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lundi 22 avril 2024

Le prêtre, cet homme précaire




Posté au pied de l'article de René Poujol intitulé: "Faut-il encore prier pour les vocations" et disponible ici:


1. La remarque de Dominique Bargiarelli ("à quoi donc ça peut servir de prier car enfin on prie pour la paix ou les uns pour les autres" et ça ne marche pas) se voudrait polémique, mais pose une vraie question.

À quoi sert de prier pour la paix à Jérusalem en disant qu'elle est déjà advenue alors qu'on ne voit que trop clairement qu'il n'en est rien et que la prière a seulement un effet performatif?

La réponse du jésuite à René étudiant ne me satisfait pas: "ça ne sert à rien et c'est justement pour ça qu'il faut le faire." C'est un peu comme un prof à qui son élève demanderait à quoi servent les maths ou la grammaire et qui lui ferait pareille réponse démotivante que celle d'un de mes profs de maths quand on se plaignait de ne pas comprendre ses explications: "Il n'y a rien à comprendre, il y a à apprendre." "Mon enfant, la grammaire et les mathématiques servent à structurer ton esprit", voilà un début de réponse. De même, le parent qui dit à son enfant: "tu comprendras plus tard" lui dit une vérité au risque de l'humilier.

J'écris depuis un monastère de la Drôme. "À quoi sert la liturgie des heures?" "À faire que la vie des moniales soit régulière et selon l'ordre." La dernière fois que j'étais ici, lamie que je suis venue voir était malade. Les soeurs ont continué de prier comme si de rien n'était. Moi qui étais très sceptique de voir mon amie embrasser la vocation religieuse, je croyais pourtant l'entendre dans le choeur. Je me disais: "Elle a trouvé sa voix", avant d'apprendre qu'elle venait justement de faire un malaise vagal. Pourquoi les soeurs continuaient-elles de chanter comme si de rien n'était et de dérouler la liturgie, cette "action du peuple", dont "the show must go on", pour informer les esprits qui constituent l'Église.

"The show must go on". Les Grecs aussi se récitaient leur double épopée homérique et ainsi des Romains qui, quelle qu'épreuve qu'ils traversent, étaient persuadés qu'ils étaient promis à une "happy end". comme nous, avec la Résurrection du Christ, dont une conversation avec un retraitant intéressé par le bouddhisme nous a fait formuler qu'elle nous fait vivre dans l'espérance bien plus qu'elle ne relève d'une foi à strictement parler. Tant mieux si je crois que le Christ est ressuscité, mais la foi n'est pas de l'ordre de la certitude, tandis qu'il y a une "Certitude de l'espérance" (André Wartelle, André Berthier) qui me fait "m'emparer de la force de la Résurrection du christ" (François Durwell) pour traverser les ravins de la mort en moi et aimer la vie en remerciant Dieu de me l'avoir donnée et même rendue en Son fils.

À quoi sert de prier? À se rejoindre au point d'intercession. Le point d'intercession "est le point d'intersection où se rejoignent tous les êtres", car "c'est dans le silence que les coeurs se causent."

À quoi sert de prier? À s'épuiser ou bien à épouser les combats inconnus que se livrent nos frères quand ils luttent contre eux-mêmes, pour guérir, pour porter secours ou pour le bien d'eux-mêmes ou de quelqu'autre qu'ils portent en leur coeur?

Et le prêtre n'est-il pas une figure du même type?

On veut abolir la fonction, mais on ne parle que boutique.

On veut abolir la fonction sous prétexte que le baptême en donnerait la dignité ou les prérogatives. Peut-être, mais il ne le fait pas de façon suffisamment significative.

Le prêtre est significativement "mis à part" pour produire du sacré, et le sacré est une séparation. Le sacrement n'est pas un signe, il touche au symbolique et au magique, n'en déplaise à ceux qui voudraient mettre de l'uniformité dans tout. Le sacré n'est pas signifiant ni significatif, il est symbolique et magique. J'ose cette provocation au pied d'un billet sur la vocation.

Le contresens de l'Église sur la vocation est de l'avoir ramenée à des états de vie. Une vocation est beaucoup plus qu'un état de vie, c'est le sens d'une vie en même temps que c'est l'expression la plus singulière et la plus aboutie de la personne. Plutôt que de limiter la vocation à quelques états de vie, l'Église devrait mettre un point d'honneur à permettre à chacun de trouver sa vocation.

Mais on préfère se rabattre sur le fonctionnalisme, qui pour ne plus vouloir prier pour que Dieu nous donne de saints prêtre parce qu'il y aurait plusieurs manières d'être moissonneurs; qui pour vouloir pérenniser le modèle périmé d'un "Deus ex machina" de sa petite église autocéphale ayant barre sur tout, pilotant des projets pastoraux et se comportant en chef d'entreprise au lieu de se consacrer (sic) à la cure d'âme. Les prêtres administrent les sacrements comme ils administrent la machine Eglise. La fonction paraît enviable.

On peut aimer ou non les traditionalistes. Ils ont raison quand ils limitent l'infaillibilité pontificale lorsque le vicaire du Christ s'exprime ex cathedra sur un dogme de foi. Le canon de l'Eglise ajoute "sur les moeurs" et je ne comprends pas. Notre pape anticlérical François fait dire à son préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, lis-je ce jour dans "la Croix", qu'il n'aime pas cette limitation de l'infaillibilité pontificale, comme si le pape n'était pas assisté par l'Esprit dans le gouvernement ordinaire de l'Église. Quelle est la posture la plus cléricale?

Le prêtre n'est pas un "alter Christus" et il n'agit "in persona Christi" que quand il produit du sacré, du symbolique, du magique, du mystérieux, du miraculeux.

Un mot sur la sociologie du clergé. Pourquoi favorise-t-on l'éclosion des vocations bourgeoises ou des fils de"rois nègres" quand jamais on ne voudrait d'un pauvre ayant eu l'expérience de la rue qui se mettrait au service de ses frères? Mgr Rouet cité dans ce billet voulut faciliter l'éclosion d'une telle vocation au sacerdoce d'un homme fragile. On l'en a empêché.

Enfin à quoi sert un prêtre? À faire écran entre nous et nos péchés quand nous nous présentons devant Dieu. C'est à peu près ce que dit l'épître aux Hébreux quand elle parle du Christ, unique grand prêtre, que le sacerdoce baptismal et (si Philippe Jorand y tient), le "ministère sacerdotal" ne font que refléter. Il faut donc des prêtres pour les pécheurs et des prêtres qui supportent les pécheurs, mais non pas des prêtres pécheurs, abuseurs qui , en se moulant dans la pâte humaine, relativisent le péché. Il faut des prêtres pour les pécheurs, mais non pas des prêtres pécheurs. Certes, tous les baptisés ont la vocation d'être de tels prêtres. Mais est-ce à la portée du premier venu, qu'il ait ou non reçu l'onction du baptême? Pas de moi certainement, qui suis "un cloaque d'impureté".

Et qu'est-ce qu'un prophète? C'est un homme qui impulse et qui redresse.

Comment un prêtre qui s'éloigne du péché et un prophète qui le redresse en impulsant une autre dynamique font-ils pour devenir roi, dans l'acception à la fois joyeuse, valorisante, ambitieuse et ministérielle de ce terme? Ce mystère est trop grand pour moi, que mon frère accuse de me percevoir comme un "roi symbolique". 

mercredi 17 avril 2024

Une société sans échappatoire?

"Dans les années 30, le tabac augmente", chantait Michel Sardoux qui faisait de cette augmentation du prix du tabac un des ingrédients de la crise de 1929.

Dans notre époque de sinistrose, nous avons des préoccupations plus hygiénistes. Toutes ne sont pas à jeter aux orties.

J'entends dire à l'instant que la Chambre des Communes du Royaume-Uni s'apprête à adopter une loi pour une "génération sans tabac" revenant à interdire à vie aux personnes nées après 2009 de pouvoir acheter du tabac.

Je n'imagine pas que les interdictions à vie soient très efficaces ni ne puissent entraîner une prohibition totale du tabac qui, sous sa forme cigarette, n'apporte rien de bon à l'organisme que du goudron et des compléments addictogènes.

Mais là où la démarche britannique me paraît plus intelligente que l'aveugle politique d'intimidation française, c'est qu'elle cible une génération pour l'empêcher de tomber dans l'addiction.

Une variante française pourrait être, au lieu d'augmenter le tabac pour toutes les générations sans distinction, de le rendre quasiment inaccessible à la génération de ceux qui ont quatorze ou quinze ans à travers des prix prohibitifs.

Mais on préfère pratiquer une augmentation indiscriminée pour les tabaco-dépendants comme pour ceux qui ne souffrent pas encore de dépendance tabagique.

Reste à savoir, comme le relevait tout à l'heure #OlivierTruchot sur #RMC, si l'injonction paradoxale ne consistera pas à interdire le tabac pour permettre l'usage du canabis.

Les addictologues prétendent qu'on ne doit jamais remplacer une dépendance par une autre. Sans doute est-ce vrai dans un monde idéal. Je crois que c'était #WilliamLovenstein qui aimait populariser l'adage selon lequel il n'y a pas de société sans drogue. J'ajouterais que s'il y a une poésie sans drogue, il n'y a en effet pas de société sans drogue. Il y a la pipe à eau et le narguillé dans les sociétés musulmanes dépourvues de tabac ou d'alcool. Et à supposer qu'une société sans drogue soit possible ou même désirable, je ne crois pas qu'il puisse y avoir de société sans échappatoire. 

lundi 15 avril 2024

Un drone dans le désert

Tout le monde s'accorde à dire que la diplomatie persane est une diplomatie intelligente rompue par 2500 ans d'expérience du pays zoroastrien devenu malheureusement une République islamique.

Quel est l'intérêt de l'Iran d'envoyer des drones sur Israël, question d'autant moins complotiste que l'Iran assume et revendique son geste en assurant qu'il a été "plein de retenue"?

Un geste à la façon des massacres du Hamas qui va faire plus de mal que de bien aux populations que l'Etat et l'organisation islamique sont censés défendre, car les experts de plateau ont beau nous persuader du contraire, il est évident que la riposte disproportionnée d'Israël va encore frapper.

Pour la bonne bouche, l'Etat persan etpost-zoroastrien est un meilleur ami des Palestiniens que les Etats arabes qui passent leur temps à exciter "la rue arabe" à propos de ce conflit sans jamais rien faire pour la reconnaissance de la Palestine.

Et pour la bouche amère, les Etats-Unis ont prévenu Israël de l'offensive iranienne. Ils ont prévenu la Russie de Poutine qu'un attentat islamique s'organisait contre elle à Moscou en mode Bataclan. Et ils ont prévenu les personnes de confessionjuive de ne pas se trouver dans le Wall trade Center, assuraient les contestataires de la "version officielle" des attentats du 11 septembre, mais là, ça glisse.

Pour moi, il était impossible que la "version officielle" soit fausse, car un Etat voulait nécessairement le bien de ses civils. En l'occurrence, quel bien l'Iran entend-elle retirer de l'envoi de ces drones contre des cibles non civiles israéliennes? Je cherche à comprendre. 

samedi 13 avril 2024

Jean-Pierre brouillaud, un globe-trotteur aveugle, voire plus si spiritualité

C'était avant-hier soir. J'y étais. À la 

    librairie 47° Nord à Mulhouse. 


Langue des signes: je suis invité à cette 

    conférence par mon amie EvelyneLamon, présidente du Raph 68, fédération d'associations et d'établissements liés au monde du handicap dans le Haut-Rhin, à l'origine de la plateforme "Handiconsulte", qui permettra de pallier s'il se peut la défaillance médicale et le moins-disant de soins que subissent les personnes "en situation de handicap" (que j'aime cette périphrase!). 


Handicap. Le premier dispositif Handiconsult du Grand Est à Mulhouse (lalsace.fr)


J'invite mon copain David au titre de la 

    retape, sans savoir ce qu'il pouvait penser de cet écrivain qu'il n'avait 

    probablement pas lu, comme moi. 


Miracle de la "langue des signes": il 

    vient de lire ses deux livres récemment rendus accessibles sur la 

    bibliothèque Eole des livres audio. 


Je m'étais comporté vis-à-vis de David 

    comme un "agent du hasard". Mais le hasard n'existe pas.


Commençons par parler de 

    l'auteur.


Qui est-il? 

    Pirouette: "Si j'étais une femme, je me draguerais; si j'étais aveugle, je m'appellerais Brouillard; si j'étais écrivain, je m'appellerais Brouillon; mais comme je suis un peu les quatre, je m'appelle Brouillaud".


Où peut-on le découvrir?


https://www.youtube.com/channel/UCe_Beg7gSXE-HtqNUEFP_iA


Il a publié trois 

    ouvrages:


Géographie mon 

    amour (c'est son opus le plus récent)


https://l-illusion-du-handicap.com/2023/02/geographie-mon-amour-une-poetique-du-voyage.html


https://www.babelio.com/livres/Brouillaud-II-Aller-voir-ailleurs--Dans-les-pas-dun-voyageur-/794903


https://www.amazon.fr/Voyages-coq-l%C3%A2me-Par-del%C3%A0-visible/dp/2919513222


Mais il met aussi en scène et en vidéo ses 

    poèmes et ce que j'ose à son insu appeler des "carnets démentiels", en 

    mémoire de mon ami de plume, Yann Guirec, qui, comme lui, écrivait ses impressions sur 

    une tablette de poche et du papier journal quand il "dépeçait" dans une 

    chambre d'hôtel une "fille de joie" qui n'a jamais été "de petite vertu". 

    Jean-Pierre Brouillaud envoyait deci delà ses impressions à des amis qui les 

    ont conservées, ce qui nous vaut son dernier opus.


Moi, les voyages, ça ne 

    m'intéresse pas plus que ça, je les fais "Autour de ma chambre", comme 

    Xavier de Maistre, le frère aveugle du grand Joseph. Je l'ai dit au 

    conférencier. Pourtant nous nous sommes immédiatement plu et reconnus, je 

    crois. Moins que n'ont été séduit, dans un coup de foudre intellectuel et 

    spirituel immédiats, d'abord mon ami David, autre voyageur aveugle solitaire qui se 

    prend parfois à regretter de "faire du tourisme" et de ne pas avoir 

    l'audace de la "belle étoile" (mais poser une comparaison, c'est vouloir 

    résoudre une équation). 


Mais le plus foudroyé est sans doute Renaud Obino, 

    directeur adjoint de l'institut pour déficients sensoriel et dysphasiques le 

    Phare à Illzach. C'est lui qui a convaincu Evelyne Lamon, d'inviter notre auteur. L'événement s'est 

    concrétisé près de trois ans après que Renaud Obino ait émis le souhait d'organiser une rencontre 

    autour de Jean-Pierre Brouillaud. 


Le directeur adjoint du Phare et le collaborateur du Raph68, Elvis Cordier, ont fait chorus pour poser à l'auteur des 

    questions plus intelligentes les unes que les autres, dont la question 

    "incipit", que l'auteur refusait de se voir soumettre. Ne me demandez 

    pas ce qu'elle était, mais elle nous a immédiatement emmenés dans le voyage 

    intérieur.


Je n'étais pas 

    en reste. Jean-Pierre trouvait qu'on devait faire pièce au mot de "handicap" 

    pour lui substituer celui de "différent". Je ne suis pas contre. Mais j'ai 

    rappelé que l'ANPEA (association nationale des parents d'enfants aveugles) 

    avait également préconisé cela au plan national. Tout en éditant une revue 

    qui s'appelait "Comme les autres" sans voir l'oxymore. 


Selon moi, le droit à la différence masque une 

    indifférence au droit des autres, mais ça n'engage que 

    moi.


Que nous a dit 

    Jean-Pierre? Qu'il ne s'est pas rendu compte qu'il était devenu aveugle, 

    jusqu'au jour où, après un premier passage en école spécialisée d'où on 

    l'exfiltre pour "réunion en baisodrome", il "atterrit" à l'Institution 

    nationale des jeunes aveugles (INJA). Là, ce sont les élèves qui se servent 

    eux-mêmes à la cantine. Partout ailleurs on le servait, et on masquait ainsi 

    son passage de l'autonomie à l'infirmité. Un gars veut lui servir sa soupe: 

    "Puisque tu es miraud, je te sers." Il aurait pu lui tendre son assiette, il 

    lui a tendu son poing pour le lui mettre dans sa gueule, car c'est une 

    révélation qu'il lui fait. 




Jean-Pierre ne savait pas nommer sa cécité. Moi non plus. J'ai appris vers mes trois ans que j'étais aveugle, quand on refusa de faire droit à ma réponse affirmative à la question: "Tu vois?" J'en ressortis vexé, car j'avais l'impression de parfaitement comprendre à quoi se référaient ceux qui voulaient me montrer quelque chose, raison pour laquelle je répondais "oui" à la question "tu vois". 


Jean-Pierre  refuse cette révélation, il se cabre, il se braque, 

    il casse tout, et il fera une énième fugue pour aller dépasser ça avec les 

    hippys dans le vaste monde, au début en revendiquant une sorte de 

    marginalité, jusqu'au jour où il découvre...


qu'il est tout, que tout est lui, qu'il est 

    un dans la conscience universelle. Que celui qui refuse la différence refuse 

    l'autre en lui-même et donc se refuse à lui-même. Même si des fachos sont 

    venus un jour demander à cet homme aux cheveux longs issu de la beat 

    generation: "Qu'est-ce que tu penses d'Hitler?" "Rien, mais c'est 

    une honte pour l'humanité" et ils lui ont "niqué" son deuxième oeil!" Bravo, 

    les gars!


La révélation de 

    cette conscience unitive lui est arrivée une fois, et puis elle s'est 

    retirée, un peu comme le Dieu des transports peut devenir assez rapidement 

    le Dieu des sécheresses. Des va-et-vient qui sont aussi ceux du pénis ou de 

    la vulve. Ceux de l'avant et de l'après l'amour. L'amour n'est-il pas une 

    mystique? 


"Lorsque vos 

    yeux regardent, vous ne regardez pas avec vos yeux, car vous ne faites pas 

    attention à vos yeux qui regardent, donc vous faites attention à votre 

    attention, et c'est avec votre attention que vous regardez." ON dirait du 

    Simone Weil. 

Variante 

    personnelle d'hypermnésique: la mémoire n'est pas une qualité d'affection, 

    mais seulement une tension d'attention.

Pour Jean-Pierre, "la mémoire est un palais 

    déformant."Pour moi aussi.


Le reste, je 

    vous le laisse découvrir auprès de Jean-Pierre, sur ses blogs, sa chaîne YouTube, 

    dans ses livres et ses spectacles. Merci à lui pour sa 

tant de  générosité! 

jeudi 4 avril 2024

La sainte Russie de Dostoïevski et le nihilisme européen

La sainte Russie du conservateur Dostoïevski contre le nihilisme européen.

Péroraison du réquisitoire d'Hypolite Kyrilovitch au procès de Dimitri Karamazov: "Ne faites donc pas souffrir la Russie et son attente. Notre troïka fatale court peut-être bien au grand galop au-devant de sa perte et depuis longtemps, dans toute la Russie, il y a des hommes qui tendent les bras [les progressistes] et en appellent à arrêter ce galop frénétique, impitoyable. Et si, pour le moment encore, les autres peuples s'écartent devant notre troïka lancée à toute bride, peut-être n'est-ce pas du tout par respect envers elle comme le voulait le poète, mais seulement par effroi, cela remarquez-le. Par effroi, et peut-être par dégoût à son égard, et c'est encore bien s'ils s'écartent, parce qu'ils sont bien capables, allez savoir, de ne plus s'écarter, mais de se dresser comme un mur infranchissable devant cette vision au grand galop, et ce sont eux qui arrêteront la course folle de notre portement pour se sauver eux-mêmes. Eux-mêmes, et la culture, et la civilisation. Ces voix inquiètes de l'Europe, nous les avons déjà entendues, elles commencent déjà à s'élever. Ne succombez pas à leur tentation. N'accumulez pas leur haine grandissante par un verdict qui justifierait le meurtre du père par son propre fils." Autrement dit: "ne cédez pas à leur clémence moins romaine que faustienne. Bientôt elle décrétera la mort de Dieu. Restez conservateurs."

Sur ce, Dostoïevski invente de procéder à un micro-trottoir narratif pour enregistrer les réactions des auditeurs à ce réquisitoire fiévreux qui a néanmoins réussi à "[finir] sur une pathétique.""La Troïka, tiens, vous vous souvenez. Là-bas, ils ont des Hamlet, nous, pour l'instant, nous n'avons encore que des Karamazov", des Karamazov qui "ne vivent que du moment présent", comme les Européens d'aujourd'hui qui s'imaginent être devenus bouddhistes parce qu'ils reprennent leur souffle dans le moment présent pour méditer, et soutirent de ce moment présent de quoi se soutirer de leur angoisse. Or les Karamazov en vivent frénétiquement, quand les Hamlet restent capables de se demander "ce qu'il en sera là-bas", quand bien même ils imagineraient, comme l'Aurélie (et non l'Ophélie) des "Années d'apprentissage", que l'issue est dans le coup de poignard ou comme Dimitri arrivé à un certain point de sa trajectoire, que l'issue aux terreurs de sa conscience criminelle, pour lui "qui a tué son âme", "est dans le pistolet", pour se délivrer maintenant, mais après? Le "Hamlet de là-bas" a engendré les parlementaires anglais qui calculent.

"C'est au libéralisme qu'il [le procureur] faisait du pied." Faisait du pied ou faisait les pieds? "Nous tiens, on va fermer Kronstadt et on leur livre plus notre blé. Où est-ce qu'ils le prendront?
-Mais en Amérique. Maintenant, c'est l'Amérique.
-Mon oeil!"

La voix de Dostoïevski fait encore vibrer les jeunes Russes, même les plus dissidents. Je sais une jeune femme qui regrette que Poutine fasse perdre du temps à son pays pour qu'éclose "l'âme russe" en dehors de toute violence inconsidérée. Elle hait la guerre en Ukraine, mais vibre à Dostoïevski, quand nos matérialistes attermoient devant l'inflation qui nous sanctionne plus que nos sanctions ne sanctionnent la Russie, car nous nous montrons incapables, ne fût-ce que de voler leurs avoirs pour ne pas entrer nous-mêmes en économie de guerre.

Marx disait avec mépris que le dernier pays où mettre en application son système était la Russie. Pourtant, bien avant Marx et extérieurement à la course des Russes les plus méprisés par Dostoïevski au libéralisme européen, c'est en Russie que naissait le socialisme le plus idéaliste. Socialiste gâché deux fois au moins: par l'assassinat du tsar Alexandre II qui, si le scénario du film "Katia" rediffusé dimanche dernier dit vrai, ne se serait pas contenté d'abolir le servage, mais aurait couronné la tsarine dans sa jeune épouse morganatique pauvre en adossant l'empire russe à une constitution. Mais de jeunes terroristes trop pressés, qui ne savaient pas ce qui se tramaient dans le palais du tsar, n'ont pas cru Katia et ont tué le tsar, retardant de cinquante ans les réformes attendues et les soumettant à la vindicte du communisme encore en herbe.

"Car beaucoup de gens croient saisir un effet d'opportunité qui se révèle dévastateur, car il devance la réforme et cueille le fruit avant qu'il ne soit mûr. C'est vrai dans les familles, c'est vrai dans les nations", me commentait hier mon frère avec qui j'en discutai.

Lequel a déniché un concile russe datant du début des années 2000, où il est écrit que si le soldat russe est amené à perpétré des masacres (on n'y évoque pas notre notion ugstinienne ou thomiste de "guerre juste"), le soldat russe doit s'abstenir de combattre. Au début de la guerre ukrainienne, mon frère en a écrit au pape François et est déçu que sa missive soit restée lettre morte. Car enfin on ne discerne pas dans les mots de ce concile la soumission FSbiste de l'Eglise orthodoxe russe. On était pourtant au début du poutinisme qui promettait certes un retour à la foi, mais après avoir "poursuivi les Tchétchènes jusque dans les waters."

Est-ce que la diplomatie vaticane est trop avertie pour ne pas savoir que Kyril, rencontré par François à Cuba (comme les circonstances se heurtent!) est inféodé à l'Etat russe ou n'est-elle pas assez subtile pour avoir lu les mots de ce concile?

François a fait ce qu'il a pu en détournant l'injonction de Fatima de "consacrer la Russie seulement aux coeurs immaculés de Jésus et de Marie." Il a associé l'Ukraine à sa consécration. Et puis il a proposé sa médiation, et puis il a appelé les deux peuples à se parler, et puis il a appelé au cesser-le-feu. mais apparemment, ce n'était pas encore assez ou ce n'était pas ce qu'il fallait! 

mercredi 3 avril 2024

Nicolas Sarkozy, antécédent de Donald Trump...

Je ne sais pas pourquoi je me suis demandé aujourd’hui quel était l’antécédent de Donald Trump et pourquoi je me suis désolé que ce ne soit pas Jean-Marie Le Pen, sur lequel j’avais écrit en 2002 un « Journal politique » que je ne désespère pas de corriger et de publierun jour. J’aimerais tellement que tout vienne de France… Mais non. JMLP est un solipsiste insolite produit par le génie français. Donald Trump est un patron de night-clubs et de casinos pouvant être récupéré par les évangélistes américains. Ces deux populismes sont fondamentalement différents. Le populisme américain n’a pas besoin d’aimer le peuple américain, il n’a besoin que de faire corps avec son rêve ou avec sa « way of life ». Le populisme français à la sauce frontiste s’est lui-même défini comme un exercice de tribun de la plèbe, c’est-à-dire qu’il est inconsistant et impuissant. Le populisme africain qu’on voit émerger au Sénégal au jour où j’écris ces lignes paraît procéder d’un véritable amour du peuple.

 

Mais je n’oublie pas ma question d’origine : quel est l’antécédent du trumpisme ou à quoi et à qui peut-il être comparé en France ? Il me semble que « Sarko l’amerlo » comme on l’appelait avant qu’il ne devienne président de la République était un trumpiste avant la lettre. Tellement intuitif qu’il a rebaptisé son parti »les Républicains » avant que Donald Trump ne transforme le parti républicains à son image « énergéticienne », comme disait Tony Blairà propos de Nicolas Sarkozy.  

 

Le trumpisme repose sur un culot démagogique inouï : »Même quand j’ai perdu, je dois dire que j’ai gagné », le persuadait l’avocat qui l’a le plus influencé avant de le lâcher. C’est le summum de la dénégation. Nicolas Sarkozy était un peu dans cette manière de fonctionner, qui émaillait ses interviews de questions moins oratoires que dialectiques et rhétoriques, et destinées à amener les journalistes dans son giron.

 

Le trumpisme est un antisionisme, croyaient les soraliens. Erreur fatale : c’est un likoudisme multilatéral et pragmatique. C’est un anti-atlantisme, croyaient-d’autres et sur ce point, ils avaient raison. C’est une apologie, non pas de l’isolationnisme, mais du multilatéralisme.

 

Au contraire, le parti démocrate américain est intrinsèquement néo-conservateur. « L’Amérique continuera à diriger le monde », se réjouissait Bil Clinton à l’orée de son mandat. « L’Amérique » que Donald Trump voulait plus grande « est de retour » « pour diriger le monde », prévenait Joe Biden en guise de bonne nouvelle pendant la campagne qui l’a fait élire.

 

Donald Trump n’aurait pas déclaré la guerre à la Russie. Nicolas Sarkozy non plus. C’est sur ce point qu’il a cessé de cautionner le macronisme. Nicolas Sarkozy était aussi russo-réaliste que son ex-premier ministre François Fillon. Ce n’est pas lui qui aurait accepté que Vladimir Poutine ne soit pas invité pour commémorer le soixante-dixième anniversaire du Débarquement de Normandie.

 

À l’opposé, François Hollande s’est montré d’emblée néo-conservateur et on peut se demander pourquoi. Je n’ai pas la réponse, mais j’observe que François Mitterrand nous a engagés corps et bien dans la Première guerre du golfe. Jacques Chirac a refusé la logique qui consistait, entre la première en 1991 et la deuxième en 2003, à y engager la France au nom de la cohérence entre les deux « séquences » et on tient ce retrait pour son plus grand acte politique.

 

François Hollande s’est montré néo-conservateur jusque dans son néo-colonialisme centre-africain ou malien. Emmanuel Macron s’inscrit dans la suite de François Hollande sur la conflictualité politique (« nous sommes en guerre », a-t-il répété comme lui). On pourrait donc croire qu’il parle le même langage. Mais justement, ce qui distingue l’apparente hésitation macronienne du néo-conservatisme assumé de son prédécesseur, c’est le langage.  Emmanuel Macron feint de parler le langage du multilatéralisme, mais est tout aussi néo-conservateur ou néo-colonialiste que le président qui l’a formé et promu. Mais son double langage et cette différence entre les intentions et les paroles dans un monde qui va vers des populismes qui aiment le peuple et ne méprisent pas les autres nations l’ont démonétisé. Emmanuel Macron déclarait que l’Otan était en état de mort cérébrale tant que Donald Trump était au pouvoir. Joe Biden a trouvé un moyen de ressusciter l’Otan dans la guerre en Ukraine et Emmanuel Macron a mordu à l’hameçon. Que dira-t-il quand et si Trump sera réélu, tellement Harpagon que l’OTAN ne lui paraît pas une donnée stratégique de sécurité, mais que, menace-t-il, si les alliés ne payent pas, il soutiendra et encouragera Poutine à les attaquer ?

 

La France s’est construite comme une sociale-démocratie conflictuelle, contrairement à l’Allemagne, mais n’a jamais été une démocratie directe. Les Gilets jaunes ont déploré cet état de fait. Le philippisme (du nom d’Édouard Philippe) cherche à refonder la droite sur la sociale-démocratie municipale et corporative. La démarche est honorable, mais elle est anachronique. Quand nous sortirons de la guerre d’Ukraine, les démocraties devront se refonder sur un populisme qui aime le peuple sans être xénophobe. La droite philippiste est d’un légitimisme suranné.Mais Édouard Philippe a le mérite d’être un honnête home, contrairement au président qui l’a mis en selle. 

lundi 1 avril 2024

Europe et souveraineté

ÉLECTIONS EUROPÉENNES : PEUT-ON SAUVER LA FRANCE ? | PAUL-MARIE COUTEAUX | GÉOPOLITIQUE PROFONDE (youtube.com)

 

Je suis de loin #MikeBorowsky depuis qu'il a créé "la Gauche m'a tuer" et je trouvais cette lettre quotidienne aux multiples articles assez souvent ridicule. Je ne m'exprimerai pas sur l'évolution de cette personnalité ni sur les différents avatars de ses aventures médiatiques. Il m'arrive de suivre deci delà ses entretiens de "Géopolitique profonde". Ce soir, je voulais le faire en raison de son invité, #Paul-MarieCouteaux (PMC), dont j'ai parlé dans un post récent et qui, lui en revanche, m'intéresse beaucoup, car même s'il a beaucoup erré dans les arcanes des partis politiques, c’est un analyste sérieux et conséquent, qui est à l'origine de l’importation du mot de "souverainistes" pour qualifier les personnes attachées à l'indépendance nationale.

J'ai regretté récemment (sur ma page Facebook et sur le blog de Philippe Bilger) son "déclinisme" qui le rend enclin (sic) à parler de "disparition de la France", notamment dans un livre intitulé "Traité de savoir-disparaître". Mais ce déclinisme est contrebalancé par beaucoup de lucidité. Il fut le premier à mesurer en profondeur ce que le soutien de l'Union européenne à l'OTAN dans la crise yougoslave disait du changement en cours à travers le titre d'un autre de ses livres : "l'Europe vers la guerre". Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie sous la poussée otanienne, l’Union européenne ne se cache plus de se développer en vue d’une guerre et non pour la paix continentale. Mais Paul-Marie Couteaux qui rappelle que Poutine n'est ni Hitler ni Staline a raison de ne pas maximiser le risque de troisième guerre mondiale causé par l'escalades et les coups de menton des otaniens contre la Russie et qu'un observateur de géopolitique n'ayant pas son expérience comme j'en adopte la posture a tendance à dramatiser.

A ce stade, Paul-Marie Couteaux pense comme moi, bien que pour des raisons différentes (il est royaliste, dit en citant Jean Bodin qu’ »il n’y a pas de république possible sans un roi pour la couronner » et ne croit pas beaucoup aux élections en général) que le mieux à faire le 9 juin est sans doute de s'abstenir.

Mais ce n'est pas le point de vue le plus intéressant de son propos. L'introducteur de la notion de "souverainisme" définit la souveraineté comme un trépied comprenant l'indépendance nationale, la supériorité de l'Etat au sein de la nation et la souveraineté culturelle, avec l'affirmation d'un substrat déterminé comme socle de la nation : la France est un pays de culture chrétienne. S'ils acceptent ce postulat, on peut accueillir beaucoup d'immigrés pourvu qu'on les intègre et pourvu aussi que ce soit encore possible dans l'état de notre Etat et de notre société.

 

Mais Paul-Marie Couteaux a encore raison de dire que ce troisième élément du trépied a pour synonyme l'identité qui est culturelle et n'est pas essentiellement ethnique et qu'en ce sens, il n'y a pas d’opposition entre "souveraineté" et "identité".

 

Faut-il sortir de l’Union européenne ? Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, ce n’est pas une bonne question. Bientôt « l’Europe tombera comme un fruit mûr » et il ne faudra pas s’imaginer qu’on aura préparé une riposte à la dérive qui nous emporte, mais il faudra être là pour ramasser la société en deuil et en miettes et trouver avec elle des solutions nouvelles qui ne sont pas écrites.  C’est ce qu’ont fait Soljenitsine en Russie ou Lech Walesa en Pologne », affine #FrançoisMartin (vers la 36ème mn). »Quand le pays n’a plus confiance et ne voit plus le sens, les gens ne travaillent plus, intriguent, bidouillent et le pays ne peut faire que tomber. Mais est-ce que, quand il va tomber, nous serons là pour nous porter à son secours ? »

 

Comme #PhilippeHerlin, je crois qu’on ne doit pas « compter sur la violence en politique ». Faut-il néanmoins « penser les termes de la violence » ? « La prise du pouvoir est toujours le résultat d’un duel. » (François Martin) Je ne crois pas en la violence révolutionnaire ou terroriste qui ne donne que de mauvais fruits. Mais il faut reconnaître que cet État nous fait violence, cet État et les dirigeants ambigus du monde, qui pullulent depuis une dizaine d’années dans tous les pays et jusqu’au Vatican.

 

« Les gens en général préfèrent être en paix avec leurs voisins qu’en paix avec leur conscience. » (Timour Kouran) Ils préfèrent mettre des masques blancs que montrer que sous le masque, ils ont une peau noire. Ils préfèrent voter dans l’isoloir comme leurs voisins que comme leur conscience. Mais que quelqu’un leur montre que la peau est noire ou que le roi est nu et cela peut changer.

 

En marge de ces considérations importantes, PMC tient de Marie-France Garaud qu’au soir de la victoire du « oui » du traité de Maastricht (qui n’est pas une victoire à la majorité des inscrits), Pasqua et Séguin sablaient le Champagne : « Ouf ! On a perdu. » Ça ne m’étonne pas. Je réécoutais récemment le débat Mitterrand-Séguin à la Sorbonne à la veille du traité de Maastricht et ce qui m’a frappé comme la première fois (où je l’écoutais avec mon ami Franck qui me disait : « Tu ne crois pas que Philippe Séguin a l’étoffe pour devenir un jour président de la République ? » ? Question qui m’étonna, car il la tirait de son propre fonds), c’est l’absence de conviction de Séguin qui m’a à nouveau frapé. Il ne s’oppose que sur des vétilles et sur des « il est à craindre que », adosséés à un très grand respect de la fonction présidentielle occupée alors par François Mitterrand, qui, s’il n’a jamais rien compris à ce qui secouait la politique étrangère en profondeur (cf. sa bourde monumentale après le coup d’Etat qui manqua de renverser Gorbatchev ou son opposition à la réunification allemande), s’est longtemps opposé aux institutions de la Vème République jusqu’au jour où il endossa le costume présidentiel, et les a qualifiées de Coup d’État permanent, ce que le gaulliste PMC confirme : « De Gaulle n’est pas devenu président de la République à la suite d’élections, mais à la suite d’un coup d’État. » Il est rare de l’entendre proféré par un gaulliste, il est vrai assez loufoque pour proférer hors contexte que « le massacre de la saint-Barthélémy avait sauvé le royaume de France », comme mon père avait dit un soir de cuite à Ibiza pour fâcher ma mère protestante qu’ »à la Saint-Barthélémy, on n’en avait pas tué assez. ».

 

« Coup d’État salvateur », précise-t-il. Je n’en suis pas sûr. Beaucoup de ceux qui font parler De Gaulle oublient qu’il ne s’est jamais opposé par exemple au traité de Rome et peut-être ne le fallait-il pas en effet à l’époque. Mais la Vème République est un régime présidentiel et il fallait instaurer un exécutif fort et transférer le parlementarisme au référendum qui, si le régime n’avait pas été présidentiel, n’aurait pas été plébiscitaire. De plus, mon idéalisme politique qu’on peut accuser d’immaturité comme mon pacifisme qui ne transige pas souvent se refuse à croire qu’aucun coup d’Etat puisse être salvateur. Le précédent égyptien faisant renverser Mohamed Morsi par le maréchal Al-Sissi à la grande joie de toutes les chancelleries occidentales n’est pas de nature à me faire changer d’avis.