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jeudi 23 juin 2016

AU FIL DES PALMES

En lisant « Le Canard enchaîné »(n° 1491) paru ce jour), notes de lecture. Dans la surenchère, Donald Tusc (coin coin… L’Europe et les US seront bientôt gouvernés par les Donald, la mare aux canards !) vaut bien David Cameron puisque, si les Anglais quittent l’Union, ce serait le début de la destruction de la civilisation occidentale » quand, pour le David que va battre le Boris, ce serait le début de la guerre mondiale. Quand on pense que toute cette agitation est provoquée par la City qui ne veut pas perdre ses habitudes financières ni faire peur aux marchés alors qu’elle repousse de plus en plus loin hors de Londres et de sa banlieue les travailleurs pauvres et ses propres employés… (cf. « La marche de l’histoire » de ce jour, émission de Jean Lebrun / mais que diable Jean Lebrun est-il allé faire sur « France inter » ?). Est brandie aussi la menace d’une délocalisation des services bancaires qui traitent directement avec la BCE, et ce alors même qu’autant la main d’œuvre n’est pas interchangeable ni ne travaille au même tarif selon l’endroit où elle produit, autant les échanges sont interchangeables par définition, et le sont d’autant plus que la monnaie, les avoirs et les ordres de change sont flotants et dématérialisés. Les Anglais se laisseront-ils avoir par cette déflagration de peur ? La peur est un moteur de l’histoire. Mais dis-moi qui panique et je te dirai si tu as raisond’avoir peur... Macron : « il faut fermer la parenthèse d’une Europe politique sans projet. » Le nom de Macron ferait autorité s’il n’avait été le conseiller de Hollande au moment où celui-ci promettait de rédiger un mémorendum sur la croissance économique pendant la campagne présidentielle de 2012… « La grande peur des migrants. » Cette première page du « canard » / où comment dire avec insolence ce que tout le monde dit avec un sérieux afecté. Marchais disait : « L’union est un combat. » Hollande fait successivement le voyage de Marseille et de Lille pour aller regarder les bleus. Il se plaint de l’abzsence de Martine Aubry à Lille. Cette absence était encore plus à regretter, non lors de la campagne régionale où elle a eu bien raison de ne pas figurer pour ne pas cumuler, mais lors de la campagne municipale. Martine aubry serait-elle un peu agoraphobe ? Chacun sait dans le Nord et pour qui a surfé sur le net qu’elle n’a pas seulement mal au dos, mais souvent aussi la gueule de bois, tradition qui se perpétue d’un maire de Lille à l’autre, parole de lève-le-coude ! Hollande pense que l’Europe peut se reconstituer « sur le tryptique protection-sécurité-défense ». IL faut bien qu’elle trouve un nouveau point d’appui après avoir manqué s’écraser cent fois sur un compromis impossible. Hollande a-t-il eu une vision ? Il a toujours la même : ce n’est pas le « hollandisme révolutionnaire » « protectionniste européen » rêvé par Emmanuel Todd qui croyait aussi à la fin de l’Empire américain et que « Charlie » était catholique. C’est l’atavisme défensif de notre Président socialiste néo-conservateur – ou social-libéral-conservateur, tant qu’à coller des étiquettes à rallonge, au milieu de la perte générale des repères -. « Hollande rêve de ressusciter la communauté européenne de défense », ajoute « le canard ». S’il réussissait, ce serait un coup de maître. Car en effet, « l’économie », ça n’a jamais suffi. Et la contrainte bureaucratique non plus. Come le dit H. de Lesquen (horresco referens ou esprit froid, mais llibre), ce sont les idées qui mènent le monde… Gérard Filoche : « Même une chèvre gagnerait contre Hollande », tant hollande s’effiloche. Mais pourquoi Filoche se présente-t-il contre Mélanchon ? Et que fait encore Filoche au parti socialiste en étant le dernier à croire ou à faire croire qu’on peut être socialiste et membre de la CGT? Yannick Jadot : « Hollande doit rendre service à la gauche et ne pas se représenter. » C’est tellement évident qu’il devrait s’en apercevoir. Ceux qui le lui cachent en lui taillant une « primaire sur mesure » ne sont que des courtisans qui n’iront même pas à la gamelle. Les frondeurs feraient aussi bien de voter la censure au prochain 49-3 et de refuser l’investiture du parti socialiste. MEDEF : « Les parades amoureuses de Valls et de Macron n’ont donc eu aucun effet sur la libido politique et sociale de Gattaz. » Un dessin : « Il faut faire grève pour défendre le droit de manifester. » Château de Betz : « Quand le roi boit, le petit peuple a soif. » (C’est le roi du Maroc qui est bon prince et participe au financement de la cloche.) Le forçage génétique alarme les écologistes. Film qu’il me plairait assez de voir : »la forêt de quinconces ». » (Chaque fois qu’un artiste fait quelque chose d’un peu perso, la critique le trouve narcissique, surtout s’il est lyrique). « Le canard » conseille : Face à la police / face à la justice - Guide d’autodéfense juridique par le collectif Cadecol, Elie Escondida et Dante Timélos. « Minute » révèle que, pour l’avoir possédé, un manifestant s’est vu convaincu par le procureur de Paris d’un délit insensé de trop conaître ses droits , ce qui prouvait une intention de nuire, alors que « nul n’est censé ignorer la loi »… DES MERES PUISSANTES de Bouchra Azzouz : « Avec l’arrivée des blédards, autrement dit des ploucs », « les beurettes ont été flouées… » - Le port du voile comme échappatoire à la surveillance qui s’installe. Comme nous aimons transposer, nous traduisons trop vite : comme outil de la pratique du féminisme, ce qui fait frémir les féministes historiques (et non pas hystériques). Mais nous n’avons qu’à ne pas comparer. OU s’il faut absolument comparer pour raisonner, nous n’avons qu’à nous rappeler que comparaison n’est pas raison et transposition n’est qu’analogie, toutes choses différentes par ailleurs… Un livre sur l’interprétation des rêves de l’Antiquité à nos jours : L’histoire du « positiviste inquiet » « qui se surprenait à rêver de nuit des croyances qu’il s’interdisait le jour. » Le rêve, avenir ou désir ? OU désir de refaire son passé, puisqu’on ne peut refaire sa vie ? Vulgarité de Freud reprenant ce proverbe : « L’oie rêve au maïs et la fiancée à la queue. » Quand les rationalistes argotent, ils tombent dans le populacier. Portrait de Boris Johnson par Anne-Sophie Mercier, encore un autre qui a changé d’avis sur le brexit, mais dans le sens inverse de Cameron. Les deux hommes ont fait campagne à front renversé. Tout Anglais a du Shakespear en lui : - John Major (à propos de Boris Johnson) : "Avec ce séduisant bouffon de cour, le NHS serait aussi en sécurité qu’un hamster avec un python affamé." Boris Johnson à propos des jouses de beach-volley : « brillantes comme des loutres humides. » « [Johnson] est un Trump qui aurait fait ses humanités. » La gouaille des tribuns de la plèbe subit la mondialisation et se transporte d’un bout du monde à l’autre. L’homme providentiel et la fonction présidentielle. Les médias se sont donnés le mot pour ridiculiser Marie-Noëlle Lienemann. L’idée est de trouver saugrenu que Hollande puisse être mis en ballotagepar cette femme qui a une colonne vertébrale. On la ridiculise sans argumenter, parce qu’elle a des arguments. Son tort politique est d’avoir avalé trop de couleuvres. Elle a supporté pour rester dans le parti une politique qui était aux antipodes de sa vision de la France, de la gauche et de l’Europe. Elle a crié dans le désert contre Hollande en public en n’ayant tellement pas son oreille qu’il ne répondait pas dès 2012 aux lettres qu’elle adressait au candidat pour monayer son soutien. Elle n’aurait pas dû souffrir cette goujaterie. La primaire, moyen contraire au génie français de désigner le candidat le plus médiocre, choisi par les sondeurs et les médias, qui préfèrent la démocratie des faiseurs d’opinion à la démocratie d’opinion. A tout prendre, la solution de Jacques Attali est meilleure et est politiquement et démocratiquement inventive, de voter d’abord pour un programme, puis pour le candidat qui va l’incarner. La multiplication des candidats est le signe de la dégradation de la fonction présidentielle. Autrefois, je me demandais par quel soudain altruisme tant d’énergie courtisane se déployait au service d’un poulain qui n’avait pas fait des prouesses. Aujourd’hui, chacun brigue la couronne républicaine. On acceptait déjà à tort que le chef d’un parti puisse soudain se transformer en « Président au-dessus des partis. » Copé relance « l’antifrance » à la télé israélienne. Depuis longtemps, le maire de Meaulx, « France profonde » dénonce les avis qu’on émet « à Paris ». Obama de Chicago pestait pareillement contre ce qu’on faisait à Washington. A propos de l’ »impasse Joséphine » du maire de Châteauroux : « Comment peut-on associer une femme à une impasse ? »

Le code du travail

Discussion ce midi au téléphone avec Odile, ancienne conseillère « pôle emploi » - elle tient à dire qu’elle a terminé comme manager -. Elle Il y a bien une simplification du code du travail à faire, car il y a les PME d’un côté et tout le reste de l’autre. Face à un patron qui ne veut pas le licencier, un salarié est sans défense. Aucun syndicat ne le défendra jamais. Et un patron de PME ne touche aucune indemnité de chômage si sa boitecoule. Les PME sont écrasées de charges alors que les cent plus grandes entreprises de France reçoivent des subventions à hauteur de plus de 60 milliards d’euros, disait Ségolène Royal en 2007 - ceci dit pour citer approximativement ses chiffres et non pour adopter ses solutions, qui consistaient à subventionner toutes les entreprises innovantes. Le tissu économique est fait de beaucoup d’entreprises qui n’ont qu’à continuer de rendre leur service -. C’est le monde à l’envers que les petites crachent au bassinet et que les grosses touchent le jackpot. Les acords d’entreprise peuvent tout à fait s’imposer dans les grandes entreprises où le dialogue social est bien organisé et, sauf erreur, la « loi travail » ne concerne pas la fonction publique.

La dissidence et le dégoût

Aujourd’hui a lieu le vote du brexit et je suis pour le out. Je le suis, comme si j’étais dégoûté de tout ce monde que mes ancêtres ont construit à mon intention. J’ai des raisons d’être dégoûté, mais le dégoût ne devrait pas être une passion politique. D’autre part, je sens bien que je suis un parasite du nationalisme ou du traditionalisme, donc de tout ce que je ne suis pas. Ces courants ne m’intéressent pas seulement parce qu’ils tracent des bornes. Ils m’intéressent parce que je suis un parasite neurasthénique. Je me suis converti dans l’espoir de refaire le monde. Ou plutôt, l’espoir de refaire le monde a suivi de près l’espoir qui emporta ma conversion. La génération de mes parents m’en a construit les prolégomènes. Elle était constructive. Pourquoi suis-je dans la destruction du modèle ? Pourquoi ma pulsion de mort répond-elle à leur saturation de vie ? L’autodestruction du modèle n’est pas seule en cause. J’ai ma part de responsabilité. La pseudo-dissidence (qui est en effet dissidente puisqu’elle est traquée) se plaint de ne pas avoir la liberté de haÏr. Elle ne paraît pas digne de celle qui a résisté à ce régime répressif qu’était le socialisme, qui envoyaient au goulag quiconque ne voulait pas de l’égalité et de la fraternité qui devaient mener au communisme. Notre législation nous laisse libres, excepté de haïr. Or sans la liberté de haÏr qui est plus que la liberté de blâmer, il n’y a non seulement pas d’éloge flatteur, mais de liberté d’aimer. Il n’y a pas de véritable amour. Est-ce la raison de la défense acharnée de la haine que fait la dissidence ? Si on suit le même raisonnement, sans liberté de pécher, il n’y a pas de vraie sainteté. Un État chrétien, ferai-je donc observer aux dissidents qui sont souvent des théocrates, devrait garantir la liberté de péché. Et au contraire, un État libéral, laÏque et fraternel, devrait garantir la liberté de haÏr. Ce disant, je crois que ni les dissidents théocratiques, ni leurs adversaires libéraux ne seront d’accord avec moi. Mais j’attends qu’ils démontent mon argumentation !

lundi 20 juin 2016

Michel wieviorka, la violence et le langage

J'écoute toujours Michel Wieviorka avec une certaine perplexité. J'ai systématiquement l'impression qu'il n'a rien à dire, et je suis toujours étonné quand il finit par dire quelque chose. Aujourd'hui n'a pas fait exception. Il était invité sur "France culture" à parler de la violence en compagnie d'Hélène Loeillet. Quand il prétendit tenir un "raisonnement compliqué", il se contenta de dire que la répression de la violence ne suffit pas à lutter contre la violence. Il faut lutter contre elle en ne se contentant pas de dénoncer la violence des autres, mais en travaillant sur la violence latente en soi-même. En somme, rien que de très banal, surtout que Michel wieviorka ajoutait qu'il ne s'agissait pas de s'autoflageller, mais qu'il fallait comprendre un phénomène comme le terrorisme en relation avec l'histoire au long cours du conflit entre islam et Occident. Non, M. Wievorka ! Avant tout, il faut avoir le courage de dire que, bien que concernant plus d'un milliard d'hommes et que de ce fait, l'islam soit une religion respectable (et en tout cas tous les musulmans le sont), il est structurellement terroriste et ceci depuis la révélation mahométane, au travers des razzias et du renversement des pouvoirs médinois et meckois. Jusque là donc, Michel wievorka n'avait rien dit. Mais de remarque en remarque dans ce qui pouvait passer pour un enfilage de perles radiophoniques, il a fini par rappeler et révéler quelques (petites) choses. Combien au total ?Quatre ou cinq. Je Je diraistrois. La première a été rappelée par sa partenaire d'antenne Hélène Leillet. "La violence est un phénomène humain". Cela semble une banalité, mais on a tendance à l'oublier. La violence n'est pas inhumaine. Elle traverse chacun de nous. Il faudrait s'interroger sur la raison pour laquelle nous réputons "humain" ce qui se rapporte à la bonté, comme si l'homme était naturellement bon. Jésus répond à Jean-Jacques et le christ à Rousseau : "Dieu seul est bon". "Qui veut faire l'ange fait la bête". Il faut terrasser la bête en la débusquant dans la seule personne sur qui l'on ait, pas tout à fait les pleins pouvoirs, mais au moins un pouvoir relatif, c'est-à-dire soi-même. Ce matin, j'ai fait à Dieu cette prière que je partage : "Seigneur, que plus jamais, je ne parle mal à ni d'un être humain ! Que plus jamais je ne le diminue en lui parlant ou en parlant de Lui !" Dieu peit-t-il m'entendre ? Humainement, c'est impossible, mais je veux y croire. Redonnons la parole à Michel Wievorka pour la deuxième chose qui a été dite par son truchement ! Je le cite presque textuellement : "Si la montée de l'extrême droite est un échec, la violence nous guette." Vous avez bien lu et si vous êtes saisis comme moi, vous n'êtes pas loin de réagir comme caroline brouet, la puissance invitante du sociologue et de la philosophe qui lui a dit : "C'est dangereux, ce que vous dites." Que disait-il ? Il ne souhaitait pas l'accès au pouvoir de l'extrême droite, mais il redoutait le moment où elle cesserait de monter. Il redoutait qu'elle atteigne son étiage ou son plafond de verre. L'extrême droite canalise la violence de ses solutions oratoires par le langage. Mais elle diffuse un discours violent. En écoutant Michel wievorka, les complotistes n'avaient plus qu'à donner libre cours à leur scénario paranoïaque. Il ne fallait pas que la montée de l'extrême droite soit un échec. Il ne fallait pas qu'elle cesse. Il fallait l'entretenir. "Le système" a son épouvantail et il faut qu'il le garde. D'un point de vue girardien, cet épouvantail est paroxistique. C'est un bouc émissaire choisi parce que sa raison d'être est de désigner des boucs émissaires. "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté", et faisons un bouc émissaire de celui qui désigne des boucs émissaires . L'extrême droite désigne des boucs émissaires et porte des solutions politiques violentes, mais elle est dans le langage. La violence s'exprime quand le langage échoue. L'idée n'est pas nouvelle. Mais Michel Wieviorka va la préciser. Cet ancien marxiste léniniste resté de gauche et n'aimant pas les gauchistes (pourquoi les intellectuels qui ont de l'audience sont-ils tous des extrémistes repentis ?) avait étudié les terroristes italiens. Plus il perpétraient d'attentats, plus ils parlaient, mais c'était une logorhée, qui perdait même quelqu'un qui connaissait bien la dialectique marxiste. "Ils parlaient, conclut le sociologue, mais ils ne communiquaient pas." Communiquer, c'est faire écho. C'est mettre en œuvre les fonctions du langage, grâce auxquelles on trouve un interlocuteur. L'hermétisme n'est valable qu'en poésie, il n'est pas fait pour la politique. Pour faire société, il faut se comprendre. Michel Wievorka voulait réfléchir au terrorisme en le rattachant aux relations tumultueuses entre islam et Occident. Il en évoqua pourtant une figure bien française en s'inquiétant du regain d'intérêt pour Robespierre, dont certains se proposent d'attribuer un nom de rue, et qui est une figure tutélaire d'un homme comme Jean-Luc Mléanchon. Évoquer notre violence n'est pas établir des relations oiseuses amenant à conclure que l'islam est le vivier du terrorisme contemporain parce que nous fûmes d'affreux colonisateurs qui n'ont pas bien décolonisé. Après "les indépendances", les pays qui les ont obtenues sont seuls responsables de ne pas les avoir construites. Nous ne sommes pas coupables des coups que nous recevons. Robespierre est au terrorisme français ce que le prophète Mohamed, encore une fois malheureusement, est au terrorisme islamique. C'est une figure légendaire. Je ne connais pas assez l'histoire de la révolution pour savoir pourquoi Robespierre a cristallisé la Terreur. Michel Wieviorka s'est trompé en croyant qu'on le surnommait "l'irréductible". Le vrai qualificatif dont on l'affublait était "l'incorruptible". Robespierre devint terroriste parce qu'il ne supportait pas la corruption. Il crut pouvoir améliorer l'homme en faisant l'ange. Il crut l'établir dans le domaine divin en le sortant de la corruption. L'homme peut s'améliorer, mais il ne peut faire que l'usure ou l'érosion n'existent pas. L'évolutionnisme est une hypothèse dangereuse parce que c'est une histoire de l'amélioration de l'espèce qui fait fi de l'érosion, de la corruption, de l'usure et de la mort. La mort est le grand impensé de l'évolutionnisme. L'homme se suicide en voulant devenir immortel. C'est pourquoi le transhumanisme est une véritable impasse, contrairement au clonage qui l'a préfiguré et contre lequel on a trop alerté, alors qu'eût-il été scientifiquement réalisable, il n'aurait jamais atteint son but, qui était de répliquer un homme. Un homme n'est pas réplicable parce qu'aurait-il les mêmes gènes qu'un autre, il n'aurait pas la même histoire. Robespierre est au terrorisme français ce que Mohamed est au terrorisme islamique. Ils en sont les racines. Je reviendrai sur cette notion de racines. Le point commun de ces "cœurs purs" et prophètes politiques est d'être trop vertueux pour souffrir la médiocrité. Mais des sociétés d'où l'on chasse la médiocrité sont sans dérivatif. Ce qui fragilise les sociétés musulmanes, c'est précisément d'être trop harmonieuses, vertueuses et bien réglées. Que survienne la moindre entorse à l'harmonie et c'est la guerre ! La guerre est un dérivatif. Robespierre a eu une belle postérité intellectuelle. Sartre ne prônait-il pas l'hyperviolence ? Jean Sévilla a eu raison de dénoncer cette dérive de sa pensée dans LE TERRORISME INTELLECTUEL. Sartre se percevait lui-même comme un "intellectuel petit bourgeois" et crut assurer son succès en prônant la violence quand il ne fut plus en mesure de la commettre. La Résistance de Sartre a beaucoup fait jaser ! Le génie du couple n'était pas celui que l'on croit. Simone de beauvoir est un bien plus grand écrivain, outre une femme physiquement plus résistante que son homme et moralement beaucoup plus effacée (un comble pour une féministe !), mais aussi empathique et courageuse. Elle n'est pas estimée à sa valeur, parce qu'elle "faisait trop confiance au langage" et écrivit des mémoires scintillants d'objectivité, dès qu'elle eut quitté le monde de l'enfance et sa vie de "jeune fille rangée". On lui reproche de ne pas avoir tout dit, mais tout ce qu'elle a dit était frappé d'un grand effort de vérité et faisait le tour de la question. Il y a une tradition de terrorisme intellectuel français qui va de Robespierre à sartre. Tel est l'état de notre propre violence. "Heureux, les artisans de paix !" Y a-t-il un lien entre intelligence et radicalité ? Hélène Loeillet n'en doute pas. "Etre radical, c'est aller à la racine". Elle reproche aux radicaux socialistes de l'être si peu. C'est encore plus vrai des radicaux valoisiens. Comment se fait-il que les partis de la racine sont ceux-là mêmes dont barrès aurait pu dire qu'ils travaillent au déracinement ? Hélène Loeillet et Michel Wieviorka sont en phase pour n'aimer, ni le concept de déradicalisation qui serait anglo-saxon, ni que l'on dise de certains qu'ils se radicalisent. Que diraient-ils à des gens comme moi, qui pensent et prétendent même documenter que le monde est non seulement en phase de radicalisation, mais de régression historique. Mon frère d'armes adversaire et interlocuteur islamiste, le Croissant de lune, redoute depuis longtemps des "menées éradicatrices" en France. Aucune ère de civilisation n'a le monopole du génocide. Daech revendique l'éradication des insoumis à son etat. La déradicalisation serait-elle la première marche d'une éradication ? Cela paraît fou, mais je ne crois jamais que les mots s'attirent ou se ressemblent par hasard. C'est, au choix, ma façon de me payer de mots ou de croire au verbe et aux champs magnétiques sémantiques. "Etre radical, c'est aller à la racine". Radical vient du latin radix qui signifie racine. Michel Wievorka et Hélène Loeillet faisaient l'éloge de cet effort. Je suis heureux de ce "retour de l'origine" qui n'est plus dénoncé comme un mythe comme il l'était par Michel foucault. Mais être radical, c'est ne pas transiger. C'est ne pas faire d'archéologie, mais être bien dans son archaïque. Reste-t-il un langage quand on refuse de transiger ? Comment concilier radicalisme et non violence ? Comment expliquer pour finir que les seuls porteurs de projets politiques alternatifs en France, Marine le Pen et Jean-Luc Mélanchon, au-delà de la séduction qu'on ressent à lire certaines de leurs analyses, surtout celles du blogueurqui argumente comme aucun homme politique avant lui, leurs personnes dégagent tant de haine ? Je me souviens de l'impression que j'ai éprouvée en les entendant tous les deux, au lendemain de l'élection présidentielle de 2002 Je n'avais jamais entendu la voix de Marine le Pen, je connaissais celle de Mélanchon. Il commença par exprimer son dégoût de ce qui venait de se passer avec une intolérance qui paraissait bien peu démocratique. Sa répondante surgit, avec une voix qui me glaça et que je trouvais littéralement horrible, pour lui demander comment on pouvait faire preuve de tant de haine. Jamais, je n'aurais pu imaginer me sentir proche de ces haineux au point de les appeler à la convergence pour une France plus juste dans un monde moins déséquilibré. Serais-je devenu haineux ? Me serais-je radicalisé ? "Heureux, les artisans de paix !" Que Dieu terrasse ma violence !

mercredi 1 juin 2016

Les écologistes et le logement social

Je suis en train de réécouter l'émission "des paroles et des actes" où Jean-Luc Mélanchon, qui en est l'invité principal, débat avec Emmanuelle Cosse, ancienne présidente d'"act up", militante féministe mal mariée à Denis Baupin, mais surtout ministre du logement. A "act up", elle succédait à Philippe Mangeot, président du laboratoire pharmaceutique qui diffusait et commercialisait l'AZT et s'opposait farouchement à l'autorisation de mise sur le marché des produits Beljanski qui ont prolongé la vie de François Mitterand (son médecin, le dr. Gübler, n'en a pas fait mystère), et qui étaient censés soigner le SIDA et le cancer, je n'ai pas la compétence scientifique pour juger s'ils avaient les moyens de leur prétention. Emmanuelle Cosse (dite Emma -Beauvary-Baupin-) est devenue ministre au moment où avait lieu le débat sur la déchéance de nationalité, contre un référendum illégal sur la reprise ou l'arrêt du projet aéroportuaire de Notre-Dame des landes, et dans la plus grande incertitude sur la seule promesse nucléaire "dure de François Hollande: la fermeture de la centrale de Fessenheim. Mais les écologistes acceptent systématiquement d'être ministres du logement, en continuant la politique de construction massive de logements sociaux, alors qu'il y aurait une saturation du bâti dans l'espace urbain, qu'il existe un nombre considérable de bureaux et de logements vides, que les ministres verts du logement n'envisagent jamais de réquisitionner, comme la loi les y autorise, une loi inspirée par l'abbé Pierre, qui n'a jamais servi à rien, sinon qu'à être la mauvaise conscience consultative du pouvoir politique, qui traite les rapports annuels de sa fondation comme ceux de la Cour des comptes.