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dimanche 31 juillet 2011

La vie est un rapport de forces

La vie est un rapport de forces. Beaucoup aimeraient qu’elle soit lisse comme un lac. Mais même au bord d’un lac, il y a des roseaux qui plient et ne rompent pas. Même lorsqu’on ouvre une porte, on active une force contre la volonté de la porte. Même dans le plus parfait quiétisme, on se laisse porter par le courant, et l’on se rend compte, quand on est parvenu trop loin du rivage, qu’il faut bien le remonter.
- La vie est un rapport de forces : on s’en aperçoit dans la guerre, mais c’est tout aussi vrai dans la paix.
- - L’homminisation, si tant est que ce terme soit adéquat, ou l’humanisation de l’homme, consiste moins à sortir du rapport de forces, qu’à rendre les forces égales, par la volonté du plus fort. Le plus fort, celui-là même qui sait que le pouvoir ne se donne pas, mais qu’il se prend, détourne la loi du plus fort et renonce à sa force. « La vie est une force qui va », le vivant est une force qui veut. Que la vie cesse d’aller, et la cessation du mouvement de la force vitale entraîne la cessation du rapport de forces qu’est la vie. Que le vivant cesse de vouloir, voire qu’il cesse de vouloir s’opposer à la loi du plus fort pour égaliser les forces ; qu’il cesse de s’inscrire en opposition partielle avec la loi de la vie, et il se rigidifie, il se raidit, son coeur fermente, sa bouche est pleine de calomnies, et il devient comme mort d’amertume. Car il sent dans son palais l’amertume de la mort.

C’est dieu qui paraît avoir créé la loi du plus fort dès avant que l’homme ait péché. Sinon, pourquoi la chaîne alimentaire, où la survie de l’un dépend de son ingestion des espèces inférieures ? Quel amour peut-il régner entre les espèces dans de telles conditions ? Et se peut-il que Dieu se Soit pourtant voulu affranchir de la loi du plus fort ? Y a-t-il dichotomie entre les lois de la nature et les lois de Dieu ? L’hypothèse de teilhard se peut-elle soutenir que Dieu, ayant créé la nature, l’ait laissée se développer dans une direction qu’elle aurait choisi de manière autonome ? Dieu aurait-t-Il tant respecté la nature, comme Il a tant Aimé le monde, qu’Il ne soit pas venu s’imposer exogènement à elle, mais qu’Il l’ait contrebalancée en opposant la Miséricorde à la colonne de sa rigueur ? Qu’est-ce qui permet à la doctrine catholique d’affirmer que la mortalité existait déjà dans la création avant le péché pour les animaux et les plantes, mais n’aurait été imposée comme un châtimentqu’au seul homme ? Les animaux n’ont-ils pas reçu une âme ? Par quel anthropocentrisme ne perdant rien de sa superbe, après avoir affirmé que notre espèce a été placée « au sommet de l’univers », continuons-nous encore à dire que « l’homme est la seule créature que dieu ait voulue pour lui-même » ? Devons-nous entendre par là que ce qu’Il a créé par ailleurs, Dieu n’y aurait accordé aucune attention ? Et n’y aurait-Il donné tant de profusion que pour assurer la subsistance de l’homme et se moquer des autres espèces ? Dieu se moque-t-Il de la vie animale ? A ce compte, pourquoi les a-t-Il voulu toutes réunir dans l’arche de Noé ?

lundi 25 juillet 2011

Aphorismes cruciverbistes, la mort est une faiblesse, les balances...

4. La mort est une faiblesse.



Il ne faut jamais laisser autrui appuyer sur son point faible, ni dire soi-même par hypocrisie qu'on le fait à autrui "pour son bien". A chatouiller le point sensible, le seul résultat qu'on obtient n'est pas de faire rire, mais de faire mal. Non seulement "il ne faut pas ajouter la honte à ses faiblesses" (comme l'a dit Philippe Léotard), mais il faut se construire par-dessus celles-ci.



Il faut jeter le manteau de Noé sur la faiblesse humaine.



On aimerait vivre jusqu'à l'infini, parce que refuser la limite, c'est refuser la mort. Mais la mort faisant partie de la vie, il faut vivre dans les limites imparties à la vie. Il s'avère en effet que la vie est limitée. Toute la question est de savoir depuis quand, pourquoi, et si cela n'oblitère pas la victoire finale et posthume de la vie, postulée aussi bien par l'optimisme évolutionniste ou créationniste, ces deux écoles n'étant , en cela au moins, pas moins finalistes l'une que l'autre. Car l’évolutionnisme a beau prendre acte de la corruption, son finalisme ne fait aucun cas de l’usure, son infini n'est pas usuraire.



Je n’aimerais la génération que si elle était spontanée.



Je crains que la mort ne soit guère complaisante à ceux qui s’y complaisent avant l’heure de préférence à la conjurer. La mort est chose trop lourde pour qu’on l’invoque à la légère et chose trop chagrine pour qu’on flatte l’instinct morbide qu’on met à l’invoquer avant terme. [1]



La mort est une absence d’issue.



La peur de la mort est la peur de manquer d’air.



La mort est un seuil qui marque un enfantement, une naissance à l’indéterminé. Penser la mort comme le seuil d’une nouvelle naissance ne nous console pourtant pas de mourir, car ça nous a été un tel traumatisme que de naître que nous en avons refoulé le souvenir. Cette absence pour chacun du souvenir d’être né n’est que le négatif analytique de la conséquence surnaturelle qu’on peut tirer de ce fait en le regardant sur un plan synthétique et panoramique : ne pas se souvenir d’être né, c’est ne pas avoir le sentiment de l’incoatif, c’est se croire sans commencement. De manière innée, l’homme se croit sans commencement. Il n’a donc pas la notion du temps, mais celle de l’éternité. Ne pas se souvenir d’être né, c’est avoir de manière innée la notion de l’éternité, ce qui bat en brèche cette idée reçue que l’homme ne peut penser l’éternité puisqu’il n’a que la notion du temps. Il se peut, soit que la notion du temps ait été refoulée par le traumatisme originaire de la naissance, soit au contraire que la notion de l’éternité soit conforme au « principe d’innatalité », lequel précède peut-être la croyance en l’immortalité de l’âme. L’homme n’a peut-être forgé toutes ses « "cartographies de l’au-delà » [2] que parce qu’il ne se souvient jamais que d’avoir été. L’homme est peut-être plus porté à se ressaisir d’un passé qui l’a lâché qu’à éterniser un présent qui reflue de remugles ou à investir dans un avenir incertain. C’est sans doute par nostalgie que l’homme reconstitue sa vie posthume. Or « la nostalgie est une douleur du retour », et la reconstitution implique une reconstruction à partir de données connues. Ce n’est que par conversion que nous plantons nos racines dans le ciel. Vivre de cette condition terrestre nous apporte peut-être l’indication que, puisque l’origine nous est devenue une source d’amnésie traumatisée qui n’a pas supprimé la nostalgie et résiste au puzzle inquisitorial de notre reconstruction reconstructionniste, il y a une certaine conversion qui s’impose comme par un état de nécessité.



5. Les balances.



On se balance comme on respire, et il faut vivre en se balançant. Ça ne fait pas que l'on vive en mentant ou bien qu'on s'en balance de vivre : sans mentir, c'est même parce qu'on ne s'en balance pas que, loin de prendre la vie pour un mensonge ou pour un songe-creux, on balance entre maints avis dans la crainte de se tromper, sans qu'il nous effleure de tromper. On ne veut pas "compter les morts" après avoir mal choisi (comme Jean guitton en avait fait son deuil dans "LE TRAVAIL INTELLECTUEL") ; on ne s'en balance pas de choisir mais, comme on n'a pas les balances de Jupiter, on préférerait avoir un autre choix que de vivre en choisissant. On se dit que choisir, c'est mourir un peu et mourir moins bien que partir - les routes sont si accidentées - ; on regrette que choisir soit laisser choir et se douloir, et l'on a peur de se faire mal en se privant. Ce n'est pas nous qui aurions mis le monde en balance en faisant que choisir soit éliminer et vivre si bien sélectionner que "la mort d'un homme soit une tragédie et la mort de millions d'hommes un détail", comme a cyniquement ironisé Staline à propos de ses purges.



Il faut vivre en se balançant parce qu'il y a une balance dans la vie. La balance est inscrite dans l'analyse de la vie dont il faut vivre la synthèse : balance entre son aspect cyclique et son exigence éternelle, mais balance en-deçà entre l'impermanence dans laquelle la vie ne cesse de moduler et l'incroyable fixité des lois ontologiques, de la rotation des systèmes dans l'univers à la manière de donner, puis de mener sa vie pour qu'elle aille quelque part. "Célèbre la mouvance du sable quand il devient montagne, mais n'oublie pas que montagnes et châteaux sont des monuments à l'impermanence", conseille en substance Neal-donald Walsh dans "CONVERSATIONS AVEC DIEU (TOME III).



On attribuait à Jupiter le privilège de la pesée des âmes. Or, d'après ce qui n'est peut-être qu'un fantasme ésotérique, on aurait pesé l'âme, c'est-à-dire qu'on aurait mis deux fois sur la balance un corps à l'agonie et puis le même corps, une fois que la vie s'en serait retirée. On aurait observé que le corps sans vie serait plus léger de quelques grammes. Je ne finis pas de m'étonner des conséquences que l'on pourait tirer d'une telle observation, d'autant qu'elles sont contradictoires :

- ou bien en effet une âme ne pèse que quelques grammes, et cela ne rend pas son importance bien écrasante, ou bien le simple fait qu'elle pèse quelque chose fait qu'elle n'est pas la part légère de la vie susceptible de s'élever, moyennant cette légèreté qui lui aurait été réservée, vers les sphères éthérées de l'Infiniment Simple.

- Si l'âme n'avait rien pesé du tout, cela aurait, ou bien confirmé les matérialistes dans leur conviction que l'âme n'existait pas, ou bien donné cet envol à la vie grâce auquel, sur les ailes de l'âme, notre corps aurait pu s’élancer sans esprit de conquête à l'assaut du ciel.

- Le fait à présent que l'âme pèse quelque chose peut résulter d'un dommage colatéral de son affectation, par contagion ou compassion, à la pesanteur dans laquelle est pris le corps et, avec lui, le mystère de l'incarnation.

- Enfin, on s'attendrait qu'un corps qu'aurait raidi la mort fût devenu plus lourd, que la raideur lui eût communiqué la lourdeur. Or, si l'amputation de l'âme dont vient d'être victime le corps fait au contraire qu'il est plus léger, c'est la raideur qui est plus légère et la souplesse qui est plus pesante. Il y a vraiment une balance dans l'analyse de la vie.



Il y a bien de la différence de la balance, signe d'air, à "la balance" délatrice et friponne, dont le faillotage est caca boudin, pfouile ! même si les espionnes ne sont pas des boudins, mais des canons, les scorpionnes, Grace Kelly ! Idéaliste, la balance des astres n'en revient pas que l'autre existe, celle qui donne, ça la défrise, ça la décoiffe, ça la déçoit. L'homonymie lui jette un froid sur sa propre identité, et qu'il y ait des "donneurs" qui ne soient pas des donateurs froisse son innocence et brise son opinion de la nature humaine, dont se faire une trop haute idée est la source de bien des désemparements désenchanteurs. La bonhomie est une mine illusionniste qui doit son gommage au teint rougeaud des sanguins dont la protubérence des veines dissimule la violence du tempérament. La débonnaireté n'est jamais le tout d'un tempérament.



Julien Weinzaepflen

Aphorismes cruciverbistes, la vie lévitante (I, II, III)

APHORISMES CRUCIVERBISTES




(sur le fil du rasoir et des jours)






I LA VIE LEVITANTE






1 . Les liens.



Le détachement est un antidouleur. [1]



L’attachement est un désir de permanence.



On se détache par peur de l’arrachement.



On refuse de se détacher par peur de la dépossession. On veut garder de l’emprise pour se garder d’être possédés. On s’accroche, comme si notre liberté n’était pas sauvée. Au vrai, rien ne peut nous départir du sentiment que notre liberté est enchaînée. Nous sentons notre liberté tenue en laisse au bout de sa chaîne. A notre sens charnel, le diable est déchaîné et c’est notre liberté qui est enchaînée ; alors que, selon le sens spirituel, le diable a été enchaîné pour que notre liberté soit délivrée, mais nous avons peur qu’elle se déchaîne…



Tout renoncement est une amputation. On parle beaucoup du renoncement, mais on en parle surtout. On a peur de renoncer parce que, là où le psychisme est engagé, l’opération se fait à vif. Plus sommairement et plus archaïquement, on a peur de renoncer parce qu’on a peur de perdre, tel le crabe qui s’accroche à ses pinces. Or qui ne peut dépasser ni raisonner la peur de perdre ne peut avancer qu’en rampant. Pour cesser d’avancer comme un chancre, comme un cancer, comme un serpent, comme un crabe ou comme un diable, il faudrait pouvoir renoncer à la peur de perdre.



Peut-être ne se dit-on attaché à dieu que parce que l’on a peur de constater à quel point on est naturellement détaché des hommes. Le mystique n’est peut-être si suintant que par insensibilité.



La souffrance suscite la compassion ; le malheur suscite l’incompréhension ; et la misère suscite l’indifférence. La souffrance s’épanche ; le malheur se tait et la misère s’ignore.



L’idolâtrie est une patère qui fait contrepoids à notre peur du vide.



La vie est abondante et elle nous abonde.



Je n’aime pas la vie, et pourtant j’aime vivre.



La vie ne tient qu'à un fil et on y tient, mais c'est plus souvent le fil qui nous tient que le contraire. Il est de fait plus facile d'être somnambule que d’être funambule.



La vie ne tient qu'à un fil ; mais, quand on ne tient plus à la vie, la vie ne tient plus à rien. C'est ainsi qu'on peut mourir de chagrin ; ou mourir, dans un syndrome de glissement qui nous efface à petit feu, un petit feu qu'on est heureux de nous laisser éteindre.



La vie ne tient qu’à un fil et il faut s’y accrocher.



On ne peut s’accrocher à rien dans la vie, mais il faut s’étendre sur les ailes de dieu et se baigner en Dieu en suivant la voie des anges.



On ne sait pas à quoi tient le fil de la vie, il est comme l’axe de la terre.



Le fil de la vie est électrique, empathique, télépathique, affinitaire.



Il ne faut pas tenir à quil'on aime. Si le Français parlait encore au datif, il marquerait que, quand on dit :

"Je tiens à toi",

cela veut dire :

"Je te tiens !"

Le datif se veut la déclinaison attachée au don. « Je te tiens », c’est l’antidatif, c’est le captatif. Le datif, ce devrait être l’anticaptatif.



Il ne faut pas se laisser vivre en conflit intérieur avec soi-même pour éviter que ce conflit ne dégénère en emprise surles autres. Il est urgent de désenchaîner son esprit pour délier ceux que l'on s'est injustementenchaînés, car par la censure que nous nous imposons à nous-mêmes, nous empêchons ceux sur qui nous avons jeté notre dévolu d'évoluer, sous prétexte de ne pas leur faire du mal en les quittant, en rompant le lien où nous les avons injustement engagés à nous.



Il y a deux manières d'être somnambule, soit qu'on se mette en transe pour se laisser porter, soit que le travail nous hypnotise comme un complot du monde pour se faire porter pâle [2] par nos visages, ([3]) sans que le monde prenne égard à ce que les Indiens que nous ne sommes plus disposent d'une moindre capacité à en soutenir les soubassements, que le fil de la vie n'en détient pour ne pas nous laisser tomber quand nous oublions de le tenir. Nous sommes des équilibristes déséquilibrés, à la torture de la pâture.





2. La ligne de vie.



La vie humaine est une ligne brisée comme le cycle de l'eau, mais brisée, en ce qui la concerne, par la nostalgie de ne pas être un arbre planté au beau milieu du cercle paroxystique et paradisiaque de l'éternité. (Entre le paradoxe, le paroxysme et le paradis, il y a parenté de radical ; mais la parenté n'est intéressante qu'à l'hypoténuse, entre paradoxe et paradis. Est-il radical d'être paradoxal, et l'intrusion du paradoxal dans le paradigme du paradis ne trahit-elle pas qu'on fait parade de paroles comme le paroxysme essaie de lancer une parabole dans le ciel pour avoir des antennes ? L'éternité est le paradis du temps come le jardin persan l'exprime dans l'espace.)



La vie se présente à la fois et alternativement sous un aspect cyclique et éternel. Elle est caractérisée par la permanence du cycle et la variabilité de la sensation de pérennité. La vie se meut entre « l’éternel retour du cycle » et le sentiment mutant de la permanence. Cette variation n’est peut-être jamais mieux désignée que dans cet oxymoron qu’est « l’état d’âme ».



La vie est un sillon qui essaie de se tracer comme le diamètre d'une nébuleuse dont le centre est le vent, créant dans son atmosphère de souffle d'envoûtants sortilèges, dont la moindre variation n'est pas que l'envoûtement se transforme en clef de voûte et le sillon en thème. La vie est une symphonie crépitante que, sur son échelle, vient canaliser l'outrance des nuages dont l'effusion d'averse vient étendre le sillon lessivé au contrecourant du fil du lac d'une âme dont rien ne peut altérer la tranquillité du fond sans vase, l’âme repose sur de bonnes bases.



La charrue qui laboure le sillon de la vie peut être tirée par des boeufs imbéciles à force de docilité, mais ont-ils mauvais fond avec leur souffle chaud ? Ils ont été castrés. On ne devient mauvais qu'après être tombé. Il n'y a pas de méchanceté que ne prévienne la trahison d'une innocence, pas de malignité que ne précède une chute.



Un souffleur de verre fait des formes avec son souffle. Sa matière première est de la fibre, du sable. Friable est la fibre dans ses mains lacérées, mais le sable, sous son souffle, écrit.



Faute de pouvoir changer les lignes de sa main, il est bon de faire bouger les lignes de sa vie.



L’amour est un effet d’entraînement.



Il faut scrupuleusement veiller à ne pas arracher l'écharde de sa chair.



3. La grâce et le vide.



"Le vide crée une avidité que soutient l'imagination" (Père André-Marie foutrin)


L’homme se retire du vide par le moyen de l’avidité et quand il croit, vaincu, se rendre au vide, c’est la Grâce qu’il trouve à sa place.



Si l’air est l’élément du ciel, inspirer, c’est faire entrer le ciel en soi ; et faire entrer le ciel en soi, c’est recevoir l’inspiration. Quand on quitte ce monde, on expire. Expirer, c’est être aspiré par le ciel.



Il faut prendre la vie à la légère pour lui donner du souffle. Sur lequel s’envoler.



La vie n'est pas soumise à la gravitation.



Pour vivre en apesanteur, il ne faut pas s'appesantir. Cela donne à notre visage une grâce solaire. Mais un couple est formé par l'appesanteur avec la grâce solaire et un autre par "LA PESANTEUR ET LA GRACE". [4] Car la pesanteur et la Grâce ne sont pas opposées. La Grâce de l'appesanti, c'est son visage transfiguré par la transparence de sa fragilité ; la grâce de l'ensoleillé, c'est l'illumination de celui qui a trouvé le chemin durayonnement sans avoir eu besoin de la Grâce. L'appesanti vient du ciel, l'ensoleillé va au soleil. Ce qui distingue l'appesanti de l'ensoleillé, c'est un certain rapport à l'épreuve, mais c'est aussi que l'appesanti se croit indigne d'un dieu qu'on ne peut atteindre tandis que l'ensoleillé identifie Dieu au soleil ou L'exporte au-dedans. L'appesanti se brûle les ailes quand l'ensoleillé se les chauffe en faisant disparaître son angoisse dans des séances d'ultraviolets. L'appesanti et l'ensoleillé sont deux modèles de naturel, mais le premier vit dans la consomption du surnaturel quand le second se satisfait d'une religion naturelle. Par celle-ci, l'ensoleillé devient le descendant de Dieu tandis que celui-là croirait manquer à la Transcendance divine de ne pas la laisser descendre jusqu'à lui. Si l'ensoleillé n'a pas nécessairement de religion biendéfinie, voire s'il se vit comme "libre de Dieu", c'est qu'il croit irradier par la grâce naturelle à la vie, tandis que l'appesanti attend le résultat de son recours en Grâce. [5]



Si l'on pouvait ou devait départager l'ensoleillé et l'appesanti, bien que la manière dont ils rayonnent soit essentiellement une affaire de tempérament, et de densité avec laquelle on a subi ou aimé la vie, il faudrait être en mesure de savoir si Dieu Est le soleil ou la vie ou s'Il Est une force extérieure au dynamisme organique du moteur vrombissant dont l'explosion qui est à son principe est à l'origine de l'entretien de notre peur de vivre en dégagement.



" Dieu, c'est une Lumière qui parle à ton esprit et qui te dit la vérité, mais non pas dans le langage des hommes " (Franck Bourel)

Julien Weinzaepflen (dit le Torrentiel)


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[1] Nous étions en train d'observer depuis la plage, avec un prêtre que je connaissais et que je rencontrai par hasard à Nice où nous étions descendus dans le même hôtel, quatre personnes faisant du parapente attachées à un bateau quand le Père O-Sullivan me glissa à l'oreille :

"Vous vous imaginez si l'attache lâchait ?"

Eh oui ! Si l'attache lâchait ! Un ami de mon frère définit la vie comme balançant entre "le lien" et "le mouvement". Je ne sais pas quelle est la fascination malsaine qui pousse les mystiques occidentaux à tant préconiser "le détachement". car, outre que celui-ci n'a rien d'une évaporation qui pourrait, au lieu de confondre ou d'échanger les deux coeurs, humain et divin, "dissoudre" l'esprit humain dans le flot de l'Amour divin, dissolution corrosive comme le sel, les mystiques ont beau se dire détachés, nul n'est plus attaché qu'eux ! Chez eux, "LA CERTITUDE DE L'ESPERANCE" survit à "la nuit de la Foi" ! (Sur "LA CERTITUDE DE L'ESPERANCE : réf. au titre d'un ouvrage du doyen André Wartelle et de l'archéologue André Berthier. Sur "la nuit de la Foi", penser à l'expérience de catherine de Sienne, de sainte-Thérèse de Lisieux doutant de l'existence de Dieu pendant presque une année et ne se réveillant de ce doute que sur son lit de mort. Tout en doutant, elle n'avait jamais cessé de désirer croire, et elle avait offert la perte du sens de sa vie qu’était sa foi, pour "sauver les âmes » qui n'avaient pas eu le privilège de connaître Celui Qui la faisait vivre : ainsi aurait-elle pu décrire, je crois, la nuit qu’elle traversait, elle dont la première interrogation d'enfant se rebellait contre la différence de la taille et de la beauté des fleurs entre elles, différence qui trahissait, lui semblait-il, que Dieu avait des préférences... De même, la publication du journal de mère Thérésa a faita pparaître que, pendant près de 50 ans, cette soeur que le monde entier faisait vivre en odeur de sainteté, ne sentait pas le Dieu Auquel elle avait voué sa vie ; et, non seulement ne le sentait pas, mais elle était convaincue par cette sécheresse de sa prière qu'Il ne devait pas exister puisqu'Il ne lui répondait pas, bien que son âme, peut-être peu poreuse, continuât de s'astreindre, à l’indienne, à Le prier, à faire comme si... Qu'est-ce qui l'a retenue toutes ces années ? La volonté de tenir, pas un pari spéculatif comme l'a sottement présumé Pascal de ses propres forces, qui ne savait pas qu'en-dessous des motifs bien ficelés de son raisonnement noué comme un « bouclage » (dominique descottes), il y avait une faiblesse de constitution qui l'inclinait à penser, comme presque tous les humains, qu'il fait bon croire plutôt que de se mouvoir dans le noir et dans l’intenu de l’inconnu! Voilà ce qui fait allumer aux moins religieux d’entre nous des cierges aux heures les plus sombres ou les plus cruciales de leur vie. Il fait bon croire, "toucher le rocher" de Lourdes, vouloir être convaincu, s'efforcer de s'éclairer à la chandelle d'un souffle pour ne pas perdre pied quand tout vacille. Ceux qui ferment les yeux sans savoir ce que c'est que le néant de voir croient que le néant est tragique. Il n'en est pourtant rien, j’en parle en ayant l’expérience existentielle du néant visuel, sans pour autant me croire capable de penser le néant, car le néant est un impensable. Je n’ai pas pensé le néant et sais bien qu’il fait bon croire, et ce n'est pas moi qui nierai que l'on n’est fort que tant qu'on n'a pas mal !)

[2] Le monde nous prend pour ses brancardier, nous, des malades... Il voudrait que nous le fassions rouler et, pendant ce temps-là, c’est lui qui nous roule…

[3] « visages pâles ! », criaient les Indiens à propos des hommes blancs, quand ils eurent cessé de les prendre pour des dieux. « Le sanglot de l’homme blanc », c’est qu’il n’y a plus personne pour le prendre pour un dieu, lui qui découvrit un continent en se trompant sur la destination à laquelle il était arrivé… Ce qu’il y a de drôle, c’est que des nudistes l’aient pris pour un dieu, lui qui s’est découvert séparé du Sien lorsqu’il a dû revêtir « une tunique de peau » ou une feuille de vigne pour cacher sapudeur.



[4](Cf. Simonne Weil)

[5] Michel Onfray a dit que « l’athée était un homme libre devant dieu ». Cette profession d’athéisme trahit selon moi le lapsus d'une profession de Foi, car la rigueur des termes exige de dire que l’athée n’est pas un homme libre devant Dieu, sans quoi il reconnaît un etre face Auquel être libre, mais l’athée est un être libre de Dieu.



Tout croyant (et croyant converti) que je suis, c’est-à-dire croyant ayant recouvré la Foi, et l’ayant recouvrée peut-être pour me couvrir, l’objectivité m’oblige à reconnaître que je n’ai jamais été aussi heureux que lorsque j’étais libre de dieu, c'est-à-dire lorsque je n'avais pas la foi. Et pourtant, telle est la loi du lien qui, désormais, m’unit à dieu, qu’à présent que je L’ai découvert, à présent que je L’ai reconnu, plus rien ne saurait me séparer de Lui.

Le cardinal bertone, assise et le 11 septembre

La lecture de la contribution du secrétaire d'Etat du Vatican sur Assise (III) (dans « l’Observatore vaticano (du 7 mars 2011 ») pourrait bien porter un esprit libre à risquer les quelques réflexions suivantes.


1. Qui aurait pu penser que le cardinal Bertone deviendrait un jour secrétaire d'Etat? Bernard billaud, dans son livre sur Jacques chirac, rapporte ce trait, que celui qui n'était alors que membre de la curie romaine, avec lequel lui-même et le cardinal Lustiger étaient au mieux, aurait dit à l'archevêque de Paris qu'il nourrissait de grandes craintes pour l'âme de Jacques chirac, dont il supposait qu'il était damné. Le cardinal Lustiger prit très à coeur cet avertissement du cardinal bertone; et autant il n'hésita jamais à se rendre aux invitations quasi hebdomadaires que lui faisait françois Mitterrand pour lui parler de la politique et de son âme en privé et comme en catimini à l'elysée, autant il incitait Bernard billaud à se méfier de Jacques chirac, un homme qui se croyait un destin (il y était favorisé, disait Billaud, par les gages que ui en donnait Jean guitton), et qui avait tout intérêt à prendre garde, s'y abandonnant, que son âme ne connût la damnation, comme le lui avait d'ailleurs fait entendre un mage africain:

"Tu échoueras deux fois à devenir Président de la République française; mais, quand tu le deviendras, ce seras pour ton malheur" (cet épisode a été narré par Jacques chirac lui-même au cours de la campagne de l'élection présidentielle de 1995 auprès de Daniel Bilalian sur la toute nouvelle "france II).

J'ai la faiblesse de croire que Tarcisio bertone et Jacques Chirac avaient une personnalité trop proche du point de vue du carriérisme pour qu'elles ne se reconnussent point. Je gage, mais peut-être est-ce gratuit de ma part, que le cardinal bertone savait ou avait envie de "faire un pas dans la carrière" et n'était pas fâché, quoique cela vînt à un âge où il n'était plus de première jeunesse, que benoît XVI l'eût nommé secrétaire d'Etat.


2. Il est aisément concevable qu'Assise puisse choquer, non seulement des traditionalistes, mais des esprits religieux. dans le contexte de l'ancien Testament dont nous sommes tributaires, rien n'était plus opposé à l'ancien Testament que d'oser rendre un culte aux "idoles" pour imiter "les nations" qui étaient en "abomination" à Yahvé à cause de ce culte. Rien ne pouvait plussûrement briser l'Union de ce peuple avec le créateur et, mêmement, le "verus Israel" ne devait pas douter qu'il ne pourrait "servir deux maîtres". Il n'était pas question d'envisager un instant de se commettre avec les faux dieux.
Assise a pu être interprétée comme une semblable compromission, il est difficile que cette interprétation soit dénuée de tout fondement théologique ou religieux.


3. D'autant qu'on n'a cessé d'en rabattre sur la manière d'organiser la réunion: alors que toutes les autorités religieuses coucouraient naguère pour prier en un lieu unique, courant jusqu'au risque d'idolâtrie la ferveur d'embrasser l'élément "sacré" de la religion des autres, la dimension de se retrouver "ensemble pour prier" tend à s'évanouir de plus en plus: on se trouve dans la même ville pour prier; on manifeste un souci commun de la paix; mais pour le reste, chacun chez soi ou, faute de mieux, , chacun dans l'édifice qui lui serait affecté pour prier son dieu, sous réserve de cette prémisse que "rien n'est plus contraire à la nature de Dieu et à la nature de l'âme que la violence" (benoît XVI, Discours de Ratisbonne)!


4. L'eglise, en guerre contre le relativisme, ne peut guère adhérer à une telle intuition, qui pourtant émana du très féru d'histoire polonaise et du viscéralement nationaliste Jean-Paul II:

"La convergence des différences ne doit pas donner le sentiment de céder à ce relativisme qui nie le sens même de la vérité et la possibilité de l’atteindre"( Message à Mgr Domenico Sorrentino, 2 Septembre, 2006, Enseignements de Benoît XVI, 2006, vol. II , p. 190).

"La convergence des différences", c'est moins philosophique et beaucoup plus relativiste en matière d'"unions des contraires" que "la paix vers la vérité". Jean-Paul II, l'apôtre national, avait une fibre humanitaire de toute évidence BEAUCOUP plus développée que benoît XVI qui se méfiat de la dérive humanitariste dès sa première encyclique: "Deus charitas est". De la dérive humanitaire, mais pas du Nouvel Ordre Mondial (cf "charitas inveritate".


5. D'autant que l'on s'étonne de voir le deuxième Assise apporter sa caution religieuse à la condamnation d'un "terrorisme", qui peut aussi être perçu comme une réaction face à l'injustice de l'"Ordre Mondial". Il m'avait semblé percevoir un infléchissement dans la diplomatie vaticane entre la première et la seconde guerre du golfe. A l'angélus de septembre 2001, les Etats-unis d'amérique n'avaient pas encore affrété leurs blinders vers l'afghanistan, et surtout leurs pilotes, que la réaction contre le terrorisme était présentée par le Vatican comme mondialement justifiée. Après que Jean-Paul II eut franchement récusé la première "guerre du golfe", après qu'il eut été plus directement concerné par les guerres balkaniques, voici qu'à quatre ans de sa mort, sa condamnation unilatérale du terrorisme talibanesque a l'air de sonner le glas du premier pacifisme de son pontificat et de justifier ce qui était alors en train de se préparer: "la guerre préemptive contre l'ennemi invisible qu'était le terrorisme", la "guerre mondiale contre le terrorisme".
"Religieux de tous les pays, réunissez-vous pour remettre de l'ordre dans les manifestations désordonnées et spectaculaires qui font trembler l'ordre mondial.".


De fait, on a l'impression que ce "second assise" renoue, tous anachronismes étant inégaux par ailleurs, avec un certain césaropapisme, pour autant que l'on reconnaisse que Jean-Paul II avait cessé d'avoir la haute main sur sa diplomatie, et que le tournant marqué par benoît XVI, après les relations tendues que Jean-Paul II n'avait pas craint d'avoir sur le sol des Etats-Unis avec Bil clinton, semblait être à l'apaisement avec la puissance censée dominer le monde encore pour un certain temps. Cela non sans que le nouveau pape régnant ne ménage la puissance chinoise, cherchant à trouver des accommodements pour régulariser les évêques de l'"eglise patriotique", illicitement sacrés et sur l'illicéité des sacres desquels Rome, dès l'entrée en fonction de Benoît XVI? semblA prête à passer l'éponge, la réconciliation du Vatican avec la chine ayant été l'une des priorités de Benoît XVI, comme si le nouveau pape voulait avoir plusieurs fers aux feux, et comme s'il avait anticipé l'arrivée de la crise économique, qui ferait edes etats-Unis les vassaux financiers de la chine, capable de les mettre en faillite quand elle le voudrait!


6. Assise III ssemble enfin davantage être marqué par l'association à une réflexion des politiques et des "intellectuels" de la planète (reconquête culturelle façon "parvis des gentis") que par une volonté de se rassembler pour prier en une même cité (ous dépendance romaine) des autorités religieuses du monde. Le vatican n'a pas renoncé à cette initiative d'Assise, parce qu'il est le seul à pouvoir y inviter et à faire confluer vers une ville de la romanité l'ensemble des religieux de la planète. Mais on sent que, ce qui meut son secrétaire d'Etat et, sans doute, à travers lui, le souverain pontife, c'est bien davantage une volonté de faire se rencontrer l'élite mondaine, temporelle et culturelle, qu'une volonté d'organiser une prière en commun façon Lansa del vasto. De la prière en commun, semble ne subsister que le jeûne en commun. Mais c'est à quoi semble avoir à se réduire sous benoît XVI la démarche spirituelle d'assise. Les traditionalistes devraient ressentir que leurs revendications ont été largement prises en compte.


Julien weinzaepflen

Le décalogue est-il de droite?

Retranscription d'une discussion que j'avais initiée sur leforumcatholique.





Le d�calogue est-il de droite? par le torrentiel (2011-06-29 15:34:38)


Chers amis de la tradition (cette question est posée à des traditionalistes, qui tiennent que la loi naturelle, gravée dans le cœur de tous les hommes, est tout entière contenue dans le Décalogue),

A vous lire, moi qui ne fréquente vos milieux que de loin, bien que vous m’intriguiez et que je vous respecte, je suis toujours surpris de ce que vous faites réguli�rement l'apologie d'un "ordre naturel" que vous semblez confondre avec la « loi naturelle « , dont semble être absente la "Justice sociale", ce que j'ai déjà eu l'occasion de décrier d’une formule :

"tout pour la famille et rien pour la famine !" (sur le blog de l’abbé de tanoüarn)

"La justice sociale". Vous allez me trouver bougrement "démoocrate chrétien" ! Pourtant, "la Justice" ne fait-elle pas partie de l'ordre? N'est-elle pas prescrite, sinon par la loi naturelle, du moins par les aspirations naturelles de l'homme?

Or, à considérer le Décalogue en lequel consiste selon vous "la loi naturelle", on ne peut que donner conceptuellement raison à votre conservatisme: il n'y est question que du respect de la transcendance, de la piété filiale et du respect des biens d'autrui. Bref, il y est proposé ou commandé le respect d'un ordre conservateur.

Pourtant, le Nouveau testament semble ouvrir une brèche dans cet ordre conservateur. Ce serait un immense raccourcis que de dire que le christ est de gauche... (Et pourquoi pas, tant qu'on y est, dire avec Johnny, que "Jésus-christ est un hippy"?) Restons sérieux. Le christ introduit néanmoins, dans ce strict respect du décalogue, une générosité (et une radicalité, certains pourraient dire une servilité…) qui pousse � la fois à ne pas se révolter contre l'ordre établi, jusqu'à faire deux mille pas avec celui qui nous demande d'en faire mille avec lui, et n’en renverser pas moins cet ordre tout en ne se révoltant pas contre lui.



Le christ amène dans ce strict respect de l'ordre conservateur une Justice qui s'insinue en n'étant pas du tout révolutionnaire. Si le Christ �tait de gauche, il s'agirait moins que Ses militants ne revendiquent des droits qu'ils ne payent de leur personne.

Je serais curieux de savoir ce que vous pensez de tout cela, et le fil (de discussion) que je vous propose d'ouvrir n'est qu'accidentellement provocateur.



Pourquoi cette absence de Justice sociale dans votre évocation récurrente de "la loi naturelle"? Le Décalogue est-il de droite et, allons-y, quitte à être un peu marsionite sur les bords, le christ est-Il de gauche? dans "la royauté sociale de notre seigneur Jésus-christ »" que vous appelez de vos vœux età laquelle d’autres ont cru pouvoir donnerle nom de « théologie de la libération », n'y a-t-il pas le mot "social"? qu'en pensez-vous?



En espérant que vous serez nombreux � entrer dans ce débat!



Julien WEINZAEPFLEN





Qui qualifie affaiblit par Maïe (2011-06-29 15:48:56)





qualifiez la justice de sociale et ce n'est plus la justice c'est de la politique.
La justice, on la rend, la politique on la fait. (…)






)le mot social se qualifie de lui-même par blamont (2011-06-29 16:12:56)







…et se place dans le cadre de la cité.

Tout est social dès qu'il y a une humanité qui soit organisée, responsable et libre; en ajoutant...propriétaire et ce terme "social" ne se justifie que si ces trois notions existent et sont les fondements de la société.

La justice est notamment le respect des droits et devoirs de chacun envers ces points et dans le cadre général du bien commun.

Quant à droite et gauche...



Depuis la place occupée par les députés de 1789 en rapport à celle du président de séance, bien des choses ont changé.

Etre de droite, c'est considérer avec optimisme que l'homme est mauvais et peut être sauvé de lui-même, même avec le secours de la société entre autres…

Etre de gauche, c'est le contraire: on considère l’homme avec pessimisme, car il ne peut être spirituel, bien que bon : il faut le sauver malgré lui car il doit se maintenir bon dans le monde mauvais auquel il se soumet.


par la dérive sémantique on arrive au grotesque de la Novlangue: « Sécurité Sociale » :
une monstruosité spoliatrice devenue étatique, qui ne donne ni sécurité complète, ni protection réelle, et encore moins aux plus démunis ressortissants de la France et qui agit contre les caractères de l'action sociale dans la cité, tels les trois termes exposés au début du message.



absolument par Aigle (2011-06-29 17:47:07)







La justice authentique n'est autre que la justice tout court, à mon avis... ajouter divers qualificatifs ouvre la voie, soit à des restrictions techniciennes (justice administrative, pénale, civile...), soit à des expressions polémiques qui peuvent vider le mot de son sens.

Dans le cas de la justice "sociale", il n'y a souvent plus de justice du tout mais une "novlangue" dans laquelle, au bout du chemin de l'inversion des valeurs, on persécute le travailleur, l’honnête homme, le courageux, le savant et on récompense le paresseux, le menteur et le voleur ...

La doctrine catholique (même avant Léon XIII me semble-t-il) a toujours condamné l'excès (en particulier la dictature de l'argent, dans la lign�e de l'enseignement évangélique) ainsi que le déséquilibre des droits et des obligations entre les parties � un contrat (il me semble que les scolastiques ont parlé de l'équilibre des contrats dès le XIIIe siècle).

Une vision du monde dans laquelle l'ouvrier a toujours raison et le patron toujours tort (ce qu'on entends en pratique par justice "sociale" de nos jours) n'a rien à voir avec la vraie justice - pas plus d'ailleurs que la conception symétrique qui ferait du salarié un quasi-esclave de l'employeur ...

…)





"La justice administrative, pénale, civile" par le torrentiel (2011-06-29 21:45:51) [en r�ponse � 600441]


…relèvent de tribunaux qui sont compétents pour la rendre. Si vous voulez ôter à "la justice sociale" l'aspect de "nove langue" qui vous en rend l'expression dérangeante, ne pourrait-on pas dire qu'elle relève de "l'équité" ou, à un stade inférieur, de "la (simple)justice distributive"? Dans toutes les contributions que j'ai lues précédemment, il ne me semble pas qu'il ait été fait grand cas de l'équité :



« De chacun selon ses besoins à chacun selon ses moyens », dans la mesure certes où le « chacun » en besoin est prêt à contribuer aux moyens de la communauté.

Faut-il voir, dans cette absence d’équité, un calvinisme rampant, une sorte de résignation à l'ordre des choses ? Cette résignation, avant d’être réputée « un habitus » calviniste, n’a-t-elle pas été l’un des traits de caractère de la société catholique ? Cette résignation actuelle n’est-elle pas l’une des marques de l’appartenance à la société moderne du catholicisme bourgeois ? Celui-ci ne se caractérise-t-il pas en effet par le refus de contribuer (refus du fiscalisme, à l’instar de l’exigence républicaine américaine de toute augmentation d’impôts à destination des classes les plus nanties(, en contradiction au moins apparente avec le refus de servir dieu et Maamon ? Une autre mani�re de poser la question ne serait-elle pas de se demander si, au nom du "bien commun", , de l’équité, de la loi naturelle ou tout simplement de la charité, il ne pourrait pas se trouver des catholiques un peunantis en patrimoine, qui seraient néanmoins contents de payer des impôts, s'ils avaient la certitude que ceux-ci seraient bien employés ? Ou, pour ceux-là mêmes qui ne le seraient pas, étant de sensibilité plus libérale bien qu’étant catholiques, considèrent-ils l'"organisation de la charité" comme une option facultative de "la cité organisée"?





le problème de base par Aigle (2011-06-29 21:55:32)



…est que dans notre vie quotidienne depuis 1968 au moins - et peut-être même depuis 1936 -, la justice sociale est le contraire de la justice. Ce qu'on appelle justice sociale consiste à donner le maximum de pouvoirs à des syndicats irresponsables non élus et composés des salariés les moins performants et les moins intéressés par la santé de leur entreprise et par le bien de leur pays.

La justice sociale en France aujourd'hui consiste à faire financer une multitude de prestations à des gens de mauvaise foi (par exemple des enseignants qui souhaitent prolonger leurs 2 semaines de vacances de Noel par une semaine de congés maladie) par des gens de bonne foi qui travaillent dur - même quand ils ne gagnent que le SMIC ou à peine plus. Sans oublier les mères vivant en concubinage et qui réclament l'allocation de parent isolé. Ou les �tudiants qui réclament l'APL même si ses parents payent l'ISF ...

Bref la justice sociale est l'exact opposé de la justice - même distributive -.

Parlons peut-être d'é�quité, de charité, de solidarité entre riches et pauvres, valides et handicapés, jeunes et vieux , etc ...mais le terme de justice sociale est aujourd'hui trop connoté pour être admissible par la fraction de la société qui travaille sérieusement ...




Tentative de réponse au torrentiel par Jean-Paul PARFU (2011-06-29 17:50:22)







D'abord, il semble aller de soi en vous lisant que la gauche serait social et que la droite ne le serait pas. Or, on pourrait discuter de cet a priori.

En ce qui me concerne, je crois que l'essence de la gauche est la destruction de tout l'ordre naturel et la négation de l'ordre surnaturel. Ni plus ni moins !

Quant � la droite, la vraie, qui ne se confond pas avec la pseudo-droite technocratique et gestionnaire qui a les idées de tout le monde, c'est-�-à-dire en ce moment les idées de la gauche, défend et l'Ordre naturel et l'ordre surnaturel.

Une précision : l'Ordre naturel, ce n'est pas l'ordre des choses ou plutôt "un ordre des choses" avec ses situations sociales figées qui masquent beaucoup d'injustice. L'ordre naturel, c'est ce que les Grecs appelaient : "le Cosmos", c'est-à-dire toute la Création visible et invisible, les lois de la nature et la loi morale naturelle, loi morale naturelle rappelée par Dieu à cause du péché originel sous la forme des Dix commandements.

Ce que nous, chrétiens, appartenant donc à l'Eglise catholique, affirmons, c'est que le respect par les personnes comme par les sociétés, de l'Ordre naturel, des lois de la nature et de la loi morale naturelle, permettrait à ces personnes et à ces soci�t�s de donner le meilleur d'elle-même et de se développer le mieux possible.

Un exemple : les sociétés communistes, faites pour le peuple, ne produisaient que de la misère et de l'injustice sociale ...

Si une société ne respecte pas les corps intermédiaires, elle créera des déséquilibres et des injustices sociales.

De même, des familles mono-parentales créent forcément une certaine insécurité �économique et sociale, tandis que les familles nombreuses avec père et mère créent davantage de sécurité �économique et sociale pour leurs membres.

Dans un contexte chrétien, nous savons aussi, que "des pauvres, il y en aura toujours parmi nous" (Jean 12.8 ; Matthieu 26.11 ; Marc 14.7), que le Christ n'a pas été� "établi pour juger nos affaires ou pour partager nos biens" (Luc 12/13-21).

Nous savons en conséquence que nous devons d'abord chercher "le Royaume de Dieu et sa justice et que le reste nous sera donné� par surcroît" (Mt 6.19-34) et que Judas qui se souciait des pauvres n'était en réalité qu'un voleur (Marc 14/1-2 et 15).




Cher Monsieur Parfu, par le torrentiel (2011-06-30 09:23:08)





Je ne voulais pas laisser passer votre poste sans y répondre, parce que ce que vous appelez votre "tentative de r�ponse" est loyale, construite et constructive, sans attaque ad hominem, et que, ce qui ne gâche rien, je partage une grande partie des opinions que vous y exprimez. )


1. Si je vous ai donné l'impression qu'à mes yeux, il serait exclus par définition que la droite fût sociale, c'est que je me serai mal exprimé. Je ne sais pas moi-même si je suis de droite ou de gauche, des amis me qualifient d'anarco-catholique de droite,j’en suis fort aise ! Alors, me direz-vous, pourquoi amener ces deux plateaux de la balance post-révolutionnaire dans un débat proposé sur un forum traditionaliste? Parce qu'ils font partie de nos préjuger de modernes.



Si je devais me définir politiquement -quelle gageure-, je dirais que j'ai le coeur à gauche sans avoir le portefeuilles à droite (je ne suis pas grippe-sous pour un liard); mais je m'entends mieux avec des gens de droite qu'avec des gens de gauche, ayant constaté, pour l'avoir fréquentée sans en faire partie, que ce qui reste de la grande et vieille bourgeoisie catholique et française, est incomparablement plus philantropique que la gauche incantatoire.

2. Quand vous écrivez qu'"en ce qui (vous) concerne, (vous croyez) que l'essence de la gauche est la destruction de tout l'ordre naturel et de tout l'ordre surnaturel", après avoir répondu que vous y allez peut-être un peu fort, on peut se demander pourquoi le progressisme, qui repose sur des aspirations naturelles inscrites en toute justice dans l'idéal humain, échouent systématiquement en pratique à atteindre son but; tandis qu'une droite, qui "respecte" à la fois "l'ordre naturel et surnaturel", ne le fait jamais, lorsque ses membres sont dominants, sans s'accaparer, avec la plus grande des désinvoltures, des ressources qui appartiendraient à "la communauté humaine, au terme de « la destination universelle des biens ", et dont la confiscation par quelques-uns ne fait qu'entretenir la misère d’un grand nombre, démunis plus encore intellectuellement que fiduciairement, malgré « l’école obligatoire, républicaine et laïque ».



Si Judas, qui s'occupait beaucoup des pauvres en paroles, s'est révélé un voleur et un traître, la droite, de son côté, s'accommode confortablement de cet avertissement du christ que "des pauvres, (nous en aurons) toujours avec (nous)", que vous rappelez à bon escient. Dans le même esprit, il est très louable de protéger les droits de l'enfant à naître; pourvu qu’on se soit assuré qu'il grandira dans des conditions décentes, faute de quoi on n'aura exercé qu’une charité politique qui se sera réduite à la loi en ne faisant aucun cas de la personne.



Je n'ai jamais pu me défendre de penser que l'avatar contemporain du pharisianisme (que je préfère appeler « pharisaïsme », mais passons!) est l'embourgeoisement. En cela, la révolution française qui, non seulement a été une révolution bourgeoise, mais qui, comme toutes les révolutions, n'a fait que renverser une aristocratie pour la remplacer par une autre, se sera dépêchée de planter un germe de pharisianisme en rangeant "le droit � la propriété privée" au rang des droits de l'homme. Le fait qu'il soit impossible de réaliser l'aspiration naturelle au progrès, et que qui veut respecter l'"ordre naturel" doit se déprendre de "l'utopie égalitaire", me paraît ressortir du "mystère d'iniquité".

3. Quant aux "corps intermédiaires ", ceux qui défendent leur respect appartiennent à la meilleure tradition de la droite, dans la conception organique et pyramidale qu'ils ont de la société qui, pour la gauche, constitue un substrat idéologique formant la matrice de « la nature humaine inculturée », à changer par piqûres à doses infinitésimales. Encore faut-il s'assurer, pour que les relations antécédentes de la « société organique » soient justes, que les relations au sein de ces "corps intermédiaires" ne favorise pas à outrance les dirigeant au détriments de ceux qui travaillent pour eux et sont pour cette raison légitimes à faire valoir leurs droits, ce qui est loin d’avoir été toujours le cas ; et s’assurer en outre que, sans entrer dans le pseudo-dialogue social, où il y a beau temps que les syndicats ont oublié les ouvriers, les patrons trouvent dans chaque branche des partenaires représentatifs à qui parler et qui n'aient pas peur de se montrer des défenseurs efficaces de leurs collègues salariés dans le respect de l'intérêt de l'entreprise.



Je me demande si ce qu'on appelle aujourd'hui "le lobbying " n'est pas une perversion inévitable issue de la non reconnaissance des corps intermédiaires; et si, dès lors que c'est la façon qu'ont trouvée des communautés qui font valoir une mani�re nouvelle d'appartenir au champ social, de se mettre sur le devant de la scène, il ne faudrait pas reconnaître à ces "lobbys" le statut de "corps intermédiaires". De même que l'Etat, par un consensus civique, devrait déterminer si ses prérogatives régaliennes se limitent � la défense, � la Justice et la sécurité, ou si elles embrassent aussi le "droit au logement, à la santé et à l'Education".

En espérant vous avoir apporté une réponse digne de la vôtre

Julien Weinzaepflen (dit le torrentiel)






Cher le torrentiel, un exemple : l'Allemagne par Jean-Paul PARFU (2011-06-30 10:48:57)





Ce qui a fait la force économique et culturelle d'un pays comme l'Allemagne, par exemple, mais on pourrait parler de toute "la banane bleue" dont la plus grande partie faisait partie (ou a fait partie à un moment donné) du St Empire romain germanique (962-1806), c'est le respect des corps intermédiaires : familles, métiers, associations diverses, villes, régions à très forte identité etc...

Pour être plus précis, ce qui fait la force économique d'un pays comme l'Allemagne (c'est vrai aussi de l'Italie du Nord), c'est l'énorme tissu économique de grosses PME et de grosses PME exportatrices spécialisées sur des "niches" à forte valeur ajoutée, comme disent les économistes.

Or, ces grosses PME sont, le plus souvent, des PME familiales !

Pourquoi l'Allemagne a-t-elle ces grosses PME familiales et pas la France, par exemple ?

Parce qu'en France, l'étatisme, le centralisme et le fiscalisme ont sévi et ont tout détruit !

On ne construit rien avec une population déracinée et prolétarisée !







Un peu de mal à vous comprendre par ptk (2011-06-29 21:22:18)
[en réponse à 600420] (le message d’ouverture du fil, message intéressant par les références qu’il daigne donner)


…mais il existe une "doctrine sociale de l'Eglise" qui sans doute répondra à toutes vos questions;

Vous pouvez consulter:

rerum novarum (L�on XIII)
quadragesimo anno (Pie XI)
et
le compendium du cardinal Martino

compendium

rerum novarum

quadragesimo anno







g




Rerum Novarum :

la raison intrinsèque du travail entrepris par quiconque exerce un métier, le but immédiat visé par le travailleur, c'est d'acquérir un bien qu'il possèdera en propre et comme lui appartenant.



Actes 4, 32 :

Or la multitude des croyants n'avait qu'un coeur et qu'une âme, et nul ne disait sien rien de ce qu'il possédait, mais tout était commun entre eux.



Personnellement, j'ai du mal à corréler les deux. A moins de consid�rer les Actes comme de simples anecdotes porteuses d'aucun enseignement, ce à quoi j'aurais du mal aussi.







Lisez Rerum novarum jusqu'à la fin par ptk (2011-06-29 22:35:23)




Vous aurez votre réponse!







Sur l'usage des richesses, voici l'enseignement d'une excellence et d'une importance extrême que la philosophie a pu ébaucher, mais qu'il appartenait à l'Eglise de nous donner dans sa perfection et de faire passer de la théorie à la pratique.





« Le fondement de cette doctrine est dans la distinction entre la juste possession des richesses et leur usage l�gitime. La propriété privée, Nous l'avons vu plus haut, est pour l'homme de droit naturel. L'exercice de ce droit est chose non seulement permise, surtout à qui vit en société, mais encore absolument nécessaire. » " Il est permis à l'homme de posséder en propre et c'est même nécessaire à la vie humaine. " (14) Mais si l'on demande en quoi il faut faire consister l'usage des biens, l'Eglise répond sans hésitation : " Sous ce rapport, l'homme ne doit pas tenir les choses extérieures pour privées, mais pour communes, de telle sorte qu'il en fasse part facilement aux autres dans leurs nécessités. C'est pourquoi l'Apôtre a dit : " Ordonne aux riches de ce siècle... de donner facilement, de communiquer leurs richesses (15)". "(16)










Autre niveau de question ? par Glyc�ra (2011-06-30 10:54:46)





Ce niveau m'a tout de suite rappelé César et sa monnaie...

Le Décalogue, c'est vétérotestamentaire, et droite-gauche est très laïc...

Alors, qu'est-ce que Jésus r�pondrait � notre question ?

Que le premier commandement est ...

Dieu d'abord, et le prochain comme soi, et que c'est égalité entre les deux ! Si cela n'est pas social !

Jésus a viré les marchands du Temple, si ce n'est pas police !

Il a guéri même pendant le sabbat des scribes, si ce n'est pas thérapeutique !

Il a multipli� les nourritures, pour "arroser" les béatitudes, si ce n'est pas incitatif de joie !

Il a régalé en bonne ébriété� au mariage, si ce n'est pas convivial !



Mais tout cela n'a rien de gouvernement politique.
Il demande juste que chacun fasse selon ses talents : l'intendant, somme le militaire, comme l'administrateur ou le fonctionnaire. (…)




Avec mes salutations de bienvenue, Sieur Torrentiel









Cher Glycéra,



Ma réponse a tardé sans doute, ce n’est rien de le dire, mais je me remets à jour.



Certes, vous avez raison de souligner qu'il y a un hiatus évident entre ces deux ordres: le Décalogue d'un côté, et la droite et la gauche de l'autre.





Et vous avez encore raison de comparer cette question à celle que posèrent à Jésus, non des partisans de césar, mais des gens qui voulaient tendre un piège au divin Maître.





Ai-je voulu piéger les tradilandais? Peut-être un peu, honte à moi! Mais venant de remettre au propre nos échanges pour les publier sur mon blog:

avouez qu'ils s'en sont plutôt bien tirés dans leurs réponses, ou que c'est moi qui aurai mal formulé ma question.





Mais il ne s'agit pas essentiellement de se piéger les uns les autres, même s'il n'est jamais vain de s'interroger, et plutôt deux fois qu'une, et surtout si certains ont un peu trop tendance à confondre l'ordre de la foi et celui de la certitude! La foi est de l'ordre d'une certitude de grâce beaucoup plus que de celui d'une certitude rationnelle, ne l'oublions jamais. Ce n'est pas l'animal raisonnable qui a reçu le don de la Foi, c'est toujours l'âme de la personne humaine.





Maintenant, qu'il s'agisse en effet de reformuler en termes modernes une question très ancienne: celle du rapport du temporel et du spirituel, si j'ai pu y réussir, Dieu soit loué! J'aurais très mal agi si j'avais demandé:

"Dieu est-Il de droite?"

Je n'ai eu affaire qu'à sa Loi, encore qu'à la Loi naturelle, confondue par beaucoup, me semble-t-il, avec l'ordre naturel qui, comme il se doit, est un ordre de préservation ou, si vous préférez, de conservation. Mais attention! Le pouvoir temporel ne se confond pas avec cet ordre de conservation, sauf à figer sciemment la politique dans l'immobilisme.





Un prêtre m'étonna beaucoup un jour en me rappelant que l'une des trois vertus du sel était la fonction de conservation des aliments, les deux autres étant le fait de relever leur goût pour la première, et pour la seconde de n'être qu'un condiment à utiliser avec modération.



"Car si un repas manque de sel, il est fade; mais si l'on met du selen excès, il est inmangeable!"





Vous voyez bien que la dialectique de la conservation et du progrès n'est pas absente de l'Evangile lui-même. A toutes fins utiles, je rappelle les analyses controversées de l'économiste libéral et banquier charles gave qui tend à prouver que les relations sociales instituées par le christ dans l'evangile sont de droite, ce qui va à l'encontre de ce que j'ai suggéré dans mon accroche de ce fil. Ce n'est pas faux, à relire la parabole des ouvriers de la onzième heure. Le moins qu'on puisse dire est qu'à l'égard de ceux qui ont commencé de trimer dès le matin, le patron de la parabole s'est comporté d'une façon on ne peut plus paternaliste.





Vous-même écrivez à fort juste titre que "moi" et "le prochain" devons être traités à égalité, si je respecte le commandement de Dieu, dans un cadre où je n'oublie pas de mettre dieu au-dessus de tout, où dieu demeure le Premier servi. Je n'ai rien à redire à cela, si ce n'est que ce que je lis de l'analyse qu'on fait généralement dans le milieu traditionaliste du "bien commun" fait beaucoup de cas de "mon bien" et en oublie souvent sans le savoir son côté "commun". Il n'y a guère contribuable qui veuille moins contribuer que l'adepte du "droit naturel" qui ne veut pas qu'on le spolie, bien qu'il oublie n'avoir pas à servir dieu et l'argent.





Si j'essaie d'exprimer cette réalité de façon moins polémique, je dirai que, dans le compte que le catholique de droite tient du "bien commun", il est rarement fait allusion à ce qu'on doit à la santé du prochain ou à son bien-être physique ou moral, pour ne rien dire de son bien-être social, puisque ce terme de "social" est celui sur lequel on a cru pouvoir me tomber dessus. pourrais employer pire: l'adjectifde "citoyen", et demander pourquoi il ne paraît pas faire partie des prérogatives du "bien commun" éligibles à l'etat par le "catholique de droite", d'assurer le minimum de bien-être social de l'indigent que l'on présente le plus souvent comme un assisté se complaisant dans son état.





Si l'on m'objecte que le "catholique de droite" est très préoccupé en général de ce bien-être social de l'indigent, son concitoyen, je reconnaîtrai avec honnêteté que, dans ce fil en particulier, on a prêté attention à son sort; mais que ç'a rarement été sans que l'on soupçonne celui qui s'y intéresse in abstracto d'être une manière de Judas, donc de voleur, de prévaricateur ou de communiste. Il est quelquefois ressorti de certaines réponses (celles de blamont et de Jean-Paul Parfu, pour ne pas les nommer),, les attentions d'une droite sociale, mais n'était-ce pas sous réserve qu'on n'emploie pas ce mot et parce qu'on soulevait le lièvre? Je ne voudrais pas faire de procès d'intentions, surtout à ces deux correspondants dont les arguments paraissaient fort enracinés dans leurs convictions les plus profondes.





Anton a fort judicieusement cité à effata la manière de corréler le passage des "actes des apôtres" où il était question de la mise en commun de tous ses biens par la première communauté chrétienne et cet autre passage de "rerum novarum", sauf erreur, où la propriété privée était référée à "la destination universelle des biens". Admirable était le rappel du principe: mais autre est le principe, autre la pratique, chacun le sait bien. Bien souvent, le rappel du bon principe n'a pas d'autre objet que de noyer la mauvaise pratique.





La preuve, c'est que le "catholicisme conservateur", y compris vvaticanesque, rappelle à l'envi que les points non négociables d'une politique catholique sont la politique familiale, respectueuse de la vie et... de la liberté scolaire, c'est un peu faible par rapport à la cause précédente! . Tout cela est bel et bon. Mais pourquoi ne fait-on jamais mention du "sans famille" qui peut se trouver un fidèle de l'eglise catholique, et puis du fait que la moindre des décences impose que celui dont on a défendu le droit à naître mérite qu'on le respecte en s'assurant que sera défendu son droit à vivre décemment, au minimum à survivre mieux que misérablement.





Les catholiques ne peuvent pas tout faire? Ils ont beaucoup donné? C'est vrai. Mais qu'ils tiennent une position équilibrée, s'ils ne veulent pas que les non catholiques se réfugient dans des utopies, des millénarismes temporels ou des idéologies. N'oublions pas que nos principaux péchés, si ce n'est les plus voyants, sont nos péchés par omission. Si nous oublions de défendre les droits de l'indigence autant que les droits patrimoniaux, nous passerons pour des gens à qui l'indigence est indifférente. D'autant plus que l'Eglise, étrangement, a l'air de préférer la politique du pire à celle du "moindre mal". Le pire, c'est de ne pas voir les choses comme elles sont. Si la société s'oppose dans ses individus aux principes de l'Eglise, c'est que la plupart des individus qui la composent naît tellement exposés au mal, tellement loin de l'Eglise a priori, enfants de familles monoparentales, de familles recomposées ou que sais-je... et n'étant pas conditionnés à être seulement capable de recevoir une éducation religieuse et la comprendre, que, si l'eglise ne prend pas leur défense en les considérant tels qu'ils sont et en ne préférant pas rester repliée sur son précarré qui se réduit comme peau de chagrin, les autres intérêts qu'elle cherchera à faire valoir au nom de principes supérieurs ne pourront pas être entendus.





Je ne dis pas que les évêques ont cet avantage sur les tenants de la tradition qu'ils ont compris cela : les évêques sont des centristes. Un chrétien doit éviter d'être centriste, mais il doit choisir son camp. Il est exact que s'opposent l'utopie du progrès mondial jusqu'à faire approcher le monde du paradis terrestre, et le réalisme un peu tristounet qui consiste à faire coïncider le plus possible la société avec le respect des conditions de la morale individuelle. Mais je crains fort qu'entre les deux, il n'y ait guère dès lors de marge que pour l'individualisme, et c'est ce qui est le plus tragique dans tout ce gâchis.






Le Torrentiel