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jeudi 25 juillet 2024

Martin Hirsch sur l'abbé Pierre, la curée continue!

Et la curée continue. Dans "la Croix", Martin Hirsch qui, pour un peu, se poserait en "compagnon d'Emmaüs" de la base, mais dont la carrière doit tout à ce qu'Emmaüs ait confié sa direction à cet ancien directeur de cabinet de Bernard Kouchner, assure qu'il ne veut pas jeter de l'huile sur le feu dans cette période douloureuse, mais qu'il prend la parorle pour expliquer "qu’on ne peut pas comprendre le mouvement Emmaüs sans cette simultanéité dans la reconnaissance et la distanciation, dans l’admiration des forces et la crainte des faiblesses de son fondateur." 


Il avait déjà pris ses distances avec l'abbé Pierre quand celui-ci avait pris des positions favorables à son ami Roger Garaudy dont je crois moins qu'il ait été auteur d'écrits révisionnistes qu'il n'a été influencé, après beaucoup d'autres revirements qui avaient pour tronc comun  l'option préférentielle pour les damnés de la terre, par sa conversion à l'islam, qui le rendait proche des Palestiniens et peut-être de ce fait injuste avec la condition (plus qu'avec la question) juive. 


Mais revenons à Martin Hirsch et demandons-nous d'abord, à titre purement gratuit et nullement diffamatoire malgré le caractère insinuant de la question posée, si l'homme est certain qu'un jour, une secrétaire ne pourra pas dire qu'il a abusé de sa position dominante pour lui faire des avances non souhaitées ou avoir envers elle des gestes inappropriés. Je dis ça sans rien savoir, je dis que c'est le fait de pas mal de patrons dans pas mal d'entreprises, et singulièrement dans le monde médical où Martin Hirsch a évolué en tant qu'administratif.


Je note que le couple qu'il forme ou qu'il formait avec sa femme Florence (je ne sais pas ce qu'il en est de sa situation matrimoniale actuelle) est ou était un couple de gens très favorisés, ce qui l'apparente assez peu avec la condition des compagnons d'Emmaüs lors même qu'il se dépeint comme l'un d'entre eux, presque un ancien primus inter pares, pairs et compagnons qui ont cessé d'être aux avant-postes de la décision dans la confrérie, et ce apparemment depuis qu'"en 1957, peu après l’appel de 1954 qui fit de lui une légende vivante, les proches de l'abbé Pierre l’avaient envoyé dans une clinique en Suisse, à l’isolement, parce que son comportement avec les femmes posait problème."Ses proches et, on l'a vu, le cardinal Feltin, et mgr Jean Rodhain, président du Secours catholique, à qui l'abbé Pierre faisait de l'ombre. 


Entre parenthèses, en cette fin des années 50, comme le notait le rapport de la CIASE, on s'occupait des prêtres qui présentaient des troubles et des déviances et avaient "un comportement problématique" ou "un problème avec les femmes". On s'en occupait, on essayait de les soigner tant bien que mal, même si ces soins revenaient à leur administrer du bromure pour, je recite Martin Hirsch, "canaliser l’énergie débordante de l’abbé Pierre vers de justes causes. "Comme si l'énergie sexuelle et libidinale, identifiée depuis  la psychanalyse comme le ressort ultime, énergétique et érotique de l'intérêt à agir, pouvait être canalisée et sublimée au point qu'en vertu de la "misère du désir",  le désir" se tourne entièrement vers la misère, une "juste cause" aux yeux de Martin Hirsch, que lui-même a diversement servie. Il se garde bien de dresser son propre bilan en la matière, et c'est en cela que son intervention a quelque chose d'indécent, parce que cet homme "qui, d'une certaine manière, doit tout" lui aussi au fondateur d'Emmaüs veut bien prendre ses distances avec lui pour en discerner ombres et lumières, mais il ne prend aucune distance avec lui-même et sa propre carrière qui, elle aussi, présente ombres et lumières et où globalement, on peut discerner deux périodes:


-Celle où il quitte le mouvement pour, fort de son aura d'homme qui sait lutter contre la misère, devenir ministre de Nicolas sarkozy et lui proposer la création du RSA, ce qui est plutôt à mettre à son actif, même s'il va vite en besogne en disant que "les dernières décennies ont donné lieu à un important travail pour sortir de cette conception" où, "Puisque les règles sociales ne savaient pas trouver une place aux exclus, les communautés se dispenseraient des règles, l’esprit de solidarité en tenant lieu. Et l’abbé Pierre pouvait faire rempart de son mythe pour éviter que les pouvoirs publics y trouvent à redire." Sous-entendu, aujourd'hui, les règles sociales règlent le problème de la misère, mais beaucoup de ceux qui pourraient prétendre au RSA n'y recourent pas, car c'est une solidarité bureaucratique et de plus en plus stigmatisante, ce que n'a certes pas vouluMartin Hirsch en fondant et construisant le revenu de solidarité active.


-Le deuxième moment où Martin Hirsch refait parler de lui est celui où il dirige l'Assistance publique hôpitaux de Paris, et le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas fait l'unanimité durant cette période, entre compression de personnel, gestion de la crise Covid avec suppression de lits, suspension des soignants et maîtrise d'oeuvre du Ségur de la santé. C'est pourtant là qu'il pouvait faire ses preuves: il n'était plus un militant qu'on peut toujours accuser d'être dans l'incantation, mais un gestionnaire qui pouvait mettre sa gestion à l'épreuve de son militantisme.


Bref, Martin Hirsch préfère enfoncer l'abbé Pierre que balayer devant sa porte, non sans rappeler qu'il a prononcé son éloge funèbre: "Aux obsèques de l’abbé Pierre, j’avais dit que le meilleur hommage, c’était de continuer. Aujourd’hui, ce que disent à raison les responsables du mouvement Emmaüs, c’est que le meilleur hommage à rendre aux victimes, c’est de continuer le combat contre la misère."Martin Hirsch se place naturellement dans la continuité des dirigeants actuels d'Emmaüs, non dans celle de l'abbé Pierre. À Martin Hirsch l'ingrat, les mannes de l'abbé Pierre reconnaissantes! 


Martin Hirsch sur l’abbé Pierre : « Pendant 50 ans, Emmaüs a pensé que ces comportements étaient de l’histoire ancienne » (la-croix.com)

dimanche 21 juillet 2024

Mon rêve de Nathalie Sarraute

La nuit dernière, j'ai rêvé que j'étais invité à déjeuner chez #Marie-VéraMaixandeau, mon amie musicienne qui n'est plus de ce monde depuis quelques années. Elle s'était pliée en quatre pour nous confectionner un délicieux repas. S'y trouvent deux Polonaises qui portaient deux noms chrétiens comme Thérèse, qu'un autre invité, un peintre, trouvait ridicules.

Nous y buvons beaucoup et surtout quantité de Cognac ou apparenté. Le peintre n'arrête pas de me servir et j'ai peur d'être soul en ne faisant pas honneur au repas que Marie-Véra s'est décarcassé pour nous apprêter, or c'est à peine si nous lui en savons gré.

Parmi les convives, se trouvent Nathalie Sarraute et sa fille Claude, encore assez jeune. La fin du repas approchant, je réalise qu'il faut absolument que je pose des questions à Nathalie Sarraute sur les livres qu'elle écrit. Je lui demande: "Comment avez-vous pu écrire, à travers "Enfance", non seulement un livre aussi différent du "nouveau roman" dont vous fûtes peut-être la principale théoricienne à travers "l'Ère du soupçon", mais un livre où vous avez écrit tout ce que vous ne vouliez pas écrire et qui représente à mon avis la quintessence de l'autobiographie?
-En effet, entre l'auteur des "Fruits d'or" et ce qui est sorti de moi dans "Enfance", il n'y a plus aucun rapport, mais je suis revenue à moi-même, je me suis remise à écrire des livres comme "les Fruits d'or", "Ici" ou ou "Pour un oui pour un non", "Tropismes" se situant entre "Enfance" et ma veine originelle."
ET Claude et Nathalie Sarraute de me citer des livres qui n'existent pas et qui venaient de paraître, prouvant que Nathalie Sarraute avait abandonné sa veine d'auteur d'"Enfance".

Et voilà que tout à coup, sans que je lui demande rien, elle me révèle que, chaque fois qu'elle prend la plume, elle demande à l'Esprit-Saint d'être le scripteur de ses conversations ou sous-conversations. Pour moi, quiconque demande à l'Esprit-Saint d'entériner tout ce qu'il écrit se met dans l'impossibilité d'écrire. Ce n'était pas, dans mon rêve, l'avis de ce grand écrivain, non plus que ce n'était l'avis de mon amie #MaryseBonnard, quand nous en discutions au Central, rue de Tolbiac, et Maryse est mère d'écrivain... 

dimanche 14 juillet 2024

Premier tombeau à mon maître et ami René Pommier

http://renepommierfreefr.com/


J'ai appris hier, à travers une conversation avec mon amie Geneviève Vogel, la mort de mon vieux maître et ami, professeur à la Sorbonne (il y tenait, il faisait partie du collège des professeurs, du collège §A!) #RenéPommier.



René avait perdu la foi à travers ce qu'il refusait de reconnaître comme une nuit de Pascal, car il me décrivait cette perte de la foi comme un lent processus.  (Et dans un de ses livres, il avait dézingué Pascal.)


Mais il ajoutait aussitôt qu'il était inconsolable de ce deuil de la foi et que c'était de là que luivenait sa passion négative pour détruire toutes les fausses valeurs ou idoles de la fausse vérité qu'il qualifiait volontiers de "sornettes", terme que je trouvais ringard: je ne me suis pas privé  de le lui dire, il en convenait, mais il n'en faisait aucun cas, il l'employait toujours. 


Ce deuil inconsolable de la foi lui a valu de démolir à peu près tout ce qui bougeait: ste-Thérèse d'Avila, Pascal (déjà nommé), Freud, René Girard ("Cet allumé qui se prend pour un phare"), Roland Barthes au début de sa carrière, et tant d'autres...


Au début de l'année 2024, j'ai téléphoné à René pour lui souhaiter la bonne année. Il m'a dit: "Julien, d'après votre répondeur, vousavez l'air en forme. Moi, je ne vais pas bien du tout. J'ai mal dès que je me réveille et je sais que cette douleur ne cessera jamais. Je n'ai pas vécu une belle vie. 


J'ai été un grand chercheur en littérature, un chercheur qui trouve, et on m'a préféré des fausses valeurs comme Roland Bartehs. Je n'ai pas écrit une oeuvre, j'ai raté beaucoup de choses, j'ai raté ma vie. Et si vous saviez tout ce que je laisse" 


(Je le savais, il me l'avait dit.) 


Et moi de lui répondre cruellement (mais ce n'était pas mon intention):  "Écoutez, René, vous n'avez pas eu une belle vie, mais je vous souhaite une belle mort. D'abord je vous souhaite une mort chrétienne, vous vous en doutez, mais je n'y crois pas." "Vous avez raison de ne pas y croire, ce n'est pas possible." "Admettons, encore qu'à mes yeux (d'aveugle), 

 le miracle est toujours possible. Mais si vous ne pouvez décidément pas mourir chrétiennement, ne souffrez pas plus qu'il ne faut. Ne vous accrochez pas à la vie."Ca non plus, ce n'est pas possible.  Vous êtes un croyant immmmoral et je sui  un athée moral. Vous n'avez jamais compris combien j'étais un homme de devoir." "Si, René, je l'ai compris après."


Et à l'issue de cette conversation, je lui ai dit: "C'est la chose la plus importante que je vous ai dite, je crois que nous nous sommes parlés pour la dernière fois Pas pour la première, car nous nous étions déjà beaucoup parlés." "J'espère que nous nous entendrons encore. Je le vivrais très mal s'il n'en était pas ainsi.",Comme je sui s assez lâche, je n'ai plus jamais osé appeler mon vieux maître René Pommier etil est mort aumois de mai, m'a appris Geneviève en consultant son site. 


Il m'avait dit "C'est toujours vous qui m'appelez, mais vous ne pouvez pas savoir à quel point ces appels sont importants pour moi. Comme l'étaient ceux de Nathalie." 

Je n'ai aucun doute sur le salut de ce chercheur de Dieu. Il l'a cherché si loin et si profondément qu'il l'a nécessairement trouvé.


Et il m'a dit: "Vous savez, dans ce monde, beaucoup d'intellectuels (j'ai connu Claude Tresmonttant qui fumait sa pipe, ou Pierre Chaunu qui étaient discrètement des amis à moi, , qui n'entrait pas du tout dans cette catégorie), vous regardent de très haut et se présentent comme vos amis pour mieux vous dénigrer dès que (ou si) vou sdevenez quelque chose. Moi, je nourris envers vous et envers Nathalie une amitié très sincère et indestructible." Merci, René, je l'ai ressentie, cette amitié. 

jeudi 11 juillet 2024

L'homme qui voulait cohabiter avec lui-même

Gérard Collomb en mai 2022: "La logique d'un parti unique central conduira à un rétrécissement politique puisque, au pouvoir, compte tenu des circonstances, on ne peut que s'user. Et on peut donc aboutir à la victoire de l'un des extrêmes, toutes les forces de gouvernement étant dans le même camp »…
Collomb, pardon, avait raison sur tout." (Étienne Gernelle)

Le centrisme façon Macron, en cela héritier de Bayrou qui avait tort de le traiter d'hologramme, ce n'est pas l'union des intelligences, c'est l'union des personnalités assez en vue pour pouvoir être appelées au gouvernement. Ca n'a jamais été autre chose. Et ça ne l'est pas davantage à l'issue de ces élections législatives qualifiées d'ultime "coup de folie du président français" par la presse internationale.

Il dissout sans raison, organise des élections législatives pour rien, certains rêvent de devenir premier ministre et le font savoir, Macron ne les détrompe ni ne les dément, aujourd'hui il vient nous dire qu'il ne nommera que le premier ministre technique d'une majorité rétrécie. (Cf. sa lettre aux Français parue hier, que Jean-Lou Bonnamy résumait ainsi ce matin aux #GrandesGueules de #RMC: "Macron écrit pour dire qu'il a fait n'importe quoi. "Mais je suis le meilleur, on s'en fout."").

Macron a provoqué une cohabitation, mais il veut cohabiter avec lui-même.

"Il nous a mis dans le pétrin et c'est à lui de nous en sortir", a dit Gérard Larcher ce matin. "Le pétrin. Avec "cette métaphore boulangère", le président du Sénat a évité un mot plus grossier. "Demeure l'impression extérieure, peu flatteuse dans cette affaire où il a tout d'un homme qui flambe au casino et laisse sa famille accueillir les huissiers." (Etienne Gernelle)

Macron, le centriste disruptif, a toujours cru en la "destruction créatrice". C'est un président schumpeterien qui joue avec nos nerfs.

https://www.lepoint.fr/politique/mais-qu-a-t-il-fait-a-la-france-emmanuel-macron-le-president-qui-ne-savait-plus-quoi-faire-10-07-2024-2565264_20.php 

mardi 9 juillet 2024

La révélation Tondelier

Décidément j'ai un faible pour Marine Tondelier. Quand je pouvais aisément communiquer sur Twitter, je la suivais. J'aimais sa manière dynamique et posée de parler d'expérience d'une ville dirigée par le Frontnational dont elle révélait les méthodes avec le moins de parti pris possible. Je l'ai perdue de vue, d'oreille et d'intérêt depuis qu'elle est devenue la patronne officielle des écologistes, parti qui n'a pas l'heur de m'intéresser... 


La presse, à commencer par "Libération",  en a fait la révélation de l'entre-deux-tours. Elle-même, avec son éditeur, "les Liens qui libèrent",  a pris l'initiative de mettre en libre accès son livre "des Nouvelles du front" et a conseillé de profiter de la pause électorale pour le lire et se faire une idée plus éclairée de la manière dont ce parti se comportait "en vrai", une fois aux affaires. Elle a prodigué ce conseil sur "Europe 1", où elle n'était pas revenue s'exprimer depuis deux ans, écoeurée par la mainmise excessive de Vincent bolloré et de ses zbires sur cette station.  


J'ai suivi son conseil et presque achevé son livre. Bien m'en a pris. J'ai mieux pris conscience que la stratégie de séduction du rN consiste à "Polir, lustrer, rincer les mémoires, mélanger les héritages intellectuels, brouiller les ascendances", récupérer De Gaulle ouJean Jaurès. "Le RN ne s’encombre pas de sentimentalisme. Dans sa nouvelle version, il a choisi l’option caméléon. Le FN est devenu une boule à facettes,

capable de renvoyer à chacun le rayon de lumière dont il

avait besoin pour se sentir rassuré" pour accepter le seul invariant de sa politique:  le refus, par xénophobie, de l'immigration et le fait de la rendre responsable du désordre et de l'insécurité qui règnent en France, en profitant de ce que le débat soit interdit en France sur les liens entre insécurité et immigration. 


Marine Tondelier, révélation de cet entre-deux tours, a remis sur le devant des échopes des libraires son livre révélateur et elle poursuit sa route intelligente. Hier soir, elle était l'invitée de "BFMTV". 


Aux antipodes d'une droite retailleau-Wauquiez indéterminée à prendre le pouvoir dans cette période critique et qui ne veut pas entendre parler d'une alliance du bloc central pour ne pas faire le jeu du président Macron, elle avance  que le futur gouvernement Nouveau front populaire devrait proposer au Parlement, texte après texte, le programme du NFP, charge à chacun de se déterminer et d'expliquer pourquoi il vote pour ou contre chacune des dispositions contenues dans ce programme. Et si l'abrogation de la réforme des retraites doit se faire avec les voix du Rassemblement national, pas question de faire la fine bouche, affirme, déterminée, celle qui assume et ne regrette pas d'avoir "fait barrage". Plus de "pudeurs de gazelle" en refusant des voix, Pas non plus de coalition, pas de tractations pour faire au coup par coup des "majorités de projet" comme sous le gouvernement Borne, mais la vie parlementaire à l'état pur, remise au goût du jour dans notre pays au régime présidentiel par l'esprit de la constitution de la Ve République à bout de souffle d'avoir été taillée pour un homme ou pour un mythe.  Une vie parlementaire où le NFP pourrait gouverner, qu'il gagne ou perde au fil de ses projets de loi, grâce à la maîtrise de l'ordre du jour... 


Quand la journaliste de "BFM" lui demande si de proposer une méthode de gouvernement la met sur les rangs pour être  premier ministre, Marine tondelier répond habilement que c'est une manière très "masculiniste" d'envisager la politique. "Je ne compte pas dans cette équation, c'est l'avenir et la gouvernabilité du pays qui m'intéressent." Elle écrivait la même chose dans son livre publié début 2017: "Les attaques gratuites contre moi ne m’affectent pas. Je me suis bâtie une carapace sur laquelle elles glissent. Celles qui visent les plus précaires… me troublent par contre profondément."


Tant d'abnégation et d'à propos que d'aucuns jugeront certainement surjoués me rappellent comment,en 1995, des profondeurs du parti socialiste, un ancien premier secrétaire assez sectaire, Lionel Jospin, fendit l'armure, se révéla, perdit l'élection présidentielle, mais devint premier ministre deux ans plus tard pour cinq ans, et laissa à la France beaucoup de bons souvenirs. C'est tout le mal que je souhaite à Marine Tondelier, ma révélation de l'entre-deux-tours. 

dimanche 7 juillet 2024

Législatives 2024, le sursaut contre le cahos

Je me suis finalement abstenu en étant fidèle à ma première idée et suis content que les forces de gauche, qui se préocuupent du social, aient remporté ces élections législatives, car la société est très malade. LLa réaction des Français est plutôt réjouissante, qui a donné la première place au Nouveau Front populaire.
Cette victoire, fût-elle numérique et symbolique, me paraît saine pour la cohésion sociale.

Le RN ne représentait qu'un Français sur trois et c'est à cette aune qu'il fallait peser le résultat du premier tour. #RenéPOujol me l'avait ditpar tél., je lui avais objecté qu'on ne peut pas analyser un scrutin majoritaire comme un scrutin proportionnel, je m'étais trompé.

Emmanuel macron a réussi son coup de poker et va devoir s'allier avec "les Républicains" qui ne sont pas mort, c'est une bonne nouvelle, même si cette résurgence consacre la longévité façon "Elle nous enterrera tous" de la bourgeoisieopportuniste qui domin cette base électorale. Éric Ciotti a complètement perdu son pari et il était plutôt

donné gagnant compte tenu de la base idéologique de l'électorat LR.

Emmanuel Macron a réussi son coup de poker de cavalier de l'Apocalypse. Il est le principal vainqueur de ces élections puisque, si son camp s'allie aux Républicains, ils constitueront la première force du pays, insuffisante pour le gouverner, mais elle trouvera des majorités de compromis ou fera comme avant: elle fera voter ses lois à laschlag du 49.3.

Raphaël Glucksmann va retourner au Parlement européen ou empocher un marocain. Il est le nouveau Manuel Valls des deux gauches iréconciliables et n'a cure de contredire Olivier Faure qui va dans le même sens que Jean-Luc Mélenchon. Ce "fils à papa" qui joue avec des alumettes à travers le monde comme BHLnous explique que le Parlement français doit devenir le Parlement européen, ce qui revient au plan national au retour de la Vème à la IVème République, que Macron a organisé par cette dissolution.

Jean-Luc Mélenchon a fait un discours courageux et martial en "lançant le débat" comme s'il était le leader de la partie et du parti gagnant. Il parlait à Macron comme Le Pen parlait à Chirac. Le Pen disait de celui-ci: "Il doit partir."Mélenchon a dit à Macron: "Il ne doit pas faire de combinaisons et doit nommer premier ministre le vainqueur de ces élections, au risque que le chef administratif de l'exécutif bénéficie d'une "minorité primo-ministérielle" (allusion à"la minorité présidentielle" dont les oppositions ne cessaient d'affubler"Renaissance" et ses alliés dans la précédente législature).

Jordan Bardella semble soulagé de ne pasavoir à exercer le pouvoir et pousse la muavaise foi jusqu'à dire que Macron a organisé "le chaos institutionnel" en répondant à sa demande dedissolution de l'Assemblée nationale en cas de victoire du RN aux élections européennes.

É♫douard Philippe a lancé son "appel du 7 juillet" avec trois ans d'avance surla prochaine élection présidentielle. Il prend une revanche un peu ridicule et personnelle sur son ancien mentor présidentiel. Ça risque de le griller.

Olivier Faure a fait une très belle déclaration: "La France méritait mieux qu'un choix entre le libéralisme et le fascisme."Le peuple français a trouvé les moyens d'échapper à cette alterntaivealternative.

Gabriel Attal a pris date dans un très beau discours où il a dit deux choses qui semblent transcender cet ambitieux à l'état pur: "Cette dissolution, je ne l'ai pas choisie" (good bye Macron!), "mais j'ai choisi de ne pas la subir." Et
"Tous ces échanges avec les Français qui souffrent est ce que j'ai de plus précieux."

La France se réveillera sans gueule de bois et on peut compter sur le président pour faire des tractations.Il a tweeté très vite: "Prudence et analyse. J'attends la structuration de la nouvelle Assemblée nationale [pour abattre mes cartes]."  

mardi 2 juillet 2024

Résister aux désistements

https://www.philippebilger.com/blog/2024/07/tous-fous-%C3%A0-lier-sauf-le-peuple-.html#comments

Le peuple va résister à tous "ces désistements autorisés mais contre-nature qui vont dénaturer les conséquences du premier tour et la rectitude démocratique du second." (Philippe Bilger) Espérons-le pour la démocratie.

On s'est beaucoup penché sur la psychologie d'un Macron et d'un Mélenchon. L'heure n'est plus à s'y intéresser quand le premier se goberge le soir où la "grenade dégoupillée" qu'il leur a envoyée explose dans les jambes des Français, parce qu'il a choisi de "bien se marrer", a-t-il confié à Nicolas Sarkozy, et qu'il ne saurait déroger à célébrer l'anniversaire de Richard Ferrand, "sorti des poubelles du parti socialiste" (selon Pierre-Yves Rougeyron) et devenu l'oracle du macronisme:
"Macron, tango sur un champ de ruines
Désistements en faveur de la gauche, spectre d’une chambre ingérable, cohabitation… Le président reste imperturbable.
https://www.lepoint.fr/politique/legislatives-macron-tango-sur-un-champ-de-ruines-02-07-2024-2564587_20.php
J'avais trouvé excessif ceux qui, comme Bernard Antony, l'avaient surnommé Macronéron. Moins modérés que moi, ils y voyaient plus clair.

Dans un numéro de mauvaise sociologie hallucinante,
https://www.youtube.com/watch?v=qrqbazVYFXE
Jean-Luc Mélenchon en remontre au sociologue de service qui lui explique que les trois blocs et sa façon de segmenter la gauche ne la résume pas et, après avoir raconté son histoire depuis son retour en dissidence à partir de 2005 et la création du Parti de gauche, il nous assure qu'il va désormais chercher les 16 millions d'abstentionnistes pour constituer une majorité absolue introuvable pour le Nouveau front populaire dont il promet de ne pas être le futur premier ministre, n'étant candidat à rien.

Ah bon, Mélenchon veut séduire les abstentionnistes? Mais pourquoi fait-il de moi un abstentionniste, moi qui, dans ma circonscription, ai voté au premier tour pour la candidate du NFP, laquelle arrivée en troisième position, se retire sans raison, le député macroniste sortant Olivier Becht étant assuré d'emporter la mise, en ballotage plus que favorable! Mais quoiqu'il n'ait pas démérité, je ne peux pas voter pour lui, car quoiqu'il se présente comme indépendant, comme tous ceux qui vivent à déshonneur de se réclamer de Macron, ma voix atterrirait en Macronie si je participais à l'élection de cet homme estimable.
Et je ne veux pas voter pour l'autre, Pierre Pinto, le représentant du RN, me refusant à sauter dans l'inconnu d'un bardélisme bordellisé par le "coup d'État administratif" d'une société contractualiste, organisée contre ce parti épouvantail en corps intermédiaires qui font pièce à la citoyenneté individuelle et à "la société des individus".
La société française est organisée contre le Rassemblement nationale. Il a brisé plus qu'un plafond de verre en parvenant à faire élire 89 députés. Mais cela ne l'a pas transformé en parti ordinaire aux yeux de la "démocratie organisée" contre lui. Quelle civilité pourra-t-il faire émerger de l'indignité civique dont il est frappé indignement?

L'anticapitaliste Mélenchon me met au rancard de l'abstentionnisme tout en me ciblant dans son marketing politique digne d'un trader caressant les marchés. Que ce renégat du trotskisme nous explique une fois pour toutes pourquoi il déteste moins le libéralisme qu'il fait profession de haïr que le fascisme qu'il s'agite à traquer tout en pérorant sur le même ton que les harangueurs et harengères des temps jadis.

Mais qu'on laisse aboyer cet aboyeur, s'exprimer les sportifs, s'énerver les syndicats, nous menacer les rappeurs et polémiquer les journalistes en un journalisme de boules puantes, ça en jette toujours à quelques jours d'un scrutin décisif. La stratégie d'intimidation n'est pas nouvelle, elle est éculée, bien qu'elle puisse faire son effet sur les dégonflés comme moi qui aiment les parias par esthétisme sans rarement oser aller jusqu'à partager leur sort! Le vrai déni de la démocratie, ce sont ces désistements. Ceux qui ne la laissent pas jouer comme elle le doit, ce sont ces désisteurs.

À l'inverse, Denis Monod-Broca a raison et dit les choses encore mieux que
Caroff (mais je les remercie tous les deux en particulier, chacun fait sa sélection dans les avis éclairés de ce blog): « Front républicain ! », « front républicain ! »… disent-ils, mais est-il « républicain » d’avoir renoncé au franc, d’œuvrer si ardemment pour une souveraineté européenne, d’avoir réintégré le commandement militaire de l’Alliance atlantique, de croire en la mondialisation néolibérale-libertaire, etc. ?
Nation, France, République ne sont pas des concepts abstraits, elles sont des réalités, vivantes, à condition de leur être fidèle, de leur donner sens, de les maintenir en vie.
Les premiers fossoyeurs de la République sont ceux-là même qui appellent si fort au « front républicain ».
Le corps électoral s’évertue depuis des années à leur faire comprendre qu’il n’est pas d’accord, qu’il y tient, lui, dur comme fer, à la nation, à la France, à la République. Mais ils ne comprennent pas. Eux affirment vouloir la République mais sans la nation, sans la France. Impossible ! Insensé ! Et ils sont enfermés dans cette aporie.
Comment le leur faire comprendre ?
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 01 juillet 2024 à 15:14

 

lundi 17 juin 2024

L'impasse électorale

"On ne rend pas service à la gauche en se jetant dans un programme qui cumule deux fois le niveau de dépenses du programme commun des années 70." (Clément Beaune) Comment lui donner tort? De même, le "social patriotisme" du RN (qui réserve les prestations sociales aux seuls Français en plongeant tous les autres dans l'économie informelle) est une ignominie. Pourtant, le centrisme disruptif d'Emmanuel Macron n'aura jamais ma voix, pas plus que je n'accepterai de m'abstenir. Nous sommes dans l'impasse électorale et c'est Macron qui nous y a mis, nous condamnant quoi que l'on choisisse à la politique du pire qui est la pire des politiques. 

vendredi 14 juin 2024

Extrême droite et catholicisme

Qu'est-ce que l'extrême droite? Une classification politique. Avec autrefois une affiliation qui ne faisait aucun doute de Jean-Marie Le Pen avec d'anciens Wffen SS. En va-t-il de même aujourd'hui, étant admis et reconnu que Marine Le Pen a sa nazisphère à travers la "Gudconnexion" des Frédéric Chatillon et des Axel Lousteau. Et Si l'on veut continuer dans les raccourcis, l'extrême droite de Marine Le Pen est nationale socialiste en ce sens qu'elle présente un programme basé sur la préférence (ou la priorité) nationale, mais qui est assez social tant qu'il s'agit des Français.
Tout cela étant posé, le RN a réussi sa dédiabolisation que je préfère pour ma part appeler sa banalisation. Qu'est-ce qui reste désespérément incompatible avec le catholicisme? Sa xénophobie. Incompatibilité tempérée par l'adage selon lequel "charité bien ordonné commence par soi-même". Et Jean-Marie Le Pen
a beau protester qu'il aime mieux ses filles que ses cousines et ses cousines que ses voisines, en régime chrétien, l'amour du prochain se plaît à se rapprocher de ce qui est le plus éloigné de soi. Donc cette xénophobie représente une vraie incompatibilité, qu'on doit néanmoins tempérer par la conscience que la xénophobie a été le paradigme de l'histoire jusqu'à l'après-guerre qui a bâti nos institutions internationales et notre interdépendance mondiale. Tout cela s'étiole dans une fin de cycle qui était prévisible, mais ne laisse pas d'être inquiétante.
L'extrême droite a défendu un christianisme de civilisation que ND de chrétienté (pour rester dans le sujet du billet) appelle de ce nom et qui va jusqu'à prendre les oripeaux de la laïcité pour conserver quelque chose de la chrétienté, ce qui nous vaut l'article paru hier dans "la croix" et dont je n'ai pas encore pris connaissance, intitulé: "Le RN, catho, mais pas trop."
L'extrême droite peut-elle être assimilée au fascisme? Si oui, qu'est-ce que le fascisme? Personnellement, autant je crois assez bien comprendre ce que recouvre le nazisme, autant le fascisme est une espèce d'épouvantail qui est certainement très vilain, mais qu'on ne définit jamais très clairement.
Si j'accepte cette assimilation et si je tiens compte du fait qu'il existe une véritable incompatibilité entre la xénophobie de l'extrême droite et le catholicisme du bon Samaritain, mon aporie se complique du constat que notre peuple va très mal ou, pour le dire autrement, que notre société est très malade, en insécurité économique, morale, culturelle, identitaire et j'en passe. Pour ajouter à mon aporie, on assimile toujours le fascisme à ce qui nous a mené à la Seconde guerre mondiale. C'est historiquement irréfutable. Mais dans l'immédiat, ce sont les dirigeants raisonnables qui nous engagent hors de toute raison dans une escalade ukrainienne qui pourrait nous mener tout droit à la Troisième guerre mondiale. Et si on prend trente ans de recul, Jean-Marie Le Pen était opposé en 1991 à la première guerre du golfe qui a signé le vrai divorce entre le Nord et le Sud ou entre le dar-el-islam et l'Occident post-chrétien à peine deux ans après la chute du mur de Berlin et l'année même de la chute de l'Union soviétique.

Alors que faut-il faire? Pour le moment, je n'en sais rien. Mais je suppose que la porosité de l'électorat catholique à l'extrême droite, pour autant que je suppose cet électorat charitable et mû par ce premier impératif de son être-chrétien, tient en partie à l'aporie que je viens d'énoncer. 

mardi 11 juin 2024

Macron le chaotique et son centrisme disruptif

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mardi-11-juin-2024-6597012

Je n'ai jamais compris ce que #Jean-LouisBourlange est venu faire dans la galère macronienne. J'ai toujours soupçonné qu'étant l'un des hommes les plus intelligents du MODEM, #FrançoisBayrou l'avait envoyé au Parlement pour le surveiller ou lui-même s'était donné cette mission à lui-même. Il quitte le navire avec élégance.
Sous cap, il dénonce la nomination de #GabrielAttal. Un coquin que Macron a nommé en copain pour lui brûler les ailes parce qu'il attirait trop la lumière. Du reste, je serais Gabriel Attal, je me sentirais déshonoré par cette dissolution et je profiterais de mon allocution de ce soir à 20h pour, en me barrant, me tirer du mauvais pas où m'avait entraîné le manager toxique de mon équipe de bras cassés, qui me nommait pour des contrats à durée ultra-déterminée alors que j'avais pour mission de mener des projets de longue haleine.
Macron a toujours joué le centrisme en étant disrupptif, c'est-à-dire en ayant le contraire d'un tempérament centriste. On tombe toujours du côté où l'on penche et en général, on penche et on tombe du côté de son tempérament. La disurption macronienne devait le faire pencher du côté de n'importe quelle solution extrême.
Macron risque de tomber sur un os pour n'avoir pas prévu que Ciotti étant président de LR et sachant que ses militants sont de son côté, il allait prendre acte que les digues avaient sauté entre la droite anciennement classique et le Rassemblement national, après avoir été le héraut d'une primaire de LR où la droite de gouvernement parlait plus durement que le Rassemblement national qui n'est plus un parti d'extrême droite ou s'est ripoliné de manière à ne plus le paraître.
Macron n'est pas un esprit clair, mais sa dissolution de cachet d'aspirine qui saute à l'élastique va clarifier la situation politique française qu'il avait contribué à embrouiller lors de son élection de 2017. La sociologie des droites, la séparation de LR en droite Pradier contre droite Ciotti, vont faire imploser "la droite républicaine". Beaucoup de parlementaires rejoindront Ciotti pour sauver leurs sièges, d'autres s'y refuseront par conviction sans toutefois sauter le pas de "faire une Rachida Dati", mais les électeurs de droite choisiront la ligne Ciotti plutôt que la ligne des indécis.
Raphaël Glucksmann a ripoliné "les deux gauches irréconciliables" en donnant un coup de vieux à celui qui les incarnait pour les avoir théorisées. Il ne peut se résoudreà l'accord qu'il avait pourtant signé pour participer au Front populaire, parce que le gauchissement de son discours social n'était que le leurre du guerrier plein de testostérone à l'idée d'envoyer des soldats se fairetrouer la peau en Ukraine. Les électeurs de gauche se moquent bien des tergiversations de ce "fils de" qui a toujours su se placer et qui n'aurait compté pour rien si papa n'en avait pas fait quelque chose. Les électeurs de gauche voteront "Front populaire" malgré les états d'âme de Glucksmann et son envie de voir l'hôtel Matignon pavoisé devant Laurent Berger. Raphaël Glucksmann n'est pas un faiseur de rois, le président géorgien lui envoie son bon souvenir.
Quant à Jean-Louis Bourlange, il parle déjà de Macron au passé: "Quand on regardera dans l'avenir Emanuel Macron, on verra bien que ce n'était pas le pire président de la Ve République." Il en parle au passé. D'autres qui refusaient d'entendre parler de le destituer le voient déjà démissionner et parmi ces "autres", il y a un de ses principaux ministres en la personne de Bruno Le Maire qui se verrait déjà le remplacer,mais qui n'a réussi ni à "mettre l'économie russe à genoux", ni à "sauver l'économie française". Alors on le renverra lui aussi à ses chères études qu'il regrette tellement d'avoir faites.

Macron n'a rien à perdre, car il s'est perdu lui-même. Il peut perdre son pari, mais aussi le gagner. Mais ses oppositions s'organisent et quand on n'a plus que François Bayrou derrière soi (j'excepte Edouard Philippe), c'est qu'on est en mauvaise posture. 

dimanche 9 juin 2024

Macron dissout comme un cachet d'aspirine

Emmanuel Macron n'a pas perdu ni la tête ni spécialement les élections européennes. C'est un pervers tellement exceptionnel qu'il faut analyser sa réaction en fonction de cette perversité.

Le RN a fait plutôt moins bien que ce que les sondages avaient prévu et Macron a fait mieux que Raphaël Glucksmann. Donc tout allait comme prévu. Mais Macron dissout malgré tout.

Macron dissout, comme le souhaitaient les démagogues de l'extrême droite qui ont demandé depuis toujours aux présidents de la République de faire des plébiscites et de partir s'il les perdait, y compris pour des élections de mi-mandat.


Jacques Chirac aussi avait prononcé la dissolution de l'Assemblée nationale qui lui était favorable en 1997. Et le dessinateur Jacques Faysan avait écrit dans une bulle du "Figaro": "Si j'avais su, j'aurais pas dissolu." La dissolution était dans l'ADN de Chirac dès la fin de son premier mandat de premier ministre sous Giscard. L'entente entre Giscard et Chirac était parfaite, mais Chirac voulait absolument s'affirmer contre Giscard. Chirac dissolvait comme le pastis doit se dissoudre dans l'au. Macron est défoncé, mais ce n'est pas pareil et c'est plus grave.

La dissolution chiraquienne de 2017 n'avait pas plus de sens que la démission de son poste de premier ministre en 1976. En 1997 et sans aucune raison urgente, la dissolution de Chirac, décidée non seulement sur un coin, mais sur un pied de table par Dominique de Villepin, a donné lieu à la victoire de la gauche et de Lionel Jospin qui a inauguré une bonne période climatique pour la France, mais une période de précarité sociale et de fragilité économique.

Emmanuel Macron paraît dissoudre sans raison. Mais ce président est trop pervers pour ne pas savoir ce qu'il fait. Je ne peux pas croire qu'il soit perdu en prenant cette décision. Il sait trop où il va et il est trop machiavélique pour ne pas savoir ce qu'il fait.

Il dissout et n'aura aucune majorité en face de lui. Marine Le Pen est tellement conne qu'elle se voit déjà être en cohabitation avec lui et elle jubile.

Macron dissout, pour quoi faire? Il feint qu'il ne pourra pas se représenter en 2027. Zelensky aussi avait mis une limite à son mandat. Mahmoud Abbas aussi, il n'y a jamais mis un terme et le Hamas en a bien profité, le gouvernement d'Israël aussi. "Félicie aussi" et après? La constitution peut être rétroactive en régime macroniste qui ne respecte rien et joue avec tout.

Macron n'a jamais pensé à interroger le peuple sur ses choix profonds. Il ne peut donc dissoudre qu'en ayant une idée derrière la tête. Il dissout et il sait ce qu'il fait. Macron n'est pas spécialement intelligent, mais il n'est pas bête. Macron ne dissout pas pour se trouver des alliés parmi les populistes. Macron ne dissout pas pour devenir le président des Gilets jaunes. Macron dissout, mais ce n'est pas Chirac. Macron dissout, car il est fou.,  

jeudi 6 juin 2024

Triste Débarquement

Le monde fait peine à voir et ce quatre vingtième anniversaire du Débarquement, où l'occident se réunissait pour le fêter, en est une illustration.

Depuis François Hollande, la Russie est aux abonnés absents des invitations au commémorations alliées. on n'a pas rougi de combattre le nazisme avec Staline, mais poutine est infréquentable. on préfère faire comme sil'Ukraine avait été notre alliée de toujours. L'Ukraine, à la marge des combattants de laquelle figurent des néo-nazis, ce qui n'excuse pas plus l'agression ruse que la riposte disproportionnée de l'armée israélienne ne justifie a posteriori les attaques du Hamas du 7 octobre dernier. Mais une armée qui décide de couper l'eau de toute une population, de la prévenir de ses massacres sans lui laisser le temps de décamper, de tirer sur des hôpitaux ou sur des bâtiments des Nations unies a moins d'excuses qu'un mouvement terroriste.

Netanyahou ne vaut pas mieux que poutine et Mohamed ben Salman vaut moins que lui, mais pour ne plus avoir à acheter de gaz russe, Emmanuel Macron l'a invité à l'Élysée. Paris ne vaut plus une messe, mais la guerre en Ukraine vaut bien une invitation deMohamed ben Salman.

Ce ne sera jamais le moment de reconnaître un Etat palestinien, "on ne reconnaît pas un Etat sur la base d'une indignation, mais au bout d’un processus. Netanyahou reste un interlocuteur pleinement légitime" (dixit notre président), il ne mérite pas une sanction et le refus des compromissions avec poutine vaut bien l’invitation d’un prince arabe tortionnaire pour trouver un autre partenaire commercial.

Il aura fallu 70 ans pour détruire le communisme, sauf pour un quart de l'humanité. Il aura fallu 80 ans pour détruirel’acquis de la guerre : la volonté farouche de ne jamais remettre ça. "Car aujourd'hui la Russie a un peu trahi le message du Débarquement et de la Libération." (Emanuel Macron)

Ce serait une capitulation de négocier quand une guerre est déjà presque perdue. "La Russie continue d'avancer, la Russie continue d'envahir.  La France veut la paix », comment y travaille-t-elle? Pourquoi former des soldats en Ukraine serait-il un facteur d'escalade? Qu'est-ce qui distingue un civil français mort en Ukraine parce qu'il habite en Ukraine et un formateur français de soldats ukrainiens?", demande notre président en oubliant la différence entre civils et militaires.  "Parce que la mort d'un civil n'est pas la même chose que la mort d'un soldat", lui répond Gilles Bouleau avec bon sens.

Le président Macron est rhétoriquement le plus belligène des dirigeants occidentaux. Selon lui, la Russie serait seule à pratiquer la guerre de l'information.

L'extrême droite monte en Europe avec la montée des périls. Sans elle, nous n'aurions pas eu les vaccins européens.

Les centristes étaient censés être des remparts contre les fascismes et leurs guerres. Il ne faudrait pas faire "n'importe quoi" de l'Europe, sauf si on est centriste. 

lundi 3 juin 2024

Les "frexiteurs cachés" ou le Frexit caché?

L'Europe des lobbys a son lobby frexiteur qui dénonce la logique lobbyiste de l'Union européenne et voudrait imposer par son lobbying la sortie de cet araseur de peuples.
Le "Frexit" est le sujet caché des élections européennes.
Même s'il y a 50 % de chances que mon indécision se porte sur l'une des listes qui porte ce sujet caché, je suis mal à l'aise avec ce sujet caché, car il y a pire que les "passions tristes" ou les "passions ressentimenteuses": ce sont les passions négatives, même si les unes et les autres disent le vrai contre les apparences du bonheur et de l'espérance.
Mais venons-en au fait.
Dans sa conférence de presse du 22 janvier 2024, Emmanuel Macron accusait le Rassemblement national -et en creux la France insoumise, donc l'union (cachée) des "populismes- (le "pouvoir du peuple" qu'est la démocratie a accepté ce mot affreux!)d'être des "frexiteurs cachés".
"Frexiteurs, mais qui a la gueule d'un frexiteur" et qui donc parle de Frexit? Certes, en 2017, aussi bien le RN que LFI avaient dit que, s'ils ne parvenaient pas à négocier leurs conditions avec l'Union européenne, non seulement ils pratiqueraient la politique de la chaise vide, mais ils fileraient à l'anglaise...
Ils faisaient des menaces, rien que des menaces.
Mélenchon soutenait Tsipras ("Il a la classe, notre Tsipras", intitulait-il un de ses billets de blog),
http://www.jean-luc-melenchon.fr/2015/07/07/il-a-la-classe-notre-tsipras-tra-la-la-la-lere/
Pendant ce temps-là, Marine Le Pen essayait de ne pas filer le trop parfait amour avec "les droites européennes" d'Orban, du PIS et des autres, cependant qu'habile, Manon Aubry faisait jouer en interne du Parlement européen le jeu social-démocrate classique des "partenaires sociaux" surexcités et présentait dans la dernière mandature 4000 amendements contre 76 pour Jordan Bardella, la tête de liste en tête de lice.
De son côté, Leila Chaibi, ex-animatrice de Jeudi noir, emportait sur Nicolas schmit, l'insignifiant commissaire à l'Emploi, à l'insertion et aux droits sociaux, une proposition de directive européenne qu'il se serait appropriée, offrant aux travailleurs des plateforme numérique une "présomption de salariat".
L'Europe et les compromissions. "L'Europe est une perpétuelle recherche de compromis", avouait Jacques Chirac, lassé, au soir de la négociation (sauf erreur) du traité de Nice. Les compromis n'ont jamais rendu heureux personne, mais LFI joue la logique du compromis et des compromissions, tandis que les extrêmes droites européennes cherchent à s'unir, non pour imposer une autre Europe des nations souveraines, mais pour créer une autre Europe des xénophobies.
Très peu de Frexit ou de Frexit caché dans tout cela, contrairement à ce qu'affirmait Emmanuel Macron dans sa conférence de presse du 22 janvier.
Mais alors? Est-ce que le Frexit serait le sujet caché des élections européennes?
Et dans la mesure où aucun parti ayant pignon sur rue n'ose plus le revendiquer parce que l'électorat est lâche et qu'on ne doit jamais parler des vrais sujets, Emmanuel Macron s'engouffre dans la brèche et parle des "frexiteurs cachés" en n'évoquant jamais le Frexit transparent et ceux qui le défendent à visage découvert, comme si le président voulait cacher le vrai sujet de ces élections européennes.
Les médias vont jusqu'à dire comme un seul homme: "Plus aucune liste n'ose porter le Frexit sur la "place publique" (sans référence aucune à Raphaël Glucksmann, qui veut que l'Europe de la paix intensifie la guerre en Ukraine.)
Or il y a au moins deux listes qui font leur cheval de bataille du retrait des organes impérialistes, inflationnistes et bellicistes que sont techniquement l'OTan, l'euro et l'Union européenne: la liste de Florian Philippot (liste n° 25) et celle de François Asselineau (liste n° 15). Mais elles n'ont pas le droit de cité en dehors de celui de se présenter en étant invisib[ilisées]. La République les reconnaît, mais ce sont des fake lists, qui doivent ne propager que des fake news...
La République donne le droit de cité à tous les citoyens et le président de la République désigne un sujet, unique objet de toutes les hostilités, et cet ennemi représenté ne doit pas être cité: "Aucun parti n'ose plus revendiquer le Frexit, tant leBrexit qui devait détruire le Royaume-Uni et transférer la City à Paris, qu'on s'en souvienne!, Macron voulait l'accueillir à bras ouvert, le Brexit aurait déçu tous les citoyens britanniques.
Le Frexit est le sujet caché sous les "frexiteurs cachés" des élections européennes, car Macron a tellement peur du Frexit qu'il aurait dit en 2018 à la BBC que, si on proposait le Frexit en référendum au peuple français, le "oui" l'emporterait. On notera que le peuple n'a plus été convoqué depuis dix-neuf ans à se prononcer sur aucun sujet qui ne soit pas de démocratie indirecte et donc de pouvoir personnel. Mais comme la nature a horreur du vide et qu'il a agité le RIC on l'a occupé avec les "Grands débats" de la démocratie participative.

Il n'y a que des "frexiteurs cachés" qui ne revendiquent pas ouvertement le Frexit, ceux qui le prônent à visage découvert sont regroupés de manière invisible pour les yeux dans des "fakelists" qui ne propagent que des "fakenews". 

mercredi 29 mai 2024

Le recouvrement de la foi

J'ai attendu deux jour pour publier ce post. Avant-hier 27 mai, j'ai fêté les quarante ans de mon recouvrement de la foi. M'at-il converti? La preuve que non: samedi dernière, j'inventai ou je découvrai cette blagounette ou devinette:

"Quelle est la différence entre la religion et la rumeur?"

"La rumeur croit en l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme."

"La religion (chrétienn en l'occurrence) croit en l'homme qui a vu l'homme qui a vu Jésus qui a vu Dieu."

Le  recouvrement de la foi m'a-t-il converti? Il a dû transformer mon regard sur le but et le sens de la vie, mais pas mon caractère. Est-il indispensable de se convertir quand on découvre recouvre la foi? Un prêtre de ma ville (le P. Miguel, dont je comprends ainsi le message, mais peut-être est-ce que je le comprends mal en ne voyant pas où il veut en venir) laisse entendre que la conversion est absolument nécessaire, mais que c'est impossible.

C'est impossible: saint Paul est passé de zélote et de persécuteur des chrétiens à zélote du Christ et non persécuteur, mais terreur de ses communautés.

Hier, j'ai lu un article visant à démontrer que tout les néophytes ont tendance à commencer par être dogmatiques.  

https://croireenliberte.wordpress.com/.../pourquoi.../

Je n'ai pas échappé à la règle. Le jour même où je fus transporté par l'Esprit-Saint -et rencontrai l'Esprit-Saint plus que je ne rencontrai Jésus-, mon premier réflexe fut de passer l'après-midi à essayer de me déprendre de ma croyance toute neuve en la réincarnationdont je croyais avoir accumulé des preuves à travers des articles, une émission du "Parcours de l'étrange" et un film sur une régression dramatique dans une vie antérieure où une petite fille remourait brûlée vive de confondre sa vie actuelle et sa vie précédente où elle était morte de cette façon. Je voulais rentrer dans le dogme comme on entre dans le rang et m'y appliquai dard dard. Deux mois après cette expérience, j'écrivais un livre qui servit à une catéchèse, que j'ai enregistré et aussitôt perdu. J'en écrivis un deuxième sur l'itinéraire d'amour que devait représenter la découverte de Dieu dans la transformation du monde et de soi-même, mais je n'arrivais pas à le terminer, d'une part parce que ce livre sonnait faux et d'autre part parce que j'entrai bientôt dans l'adolescence, c'est-à-dire que je perdis ma première enfance spirituelle, entrai dans ce que j'appelle ma seconde enfance et eus mauvaise haleine de ne plus faire une confiance instantanée en l'Esprit-Saint pour préférer croire au diable et avoir peur de lui. On suit plus volontiers ce dont on a peur que ce qui nous transporte. Je partis donc à la dérive. Et voilà comment la vie peut devenir une diablerie.

Si je ne peux ou n'ai pu me convertir, vaut-il la peine que je fête mon retour à la foi? Qu'en reste-t-il aujourd'hui? Elle a toujours été largement allégorique: je crois en un Jésus humainement paranoïaque (il s'est pris pour le Fils de Dieu et tout le monde l'a cru) et dont je ne sais pas, au plan divin, s'Il a existé le premier ou si c'est l'homme qui L'a créé tel un egregor (pourtant je ne suis nullement franc-maçon) pour qu'Il le sauve et Lui fasse du bien. Mais quand bien même cette dernière hypothèse serait la bonne, l'homme peut avoir découvert et développé par intuition le personnage du Christ et la question est insoluble de qui a existé le premier entre la poule et l'oeuf. Je serais plutôt un chrétien feuerbachien, mais Feuerbach me semble le plus grand théologien négatif occidental.

Si je devais  redécrire par écrit mon itinéraire defoi, je ne serais plus un zélote ou un apologète en herbe, mais je relirais tout mon itinéraire et essaierais d'en tirer les enseignements pour mon prochain et pour moi-même. C'est un projet que je médite, outre que je m'y emploie déjà d'une certaine manière dans une écriture de la déconstruction.

Je regrette d'avoir été un athée libre et heureux et que mon retour à la foi ait assigné ma cécité dans son cloisonnement et dans son intériorité prisonnière, mais je ne crache pas sur la religion comme les évangéliques, car la liturgie et la vie sacramentelle m'ont relié à Dieu et ce qui m'émerveille davantage en ce moment, c'est que l'Église, qui est tellement vilipendée par ses ennemis extérieurs et par ceux qui, de l'intérieur, ne rêvent que de la détruire, tant elle les a abusés ou déçus, c'est que l'Église prie pour moi quand j'ai besoin d'être fort dans le combat et qu'elle croit pour moi lorsque ma foi vacille, de même que mon rôle d'organiste liturgique me fait participer dans ma modeste mesure à ce que fait Dieu en descendant dans les sacrements, et me fait accompagner la peine des familles en deuil lorsque je joue un enterrement. 

Quant au dogmatisme, j'ai été surpris de lire dans l'article mis en lien que le christianisme que Paul présentait comme affranchissement d'une loi s'était caractérisé par sa fixation en dogmes dès 40 ou 50 de son premier siècle, avec une ritualisation du baptême et de l'Eucharistie très précoce, si bien que l'affirmation de Michèle Reboul, que j'ai eu le bonheur de rencontrer, n'est pas si naïve, quand elle suppose que Jésus aurait appris à ses apôtres la manière de dire la messe en latin entre la Résurrection et l'Ascension, ce qui en ferait "la messe de toujours"...

C'est que le christianisme dès les temps apostoliques (et nombre d'épîtres apostoliques, y compris celle de saint Jean en témoignent) s'est d'emblée construit contre les faux prophètes et contre les hérésies (le magistral ouvrage de saint Irénée Adverses haereses est là pour en rendre compte.)

On dit parfois que le christianisme est une secte qui a réussi. Une "secte"réussit quand elle agglomère des croyants autour d'une construction dogmatique assez rapide. Cette célérité est déterminée par une raison interne dans le christianisme :il faut un mur porteur à cette Eglise, dont le Christ veut qu'elle ne comprenne pas une pierre où reposer sa tête, pour qu'on y vive à ciel ouvert. La doctrine est ce mur porteur ou cette colonne vertébrale.

Mais (le fait est documenté par la sociololgie des religions) le dogmatisme peut tout à fait laisser subsister une dissonance cognitive au périmètre impressionnant entre les "croyances construites" du groupe et les croyances complètement différentes développées à l'intime du "vraiself" du confessant, qui ne sait pas qu'enadoptant des croyances qui ne sont pas les siennes, il développe un "fauxself" qui lui permet de coïncider avec son "idéal du moi".

Alors et pour lors, je continuerai, non pas à être un croyant de façade, mais à servir cette identification secondaire que me donne le Christ et l'Eglise catholique, quand bien même ils m'empêchent tous les deux d'assumer que je ne suis pas un type bien. et que je ne suis pas assez fort, ni pour le reconnaître, ni pour le devenir.

Je continuerai de servir l'Église parce que ma grand-mère a fait en sorte que j'ai la liturgie dans la peau.

Une chanteuse solaire me disait un jour: "Quand tu m'accompagnes, je me sens toujours rassurée." Je lui ai répondu que tout le monde avait quelque chose dans la peau dont il ne pouvait comprendre comment il s'y était glissé. À part moi, je pensais que j'aurais préféré avoir cette chanteuse dans la peau, car elle était charmante, plutôt que la liturgie qui est souvent ennuyeuse. Mais on ne choisit pas ce qu'on a dans la peau.


mercredi 22 mai 2024

Un petit drame animalier

Chez ma mère avec Serge. Nathalie m’a conseillé de l’y amener. Il va y détendre l'atmosphère. Après une conversation assez légère et rigolote, survient un petit drame qui doit contenir le sens de cet après-midi assez sympa où la présence de Serge a évité que la conversation ne roule en banalités et tourne à l’humour.

Survient une corneille qui tombe quasiment dans le jardin. Elle a un pet au casque. Noémie se précipite en demandant à ma mère si elle ne veut pas qu’elle la cherche. « Elle m’aime bien, je l’ai déjà nourrie. C’est un bébé, il est tombé, sa mère l’a regardé tomber, s’en est désintéressée et est partie. » Serge : « Une corneille, quand vous lui faites du bien, elle s’en souvient pendant des années. » Ma mère à Noémie : « Tu n’as pas une cage ou une volière ? » Noémie : « Pourquoi voudrais-tu garder cette corneille coûte que coûte avec nous ? »

Noémie s’active avec une autre voisine pour appeler une téléconsultation vétérinaire à Strasbourg qui leur demande de prendre une photo de la corneille et commeelle n’a rien de visiblement cassé, on n’enverra pas d’ambulance de la SPA. Les hypothèses fusent : a-t-elle une aile cassée ? Est-elle aveugle ? Ne sait-elle pas s’y prendre ? Est-elle paralysée ? A-t-elle un problème neurologique ?»

Moi seul suis resté rivé à ma chaise sans vouloir toucher l’animal, mais tout en m’intéressant à la scène. Je me prépare à regagner mon domicile en taxi. J’ai un coup de barre. Mais j’entends et devine ce qui sera le dénouement de ce petit drame animalier.

Plusieurs corneilles se remettent à voler autour de la scène champêtre, là où une de leurs sœurs d’espèce est tombée parmi les hommes et concentre l’attention de ces gens dans leurs jardins, où ma mère a proposé que l’on mette cet oiseau en cage et où Noémie lui a répondu : « Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux. »

La mère de la corneille ne s’y est peut-être pas intéressée, mais elle a dû ameuter cette petite nuée de congénères voltigeurs pour qu’ils aident son enfant à reprendre son envol. Ou bien la famille élargie des corbeaux et des corneilles s’est-elle autosaisie du sauvetage de la corneille endolorie.

J’ai appris un fait sémantique dans ce morceau d’éthologie : je croyais que corbeau et corneille étaient deux oiseaux très différents.Pas du tout, la corneille est la femelle du corbeau.

Soudain, me racontera Serge le lendemain, lui qui est resté chez ma mère après que je suis monté dans mon taxi, quand la conversation ayant fini de rouler, leur attention a de nouveau été attirée par la corneille mystérieuse et qu’ils ont fixé l’arbre où elle se reposait de ses quasi-chutes ou de ne pas savoir s’y prendre et où elle faisait la sieste d’avoir été trop bien nourrie par Noémie, la branche était abandonnée, la corneille avait suivi la petite bande de ceux qui étaient venus la délivrer des humains et volait de ses propres ailes avec les autres.

 

La Nouvelle-Calédonie n'est pas l'Algérie

Pour comprendre ce qui se passe actuellement en Nouvelle-Calédonie, il faut s'être rendu au moins une fois sur le Caillou, ce qui n'est pas mon cas, non sans que l'envie me manque de visiter ce joyau de la France come je voudrais depuis si longtemps visiter l'Algérie, à la fois par goût pour la civilisation maghrébine et une envie à la Marius de m'embarquer dard dard après avoir vu, sur le marché aux puces de Marseille des bouchers qui faisaient l'aller-retour une fois par semaine de l'Algérie dans la cité phocéenne, munis de leur nombreuse cargaison carnée sur des cargos-villes qui affadissent l'exotisme du voyage.
La Nouvelle-Calédonie n'est pas l'Algérie. Par principe, par préjugé et apriori, je suis hostile à toute forme de colonisation. J'ai été conforté dans cette idée lors du voyage en Guadeloupe que j'ai fait avec ma mère en 1990, l'année de mon bac.Oui, mais la Réunion, la Polynésie française, Mayotte et la Mélanésie-Calédonie, qui paraissent si fragiles sans la France?
Je me souviens que mon père, qui avait gardé un désagréable souvenir des Pieds-noirs et au contraire un souvenir ébloui du beau pays qu'était l'Algérie où il n'avait pas aimé être envoyé faire la guerre et se félicitait d'en être revenu en n'ayant tué personne, avait été retourné dans son a priori pro-kanak par une explication de Charles Pasqua dont la faconde à la Fernandel et l'air roué ne donnaient pas beaucoup de crédit à sa parole. Mais il expliquait que tout peuples premiers qu'ils fussent, les Kanaks ou Mélanésiens avaient été supplantés numériquement (on ne disait pas encore que c'était beaucoup la faute de Pierre Messmer qui voulait rendre irréversible cette suprématie démographique) par une émigration organisée de caldoches qui s'ajoutaient aux vagues précédentes de prisonniers ou d'aventuriers qui cherchaient, sinon fortune, du moins agrément et une vie meilleure dans ce coin de paradis géographique où l'humanité était encore hospitalière.
La France métropolitaine n'a guère été brutale avec la Calédonie. Edgard Pisani, puis Michel Rocard, Lionel Jospin et Édouard Philippe, ont négocié autant qu'ils ont pu. Ils ont ouvert les référendums d'autodétermination qu'ils ont proposés à un préjugé favorable aux indépendantistes qui n'a jamais cessé, au point que c'était à se demander si Emmanuel Macron ne voulait pas se débarasser de la Nouvelle-Calédonie, de son nickel et de ses problèmes de cohabitation.
Quand un pianiste donne un concert, quand un tennisman joue un match, quand un écrivain travaille sur un livre ou quand un observateur enquête, il se donne un point de mire. En 1985, celui de mon père était Charles Pasqua. En 2024, le mien est Nicolas Metzdorf. Je ne le connaissais pas du tout. Je l'ai entendu par hasard sur "Sud radio", puis j'ai suivi surYoutube la discussion générale de la loi portant élargissement du corps électoral de Nouvelle-Calédonie pour les élections provinciales, où près de 23 % des résidents de l'île, bien que de nationalité française, sont empêchés de voter et de participer ainsi aux décisions qui les concernent.
La Nouvelle-Calédonie qui a dit trois fois "oui" à la France, est divisée pour les Mélanésiens entre indépendantistes et loyalistes. Nicolas Metzdorf comme l'ancienne secrétaire d'État Sonia Backès sont de ceux-là. Aujourd'hui présidente de la province Sud, son "énergie convaincante" ("l'Opinion") lui a fait garder l'oreille d'Emmanuel Macron.
Nicolas Metzdorf dit n'avoir jamais eu vocation à devenir député. Il a pourtant choisi d'être un député apparenté à Renaissance. Son loyalisme lui a valu des menaces de mort y compris sur ses proches et pour lui-même, en équivalent d'une fatwa, l'interdiction de revenir sur son île. Il venait de recevoir ses menaces le jour de la discussion générale de la loi qui ne réglait rien, bien qu'elle ait beaucoup cédé aux indépendantistes, repoussant le temps de présence de citoyens français sur l'île de trois ans que demandaient les loyalistes à dix ans que réclamaient les indépendantistes à qui le gouvernement l'accordait, avant de pouvoir se prononcer sur les décisions qui les concernaient.
Nicolas Metzdorf soutenait la loi défendue par le ministre de l'Intérieur bien qu'en n'accédant jamais au principe d'égalité qu'il réclamait, il l'ait trouvé "de plus en plus méchant." L'universalisme républicain et le centralisme jacobin souffrent partout exception malgré leur inflexibilité de façade sur l'indivisibilité républicaine, qui est concordataire en Alsace-Lorraine ou co-gestionnaire avec les tribunaux coutumiers islamistes à Mayotte. En Nouvelle-Calédonie, c'est le droit de vote qui est à géométrie variable. Pourtant, Gérald Darmanin répondait à Jérôme Guedg (que j'estime), qui disait qu'on ne pouvait revenir de Nouvelle-Calédonie que délesté de ses certitudes et avec beaucoup d'humilité quant aux spécificités du Caillou tout en se présentant comme un universaliste républicain, qu'on ne pouvait pas être universaliste, mais.

Maintenant Emmanuel Macron veut passer pour le Zorro de la crise calédonienne en rendant là-bas d'une visite éclair entre deux voyages de 28 ou de 29 heures d'avion (on a beau être président, les distances ne se réduisent pas pour nous). Il vatâcher d'implanter son Edgard Pisani façon Macron. Mais cette visite surprise ne dit rien qui vaille à un Nicolas Metzdorf échaudé par celui au parti duquel il avait pourtant cru bon de se vouloirapparenter: « Le congrès de Versailles ne doit être ni suspendu ni annulé, ceux qui le demandent donnent raison aux casseurs, aux pilleurs, aux émeutiers », écrit-il dans un gazouillis.

Donner raison aux émeutiers, c'est monnaie courante dans la politique de la ville en métropole. La Nouvelle-Calédonie n'est pas l'Algérie, mais la France est peu reconnaissante envers ses loyalistes et ses sharkis. Pierre Messmer n'a jamais vraiment exprimé de regret de les avoirlivrés aux mains de ses bourreaux sur l'ordre du général De Gaulle qui demandait de ne pas favoriser leur exode vers la France qu'ils avaient servie. 

samedi 18 mai 2024

La misère, la souffrance et le malheur

La souffrance et le malheur

Personne ne comprend ce que je vais essayer d'expliquer, mais il est tard et j'ai beaucoup vécu.

Une femme toute simple (elle devait être taxie ou vendeuse) me demande avant-hier si je comprends la différence entre la misère et le malheur. Je lui réponds que je la comprends parfaitement et elle me dit que je suis bien l'un des seuls à qui elle ne parle pas Chinois. J'en discute avecMarie-Noëlle Mulle,r, qui peint des coeurs en bois les yeux fermés, pour moi, ça veut tout dire, c'es tune de "mes" choristes et je lui ai demandé un coeur pour Nathalie, elle m'a dit qu'elle n'en trouvait pas à sa dimension, alors elle en fabriquerait un rien que pour elle.


Et nous reparlons de la distance entre la souffrance et le malheur. Cette distance infinie entre la misère et la souffrance d'une part, mais surtout entre la souffrance et le malheur d'autre part,"(Il y a une distance infinie entre la misère, la souffrance et le malheur", a écrit Simone Weil, en propres termes ou peu s'en faut.), je vais essayer de l'expliquer, c'est redoutable.

Qu'est-ce que le malheur? C'est un truc qui t'arrive tellement fort qu'il n'y a plus personne entre le monde et toi. Il y a un mur, ça s'apparente à l'autisme, mais ça ne circonscrit pas l'autisme. Toi qui te crois "normal" (et tout le monde se croit normal, quelle est la différence entre le normal et le pathologique? René Leriche a mieux répondu que ce médecin féru de sciences humaines inexactes qui se croyait intelligent de Georges Canghillem: Canghillem s'est contenté de citer Leriche sans donner une définition qui dépassât la sienne: "La santé est le silence des organes", C'est ça. La santé, c'est quand tu n'as pas de gargouillis ni de ballonnements. Donc c'est quoi la différence entre la souffrance et le malheur? Disons que toi, le souffrant, le souffreteux, le mélancolique, le romantique, , tu voudrais entrer dans le monde du malheureux et tu essaies de traverser le mur qui sépare le malheur de la souffrance, mais tu n'y arrive pas et tu ne comprends pas pourquoi. Pourquoi le malheureux te rejette-t-il et a-t-il raison de te rejeter(il a raison par définition puisqu'il souffre plus que toi)? "Nous ne sommes pas du même monde, il te dit, "il y a un abîme entre toi et moi" pourrait dire le pauvre Lazare au mauvais riche si ce dialogue avait lieu antemortem. "

Il y a une scelle interjetée entre la souffrance et le malheur, mais la brèche qui se fait naturellement dans cette scelle est le chagrin. J'ai connu le trauma, j'ai connu la souffrance, j'ai vu le malheur de près, mais je ne l'ai pas subi. J'ai essayé de l'appréhender, je ne l'ai pas compris et pour cause: je ne l'ai pas vécu. Mais quand même, mais tant pis, j'ai essayé de le rejoindre.
Le chagrin s'était simplement chargé de me rendre malheureux, j'aurais dû m''en tenir là, ne pas revendiquer davantage de malheur, par romantisme et goût de la mélancolie.

Mais voici le chagrin. Le chagrin pleure et il veut être reconnu par le malheur. Le chagrin est la seule toute petite brèche qui existe entre la souffrance et le malheur.
Mais que dire de la misère? C'est une hérédité sociale de pauvreté qui fait que les parents ne transmettent aucune valeur à leurs enfants parce que personne ne les leur a transmises (la méritocratie républicaine n'est pas pour eux), Même des gens bien disposés come j'en étais pensent que la misère reproduit la misère=invention du quart monde, et la misère fâche tellement tout le monde que l'Evangile (qui est un manifeste d'économie libérale, c'est la seule chose intelligente qu'a dite Charles Gave) appelle les miséreux les pauvres, et n'appelle pas les pauvres les "miséreux". Au contraire, "des pauvres, [il faut que] vous en [ayez] toujours avec vous.")


Pourquoi?

Enfin bref. Si je me définis par rapport à ces catégories que j'ai moi-même inventées, découvertes ou mises en lumière (mais qu'est-ce que la lumière? C'est de l'air qui entre dans des yeux aveugles et comment je crois? Si "Dieu est lumière", j'aimerais donner quelque chose de ce petit air qui entre dans mes yeux à travers ces petits airs que j'ai dans la tête. Maisz je ne sais pas si je crois, je ne sais pas ce que je fais.) si donc j'essaie de savoir si je suis malheureux (je n'en suis pas digne),, miséreux (ça va encore !) ou simplement ultra-torturé (et ça, c'et sur!), je suis un souffrant souffreteux et pathologiquement compassionnel qui aurait voulu offrir toutes les peines du monde à ma première petite amie Stéphanie qui ne les connaissait pas, car c'était une petite fille heureuse, sauf qu'elle avait du chagrin, sauf qu'elle avait perdu la vue, sauf qu'elle devait vivre dans un internat stupide, lugubre et méchant chaque semaine du lundi au vendredi. Mais son bonheur apparent, rural et bourgeois rendait amoureux d'elle, à l'idée que rien ne lui suffisait, même pas d'être chouchou des profs, même pas qu'on lui accroche son manteau avec plaisir parce qu'elle était petite alors qu'elle nous traitait d'imbéciles. Quand on a tou, on n'a rien. Ma poupée avait du chagrin. Et J'étais trop bête pour le comprendre et pour voler vers elle, la prendre dans mes bras (elle m'aurait donné une claque) et tenter de la consoler. Ma poupée avait du chagrin, C'est toujours ma poupée, elle peut me traiter tous les jours d'imbécile. Je l'adore, quarante ans après. Pourquoi? Juste à ce niveau-là, parce que c'est moi, pas parce que c'était elle. D'"elle et moi", il n'y en aura jamais qu'entre Nathalie et moi.Je n'adorerai réciproquement que mon bébé Nathalie, mais je continue d'adorer toutes les femmes que j'ai aimées, car j'ai compris de quoi elles soufraient. Elles étaient petites, mais elles avaient un très grand bobo. J'aurais dû lui souffler dessus. Elles avaient un très grand bobo, mais Nathalie avait très mal. 

jeudi 16 mai 2024

Faut-il cracher sur les dissidents européens?

On nous explique de plus en plus que les Français seraient de moins en moins hostiles au Frexit. C'est-à-dire que, contrairement à l'analyse assez lâche que j'ai faite il y a deux ou trois semaines sur ce fil, sans être des activistes de l'activation de ce débat, ils ne pensent pas qu'il faille attendre que la bureaucratie européenne fasse tomber l'Union européenne (et non pas l'idée européenne) comme un fruit mûr pour la ramasser.

J'ai un temps pensé m'abstenir à ces élections. Je pense que ce n'est pas digne. Si je persiste dans mon intention pas tout à fait assurée de voter pour un candidat frexiteur (alors que le Frexit est le débat interdit en Europe et malgré le fait que je vis en Alsace qui devrait être le centre de gravité de l'Europe intégrée commeelle a été un des noyaux du MRP, mais je ne veux pas pousser plus loin "le paradoxe de l'enracinement" que j'ai décrit ailleurs), je dirais que:

-Je ne comprends pas comment #Jean-FrédéricPoisson pour prendre un élu expérimenté ou #Pierre-YvesRougeyron dans le monde métapolitique peuvent aliéner leur sort à celui de #FlorianPhilippot dont la légende disait qu'il travaillait, au contraire de #MarineLePen alors que toutes ses interventions sur les réseaux sociaux montrent qu'il est obsédé par le buz et les happenings et ne produit en termes idéologiques qu'un salmigundi complotiste conglomérant son idée fixe anti-européenne avec ses analyses lucides covidosceptiques ou antivax.

-Comme il s'en vante, #FrançoisAsselineau a le mérite de la persévérance et de la naïveté (il a été tout étonné que Charles Pasqua puisse l'avoir traîné dans l'impasse de sa vraie fausse candidature à l'élection présidentielle de 2002). Mais plus que d'autres, il fait de la politique avec une idée fixe, qui n'était pas sa passion carriériste ou administrative originelle, du temps où il faisait une carrière administrative financière et diplomatique. Il a le double défaut d'être très susceptible et de vouloir faire de la politique avec une idée fixe.

Mais peut-on toujours faire la fine bouche à l'encontre des dissidents et de ceux qui ont le tort de penser avec quelques coups d'avance, c'est-à-dire d'avoir prévu ou d'expliquer avant que la majorité puisse le comprendre que l'Europe qui s'est construite pour la paix va vers la guerre, que l'Union européenne au lieu d'être une idée, est devenue un "machin bureaucratique" qui ne peut que tomber du fait de sa complexité, qu'elle est un obstacle à la démocratie et est une façon de faire taire les citoyens sous l'exaspération normative qui les empêche de respirer?

Doit-on cracher sur les dissidents européens pour masquer son refus de choisir entre des gens qui ne savent pas s'unir et privilégier l'intérêt national à une stratégie d'union? 

mercredi 15 mai 2024

Raphaël Enthoven, LFI et la politique à contre-emploi

RaPhaël Enthoven a traité dimanche soir sur "BFM" LFI de "premier parti antisémite de France". Raphaël Enthoven est le philosophe du spectacle, un enfant gâté dont l'ouvrage "le Temps gagné" est un exercice d'ingratitude envers un père qui lui a permis d'avoir une enfance dorée en dépit de certains accès de violence qui n’avaient rien à envier à ceux du compagnon lacanien de sa mère, le parfait héritier qui, fort de l'amitié de son père pour BHL, commence par épouser la fille du commandeur avant de la délaisser pour la future femme de Nicolas sarkozy, puis s'amourache d'Adèle Van Reeth  qu'il fait nommer directrice de "France inter". Cet homme que j'ai entendu pour la première fois animer une excellente émission sur Marx dont il tirait le bilan en positif et en négatif, qui a le mérite de citer abondamment et à bon escient est aussi un philosophe qui vous bloque sur Twitter dès que vous avez le malheur de le contredire. Un philosophe qui ne supporte pas la contradiction n'envoie pas un bon signal. Il se fait à bon marché l'arbitre des élégances, trouvant transgressif de comparaître à la réunion jadis organisée par Robert Ménard du temps où il s'intéressait à l'union des droites et faisant la fine bouche à ce qui devrait être sa famille politique dont la direction a été temporairement récupérée par la France insoumise et son leader caractériel, dont le parler cru et dru ne cadre guère avec le snobisme du philosophe du spectacle qui aurait pu en cosigner l'éloge avec Frédéric Rouvillois. 

Il n'empêche que Jean-Luc Mélenchon entretient un curieux rapport avec le judaïsme. Son trotskisme devrait lui avoir fait contracter une dette envers ce peuple et ses menées émancipatrices dès que le messianisme des Hébreux quitte son territorialisme littéraliste pour comprendre que la promesse de la terre est une allégorie qui doit le faire accéder à un universalisme humaniste.

Il me revient une anecdote qui mérite d'être relatée et dont je ne me suis jamais expliqué comment elle a été passée sous silence. On n'a pas détecté ce quasi-dérapage.

Il y a quelques années il était l'invité de l'émission "des Paroles et des actes" où Jacques Attali lui donnait la réplique. L'évolution de cet adepte du marché prêt à chercher la croissance avec les dents et à mettre Emmanuel Macron en orbite après avoir été le conseiller de François Mitterrand du temps où il était le plus économiquement irréaliste est un sujet en soi, mais Jacques Attali avait depuis longtemps revêtu les habits du réaliste diseur de bonne aventure ("Brève histoire de l'avenir) de l'économie de marché. Il étrille très courtoisement Jean-Luc Mélenchon qui contient sa colère et est prêt à le dégommer en lui assénant une remarque acerbe dans le genre: "Il se prosterne devant le marché, le". Il articule le phonème "j" par où l'on voit qu'il allait dire le "juif" avant de se reprendre et de conclure : "le socialiste", ce qui venait d'autant moins à point nommé que Jacques Attali tenait un discours rien moins que socialiste.

Mais élargissons la focale. Il y a un mystère LFI qui fait que les jeunes émeutiers sont toujours excusés et qui pourrait faire parler d'islamo-gauchisme si on les assignait à résidence identitaire de faire cause commune avec les Palestiniens en les soutenants comme les pays arabes ont soutenu la Palestine comme la corde soutient le pendu, Palestiniens ne franchissant jamais la reconnaissance de leur État aux Nations unies par veto américain et décimés à Gaza après que le Hamas a attisé la volonté génocidaire d'un Netanyahou qui ne survit politiquement que par son soutien aux colons et son alliance avec l'extrême droite israélienne que les israélites de France ont longtemps interdite aux démocraties européennes en même temps qu'ils soutenaient les indépendances. Entre temps les nostalgiques du fascisme et des régimes autoritaires ont viré leur cuti et se sont tournés en zélotes de l'israélo-droitisme au nom de leur hostilité aux islamo-gauchistes, hostilité qui ne s'explique pas par ce qui pourrait relever d'une islamophobie résiduelle (une peur de l'islam bien compréhensible en ce que cette religion est intrinsèquement guerrière et que la révélation coranique repose sur la geste guerrière du prophète Mohamed), mais par une vraie haine des musulmans.

Dans cette reconfiguration du paysage politique qui tient de la régression historique, chacun joue à contre-emploi. Le bloc central qui prétend être sage et avoir tiré les leçons de l'histoire verse dans ce qui pourrait nous mener à une Troisième guerre mondiale et qui pour l'instant est une guerre des nerfs, une Drôle de guerre où le facteur déclenchant se fait attendre sans qu'on puisse exclure qu'un des protagonistes ne perde ses nerfs. Les populistes parlent populo à un moment où le peuple a abandonné le langage grossier. Les uns parlent de paix sur un ton tellement agressif  qu'on ne voit pas comment ils pourraient en être les artisans. On le voit d'autant moins qu'ils ne comprennent les rapports de force au sein de la société que dans la conflictualité. Les autres ont l'air de désirer la guerre civile qu'ils prétendent redouter. Les populismes de droite et de gauche parlent sur le même ton, même si leur différence de fond est abyssale, les uns étant islamo-gauchistes quand les autres sont israélo-droitistes, comparaison que j'ai faite avant de découvrir que Paul-Marie Couteaux l'avait servie à Éric Zemmour en même temps que je relevais cette opposition dont aucun terme de l'alternative n'est préférable à l'autre. Les nations occidentales font dissociété et reprochent à la Russie, non pas d'avoir des vues invasives sur le reste du monde (Poutine n'est pas Hitler), mais de ne pas se résoudre à ce qu'on ne respecte pas son aire de civilisation. 

lundi 6 mai 2024

Emmanuel Leclercq, un combat de gratitude

https://www.philippebilger.com/blog/2024/04/entretien-avec-emmanuel-leclercq.html#comments

Cher Philippe,
Un regret pour commencer: c'est le prisme un peu "CNews" à travers lequel vous appréhendez le parcours et la personnalité d'Emanuel Leclercq: vous l'assignez à résidence en parlant de ses "origines préoccupantes" et vous insistez sur le fait qu'il aurait pu "mal tourner" alors que non, puisqu'il est un héritier décalé à la Moïse, sauvé, non pas des eaux, mais des détritus tel un diamant dans la boue, non par la fille de Pharaon, mais par "mère Teresa en personne" et confié à des parents adoptifs qui vont jouer à plein leur rôle en s'oubliant pour se mettre au service de son histoire et de celle de ses frères et soeurs.
Ëtre sauvé après un trauma originel apporte en dépôt un trésor inestimable. C'est une rédemption d'avant les échecs personnels qui garantit mieux que la rédemption d'après coup qu'est en partie la rédemption chrétienne, qui cautionne le baptisé, mais dans la nuit.
On a beaucoup reproché à mère Teresa (et je n'ai pas été le dernier à le faire) sa charité aux extrêmes: le mourant, l'enfant des poubelles d'un côté et ses liens avec des riches de l'autre, pour faire avancer ses causes. Mais le peuple indien lui sait gré de ses actions, c'est un premier indice de la fécondité de son apostolat. Elle les a menées dans le doute sur le sens de ces actions, dans la nuit de la foi, second mérite. Et puis j'ai le témoignage d'un ami qui allait régulièrement déjeuner à Paris chez les soeurs de mère Teresa rue de la Folie-Méricourt et qui me répétait très souvent combien leur accueil était réellement inconditionnel. Un indice faible est qu'elles ne privaient pas de vin les indigents. Chacun se servait à la fortune du pot et la régulation se faisait naturellement, par et dans la confiance.
J'ai écrit plus haut qu'Emmanuel Leclercq était un héritier décalé. Je m'explique sur cette formule qui ne se veut pas offensante. Tout d'abord, il doit apprivoiser un décalage. On le lui fait ressentir à plusieurs reprises au cours de sa vie à travers son professeur principal qui veut faire de lui un groom d'hôtel, puis à travers son directeur de thèse qui le lâche, puis ses référents de séminaire qui font de même. Ëtre sauvé a priori pour être lâché ensuite, dans sa descente aux enfers, il a dû se dire: "tout ça pour ça".
Une explication qu'il vous donne me parle en particulier: au séminaire, ses maîtres de théologie lui disent que la théologie n'est pas l'art de se poser des questions, mais de recevoir la Parole de dieu. Il ne fait pas bon être "l'enfant des pourquois" en théologie, mais la femme réceptacle, autre infantilisation de la figure féminine, infantilisation à la sainte Thérèse de Lisieux où l'enfant n'est pas le rebelle espiègle qui n'en fait qu'à sa tête, mais celui qui se précipite dans les bras de son père. La théologie pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses, encore faut-il qu'elle veuille se les poser.
Emmanuel Leclercq doit apprivoiser un décalage et c'est un héritier décalé, parce que l'adoption propose un héritage indirect et que, pour assumer cet héritage, il faut lui concilier son décalage. L'héritage est réel, même au sens que Pierre Bourdieu donne à ce terme. Il provient de la bonne volonté des parents qui ont fait le choix de transcender une stérilité apparente par une fécondité qui est un sport de combat. Mais comment faire entrer sa propre histoire dans cette bonne volonté parentale et faire de tout ce capital, actif et passif, un exercice de gratitude? C'est tout le défi qu'a relevé Emmanuel Leclercq et aussi celui que lui ont lancé oblativement ses parents adoptifs: "Considère chaque épreuve comme une preuve, tu dois faire tes preuves, tu es capable de faire quelque chose, donc tu dois réussir". Mais "pour réussir il faut t'épanouir, merci d'exister, il faut travailler bien qu'il n'y ait rien à faire (adage ésotérique), il faut se connaître et s'apprécier dans sa plus grande qualité (définition de la connaissance de soi dans l'acceptation donnée et trouvée par mon meilleur ami.)
Ce double message est l'aporie d'Emmanuel Leclercq. C'est l'aporie du décalage, c'est l'aporie du handicap, à laquelle je m'oppose à titre personnel: la personne décalée ou handicapée n'est pas corvéable à merci à l'enfer de la preuve. Son combat le plus difficile est de faire accepter son décalage.
Emmanuel Leclercq n'a pas résolu cette aporie, mais on n'est pas forcément en mesure de résoudre toutes ses contradictions. C'est pourquoi il veut, c'est tout à son honneur, "démocratiser la philosophie" à la manière d'un Michel Onfray dans ce qui était son Université populaire fondée après le "séisme politique" de 2002. Pour lors il démocratise l'éthique, il cherche une "sagesse pratique" avec Paul Ricoeur, il décline les applications de la prudence dans le soin et dans d'autres domaines.

L'éthique est une épreuve nécessaire, mais c'est une épreuve dans la preuve. Je souhaite à Emmanuel Leclercq de comprendre qu'il a été trop éprouvé pour avoir encore quelque chose à prouver, pour avoir encore à faire ses preuves. Il n'a pas de dette à payer ni de reconnaissance de dette à honorer. Il a reçu gratuitement, il peut donner gratuitement. Abandonné, puis sauvé à l'origine, il peut se donner par surcroît s'il veut, s'il est assez fort. En attendant et quoi qu'il choisisse, merci à lui d'exister.