et se déclarer partisan plus de la phrase que du livre et plus du mot que de la phrase, sans  aller jusqu’à adopter la religion du signe, dans la déperdition symbolique où l’ont plongée les philosophes de la déconstruction, alors que le vrai mouvement du poème est de chercher sa scansion dans l’expansion du vers jusqu’à la phrase infinie, en passant par l’aphorisme, qui définit le concept dans le passage au tamis poétique.

 

« La fonction de la modernité est paradoxalement de sécréter un goût pour la nostalgie, qui implique un retour possible, et un goût pour nos racines, qui ne nous intéressaient pas quand nous ne les avions pas perdues », parie, optimiste, l’abbé de tanoüarn, qui ajoute : « L’identité est revenue au goût du jour et s’impose à nous dans une telle crise, étant donné le mouvement de l’époque et des gens dans l’époque, que l’identité est élective. »

(Je préfère l’identité élective aux affinités électives, qui sont pour moi un pléonasme.)

« Pourvu que l’élection soit sérieuse », répond Rémy soulier.

Pour ma part, je crois à l’identité élective, à la nation matricielle et à l’adoption comme principal moteur de la naissance, c’est-à-dire que je crois qu’il est plus fondamental de renaître que de naître.

« Que faire en cas de double identité ? », interroge l’abbé de Tanoüarn.  Vous êtes un Aveyronais pur sucre, mais que vous serait-il arrivé si vous aviez eu un père aveyronais et une mère flamande ? »

- Maurras répond à gide qu’on choisit l’endroit où l’on veut, non pas être né ni mourir,  mais être enterré. On choisit sa sépulture. 

- Etes-vous adepte de la naissance naturelle ou de la naissance par adoption, où l’on se recréée, se reconnaît après être parfois né dans un endroit absurde de parents de rencontre ? 

- Il y a peu d’espoir pour ceux qui n’ont pas de rivage. 

- On peut pourtant retrouver sa patrie dans la littérature, j’aides amis qui ont vécu cela. »

Qu’on soit né  en faisant corps avec sa vie intra-utérine ou qu’on ait dû se reconnaître, l’important est toujours d’adopter sa matrice.

« Pour être présent au passé des appartenances, il faut avoir eu des absences », constate mélancoliquement Rémy Soulier.

Le paradoxe de l’enracinement, ai-je moi-même expérimenté,  est que le voyage déplace notre centre de gravité.

« Il faut se déprendre du fleuve qui nous prend et nous emporte loin de nous-mêmes », souhaite-t-il.

- Comment faire ?

-On ne peut pas, le courant est trop fort. À horizon humain, on ne retrouvera pas son rivage, mais on peut traverser le fleuve - la trraversée n’est pas si longue -, avec dans la tête la maison de ses rêves, qu’on se serafabriquée, bien plus idéale qu’un radeau de survie. « 

- En philosophie, deux principes se disputent l’adéquation de notre pensée : le principe d’identité et le principe de ressemblance, à l’origine de l’analogie », conclut l’abbé de Tanoüarn. Aux identités remarquablement numériques et statiques, je préfère la quête de mes racines analogiques, car ma matrice ne m’a pas été donnée en naissant, je l’ai adoptée en en prenant conscience.
 
Rémy Soulier : Racination, Pierre-Guillaume de Roux, Paris, 2018.
 

mercredi 17 octobre 2018

De Mélenchon perdant ses nerfs


 
Je m'en tiendrai à trois réflexions:

 

 

    La première es tun pas de côté. Le sacré est bien différent selon qu'on est en République ou en monarchie (je suis trop démocrate pour être en rien royaliste). Le sacré royal, c'est: "Le roi te touche, Dieu te guérit". Le sacré républicain, c'est d'être intouchable.

 

 

  

Jean-Luc Mélenchon est un caractériel, c'est un secret de polichinelle. Dès le lendemain de cette altercation, il disait à Jean-Jacques Bourdin, son vieux complice: "Vous allez vous calmer, Bourdin", ce qui fit se récrier ce journaliste célèbre pour ses interviews alternant questions de fond et "questions politiquement concrètes", mais surtout injonctions d'avoir à se prononcer sur le détail du jour ou de confirmer que l'on transgresse bel et bien le tabou supposé du moment, ou qu'on a bien dit ce que l'on vient d'entendre. Jean-Jacques Bourdin a remis Mélenchon à sa place sur cette affaire de calme. Auparavant il avait souffert aux moins trois interpellations du député par son nom sans que celui-ci soit précédé d'une civilité comme "Monsieur Bourdin", vocatifs méditerranéen sans sommation dont Mélenchon est coutumier, qui n'est plus en usage dans la République polissée, et que François Langlet ne toléra pas pour son compte, s'attirant la moue méprisante et virile de notre caractériel en chef.

 

Cet aspect de la personnalité de Mélenchon m'a retenu de voter pour lui: je ne voulais pas contribuer à mettre à la tête de l'Etat un président caractériel. Avec le recul, ç'aurait été beaucoup moins grave que d'avoir un président narcissique, inhumain, dépourvu d’empathie, machinal, numérique, robotique, domotique et domestique,  qui met en musique, après celle de la production organisée au XXème siècle, la taylorisation des consommateur, dont il est accessoire pour les multinationales qu'ils soient aussi des citoyens. Mélenchon, avec ses failles trop humaines et ses colères homériques, promettait de miser sur "l'humain d'abord". Ses failles humaines étaient d'une autre nature que la faille psychologique dont souffre Macron, ce narcissique susceptible qui ne cesse de dire "je veux" et "j'entends que", en enfreignant la constitution et nous plongeant explicitement dans l'omniprésidentialisme. Sur ce plan, malgré qu'il en ait et quelles que soient ses dénonciations du monarque républicain, le pouvoir mélenchoniste n'aurait pas étémoins personnel.

 

L'autre raison qui m'a fait renoncé à lui donner ma voix est qu'un jour, chez le même Bourdin, Mélenchon mit dix minutes à expliquer la vie à une chômeuse qui l'interrogeait sur sa situation précaire, pour finir par lui répondre qu'il ne pourrait rien pour elle, car le mal était structurel. Il ne pourrait rien pour elle et il lui expliquait doctement et vertement que sa question était stupide. Son futur mandat était mal parti.

 

 

Jean-Luc Mélenchon est un caractériel, mais... Mais comment réagiriez-vous si, pour une affaire qui tient aux attributions que chaque député conçoit pour son assistant parlementaire, lequel continue de travailler pour le député qu’il assiste quand il travaille pour son parti, sauf à exiger que le député cesse toute activité partisane pour la durée de son mandat; si, pour des comptes de campagne présumés  légèrement frauduleux, rigueur quireviendrait si on en faisait preuve, dixit Roland Dumas, à invalider rétroactivement toutes les élections présidentielles depuis celle du général De Gaulle en 1962, laquelle ne coûta que l'argent de l'ORTF; si, le jour d'un remaniement gouvernemental, on dépêchait chez vous et chez vos camarades une centaine de policiers et jusqu'au substitut du procureur de Paris pour vous voler, tant l'infraction dont on vous soupçonne est grave, tous vos fichiers et tous vos agendas, avec le risque, qui est loin d'être minime étant donné la collusion entre la magistrature et les médias, collusion qui met le secret de l'instruction en-dessous du secret des sources, et qui fait des magistrats qui le trahissent des informateurs de la presse; mais aussi étant donné la collusion entre le Parquet et le pouvoir qui le nomme et qui lui demande  légitimement de le représenter, et de requérir en fonction de la politique pénale qu'il a fixée, en lui adressant des instructions directes et plus ou moins secrètes dans les affaires les plus sensibles; avec le risque balzacien, et dont il est risible de voir des magistrats s'effaroucher qu'on le soupçonne, que tous ces fichiers et tous ces agendas soient épluchés et transmis, soit au pouvoir, soit à la presse, qui se feront un plaisir de les exploiter pour vous ternir, comment réagiriez-vous si vous étiez confronté à pareille avanie démocratique? Ne perdriez-vous pas votre sang-froid, ne "péteriez-vous pas les plombs"?

 

D'autant qu'il commence à y avoir un effet de masse: depuis que nous sommes tous Charlie, ce journal  tellement respectueux de ses concitoyens et dont il va néanmoins sans dire que les caricaturistes ne méritaient en aucun cas le sort qui leur a été infligé; mais plus encore depuis que François Hollande est venu libérer le pays de la dictature sarkozyste qu'on supposait héréditaire et impossible à jeter bas,  nous avons assisté en France, dans l’indifférence de Christophe Barbier, à la confiscation à François Fillon de l'élection présidentielle qu’il devait remporter (même si celui-ci avait préalablement suggéré à Jean-Pierre Jouyet de mettre Nicolas Sarkozy hors jeu, ce qui a peut-être donné une idée au secrétaire général de l'Elysée -le retour de l'hypothèse du cabinet noir-!) et au pillage des fichiers des principaux opposants au pouvoir macroniste, pillage de datas qui fut précédé, pour le Rassemblement national, d'une interdiction bancaire l'obligeant à emprunter des fonds en Russie pour financer une campagne française (on veut destituer Trump pour moins que ça), pression financière aggravée d'un rackett judiciaire privant ce parti, selon ses dires, de 50 % de sa trésorerie, le tout sur fond de propagande irrationnelle et insensée pour le pouvoir en place, laissé  complaisamment tranquille sur ses propres affaires. Compte tenu de cet effet de masse, Mélenchon n'a-t-il pas bien fait de s'indigner et de jouer les fiers à bras?

mardi 16 octobre 2018

LA MACRON-SALOPERIE DU JOUR


Non, ce n’est pas le remaniement, qui n’est que la poursuite à l’infini de la stratégie du Guépard par le pseudo-nouveau-monde – « Il faut que tout change pour que rien ne change » -, mais la perquisition chez Jean-Luc Mélenchon au petit matin de ce remaniement qui met en binôme du ministre politique de l’Intérieur le chef anti-gang de la sécurité intérieure et, dans cette perquisition, non pas, à la limite, la visite au domicile de ce force-né de la brigade financière (qui n’est pas la mondaine) à l’heure du laitier et des constats d’adultère,  mais la saisie des ordinateurs, des échanges, des agendas et de tous les leaks  d’un opposant politique qui a pignon sur rue parlementaire, lequel est pourtant censé soutenir tous les dictateurs latinos du Nouveau Monde bolivvvarien ; saisie scandaleuse après que non seulement la même saisie ait été faite au parti du pôle opposé des oppositions, le Rassemblement national, mais que les banques où Macron compte un beau carnet d’adresse aient coupé les vivres à ce parti ; après enfin que la justice, qui se rengorge en assurant que les partis politiques doivent s’habituer à ce qu’il n’y ait plus d’immunité parlementaire, ait confisqué la dernière élection présidentielle en mettant François Fillon en examen, pour qui il va sans dire que je n’aurais jamais voté,mais c’était une affaire de loyauté que de le laisser concourir sans lui savonner la planche.

 

Honte à Hollande et à son successeur, à Hollande qui s’est servi de Valls comme petite main pour concocter un patriot act à la française au lendemain de Charlie, et à son successeur Macron qui, désigné par un hold-up électoral,  se sert des llois martiales vallsiennes pour fouler aux pieds de plus belle les libertés individuelles, lui-même jouissant d’uneinsolente impunité, lui et son gouvernement, même remanié, de présumés violeurs et voleurs, nageant dans la vaseline Mathieu Gallet-Benallasienne et plongés dans la vase des conflits d’intérêt !

 

Est-ce le chant du coq du totalitarisme jupitérien qui tonne sans faire de bruit ? Car comme disent les paranoïaques, ce n’est pas parce qu’il existe un complexe de persécution qu’il n’y a pas de persécuteurs.

Quand François Ruffin et Médiapart nous permettent de parler intelligemment du handicap et de l'école inclusive


Adalie :

 

« Nos gouvernants ont décidé l'inclusion avec AESH parfois pour pouvoir fermer les structures trop chères à leur goût. Ils réduisent des enfants très fragiles à "subir" l'école, une collectivité qui leur met une pression bien trop lourde quand ils auraient besoin d'être rassurés, entourés et protégés. Total de l'opération, on ne compte plus dans les classes, le nombre d'élèves complètement ingérables, en grande souffrance qui violentent leurs camarades, leurs AESH (quand ils en ont), leurs enseignants. Les classes sont survoltées et les apprentissages ont lieu entre deux crises pour les élèves inquiets, angoissés qui se demandent quand la prochaine violence interviendra. Tout le monde souffre, les parents des autres enfants sont dans l'incompréhension la plus totale mais on maintient le cap, on étouffe les drames humains sous quelques "éléments de langage" pour une pure raison ECONOMIQUE.

La dernière trouvaille réside dans l'inclusion de cellules IME ou ITEP au sein d'écoles ou de collèges... pour progressivement, dans quelques mois ou années, retirer le dispositif et laisser les enfants dans les écoles, sans soin, sans soutien avec des enseignants légitimement dépassés ! Quant aux AESH, mal payé.e.s, mal formé.e.s, ils et elles sont la variable d'ajustement d'un système qui maltraite enfants comme adultes. Ils et elles sont maintenu.e.s dans un une précarité douloureuse pour mieux les envoyer balader chaque fois que le ministère décide de serrer encore un peu plus les cordons de la bourse.

Voilà pourquoi les députés de sa majesté Macron (mais les autres avaient déjà bien préparé le terrain ) ne veulent SURTOUT pas en débattre ! Ils mentent à tous le monde :

- en faisant croire aux parents d'enfants handicapés que l'école ordinaire est un droit et que leurs enfants apprendront aussi bien à 25 ou 28 élèves qu'à 5 dans une classe protégée d'un établissement spécialisé ;

- en fustigeant dans les médias les enseignants qui font mal leur travail si ces élèves fragiles explosent dans les classes ou  en pointant du doigt la faiblesse globale des acquis des élèves . On ne mesure pas les temps de non-apprentissage , la perte de concentration liée au parasitage  de l'attention dans une classe où quelques élèves souffrent et font souffrir les autres ;

- en maintenant les AESH, payé.e.s une misère, sur un fil qui peut casser à tout moment.

Pourquoi ces députés, ministres ou président discuteraient-ils publiquement d'un projet rampant qui cherche uniquement à faire des économies au détriment de TOUS les élèves ?

Les enseignants font un burn-out, les le concours de recrutement des professeurs ne fait plus le plein, les écoles privées se frottent les mains puisqu'elles récupèrent pas mal d'enfants qui fuient les écoles publiques et refusent les enfants qui les dérangent. Le système est bien rodé et nous conduit tout droit vers une école à deux vitesses. Le système anglo-saxon : tu paies et tu peux apprendre, tu ne paies pas et tu apprendras peut-être ! C'est ce qu'ils appellent la réduction des inégalités sans doute !

Et je crains fort que ce ne soit pas fini : il est question de réduire le nombre d'AESH qui "seraient illégitimement" trop nombreuses... »

 

Adalie, votre commentaire est remarquable, et je regrette que le lien qui me permettrait d'y répondre directement soit toujours inactif sur mon ordinateur et sur le site de Médiapart avec mon lecteur d'écran, ce qui vous indique que je suis déficient visuel, comme on dit en langue périphrastique, la même qui a fini par inventer de rallonger l'adjectif "handicapés" en (personne) "en situation de handicap" et qui a donné l'écriture inclusive que vous semblez affectionner, mais c'est bien le seul défaut de votre analyse.

 

Ce préliminaire linguistique n'est pas indifférent. Depuis 2005, l'approche sociale de la question du handicap ne met plus l'accent sur la déficience, mais sur des déficits de situation créés par la déficience. En pratique, cela produit une logique inclusive, quel qu'en soit le coût humain, alors qu'une approche qui reconnaîtrait l'existence de la déficience conduirait à envisager une scolarité à la carte pour l'enfant, quelquefois dans le milieu ordinaire et quelquefois dans le milieu spécialisé, avec des passages de l'un à l'autre si les prérequis de la compensation du handicap sont acquis.

 

La logique inclusive n'est pas démagogique dans son principe, mais des démagogues s'en sont emparés pour faire croire aux personnes handicapées et à leurs familles que ce sont des personnes comme les autres, à une différence près (d’où le langage différencialiste), mais cette différence est méliorative alors qu’en réalité, elle est handicapante, elle réduit la mobilité physique, mentale ou sociale, elle est un stigmate, pour employer le langage d’Herving Goffman.

 

Cette confiscation démagogique d’une revendication d’autonomie légitime aboutit à ce discours tenu implicitement par le pouvoir : si je suis comme les autres, je dois travailler comme tout le monde, donc l’Etat crée une loi pour obliger les entreprises à m'employer, sauf que, comme je ne suis pas rentable, les entreprises qui cherchent la rentabilité préfèrent payer une amende que de m'employer. Mais puisque je suis susceptible d'être salarié, on ne me servira que des allocations compensatoires et non pasun revenu minimum.

 

Si je suis comme les autres quand je suis un enfant, l'école obligatoire doit m'accueillir et me faire une place, même si les troubles dont je souffre affectent la classe et si le comportement de la classe à mon égard me fait souffrir.

 

Les instituts spécialisés étaient des cocons protecteurs destinés à me donner les ressources  nécessaires à entrer  dans le sas de la vie ordinaire. Ils n'ont pas tout réussi. En 1990, on estimait à un sur dix le nombre d'élèves sortis de l'INJA (institut national des jeunes aveugles) qui s'étaient bien intégrés dans la société. Qu'en sera-t-il quand on fera le bilan du "tout inclusif" ?

 

En plus de ce que vous avez mentionné, on peut déjà en observer deux conséquences notoires, relativement universelles :

 

- Les enfants handicapés font une double journée : dans la première, ils doivent acquérir les apprentissages de tout le monde et dans la seconde, ils doivent acquérir les apprentissages nécessités par leur infirmité - j'emploie à dessein ce mot désuet -. Cette double journée se déroule dans un contexte d'inversion pédagogique, puisque l'enfant devrait d'abord maîtriser les techniques qui lui permetttraient ensuite de suivre avec un certain confort d’apprentissage l'enseignement commun à tous. Cette double journée augmente en outre la fatigabilité d'enfants que leur fragilité fatigue déjà. Elle est donc absurde à tous les points de vue. 

 

- Mais il y a plus grave. Étant donné que l’enseignement spécialisé pare au plus pressé, beaucoup d’élèves n’auront pas accès à des techniques aussi indispensables que la locomotion, d’autant que de laisser leur enfant se déplacer seul fait peur à beaucoup de parents. Je suis personnellement en contact avec un lycéen que la canne blanche rebute et qui ne sort jamais seul, bien qu’il soit intégré dans une classe ordinaire depuis son plus jeune âge. À ce déficit de connaissances des techniques palliatives par les élèves, s’ajoute le manque de formation des professionnels (qui n’affecte pas seulement les auxiliaires de vie scolaire) : un enseignant spécialisé pour élèves déficients visuels n’est plus tenu de connaître le Braille s’il n’est pas professeur des écoles.

 

L’enseignement spécialisé ne sera bientôt plus, le modèle inclusif ferme toutes les écoles. C’est autant d’économisé pour la sécurité sociale puisque tout son personnel était rattaché au ministère de la santé et ne dépendait pas de celui de l’éducation nationale. On est passé d’un extrême à l’autre.  La représentation collective du handicap était dans le tout curatif, elle est aujourd’hui dans le tout éducatif. Il faut prévenir, élever  et guérir. Mais tout cela coûte cher. Pourtant la radicalité du handicap devrait mettre la société en face du mystère de l’essentielle gratuité humaine.

 

En attendant et pour parfaire le bilan du « tout inclusif » censé scolariser tous les enfants, un de mes amis travaillant dans la « rééducation » spécialisée dans mon département, a avancé devant moi le chiffre de soixante-quinze enfants déficients visuels ne bénéficiant d’aucun suivis par un service spécialisé faute de moyens.  Jusqu’à quand tolérera-t-on le scandale de la scolarisation des enfants handicapés dans de telles conditions ?

 

Je me sens souvent bien seul à tenir ce discours. J’ai l’impression, chère Adalie,  que vous en produisez quelques échos et je vous ensuis reconnaissant.

vendredi 12 octobre 2018

La macronnerie du jour


Ce matin, Balkani est étrillé parce qu’il a fait augmenter son indemnité de maire pour compenser la perte de son mandat de député. Je ne vois pas pourquoi on reproche à Balkani ce que Valls a fait en pire et bien avant lui : ne pouvant plus être maire d’Evry par cumul d’une fonction gouvernemental, il était la personne la mieux payée de sa ville, bien que simple conseiller municipal. Ce scandale a été révélé par Philippe Pascot. Il suffirait, pour assainir la démocratie, que les salaires des maires soient écrétés selon une grille tenant compte de la taille de lacommune. De même que, pour fluidifier l’accès au service électif de la commune et de l’Etat et faciliter le renouvellement des visages en évitant les parachutages, il suffirait de revenir à une règle toute simple que j’ai apprise quand je prenais des cours d’instruction civique en cinquième : ne devraient pouvoir se présenter à un scrutin municipal que des personnes domiciliées dans la commune depuis un certain temps. Et pour éviter l’aberration d’un Chirac pouvant être à la fois maire de Paris et député de Corrèse, il faudrait interdire qu’on soit élu à la fois dans la circonscription de sa résidence principale et dans celle de sa résidence secondaire. Mais des réformes si simples, la République en marche se garde bien de les proposer.

 

Quant à la macronnerie du jour, le prodige de la Providence d’Amiens soutient, pour succéder à abdou Diouf et à Boutros Boutros-Ghali, la candidature d’une ministre des affaires étrangères rwandaises, pays qui a renoncé depuis 2009, au profit de l’Anglais,  à ce que le Français soit sa langue de référence (mais Macron parle le Français comme un start-uppeur ou comme un bœuf anglais), et pays qui accuse la France d’être à l’origine du génocide qui a décimé 4 millions de ses membres, alors que le principal responsable de ce génocide semble  être le président Kagame, qui jouit d’une impunité de vainqueur et avec qui Macron entretient les meilleures relations du monde, comme si on ne pouvait succéder à la politique néo-coloniale de la France-Afrique et de François Hollande qu’en favorisant des potentatts massacreurs de leur peuple et régnant depuis vingt-cinnq ans. Jean-Yves Le Gallou a raison, Macron est « le président des autres » et en lui, cet amour du prochain ne va pas sans haine de soi ou des siens. Car Macron partage avec Paul Kagame la haine de son peuple.