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mardi 31 décembre 2019

Macron, gilet jaune d'une bourgeoisie déclassée

"La grève contre la réforme des retraites a déjà dépassé par sa durée celle de novembre-décembre 1995", écrit Jean-Luc Mélenchon sur son blog. Mais le climat n'est pas le même, non seulement parce qu'Edouard Philippe n'est pas Alain Juppé. Ce boxeur angoissé est moins droit dans ses bottes et sa politique d'éloignement n'empêche pas de saisir l'homme de proximité gainée d'avoir toujours eu un mentor.

Mais surtout, en 1995, les grévistes rêvaient d'anarchie. Ils en rêvaient de manière agressive. Les non grévistes étaient exaspérés. Aujourd'hui, même ceux qui sont exaspérés par la grève soutiennent les grévistes, qui ne rêvent plus d'anarchie, mais expriment un mal-être social.

Personnellement, je ne sais que penser de la réforme des retraites, sinon que, présentée comme une "transformation" radicale, elle réaffirme le choix de la retraite par répartition et substitue un calcul par points à un calcul par trimestres. Pas de quoi fouetter un chat, mais je suis tellement prévenu contre le prétendu progressisme macronien qui pilote une régression sociale sans précédent, contre son prétendu humanisme qui est un machinisme et une robotisation de l'homme, contre son gouvernement par l'injonction paradoxale (le "en même temps") qui est le comble de la perversité politique, autrement plus pervers que le machiavélisme dont Macron se dit un spécialiste quand il ne se pose pas en héritier de Paul ricoeur, que j'ai tendance à soutenir les grévistes sans savoir pourquoi dans le détail, mais en me disant en gros que rien de bon ne peut sortir de Macron, tant que sa noix d'humanité ne sortira pas de sa coquille bourgeoise, d'une bourgeoisie, non de parvenus, mais déclassée en ce qu'elle a perdu ses valeurs et ne sait plus que, comme noblesse obligeait les aristocrates, un devoir de philanthropie accompagnait la grande bourgeoisie, qui aurait eu mauvaise conscience si elle n'avait pas fait des œuvres sociales ou donné de son temps. Aujourd'hui, comme françois Pinault, elle mécène l'art contemporain, c'est-à-dire qu'elle se rend complice du nihilisme.

La bourgeoisie contemporaine n'en a plus rien à battre. Macron en est le rejeton.

lundi 30 décembre 2019

Défendre Gabriel Matzneff, libérer la pédophilie?

Commentaire au billet de Philippe Bilger intitulé: "Denise bombardier trop tôt, Gabriel Matzneff trop tard" et consultable en recopiant ce lien:

https://www.philippebilger.com/blog/2019/12/denise-bombardier-trop-t%C3%B4t-gabriel-matzneff-trop-tard-.html

"j'aurais eu du mal dans ces conditions - tous les admirateurs de l'écrivain font état de sa totale transparence dans ses journaux publiés pour ses actions pédophiles avec des petits garçons (9 à 12 ans) et ses liaisons avec de toutes jeunes filles (13-14 ans) - à m'extasier devant un style sans être écoeuré par le fond."

Gabriel Matzneff écrit un peu en dilettante, ce n'est pas un immense écrivain, mais il a du style. Ilfait preuve d'une transparence qui le conduit vers le salut chrétien. Gide a aussi du style, mais n'est pas transparent du tout. Son livre "L'immoraliste" figurait parmi les recommandations de ma prof de philo, qui enseignait dans un établissement privé sous contrat. Le titre du livre m'attirait, je ne l'ai lu qu'il y a quelques années. Et je fus écoeuré. J'ai ressenti l'écoeurement dont vous parlez, parce que l'auteur cherchait le faux-fuyant du style pour embrouiller son lecteur, déguisait ses attirances,sacrifiait sa femme à sa passion pédophile (comme l'a peut-être fait Michel Fourniret avec Monique Olivier), et n'appelait pas sur lui le salut, n'éprouvait aucun remords, ne cherchait pas à se justifier, mais pensait que la pratique de sa transgression (mot que vous affectionnez) était parfaitement justifiée.

"la sexualité à la fois banalisée (on peut en faire profiter tout le monde) et magnifiée (pourquoi l'enfant échapperait-il à ses bienfaits ?)" La sexualité banalisée. J'avais un ami qui disait: "Je n'entre jamais à l'intérieur des chambres conjugales." Autrement dit, épargnez-moi vos secrets intimes. Ne parlez pas de vos nuits d'amour devant la machine à café.

Mai 68 fut une période de libération sexuelle. Le moins qu'on puisse dire est qu'on est passé de l'autre côté avec le néopuritanisme de #Meto qui répudie même la galanterie et le baiser volé.

Mai 68 réagissait à la représentation chrétienne qui postulait qu'hors de la reproduction, point de sexualité, et qui préconisait l'inactivité sexuelle: la découverte de la sexualité par l'autoérotisme ou la masturbation étaient péché.

Pour que le débat soit complet, il faudrait avoir le courage de se poser les deux questions suivantes (la seconde est très dérangeante):

-La sexualité peut-elle être libérée? Ne charrie-t-elle pas tant de complexes, mais aussi tant de dualité entre la chair et l'esprit qu'en ce domaine intriguant, où nous sommes les premiers étonnés par nos propres fantasmes, la liberté est impossible? La sexualité n'est-elle pas inlibérable?

-Mais si par hypothèse la libération sexuelle était possible et s'il est vrai que Freud a découvert, outre l'inconscient, la sexualité infantile, ne doit-on pas libérer cette sexualité infantile? D'abord dans les relations entre enfants bien sûr. Mais pour ce qui est de la relation négativement marquée entre un enfant et un adulte, à l'initiative séductrice de l'un ou de l'autre, ne déchargerait-on pas, si j'ose dire, l'enfant de la culpabilité inhérente à la sexualité si on se libérait, et donc si on levait le tabou de la pédophiliie ? En faire une chose monstrueuse est aussi contre-productif que de traiter les opinions inhumaines en en faisant des délits d'opinion et en sortant de l'humanité ceux qui les ont et ceux qui les répandent. Les monstres sont des hommes.

"Le ministre de la Culture Franck Riester a eu la phrase qui convenait en déclarant qu'il soutenait toutes les victimes de GM et que "l'aura littéraire n'était pas une garantie d'impunité".

Certes non, franck Riester n'a pas parlé comme il faut. Il n'est pas de bon ton de reconnaître que l'homosexualité peut mener dans bien des cas à la pédophilie. Donc il n'est pas de bon ton de rappeler que, depuis Jack Lang, tous les ministres de la culture à deux exceptions près, les exceptions féminines que je ne sache pas avoir été lesbiennes, à savoir Aurélie filippetti et françoise Nissen, appartiennent à la coterie homosexuelle ou au moins ont cette inclination sexuelle. Ils "en sont" comme disait Proust. Il n'est pas de bon ton d'insinuer que des rumeurs courent depuis des années sur un Jack Lang pédophile. N'étant pas en mesure de vérifier ces rumeurs, je me bornerai à rappeler que, signataire il y a quarante ans de la pétition demandant que l'on banalise les relations consenties entre adultes et enfants, donc qu'on libère la pédophilie, le prédécesseur de franck Riester qui a acquis à ce poste une telle autorité morale (sic) qu'il n'est pas possible d'être ministre de la culture sans se réclamer de Jack Lang, fut également un ministre, non pas pédophile, mais partisan de la libération de la pédophilie, de l'éducation nationale. Et que dire d'Emmanuel Macron, aujourd'hui marié à son ancienne prof de théâtre après une histoire d'amour à la limite de la pédophiliedont les travaux d'approche, les avances étaient dûes à l'enfant, à l'élève Macron? Franck Riester est son ministre. Aux côtés de quelle victime est-il? D'Emmanuel ou de Brigitte? Du reste, peut-on bâtir toute sa vie sur un statut de victime? La résilience n'est-elle pas préférable? La victimisation permanente est le fruit flétri de la révolution permanente à l'agonie.

Vincent cespedes et la corruption de la jeunesse

Mon comentaire suite à l'appel de Vincent Cespedes d'éliminer Heidegger du programme de philosophie de terminale. 1. Cet appelle en dit long sur les qualités de vincent cespedes, philosophe insipide qui a démissionner (un de plus) de l'Education nationale pour se consacrer (sic) à son œuvre de néant, qui n'a pour fonction que de confirmer la République dans ses valeurs relativistes, à peu près comme l'Église catholique s'est choisie un chef qui dit au monde ce qu'il veut entendre et lui parle de conversion... écologique.

2. Le combat d'un philosophe insipide se porte assez naturellement vers la chasse aux sorcières. S'il veut chasser les philosophes aux idéologies meurtrières, que ne s'attaque-t-il pêle-mêle à Nietzsche, dont une mauvaise compréhension, nous dit-on, a inspiré le nazisme, et à Marx dont Lénine s'est servi en le mécomprenant (un de plus!) pour théoriser le totalitarisme soviétique. Si l'antisémitisme est le seul critère de notre philosophe chasseur (Macron est bien un philosophe avare !), il peut demander à ce qu'on ne fasse plus étudier les écrits du très radical et pacifiste Alain, qui se sont révélés un brûlot d'antisémitisme rentré à l'examen de ses carnets. Il peut aussi sévir en littérature et demander que Voltaire, Balzac ou Baudelaire soient éliminés du programme. Pour ce dernier, on incriminera cette fusée prémonitoire du nazisme dans "Mon cœur mis à nu": "Le beau complot à organiser pour l'extermination des juifs!"

3. La culture est, par essence, un fétichisme de l'arbitraire.

4. "Heidegger et le nazisme" est un marronnier culturel qui fait toujours réagir. La première fois qu'il me fut révélé, c'était lors d'une rencontre avec Philippe Sollers à Beaubourg lorsque j'étais en classe de seconde. Apparemment BHL aurait lui aussi été un fétichiste de l'amant de Hannah Arendt. J'ai entendu Sollers le dédouaner, ça ne m'a pas donné envie de lire Heidegger.

5. Le peu que j'en ai fréquenté fut mis à mon contact par la plume de Pierre Bourdieu dans "Ce que parler veut dire". J'ai discerné un style alambiqué qui aurait été fait pour me plaire s'il n'avait pas eu le dessein d'égarer les lecteurs sous une fausse érudition, de même que celui qui le citait feignait de dénoncer la distinction tout en pratiquant une écriture de la sociologie incompréhensible des prolétaires, sous prétexte que la matière ne se prêtait pas à la simplification et ne supportait pas d'être énoncée en langage claire comme toute idée bien conçue. L'exemple que Bourdieu cita de la cuistrerie de Heidegger emblématisait l'emploi de l'adjectif "ontique". Si "quand c'est flou il y a un loup", quand c'est abscons il y a un con. 6. Il faut être aussi peu visionnaire que cespedes pour identifier l'être à la patrie. Et on doit reconnaître à Heidegher d'avoir rétabli l'ontologie dans la modernité et au sein d'une pensée agnostique ou athée. 7. Que Yann Moix identifie la pensée de Heidegger le nazi à la pensée juive dans un colloque organisé par BHL n'a rien d'étonnant compte tenu que la portée au pinacle de Moix par BHL consacre l'alliance de l'imposteur et du botuliste, qui fait "la guerre sans l'aimer" et a désagrégé la Libye par éthique. 8. Vincent Cespedes et son combat un peu minable à part, d'où vient que l'académie, l'école, le lycée aient de tout temps eu une propension certaine à corrompre la jeunesse? Socrate fut condamné pour impiété (il penchait sérieusement vers le monothéisme) et pour corruption de la jeunesse (on parlerait aujourd'hui de pédophilie dont il faisait explicitement l'éloge non crypté, contrairement à ce qu'il en serait pour "Heidegger et le nazisme", dont la philoosophie serait une vaste entreprise de cryptage selon Vincent Cespeds qui, certes, lui, n'a rien à crypter). On fait étudier aux collégiens la poésie de Rimbaud sans voir qu'on leur apprend à devenir des voyous. Ce n'est apparemment pas pour choquer cespedes, auteur d'une "méthode voyoute" pour avoir le bac de philo sans travailler. Jack Lang a été un ministre sinon pédophile, du moins partisan de la pédophilie il y a quarante ans dans "Libération", un ministre cryptopédophile de l'éducation nationale. Et que dire d'Emmanuel Macron marié à une cougar à la suite d'une histoire d'amour à lalimite de la pédophilie? Roulez, folle jeunesse, vos maîtres vous corrompent.

mardi 24 décembre 2019

Flaubert, la stylistique et le formalisme

Écouté cet après-midi sur @franceculture #LaCompagnieDesOeuvres consacrée à Louise Collet où il était lu des extraits de lettres qu'elle recevait de Flaubert, les siennes ayant été brûlées par le grand homme qui ne voulait pas que l'on étalât les confidences de ses épistolières, il préférait leur donner de la voix.

Incroyable, le ton paternaliste dont il usait à l'égard d'une maîtresse écrivain de 11 ans plus âgée que lui, plus lancée aussi et se voulant une femme indépendante, mais qui acceptait l'impertinence sentencieuse de son ton péremptoire, car elle le savait meilleur écrivain qu'elle et elle reconnaissait du génie à cet homme, son homme, un homme, encore un homme?

Le romancier redressait une poétesse de style parnacien, académique et raide comme le Parthénon... Pourtant j'ai fait une découverte au cours de cette émission: c'est que la stylistique existe bien. "Observe de suivre tes métaphores", lui recommande-t-il. Il lui fait aussi une explication de texte en bonne et due forme, très critique, d'une de ses "pièces", un poème, où elle s'adresse à sa fille devenant femme en rêvant sous sa "couverture". "Couverture, que ce mot est laid", assène ce dépressif qui ne pouvait pas dormir sans une bouillote.

Donc l'explication linéaire n'est pas une invention de nos pédagogues pour nous dégoûter de la littérature? Donc la stylistique existte bien et elle est en effet l'étude des effets produits par l'auteur qui sait ce qu'il veut obtenir en écrivant et veut être le déterminant de son oeuvre, loin d'être déterminé par son génie? Encore faut-il ajouter que la stylistique a été inventé par "l'idiot de la famille" qui a osé dire de Balzac: "quel homme eût été Balzac s'il eût su écrire!"

Pauvre Flaubert! Balzac écrivait beaucoup mieux que toi qui confirme les idées reçues, mais il se perdait dans les détails. Ah, mais je vois. Tu lui reproches de n'y avoir pas mis les formes, d'être sans forme. "Ne donne aucun détail qui s'écarte du sujet", conseilles-tu à cette "pauvre chère Louise". Tu prétendais en remontrer aux classiques après que tu eus énoncé que l'art es tsubjectif. Les classiques mettaient les formes sans être formalistes. Tu t'es, toi, posé en formaliste pour te distinguer des classiques. En cela, tu as fait une chose dont la modernité te sait un gré infini: la modernité est peut-être "l'hérésie de l'informe", mais elle est informe dans la mesure où elle n'a pas de fond, et c'est encore parce qu'elle est informelle et sans fond qu'elle est formaliste sans fondement.

Où tu certis une esthétique du précis qui délire et ne dit rien car rien ne compte, Balzac foisonne et ne hiérarchise pas description, dialogue et analyse, car il a un monde en lui, alors que tu es obligé d'aller voir le monde pour le repoudrer à ta sauce responsable et bourgeoise, autrement plus bourgeoise que Musset, ce dont tu l'accuses par jalousie quand il n'est plus au mieux de sa forme et plus qu'une épave qui voudrait draguer ta Louise.

Tu n'es pas le père de la déconstruction. Tu ne soutiens pas exactement qu'il faut s'écarter des préjugés. Au contraire, tu les fais tiens. Notre époque aussi les fait siens pour les démonter, dans l'espoir de transformer les préjugés, d'avoir d'autres préjugés, mais de n'avoir que des préjugés: "La théorie du genre n'existe pas, mais il ne faut pas donner une éducation genrée à ses enfants. La biologie n'existe pas, l'homme et la femme ne sont que les purs produits d'une construction sociale. La société n'existe pas ou elle existe à peine comme société des individus, mais l'individu n'est que le moment de son espèce et il faut détruire le communautarisme qui n'est pas un phénomène naturel résultant de ce que dit Mireille dans sa chanson: "Quand un vicomte rencontre un autre vicomte, qu'Est-ce qu'is s'racontent? Des histoires de vicomte." Les races n'existent pas, mais il faut privilégier les racisés." Par exemple.

Flaubert avait le culte de l'art comme travail. Or la raison d'être de l'art est de déboucher sur une œuvre d'art. L'art n'est que la base artisanale de la production d'une œuvre qui ne créée rien, mais combine et découvre en faisant que l'énigme s'éloigne d'un pas après chaque découverte, dans la ligne d'horizon, qui n'est pas la ligne bleue des Vosges, incise gratuite. Aujourd'hui, les artistes contemporains parlent de leur art comme de leur "travail". Cela leur écorcherait la bouche de le présenter comme une œuvre. Hannah Ahrendt a pourtant magnifié l'œuvre en l'opposant au travail et à l'action. Un artiste comme moi est précisément désoeuvré et souvent dans l'inaction et dans l'incapacité de travailler parce que son esprit est lancé à la poursuite de son œuvre. Mais mon œuvre ne se formalise pas en moi. En conséquence elle n'a pas lieu. Elle n'est qu'un chaos torrentiel et jaillissant qui déracine quelques pierres pour les lancer dans le jardin des conventionnels et "scandaliser les bourgeois" comme je l'ai proféré un soir en pissant dans la rue Mouftard.

Faire œuvre est mettre de l'ordre. C'est surprendre, mais pas à tous les coups. Ce n'est pas créé par principe un écart esthétique. Ce n'est pas systématiquement accomplir un prodige stylistique.

Ce qui me met à l'écart de mes contemporains, c'est certes que je ne suis pas formaliste, mais c'est surtout que je suis indiscipliné. Je ne suis pas littéraire, je ne suis pas philosophe, je ne suis pas musicien, je ne suis pas théologien, je suis tout ça à la fois et je ne suis rien de tout cela.

L'éveil suppose certes le décloisonnement comme me l'a dit Jean-Paul bourre, mais elle suppose aussi un foisonnement bien cloisonné.

mercredi 11 décembre 2019

Édouard Philippe et la retraite des mentors

Allez, y a pas de raison. La presse étant un grand bazar, j'ai bien le droit de faire mon politologue de bazar.

Je ne sais pas si Édouard Philippe a annoncé ce jour une révolution dans le système des retraites. (En langage macronien, on appelle ça une "refondation" ou plus modestement une "transformation".) Mais le premier ministre a pris date. Il a glissé plein de peaux de banane sous les pieds de son supérieur hiérarchique.

D'abord il a fait un discours clair et complet (d'après les économistes) là où Macron ne sait pas être concis et noie le poisson aussitôt qu'il prend la parole.

Et puis il s'est situé dans la continuité historique. Il a placé sa réforme dans l'esprit du Conseil national de la Résistance (CNR) -même si "la retraite des vieux" a été inventée par le maréchal Pétain, son gouvernement et sa synarchie-. Philippe (Édouard) s'est revendiqué du général de Gaulle, de Georges Pompidou et de Michel Rocard. Il a donc fait le contraire de Macron, qui ne cesse de se poser en opposition à ses prédécesseurs, les "rois fainéants" comme il les appelle, et ambitionne de refonder l'histoire ou de réinventer l'eau chaude.

Il s'est aussi posé en réconciliateur. Là où Macron récuse les corps intermédiaires, Philippe parle devant le CESE (Conseil écoonomique, social et environnemental), cette chambre consultative des corps intermédiaires, et il confie la valeur du point (de retraite) à la négociation des "partenaires sociaux". Il assure qu'une règle d'or sera fixée par la loi, au terme de laquelle on ne pourra dévaluer le point en fonction de la conjoncture. Bien sûr les syndicats ne représentent plus rien, mais c'est respecter la continuité sociale que de reconnaître un rôle aux partenaires sociaux.

Édouard Philippe va plus loin dans l'opposition au président de la République. En bon irresponsable, Macron voulait que "le nouveau système" entre en vigueur en 2025, après son quinquennat. Le premier ministre fait savoir qu'il a "proposé au président de la République" de le lancer en janvier 2022. Il en espère un double effet: à la fois prouver qu'il va plus vite que Macron; et puis, comme la nouvelle gouvernance essuiera les plâtres la séparant de la prochaine élection présidentielle, Philippe dira que l'impréparation et les premiers mécontentements sont la faute à Macron...

Aujourd'hui a vu Édouard Philippe s'émanciper de ses deux mentors, Juppé et Macron. Clair comme celui-ci est obscur et respectueux comme tous les deux sont arogants, il fait voir que l'intelligent de l'exécutif n'est pas celui que l'on croit. Juppé était "droit dans ses bottes". Le premier ministre qui a grandi à son école et l'appelait "chef" ne se montre ni cassant ni distant. Il se veut aussi proche des Français et des corps intermédiaires que ses deux mentors se sont montrés méprisants et lointains.

Édouard Philippe a réussi son "grand oral". Il a sonné la retraite des mentors.

lundi 18 novembre 2019

L'inintelligence de Macron, complice de la banalisation du nazisme?

Non seulement Macron manque d'émotion, mais, comme le disait Malraux à propos du baron de Clapique, il manque de réalité. Il voudrait stupéfier, alors il recourt, au figuré comme au propre se murmure-t-il, à des stupéfiants et à des masques de mauvais acteur enseigné non au conservatoire, mais à la Providence d'Amiens, par une professeur prête à tomber sous le charme. Macron vit le drame de l'enfant qu'on a trop persuadé qu'il était un enfant prodige.

Car enfin cela a été dit et bien dit par presque tous les commentateurs (du billet de Philippe Bilger sur "Macron, trop intelligent pour être un grand président?"), la question n'est pas tant de s'inquiéter de l'intelligence d'un homme que de son genre d'intelligence.

Macron a de la mémoire, je doute plus de ses capacités d'analyse. Son verbe, sujet à bien des bourdes et approximations, est rien moins qu'étincelant. La preuve, c'est que n'arrivant pas à disposer ses mots et par suite à les trouver, il donne dans la mauvaise néologie, avec des verbes improbables comme "impuissanter" ou des adjectifs insoutenables comme "invectifs": les Français seraient trop invectifs à son endroit, se plaint-il.

La mémoire de Macron: pendant le Grand Monologue, il récitait à merveille tous ses cours de géographie. Son analyse déficiente: il empilait des récitations de leçons différentes, la leçon étant une lecture et la lecture une logique, pour dire qu'on allait tout faire à la fois encore plus qu'en même temps. Or on ne peut pas empiler des logiques qui s'annulent et s'opposent diamétralemment. On peut enfreindre le principe de non contradiction logique pour composer un paradoxe, c'est séduisant sur le plan intellectuel. Mais ce qui en résulte de l'infraction dans l'action est une incohérence, inévitable, mais déplaisante et souvent désastreuse sur le plan moral.

Qu'Est-ce qui devrait découler d'une bonne mémoire et d'une analyse adéquate? Une capacité d'adaptation, nous dit un commentateur, une "créativité" dans la solution, nous dit un autre. Macron ne fait preuve ni d'adaptabilité ni de créativité. Tout en injonctions paradoxales, Macron n'annonce un "nouveau monde" que pour perpétuer le monde ancien. Il ne veut pas se rendre compte qu'on a quitté le monde d'après-guerre et changé de monde pour, d'une certaine façon, revenir au monde ancien ou traditionnel des escalades conflictuelles toujours possibles du fait des relations diplomatiques bilatérales. Il ne s'en rend compte que lorsque ce changement s'effectue à ses dépens (cf. sa soudaine défiance vis-à-vis de l'OTAN et peut-être de l'Europe qui ne lui fait plus les yeux doux.) Or un président, un dirigeant, un gouvernant doit être une vigie (gouverner, c'est prévoir), dotée du ministère de la parole, qui sait expliquer en son temps l'aspect présentable des changements du monde. Macron n'est pas ce "pédagogue" pour "enfants démocratiques", clin d'œil à Lucile! Faute d'explication, il nous fait courir un grand danger.

Je n'hésite pas à le dire et cela me saute dans l'esprit et cette formule depuis ce soir: faute d'avouer que nous sommes sortis du monde d'après-guerre, nous sommes à nouveau menacés par la banalisation du nazisme. Nous devions nous convaincre de la "banalité du mal" sans banaliser le nazisme. "La religion de la shoah" à raison de trois films par semaine sur Hitler ou sur les camps, conjuguée à la non reconnaissance que la Shoah était messianiquement le Golgotha du monde configurée à la Passion du christ, et que Dieu avait certes quelque chose à dire après Auschwitz, risque d'avoir le même effet sur nous que 70 ans de communisme dont on sort tout soudain, sans que nul n'ait vu poindre et venir qu'on pouvait en sortir, que le communisme n'était pas irréversible. Je suis de ceux qui l'avaient vu venir, tellement que, l'année de mon bac, en 1990, j'avais voulu faire un voyage en russie avant que le communisme ne s'effondre. D'où la gravité que je mets dans cet avertissement de la banalisation du nazisme (je croispeser mes mots), qui n'a rien de commun avec le point Godwin ou la réductio ad Hitlerum, banalisation qui pourrait résulter du refus de reconnaître qu'on est sorti du monde d'après-guerre et qu'il faut s'y adapter.

Demande-t-on des preuves de la banalisation du nazisme? Soral, dont nul ne peut contester la pertinence de la rhétorique, et qui fait mouche, alors qu'on n'aurait pas souffert de l'écouter, même sous le manteau, il y a vingt ans. Ou encore les fréquentations de Marine Le Pen, actuellement jugées au tribunal, et qui appartiennent non à la fachosphère comme on le dit vainement dans les médias qui s'en désolent pour leurs recettes publicitaires, mais bien à la nazisphère, aux nostalgiques d'Hitler.

Cela n'a rien à voir avec Macron, pensez-vous? Si, car il n'avertit pas le peuple qui le sait qu'on est sorti du monde d'après-guerre. Il n'en tire pas les conséquences. Où l'on voit en outre que Macron, pour redescendre d'un degré dans la gravité, est frappé à la tête et n'a pas l'intelligence du cœur.

dimanche 17 novembre 2019

Macron est un grand enfant pas très intelligent

"Il [Emmanuel Macron] n'a pas une piètre opinion de lui-même, mais prend-il la France au sérieux?" (Philippe Bilger sur son blog:

https://www.philippebilger.com/blog/2019/11/emmanuel-macron-trop-intelligent-pour-%C3%AAtre-un-grand-pr%C3%A9sident-.html

) Puisque la réponse est non, tout est dit.

L'intelligence de Macron, c'est d'égarer par la double pensée, de pratiquer en permanence le gouvernement de l'injonction paradoxale et de masquer sous un vernis de bienveillance que l'humanisme dont il se réclame a choisi les algorithmes et les robots contre la france et les Français, qui sont les hommes et femmes de France.

Après le "roi philosophe" de Platon, essayé par les communistes (ou "les intellectuels au pouvoir" selon Thierry Wolton, une autre application manquée de "la Répubique" de Platon étant les Pasdarans ou gardiens de la révolution de la République islamique d'Iran. Décidément, les philosophes sont un peu foutraques), la philosophie teste sur nous un nouveau paradigme de philosophie politique: le banquier philosophe,faux populiste et vrai mammonien, faux politique et vrai financier ne travaillant pas pour l'intérêt général, mais pour celui de sa classe et de sa caste.

L'intelligence de Macron est surcotée, cela fait partie de l'équation des post-humanistes qui ont mis ce président en orbite pour faire de la France, pays portant le nom d'un peuple libre et franc, une "start-up nation" asservie aux profits et au machinisme, à l'intelligence artificielle, à la robotisation, à la mobilité des hommes au service de la rente et de l'investissement capitaliste.

Macron espère en tirer un bénéfice financier dont il ne pourra pas jouir, puisque jouir de la richesse, c'est en profiter avec un groupe, avec un milieu certes choisi, non de robots, mais d'humains. Or Macron n'a pas d'amis, sauf si l'on admet la thèse d'Olivier Piaccentini que Macron a vécu de secrets de famille suffisamment puissants pour détruire une psychologie, en sorte qu'adopté par la finance, il a trouvé dans la finance une famille de substitution. Il aurait donc un milieu avec qui jouir de soi. Car voilà l'autre clé: Macron jouit avec lui-même des rétrocommissions qu'il espère toucher de sa vente à la découpe de la France.

Jouir de soi. Le dernier avatar absurde de cette politique inhumaine est international. Macron l'internationaliste n'aime plus les organisations internationales. Il constate "la mort cérébrale" de l'OTAN, après Trump qui s'offusque du constat de Macron, bien qu'ayant lui-même théorisée la fin de l'OTAN. Pour un peu, Macron le boudeur discréditerait aussi l'Union Européenne, puisqu'elle ne veut pas qu'il jette son dévolu sur elle et lui a refusé le hochet qu'il voulait mettre sous la surveillance de Sylvie Goulard. Peu s''en faut en effet que Macron, puisqu'il n'en jouit plus, puisqu'elle ne le reconnaît plus, ajoute "notre europe" qui a démérité aux organisations internationales qui ne serviraient plus à rien.

Macron est un grand enfant comme Trump est un vieil enfant. Malheur à la ville et au monde dont les princes sont des enfants!

vendredi 15 novembre 2019

Les magistrats démissionnaires

Article publié en pied de page de ce billet de Philippe Bilger:

https://www.philippebilger.com/blog/2019/11/juger-nest-pas-un-crime-.html

et reproduit ici:

@Julien Weinzaepflen, "Juger, c'est se poser en unité de perfection." Ou mieux, n'Est-ce pas, @Aliocha? C'est tendre vers la perfection ("soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait!") du Père-Créateur qui ne juge pas ce qu'Il a créé, le trouvant bon puisqu'émanant de Lui.

Qui ne juge plus ou qui, dans son jugement, distingue les criminels de leurs crimes, les pécheurs de leurs actes? C'est assez bizantin, comme dit @Marc Ghinsberg.

Soyez moins girardien, Aliocha. "La rivalité mimétique", en français boileausien et carthésien, ça s'appelle l'envie, et l'envie est une catégorie de la jalousie, comme la mimèsis est une catégorie du rapport de forces, tout comme le jeu de rôles aussi, et la conscience de rôle.

Si l'on peut juger le crime à défaut du criminel, il n'y a plus de victime innocente, c'est-à-dire que si la victime unanimement rejetée et black-boulée a commis un crime, ce bouc émissaire victimisé du crime de l'humanité n'est pas innocent de ce crime.

Arrêtez de faire comme si Proust était girardien. Les Verdurin avec leur "petit noyau" imitent peut-être les Guermante, et Saint-Loup incarne ce Jockey club où une aristocratie déchue de ses titres a épousé des femmes issues de dynasties juives qui avaient une légitimité à se faire par-dessus des siècles de persécution, votre Proust ne sera jamais qu'un grand illustrateur des thèse de Baud de Lomény sur les dynasties bourgeoises.

Qu'avez-vous contre Nietzsche, Aliocha? Nietzsche ne fait que dire une chose: c'est que la justice est née de l'ambition ressentimentale de réparer ce dont les faibles ne pouvaient se venger du fait de leur faiblesse. (Cf. la Révolution comme "machine ressentimenteuse", sous la plume de Michel Onfray dans "Décadence".) Selon Nietzsche, la justice est née du ressentiment de la vengeance présumée réparatrice du vengeur impuissant. Et pourtant je ne sais d'ouvrage plus ignoble que celui qu'ont commis en commun Me Daniel Soulez-Larivière et Caroline Eliacheff expliquant que la justice ne saurait être rendue au nom des victimes.

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Car vous avez raison, @Philippe Bilger. La magistrature ne veut plus savoir ce qu'elle doit à la société. Or la magistrature doit moins protéger la société -et moins encore la protéger contre ses démons- qu'elle ne doit rendre la justice au nom de la société, victime des délinquants, ses prévaricateurs. La magistrature ne doit pas davantage, sous prétexte de s'exercer au nom de la société, donc au nom des victimes, usurper en son nom contre le droit à la vie, et prétendre à un droit qu'elle n'a pas, comme la peine de mort. Car la vie que la société n'a pas donée, elle ne peut pas la reprendre. C'est par un abus de pouvoir que le pater familias avait droit de vie et de mort sur sa progéniture.

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Vous faites bien, @Noblejoué, de dire que les juges veulent être aimés jugeant et que, ne l'étant pas, ils démissionnent. Ils font comme tout le monde, et surtout comme tous les apprentis tertiaires que qualifie l'Education nationale au titre dechevaliers bacheliers.

Il y a trois maux que causerait l'anarchie: nous priver d'infirmières, de police et de justice. Encore que, quand on voit, outre les badauds spectateurs de tous les accidents, comment se porte spontanément au secours des blessés toute une part instinctive de l'humanité compatissante, on a peu à craindre pour le système de santé en régime d'anarchie. Quant à la police, ceux qui voudraient prendre le pouvoir ne seraient plus couverts par l'absence de celui-ci. Et les juges, ils seraient pareils aux nôtres, des reflets du consensus. Car la démocratie a oublié qu'elle n'était pas le consensus artificiel d'une volonté générale introuvable. Cela, c'est la version molle de l'anarchie que Rousseau n'a su ou n'a osé penser. La démocratie, c'est le clivage.

Robert Marchenoir n'aime pas l'étudiant retriplant qui s'immole comme en Tunisie. Y aurait-il une propension des Arabes à vouloir mourir par le feu de leurs propres mains? Nous comptons 2 millions d'étudiants en France, c'est beaucoup trop. Cela est dû à la crise de l'orientation et de la transmission qui ne veut promouvoir qu'un seul genre d'intelligence. LamèreMichu-Le Pena beau jeu de fustiger une immigration sans laquelle il n'y aurait plus ni médecins ni manœuvres. Lisez sur le blog de @Patrice Charoulet les aventures d'un "vieillard" de 74 ans qui cherche un médecin traitant!

"La montagne" (de Robespierre et de Jean Ferrat) a voulu que les jeunes "soient flics ou fonctionnaires, "De quoi attendre sans s'en faire Que l'heure de la retraite sonne", dans "le formica et le ciné". Si ce n'était que ça! Les désorientés qui finissent par obtenir des diplômes de serviteurs du bien commun démissionnent de la fonction publique comme de la fonction de professeur, car ils n'ont pas assez de présence de scène, ou de celle de magistrat, car ils ont peur d'avoir "broyé" des individus, sinon de les avoir tués, comme de vulgaires politiques ou écrivains, qui ne "sortent pas du rang des criminels" comme le disait Deleuze (ceux qui ont voulu réhabiliter Brazillach se sont entichés d'une bien mauvaise cause,car on est responsable de ce qu'on écrit). Les écrivains y entrent. Ils ont peur de "compter les morts" après "Le travail intellectuel" prôné par Jean Guitton, qui dispose qu'il faut "décider dans le doute et agir dans la foi".

La société des friandises fait des chamalos qui y vont mollo! Elle fait des infra-individualistes qui démissionnent à tous les étages et à tout bout de champ, quand ils se donnent seulement la peine d'entrer dans la carrière, comme ce ne fut pas mon cas.

Au fait, que la démocratie, fût-elle contractuelle, créée l'égalité devant la justice avant l'égalité devant la loi! Qu'en pensez-vous, Monsieur Bilger?

vendredi 8 novembre 2019

Le Pen entre chien et loup

Trois propos de Le Pen(+un codiscile) commentant ce jour la parution du second tome de ses mémoires sur "Radio Courtoisie", une radiotout acquise à ses thèses? Le type est odieux et génial, génial et odieux. Et en même temps...

1. "La drogue n'est pas le problème des banlieues, elle est la solution que les pouvoirs publics ont trouvée pour garantir un minimum de paix civile." Bien vu.

2. "Je ne veux pas donner de conseils aux terroristes, mais si j'en étais un, je déposerais cinq tonnes d'explosif à un endroit et pfff! Mille morts!"

Les terroristes, des petits joueurs? Et Le Pen, une saleté de conseilleur? Pas plus, à la réflexion, que les média qui font du spectacle avec les attentats ou que George W. Bush qui redoutait qu'on lui envoie de l'Entraxe et décréta une guerre mondiale contre le terrorisme.

3. "Au soir de ma vie, il y a un phénomène que je redoute, c'est la démographie qui, compte tenu de l'atonie reproductive de l'Occident efféminé et décadent, rend inéluctable "le grand remplacement" par la submersion migratoire."

Tu ne pouvais pas t'en aviser avant, Jean-Marie-Marie ("chéri chéri comme disait Alice Sapritch)? Mieux, l'histoire étant ce qu'elle est et se déroulantcomme elle veut, tu aurais pu penser comme moi que, quoi qu'il en résulte pour l'identité des nations et quelque crise de conscience identitaire que cela déclenche, l'immigration est un phénomène providentiel. Mais l'ancien partisan de l'Algérie française que tu es voulait bien intégrer l'Algérie à la France pourvu que celle-ci domine celle-là. Il n'a plus aimé les Arabes du jour où ils sont devenus indépendants, et il a regretté ce discours qui dépotait.

Surtout (codiscile) que tu dis en pincer pour la Providence. Comme Hitler, note bien, qu'on accusait de paganisme ou de magie noire, mais je ne voudrais pas pratiquer envers toi la réductio ad Hitlerum. Seulement il est curieux que tu te prononces de manière aussi définitive sur la liturgie de l'Eglise que tu connais si bien et qui aurait perdu selon toi les fidèles depuis Vatican II, alors que tu connais si mal ta théologie des fins dernières: tu aurais mené ta vie avec assez d'honnêteté pour ne pas mériter d'aller en enfer, conclus-tu. Comme si on méritait le paradis, et que nos mérites et non pas Jésus-Christ nous assuraient le salut!

samedi 2 novembre 2019

Musulmanophobie ou mysislamie?

Dans la matinale de Franceculture, Ghaled Bencheikh, qui dirige la Fondation sur l'islam qui s'est bâtie sous l'égide de Jean-Pierre Chevènement, explique que, pour lutter contre les débats malsains à l'œuvre dans notre pays, il faut:

-un versant culturel: enseigner l'islamologie à l'université. D'accord, dès lors que l'islamologie se distingue de la théologie islamique. On enseigne bien la Bible et on n'enseigne la théologie chrétienne qu'à l'Université de Strasbourg en raison des dispositions concordataires. Pour moi, Tarik Ramadan n'est pas un islamologue, mais un théologien islamique, dépravé ou non, peu importe.

Ghaled Bencheikh suggère aussi que l'on enseigne la contribution culturelle de l'islam à la culture européenne. D'accord aussi, si on ne nous oblige pas a priori à apprécier cette contribution.

-Une contribution au débat démocratique: Ghaled Bencheikh construit une université populaire itinérante (UPI) qui, ne bénéficiant pas des moyens offerts à l'université populaire de Michel Onfray qui se faisait prêter l'auditorium du mémorial de Caen, circule de ville en ville et organise des débats où tous sont les bienvenus, des mamans voilées aux Français de souche islamophobes.

-Un versant d'éducation populaire, destiné à sortir les jeunes de banlieue de l'alternative mortifère, que lui décrivent les mères de ces banlieues, entre la délinquance et le discours belliqueux des imams autoproclamés. Pour remplir cette mission indispensable à la paix civile, "Nos moyens sont epsilonesques", déplore-t-il. L'État n'a pas son pareil pour pleurer sur "les territoires perdus de la République", pour gaspiller tour à tour l'argent public dans la politique de la ville ou refuser le "plan Borloo" et pour ne rien faire de concret qui sorte de l'abandon les jeunes en danger de radicalisation, sans qu'on dise jamais de radicalisation à quoi, comme si tous ne se radicalisaient pas dans le monde d'après le 11 septembre et les deux guerres du golfe.

Ghaled Bencheikh introduit une distinction entre islamophobie et mysislamie. La néologie est bonne, mais tant qu'on ne m'aura pas infirmé qu'il y a une violence intrinsèque dans la geste islamique, je revendiquerai le droit d'être à la fois islamophobe et mysislamique et de dire, pour plagier Jean-Michel Blanquer, que si l'islam porte en lui un ferment d'arriération sociale, ce qui semble prouvé par la conflictualité des sociétés et de l'aire islamique, l'islam n'est pas l'avenir de la société française. Ghaled Benchekh veut interdire la mysislamie par la loi. Pas question. En revanche, il faut se garder de la musulmanophobie, de la haine des musulmans. Et je ne dirai pas non plus comme l'abbé Pagès avec qui j'ai eu l'occasion de discuter récemment qu'il faut "haïr l'islam".

Cela dit en soulignant que ce docteur d'origine sahoudienne qu'est Ghaled Benchekh et qui dénonce en latin le wahabisme est un intellectuel de très grande qualité, dont les émissions "Culture d'islam" sur "France culture" sont un régal pour l'esprit.

dimanche 27 octobre 2019

"Société de vigilance", islamophobie ou musulmanophobie?

Rien de ce qui est français ne devrait être étranger au président de la République. Mais commençons par dénoncer le cynisme qu'il y eut de sa part, au lendemain de l'attentat de la préfecture de police de Paris, alors que le terroriste était passé sous tous les voyants rouges qui auraient légitimé une inquiétude à son sujet, à prôner une "société de vigilance" et à demander aux citoyens ce que l'État et ses services de renseignement venaient de se révéler incapables de faire. Mais on s'est habitué à ce président dont le discours est l'envers de l'action et dont les mauvaises actions se font sans discours, bref à ce président qui parle pour ne rien dire, pour nous noyer sous ses tartines de paroles, pour faire le contraire de parler, pour ne pas agir, pour gouverner dans la perpétuelle injonction paradoxale, aussi bien entre deux propos qu'entre le dire et le faire, entre le non dit et le non fait, entre le dit et le non fait.

Évidemment, chaque fois que survient un événement traumatique dans le pays, s'agitent ceux que Soral appelle à raison les "nationaux-sionistes", se déchaîne la bande de "Causeur" avec sa "reine Élisabeth" tout entichée de son Finkie, son Zemmour qui s'aveugle dans sa haine au point de se discréditer de l'avis général, son Georges Bensoussan flanqué de sa Barbara Lefèvre qui ne représente qu'elle-même, tous ces gens sans profondeur politique, qui ne parlent de "territoires perdus de la République" qu'en cas de climat ou d'agression antisémite, et qui entretiennent non pas l'islamophobie dont en effet, on devrait pouvoir discuter, car c'est la peur d'une religion, mais la musulmanophobie, cette haine des hommes, contre laquelle essaya de nous prévenir Lionel Jospin en dégainant le premier et en temps opportun, au lendemain du 11 septembre, le fameux "pas d'amalgame", pour ne pas nous exciter les uns contre les autres, et les Français autochtones contre les musulmans à cause de l'attaque islamique du 11 septembre, qui renversa les deux temples du Capital d'un pays qui se croyait invincible.

Qu'Est-ce en effet que l'islamophobie? C'est la peur de la religion islamique, à cause de la violence inscrite dans la geste du prophète de l'islam, et qui se retrouve dans toute l'aire islamique, l'aire la plus conflictuelle au monde.

Mais l'islamophobie n'est pas la musulmanophobie, la peur d'une religion n'est pas la haine des hommes qui la pratiquent, haine qu'attise la bande de "Causeur". L'État impuissant, non content d'assurer l'impunité à la petite délinquance à la faveur de prisons surpeuplées, détourne l'attention de la population de la délinquance des cités qui pourrit son quotidien quand elle vit dans sa promiscuité, ces cités confiées, de guerre lasse, par la police(?) à la régulation des caïds et des imams, donc de cette petite délinquance agressive, sur ce signe vestimentaire inoffensif quoique régressif du point de vue féministe qu'est le voile islamique.

Or celui-ci est bien souvent le signe d'un abandon républicain et d'une "République à l'abandon". Je me souviens d'une remplaçante auxiliaire de vie, voilée des pieds à la tête, musulmane intégriste sous son voile intégral, mais qui fumait du shit, et qui pour rien au monde n'aurait dérogé à sa prière et aux ablutions rituelles par lesquelles elle devait s'y préparer, que j'essayais de convaincre que, si elle faisait passer ses prières avant le travail, elle ne trouverait jamais d'employeur. J'essayais de parler comme un père à cette enfant de la malchance, dont il était visible que ce qu'elle étaitdevenue était le fruit d'un abandon républicain face à sa précarité sociale, et particulièrement d'un abandon de l'école qui ne s'était jamais aperçue des conditions épouvantables de sa vie familiale, et qui lui enseignait la laïcité pour lui laver la tête, et remplir le vide de sa vie par cette coquille vide au contenu négatif, une vie à laquelle cette élève de l'"école de la République" ne trouvait de sens que par la religion.

Tant que la République ne reviendra pas vers tous ses citoyens qu'elle a délaissés, y compris pour les sanctionner si nécessaire, et surtout pour leur parler vrai, elle ne tiendra qu'un discours creux et cynique, destiné à antagoniser la nation, et tout ce qu'elle ne fera pas pour remédier aux maux dont elle chérit les causes ne pourra être pris au sérieux par les gens sérieux. Il faut beaucoup prendre sur soi pour réunir une société multiculturelle. Mais cette République qui flatte le multiculturalisme s'en sert afin de diviser pour régner. Elle devrait se l'interdire dautant plus qu'elle se déclare indivisible.

samedi 12 octobre 2019

Yves Cochet, ou le dernier Hitler écologiste

Et si, malgré les encycliques pontificales qui ne font que montrer que l'Eglise essaie toujours de rester du côté du manche )aujourd'hui le manche est écologique). Et si l'écologie était une inversion idolâtrique invitant les fidèles à baisser les yeux vers la terre-mère qu'il faudrait sauver plutôt que se pencher sur la Création qu'il faudrait sauvegarder ? Une diversion pour nous empêcher de lever les yeux au ciel (Faut-il sauver nos âmes ou la planète ?) L'écologie promotrice d'une apocalypse de poche, nous procure une fin du monde portative, une dévastation prévisible et laïque : la terre sera rendue inhabitable par le réchauffement climatique et la prolifération des êtres humains, au lieu d'être dévastée par un cataclysme d'origine divine. Le monde entier se réunit autour du climat. On se croirait revenu à la royauté primitive à l'échelle mondialiste, où le roi préhistorique pouvait faire (au sens propre, c'était même son boulot de roi), la pluie et le beau temps. Aujourd'hui, les points de "crédit carbone" servent à jouer au casino écologique (à l'heure de la privatisation de "La Française des jeux", la loterie nationale ayant été inventée par Casanova...), comme il y a longtemps que l'économie joue au casino et que qui veut faire bon ménage organise sa succession comme la meilleure des fraudes fiscales quand il a de l'argent... Et pendant ce temps-là, Yves Cochet, l'écologiste prospectif du gouvernement Jospin, le même qui, adjoint de Bertrand Delanoë, prédisait : "En 2003, tout Paris triera" (sélectivement) ses déchets, écrivait-il, dans unepublication municipale ; le même qui, à l'orée des années 2000, prédisait que, à l'horizon de 40 ans, il n'y aurait plus de pétrole (depuis, les Américains ont trouvé leur autonomie en matière d'hydrocarbures grâce aux gaz de chyste), nous promet que, d'ici 2040, ou peut-être 2050 (il ne peut pas se prononcer, au secours ! Nous avons un ancien ministre survivaliste, nous sommes gouvernés par des fous !), l'humanité aura disparu, tellement il fera chaud, et il n'y aura plus qu'un dernier homme, comme dans le roman de Cormac McCarthy, "La route" : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Route_(roman) Yves Cochet, ancien ministre de l'économie sociale et solidaire sous Lionel Jospin et adjoint au maire de Paris sousBertrand Delanoë, est un survivaliste parigo-rennais et une espèce de Hitler écologiste : Yves Cochet, "Devant l'effondrement, essai de colapsologie", 25 septembre 2019, Les Liens qui libèrent. Pour entendre une interview de l'auteur qui fait froid dans le dos, attendre que LCI publie celle de samedi, mais pour s'en donner une diée : : https://www.youtube.com › watch

vendredi 4 octobre 2019

Le Harpon de Zemmour

Sur ce blog (celui de Philippe Bilger), j'ai cédé à un réflexe pavlovien, sauter sur une phrase de Zemmour sur "l'extermination de l'homme blanc, catholique, hétérosexuel", phrase très maladroite car on ne peut pas mettre sur le même plan un massacre physique et une extermination mentale, pour condamner en bloc tout son discours à la "convention de la droite",sans l'avoir écouté, lu, analysé. C'est aujourd'hui chose faite et force m'est de reconnaître, sans faire entièrement amende honorable, car sa troisième partie, où il prêche les "jeunes Français" de "combattre" pour "ne pas [mériter leur] colonisation" est purement haineuse, que ce discours est intéressant.

L'exorde est plein d'ironie et procède par une sorte d'antiphrase filée, où Zemmour adopte le point de vue contraire à celui qu'il va exprimer dans la suite de son propos. Je n'ai pas complètement intégré l'analyse que Zemmour fait du progressisme, je ne peux donc pas la discuter. Mais je salue l'effort qu'il fait pour tenter d'en donner une définition. Quand je l'aurai mieux pénétrée, je la commenterai au besoin.

Le cœur du discours, sa deuxième partie, analyse lerapport de trois forces en présence: les progressistes (au rang desquels sont inclu.se.s les féministes, premières amazones de bataille de Zemmour), les islamistes et l'homme occidental au profil traditionnel. L'islam est la diabolique surprise du progressiste laïque. Mais l'ennemi héréditaire de son anticléricalisme reste l'homme occidental traditionnel. Les féministes voient en lui le continuateur du patriarcat auquel elles veulent mettre fin. Le traditionaliste étant identitaire se déclare l'ennemi des islamistes, qui veulent le détruire. Progressistes et islamistes commenceront donc par s'allier contre lui, car ce croisé identitaire et conservateur est leur ennemi héréditaire à tous les deux, avant de s'entredéchirer.

La perspective n'est guère réjouissante, mais le tableau vaut d'être pesé et étudié. Et cette étude prend un relief particulier au lendemain de l'attentat islamiste à la préfecture de police de Paris.

Les progressistes nous ont rejoué leur partition habituelle. Ils ont commencé par dire que ce geste était le fait d'un déséquilibré qui s'était fraîchement converti à l'islam, mais dont l'islam n'était pas un élément moteur et n'était qu'un élément accidentel de sa démence. Ils devront bientôt faire machine arrière en apprenant que le terroriste avait légitimé l'attentat de "Charlie". L'apologie du terrorisme a donc précédé chez lui la conversion à l'islam, à un islam radical et des banlieues radicalisées, conversion qui procédait de la même démarche intellectuelle que l'approbation de l'attentat contre "Charlie". C'est très cohérent pour un dément.

Si les progressistes tenaient à se montrer rassurants en expliquant que l'islam n'était qu'un élément marginal dans le déséquilibre de Mickael Harpon, ils occultaient soigneusement que cette religion est le point commun de presque tous, sinon de tous les attentats commis en France depuis celui de la rue Copernic, soit depuis plus de 40 ans. Et à cela il y a une raison: c'est que l'islam est intrinsèquement guerrier, je veux dire qu'il repose sur la Révélation et sur la geste prophétique d'un héros fauteur de guerre, guerrier sage peut-être, mais guerrier. L'islam est intrinsèquement guerrier, contrairement au christianisme. La chrétienté a atrocement guerroyé, mais en cela, elle se montrait déviante par rapport au Christ, qui n'a jamais perpétré aucun acte de guerre. Le Christ a seulement prononcé cette parole énigmatique: "Je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre, mais l'épée", sachant qu'il ajoutait dans la tourmente de Sa Passion, après avoir enjoint Ses disciples que quiconque n'avait pas d'épée devait aller s'en acheter une. Puis le calme étant revenu: "Rengainez vos épées", dit le Christ tiré d'angoisse et désormais plein d'assurance. (Il guérit l'oreille du serviteur du grand prêtre.) Car quiconque combattrapar l'épée périra par l'épée." L'épée qu'Il est venu aporter est une épée métaphorique, c'est l'épée de sa Parole, "tranchante jusqu'aux jointures de l'âme et de l'esprit."

Je suis résiduellement islamophobe, mais absolument pas anti-musulman. Je suis favorable au dialogue avec les musulmans, y compris à"coexister", "vivre ensemble" et "être ensemble pour prier". Mais pas de dialogue sans vérité. Et au nom de la vérité, un chrétien doit notifier aux musulmans que l'islam est intrinsèquement guerrier, contrairement au christianisme, dont la guerre est un dévoiement.

mercredi 2 octobre 2019

Ce gouvernement et le Tchernobil rouennais

"La société instaure comme une règle la présomption de défiance à l'égard de l'Etat, l'obligation de méfiance à l'égard du président comme du gouvernement." (Philippe Bilger)

https://www.philippebilger.com/blog/2019/10/lubrizol-on-nous-cache-tout-on-nous-dit-rien-.html

Plus précisément à l'égard de ce président, de cet État et de ce gouvernement, dont je ne sais plus quel éditorialiste disait à raison qu'à propos de ce "Tchernobil rouennais", il pratiquait une "communication d'un autre âge".

Comment ne pas être méfiant à l'encontre d'une Agnès Buzyn qui, dès qu'elle est entrée en responsabilité, a commencé par nier les symptômes décrits par les malades de la thiroïde depuis la nouvelle formule du Levothyrox, puis a nié le malaise des urgences, et, quand elle fut dépéchée à Rouen, a expliqué que les hydrocarbures n'étaient pas toxiques à condition de se laver les mains. C'était une manière de dire: "Le Tchernobil rouennais, je m'en lave les mains, vous n'avez qu'à en faire autant avec une solution hydro-alcoolique produite par je ne sais quelle autre usine Seveso de mes amis acctionnaires de Big pharma, et vous ne viendrez plus me casser les pieds avec le nuage rouennais, vos petites mauvaises odeurs, vos dépôts de phénol et votre eau noire."

C'est vrai, quoi! Arrêtez d'emmerder la ministre de la santé! On n'est plus sous Pompidou qui tempêtait: "Arrêtez d'emmerder les Français!" On n'est plus dans la France de De Gaulle qui suppliait les Rosbifs de ne pas entrer dans l'Europe, on est dans la France du Brexit qui les supplie de ne pas en sortir!

Ce gouvernement d'amateuristes pratique une "communication d'un autre âge"façon: "Le nuage de Tchernobil s'est arrêté à la frontière allemande" ou "notre maison brûle et nous regardons ailleurs", communication dont le premier mot est la négation a priori de ce que ressentent les gens. "En France,il n'y a pas d'insécurité, il existe un sentiment d'insécurité." Négation a priori du sentiment général, puis dénonciation du complotisme. On joue sur le fait que le sentiment d'un complot contre soi est une composante majeure du délire paranoïaque pour assimiler toute demande d'enquête à du "complotisme", néologisme forgé pour les besoins de la contre-propagande, en éliminant la frontière entre la nécessité ponctuelle d'une enquête pour interpréter un événement et le sentiment permanent du complot. Le complotisme pathologique est pourtant facile à déceler. Ce n'est pas l'enquête systématique faite par un esprit en éveil qui pense que l'enquête en démocratie (et non pas "L'enquête sur la monarchie!") fait partie de l'information. Le complotisme pathologique est l'affirmation a priori que tout est complot et la préférence systématique pour le complot comme conclusion espérée de l'enquête.

Le complotisme une fois diagnostiqué chez qui réclame une enquête comme nécessaire à l'information en démocratie, régime qui ne subsiste qu'en lien avec la vérité, les gouvernements "libéraux", dont il est intolérable qu'ils puissent "tolérer un tel scandale" que "c'était un soir, messieurs, mesdames, Où la télé était en panne" (Pierre Perret), nous servent une propagande qui présume une version systématiquement optimiste de l'événement court termiste ("tout va bien, on s'occupe de tout", à quoi s'oppose le "on nous cache tout, on nou dit rien" populaire), et une version systématiquement catastrophiste à long terme: "Nous vous promettons une apocalypse écologique et réchauffiste, mais pas pour tout de suite, pour demain, pour les générations futures. Le malheur, c'est toujours pour demain. Ça ira moins bien demain, mais ne dites surtout pas que c'était mieux avant." La contre-propagande, optimiste sur le temps court et médiatique, et pessimiste sur le temps long, cette éternité sans délices où il n'y aura plus de planète à sauver, avance à coups de "faits" et de sentiments "alternatifs". Si vous osez nier ces faits, ces sentiments alternatives et ces conclusions optimistes a priori, vous n'êtes pas dans l'enquête, vous êtes révisionniste, négationniste, complotiste. Vous n'êtes pas dans le doute carthésien, vous émettez un "fake", vous colportez des rumeurs non vérifiées, des ragots diffamatoires, des "fake news". Et comptez bien que si vous révoquez quelque chose en doute, on ne vous passera plus au détecteur de mensonge, on ne vous injectera plus du sérum de vérité, mais on vous soumettra au fake checking.

Au fait, que devient la question interdite sur une catastrophe toute récente, l'incendie de Notre-Dame? Accident ou attentat? On l'a recouverte d'une chape de plomb qui fait que nous l'avons collectivement oubliée, et chacun sait que "les Français ont la mémoire courte". Le complotiste, niant systématiquement la version officielle, voudrait que l'incendie de Notre-Dame résulte d'un attentat. Pas moi. Mais je veux, sans qu'on me traite de tou, qu'on me laisse me poser la question et qu'on ne la ferme aux êtres modérément soupçonneux, bénéficiant d'une solide information générale, que le jour où toutes les preuves seront apportées des raisons de cet incendie. Est-ce le cas aujourd'hui? Non. Donc "au fait!" devrait être la devise de l'information comme "au voleur!" est la devise de l'avarice.

vendredi 27 septembre 2019

MON TOMBEAU DE CHIRAC

"Qu’est allé faire cet esthète attendri à l’ENA, puis dans la politique ?" (Olivier Seutet dans son "portrait aimable" de Jacques Chirac, qui fut suivi de près par un "portrait vachard")

Il ne convient pas de dire du mal des morts et j'ai trouvé indécente la réaction laconique de Jean-Marie Le Pen: "Mort, même l'ennemi mérite le respect."

Je me souviens d'où j'étais quand Jacques Chirac fut victime de son AVC. Nous revenions d'un déjeuner dans une crêperie près de Mortagne-aux-perches. Comme presque tous les Français excepté mon meilleur ami qui faisait bonne chère avec nous (parfaitement, on peut faire bonne chère avec des crêpes), ma compagne et moi fûmes très attristés par cet accident de santé. Je n'ai pas éprouvé la même émotion à l'annonce de la mort de l'ancien président, peut-être parce qu'on s'y attendait, peut-être parce que c'était pour lui la délivrance, paisible nous dit-on, mais qui a mis sur les genoux son ancien majordome qui en est mort lui-même, a raconté Jean-Louis debré, d'une longue agonie. Chirac pressait tellement le citron qu'il a épuisé tout le monde. Il avait une forte personnalité, nul n'est maître d'en avoir une faible ou forte.

Arrivé à Paris en 1986, je prenais le maire de cette capitale pour un grand bourgeois démonstratif et indifférent et pour un faux dévot fanfaron, tandis que je m'étonnais du silence qu'on faisait sur sa "bourgeoise", qui bientôt s'imposa comme une épervière politique, martelait-on dans tous les canards, alors qu'elle se contenta, outre son soutien à son mari, d'étaler de façon balzacienne, dans un livre écrit avec Patrick de Carolis, son mariage arangé avec un aventurier qui lui avait promis de devenir préfet de Corrèze et qui lui devait son élection présidentielle, à elle ainsi qu'à sa famille car la Chaudron avait de la branche, tenait-elle à nous faire savoir. Quant au maire de Paris, qui était aussi premier ministre de cohabitation de Mitterrand à l'époque, je fus prié de croire qu'il était bon et humain et j'y suis tout disposé, n'ayant aucune expérience personnelle à opposer à tous les témoignages positifs que j'en ai reçus depuis deux jours et depuis toujours.

De Gaulle dut sa renommée à avoir fui deux fois, d'abord en angleterre pour battre les Allemands, puis en Allemagne par peur d'un monome étudiant. Chirac, qui fut lui-même victime d'un monome étudiant dont je fus un des idiots utiles, commença sa carrière par fuguer, la poursuivit en agité du bocal, et redouta au pouvoir de bouleverser les équilibres sociaux d'un pays dont il mesura la fragilité après avoir fait l'erreur de le confier à la gouvernance d'Alain Juppé plutôt qu'à celle de Philippe Séguin à qui il l'avait promise, mais qui faisait peur aux banquiers comme en 1981 les socialistes inspiraient la psychose des chars russes.

Attaché à Juppé, Chirac préféra dissoudre l'Assemblée nationale plutôt que de se séparer de son premier ministre, révélant Lionel Jospin, qui fut à mes yeux le meilleur gouvernant de l'ère post-mitterrandienne."Si j'avais su, j'aurais pas dissolu", croqua Jacques Faizan. Cette dissolution fut la troisième fugue de Chirac, après sa fugue de jeune homme et son inexplicable démission du poste de premier ministre qu'il avait conquis sous Giscard sans vraiment l'avoir ambitionné.

Chirac se "[méfiait] des idées générales", avoua-t-il à Paul-Marie Coûteaux. Que faisait-il en politique?

La communauté juive lui fut reconnaissante d'avoir prononcé un discours où il reconnaissait, outre la complicité "des Français" (lire: de certains français) de mêche avec l'occupant dans la rafle du Veld'hiv, la responsabilité de l'"État français". Qui a jamais dit le contraire? Et aurait-il sied à un gaulliste de sous-entendre que la France était l'"État français" incarné par les collaborateurs de Vichy?

Chirac vendit Ozirak à Saddam Hussein avant d'approuver la première guerre du golfe et de refuser la seconde. Les Palestiniens lui ont conçu obligation d'avoir réagi lestement contre la soldatesque israélienne qui l'empêchait de les saluer à Jérusalem Est. Il fut constant envers Yasser Arafat, qu'il fit soigner en france et qui l'appelait "docteur Chirac".

Chirac fut réélu face à Le Pen en 2002 avec la baraka d'un arriviste. Mais pourquoi cet homme proche du peuple, qui faisait tellement de cas des destinées individuelles, refusa-t-il de débattre avec son adversaire, voire même de le désigner autrement qu'en en faisant le parangon de l'"extrémisme", ce qu'il faut croire, il était?Dès lors, Chirac put accomplir un des rêves de sa vie. Il rêvait d'être gall (gardien de but, ce qui est différent d'être deux galls (De Gaulle, jeu de mots laid!)), il fut un président arbitre.

Chirac avait un tropisme profondément anti-européen. Il définit un jour l'Union européenne, au sortir d'un sommet harrassant, comme le lieu où la politique s'établit toujours à force de "compromis" insatisfaisants pour tout le monde. Ça n'avait pas l'air d'enthousiasmer Chirac l'enthousiaste. Comment un aventurier comme lui, sans revenir à l'Appel de Cochin, a-t-il pu enkyster la France dans un "machin" pareil? Et lui que cette machinerie n'enthousiasmait guère, ne sut que dire aux jeunes avec qui il débattait en 2005 et qui exprimaient toutes leurs réserves sur le traité constitutionnel européen: "Vous me faites de la peine."

On lui sait gré de n'avoir pas engagé la France dans la seconde guerre du golfe en 2003. Mais que n'opposa-t-il le veto de la France contre George Bush plutôt que de laisser Dominique de Villepin prononcer un beau discours, tandis que l'Américain continuerait sa guerre mondiale contre la guérilla terroriste, ferment d'autant plus puissant de totalitarisme orwellien que c'est une réaction disproportionnée contre un ennemi tellement indéterminé qu'il en devient invincible et la guerre infinie. À cette question jamais posée dans ces termes d'abstention du droit de veto, des diplomates ont répondu ces derniers jours que la France pouvait se permettre une posture de non alignée, mais non pas de jouer contre son allié de l'Alliance atlantique.

Chirac termina ses jours dans deux appartements prêtés, le premier par l'ancien premier ministre et homme d'affaires libanais Rafiq Hariri, le second par le milliardaire français François Pinault. Le propriétaire du château de Bitty était-il trop pingre pour payer un loyer parisien?

Chirac, ceux qui l'aimaient comme Jean guitton ou Bernard billaud lui prédisaient un grand deestin. Il eut en effet un grand destin personnel. Mais que vaut le charisme d'un homme face au sacré méthodique de l'Histoire, qui n'est pas que circonstantielle, tribulations et péripéties?

Reposez en paix, Monsieur Chirac!

dimanche 22 septembre 2019

Les convictions ne sont pas intimes

Pascal aurait dit que l'hérésie, ce n'est pas le contraire de la vérité, mais l'oubli de la vérité contraire. L'abbé de tanoüarn, grand pascalien devant l'Eternel autant qu'un aussi grand publiciste peut l'être (il m'a promu son "meilleur ennemi" dans une dédicace (personnelle) de son meilleur livre ("Délivrés"), je peux bien le piquer un peu), a mis régulièrement cela en évidence dans les écrits de Pascal concernant l'"hérésie", mot qui désigne le choix. Et le commentateur de Pascal d'appuyer cela sur une théorie non seulement du pari ("nous sommes tous embarqués"), mais du choix, qui, pour moi, est indépassable. Selon lui, il n'y a que trois choix possibles: le choix du non choix, majoritaire et médiocre; le choix du moi, romantique, égotique et courageux; et le choix de dieu qui mène à la sainteté. "Décider dans le doute et agir dans la foi", recommandait Jean Guitton.

L'hérésie est un choix dans le doute, le choix d'une idée de Dieu ou le choix d'une idole. Platon disait qu'il y a un ciel des idées. Les phonèmes sont les amis du poète. Pour moi les idées sont des stalactites, elles descendent de la surface du moi dans les archétypes oùprend racine la doctrine. Le pape François, qui manque de profondeur quoiqu'il faille se méfier des apparences, dit ne pas craindre les chismes, car ils sont le fait de personnes "qui mettent de l'idéologie dans la doctrine". La doctrine est unstalacmite, au contraire de l'idéologie. Elle monte des racines du "ça" et du surmoi, de la caverne, du tréfond, vers le mythe, avec sa goutte d'eau au supplice chinois, toujours à la recherche d'une pierre, de préférence calcaire plutôt que granitique, qui vienne y trouver l'imperméabilité indispensable à la sédimentation.

La doctrine monteau ciel du mythe, l'opinion va au ciel des idées. Quant aux convictions, elles s'apparentent aux "vérités de foi" -et la foi n'est pas de l'ordre de la certitude- comme l'opinion hisse son outrecuidance jusqu'au ciel des idées, donc de l'idéologie, qui est d'autant plus croyante qu'elle se croit sachante et connaissante. La foi est reconnaissante, mais elle ne connaît rien. La Révélation n'est pas du tout un livre de science, disait le Père Varillon, ancien ami de Rebattet, que j'ai eu longtemps la bêtise de prendre pour un théologien de second ordre. Les ésotéristes fidéistes ont le tort de vouer un culte à la connaissance et de croire que la connaissance est un horizon de foi alors que ce qui a perdu l'homme, que ce soit mythologique ou non, n'est pas d'avoir transgressé un interdit moral, mais d'avoir voulu manger du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, obligeant Dieu à se situer négativement par rapport à Sa Création et à connaître le mal, Lui qui n'avait trouvée que bon tout ce qu'Il avait fait, car Il était sans malveillance, et si "sapience n'entre point en ame malivole" disait Rabelais, à plus forte raison malivolence n'entre point en sapience. D'où l'on déduit que la pudeur ne vient pas de la nudité qui serait un mal, mais de la honte devant la nudité que la conscience affolée finit par prendre à mal. La nudité est un mal de conscience, qui n'aime pas se voir nue dans sa psyché déformée en miroir. La conscience est la psyché de l'âme, elle n'en est pas le miroir. "Où est le président Félix Faure?" "Il est avec sa connaissance."

L'austère saint Paul apporte de l'eau à mon moulin de conteur fidéiste et mytholâtre, lui qui non seulement fait du christianisme un alégalisme, mais est l'inventeur du slogan de mai 68, "il est interdit d'interdire", quand il proclame: "Tout est permis, mais tout ne convient pas." "La loi met en évidence le péché", il n'y a de morale que conséquentialiste.

Les convictions ne sont pas intimes. Quant à Ludo, (NDLR: Ludovine de la rochère), cette ancienne collaboratrice ou correctrice de la revue "Commentaires" qui avouait ne guère en lire les auteurs, c'est "Brigitte ou le devoir joyeux" (Patrick Rambaud). Pour les sociologues bien-pensants, "La manif pour tous", c'est "les affreux." "Tout est culturel, me disait l'un d'entre eux. Un enfant a appris à s'asseoir sur une chaise." Il n'empêche, la PMA est antibiologique et n'est pas un acte médical. Mais voilà que j'assène des convictions que je crois fondées sur une certaine expérience de la déduction d'un petit d'homme d'une certaine manière de procréer.

Les conservateurs me fascinent parce qu'ils doivent faire du vivant à partir de leur pensée close et presque morte. Les relativistes ont le vivant pour axiome, donc ils bâtissent sur le sable mouvant. Les conservateurs savent qu'on ne bâtit qu'en apprivoisant ce qui paraît résister au mouvement, la fondation du rocher. Il n'y a pas de "mystique du flottement", comme j'en rêvais naïvement dans un poème qui portait pourtant un beau titre, il s'intitulait "Alliance". Dans le plus beau roman de Jean d'Ormesson, "L'amour est un plaisir", qui était aussi le premier qu'il publia après avoir éphémèrement grapillé sa femme à son cousin, Jean d'O se félicitait, à travers le héros qui l'était en miroir de Philippe, son personnage fétiche, d'être "quelqu'un sur qui on ne peut pas compter". Ce qui provoqua le suicide de Gilles -mes deux frères s'appellent Philippe et Gilles, il n'y a pas de hasard, le hasard est la logique de Dieu-, levéritable amant de Bénédicte, la fille qu'il emporta dans des jeux d'eau d'un érotisme sans pareil. On ne peut pas compter sur ce qui flotte, mais on doit compter avec les opinions des autres et on peut compter sur sa foi.

Commentaire posté au pied de ce billet de Philippe Bilger:

https://www.philippebilger.com/blog/2019/09/les-convictions-sont-un-poison.html

mercredi 11 septembre 2019

Une autre page d'amour

@Denis Monod-Broca | 11 septembre 2019 à 13:22 « - l'amour sublime le sexe. Quelle belle "invention" ! Encore faut-il que les mots - "amour" bien sûr, mais aussi "fidélité", "constance", "responsabilité" et quelques autres - aient un sens..."

J'avais écrit dans une chanson:

"Vivre ne laisse riein à désirer,

Aimer est une affaire de volonté."

C’était une chanson qui décrivait l'amour de ma vie que j'avais rencontré, ce qui est rare dans une vie d'homme. Je croyais être à jamais préservé du"Ne me quitte pas." "Oui le bonheur, ça n'arrive pas qu'aux autres" comme disait une publicité pour le loto. Pas plus que le malheur, comme ne le disait pas une non publicité pour l'accidentde parcours ou de voiture.

Deux de mes chansons ont raconté mon histoire avant qu'elle ne n'arrive. Tel est le mystère de la prémonition comprise dans l'écriture. J'avais écrit une chanson facile intitulée: "Des naufrages d'or", où je me félicitais d'être un naufragé. À la fin, j'avais écrit que je ne doutais pas que "d'horribles drames payent nos folies." Je pensais à une de mes ex que j'avais à peine touchée, mais dont je me souviendrai toute ma vie du soupir surle le lit en-dessous de mon lit superposé dans un studio du dix-huitième arrondissement: "Je voudrais être mère. » Soupir. « Tu ne peux pas comprendre." Elle devint mère, ne buvait pas, mois beaucoup, et elle mourut d'un cancer du foie en laissant deux orphelins. Histoire évidemment véridique, car de tels drames ne s’inventent pas.

Lorsque je commençai de me mettre au métier qui tissa l'art de Brassens, j'écrivis une autre chanson facile intitulée: "La fêlure". Je m'y dépeignais comme le romantique dont je ne sais plus quel auteur a dit: "Heureux les fêlés, ils laissent passer la lumière." J'étais fêlé, moi qui voulais emprisonner toutes les peines du monde pour les offrir à mon premier amour quiétait une grande indifférente, étant née sous une bonne étoile, et les consoler dans la musique que j'aurais écrite. Et puis je ne sais pas quelle mouche m'a piqué. J’écrivis un deuxième, puis un troisième couplet où je disais : "

« N'as-tu pas honte, quand il est tard,

Quand tout s'éteint, quand tout se pare

De l'ombre, des nuits le miroir,

Qui te fait voir

Tous ceux que tu as écrasés

Pour te trouver plus haut placé,

Tous ceux que tu as fait souffrir,

Un peu mourir ?

N’as-tu pas honte de tes méfaits,

Du reflet d'un être imparfait,

Qu’as-tu donc fait de ta beauté,

Etre à demi satanisé ?"

Je me disais que ce troisième couplet, c’était pour les autres. Et puis, à 46 ans révolus, il m'arrive ce que je ne croyais pas qu'il pouvait m'arriver. Je me retourne sur ma vie et y découvre un bilan globalement négatif, l'exact contraire de ce que j’aurais voulu faire et de ce que Georges Marchais – je fus le collaborateur musical de son dernier confesseur - croyait déceler dans le communisme, « un bilan globalement positif ». Oh certes,il m'était arrivé dans ma vie d'avoir mauvaise conscience, mais c'était une mauvaise conscience du réveil ou pour examen de conscience, une mauvaise conscience qui s’enfuyait dès le premier café, ce n’était pas une mauvaise conscience panoramique. Tout d'un coup, moi dont mon meilleur ami m’avait dit que, pour bien se connaître, il faut s'apprécier dans sa plus grande qualité, moi qui croyais bien me connaître et qui m'en piquais, moi qui croyais que, de la connaissance de soi, on pouvait déduire Dieu comme le promettait l'oracle de Delphes, moi qui avais envisagé en écrire un mémoire de maîtrise intitulé "Montaigne, platonisme et christianisme" où j'aurais montré comment l'auteur des "Essais" découvrait le Christ dans une vision optimiste et sceptique de lui-même et dans sa connaissance du monde, comme auraient dit les époux Kraft, vulcanologues, moi, le volcan, je me découvrais dans des coins où il n'aurait jamais fallu balayer.

Qu'Est-ce que le purgatoire? Selon François brune, l’auteur des « Morts nous parlent » que j’ai découvert grâce à mon ami Franck et que j’ai brièvement rencontré à la fête de « radio courtoisie » parce qu’il était un sulpicien maudit qui n’avait les faveurs que de Julien Green, selonFrançois Brune donc, ce prêtre qui a « [cartographié] l’au-delà », le purgatoire, c'est de souffrir de la manière dont on a fait souffrir. C'est donc le supplice du miroir. J'en suis au premier stade: moi, l'auteur de "La fêlure", qui n'est pas qu'un ébréchage personnel qui ouvre le cœur, j'en suis à savoir que j'ai fait souffrir et que j’ai fait du mal, bien que me croyant un homme de bonne volonté. Je connaîtrai le second stade du supplice du miroir ou le complet purgatoire le jour où je souffrirai comme j'ai fait souffrir, avant de "connaître comme je suis connu" (Saint Paul, commentant notre condition humaine d'"énigme dans le miroir"). Mais le purgatoire est l'antichambre du ciel. Lepurgatoire est un état, situé dans un temps donné? François Varillon, auteur que je sous-estimais, le Régis des "Deux étendards", complète son homonyme François Brune: "Non. Le temps quantique et relatif admet la succession encore moins que l'éternité. La lumière est toujours du passé qui nous revient. La nature du souvenir est de survenir. La mémoire est toujours involontaire. L'enfer, lepurgatoire et le paradis sont trois états simultanés qui se résoudront, pour ceux qui voudront de la lumière et que Dieu reconnaîtra, dans la Lumière de Dieu et dans la béatitude en Dieu.

"Tout ça, c'est bien joli", me disait mon père, brandissant le te-shirt qu'il m'offrait et où il était écrit: "Je sens que je vais conclure". "Mais ce qui me désole, c'est que tu ne sois pas, comme moi, porté sur le mont de Vénus. Un homme, il baise comme il fume une cigarette." et mon père fumait beaucoup. L'amour et le sexe. Je suis le fils de ce père-là et j’aime qu’il ait séparé les deux.

P.S.:

Je crois que la philosophie d'ensemble de mon père était:

-Il faut amier les gens, mais s'en méfier terriblement.

-Leur faire confiance à condition qu'ils ne mentent pas.

-Et leur mentir, mais jamais sur l'essentiel.

UNE PAGE D'AMOUR

Mon ex devenant mon confident signifierait donc le passage de la passion à la compassion. Cette déperdition vaut mieux que le maintien de la chaleur passionnelle transformée en haine.

Je préfère votre expression "écrire un autre livre" à celle, infiniment rebattue, de "tourner la page" ou de "refaire sa vie". Pas de fin d'un amour sans un chagrin d'amour, au moins pour celui qui souffre le plus de la rupture, peut-être pour l'avoir provoquée, à défaut de l'avoir déclenchée.

La modernité aime la précarité. Elle n'aime pas les institutions et introduit "le contingent au sein de l'absolu", le temps d'une éphémère "éternité". Mais la condition humaine est sinueuse, qui rend la "séparation inéluctable" et parfois nécessaire, malgré nos rêves d'indissolubilité du mariage auxquels s'accrochent les institutions pour consolider les patrimoines. C'est bien le seul exemple où les institutions s'accrochent à nos rêves afin d'en profiter.

Les commandements de Dieu sont impraticables. Quiconque a nécessairement commis l'adultère car il a aimé plusieurs fois. Ces éternités successives ne sont peut-être qu'un seul amour, et pourtant si nous composons avec nos images de l'amour, nous n'aimons pas des images et tout amour est singulier, même une aventure d'un soir. Nous n'avons qu'un seul amour et chaque amour est singulier, comme nous écrivons toujours le même livre dans des ouvrages différents, déployant la même intuition dans une recherche qui s'affine. "Regarde là", nous dit le livre ou la recherche. Et soudain c'est une nouvelle percussion sur notre cœur ou sur notre intelligence. Nous nous répétons, nous tournons en boucle, et pourtant la boucle nous dénoue. Nous dé-nous, au fil de ces répétitions qui nous dé-soi-vent.

Pourquoi l'amour qui naît quand nous sommes en chaleur nous fait-il vivre nos chagrins d'amour dans l'espoir du "retour d'affection"? Pourquoi l'ocytocine vaut-elle mieux que la testostérone? Pourquoi la loi de l'entropie vaut-elle même en amour? Pour que nous nous couvrions de cendres avec un cœur brisé, ébréché, où la brècheaura pratiqué une ouverture bien plus propre à la compassion que la flèche de cupidon. Comme toutes les choses graves, l'amour est soumis à la loi de la gravitation. "Rien n'est grave, mais tout est important", et rien n'est plus sérieux que l'amour.

Écrit en commentaire de ce billet de Philippe Bilger:

Quand les ex sont toujours là...

philippebilger.com

mardi 10 septembre 2019

Le Brexit ou les manoeuvres parlementaires en illusions référendaires

"Cela n’a pas empêché Boris Johnson de réitérer son opposition farouche à un tel ajournement, sous peine d’infliger un «dommage permanent» à la confiance des Britanniques envers la démocratie."

http://www.lefigaro.fr/international/brexit-boris-johnson-persiste-seul-contre-tous-20190910

Boris Johnson n'est pas ma tasse de thé. Son élection par les conservateurs pour réaliser le Brexit particiipe de la trumpisation des dirigeants du monde, qui intervient après l'émergence des dirigeants ambigus (comme le pape François ou Emmanuel Macron), qui fait elle-même suite à celle des dirigeants abdicateurs (Benoît XVI ou François Holllande, lequel était aussi sans relief comme Barak Obama).

Toutefois on peut se poser deux questions:

-Pourquoi les torys, sous l'égide de David Cameron, ont-ils organisé un référendum sur le Brexit si c'était pour freiner des quatre fers si le Brexit était voté? Les partis de gouvernement croient-ils pouvoir lutter longtemps contre le populisme en trompant les peuples par des illusions de référendum?

-Qu'est devenu le Parlement britannique, modèle du régime bicamériste, lui qui a successivement refusé l'accord que lui proposait Teresa May, puis voté contre le "no deal" (la sortie de l'UE sans accord), puis refusé l'organisation d'élections législatives anticipées qui seules auraient permis de sortir de l'impasse? Le Parlement britannique ne serait-il plus à la hauteur?

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/le-regime-parlementaire-britannique-serait-il-depasse-20190906

La seule réponse un peu cohérente que ce roi des parlements a apportée à la mauvaise manière de Bojo de vouloir le suspendre a été de le forcer par une loi de demander un nouveau délai de trois mois pour le Brexit à l'Union européenne. Ce dont bojo pourrait s'acquitter en "demandant à un pays ami" de "refuser tout report" comme le suggère le premier article du "Figaro" mis en lien.

Les Britanniques sont des insulaires qui ont une excroissance de l'autre côté de l'Atlantique, l'Empire nord-américain. En quoi le Brexit leur serait-il défavorable? Et en quoi nous le serait-il, nous qui demeurons siassujettis aux Etats-Unis au point de nommer Sylvie Goulard comme notre commissaire au marché intérieur? À force de ne pas tenir leur promesses parce qu'ils ont peur de la politique que les peuples leur font faire, les gouvernements dits respectables des soi-disants démocraties vont jeter lesdits peuples dans les bras des populistes façon Trump, Bolsenaro ou Salvini, qui sont de mauvais bergers.

lundi 9 septembre 2019

Une certaine idée de la start-up nation

Je lis dans le second Davet-Lhomme sur le hollandisme comme autodestruction, à la fin minée par Macron : « Un texte publié par Guillaume Liegey, le petit prince de la data technologie appliquée à la politique, lui sert [à Macron] de référence : Si les partis étaient des start-up, édité par la revue Policy Network. Le chef fixe la ligne, les troupes s’y conforment, et surtout pas l’inverse. La start-up En marche ! doit supplanter ce PS décidément trop vermoulu. »

On ne dit pas assez que la start-up est une déviance de l’idée de projet, telle qu’elle est apparue dans l’existentialisme sartrien, idée elle-même déviante en ce que le projet n’est pas une orientation de la vie discernée, guidée et vérifiée par la volonté à chaque étape, mais le projet vaut pour lui-même, et chacun doit avoir un projet, serait-il grabataire, aurait-il la maladie d’Alzheimer.

Dans une start-up, l’idée compte plus que sa réalisation, le faire-savoir plus que le savoir-faire, et celui qui a une idée peut certes convoquer des brainstorming pour approfondir son idée, mais il est le seul responsable de l’idée qui domine la start-up, donc il ne s’agit pas que la start-up mette des idées aux voix, car il faut qu’une seule idée soit dans la lumière, et qu’elle émane de l’ingénieur en chef, de celui qui l’a eue. - De fait, en littérature, il n’y a pas eu un seul chef-d’œuvre qui soit sorti d’une intelligence collective. C’est pourquoi je ne crois pas à la vieille lune historico-critique des Évangiles rédigés par les communautés auxquelles ils ont été annoncés et non pas par un seul auteur inspiré. Au mieux les communautés peuvent avoir contribué à les collecter et avoir rafraîchi ou accru la mémoire de l’auteur inspiré. Sans uni(ci)té de l’auteur, pas d’unité littaraire, le texte se disperse. Mais revenons aux biens et aux services. -

Dans la start-up, il faut que l’idée soit un projet qui coure indépendamment de la réalisation de l’idée, dont la réalisation est facultative sans être interdite ni absolument proscrite. Le projet, l’idée, doivent vivre du story telling.

La start-up, c’est du flan. On n’a jamais géré une entreprise en se moquant de ce qu’on y produit. On gère un fonds d’investissement comme ça. Ou unemultinationale, qui peut à loisir acheter et vendre pour produire successivement ce qu’elle vient d’acheter.

La start-up, c’est du flan. Et la start-up nation, c’est du flan au carré.

Un second Davet-Lhomme: un président ne devrait pas provoquer la mort du parti qui l'a porté au pouvoir

Une série en six épisodes a paru dans "Le Monde" sous le titre "PS, sept ans de trahison."

Un second Davet-Lhomm sur la mort du parti socialiste, provoquée par la nullité du quinquennat Hollande et par l'incapacité de celui qui devait le porter. Je me suis souvent demandé pourquoi les socialistes, si prompts au "droit d'inventaire", n'ont jamais voulu l'exercer pour Hollande qui a tué cette mouvance constitutive de la société française. Davet et Lhomme l'ont fait pour eux en se demandant : "Qui a trahi?" tout au long de cette série dont les six épisodes méritent d'être lus, car leur récit, sans être étincelant, est haletant. (Davet-Lhomme, c'est du journalisme à la Giesberg en plus documenté, du journalisme de vidange de carnets, qui ne dit pas tout, pratique un peu trop la rétention d'informations, maise en lâche quand même suffisamment pour être instructif et ne pas dissimuler l'essentiel.)

Mitterrand a enfoncé la France dans un atlantisme sans jovialité. Jospin a redonné du lustre et de l'honneur à l'idée socialiste. Valls qui "veut vivre" s'est exilé ou enfui à Barcelone où il file le parfait amour avec une riche héritière -c'est presque lui qui sort le plus grandi de cette photo de classe-. Hollande et Cazeneuve rêvent d'un "come back". Macron n'est que la prolongation du hollandisme en version méchante à l'intérieur (car Hollande était néocon et méchant à l'extérieur). Macron est l'hologramme du messianisme transhumaniste qui mène la France dans le mur social, sinon économique, malgré (ou à cause du) le Cercle dela Rotonde.

lundi 2 septembre 2019

La tourmente de Moix ou la chute d'un Proust

Je ne suis pas chic, n'appartiens pas au "tout Paris mondain" et pourtant je savais pour Moix. Mais quelque chose me gêne dans tout ce déballage. C'est que peu importe aux yeux des médias que l'histoire familiale de Moix, sur laquelle il a récemment bâti sa réputation de grand écrivain victimaire, soit vraie ou fausse. Il peut à l'envi cracher sur sa famille, tout le monde s'en fout, ça ne défrise pas la presse parisienne ni le service public, à peine cela fait-il les choux gras dans l'Orléanais où habite la famille de l'écrivain qui la perd de réputation, à tort ou à raison. Mais ce qui est impardonnable, même aux yeux de Moix et sauf aux yeux de BHL pour qui l'antisémitisme est impardonnable à la seule exception de Moix, ce sont les "abjections" et les "erreurs de jeunesse" d'un jeune homme de 21 ans qui a continué à fréquenter des écrivains antisémites jusqu'en 2013 pour "failloter" et qui a complètement retourné sa veste au point de défendre inconditionnellement l'Etat d'Israël sur le service public, ou encore de parler d'"universel juif" après avoir éténégationniste et accusé les juifs de nécrophilie.

Moix évacue son frère de son roman, qu'à cela ne tienne, c'est une licence autofictionnelle. Pour défendre son ami dans la panade et à qui BHL ne veut pas qu'on réserve le sort de Brasillach car c'est lui qui l'a fait, Ruquier donnera une leçon de journaliste au rubricard de la PQR et des "chiens écrasés" de "La Nouvelle République du Centre" (le Centre, qu'Est-ce que c'est?): il n'aurait pas dû prendre la parole du père de Moix pour argent comptant. Pas faux. Mais ledit José Moix avance deux faits. "Si j'avais été un père aussi horrible que mon fils le raconte depuis quelques années pour lancer sa carrière, je ne lui aurais pas payé des études jusqu'à trente ans." Cela ne prouve rien. Ruquier ne vérifie pas. "Et Yann ne m'aurait pas demandé de venir lui faire des travaux dans son appartement parisien il y a cinq ans avant, du jour au lendemain, de refuser de me parler." Cela prouve quelque chose et Ruquier ne vérifie pas.Il ne demande pas à Yann Moix si la chose est exacte. Pourtant si elle est avérée, elle est révélatrice.

Yann Moix nous a expliqué dans un livre précédent combien les djihadistes étaient des nihilistes, des ratés et des impuissants. Le négationniste de 20 ans qu'il était et dont il a faitun procès sans appel dans "On n'est pas couché" n'avait rien à leur envier. Pour que sa leçon porte, il aurait dû en parler à l'époque dans son livre et nous présenter ce contre-exemple.

Moix n'écrit pas sans talent. "Orléans" est le deuxième livre censé être "La recherche" de l'enfant battu de ce Marcel Proust en herbe et qui prenait pour modèle le poursuivant de la mémoire involontaire, même si le chemin de Moixcomme écrivain se voulait entièrement chronologique au contraire de celui de Proust, bâti sur les réminiscences. Si Moix n'a pas été battu, il a beaucoup d'imagination dans une époque qui n'en a plus du tout. Quoi qu'il en soit, la valeur du roman de Moix est démonétisée par rapport à celle du roman mondain à clefs de Proust, car les personnages du roman sont sortis du bois et en ont appelé à la justice, sous l'égide d'Emanuel Pierrat, grand avocat littéraire qui joue ici le rôle d'Ernest Pinard poursuivant "Madame Bovary". (Le victimisme est un bovarysme.) Christine Angot n'est pas Marguerite Duras. Mais que se serait-il passé si Pierre Angot, l'incestueux présumé, ou bien son fils Philippe éclaboussé par l'écrivain, avait ainsi crié au loup? Le genre autofictionnel aurait rempli les colonnes d'un "Paris match" d'un nouveau genre qui reste encore à inventer et dans lequel les happy few auraient étalé leurs blessures d'enfance, tellement plus scabreuses et irrémissibles que nos bobos si banals d'anonymes en mal de reconnaissance.

mardi 13 août 2019

Patrick Buisson ou la versatilité des profondeurs

Commentaire à un billet de Philippe Bilger sur l’union des droites : https://www.philippebilger.com/blog/2019/08/union-des-id%C3%A9es-ou-d%C3%A9sunion-des-personnes-.html

"Cette désunion des personnes révèle cruellement là où le bât blesse : on discute des publics à atteindre, des citoyens à convaincre, libéraux, couches populaires, conservateurs..."

Cher Philippe, J'allais commencer par vous dire que l'union des idées était impossible, tant "les droites" sont multiples par essence dans l'"union" envisagée. Mais les quelques principes que vous mettez en exergue cèdent à ma critique et présentent moins un programme politique qu'une esthétique de la droite, son manuel de savoir-vivre et de civilité à la tête de l'Etat.

Quant à Patrick Buisson qui catalyse cette recherche des publics en l'appuyant sur une recherche des idées qui pourraient à la fois plaire à ces publics, et tout de même reconstruire une nation digne de ce nom et fidèle à ce qui la cimente, c'est un sondeur. Il saute dans les profondeurs entre les concepts qu'il passe en revue comme des obstacles au rythme de la versatilité de l'opinion qui doit se saisir de la communauté d'intérêts entre les "classes inférieures" et la petite bourgeoisie pourréaffirmer une communauté de destin sur la foi de valeurs désertées par la bourgeoisie et chouannement gardées comme leur bien élémentaire, un peu comme le chapelet serait la prière des pauvres, contre la bourgeoisie émigrée, par la plèbe, cette éternelle abandonnée, proie de l'immigration grand-remplaciste et de l'émigration bourgeoise.

Nicolas Sarkozy avait su s'entourer d'hommes intelligents et Patrick Buisson n'était pas le moindre. Entre Henri Guaino et lui, le président à talonnettes était bien encadré. Guaino lui est resté fidèle, lui dont Sarkozy refusait qu'on l'exfiltre de son conseil. Il voulait le garder parce qu'il était "fêlé". Buisson, plein de ressentiment, devait le traiter de "golden boy de la politique".

Mais "le mauvais génie"(?) de la droite avait une boulimie d'activités. Lots de consolation, diriger la chaîne "Histoire" et bâtir des films documentaires ne suffisait pas à le tirer de peine. Les documentaires de Buisson sont à l'image de ses analyses, équilibrés. Ils sont d'une grande exhaustivité historique, exposent tous les faits sans occulter ceux qui desservent la cause embrassée par le documentariste, ce qui nous change et nous sort du journalisme ordinaire, et feignent de n'être pas de parti pris, mais dissimulent leur point de vue comme le levain dans la pâte documentaire.

Cependant l'activisme du documentariste devait lui faire retrouver le cambouis du marigot politique pour y remettre les mains et rechercher dans ces bas-fonds providentiels une nouvelle personnalité sur qui jeter son dévolu et que coacher. C'est ici que les ennuis recommencent pour Patrick Buisson.

Quelle mouche l'a piqué de prendre Wauquiez au sérieux et de s'imaginer que quiconque pourrait durablement croire aux balivernes de ce faux jeton, qu'on prendrait aisément pour un premier de la classe aussi falot que faillot, qui ne serait pas dénué d'intelligence, mais aurait bâti sa réussite en subtilisant les notes de colle des vrais bons élèves tout en les dénonçant quand un mauvais coup ayant été commis, le professeur chercherait un responsable qui se dénonce, sinon il punirait toute la classe...? Première erreur de casting que le choix de Wauquiez par Buisson,l'âme en peine, cherchant à se recycler et voulant trouver de la peine à se donner pour un homme à modeler.

Si ce n'est pas Buisson qui a conseillé à Wauquiez de choisir Bellamy comme tête de liste de la droite aux européennes, ce choix ressemble tellement à un conseil de Buisson qu'on croirait le lui entendre souffler en trompe-l'oeil. Mais bellamy n'est pas à la hauteur des espérances placées en lui par son improbable mentor dont il entraîne la chute pardémission. Comme il a fait se rétamer son camp, Buisson, dont Bellamy incarnait pourtant la ligne, libérale, sociale et conservatrice, renie la ligne et le choix de Wauquiez.

Il revient à ses premières amoures et s'isole dans le bastion lepéniste jamais en mal d'une querelle d'Atrides, hier entre le père et la fille, aujourd'hui entre la nièce émergente et la vieille tante indigne qui ne veut pas se retirer du jeu bien qu'elle ait largement démontré son seuil d'incompétence dans le débat d'entre-deux-tours de l'élection majeure dont elle était l'out-sider. Son instinct ne trompant pas ce limier de Buisson, il choisit d'abord la nièce et sa jeune beauté, d'autant qu'elle aussi incarne sa ligne. Puis il la renie, explique "Le Figaro", elle et lui jouant à contre-emploi.

Dans "La cause du peuple", Buisson expliquait que la reconquête du pouvoir serait l'afaire de cinquante ans. Il reproche à la nièce d'avoir la vue longue et de ne pas avoir une stratégie pour 2022, mais de réunir des personnalités pour plus tard dans un remake de "La droite hors les murs" imaginée, avant Robert Ménard, par "le club de l'horloge".

Il dîne avec la tante et la félicite d'ambitionner de réunir sous sa férule identitaire les blessés de la gauche et les imprécateurs des soupes populaires accusant les étrangers de leur voler leur pain. Il applaudit sa nouvelle jument de retour de théoriser le front des populismes. Il y vient trop tard. Ce front n'était pas sa ligne, mais il était dans sa ligne de mire, puisque cet ancien conseiller de l'ombre de Sarkozy avait approché Mélenchon et que "La cause du peuple" ne cesse de parler le marxien au service du conservatisme que l'auteur appelle "le populisme chrétien", qui serait maintenant, à l'en croire, un simple avatar de la doctrine sociale de l'Eglise.

lundi 5 août 2019

Quelques pourquois économiques

Pourquoi ceux qui investissent dans la pierre préfèrent-ils laisser leurs logements vides que prendre le risque d’avoir des locataires qui leur laissent des impayés ? Pourquoi les écologistes continuent-ils de préférer construire des logements sociaux qu’appliquer la loi de réquisition des logements vides ?

Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il excepté l’investissement sur la pierre de l’abrogation de l’ISF ? Pourquoi ne lui fait-on pas grief de décourager l’investissement patrimonial, comme on a reproché à Roger Quillot qui peut-être en est mort, d’avoirtué l’immobilier en étant soi-disant trop favorable aux locataires ? Pourquoi le président de la République a-t-il donné par là le signe que la politique de la France se fait à la corbeille ?

Pourquoi faut-il reconnaître l’économie de marché au point d’approuver les marchés non seulement dans leur court termisme, mais aussi dans leur manière deprovoquer des crises économiques à chaque fois qu’ils s’affolent et sont pris de psychose collective ? Pourquoi l’actualité fait-diversifie-t-elle pour faire de la psychose une catégorie du politique au détriment de l’analyse qui n’aime pas les chiens écrasés ? Pourquoi la démocratie est-elle « le gouvernement du présent », selon l’heureuse formule de Charles Maurras ?

Pourquoi le capitalisme assume-t-il d’être la nationalisation des pertes et la privatisation des profits ?

Pourquoi la loi de l'offre et de la demande privilégie-t-elle l'offre au point de créer des besoins artificiels et ignore-t-elle la demande de continuer à produire un bien que l'offre veut remplacer ou a transformé en le mettant à jour? Pourquoi feint-on de croire par fidélité à Borjès et à sa "bibliothèqe de Babel" qu'Internet est une bibliothèque universelle et éternelle alors qu'il est soumis à un bug, une panne comme au bon vouloir de ceux qui l'administrent?

Pourquoi la République qui est la chose du peuple doit-elle être présidée et gouvernée par des corps intermédiaires qu'on appelle des "partenaires sociaux"? Pourquoi ne peut-on trouver nulle part une version écrite du "pacte républicain" et pourquoi le contrat social doit-il être non écrit selon Rousseau, alors que "l'expression de la volonté générale" ne fait aucun cas des lois non écrites défendues par Antigone et illustrées par toute l'œuvre de Sophocle?

Pourquoi existe-t-il une bureaucratie libérale dont la Commission européenne est l’emblème, et le libéralisme ne pourrait-il pas mourir de sa bureaucratie ? Si oui, pourquoi la mort du libéralisme ne pourrait-elle pas entraîner la mort du capitalisme ?

Pourquoi Jésus est-Il libéral, comme l’a montré Charles Gave, alors que le libéralisme est la politique du renard dans le poulailler, qui remise la charité au terrier du plan personnel, très loin du politique, mais prétend que les missions régaliennes de l’Etat sont d’assurer la sécurité de la propriété privée ?

Pourquoi le christianisme, qui se prétend la civilisation de la personne, n’assume-t-il pas le préjugé libéral de la libre disposition du corps, qui n’est que la conséquence de la liberté d’adhésion que le Créateur a accordée à la créature et dont Il a fait en quelque sorte une des, sinon la condition du salut ?

Pourquoi la liberté laissée à la créature humaine ne s’étend-elle pas au corps politique, la démocratie ne consistant pas à « mettre la vérité au voix », mais à mesurer le positionnement du corps politique (l’homme est un être positionnel) et son degré d'adhésion, à la fois vis-à-vis de ses conditions actuelles et éventuellement vis-à-vis de la Volonté de Dieu s’il existe et s’il est une Révélation qui permette de la connaître?

jeudi 27 juin 2019

Steve Bannon contre le pape

Ce n'est pas mon affaire d'être, comme steve Bannon, en guerre contre le pape François, à supposer qu'il le soit, comme le résume ou le caricature Frédéric Martel dans cet articl.

Ce n'est pas davantage mon propos de soutenir l'aile conservatrice des cardinaux opposants à François dont je ne connais la plupart que par ouï-dire et dont seule se détache pour moi la figure du cardinal Sarah, que j'avais book-maké, au jeu des papabile, parce que je connaissais sa farouche piété, pour être un des successeurs possibles de BenoîtXVI à l'époque où les traditionalistes, qui font aujourd’hui leurs choux gras de toutes ses interventions, en avaient à peinne entendu parler.

Mais force est de reconnaître que je me retrouve dans beaucoup des critiques que Steve Bannon adresse au pape François.

-Non pas dêtre influencépar la théologie de la libération: je connais trop peu l'Amériqe latine pour savoir qu'en penser, même si un prêtre belge qui l'avait étudiée dans sa thèse de doctorat m'en disait le plus grand bien et que la distance que prenait le Vatican d'alors avec cette théologie n'était due qu'à la sénescence des cardinaux qui manquaient selon lui de connaissance du terrain.

-Est-il vrai que François était guévariste dans l'âme et que le péronisme guévariste était une déclinaison argentine de la théologie de la libération ?

-Pourquoi ce pape, qui n'a jamais caché professer une "théologie du peuple", au point d'avoir envisagé, dans sa première interview à la "Civlita catholica", de transférer l’infaillibilité pontificale au peuple de Dieu, se montre-t-il si anti-populiste en pratique, ou à tout le moins si indiférent aux attendus de ces « classes populaires chrétiennes », dont il n’a certes pas à épouser la xénophobie, mais dont il devrait comprendre que l’identitarisme exacerbé est l’expression déboussolée d’un déclassement ? L’élection de Trump résulte d’une telle incompréhension.

- Pourquoi le pape continue-t-il à polariser l’Église sur la morale sexuelle des hommes sans se montrer capable de faire plus contre les abus sexuels dans l’Église que des discours tantôt tonitruants tantôt déresponsabilisants dans des sommets dédiés, ou de nommer des commissions ad hoc, qui diligentent de vastes « opérations pleurniche » où Steve Bannonnote avec raison qu’il n’est jamais vraiment question de « tolérance zéro » ? Ce discours schizophrénique ne peut que « blesser l’Église » et ce « mea culpa » sur des faits prescrits, qui traite légèrmement les affaires en cours, ne peut être qu’un pétard mouillé.

- Pourquoi le pape a-t-il fait le choix de rallier le camp de Davos, de l’establishment mondialisé et des réchauffistes climatistes en s’engageant à fond pour une écologie qui n’est qu’urbaine sous prétexte d’être intégrale, alors que l’écologie est un dévoiement du culte de Dieu, d’abord partagé avec l’homme par un retour d’humanisme bienvenu porté par Vatican II, aujourd’hui transféré à la planète, l’écologie intégrale voulant, comme l’antinatalisme chinois, se débarasser de l’homme pour sauver laplanète et tourner les yeux de l’homme vers la terre au lieu d’y camper ses pieds en inclinant ses regards vers le ciel ? L’écologie est une idolâtrie manifeste soutenue par la théologie.

- Pourquoi, géopolitiquement, le pape n’est-il pas capable de défendre prioritairement les chrétiens d’Orient, ne portant pas même une focale sur ces communautés en fuite, et préfère-t-il insister sur « toutes les victimes » des guerres du Moyen-Orient ?

- Comment peut-il ne pas davantage s’insurger contre la politique de Maduro au Venezuela ou faire les yeux de Chimène à Cuba ou à la Chine, assimilantde fait les catholiques chinois à feu « l’Église patriotique » alors que c’est pour avoir refusé ce compromis afin de rester fidèles à Rome qu’ils furent martyrs de cette dictature ?