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samedi 1 février 2025

BHL, la déprise?

Je suis en train de me laisser surprendre par BHL en entrant dans ses livres. Se laisser surprendre, se méprendre et se déprendre, ce pourrait bien être le cheminement de tous ses lecteurs qui ne sont pas par principe ses adversaires idéologiques. Car pour se déprendre et reconnaître sa méprise, encore faut-il ne pas avoir un mépris de principe.

 

J’aborde la troisième partie de son Cadavre à la renverse qui désigne la gauche où « son entrés les ver(t ?)s », prédisait Sartre, et je lui vois faire l’apologie du libéralisme après l’ouverture  du parti socialiste à l’économie de marché, car il y a une « métaphysique » de « l’argent ». La critique du libéralisme s’est substituée à « la rupture avec le capitalisme » du cagoulo-sociali-pétainisme Mitterrand.

 

Voici ses deux dernières sortie entendues ce soir sur BFMTV .

 

1.       « Voir la foule applaudir les prisonniers libérés est très inquiétant pour l’avenir de la société palestinienne. » Dont acte, voir une société applaudir ses libérateurs libérés est inquiétant. « La société palestinienne applaudit à la libération d’assassins », s’insurge Bernard Henri Lévy. « Mais tous ces prisonniers ne sont pas des criminels de droit commun », ose opposer timidement Alice Darfeulle. Et pour cause :  j’ai appris à béthanie, par un patron de restaurant chrétien palestinien qui avait été lui-même incarcéré, qu’environ 45 % des Palestiniens avaient été enfermé dans les geôles israéliennes au moins une fois dans leur vie. « Mais les Palestiniens de compromis ne sont pas assez mis en valeur, » avance encore Alice Darfeuille. « Qu’ils se mettent en valeur eux-mêmes ! » réagit BHL. « Et comment donc ! Chaque fois qu’un chef d’État se rend dans la région, il rend visite à Mahmoud Abbas. » Selon BHL, un Palestinien de valeur est donc un collaborateur sans légitimité démocratique. Car il fallait absolument organiser des élections à Ramallah pour remplacer Yasser Arafat par Abou Mazen, tempêtait Israël, la seule démocratie de la région. Mais quand le Hamas les a remportées, il n’en a plus été question.

 

2.        « Il faut contraindre le Hamas à reconnaître sa défaite. » Donc il faut le guillotiner symboliquement. Pourtant l’auteur de la Barbarie à visage humain se disait, non pas contre-révolutionnaire, mais opposé à la Révolution au nom de l’anti-dialecticisme, car la dialectique compte pour rien les vies humaines.

 

« En Israël, la vie n’a pas de prix. C’est pourquoi on a libéré mille prisonniers palestiniens en échange de la libération du « soldat Gilad Shalit ». La vraie traduction n’est pas :»En Israël, la vie n’a pas de prix », mais : »Une vie israélienne vaut mille vies palestiniennes. 

 

« Si j’étais israélien », soupire BHL comme s’il ne l’était pas, je ferais la révolution.

 

« « il faut dénazifier le Hamas », mais il ne faut pas dénazifier l’Ukraine. La société palestinienne n’est pas nazie et il y a des nazis en Ukraine, mais il faut dénazifier Gaza et il ne faut pas dénazifier l’Ukraine, car sa nazification est un faux prétexte de la guerre russeo-ukrainienne Et si la nazification du Hamas était un faux prétexte, non pas des horreurs de Gaza qui sont la riposte onze-septembriste israélienne au 7 octobre, mais du but de guerre afficher par Netanyahou : « éradiquer le Hamas. » Désolé, Bernard, mais l’éradication, c’est nazi.

 

Israël est un territorialisme déguisé en universalisme pour ne pas prendre les habits du nationalisme. BHL aussi, qui peut défend les universaux, mais le masque tombe promptement, il suffit de le mettre en cohérence avec lui-même. BHL défend de même lelibéralisme, car il a de l’argent, et BHL n’est pas contre « les intellectuels petits bourgeois » qui faisaient passer des nuits blanches à Simone de Beauvoir car elle en était une. Il suffit d’un peu de hontepour la misère humaine dont nous sommes tous responsables, et il est normal que BHL soit un privilégié qui peut devenir la voix des sans voix, comme s’il lui arrivait de penser contre lui-même. 

jeudi 30 janvier 2025

La PQR et le groupe EBRA

Je profite de l'encre que fait couler la démission de Philipe Carli, son président qui a "liké" les "posts" et les "status" de gens infréquentables au grand scandale de "Mediapart" qui a demandé sa tête, pour appler mes éventuels lecteurs à l'aide et  à tirer d'un mauvais pas l'ignorantin que je suis. Au-delà des raisons économiques, pourquoi la PQR s'est-elle concentrée dans un groupe comme le groupe Ebra au point de risquer d'y perdre son soupçon d'indépendance et son intérêt tout relatif pour la défense des terroirs? Comment ce groupe s'est-il constitué pour "radicaliser la France", la vouer à l'hégémonie du parti radical, de manière inversement proportionnelle à la radicalité de ce "bloc central" ou de ce "socle commun", selon la ruse sémantique éculée qui fait dire aux mots de "radical" le contraire de ce qu'ils est censé signifier, cette ruse ayant fait l'objet de sarcasmes tellement séculaires que je m'en voudrais d'insister en disant qu'à ce compte, la France doit  être déradicalisée et immunisée contre les risques de séparatisme distillés par ce parti, dans des "thérapies de conversion" animées par Dounia Bouzar et financées par Manuel valls au grand dam d'Hugo Micheron...?

Quels ont été les ressorts de la transaction à l'origine dugroupe Ébra? Quels en sont les acteurs? Je les imagine des magnats de l'ombre et sans influence, mais qui sont-ils? 


Accessoirement,la "concentration médiatique" d'une grande partie de la PQR dans le groupe Ebra n'a jamais  fait l'objet de l'ire de ce grand pourfendeur de la concentration des médias qu'est  François  Bayrou le centriste, notre Premier ministre de la dernière chance. Mais je ne pousserais pas la candeur jusqu'à demander pourquoi cette restructuration sans bruyants milliardaires aux commandes n'a pas l'air de le défriser ni à supposer acidement que c'est parce que "l'argent" qui n'a pas d'odeur " ne doit pas guider les consciences", comme il aime à le répéter ces jours-ci, au risque de froisser Bernard Arnault en se mettant un dernier ennemi dans son escarcelle sans que ses dénégations sur "les entreprises qui ne doivent pas servir de cible" ne fassent retomber la colère de la plus grande fortune de France depuis que son détenteur, aux premières loges de l'intronisation du 47ème président des États-Unis, a vu l'Amérique de Trump luipromettre d'être un paradis fiscal si, au lieu de "Choose France", il y transfère la "french touche" et la légende du luxe de Paris à New York en "[oubliant] Palerme" comme l'héroïne d'Edmonde Charleroux la Marseillaise, plus marseillaise que Macron, l'amoureux de Marseille qui va sauver le Louvre en refaisant une beauté à l'entrée des artistes et en instaurant la "préférence nationale" ou à tout le moins européenne sur les billets d'entrée pour préserver notre "exception culturelle française", ce qui va provoquer le rapatriement de la Joconde en Italie et lui attirer la grève des touristes ou pis encore, une bronka comparable à celle du "Sacre du printemps"-la-Redoute, et une crise aussi grave que celle des Gilets jaunes... Décidément, Macron n'en rate pas une, mais pourquoi le groupe Ebra? 

mardi 28 janvier 2025

BHL et son grain de folie

Je me dissocie de Genau, mon intuitivement vénéré confrère organiste bien que je ne l'aie jamais entendu ni lui moi, il vaut mieux pour lui, quand il dit (sur le blog de Philippe Bilger, tremplin de mon exploration et de mon approfondissement du "nouveau philosophe") que cet entretien ne donne pas envie de lire BHL. À moi si et c'est sans doute le plus beau compliment que je puis faire à Philippe, car rares sont les émissions qui m'ont donné envie d'acheter des livres, surtout à moi qui dois me les faire adapter pour me les rendre acessibles, de sorte que je vais au bout de la logique improvisatoire et afirme contre BHL que l'oralité d'un auteur contient au moins autant que ce qu'il a écrit, et ne le contient pas en sous-entendus ou en voix intérieure qu'une exposition du Centre Pompidou datant de 1986 avait entrepris de restituer, mais contient l'oeuvre en parorles, en prolongements, en rythme spontané, au point que l'université devrait consacrer des thèses à étudier comment s'articulent l'oral et l'écrit chez tous les auteurs qui ont parlé après avoir écrit, répondu à des interviews et greffé sur leur livre originel des paroles palimpsestes. 

J'ai entrepris de lire BHL. J'en suis à la seconde moitié de "Ce Grand cadavre à la renverse". Écriture nerveuse, parfois somptueuse, entraînante, qui est loin de montrer que bHL "est une boussole qui indique le Sud", comme le dit bêtement Florian Philippot, mais n'en accuse pas moins ce qui n'est pas un moindre défaut: très jeune, BHL a eu des idées justes, mais une pensée de vieux. Les Nouveaux philosophes ont antéposé cet adjectif oxymorique pour cacher leur vétusté juvénile. L'énergie que BHL investit dans son style transmue en or romantique un fond tristement réaliste. BHL héroïsait et romantisait son père pour ne pas entrer dans l'aventure. Quand on n'a pas voulu faire la révolution à quinze ans, on a plus sûrement manqué sa vie que si on n'a pas de Rolex à 50 ans. BHL est un Séguéla, un publiciste de la philosophie réaliste. Son style fait rêver, sa personne fait parler, mais ses idées ramènent sur le plancher des vaches. Que tant d'énergie soit mise au service de tant de réalisme est pardonnable à l'âge qu'il a. Mais ce n'était pas un laisser-passer pour entrer dans la carrière. Puisqu'on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans et qu'on ne peut laisser dire à personne que vingt ans est le plus bel âge de la vie, vingt-huit ans, l'âge où BHL a publié "la Barbarie à visage humain", n'est pas l'âge d'être réformiste en chantant "On the road again" pour se donner des airs de Jack Kerouac à qui il a consacré un de ses blocs-notes du "Point" comme s'il en avait été le compagnon fidèle."

"La Femme de trente ans" dépeinte par Balzac en aurait cinquante aujourd'hui. Quand il commença sa vie publique, Jésus n'était plus un jeune homme. BHL a fait le jeune homme en se disant déjà désenchanté d'un mai 68 dont il fut un des premiers à faire retomber le souffle libertaire avant que beaucoup trop d'épigones ne lui emboîtent le pas jusqu'à former une galaxie de nouveaux réacs. Hier, BHl était un jeune vieux qui tintinabulait de par le monde, comme le jeune reporter de guerre, en disant: "Calmez-vous, les gars" et en se revendiquant de la tradition des Comités de vigilance;  aujourd'hui, il a plus de souffle, mais il n'a pas changé. Il n'a pas basculé comme un vieux pêt de la gauche vers la droite. C'est un vieux jeune qui exprime avec juvénilité de vieilles idées qui n'ont pas l'intrépidité de l'avenir. La forme enjouée de ses textes écrits au cordeau, c'est sa folie qui remonte à la surface, mais elle est un peu seule. 

lundi 27 janvier 2025

Surpris d'être moderne

Quand Bernanos écrit qu'"on ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on admet pas d'abord qu'elle est une conspiration contre toute forme de vie intérieure" , ça me paraît excessif, mais Bernanos est coutumier de ces exagérations fécondes. Je dirais plutôt que la civilisation moderne induit une transformation de la vie intérieure. 


Prenons le silence. Une des plus belles définitions que j'en ai trouvée se trouvait dans un livre de Michèle Reboul, "l'Invisible infini". Elle le définissait comme l'écoute du frémissement de la feuille ou même du frémissement sans complément de détermination. Mais qu'il soit l'écoute du frémissement en fait déjà une écoute de quelque chose. Ou même que "le silence qui suit du Mozart est encore du Mozart" sous-entend qu'il n'y a pas de silence qui ne soit préposé à une musique intérieure antéposée sous-entendue. 

Je me souviens d'une émission sur Brassens que donaient ses amis, au premier rang desquels Pierre Nicolas. J'étais dans la voiture de mon père et nous l'écoutions ensemble. C'était peu après la mort de Brassens. Pierre Nicolas disait que, dans les chansons de Brassens, le jazz était sous-entendu. Le silence est plein de sous-entendus. Aujourd'hui, nous faisons moins silence, mais nous entendons mieux tous ces sous-entendus. 

L'intelligence des enfants souffrant, selon Robert Kennedy jr., d'une épidémie de troubles du spectre autistique (TSA),  ou d'hyperactivité, ou que les tenants du New age appellent des "enfants indigos"va plus facilement droit au but que les reliquats d'esprit d'analyse qui nous ont été inculqués par une éducation en transition entre tradition et modernité, entre humanités et appels à la créativité. 

Notre capacité à ingérer de la réalité et donc notre attention sont augmentées grâce à ces prothèses, nos ordinateurs, nos Smartphone qui nous font certes avoir une moindre intériorité directe, mais davantage participer au monde ou à la Création, et donc participer de la télépathie générale qui est le courant communionnel qui relie toute la Création. Tout cela grâce à des prothèses ou à une intelligence artificielle dont j'ai trouvé malin de la part du Premier ministre actuel, François Bayrou, de dire dans sa Déclaration de politique générale, qu'il ne savait ni si elle était intelligente, ni si elle était artificielle. 

Nos prothèses font-elles de nous des personnes augmentées? Elles nous permettent, au gré de l'usage que nous en faisons, d'accroître nos capacités d'attention ou de nous disperser. Que nous soyons dotés de prothèses ne fait pas nécessairement de nous des hommes-machines ou des robots, comme le prédisait Bernanos dans son dernier ouvrage "la France contre les robots". Nous ne le devenons que si nous décidons collectivement de raisonner comme des robots, à base de protocoles, de procédures ou de process.

La transformation de notre civilisation me semble nous inciter à nous interroger sur la notion de personne. C'est cette notion qui est en train de s'élargir et de s'approfondir. Il n'y a plus un homme standard qui dit "on" comme il se disait "homme" avec une réminiscence du son primitif et d'un retour à la maison ("Et wants to return at home"), il y a un "je" en constante inter-action avec les autres et avec des choix qui le déterminent à savoir s'il se place du côté de Dieu, du côté des autres relativement au bien commun, du bon côté de lui-même ou du côté obscur de sa force intérieure ou des forces qui le déterminent ou par lesquelles il est agi, du côté égoïste ou, ce qui revient au même, du côté d'un monde impensé ou du côté de rien du tout. 

A cet égard, il me paraît intéressant que des gens qui paraissent aussi peu dotés de surmoi que Donald Trump ou Elon Musk fassent beaucoup référence à Dieu. Ils le font peut-être pour complaire à une clientèle, mais à leur insu ils approfondissent la notion de personne, en-deçà et au-delà de la notion d'"homme augmenté" et même en-deçà de la notion de valeur. Ils incitent à reconnaître, en-deçà de toute valeur, la valeur absolue de la personne dont il faut penser l'éventuelle augmentation comme n'étant pas incompatible avec la divinisation.  Trump, Musk et Poutine, si mal qu'ils gouvernent (mais leurs détracteurs gouvernent-ils beaucoup mieux?) ressuscitent la personne, car ils la réintroduisent dans ces choix qui font l'histoire. C'est une "liseuse" (expression idiomatique du lieu cité infra) du "Forum catholique", la bouquetière Glycéra dont j'ai parlé dans mon "Apologie d'une intériorité", qui m'a rendu attentif à ce que révélait de la personne l'mergence de figures comme Donald Trump ou Vladimir Poutine. Mais dès que s'est posée la question du clonage, je supportais mal que l'Église se dresse d'instinct vent debout là contre, car même un clone n'aurait pas la même histoire que celui dont il reproduirait le patrimoine génétique à l'identique. Sortir les clones a priori de l'humanité par refus du transhumanisme reproduit la même erreur que celle qui avait sorti de l'espèce humaine les enfants nés de FIVET après avoir stigmatisé les "enfants naturels". 

Le matérialisme n'est pas le contraire du spiritualisme. Gustave Martelet s'est sans doute montré un peu naïf de placer l'esprit après Bergson hors de toute "localisation cérébrale", mais il fut visionnaire de prétendre que l'esprit était immortel, indépendamment et plus certainement que l'âme, puisque l'esprit n'est pas sans renvoyer à une existence matérielle. 

Le scientisme n'est pas absolument contraire à la foi. C'est une doctrine d'apprentis sorciers portés à abuser du pouvoir de l'intelligence humaine qui fera toujours tout ce qu'elle peut, au rebours de l'amour qui ne fera jamais que ce que peut l'amour, affirmait François Varillon, mais l'amour de Dieu peut transformer les résultats les plus controuvés de la science moderne.

BHL ou la France protestante

Justice au Singulier: Entretien avec Bernard-Henri Lévy

 

J'ai déjà écrit dans ces colonnes que BHL était l'homme de France que chacun se donnait le loisir, la facilité et la liberté de détester sans craindre d'avoir à récuser un procès en antisémitisme que cet homme a l'élégance de ne pas faire à ses détracteurs et cela doit être dit en préambule, alors même qu'il fait partie de ces vigilants qui ont toujours lutté contre la montée de l'antisémitisme quand il touche aux autres, mais pas contre leur propre personne qui en sont vaccinés. BHL accepte d'être détesté parce qu'il reconnaît écrire des livres clivants qui lui valent de voir accumuler contre lui des réprobations farouches et des haines tenaces de la part d'adversaires à qui il reconnaît la qualité de ne pas être amnésiques. Ce n'est pas seulement à cause du charme de son expression, mais à cause decette honnêteté intellectuelle que, pour ma part, je n'ai jamais détesté BHL même s'il avait un titre à ma détestation: il a entraîné la France dans la guerre de Libye par une sorte d'"ingérence humanitaire" à la Kouchner, et lorsque Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, j'avais anticipé qu'il devrait choisir entre ce que j'appelais l'axe bernard-henri-lévy-kouchenérien et le védrinisme dont la suite a démontré que ce pouvait être un vichysme déguisé. Car la tectonique des plaques a fait qu'Hubert Védrine tout comme Roland Dumas ont glissé vers une géopolitique d'extrême droite qu'à titre personnel, je ne suis pas loin de partager, essentiellement par pacifisme, pacifisme qui encore une fois est mon seul titre à réprouver BHL pour autant que, selon le mot de Gilles Deleuze, "écrire, ce soit sortir du rang des criminels". Or un écrivain qui entraîne son pays dans une guerre prend la responsabilité de commettre des crimes, un peu comme un candidat à devenir père de la nation doit non seulement s'assurer d'avoir les qualités libidinales et fécondantes y afférentes, mais savoir qu'en contrepartie, il ne fera pas que faire naître, il fera mourir. Écrire et entraîner son pays dans une guerre, c'est prendre cette responsabilité au moral et surtout au physique. Pas étonnant que cela empêche de dormir et je suis insomniaque, car avoir une conscience, c'est avoir des remords.

 

Du temps de ma précoce adolescence où je m'escagassais que d'autres éditorialisent sans que je puisse mettre mon grain de sel ni avoir voix au chapitre sur l'agora, je m'agaçais qu'il y ait des grandes consciences faces auxquelles nous autres anonymes n'avions qu'à fermer notre clapet ostracisé en acceptant leurs oracles qui étaient d'autant plus insupportables qu'ils étaient rationnels. BHL est une de ces consciences qui aiment l'influence qu'ils préfèrent au pouvoir, mais qui sont mues par l'anthropologie pessimiste chère au protestantisme qui est loin d'avoir enfanté les Lumières dans leur culte de la raison dont Luther parlait, rien de moins, comme de "la putain du diable". Ce qu'on suppose des Lumières est un optimisme qui guide la plume de Rousseau, mais que dément sa mélancolie native et son antiprogressisme viscéral. Les Lumières, c'est le kantisme et sa critique de la raison pure ou de la faculté de juger. Le pessimisme de l'anthropologie protestante, BHL le résume bien en disant qu'il ne croit pas au bien et que le totalitaire est celui qui croit s'en saisir. BHL ne distingue pas entre le bien et le mal. Il se borne à distinguer entre le mal et le moindre mal. Car comme Luther, il croit qu'au commencement de l'homme dont la nature est entièrement déchue par la chute, qu'au commencement était le mal, qu'il ne faut raconter qu'une "Histoire du mal" (G. de Tanouarn), que le Léviatan est un animal fabuleux qui a entreautres qualités de diminuer l'hostilité des hommes à défaut de pouvoir instituer l'amitié politique. La ruse de l'anthropologie protestante est d'avoir un élan qui nous fait oublier son pessimisme originel et BHL participe de cette ruse qui fait croire que les Lumières postulent que "l'homme est naturellement bon" et que c'est la société qui le rend mauvais avec ce qui, chez Rousseau, ne procède nullement d'une naïveté bénigne, car "l'homme n'est" à ses yeux "un tout parfait et solitaire" que s'il chasse tous ses semblables qui ne sauraient concourir à sa vie. L'état de nature rousseauiste est celui du chasseur qui veut faire place nette pour être libre et asservir la nature à ses souhaits. "Atchoum!", n'éternue pas BHL à ma prose indigeste, car s'il n'est pas anodin que Philippe Bilger l'interroge sur "Fréquence protestante" afin qu'il puisse faire oublier que son anthropologie est pessimiste et ne croit pas au bien, l'excuse à la ruse de son élan d'influenceur est qu'il cherche la vérité et se résout par avance à la vouloir, si avant qu'elle s'éloigne telle l'étoile ou l'horizon, mais si peu aimable soit-elle que la philosophie ne puisse se permettre de se déclarer de préférence "amour de la sagesse" que "rechercherche de la vérité", ascèse à laquelle s'est toujours soumis Sartre, ce nihiliste déconstruisant l'idée de vocation et le faisant dans ses mémoires, un des premiers maîtres dont BHL s'est essayé à retracer le "siècle" et à qui il a rendu hommage dans l'exercice de sa philosophie sans devoir s'arrêter en face d'un autre "passant considérable" qui aurait laissé une moindre trace, tel Rimbaud si Verlaine ne s'était pas intéressé à lui pour recueillir ce qu'il avait à dire au genre humain.

 

BHL, ici interrogé sur "Fréquence protestante", est un patriote de cette confession demeurée fidèle à "l'Esprit du judaïsme" et partisan du libéralisme, de la "droite libérale", de la "gauche libérale" disait-il hier dans "le Grand rendez-vous", et de "la démocratie représentative" que juifs et Grecs ont inventé, ceux-ci pour l'avoir pratiquée et avoir théorisé ou chroniqué cette pratique dans l'âge d'oranti-trumpiste d'Athènes au Vème siècle, ceux-là, non seulement pour s'être perçus comme un "peuple élu" afin de représenter l'humanité, mais avant tout pour s'être fait vertement tancer par Dieu lorsqu'ils exigèrent un roi auprès de Samuel, car alors ils allaient devenir une nation comme les autres, qui serait opprimée comme les autres nations par un roi dont la plaie de l'idolâtrie suppurerait sur tout le peuple et sa volonté politique mi-figue mi-raisin, la "pureté" étant "dangereuse". "Je veux bien qu’on invente autre chose que la démocratie représentative, mais toutes les tentatives que nous avons vues de pratiquer la démocratie directe, la démocratie sans médiation ont toutes tourné au désastre. »", affirme BHl qui concède que "lepopulisme" fait écho aux "angoisses d'un peuple malheureux", angoisses qui "ne se résoudront pas en sortant les sortants par le dégagisme généralisé et par le branchement de gouvernants qui seraient l’expression non filtrée des humeurs du peuple, car un peuple n'a pas seulement une volonté, il a surtout des humeurs".

 

BHL est sans doute un sioniste, mais ce n'est pas un binational et il se définit comme un patriote français, au patriotisme que je prends le risque de caractériser comme protestant. Il me plaît de l'entendre dire: « J’aime la France. C’est mon pays, je n’en ai pas d’autre et je n’en aurai jamais d’autre." Je partage pour des raisons esthétiques son désamour de ce qu'est devenue la gauche soumise à la France insoumise et à son analphabétisme de la conflictualité tous azimuts là où l'alphabétisation du clivage ouvre au dialogue dans la plus pure tradition philosophique. Comme lui, je trouve à Michel Barnier plus d'allure qu'à François Bayrou qui s'est montré meilleur tacticien (mais le temps a joué en sa faveur) de vouloir tenir par le parti socialiste que de se remettre pieds et poings liés entre les mains du Rassemblement national à l'irresponsabilité duquel on a désormais goûté, nous l'avons essayé, il est coresponsable de la dissolution et de la censure qui a fait tomber le gouvernement Barnier et de l'instabilité politique qui règne aujourd'hui en France.

 

BHL semble "n'appréhender la politique qu'à travers la morale", note Philippe Bilger. Le judaïsme se revendique d'un fonds et d'une responsabilité éthique qui ne résiste pas toujours à l'épreuve de la politique, mais qui, chez l'écrivain BHL, devient une leçon d'écriture. "J’écris facilement et je travaille énormément. Ce qui compte dans l’écriture, c’est la justesse, le rythme, la percussion. Une forme réussi conduit l’émotion et la conviction. Le travail qui consiste à créer une langue bonne conductrice de rhétorique, de conviction  et de vérité. Aragon était un immense improvisateur, mais c’est une grâce. Claudel était un improvisateur". La preuve est que ce dramaturge qui commença par étudier Shakespeare pied à pied comme Brassens s'imprégna des fables de La Fontaine à son retour du STO avant d'écrire ses chansons longues comme des cigares, ce dramaturge (Claudel) capable de dresser cette plus grande des fresques du monde qu'est le "Soulier de satin", rêvait d'écrire des Mémoires improvisés. L'improvisation est l'élan de ceux qui en demandent trop à la vie et qui préfèrent ce trop qui n'est pas à leur portée à tout ce qu'ils pourraient avoir s'ils n'étaient pas fâchés avec les limites ou savaient s'en donner. J'en parle à mon aise, je suis de ceux-là.

 

"Les écrivains sont tous des laborieux. En tout cas moi j’en suis un. Je n’ai jamais eu l’idée d’une œuvre à accomplir, mais j’ai eu l’idée de ce à quoi devait ressembler ma vie et je n’ai pas été trop infidèle à l’idée que je m’en faisais. C’est plus important que le bonheur." Chacun place le curseur de son sentiment de réussite où le mène le tempérament de son corps au vent de son époque. 

dimanche 26 janvier 2025

Tenue de soirée

Je vaisdevenir le spécialiste des chroniques de mes soirées télé.

Hier soir, j'ai regarrdé pour la première fois"Tenue de soirée" de Bertrand Blier avec Gérard Depardieu, Michel Blanc et Miou-Miou dans les rôles principaux. À sa mort, j'avais entendu dire que Bertrand Blier était un excellent dialoguiste, ça ne m'avait pas frappé, j'étais passé à côté comme "la Femme d'à côté", je l'évitais soigneusement, avec l'a priori que c'était un cinéaste très visuel. En m'apprêtant à écrire cette courte recension, je croyais que le film était sorti dix ans plus tôt, en 1976 et non en 1986, et qu'il était en avance sur son temps. En effet, si la date que je lui assignais avait été la bonne, j'aurais pu dire: quelle exploration courageuse de l'homosexualité! Orla dépénalisation de l'homosexualité et les années SIDA étaient passés par là. Sans cela, pour plagier François Fillon dans sa campagne de la "droite Trocadéro" où il croyait devenir notre mentor, qui aurait imaginé Gérard Depardieu en homosexuel plus vrai que nature? Homosexuel dominant, rétorqueront les fines mouches ou les fines bouches. Le film explore l'homosexualité de façon viriliste et décrit les femmes selon des stéréotypes qui passeraient aujourd'hui pour misogynes. Mais ce film date d'un temps où homme et femme jouaient chacun avec ses armes dans le duel et où il ne serait venu à personne de dire que le sexe était une identité de genre ou qu'être une "personne du sexe" équivalait à désigner le sexe faible. Monique (Miou-Miou) ne se prive pas d'humilier Antoine (Michel Blanc) dans la première scène du film; Bob (Gérard Depardieu) ne se prive pas de la baffer, ce qui ne l'empêche pas de leprendre pour "un ami formidable", elle déchantera bientôt.

Mais surtout, quand on voit les mots qu'on met dans la bouche de notre futur Obélix national et quel cas on fait du phalus de notre acteur bien membré, je ne vois pas comment s'étonner des remarques qu'il a faites par la suite à la ville à des partenaires dont il se souciait peu qu'elles consentissent à le devenir. J'avais eu la même impression en allant voir Fort Saganne paru à la même époque et où les scènes qui m'ont le plus marqué sont celles où le mâle dominant qui jouait Charles Saganne lutinait comme un phoque la babydol de la Boom I et II dont Julien Clerc n'avait pas encore fait des seins l'objet d'un hymne national. Après cela, on nous parle d'un #MeTOCinéma. On a tout simplement changé d'époque et avec les illusions rétrospectives qui caractérisent ces changements, on voudrait juger des acteurs de la précédente avec les codes de la nôtre. On leur reproche de ne pas s'être comportés avec la chasteté prude et pleine de retenue de notre néo-puritanisme hypocrite. Ils n'avaient pas prévu qu'on les jugerait à cette aune. Quand ils étaient et n'étaient pas encore des has been pour n'avoir pas anticipé ce qu'on penserait d'eux aujourd'hui, on les admirait pour leurs manières grossières et mal dégrossies.

On pourrait croire que la galanterie a fait des bonds. Je crains plutôt que les hommes et les femmes n'aient pris leurs distances et qu'il soit désormais difficile de les faire se rapprocher. 

dimanche 12 janvier 2025

Génération Musk!

Le représentant du MEDEF d'une instance où je siège résumait en ces termes  la situation de la "génération Musk": »Les jeunes d’aujourd’hui ne cherchent plus à gagner beaucoup d’argent, à s’épanouir dans le  travail et même pas a contrario à travailler le moins possible. Ils ne cherchent pas à diminuer leur temps de travail, mais à s’assurer de leur temps de loisir. Et ils ne font pas cela par indifférence aux autres ou à la manière dont ils peuvent se réaliser dans le travail, ils n’ont pas perdu le sens de l’utilité socialedu travail, mais c’est un effet du confinement qu’on leur a imposé à vingt ans. » Eux ont subi le confinement quand les enfants de l’avant-Musk (qui était contre le télétravail) ont été masqués. « Casque et masque » (réminiscence du premier tome de mes carnets), masque et Musk, Musk et masques, j’ai fait une boucle dans mes totems sémantiques.

Quand j’étais petit, je détestais Paris, car tout y était centralisé. Je suis allé y vivre et Gilles me disait souvent quand j’en suis parti qu’il appréhendait difficilement « un Paris déjulianisé ». Je n’avais pas des semelles de vent, mais Paris sous mes chaussures et je continue d’habiter la province avec cette manière d’avoir été parisien.

Je détestais les masques, estimant qu’ils  sont la couronne du royaume des apparences, mais je ne pouvais me douter que les soixante-huitards en feraient l’accoutrement des jeunes de vingt ans pour ne pas postillonner sous le même oxygène. Surtout je ne pouvais me figurer que, deux années durant, on masquerait les enfants, dans un test de Millgram que la société a déjà oublié, ce qui en dit long, au choix sur sa légèreté (mais on sait depuis l’entrée du Christ à Jérusalem non sous un tapis de roses, mais des copeaux de palmes, que les foules sont versatiles et Pétain disait déjà que « les Français ont la mémoire courte »), ou bien sur le caractère tellement traumatisant de ce test de Millgram qu’il  a fallu attendre quelques années pour en parler, sans le comparer au silence que les rescapés des camps de concentration ont observé pour espérer passer à autre chose ou de crainte qu’on ne les croie pas.

 

On a beaucoup parlé  du Great resep de Klauss Schwab auquel étrangement, je ne me suis jamais vraiment intéressé, me limitant à me dire qu’on ne reviendrait jamais au monde d’avant, et qu’au-delà des vaccins qu’on nous injectait et qui,faisaient de nous, à cause de l’ARN messager, pour autant que je me souvienne de mes cours de sciences naturelles qui me furent dispensés en classe de première,  des organismes génétiquement modifiés, ce que José Bové refusait au maïs transgénique, qu’on ne reviendrait jamais du télétravail et je n’y voyais pas forcément une évolution regrettable, même si je redoutais la fin des loisirs en commun et la fin de la socialisation. Mais je ne prévoyais pas que les enfants masqués deviendraient les enfants de Musk et encore moins qu’Elon Musk rachèterait Twitter, ce qui ne me paraît pas un progrès pour la poésie.

 

Le rachat de Twitter par Elon Musk a définitivement fait oublier que ce réseau social était celui des cent quarante signes, une contrainte qui en vaut une autre. C’est également une régression du journalisme à domicile pour faire tomber le bucolique réseau des gazouillis, qui a perdu toute référence aux oiseaux pour devenir celui de la plainte contre X, du côté où il penche sur la pente du réseau réactionnel où, sous couvert de liberté d’expression, c’est menaces de mort et tout le tremblement.

 

Si Musk fait glisser X (anciennement Twitter) du côté obscur de sa force réactionnelle, on peut souscrire à la formule de Macron qui fait de ce nouvel homme le plus riche du monde allié à l’homme le plus puissant du monde, le leader d’une « internationale réactionnaire ». Encore faudrait-il que Musk ait vécu en réactionnaire ou en conservateur. Elon Musk, c’est l’un des Daniel de la Possibilité d’une île de Michel Houellbecq. C’est un transhumaniste désenchanté par la transition de genre de son fils devenu fille qui ne veut plus lui parler et a pris le nom de sa mère.

Elon Musk, c’est un mélange des genres à lui tout seul. Il fait arriver avec vingt-cinq ans de retard les rêves qu’on faisait dans ma jeunesse, non pas sur le bug de l’an 2000, mais sur la domotique, les pilules alimentaires et les voyages dans l’espace. C’est le savant fou qui construit ses propres fusées à étages recyclables, et donne avec dix ans de retard raison à Jacques Cheminade quiétait contre la City qui n’a pas perdu sa prévalence malgré le Brexit. C’est un Jacques Cheminade à l’épreuve des faits. C’est le mec qui te donne envie de relire les Chroniques martiennes.

 

C’est un écolo 2.0 moins croyant que pratiquant, mais qui a commencé par vouloir sauvé la planète des déprédations du réchauffement climatique et autre épuisement des énergies fosciles. C’est pas le gars qui te dit : »Make the planete great again », c’est même le gars qui devient MAGA, mais c’est aussi le gars qui faisait des recherches sur la voiture électrique quand tous les grands industriels refusaient de s’y coller, moyennant quoi leur industrie n’est plus rentable et comme ils ont un train de retard, ils prétendent que finalement, le lithium s’épuisera avant le pétrole. Pendant qu’ils changent d’avis, Musk les laisse causer et ne veut pas donner de leçons sur le fait qu’il ne faudrait plus prendre l’avion et favoriser le ferroutage au détriment du transport routier. Tout en saturant le monde qu’il parcourt de son empreinte carbone excessive à cause de ses voyages en jet privé, il garde un train d’avance « dont il souhaite qu'il soit au moins deux fois plus rapide que l'avion et [fonctionne] à l'énergie solaire » Elon Musk — Wikipédia ). Le type a démontré qu’il a du savoir-faire.

Pendant que les baveux daubent sur la transition énergétique et sur les énergies renouvelables en construisant des éoliennes qui gâchent le paysage, lui se pose en champion du mix énergétique en « [proposant] (sous la marque Tesla) un système dit « Powerwall  et de stockage tampon d'énergie domestique intermittente. » Contre des Laurent Alexandre qui se réjouissent de nous promettre que  l’intelligence artificielle va faire des OPA inamicales contre l’intelligence humaine, « il fonde la start-up Neuralink dont l'objectif est de relier le cerveau à des circuits intégrés dans le but de fusionner les intelligences humaines et artificielles. L'implant cérébral sans fil Neuralink devrait dans les faits permettre aux personnes paralysées ou lourdement handicapées de recouvrer la parole et la mobilité. », à quoi les Cassandres médiatiques prient notre naïveté de ne pas croire que ces prothèses ne sont pas un prélude à « l’homme augmenté » sur des souches sélectionnées 100 % élitistes, par quoi eles entendent le Boboïstan auquel elles-mêmes appartiennent. Parmi ces Cassandres, il ne faut pas oublier Thierry Breton, qui en veut beaucoup à Musk parce qu’il avaitimaginé le monde de Musk au plus creux de sa tête, sans savoir créer ce monde au bout de ses recherches.

 

Mais faut-il idéaliser Musk avant de l’avoir passé au détecteur éthico-spirituel ? Pourquoi n’est-il plus démocrate ? « Le parti démocrate était auparavant le parti de la gentillesse. » Il ne croit pas qu’il le soit resté. Conçoit-il la gentillesse au sens où Trump entend nous expliquer que la prise du Capitole par ses partisans était une « journée de l’amour » ? La gentillesse de Musk est-elle celle de l’AFD ou du parti Fratelli de Italia de Georgia Meloni ? Contrairement au pape François qui a un lobe pulmonaire en moins à la suite d’une pneumonie aiguë dont il a cru mourir à vingt et un ans, Elon Musk a-t-il, selon les allégations de son père, des séquelles respiratoires à la suite d’une bagarre « avec un camarade dont le père s'était suicidé et dont il critiquait les larmes ? » Refuser les larmes à ses morts tragiques est-il la compassion selon Musk ou Musk est-il un autiste Asperger victime de l’école inclusive et « marqué par le harcèlement scolaire de camarades qui ne le comprennent pas ? » Musk traite-t-il ses employés comme Trump qui leur dit : »You are fired » ou s’est-il séparé de la secrétaire qui lui était dévouée corps et âme parce qu’il pense qu’il n’y a pas de poste à vie et que toute vie mérite la polyvalence comme il l’a plaidé auprès d’elle ? (Il est fait mention de cette séparation douloureuse dans un documentairee de « BFMTV » diffusé hier soir.)

 

Musk est-il un chrétien de la pluralité des mondes habités et un chrétien du dépassement de l’oposition du christianisme et du scientisme, quand il affirme que « les principes  du christianisme favorisent le bonheur, la natalité et la curiosité » là où d’autres en font l’opium d’une espérance différée et d’un bonheur indéfiniment remis à plus tard, un ancratisme et un empêcheur de chercher en rond et en bon apprenti sorcier ? Musk n’est-il pas tout simplement l’enfant des amoures désunies qui a reproduit le meilleur et le pire d’une éducation quasiqu’il n’a pas reçue ? Musk n’est-il pas un enfant perdu comme ses enfants masqués ? Mais la personne n’émerge-t-elle pas,en régime chrétien de l’impossibilité de résoudre ses contradictions ou, pis, de la perdition que le Christ rend capable de se retrouver   en promettant que « qui cherche trouve » ? N’est-ce pas leur personne que les enfants masqués de Musk ont retrouvée en ne voulant pas s’assujettir à un travail qui les prive de leur temps de loisir où, sans indifférence aux autres, ils ne se voient pas ne pas reprendre ce que l’égoÏsme de leurs parents, le nihilisme de leur école  ou le cynisme du confinement leur a volé ? 

mardi 7 janvier 2025

Disparition de Le Pen ou la mort du dernier soldat perdu

Le Pen est mort. On m’en voudrait de ne pas en parler puisqu’il m’a intéressédepuis 1984 ; puisque j’ai tartiné quelques centaines de pages d’un Journal intimement politique lorsqu’il s’est retrouvé en 2002 en position de pouvoir théoriquement gagner l’élection présidentielle ; puisque j’ai voté pour luisans jamais partager ses convictions, à la démocratie directe et à la République référendaire près ; puisque petit, on m’avait accusé de racisme pour avoir dit avec Albert Camus : « Ma patrie, c’est la langue française », en réaction contre les immigrés qui ne parlaient pas notre langue et ne pouvaient donc pas s’intégrer.

 

Le Pen est mort. rIP, c’est le premier réflexe, celui dela prière, prière en acronyme : « Requiescat in pace ».   Le Pen est mort, mais encore ?

 

J’ai dit de Le Pen qu’il était l’Épouvantail que le Système avait dressé contre lui-même pour avoir un adversaire à se mettre sous la dent et qui le justifiait de se perpétuer, quand bien même il ne satisferait plus personne. C’est ça et c’est autre chose. Le Système disait de Le Pen qu’il n’avait jamais voulu du pouvoir. Il faut croire que le Système sonde sans vergogne les reins et les cœurs. Pourtant il n’aime pas les complotistes qui entrent dans les pensées prétendument secrètes de persécuteurs ou de malfaiteurs imaginaires.

 

Le Pen est mort. Qui était-il ? C’était un mauvais drôle, orphelin de père, viré de tous les lycées et devenu un étudiant bambocheur, puis un député improbable, avant d’engager son errance ou sa violence dans une carrière de soldat perdu. Le Pen n’était pas un menninr, Le Pen n’était pas une lumière, Le Pen était un soldat perdu.

 

Un soldat perdu est le contraire du soldat inconnu. La République aime le soldat inconnu parce que c’est un citoyen anonyme. Un soldat perdu tout comme Le Pen étaient une personnalité.

 

Le Pen était un soldat perdu. C’était un être périphérique qui, comme tous les êtres périphériques,était égocentrique et voulait être central. Il n’aimait pas qu’on dise de lui qu’il était à l’extrême droite, et il disait non sans bêtise qu’il était au centre droit.

 

Le Pen était un perdant de l’histoire et un être périphérique, mais il n’appartenait pas à la périphérie que revendique l’Église d’aujourd’hui, l’Église du pape François. Il disait avoir été reçu par Jean-Paul II qui l’aurait remercié de son travail en défense de la civilisation chrétienne, cette ruse de l’histoire en traind’être ruinée. Il serait inutile de jeter sur le marin Le Pen le soupçon d’être un bateleur. On n’est pas forcé de le croire chaque fois qu’il ouvre la bouche. Pourtant l’Église du pape François n’est pas l’Église de la Volonté de Dieu, c’est l’Église de la volonté générale.  L’Église du pape François est une Église rousseauiste. La personnalité est un produit de la Volonté de Dieu, la volonté générale est un sous-produit des intentions qu’on prête à Dieu.

 

 

Le Pen était un soldat perdu quand De Gaulle était un général. Le Pen se prenait pour De Gaulle ou pour un anti-De Gaulle, mais il ne pouvait pas être De Gaulle. Le général était un mythologue quand le soldat perdu était un mythomane. Le général incarnait un ordre et un pays quand le soldat perdu n’incarnait que la violence de ses propres passions. La haine est une passion de révolte, mais ce n’est pas une passion triste, car la haine est un sentiment, ce n’est pas un ressentiment. Le Pen était plein de révolte, de haine et de jovialité. Mais on n’entraîne pas la volonté générale avec la jovialité de la haine.

 

La France, fille aînée de l’Église et des Lumières courtisanes, a opposé le contrat social à la personnalité de Le Pen. Le contrat social est l’essence de la démocratie française. Nul citoyen ne doit le signer, le contrat social est un pacte impersonnel, la République française n’est pas un régime, c’est une idéologie de régime. Le Pen était au régiment et a souvent été mis au placard pour manquer à la discipline. Le Pen était une personnalité et la personnalité est ce qui s’opposeà l’homme standardisé ou robotisé, pour parler comme Bernanos. La France aime l’homme en général, la République française aime l’homme robotisé. Le Pen était une personnalité, mais il fallait organiser un cordon sanitaire autour de lui, il ne fallait pas délibérer avec lui.

 

En 2002, je me suis dit que Le Pen, provoquant ce qu’on prenait abusivement pour un séisme politique, allait susciter des modèles identitaires identiques : « et si c’était aux États-Unis ? », m’amusais-je malicieusement. On pourrait bien sûr dire que Le Pen a inspiré ou engendré Trump. Mais Trump est un produit du rêve américain et de l’individualisme de cette société mormono-protestante. En France, Le Pen ne pouvait pas représenter beaucoup plus que lui-même.

 

Le Pen a choisi de mourir pour faire un pied-de-nez aux « Charlies Charlot » et au Charlie-Charlot, le jour où l’oncommémorait l’assassinat de ces nihilistes moraux auxquels il ne s’est jamais identifié et moi non plus, surtout après avoir entendu, il y a quelques minutes, la dessinatrice Coco souffler d’une voix frêle qu’elle ne comprenait pas pourquoi on n’avait pas aimé la caricature qui représentait les Gazaouis souffrant d’une famine provoquée par les Israéliens et aggravée par le Ramadan. « Le respect est un mot perfide », renchérissait Riss. Dans sa singularité ultra-beauf, peut-être que Le Pen était plus respectable que « Charlie ». 

Macron et le Sahel

On a tort de comparer la dernière sortie néo-colonialiste d'Emmanuel Macron avec le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy où, quand l'ancien président regrettait que l'homme africain ne soit pas suffisamment entré dans l'histoire, il prenait ce mot dans l'acception où celle-ci commençait après l'invention de l'écriture, parce que l'histoire africaine est faite de plus de masques et de monuments que de documents écrits. Le duo Guaino-Sarkozy aurait pu regretter tout simplement que l'homme africain n'ait pas assez écrit et que sa contribution à l'histoire de la littérature ne date que du début du XXème siècle si je suis bien informé et ne suis pas trop schématique.

Tout autre est le registre dans lequel s'est exprimé Emmanuel Macron. Il s'inscrit dans la ligne de son prédécesseur direct, François Hollande. Celui-ci alliait le néo-colonialisme au néo-conservatisme et il n'est pas anodin qu'il ait considéré comme le plus grand jour de sa vie politique d'avoir été applaudi parce que la France avait satisfait aux demandes d'intervention du président malien d'alors, aujourd'hui renversé, en partie par des islamistes. Le ton d'Emanuel Macron reprenait la façon méprisante dont il s'était adressé aux Maorais: "Si vous n'étiez pas en France, vous seriez encore plus dans la merde", en grossier dans le texte, et nous qui croyions que Macron était bien élevé!

Mais de plus il se réjouit à bon compte. Car en fait d'avoir libéré le Sahel de l'emprise islamiste, il a fait exactement comme les Américains en Afghanistan: quand il a estimé que nos forces avaient assez donné dans ce combat perdu, il les a renvoyées dans leurs foyers. Enfin il a parlé comme s'il y avait les bons djihadistes et les gentils Talibans syriens d'un côté et les mauvais islamistes sahéliens de l'autre. Bref, Macron a dit de la merde, en grossier dans le texte et en grandiloquent sur la forme, selon son habitude. 

Le contexte géopolitique à l'orée de 2025

Conférence des Ambassadrices et des Ambassadeurs : le discours du Président Emmanuel Macron.

 

Devant le corps diplomatique qu'il a détruit ou déstructuré?, Emmanuel Macron prononce cette phrase: "Vous servez les intérêts de la France dans le désordre du monde" qui se réveille dans un cauchemar que personne ne pouvait prévoir et à la sortie duquel personne ne travaille assidument et sérieusement.

"Il y a dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d'un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne, qui l'aurait imaginé?"
Elon Musk n'est pas devenu propriétaire de Twitter par hasard. Il a amplifié la dérive de ce réseau réactionnel riche de multiples potentialités démocratiques, si l’on veut  en « internationale réactionnaire », mais on devrait ajouter en internationale réactionnaire partiellement revenue du transhumanisme marsien et martial, puisque avec un expansionnisme assumé de Trump et de Musk qui n’a rien à envier à l’agression défensive de Poutine pour préserver son aire de civilisation. Ingérences partout (et le président ne les dissimule pas,  les sélectionne assez peu et les énumère presque toutes), souverainisme nulle part, car nous préférons manifestement vivre sous le protectorat européen et des reliquats otaniens que pratiquer un protectionnisme trumpiste dont Emmanuel Todd envisageait que Hollande l’anticiperait dans uson fameux pacte européen inaugural et il appelait cela le hollandisme révolutionnaire.

Le protectorat européen a fait annuler les élections roumaines et Emmanuel Macron trouve cela très bien.

 

« Au fond, ce monde est marqué par le retour des pulsions impériales, les bouleversements de l’information et du savoir et la remise en cause très violente de l’humanisme. » Une remise en cause dont participe le président dans sa modélisation et son service algorithmique d’une humanité standardisée.

»Un réalisme qui sache garder ses idéaux » relaie l’appel au multilatéralisme qu’Emmanuel Macron a souvent fait retentir et auquel il est resté intentionnellement fidèle.

 

Nous commémorons le triste anniversaire des dix ans de l’attentat contre « Charlie hebdo »où l’opinion publique a été sommée de dégouliner d’une allégeance au spectacle du monde sur le mode d’une transformation identitaire où je ne serais plus moi, mais où je deviendrais forcément solidaire de journalistes martyrs de leur nihilisme global et irreligieux, mais morts en responsabilité, qu’on aurait préféré irresponsables. Je n’ai pas participé à l’union nationale qui a fait marcher du même pas les pèlerins des marches blanches et Benyamin Netanyahou ou Angela Merkel qui voulait absolument être du cortège. Tout le monde était Charlie, des catholiques traditionalistes révélant un occidentalisme en déphasage avec leur universalisme à Jean-Luc Mélenchon, devenu entre temps islamo-gauchiste, comme on dit. Je savais que cette union nationale n’avait aucun contenu signifiant et ferait long feu. Depuis, nous continuons de surfer surnotre incohérence en disant pis que pendre (et nous avons raison) de ceux qui ont massacré la rédaction de « Charlie » et les clients de l’hyper cacher, mais en trouvant que ceux qui ont renversé Bachar El-Assad avec la complicité de nos djihadistes maison se battant sous la même bannière que François Hollande et que Laurent Fabius qui ne voulaient pas le reconnaître bien que notre participation à ce conflit ait provoqué les attentats du 13 novembre, sont en somme de gentils talibans, tels que les États-Unis ont pu capituler en rase campagne afghane pour laisser les vrais talibans au pouvoir dans ce pays en nous racontant les mêmes balivernes qu’ils avaient changés et étaient devenus inclusifs et tolérants.

 

La France a eu une diplomatie impulsive au Liban comme en Afrique qui l’a fait chasser de partout et sinon détester de tous, du moins a amoindri sa voix. Puisse cette diplomatie se ressaisir !

 


lundi 16 décembre 2024

Bossuet, la mort, la morale et l'Image

Une discussion sur Facebook avec Mikaël Juszczyk et Gilles Kalafate autour de Jean-Baptiste comme anti-Lénine m'a donné envie de me plonger pour la première fois dans le "Sermonsur la mort" de Bossuet.

https://fr.wikisource.org/wiki/Sermon_sur_la_mort#cite_note-1

J'en dégage quelques belles formules et questions:

« C’est une étrange faiblesse de l’esprit humain que jamais la mort ne lui soit présente, quoiqu’elle se mette en vue de tous côtés et en mille formes diverses.»
L'homme vit volontiers dans l'oublie de la pensée de l'accident. Mon propre apprendre-à-mourir m’y a fait plonger dès ma prime jeunesse par sens de l'observation, compassion et pour conjurer l'échec. Mais vivre dans la pensée de l’accident entretient la morbidité, car il fait "se complaire dans le malheur d'autrui", selon une expression chère à mon père qui en faisait un trait de personnalité d'une parente très protestante, qui appelait la mort sur elle dès qu'elle fut assez vieille pour estimer avoir passé la mesure de ses jours. Elle voulait mourir vieille et en bonne santé et ne pensait certainement pas ce qu'elle disait. Mais elle était portée à pleurer et à rire dans la même minute et croyait la peine mieuxséante, car la morbidité entraîne et désire l'inaptitude au bonheur.

L'homme entre splendeur et misère: "L’homme n’est pas les délices de la nature, puisqu’elle l’outrage en tant de manières ; l’homme ne peut non plus être son rebut, puisqu’il y a quelque chose en lui qui vaut mieux que la nature elle-même, je parle de la nature sensible.

La science et la techniqu: "La science [nous permet de] pénétrer la nature et la technique l'accommode à notre usage." Grâce à elles, "l'homme a presque changé la face du monde." On l'oublie, car l'heure est à la dépréciation de l'homme au profit de la nature, après une période inverse où l'homme était tout et la nature n'était qu'au service de l'homme. Autrefois, l'homme était le but; aujourd'hui, la peur de la fin de la planète démontre que la planète est devenue la fin de l'homme et prépare la fin de l'homme au sens de Michel Foucault. La peur de l'épuisement des ressources naturelles nous fait oublier de lutter contre la faim dans le monde.

"L'homme a presque changé la face du monde." C'est un aspect de sa grandeur. "Il a su dompter par l’esprit les animaux, qui le surmontaient par la force ; il a su discipliner leur humeur brutale et contraindre leur liberté indocile. Il a même fléchi par adresse les créatures inanimées : la terre n’a-t-elle pas été forcée par son industrie à lui donner des aliments plus convenables, les plantes à corriger en sa faveur leur aigreur sauvage, les venins même à se tourner en remèdes pour l’amour de lui ?"

"Car qu’est-ce autre chose que l’art, sinon l’embellissement de la nature ? [L’homme a] quelque portion de l’esprit ouvrier qui a fait le monde. Notre âme, supérieure au monde et à toutes les vertus qui le composent, n’a rien à craindre que de son auteur."
L'Évangile et à sa suite la théologie médiévale se réjouissaient sans orgueil dédaigneux que les anges nous soient soumiset Bossuet entre dans cette émerveillement que l'âme soit suupérieure au monde, mais plus encore aux vertus qui le composent, vertus qui, si elles témoignaient de la qualité de l'âme et devaient être cultivées comme des qualités en devenir auxquelles l'âme était destinée comme elles étaient destinées à l'âme, procédaient avant tout de la hiérarchie angélique, pour les vertus cardinales et à l'exception des vertus théologales qui procédaient directement de Dieu.

Donc le chrétien ne pouvait mépriser les vertus. Pourtant Bossuet fait une remarque très fine sur la nature de la morale: "Mais continuons, chrétiens, une méditation si utile de l’image de Dieu en nous ; et voyons par quelles maximes l’homme, cette créature chérie, destinée à se servir de toutes les autres, se prescrit à [lui]-même ce qu’[il] doit faire. Dans la corruption où nous sommes, je confesse que c’est ici notre faible ; et toutefois je ne puis considérer sans admiration ces règles immuables des mœurs, que la raison a posées."
"Ce que l'homme se prescrit à lui-même" et "les règles immuables des moeurs que la raison lui a posées" désignent à coup sûr la morale. Or Bossuet nous dit que la morale est le point faible de l'homme qui se croit fort. La morale est son point faible, mais elle fait sa force.

La "[méditation] sur l'Image de Dieu que Bossuet a bien raison de décrire comme notre méditation la plus appropriéel'entraîne à dire ceci: "Dieu se connaît et se contemple ; sa vie, c’est de se connaître : et parce que l’homme est son image, il veut aussi qu’il le connaisse."

Ici, mon esprit moderne s'insurge. Pourquoi Bossuet, qui est un esprit classique, n'a-t-il pas écrit: "Le connaisse et se connaisse"? Pourquoi a-t-il entièrement biffé la première partie de l'oracle de Delphes qui forme un tout: "Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l'univers et les dieux", pour ne retenir que la seconde: il faut méditer sur l'homme, Image de Dieu, uniquement en vue de connaître Dieu dont toute l'activité consiste à Se connaître. L'esprit moderne est un esprit psychologique et biffe la seconde partie de l'oracle. Connaître Dieu ne l'intéresse que dans la mesure où cela lui permet de se connaître. Il faut tenir les deux pour tenir l'équilibre et tirer parti du cadeau que Dieu nous fait de Le connaître en nous reflétant, mais sans nous réfléchir en Lui, nous qui avons été créés dans la limite ou sommes devenus limités par nos transgressions, notre désobéissance, rébellion ou refus de la servilité. Connaître Dieu, c'est connaître un "Être éternel, immense, infini, exempt de toute matière, libre de toutes limites, dégagé de toute imperfection." 

dimanche 15 décembre 2024

Le sous-Rocard et le sous-Giscard

Justice au Singulier: Leur dernière chance...


"Tout ce qu'on est en droit de demander, de la part de ses adversaires comme de ses alliés, est qu'on le traite (François Bayrou)  comme il le mérite : gravement, sérieusement, avec respect. Sans les moindres dérision ni abaissement." (Philippe Bilger)

Je ne suis pas sûr de pouvoir y arriver.

"Il avait un passé à faire valoir pour arracher Matignon à la force de son désir..." (PB)

Il aurait voulu gravir la marche élyséenne, mais il ne doit pas être à la hauteur.

Bayrou est-il la dernière chance de Macron ou Matignon est-il pour Bayrou le moyen de faireune fin? Bayrou dont Chirac disait qu'il finirait pétant de vanité. "Je dirai que c'est bien quand c'est bien et que c'est mauvais quand c'est mauvais", résumait-il son rôle dans le champ politique. Rôle de grand parleur plus que de beau parleur. 

On peut comprendre que Macron ait hésité à nommer Bayrou Premier ministre. Il n'oublie jamais les humiliations. IL pouvait, pour la forme, lui demander conseil, on ne sait pas au nom de quelle expertise; il ne devait pas avoir oublié que le conseilleur en chef l'avait d'abord traité d'hologramme avant de se rallier à son panache blanc.  "Un reniement vaut bien un ministère", avait-il pu espérer, avant d'être rattrapé par la patrouille et la cavalerie en voulant moraliser la vie politique  en y perdant son poste de garde des sceaux.


Ministre de l'Éducation nationale, il voulait refonder l'école sur les savoirs et n'est jamais parvenu à refermer le tournant du pédagogisme. La gifle qu'il a donnée à un enfant du Neudorf lui aurait valu un blâme s'il était resté professeur. Mais "ça se nourrit de tout, la gloire." (Serge Lama) 

Ce grand pourfendeur de la dette française voulait nommer Mario Monti président de la Commission européenne, dont même Ernest-Antoine seillère disait qu'il raisonnait comme un notaire. Mais Bayrou s'est tout à coup montré cigale quand le Covid fut venu et voulut qu'on ouvrît les vannes de la dette. On n'a compté à presque rien ses notes comme commissaire au plan, où il ne s'est montré ni Henri Guaino ni Jean Monnet.

Bayrou a fustigé l'égocratie de Nicolas Sarkozy et accepte d'être le Premier ministre du plus égocrate des présidents, auprès duquel Nicolas Sarkozy fait figure de paltoquet. 

Bayrou avancevolontiers un point comun avec François Hollande: le fait de refuser que le pays se fracture. Hollande a prospéré sur le refus du clivage  que Nicolas Sarkozy aurait provoqué. Je crains que le refus de la fracturation française qu'oppose François Bayrou n'accouche d'une souris   qui nous fera ronger notre frein "du pareil au Modem", comme le titrait plaisamment "Libération". 

L'argument de Marine Le Pen selon lequel on n'avait jamais essayé le Rassemblement national commence à faire pschit. Elle a suggéré  la dissolution au président de la République et censurée sans raison Michel Barnier qui avait une autre stature que Bayrou.

Le Béarnais se donnait pour un rénovateur qui voulait chasser Chirac et Giscard. Il a accepté d'être le ministre du premier et a dilapidé l'héritage du second en volant son parti sans le faire fructifier intellectuellement ni électoralement. En 2007, il s'exclamait: "La politique de la France ne sera plus jamais comme avant" parce qu'il avait enregistré 18% des électeurs et été enfin devenu le troisième homme, là où VGE a été élu président dès sa première candidature et   a fait de ses Républicains indépendants un parti présidentiel qui gouvernait la France au centre ès étiquette et qualité. 

Bayrou est un sous-Giscard. Le sous-Rocard qu'est Macron l'a nommé Premier ministre, car qui se ressemble s'assemble. Macron aura usé les fonds de culotte des culotés de l'ancien monde en n'arrivant pas à accoucher du nouveau monde qu'il promettait. 

Mais Macron a quelque chose pour lui qui l'identifie à la France: il est fantasque. Il parvient envers et contre tout à cohabiter avec lui-même en faisant croire, par exemple, qu'il est le vrai restaurateur en chef de Notre-Dame. "Puisque non pas "Madame Bovary", mais Notre-Dame, c'est moi, vous voyez bien que le pays ne peut pas s'écrouler sous mon autorité." Et Macron continue de cohabiter avec lui-même en nommant avec François Bayrou après Michel Barnier, un autre Européen. Ils agiron "en Européens", comme il dit dans un nouveau tic de langage. Les "frexiteurs cachés" du RN en seront pour leurs frais si Bayrou dure plus que Barnier.  

mercredi 11 décembre 2024

Le peuple sous la pluie comme un déchu de Notre-Dame

Écrit à mon ami Alain Heim:


"J'ai écouté la bénédiction de l'orgue de Notre-Dame (et accessoirement le résumé de sa réouverture mis en ligne par l'Élysée) pour pouvoir répondre à ta demande. Un chroniqueur de "Radio courtoisie", Arthur de Watrigan, l'a trouvé très "criard" et la seule fausse note de la cérémonie... Un autre religieux facebookien relayé par  Charles-Éric Hauguel a trouvé que la cérémonie a davantage été tournée vers les froufrous de Jean-Charles de castelbaja et vers l'orgue que vers Jésus et Marie. L'appréciation me semble un peu dure, surtout que mgr Laurent Ulrich a remisouvertement Jésus,  Marie et les pauvres, qui n'avaient guère droit aux entrées de la cathédrale, au centre de la cérémonie. Je l'ai entendu réactiver à Lourdes, lors du Pèlerinage national auquel j'ai participé avec le colonel il y a deux ans, le concept d'"amitié sociale" et sa prédication a démontré qu'il est resté fidèle à cette belle idée. De même, il a chanté la partie qu'il devait dialoguer avec l'orgue et j'ai aimé le timbre de sa voix. Mais je n'ai pratiquement rien aimé des improvisations des organistes, sans discuter de la réussite de la rénovation de l'orgue, je n'en ai pas la compétence. Sans doute, cette restauration est-elle très réussie, le Cavaillé-coll a été rendu à son degré d'agressivitémaximale, sous la maîtrise d'oeuvre de Christian Lutz que nous avons connu à ste-Marie et qu'un documentaire a montré se comportant en inspecteur des travaux en train de se faire, qui n'avait pas la responsabilité de mettre la main à la pâte. Très bien. Mais faire chanter Dieu le Père en un crescendo qui le montrait d'une toute-puissance tonitruante tel un Jupiter tonnant 

comme on la redoutait au XIXème siècle et comme on l'a trop déconstruite au XXème ne me paraissait pas donner très envie de se tourner vers Lui. Ensuite, chanter Jésus en le rendant nasillard ne me paraissait pas non plus en donner une image très avenante. Je ne parle même pas de la vie dans l'Esprit-Saint dont l'organiste a donné l'idée la plus foudroyante et la moins rassérénante. La prière des chrétiens était incarnée par deux voix là où une seule m'aurait paru plus convenir à son unité et à une communion qui se reconstitue du fait de Jésus Lui-même "quand deux ou trois sont réunis en Son Nom". La sortie de la messe était brillantissime et avait de quoi donner des complexes à des organistes dans mon genre, mais qu'apportait-elle en dehors du sentiment de virtuosité de celui qui la jouait, s'adonnant à l'exercice académique et jubilatoire du lâcher des organistes à l'issue desmesses dominicales pour qu'ils s'éclatent à bride abattue? Je n'ai vraiment aimé que l'hommage rendu à Marie et la très brève pièce jouée à l'issue de la courte homélie qui redonnait le sens de la cérémonie. 


Cérémonie dévoyée parce que, quand on récupère Marie pour la discipliner sous les voûtes d'une cathédrale, on la reconduit au désert au lieu de s'ouvrir au merveilleux dont toute sa vie témoigne, même dans ses apparitions les plus catastrophistes et les plus controversées. J'ai le même sentiment de préfabriqué à Lourdes où la lecture conjointe des livres d'Emile Zola et d'Anne Bernet m'a donné l'impression que, pour bien cloisonner la piété populaire, on avait choisi une apparition où la Vierge en demandait le moins possible et dégageait une source dans ce qui n'était que de la boue sans produire un phénomène exagérément surnaturel, mais auquel les évêques continueraient de se montrer tellement attachés qu'ils ne se verraient pas se réunir dans une autre ville après que l'Eglise a commencé par y organiser le pèlerinage national, pour entre autres y former les beaux mariages de la bourgeoisie catholique et contrebalancer les fraternelles par  la mise en réseaux et en faisceaux du botin mondain caritatif. DostoÏevski a toujours mis en garde contre cette logique réticulaire, quand même elle se serait contentée de réunir la Russie par voie de chemins de fer, et Léon Bloy n'a cessé d'affirmer une préférence qu'il ne savait guère fonder en raison pour la Salette et contre Lourdes. L'Eglise institutionnelle s'est toujours méfiée des révélations privées, mais la Conférence des évêques de France seréunit dans une ville d'apparitions pour ne pas avoir à parler de celles dont ils ne savent ou ne veulent rien dire.


Deux questions très intéressantes ont été posées par une amie de M... La première: "Je croyais que l'Eglise était d'abord destinée au peuple. Alors comment expliquer que le peuple était sous la pluie et les chefs d'Etat dans l'église? Sans compter que je croyais aussi qu'il y avait séparation entre les Eglises et l'Etat." 


Pour notre part, l'idée qui a germé en Clément d'organiser la commémoration de la naissance de Claude Balbastre le 8 décembre 1724 en ce 8 décembre 2024 a été un magnifique clin d'oeil à ce premier compositeur de l'"orgue spectacle", qui n'en a pas moins sauvé sa peau et l'orgue de Notre-Dame  en y jouant la Marseillaise pendant la Révolution.


Ne m'en veux pas si je publie la dernière partie de cette réponse, je me suis senti emporté par ma veine pamphlétaire et comme il fauttoujours que je donne mon avis sur tout...


Amitié,


Julien"


 

Le chant de l'irresponsabilité

Justice au Singulier: Marine Le Pen, les citoyens et les analystes...


    "Un sondage (Fiducial-Sud Radio) fait après la motion de censure, place Marine Le Pen au premier tour de la future élection présidentielle, avec 36 % face à Édouard Philippe qui serait à 25 % ; et à 38 % devant un Gabriel Attal à 20 %." (Philippe Bilger)

Peut-être cet écart entre Édouard Philippe et Gabriel Attal est-il le principal enseignement de ce sondage. Édouard Philippe s'est montré un vrai Premier ministre de proximité après avoir été un élu de terrain, certes un peu propulsé par l'appareil de son parti à la mairie du Havre.  Gabriel Attal a été un homme politique en toc qui a gravi trop vite le cursus honorum selon le bon plaisir du prince qui ne l'a engagé que pour des CDD et en a fait le plus brillant des intérimaires. À force d'être rétrogradé sans plus de raison que celles qui l'avaient fait monter avant qu'il ait fait ses preuves, Gabriel Attal   a développé "un sentiment de frustration" assez légitime, qui l'a fait revenir à son tempérament atrabilaire originel et s'enférer dans de la "politicailleri" en démontrant que l'"histoire" qu'il "[avait] à vivre avec les Français" ne le transcenderait pas plus longtemps que les intrigues et les postures qu'il devrait prendre au lieu du recul nécessaire, pour exister à court terme sans avoir d'autre vocation que celle de monter toujours plus haut et plus vite sans voir plus loin que le bout de son nez et au risque de dégringoler avec le macronisme quand cette parenthèse sera refermée et signera ce qu'elle a toujours été: la dévaluation d'une bourgeoisie décadente jouant les transformistes à force de perdre ses valeurs. 


"Même si [le président] a totalement exclu récemment [de démissionner], cela n'avait pas toujours été sa position." (PB) 

Donc il peut se démettre comme il a dissout l'Assemblée. Il peut tout, car son essence est de se transformer toujours et son intelligence ne va pas jusqu'à résoudre les casse-têtes en dehors du tourbillon de mondanité dont témoigne la composition de ses gouvernements successifs, tourbillon qui s'accélère depuis l'impasse de la dissolution et qui fait d'Emmanuel Macron le plus grand pourvoyeur de ministres et de ministricules que la Vème République ait portés. J'aimerais connaître le nombre de ministres et de sous-ministres à qui il a donné un marocain avant de les faire changer de place ou de les jeter aux oubliettes de la politique, mais qui nous coûtent un "pognon de dingue" pour le restant de leurs jours, car il faut bien les dédommager d'avoir servi la République.


"Ce sondage semble démontrer qu'il faut davantage faire confiance aux personnalités publiques en lice pour demain qu'aux analystes et aux politologues." (PB) Il faudrait surtout en trouver de nouvelles. 


"Il est clair qu'avec son intuition, MLP a mieux perçu les humeurs et les désirs de son électorat que tous ceux qui, en chambre, bâtissaient des théories et concluaient péremptoirement que le vote de la motion de censure par le Rassemblement national allait lui faire perdre sa respectabilité durement conquise et décourager une part de ses militants." (PB)

Un sondage est un instantané.  Certes, la dérive de la démocratie française en pouvoir personnel donne des chances à l'opinion de ne pas se déterminer le jour J avec plus de conséquence qu'elle n'a répondu aux questions de ses sondeurs. On peut néanmoins parier que l'électorat lepéniste, qui avait longtemps nié que Marine Le Pen avait été défaite par ses deux débats un peu moins calamiteux l'un que l'autre avec Emmanuel Macron qui n'avait qu'à ramasser les morceaux de ses brisées, ne saura pas longtemps gré à sa cheffe de file, si le gouvernement des juges ne la cornérise pas, d'avoir censuré l'exécutif en toute irresponsabilité. 

Car Emmanuel Macron a beau jeu de la coiffer au poteau, avec les autres censeurs, sur l'air de "j'assume toutes mes responsabilités" (on se demande comment il concrétise cette nouvelle déclaration d'intention), "mais je refuse d'assumer l'irresponsabilité des autres." Après tout, s'il a dissout, c'est à la demande du rN et si Michel Barnier est tombé sans espoir qu'un Premier ministre à l'ancrage plus solide ne le remplace, ce sera encore parce que le RN jouera l'arbitre des élégances en le soutenant d'abord pour le précipiter ensuite du haut de la roche tarpéienne où il se fracassera le crâne après avoir consacré beaucoup de jus de crâne à contenter l'héritière de Montretout et ses affidés qui, le doigt sur la couture du pantalon, sont suspendus aux humeurs de la duègne comme "l'intuition" de celle-ci devrait la faire gouverner au gré des "humeurs" de son électorat qu'elle a respectées en censurant sans lendemain le gouvernement Barnier, de quoi nous inspirer confiance pour la suite. 

Et l'on aura beau protester que, si Marine Le Pen veut jouer les arbitres des élégances, Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise sont eux toujours inélégants  et ne veulent qu'abroger, empêcher, forcer la main et destituer à grand renfort de hurlements. Jean-Luc Mélenchon a prétendu voler la victoire du "front républicain" qu'il n'a jamais lésiné d'animer quand il s'agissait de faire barrage ou faire tomber des têtes, mais il n'a jamais prodigué un vrai discours de la méthode, contrairement aux autres partis de gauche, qui se sont certes laissés emporter dans son application de "tout le programe du NFP et rien que le programme" et dans son exigence absurde qu'Emmanuel Macron ne nomme un Premier ministre de gauche (à quel titre puisque la gauche est minoritaire), mais ils se sont néanmoins tous mis d'accord pour sortir de cet imbroglio parlementaire en décidant, comme Marine Tondelier ou Lucie Castets l'ont toujours dit,  qu'il fallait gouverner texte par texte, laisser le Parlement avoir le dernier mot et ne jamais s'imposer à coups de 49.3, au risque que la politique dont on accouche soit frappée d'incohérence, la faute à celui qui a fait couler sur son pays les eaux du déluge et qui continue de ne pas trouver où amerrir parce qu'il prétend exclure de son gouvernement des composantes du Parlement qui a de son fait adopté cette forme cahotique, comme si les uns n'avaient qu'à se contenter d'un soutien sans participation en remerciant de leur relégation quand les autres auraient si peu démérité qu'ils seraient de plein droit estampillés partis de gouvernement. 

La République inclusive s'emploie à exclure ceux qui pourraient y prendre des responsabilités sous prétexte qu'ils seraient plus irresponsables que les autres, mais la France insoumise et le Rassemblement national  n'ont pas grand-chose à envier en la matière au président de la République, qui préfère le soutien sans participation de quelques-uns à un gouvernement d'union nationale, la seule issue de ce casse-tête qui ne porte pas tant sur le nom du Premier ministre que sur la manière de faire coexister toutes les forces politiques dans son gouvernement en remettant les compteurs à zéro. 

jeudi 5 décembre 2024

Macron au cerceau

Au lendemain du #Barnierxit, Macron a certes parlé pour ne rien dire, mais surtout pour se soulager (il ne sait pas se retenir, ni garder ses matières comme un polisson*, sinon ses urines se dissoudraient) :

 

« - D’accord, j’aurais pas dû dissoudre, mais c’est vous qui avez voté de la merde. Cacapoum, cacapoum, cacaboomers, cacaboomers !

 

Je vous ai nommé un type oldscool qui n’était pas un cacamou et pouvait cohabiter avec moi, car il portait la cravate pour qu’on ne me taille pas un costar et voulait faire de l’Ancien Monde, « notre Europe », un Nouveau Monde comme un homard à l’armoricaine,  et vous l’avez laissé tomber comme un mauvais négociateur ! Pourtant, c’était pas un cacaboudin comme Élisabeth Borne, la vapoteuse. Je pardonne à Gabriel Attal, car c’est mon petit frère et il a de l’avenir.

 

J’assume toutes mes responsabilités, mais je n’assume pas l’irresponsabilité des autres et je n’ai que des irresponsables autour de moi. »

« En fait, lui glisse son surmoi, quelle est la responsabilité que tu assumes ? D’avoir creusé une dette inédite alors que tu te présentais comme le Mozart de la finance ? D’avoir détruit les institutions ou d’avoir toujours tardé à assurer la continuité de l’État en nommant tes gouvernements le plus tard possible alors que tu es institutionnellement le garant de cette continuté ? D’avoir maté les Gilets jaunes et d’entraîner l’Europe vers la guerre ?»

« Les partis que les Français ont précipités à la tête de la vulgaire Assemblée nationale ont censuré le Premier ministre que j’avais nommé comme garant de la stabilité. Moi, j’ai rebâti Notre-Dame en cinq ans. »

« Tu l’as rebâtie de tes propres mains ? »

« Ne sois pas, tel un oiseau moqueur,  mesquin avec moi, surmoi persifleur. Trump a dit que j’avait réussi l’impossible, je suis le plus franc des maçons et l’architecte de l’univers. Je partage ce succès avec les Français, mes compagnons. Je le partage et je recevrai en leur nom tous les responsables de l’univers, comme au grand jour de « Charlie hebdo » où il y avait Netanyahou que j’aurais bien invité, mais il a un mandat d’arrêt international aux trousses.   Je recevrai les maîtres du monde au nom des Français, mais eux ne seront pas là, moi j’y s’rai, nananère.

 

Et j’ai parlé dans la nef de Notre-Dame qui sera rendue « aux Parisiens, aux Français, aux catholiques du monde entier et au culte » à ma personne. J’ai parlé dans la nef, car je suis le capitaine. J’assume toutes mes responsabilités et je n’ai que des irresponsables autour de moi.»

 

Le surmoi macronien sussurre à Macron qui ne l’entendplus :  »Tu es responsable d’avoir transformé la Vème en IVème République en la livrant à l’arbitrage du Rassemblement national que tu bêtifies en l’excluant de l’arc républicain et de l’arbre décisionnel ? Il n’y a pas de soutien sans participation. »

Pendant ce temps-là, Macron joue au cerceau et à : « Ma grand-mère Manette a dit que dans le gouvernement, tu ne seras pas. »

 

LFI voit rouge de s’être désistée pour les lieutenants du macronisme et de se faire accuser de faire parti du « front anti-républicain » après s’être posée en représentants de Robespierre malgré la corruption de Sophia Chikirou.

 

Les socialistes sont élastiques comme le plastique est fantastique. Ils ont proposé un « pacte de non censure » conforme à la logorrhéemacronienne sur le « gouvrnement d’intérêt général » (on aurait cru Jean-Pierre Raffarin parlant de « gouvernement civique » en 2002 en commentant sa nominationcomme Premier ministre) : « Pourront participer au prochain gouvernement ceux qui s’engageront à ne pas le censurer », dit Macron. Hier soir, Olivier Faure parlait de pacte de non censure, mais ce n’est pas arrivé jusqu’aux oreilles du président de la République. Pourtant le PS est le seul qui fait une proposition tactique : gouverner texte par texte en n’utilisant jamais le 49-3 pour prouver qu’à défaut de pratiquer le respect des personnes, la démocratie peut être consensuelle et ne pas légiférer à gogo sous peine que la classe politique se voie bridée par un gouvernement technique.

 

Mais Macron ne se tournera pas vers le parti socialiste. Il préfère Lecornu ou Bayrou.Bayrou, le roi nu qui a traité son futur cornard d’hologramme avant de se déclarer son plus fidèle soutien. Quant à Lecornichon, il a dîné avec le diable avec une très grande fourchette chez  le Solère questeur Thierry Honnête… Aussi honnête que son colicier qui a prôné une loi sur la moralisation de la vie politique avant de devoir démissionner de son poste d’éphémère garde des sceaux pour une affaire similaire à celle qui menace Marine Le Pen d’inéligibilité pour détournement de fonds publics européens au profit de son parti nationaliste.

 

*L’enfant qui garde ses matières fécales en se retenant au risque de se constiper est un polisson, a dit en substance (sic) Sigmund Freud dans « les Trois essais sur la théorie de la sexualité ». 

samedi 30 novembre 2024

Dialogue avec Lodi

Lodi est un commentateur du blog de Philippe Bilger de tendance plutôt transhumaniste pessimiste. Je reproduis ici cet extrait de notre dialogue qu'on trouvera en totalité sur le blog de notre hôte à cette adresse:



Justice au Singulier: Plutôt les coulisses que la scène...


@Lodi | 30 novembre 2024 à 07:44

"Je ne comprends cependant pas pourquoi vous êtes revenu au christianisme. Avez-vous lu autre chose, senti une communion avec ce qui vous a semblé être Dieu, préféré vous accorder avec votre milieu?", 

Je n'avais rien lu. Mon athéisme partait de moi, j'y étais libre et heureux. J'ai peut-être voulu m'accorder avec mon milieu ou faire la part du conditionnement: mon athéisme perçait le coeur de ma grand-mère et sans doute inconsciemment, voulais-je arrêter de l'en faire souffrir. Mais avant tout, j'ai "senti quelque chose", j'ai vécu un transport, de ceux dont on ne revient pas et qui vous interdisent de vous détacher de Dieu, au-delà du fait que le détachement est un anti-douleur.


"Les dieux ont soif", résumait Anatole France ou pour vous citer, "je soutiens que le crime de masse du Déluge ou que la fin du monde, gigantesque boucherie assortie d'un jugement de l'assassin sur ses victimes" est le pire des châtiments qu'on puisse imaginer, avec l'enfer chrétien, cette éternité de combustion sans consomption, une imagination qui ne serait pas même venue dans la pensée d'Hitler. Oui, mais si la religion n'assouvit pas la soif qu'elle creuse ou met en évidence, le contact qu'elle fait prendre avec dieu ne relève pas des histoires qu'on raconte à son sujet, histoires violentes, vous avez raison, histoires qui parfois comme dans l'islam, mettent des noms de personnages sur le dieu des philosophes avec plus d'efficacité que dans le monde chrétien. Non, le contact que la religion nous fait prendre avec Dieu est d'abord personnel, même si, par la suite, j'ai été heurté qu'on m'oblige à ne pas m'interroger sur l'idée de Dieu, mais sur Sa Personne, moi qui avais noué beaucoup plus une relation avec l'Esprit-Saint qu'avec Jésus-Christ, Fils de Dieu.  Mais oui, la conversion qui fut la mienne fut une rencontre avec l'Esprit-Saint, et peu m'importe encore aujourd'hui de savoir si Jésus a existé historiquement ou si c'est notre soif de Lui et nos attentes à Son égard qui lui confèrent l'existence. Ce que Michel Onfray dit de "Jésus, personnage conceptuel" avec qui vivre une relation allégorique ne me choque pas et je tiens Feuerbach pour le plus grand théologien apophatique, sinon le seul, de l'Occident chrétien. 


"Si puissant que soit un abuseur, il n'est jamais qu'un abuseur."

Quand je vous disais que la rémission des péchés n'est pas très "tendance", dans cette prise de conscience où nous sommes de l'impact des abus sexuels ou de conscience, je pense que cela s'aggrave sous l'effet d'un dogme tel que la rémission des péchés qui revient à suggérer à ceux à qui on ne fait de la vie morale qu'un impératif de second ordre: "Abusons-nous, folle ville, puisque tout sera pardonné."


"Participer au salut du monde?" "Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre", se promettait la petite Thérèse.


"Dieu est trois dans le christianisme, une de ses personnes meurt et ressuscite, tout cela sauvant bien des gens. "

Si le Fils meurt, quelque chose dans le Père meurt aussi. Et cette mort ne peut Le satisfaire, si je prends ce mot dans son sens usuel, qui me fait converger globalement avec votre résumé : "Dieu lui-même s'astreint à une dépersonnalisation quand il agit comme dieu fractionné, un abandon exprimé par le fameux "Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?". 




Il y a une dimension orphique de la création divine. Dimension que je qualifie ainsi parce que je "joue avec les mythes". Mais il ne faut pas avoir peur de jouer le jeu de la relation spirituelle.


"Je vais tenter une autre approche. Si Dieu avait créé le monde par trop-plein de créativité, d'amour, l'univers serait une fête, un paradis, une perfection dont le moindre recoin vaudrait la totalité de ce qui existe en vérité."

Je retiens votre hypothèse parce que je l'ai souvent émise par-devers moi sans la formuler aussi bien que vous: Dieu a créé le monde par trop plein de créativité. Sans obligation de résultat du fait de son "sentiment d'incomplétude". Variante: Dieu a mis des millions d'années à éprouver le besoin d'un vis-à-vis dans Sa Création. J'avais énoncé cette idée en rencontrant le Père Martelet qui ne m'a pas envoyé sur les roses en m'opposant la relativité générale qui fait que mille ans sont comme un jour.


"Dieu a créé le monde parce qu'il est tombé."

Je vous reconnais bien là. La gnose n'est jamais loin de vos investigations métaphysiques.  

"Pas le diable, un sous-fifre, lui..."

Le diable n'est qu'un manque-à-être.

"[Dieu] est tombé dans le sentiment d'incomplétude, un mécontentement de ne pouvoir se satisfaire de soi, et il s'en est voulu comme il en a voulu au monde, et nous en payons les conséquences."

Cela pourrait être, ou bien c'est une histoire que vous faites dériver  de ce qui se veut être la Révélation chrétienne. Histoire à laquelle je serais sans souscrire? 

Mon analyste, athée, mais atomiste, me dit un jour: "Vous (sous-entendu vous au moins) avez conscience, en étant croyant de participer à la paranoïa collective."  Et quand bien même? Il n'y a pas d'homme sans histoire, sans édification, sans monument. Si "le Fils de l'homme n'a pas une pierre où reposer sa tête", l'Église catholique lui offre une triple pyramide:


-Elle lui raconte l'histoire depuis la Création du monde jusqu'à la dévastatrice Apocalypse;


-elle le situe à la base d'une hiérarchie qui va du simple fidèle jusqu'au pape;


-hiérarchie qui elle-même est le miroir et met l'homme en communion avec tous les vivants et les morts. C'est déjà pas mal et peut-on lui en demander davantage?


"Le salut, plutôt brutal, que nous offre Dieu, est l'ombre du salut qu'il se fait à lui-même, bon sang, j'écrirais peut-être une fiction sur ça, ou du moins en partie me dis-je avec enthousiasme."

Neal-Donald Walsh écrit que "Dieu crée pour faire l'expérience de Lui-même." 


"Dans ce cas" (si vous écriviez une fiction là-dessus), vous m'auriez inspiré, merci, grand merci, vraiment !"

J'en serais honoré."Dans ma version des mythes de salut, en nous sauvant, Dieu se sauve, en participant à son salut, l'homme participe au salut de Dieu."

Variante personnelle: le récit de la ligature d'Isaac se termine heureusement par le fait que Dieuintime à Abraham d'abaisser le couteau qu'il allait lever sur son fils comme une preuve ultime de son amour incommensurable d'un Dieu, lui aurait-Il été infidèle et pris le fils de sa promesse. Je me dis que, jusqu'au dernier moment, non pas Jésus qui accepta de boire le calice jusqu'à la lie, mais Dieu le Père a cherché un homme qui L'aurait supplié de ne pas laisser se lever le bras séculier de l'autorité civile satisfaisant la foule versatile et irritée sur Son Fils  en rémission des péchés du monde. Mais Dieu n'a pas trouvé ce suppliant, qui vient à contre-temps dans l'islam estimer que Dieu n'avait pu laisser Jésus au pouvoir de la mort pour vaincre la mort. 


Moi aussi, je voussouhaite le meilleur et ce n'est pas la première fois que nous nous le souhaitons dans ces colonnes à nous ouvertes par notre hôte et sa tendre moitié.

mardi 12 novembre 2024

La victoire de trump analysée par deux journalistes démocrates

Le lien ci-dessous

https://www.google.fr/search?q=Claire+Meynial&sca_esv=2082a285961d999d&source=hp&ei=jCgzZ6uFKriKkdUPkYi8oQY&iflsig=AL9hbdgAAAAAZzM2nLapLW3uMKbyWWFXZKDBLn7uD1fq&ved=0ahUKEwir-_LrxdaJAxU4RaQEHREEL2QQ4dUDCBw&oq=Claire+Meynial&gs_lp=Egdnd3Mtd2l6Ig5DbGFpcmUgTWV5bmlhbDIIEC4YgAQYsQMyBRAAGIAEMgUQABiABDIFEC4YgAQyCBAAGIAEGKIEMggQABiABBiiBDIIEAAYgAQYogQyCBAAGIAEGKIESLg5UABY3hBwAHgAkAEBmAGzBaAB4CaqAQkyLTIuMi4zLjS4AQzIAQD4AQGYAgqgAvoiwgIREC4YgAQYsQMY0QMYgwEYxwHCAhAQABiABBixAxiDARiKBRgKwgIREC4YgAQYsQMYgwEY1AIYigXCAgsQABiABBixAxiDAcICCBAAGIAEGLEDwgIOEC4YgAQYsQMYgwEYigXCAgsQLhiABBixAxiDAcICCxAuGIAEGMcBGK8BwgIREC4YgAQYsQMY0QMYxwEYigXCAg4QABiABBixAxiDARiKBcICBBAAGAPCAhEQLhiABBixAxiDARjHARivAcICBhAAGBYYHpgDAJIHCTItMi4xLjUuMqAHjZEB&sclient=gws-wiz

analyse la victoire de Trump vue par une journaliste française, #ClaireMeynial, plus près du parti démocrate que du parti républicain bien qu'elle travaille pour "le Point" si je puis dire, encore qu'il n'existe pas à proprement parler de journalistes de sensibilité républicaine à l'américaine dans la grande presse française. Claire Meynial est interviewée par #WilliamReymond qui, après s'être intéressé à pas mal de sujets sulfureux liés aux Etats-Unis, comme l'assassinat de John Kennedy, y a fait souche, y vit à Las Vegas, doit y jouer un peu au poker tout en restant un "junky de la politique" dévasté par la victoire de Trump qu'il n'avait pas vu venir, n'ayant pas eu, me semble-t-il, assez de distance avec "la campagne de Kamala Harris", contrairement à sa collègue, que ses affinités n'ont jamais empêché d'être objective. Leur conversation est très riche d'enseignements.

D'abord sur l'apparente inconstance des électeurs: tel électeur démocrate vote pour Kamala Harris tout en approuvant que son État expulse manu militari des immigrants clandestins. Telle autre estime que "l'avortement fait partie de ses valeurs", mais vote quand même pour Trump à cause de l'économie. Si l'on devait comparer cette inconséquence des électeurs américains à celle des électeurs français, on pourrait se demander comment des marcheurs de "la Manif pour tous" ont pu constituer la base électorale la plus solide d'Emmanuel Macron plébiscité par la bourgeoisie catholique bien qu'il inverse toutes leurs valeurs. Ou encore on peut se demander comment des électeurs de l'ancien Front national pouvaient à ce point se dire nostalgériques et cultiver la nostalgie de l'Algérie qu'ils n'auraient jamais dû quitter tout en professant le plus grand mépris pour les immigrés qui en provenaient, eux-mêmes faisant bien peu de cas de l'indépendance qu'ils avaient chèrement payée.

L'avortement peut-il être considéré comme une valeur? Claire Meynial avoue que c'était le thème dominant et quasiment unique de la campagne de Kamala Harris. Elle a donc élaboré un programme au moins offrant, car à supposer que l'avortement soit une valeur, idée qui me choque, c'est a minima une valeur par défaut. Kamala Harris ajoutait bien qu'elle voulait être la candidate des classes moyennes, mais en cela elle faisait du Joe Biden en 2020, c'est-à-dire qu'elle collait au train de Trump qui les avait comprises et ses chalengers ne pouvaient que l'imiter dans leur empathie affichée, qui se heurtait à l'incapacité de Kamala Harris de détailler précisément les plans qu'elle assurait avoir pour redresser l'économie américaine, excipant des "bidenomics" qui étaient censés avoir limité l'impact de l'inflation sur les Américains, ce que contredisaient les électeurs que Claire Meynial interrogeait, un peu comme on a vu, à l'arrivée de l'euro, qu'on nous affichait une inflation à 2 ou 3 %, quand l'"inflation ressentie" pour employer une métaphore appartenant à la température et au climat, était d'au moins 20 %. Ce qui était sûr était que les salaires n'avaient pas augmenté au niveau de l'inflation. Un peu comme ici, où le refus d'encadrer les loyers a fait que le logement est le premier poste budgétaire des ménages, largement au-dessus des 35 % qui doivent lui être consacrés pour qu'une banque accorde un crédit dans le cadre de l'accession à la propriété, et où les tarifs de l'énergie ont augmenté depuis que les USA ont fait un Pealharbour sur Nordstreame et ont obligé les Européens à acheter du gaz américain en se privant du gaz russe, tout en ne renouvelant pas leur parc nucléaire.

Le pouvoir personel est par essence charismatique. Si l'homme ou la femme de pouvoir ajoute la compétence à son charisme, c'est très bien. Sinon, c'est dangereux, mais c'est la loi du pouvoir personnel appliqué à la démocratie. Sous ce rapport, Kamala Harris n'a jamais "imprimé", car elle n'arrivait pas à sortir de son speech, y compris sur CNN face aux électeurs, accuse Claire Meynial, au contraire de Donald Trump, dont ses électeurs se moquent bien des détails de ses prises de parole, car ils viennent l'écouter et le voir comme les fans desRooling Stones allaient voir et écouter Mick Jagger. La comparaison est d'autant plus appropriée que, dans ses discours, Trump parle "un peu de tout et de rien", au gré de ce qui lui passe par la tête.

On a accusé les électeurs de Trump de quitter ses rallyesune heure avant la fin, dénonce encore la journaliste qui s'est immergée au coeur du Trumpland. Mais ils attendaient quinze ou seize heures avant le début du meeting et dès qu'ils avaient vu leur idole aparaître, ils avaient leur compte et étaient murs pour refaire la queue encore deux heures sur le parking.

William Reymond note que l'Altright a su s'emparer comme chez nous les acteurs de la "réinfosphère" des médias alternatifs, souvent au long de longs formats vidéos, des médias alternatifs qui font vraiment de la télé "l'ancêtre d'Internet", comme auraient dit les Guignoles. La complicité qu'ils instalent avec leuraudience ou leur public se fonde sur une communauté de valeurs. Et Reymond de noter que Trump ne s'est jamais posé en adversaire acharné de la communauté LGBTQ+, mais s'est mis à dire en fin de campagne, non plus que les immigrants mangeaient des chiens et des chats, mais que des parents confiaient à l'école un petit garçon qui s'appelait Jimmy le matin et quileur revenait le soir en s'appelant Janny, non pas qu'il ait subi une transition de genre en une journée, précise Claire Meynial, mais il est vrai que des professeurs peuvent leur avoir mis dans le crâne qu'"ils sont nés dans le mauvais corps, surtout aux petites filles. J'ai 48 ans, ajoute-t-elle. À mon époque, presque toutes les jeunes filles étaient anorexiques. Aujourd'hui, la plupart des jeunes filles voudraient devenir des jeunes hommes" et intériorisent le "défaut de pennis" par lequel se définitla femme selon Freud, "la femme qui n'existe pas" selon Lacan..."Qu'il y ait eu de tout temps un certain pourcentage de gens qui ne se sentent pas bien dans leur identité biologique et doivent en changer est un invariant anthropologique, mais pas à cette échel, alertent les médecins dans des études alarmées", ajout-t-elle. "Et rien ne dit que la transition de genre faite sans enquête ni thérapie préalable apporte du mieux-être au trop grand nombre d'adolescents qui la demandent, c'est plutôt le contraire qui paraît être vrai".

En un mot, ces démocrates de bonne foi ne donnent pas raison sur tout aux analyses de Trump et encore moins à soncomportement transgressif, mais malgré eux, ils en viennent à déplorer que le bon sens non dégénératif ait manqué aux démocrates pour emporter cette élection, de l'inflation à la théorie du genre qui était censée ne pas exister, nous assurait-on en France en 2013. La politique du moment semble vouloir mettre nos perceptions à l'envers et le faire à tout bersingue, et non avec la lenteur des "habitus" que l'on change avec parcimonie, expliquait en son temps Pierre Bourdieu, à supposer qu'il n'existe pas de nature humaine.