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vendredi 26 avril 2019

Corps et âme, chair et esprit

Contribution à un dialogue sur le salut de l’âme et la résurrection de la chair sur le forum cahtolique.

-Je me disais en parcourant ce fil que les réflexions sur l'immortalité de l'âme sont dépendantes du rattachement du christianisme à la philosophie antique qui postulait cette immortalité. Rudolf steiner, qui n'est pas une référence chrétienne, y ajoutait le "principe d'innatalité" directement hérité (consciemment ou non chez Steiner) de l'idée d'Origènes selon laquelle Dieu avait voulu et vu chaque âme à l'instant de la Création, ce qui expliquerait que l'homme ne se souvient pas d'être né et de l'instant de sa naissance, et a davantage, par conséquent, la notion de l'éternité qu'il n'a la notion du temps, bien qu'il ne soit pas éternel et que l'âme soit sortie de l'éternité pour être temporelle, même vue et voulue à l'instant de la création, qui est une sortie de l'éternité. L'homme sait-il qu'il va mourir? L'observation de la mort et la philosophie le lui apprennent. Mais l'homme ne se souvient pas d'avoir commencé, il ne se croit pas incohatif. L'homme ne se souvient pas d'être né, c'est pourquoi il lui est si difficile de penser comment il pourrait renaître. (Cf. l'entretien avec Nicodème).

-La traduction latine du mystère de la Passion du christ ne parle-t-elle pas du don de l'âme du christ pour signifier le don de Sa vie? Il me semble que c'est le mot "anima" qui traduit le verset où Jésus dit: "Ma Vie, nul ne la prend, mais c'est Moi Qui la donne." (Traduction issue du cantique: "La nuit qu'Il fut livré".) Jésus ajoute dans l'Evangile de Jean qu'Il a le pouvoir de donner Sa Vie "et le pouvoir de la reprendre ensuite". Que signifie ce pouvoir de reprise? Je ne doute pas que la tradition spirituelle le perçoive comme le pouvoir de ressusciter (or Jésus est ressuscité par Son Père), mais la formulation semble indiquer que telle est la souveraineté du Fils que le don de Sa vie est théoriquement révocable, même s'il ne sera jamais révoqué.

-Vous avez raison de souligner que l'anthropologie chrétienne est ternaire: Corps-âme-esprit. Auprès de l'abbé Laurentin, j'avais risqué une analogie trinitaire où l'âme aurait représenté le Père, le corps le Verbe et l'Esprit l'esprit. L'abbé Laurentin récusa mon analogie, moins pour la manière dont je la conduisais terme à terme que parce que, selon lui, on ne pouvait pas faire d'analogie du Dieu un en trois à partir du "moi",la véritable analogie trinitaire étant sortie de soi, et donc relationnelle ou familiale: le père, la mère et l'enfant. Cela m'a paru (et me paraît encore) un peu étroit, sauf le respect que je dois à la mémoire de ce grand spirituel.

-Selon le Lévitique, "l'âme de la chair, c'est le sang", ce quivalide complètement l'analyse que vous faites des espèces eucharistiques.

-L'anthropologie chrétienne est ternaire, mais il me semble que sa véritable originalité est d'avoir inventé le concept de "chair" et d'avoir isolé la dualité de la chair et de l'esprit de la dualité de l'âme et du corps. Mieux, elle a placé la dyade chair-esprit à l'intérieur de la dyade corps-âme. On peut ajouter à cela l'étrange coïncidence linguistique qui fait que la chair en Hébreu se dit "bazar". La chair, c'est le bazar, ce sont toutes les passions du corps et de l'âme, telles que Saint Paul, mais aussi Jésus, les énumèrent dans deux listes de passions déréglées, dont les références m'échappent à l'instant, mais la nomenclature de Saint Paul se trouve dans l'épître aux Galates. En sorte qu'une hypothèse sur la rédemption est qu'elle ramène ces passions de la chair à l'unité de la vie divine. C'est ce qui me pousse à croire que l'énoncé en Français des paroles du centurion: "Dis seulement une parole et je ("mon serviteur" dans le contexte, ou encore mon âme si l'on traduit mot à mot d'après le latin) serai guéri" donne une bonne image de la Rédemption. Je me suis souvent demandé pourquoi les Evangiles accordaient tant d'importance aux guérisons miraculeuses, qui, si elles sont prodigieuses, ne sont que des manières de remettre à plus tard la maladie et la mort qui devront venir, comme dans la "réanimation" de Lazare. La Rédemption est guérison. Je crois qu'elle doit nous amener à mourir guéris pour être en état de ressusciter et qu'il y a une quasi synonymie entre ressusciter dans sa chair reliée à l'âme et guérir.

-Au sein de la dyade chair-esprit, l'esprit est vie comme l'âme est vie au sein de la dyade corps-âme. Le corps est mortel comme la chair mène à la mort. Quand Jésus s'incarne, Il se fait chair et donc passions de la chair, afin de mener celles-ci vers la résurrection à travers sa mort. Jésus est donc Passion(s) dès son Incarnaition. Une étrange confusion fait que le langage de la psychologie parle d'âme (la psyché) alors qu'elle étudie l'esprit. Pourquoi le choix de ce terme grec pour traduire la réalité de l'âme? Il est beaucoup plus fort que le terme "anima", qui est un principe d'animation. Il semble suggérer que l'âme est le miroir de Dieu. L'esprit qu'étudie la psychologie a quelque chose de cognitif et de mécanique. Il résout par la pensée l'énigme dans laquelle l'âme se voit dans le miroir avant de "connaître comme elle est connue". (Saint Paul). Mais si l'on fait sortir l'esprit du langage psychologique pour le ramener dans lelangage anthropologique, il est possible qu'il soit une sorte de principe de neutralité, par lequel l'homme ne se voit pas en Dieu comme il en va de l'âme, mais voit la vie en Dieu, pour ainsi dire objectivement, en s'extrayant du conflit des torts et des raisons qui viennent des passions de la chair, des points d'accord et des points aveugles, mais par une sorte de raison pure inaccessible à l'homme. L'âme voit Dieu comme un "je" et l'esprit voit la vie comme un "on".

-Reste un mystère à éclaircir. Certains ont dit ici que les corps des damnés ressusciteront pour une "résurrection de jugement" ou de "damnation". Que penser de l'hypothèse selon laquelle l'enfer serait la seconde mort et la disparition dans le néant d'une créature de dieu qui a refusé sa Grâce et ses lois de la vie? Qu'Est-ce que la damnation?

L’ensemble du dialogue est consultable depuis ce message :

https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=866308

Où en est le catholicisme?

Analyse du débat organisé par Frédéric Taddeï et réunissant Guillaume Cuchet, Yann Raison Ducleusiou, Paul Piccarreta et Véronique Margron et qu’on peut visionner ici :

https://www.youtube.com/watch?v=Pjk-wt1uRfs

L'émission de Frédéric Taddeï ne mettait pas aux prises trois chrétiens de gauche contre un seul catholique de droite, mais bien plutôt trois catholiques conservateurs et Véronique Margron. À cela près qu'il y a des nuances dans le conservatisme de Guillaume Cuchet, qui sait se garder à bonne distance de son objet d'étude, quitte à passer, en bon chercheur, pour un peu froid et cynique , de Yann Raison Ducleuziou qui dissimule mal son admiration pour les catholiques contre-révolutionnaires qu'il observe sans qu'on puisse savoir s'il est des leurs, et de Paul Piccarreta qui, en tant que directeur de la revue "Limite", passe son conservatisme au prisme de l'écologie intégrale.

On pourrait affiner le clivage entre les protagonistes de l'émission, non en reconstituant sempiternellement le clivage droite-gauche, mais en séparant les "évangélistes", Véronique Margron et Paul Piccareta, des "religieux", Guillaume Cuchet et Yann Raison Ducleuziou. Les premiers essaient de "vivre ce qu'ils célèbrent" (Véronique Margron) ou de "vivre les Actes des apôtres" (Paul Piccarreta). Ils pensent que l'Évangile est la raison d'être du catholicisme et qu'il faut être beaucoup moins fasciné par l'histoire du catholicisme qu'imprégné par les richesses insondables que nous donnent la Parole de Dieu (Paul Piccareta).Les seconds interrogent la valeur sociale du catholicisme,considéré aussi bien à titre culturel comme un facteur identitaire, que comme une doctrine et une prédication pouvant donner une colonne vertébrale à l'existence humaine.

Je me permets une incise à ce stade de l'analyse, sous la foorme de la question que m'a toujours posée le refus par les évangélistes du rôle du religieux, au profit de la nécessité d'"accepter Jésus-Christ comme seigneur et Sauveur personnel", c'est-à-dire d'avoir foi en lui. Un catholique ne renierait pas la nécessité d'avoir la foi, mais ajouterait que cette foi s'incarne dans l'Église et que la religion a pour fonction de structurer doctrinalement en même temps qu'elle nous relie, à la fois à l'Église des vivants et des morts, cultuellement à Dieu, et culturellement aux hommes, à commencer par ceux qui partagent nos croyances, permettant un brassage social, bien loin de la lutte des classes. Il y a donc un clivage entre les religieux et les antireligieux parmi les intervenants de cette émission.

Ce clivage se complique quand il s'agit d'aborder la question culturelle. Pour Paul Piccarreta se plaçant dans le sillage de Jean-Piere Denis, il est bon que le catholicisme se vive comme une contre-culture. Le cardinal Lustiger pensait déjà qu'il fallait qu'il se constitue en contre-société. Véronique Margron n'envisage pas ainsi sa vie religieuse, même si elle reconnaît vivre"un peu différemment" du reste de la société. Yann Raison Ducleuziou note que le catholicisme décline en termes de construction personnelle, mais se renforce en termes de construction collective. Il en prend à témoin la stupeur nationale qui a suivi l'incendie de Notre-Dame. Véronique Margron lui emboîte le pas en disant que le catholicisme est un des derniers remparts contre la société marchande, pour laquelle tout s'achète et tout se vend. Une vie catholique exprime qu'il y a plus que soi-même (définition que l'on donnait jadis au patriotisme et qui sert de base à toute espèce de militantisme), un certain goût du bien commun et la nécessité de vivre avec les autres.

Pourquoi le catholicisme décline-t-il en termes de construction personnelle? Dans "Comment notre monde a cessé d'être chrétien", Guillaume Cuchet a émis une hypothèse. Dès lors que la pratique devient optionnelle, l'appartenance au catholicisme n'est bientôt plus qu'un souvenir. Et la pratique devient optionnelle si l'on ne prêche plus sur les fins dernières. Il ne suffit pas de donner un "sens à la vie" comme le souhaite Véronique Margron. S'il n'y a plus rien à craindre, il n'y a plus rien à espérer. D'où ces deux questions qui me taraudent depuis longtemps presque à l'intime: comment font les prêtres pour donner leur vie en pensant qu'il n'y a rien à craindre au point qu'on ne peut qu'espérer? Et comment ne désespèrent-ils pas de la donner, voyant que les hommes sont nécessairement déviants, ne sauraient pratiquer intégralement les commandements ni la Volonté de Dieu, sont pécheurs et peu réformables?

mardi 23 avril 2019

La détestation de Sarkozy et l'amour de Macron

Commentaire au billet de Philippe Bilger intitulé « Emmanuel Macron cherche l’amour ! » et disponible ici :

https://www.philippebilger.com/blog/2019/04/emmanuel-macron-cherche-lamour-.html

Emmanuel Macron ou l'amour vache! Il cherche à être aimé en se rendant impopulaire, ou en déclarant le soir de son élection qu'il servira les Français avec amour tout en faisant la politique du citoyen-machine et en perpétuant les représentations de l'ancien monde sous prétexte d'un renouvellement de génération issue de la même classe sociale d'héritiers favorisés et de bourgeois au pouvoir.

"On pouvait détester Nicolas Sarkozy, mais son être n'empêchait pas d'appréhender sa politique." De quel droit pouvait-on détester Nicolas Sarkozy? Pourquoi tant de personnalités se sont-elles livrées sans vergogne à cette même détestation qu'elles reprochent aujourd'hui aux Gilets jaunes à l'encontre d'Emmanuel Macron? Peut-être parce que Nicolas Sarkozy incarnait dans sa personnalité cette vérité de la démocratie qu'elle est le clivage. Nicolas Sarkozy était clivant parce que si la République est indivisible, la démocratie, c'est le clivage. N'étant plus président, Sarko l'Amerlo a donné à son parti le nom de "Républicain(s)", mais il était le dernier visage d'une certaine pratique, certes beaucoup trop personnelle, du pouvoir démocratique. Première hypothèse.

La droite pouvait secondement détester Nicolas Sarkozy parce que la singularité du personnage et ses traits de personnalité obligeait cette "famille politique", la seule du spectre partisan français à se désigner de la sorte, à opter pour l'individualisme réactionnel, alors que la droite se posait comme garante et conservatrice du minimum, si j'ose dire syndical ou vital, du bien commun cimentant une société ou une nation. La victoire de Nicolas Sarkozy signifiait la légitimation d'une ambition s'étant intériorisée, ou ayant rencontré une certaine intériorité au ministère des cultes. On entrait avecc ce personnage dans une égocratie républicaine, ou dans une dérive égotique justement dénoncée en son temps par François Bayrou. Les deux présidents suivants, successeurs de Nicolas Sarkozy n'ont fait qu'accentuer cette dérive, fût-ce en se déclarant "normal" pour le premier jusqu'à être insaisissable au "moi fuyant comme le fut François Hollande. Paradoxalement, cette normalité s'accompagna d'un néoconservatisme et d'un atlantisme tout molletistes et socialistes, doublés d'un rigorisme autoritariste contre les gens inoffensifs ou les Français moyens se disant eux-mêmes "bien élevés", les manifestants pour tous, ces prédécesseurs des Gilets jaunes, tandis que la petite délinquance, prédécesseur fonctionnel des casseurs politisés qui escortent aujourd'hui les Gilets jaunes, était libérée de prison et ne devait plus, malgré Charlie, le Bataclan et d'autres attentats islamistes venant souvent au bout d'un parcours de petite délinquance, purger sa peine à l'ère de la "contrainte pénale" de Christiane Taubira, stratégie aujourd'hhui prolongée par Nicole Belloubet ou par l'impunité des blac blocks, ces derniers casseurs qu'on n'a pas le droit d'interdire de manifester, dixit le Conseil constitutionnel présidé par Laurent Fabius.

La droite s'était autorisée à détester Nicolas Sarkozy qui fit entrer le pouvoir présidentiel dans l'ère du narcissisme. Or sa personnalité présentait des traits passionnants alors que celle d'Emmanuel Macron est simplement passionnelle, avec tout le cortège de séduction qui s'y attache et brouille les pistes, réduisant l'interprétation de ce quinquennat à dépister le président au lieu de dépister sa politique.

"Un chef d'État digne de ce nom ne devrait pas chercher à être aimé", décrète Michel Schneider. Ceci me semble un truisme psychanalytique. J'ai gardé de mon enfance, un peu enfouie en moi, l'idée que l'amour doit rester une catégorie du politique, ne serait-ce que pour entretenir le minimum d'utopie dont notre idéalisme a besoin. Il me semble que ce qu'on désigne aujourd'hui inélégamment comme le "vivre-ensemble" (autant parler de convivence !) qui doit nous faire "faire nation" (sic) ne saurait s'instaurer sans que les politiques nous fassent aimer leur politique et nous fasse aussi un peu nous aimer les uns les autres. Ségolène Royal l'avait compris et exprimé en propres termes, ce qui la fit moquer et traiter de Jeanne d'Arc, mais me fait persister à penser que cette "mère" de famille qui entendait ériger sa maternité en trait de pouvoir ou en argument électoral, quitte à devenir la chef de l'État nounou, aurait été plus "climatiquement correcte" que Nicolas Sarkozy et ses successeurs, tour à tour insaisissable et passionnel, mais toujours égotiques. À eux trois, ces présidents marquent le triomphe de l'individualisme dans cet art du bien commun que demeure la politique.

mercredi 10 avril 2019

Lettre à Véronique Lévy

Chère Véronique Lévy,

Je réagis à votre prestation dans l’émission de Bernard Antony en notant ce qui m’a marqué dans le verbatim de cette émission et en le commentant au besoin, sans préjuger si mes commentaires ont de l’intérêt ou non, mais en voulant réagir à vos propos, car je crois avoir rendez-vous avec vos livres.

(NDLR: l'émission est référencée ici et peut être écoutée moyennant un envoi de 5 euros par an à "Radio Courtoisie", la station émettrice)

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=2323601821221437&id=1746106215637670&p=3&av=100001042556388&eav=AfZ6JAwkz2yPCbQNs8DEBpprPX6jcZlMDTvmDkpbuOErbHfUOgh-tp0xhR-iSDUS08E&refid=52&_ft_=mf_story_key.2323601821221437%3Atop_level_post_id.2323601821221437%3Atl_objid.2323601821221437%3Acontent_owner_id_new.1746106215637670%3Athrowback_story_fbid.2323601821221437%3Apage_id.1746106215637670%3Astory_location.4%3Astory_attachment_style.share%3Apage_insights.%7B%221746106215637670%22%3A%7B%22role%22%3A1%2C%22page_id%22%3A1746106215637670%2C%22post_context%22%3A%7B%22story_fbid%22%3A2323601821221437%2C%22publish_time%22%3A1554090967%2C%22story_name%22%3A%22EntStatusCreationStory%22%2C%22object_fbtype%22%3A266%7D%2C%22actor_id%22%3A1746106215637670%2C%22psn%22%3A%22EntStatusCreationStory%22%2C%22sl%22%3A4%2C%22dm%22%3A%7B%22isShare%22%3A1%2C%22originalPostOwnerID%22%3A0%7D%2C%22targets%22%3A%5B%7B%22page_id%22%3A1746106215637670%2C%22actor_id%22%3A1746106215637670%2C%22role%22%3A1%2C%22post_id%22%3A2323601821221437%2C%22share_id%22%3A0%7D%5D%7D%7D%3Athid.1746106215637670

-« Si Dieu est vivant et non pas mort, la Trinité est la vie intime de Dieu. »

« Il est préférable de parler de Verbe que de Fils, car le fils est un anthropomorphisme. De plus, les musulmans comprennent mieux le langage du Verbe.
- En effet, réagit Cécile Montmirail,lorsqu’en faisant de la catéchèse à des petits musulmans, je leur parlais de fils de dieu, ils avaient l’impression que Dieu pour avoir un fils avait dû forniquer, ce qui représentait une abomination à leurs yeux.

- Le Fils renvoie au mystère de la génération, alors que, dans la Trinité, il est Fils par engendrement éternel. »

Tarek Oubrou avait promis d’écrire un livre sur la Trinité dans l’islam. Je ne sais pas où il en est ni s’il a tenu parole. Mais, sur celle d’une infirmière qui me soignait à Lariboisière, j’ai entendu la plus belle définition de l’engendrement du Verbe-Fils par le Père dans l’éternité. C’est le Coran qui la donne en disant : « Soi et Jésus fut. » Jésus et non pas la lumière comme dans la genèse.

- « L’Esprit est l’inspire et l’expire de Dieu par lequel tantôt Il envoie son verbe créer et dans le monde, tantôt son verbe qui est de Lui revient vers Lui, et ce mouvement d’inspire et d’expire, de va-et-vient qui est amour est l’Esprit. » Cette approche me paraît beaucoup plus parlante que l’idée traditionnelle selon laquelle l’Esprit est l’Amour du Père et du Fils. Car l’Esprit permet de laisser s’exprimer cet amour en dehors de lui-même, au point de « planer sur les eaux » pour créer le monde (la Création est l’âme du monde et le monde est la chair de la Création. La Création est le fruit d’un Dieu qui est esprit.)


- Vous pensez que l’Incarnation est le plus grand mystère du christianisme. "Il est encore plus difficile d’en parler que de la Trinité." En effet, en quoi l’Incarnation ne serait-elle pas une théophanie comme les autres ?

- Le seul homme que j’aie entendu récemment oser exprimer cette évidence théologique qui tient de l’enfance et qui préserve la beauté du Mystère de Noël alors que nous ne cessons de dire que Pâques est le point culminant du christianisme est Henry de Lesquen. Ne prêtons attention qu’aux éclairs d’intelligence donnés aux hommes par l’Esprit sans faire cas de la réputation de tel ou tel. Vous avez un autre point de convergence avec lui. Vous dites en effet : « Je fais une différence entre le peuple de la première Alliance et la synagogue. » Henry de Lesquen précise qu’après l’ascention du Christ et la Pentecôte, le judaïsme s’est scindé en deux branches : le judaïsme des pharisiens qui ont composé le Talmud et le judaïsme apostolique des chrétiens, qui rendent témoignage au Christ.

- « Peuple élu ne voulait pas dire peuple privilégié, mais témoin, pour se dessaisir de ce témoignage et l’offrir au monde entier. C’est ce que fait Jésus sur la Croix et c’est ce que fait l’Église. » La Shoah dont vous parlait votre frère, le célèbre BHL, ne saurait comme vous le dites « constituer une identité religieuse « . Si elle est « scandale pour les juifs » et pour tout homme comme tout génocide et aussi à un titre spécifique, elle configure le peuple juif en dépit qu’il en ait à « Jésus-Christ-Israël » (selon l’intuition du cardinal Lustiger dans « LA PROMESSE ») et est « le Golgotha du monde ». Le peuple juif et l’Église ont vocation au martyre, c’est-à-dire au témoignage, il y a de leur faute en ce qu’ils ont mésinterprété la Parole de Dieu en injonctions génocidaires, des Amalescites pour les juifs et, en contexte chrétien, à travers l’expulsion des juifs d’Espagne ou le fait que le plus grand lieu de pèlerinage du Moyen-Age, dans l’Europe chrétienne, ait été placé sous l’égide de Santiago de compostella, de saint Jacques le matamore, celui qui matait les Maures ou les mettait à mort. Encore faut-il ajouter à cette vocation au martyre que l’Église et le judaïsme ont également vocation au dialogue. L’Église a vocation au dialogue externe, au dialogue interreligieux, au dialogue qui précède le martyre en cas de persécution, qui ne combat pas par l’épée et ne passe pas par les armes, mais ne se rend pas aux armes par lesquelles sont passés les martyrs sans avoir défendu la foi, en des termes qui lui et qui leur seront inspirés par le Défenseur en Personne, l’Esprit-Saint, le Paraclet, défenseur et consolateur. Quant au judaïsme, il a vocation au dialogue interne, à la manducation de ses textes de référence pour les lire aux éclats et faire cadeau de son exégèse à ses amis dont «l’olivier franc ». Dans cette manducation interne, je ne comprend pas que la lecture rabbinique privilégie à ce point la Thora au détriment des prophètes.

- Vous faites bien de parler de « récréation par le oui de Marie », au triple sens où la Création est un mystère féminin, mais aussi récréatif, et où Marie recréée par son retour à l’adhésion originelle, à l’amour primordial de la vie « qui était lumière des hommes », et qu’elle choisit en aimant la vie qu’elle va donner au Verbe éternel. Nous ne sommes pas tous égaux devant l’amour de la vie. Marie parce que notre mère rouvre la voie vers cette égalité.

À titre récréatif, je note qu’au moment de l’émission où vous parliez de Marie, cette « figure qui rassemble » comme le dit un de mes amis prêtres, vous disiez : « Nous reviendrons à là (sic), d’où nous n’aurions jamais dû partir. » À là, Allah. Allah est le nom sous lequel les musulmans (dont vous faites bien de rappeler qu’ils pratiquent une sorte de théologie apophatique) et les chrétiens d’Orient désignent communément Dieu. Comme si, par un jeu d’homophonies, Allah était un Nom de présence, voire de Chekina.


- « Dieu est l’être qui se dit par le Verbe. » Car si l’être ne se disait pas, il resterait une abstraction. Jésus a dit à Josépha Ménindez : « J’ai soif des âmes. » Je ne sais d’homme qui n’ait soif de son âme. J’ai ainsi connu un grand pécheur idéologique (il était nazi), en qui je sentais régulièrement remonter le souffle ontologique de Platon qu’ilaffectionnait. Mais l’être était chez lui comme du vent qui soufflait sur la pierre de son totalitarisme athée et cruel. Car l’être doit exprimer l’âme à travers un agir. Autrement, l’appel de notre âme reste purement ontologique. Il en va de même de Dieu Qui agit en parlant et dont même le silence est parole.

- « Chaque cellule du corps est un hymmne à l’amour. » Une révolution copernicienne du christianisme est d’avoir isolé la dualité de la chair et de l’Esprit et de l’avoir placée à l’intérieur de celle de l’âme et du corps. La chair n’est pas le corps et l’esprit n’est pas l’âme. La chair est le corps et l’esprit blessés. Et l’esprit est le corps et l’âme réparés, régénérés, rénovés, guéris.

- « Depuis le péché originel, il y a un retrait forcé de Dieu. » Ce retrait n’est pas le tsimtsoum. Dieu se retire parce que l’homme s’est caché de Lui.

« Le péché nous fait perdre le fil. Le Verbe s’incarne pour venir nous chercher, pour nous ouvrir le ciel, pour nous rapatrier vers son cœur. » Je préfère que le péché nous fasse perdre le fil à l’idée qu’il nous fasse rater notre cible. Le P. Michel-Marie Zanotti-Sorkine affirme que nous serons jugés sur nos intentions et Neal-Donald Walsh, cette sorte de Platon américainqui a le mercantilisme de sa nation, renchérit que « seul Dieu peut faire coïncider Ses intentions avec leur résultat. » Bref, seul Dieu échappe à la loi de l’hétérotélie.

Nous avons du mal à nous reconnaître pécheurs parce que nous avons tendance à identifier le niveau moyen de notre humeur et une certaine équanimité dans laquelle nous agissons assez bien avec l’idéal du moi. Or l’instant dans lequel nous ne sommes pas mal et que nous appelons le bonheur nous fait oublier tous les instants où nous avons fait du mal.

LE péché originel ne procède pas d’un interdit que Dieu aurait donné à l’homme de manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal pour devenir intelligent, mais consiste presque inversement dans l’obligation qu’a faite l’homme à Dieu, en mangeant de ce fruit, de connaître le mal, Lui Qui, ayant tout créé, contenait le mal en puissance, mais ne voulait pas avoir à en connaître, et ne pouvait pas faire autrement si sa créature identifiait le mal, Lui Qui n’a rien fait qui fût mauvais. Comme vous le dites, Nietzsche voulait être "par-delà le bien et le mal". Or l’affranchissement de la loi que nous apporte le Christ nous place "au-delà du bien et du mal". Il faut toujours mettre en rapport la phrase de Dostoïevski: "Si Dieu n'existe pas, tout est permis" avec celle de Saint Paul, pour qui il ne fait pas de doute que Dieu existe et qui n’est pas loin d’avoir inventé le : « Il est interdit d’interdire » de mai 1968 : "Tout est permis, mais tout ne convient pas."

- « Comment êtes-vous arrivée au Cœur du christianisme et surtout du Christ, alors que ma mère qui s’est convertie depuis longtemps se plaint de n’avoir jamais senti ces choses ? » vous demande Cécile Montmirail. «Parce que je suis allé très loin dans l’autre sens, très loin dans la violence, « répondez-vous en substance, « moi qui étais une enfant angoissée », et vous qui n'hésitez pas aujourd’hui à dédier une lettre à Émilie König la djihadiste. Pourquoi Dieu laisse-t-il les gens s’enférer loin de Lui ? « On fait quoi quand on n’a pas la foi ? », m’interpellait un dénommé Thierry sur le blog de l’abbé de Tanoüarn. « Il ne tient qu’à vous de retrouver l’Esprit-Saint dont vous ne sentez plus la motion », m’assuraient des évangéliste comme je regrettais devant eux que l’adulte que j’étais devenu avait tué le feu de l’Esprit en lui, cet Esprit qui avait convertil’enfant que j'avais été, tombé dans l’athéisme de trop bonne heure et ayant trop tôt retrouvé la foi. S’il ne tenait qu’à moi, j’aurais retrouvé le Saint-Esprit depuis longtemps, mais je ne mène pas une vie morale adéquate qui me permettrait d’en éprouver la sensation. Or la foi est une grâce. « Je ne comprends rien à ce que tu me dis », se fâchait une tante à l’agonie auprès de la mère de cette même évangéliste qui me disait qu’il ne tenait qu’à moi de réveiller l’Esprit en moi. « Je ne sais pas pourquoi tu as la foi et pourquoi je ne l’ai pas alors que je voudrais croire », ajoutait-elle. Pourquoi la foi n’est-elle donnée qu’à « ceux à qui le Fils veut bien [la] révéler » ? La foi est un scandale si elle est affaire de prédestination comme cette évangéliste le soutenait, et si les élus peu nombreux sont, à être élus, prédestinés de naissance.

Comment atteint-on au cœur à moins d’être allé loin dans l’autre sens ? « Ce ne sont pas les bienportants qui ont besoin du médecin, mais les malades. » « Plus on est tombé bas, plus on est reconnaissant d’avoir été relevé. » (Christian Bobin) « À ceux qui ont beaucoup aimé, il sera beaucoup pardonné. »

- « L’Église doit continuer à se battre pour le salut des âmes », mais elle ne doit pas se battre dans le champ politique comme pour être une dernière fois du côté du manche et avoir un bras qui s’étend vers Dieu et l’autre vers le pouvoir et non pas vers les hommes. Car si elle se bat dela sorte, elle va faire « la guerre sans l’aimer » comme dirait encore votre frère.

- « L’abbé Pierre est une [figure de ce combat de l’Église et] une incarnation de la sainteté », non seulement parce qu’il fut la voix des sans voix (sur ce plan-là, il aurait mieux fait de leur apprendre à parler en public), mais parce qu’il n’a pas tellement transigé avec les puissants. Le jour où on lui a donné la légion d’honneur (qu’il n’avait pas demandée), il a cassé la coupe de Champagne qu’on lui tendait pour montrer que ce hochet était une honte tant qu’il y aurait autant de pauvreté. Il n’aurait pas dû laisser Martin Hirsch, l’ancien directeur de cabinet de Bernard Kouchner, devenir le responsable de sa fondation pour s’ouvrir une belle carrière de ministre et de directeur de l’APHP, mais plutôt former un « homme de la rue » à lui succéder et à représenter les siens. Mais il est surtout saint parce qu’il a avoué ses faiblesses et des « liaisons passagères » dans le livre de Frédéric Lenoir, « MON DIEU, POURQUOI ? », mettant l’Église au défi de reconnaître saint un homme qui a avoué un manquement moral au sein de sa vie consacrée, pour confesser ses péchés et signifier que la conversion n’est jamais acquise, jamais aboutie, jamais achevée. L’abbé Pierre est encore une incarnation de la sainteté parce que, dans ce même ouvrage, il révélait que, lorsqu’il adorait le Seigneur, il pensait à la relation singulière que Celui-ci nouait avec toute personne à laquelle Il pensait préférentiellement et en l’appelant par son nom : « Nathalie ! », citait-il en exemple. En prononçant ce nom, ce Dieu adorant l’homme fait le contraire de ce que fait Marie-Madeleine quand elle reconnaît le Seigneur dans le jardinier devant le tombeau vide. Le Seigneur l’appelle « Marie, mais Marie, après l’avoir appelé « Rabbouni », veut mettre la main sur l’Être qu’il est, ce qui l’oblige à se récrier : « Cesse de me tenir, noli me tangere, l’être est, Je Suis insaisissable. » Marie veut mettre la main sur l’être quand le Seigneur adorant veut toucher un cœur. L’âme adore Dieu, car Il est dans la contemplation de sa créature. Il y a peu à parier que la créature humaine puisse adorer Dieu bien au-delà de ce narcissisme dans lequel elle regarde Dieu la regarder.

- « L’Église doit combattre pour le salut des âmes. » C’est pourquoi « un chrétien ne doit pas laisser faire », or il doit aussi laisser faire. Car de même que Jésus « ne juge personne », nul n’a institué le chrétien juge de ce monde et moins encore accusateur de ses frères, surtout après que l’Église a si longtemps refusé de transiger sans miséricorde avec la médiocrité humaine, qui forme une part importante de cette nature. Le chrétien ne doit empêcher de laisser faire que ce qui est criant, que ce qui crie vers Dieu. Sous ce rapport il doit défendre l’innocent, mais il doit avant tout « vivre de telle façon qu’à sa seule façon de vivre » il donne envie de Dieu.

-« Jésus dans l’Évangile nous demande presque l’impossible ». En effet, Il nous demande d’être parfaits comme son Père céleste est parfait. Il nous demande de n’avoir jamais désiré qu’un seul être. Et le plus difficile n’est pas qu’Il nous demande d’aimer ou de « pardonner à nos ennemis », mais selon moi qu’Il nous demande de nous combattre nous-mêmes et non pas d’aimer notre ennemi intérieur, mais de le ramener à Lui. C’est en cela que l’Église doit être guerrière, pour entraîner au combat spirituel et non pas pour être le bras désarmé dubras séculier.

« Les droits de l’homme sont là pour signifier en creux les reliques d’un christianisme sans le Christ. » À cela on peut objecter que le Christ est le Fils de l’Homme, c’est-à-dire le modèle parfait d’humanité, auquel Dieu nous propose de ressembler pour retrouver Sa Ressemblance. Il y a certes une manière descendante dont Dieu S’est communiqué à l’homme pour que l’homme cherche Dieu. Mais il y a aussi une manière ascendante dont l’homme peut remonter à Dieu via l’Humanité du Christ et à travers le modèle accompli d’humanité qu’Il représente, Lui Qui est le Fils de l’Homme. L’homme qui aime Dieu pour Lui-même et non pas à partir de soi-même n’observe pas l’ordre de la nature et se met en certain danger de maladie spirituelle, même si la santé n’est pas le critère essentiel de la sainteté. Dieu peut convertir par le songe et par la rationalité de nos aspirations. Le siècle des Lumières n’est pas le siècle de la raison comme il l’a prétendu, mais le siècle de l’entendement, donc le siècle de la rationalité émotionnelle. C’est pourquoi il a tendance à instituer une dictature de la bienveillance. Cette dictature peut être à rejeter dans la disjonction des effets de la bienveillance et des intentions qu’elle se propose. La malédiction hétérotélique frappe la bienveillance. Mais ce n’est pas parce que les effets de la bienveillance ne coïncident pas avec ses intentions qu’il faut vouer les droits de l’homme aux gémonies. Ce n’est pas parce que les droits de l’homme ne se réfèrent pas à Dieu qu’ils sont des « droits de l’homme sans Dieu », même si la formule de Jean Madiran est une très belle trouvaille rhétorique.

- Il n’y a pas de « vice de la tolérance », car avant d’être « une forme de relativisme » qui conduit à « tolérer le mal », la tolérance part étymologiquement de l’idée qu’il faut se « supporter les uns les autres », comme l’énonce Saint Paul. Il faut se supporter les uns les autres comme Dieu soutient la Création. l’Église par sa tolérance doit soutenir les hommes dans leur pèlerinage sur la terre, dans leur marche vers le salut.

- C’est pourquoi la République n’a pas à redevenir chrétienne. Car tout arbre se juge à ses fruits et non à ses racines. Si un arbre qui a de mauvaises racines ne pouvait produire de bons fruits, l’homme qui a commis le péché originel ne pourrait être sauvé. Le royaume des Francs a peut-être lavé le sang de la barbarie dans l’eau du baptême, mais la personne humaine n’est pas une invention du Moyen-Age où l’on ne se souvenait jamais du prénom d’un paysan même baptisé. La personne est physique et non morale ou politique. Et si c’était le cas, la République en tant que bien commun comme le dit Jean Bodin, et en tant que régime neutre, demeurerait une chance, une planche de salut. Car elle permettrait de mesurer par la démocratie le degré d’adhésion d’un corps politique à la Volonté de Dieu. À sa manière, la République est un providentialisme démocratique. Ne vous laissez pas récupérer trop unilatéralement par les contre-révolutionnaires qui sont trop heureux de vous avoir dans leur camp et de vous séparer des vôtres.

Veuillez agréer, chère Véronique Lévy, mes respectueux et déférents hommages.

Julien WEINZAEPFLEN

samedi 6 avril 2019

Les élections isréaliennes

Depuis les « printemps arabes », on ne parle plus guère de la vie politique intérieure israélienne de peur de jeter de l’huile sur le feu. Or nous sommes à deux jours d’élections législatives en Israël. En voici un sommaire état des lieux :

Droitisation de la société israélienne :

- Les Sépharades votent Likoud depuis 1977, car ils ont été discriminés par les travaillistes. Les juifs américains votent démocrate, contrairement à la droite évangélique américaine qui vote républicains, et contrairement aux membres les plus influents de la communauté juive française. Le Likoud fait aujourd'hui alliance avec les partis populistes ou d'extrême droite européenne, les mêmes auxquels les travaillistes israéliens interdisaient hier de gouverner en Europe. Le #National-sionisme dénoncé par #AlainSoral a une réalité.

- Le « droitisme » des religieux est traditionnel.

- Netanyahou s’allie avec « Force juive », l’ancien parti du rabbin Meir Kahane. Une caricature de ce parti propose de « jeter les Palestiniens à la poubelle » selon Christine Ockrent dans « Affaires étrangères ». Les « fidèles de Kahane » sont des sortes d’Anders Breivik ou de terroriste de Nouvelle-Zélande. Ils « ne se sont pas contentés de mots haineux, ils ont également pris les armes. En 1982, un des fidèles [de Kahane] a ouvert le feu sur des musulmans priant à la mosquée Al-Aqsa, tuant quinze personnes ; en 1994, son disciple Baruch Goldstein assassine vingt-neuf personnes dans le Caveau des patriarches à Hébron. (…) Cela n’empêche pas le petit-fils du rabbin d’être aujourd’hui soupçonné de mener un groupe clandestin de colons responsables d’une vague récente d’attaques de Palestiniens en Cisjordanie, dont la lapidation d’une mère de neuf enfants. Cette dernière action, qualifiée de « terroriste » par le service secret de sécurité Shin Bet, n’a pas soulevé la moindre condamnation de la part de Force juive… ni du premier ministre. (Voir :

https://www.mediapart.fr/journal/international/210219/pour-sauver-son-poste-netanyahou-s-allie-avec-le-pire-de-l-extreme-droite-israelienne )

- Netanyahou, plombé par des affaires qui le concernent lui-même, sa femme et ses proches, affaires à peine évoquées par Christine Ockrent dans l’émission « Affaires étrangères » qu’ele consacre ce jour aux élections israéliennes, est talonné par Benny Gantz, un ancien chef d’état-major. Un autre chef d’état-major a déjà dirigé Israël en la personne d’Ehoud Barak. Rabin l’aurait été aussi. Sharon était un général victorieux et jusqu’auboutiste. L’état-major en question fait campagne contre « Bibi roi d’Israël ». Pour lire un portrait de Bibi Gantz, voir ici :

https://www.mediapart.fr/journal/international/040419/en-israel-benny-gantz-veut-convaincre-qu-il-peut-remplacer-netanyahou?onglet=full

- Netanyahou est mouillé dans trois affaires : « le dossier 1000 » (corruption par un milliardaire hollywoodien), le « dossier 2000 » (couverture favorable dans le « Yediot Aharonot contre des facilités) « et le « dossier 4000 », présumé trafic d’influence du même genre. « Faible consolation pour lui, il échappe à toute inculpation dans le « dossier 3000 » où certains de ses proches sont soupçonnés d’avoir reçu des commissions illégales dans l’achat de sous-marins allemands pour la marine israélienne. » « Tous [les « chefs de gouvernement » israéliens], depuis vingt ans, ont été poursuivis à un moment ou à un autre, et l’un d’entre eux, Ehud Olmert, [a même été] emprisonné, mais après avoir perdu son poste. » ((Thomas Cantaloub, Mediapart) Sans parler de Moshe Katsav, président israélien de 2000 à 2007, qui a dû démissionner car accusé de viol comme Jacob Zuma en Afrique du Sud, devant laisser sa place à Shimon Perez. (Voir ici :

https://www.mediapart.fr/journal/international/280219/la-justice-israelienne-annonce-la-procedure-d-inculpation-de-netanyahou-en-pleine-campagne

- Le gendre de Trump, Jared Kushner, a une fondation en Israël qui finance des colonies en Sisjordanie.

- L’espoir ouvert par les accords d’Oslo « s’est fracassé » (Christine Ockrent) « et le nombre de colons a quadruplé depuis cette époque. » Tous ces journalistes nous expliquaient que le processus d’Oslo serait irréversibles comme l’appartenance à l’Union européenne (rien n’est plus dangereux que l’irréversibilité en politique), et que Trump ne serait jamais élu.

- Christine Ockrent déplore qu’"aujourd’hui, il n'y a toujours pas de mariage civil en Israël, Israël n'est pas un Etat laïque". Les mêmes nous assuraient qu'Israël était le seul Etat laïque et la seule démocratie dans la région. Qui sont les auteurs de #Fakenews ? Les journalistes français, mais certainement pas Denis Charbit, qui a toujours rendu compte honnêtement de la réalité israélienne dans des livres pourtant lus et promotionnés par ces mêmes journalistes.

Éric Schol : « Aujourd'hui, Bibi est "le dernier homme politique israélien de stature internationale." Hier les mêmes prétendaient que c'était un jeune loup américain sans beaucoup d’envergure ni d'avenir.