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dimanche 11 avril 2010

"L'espérance théologale, notre désir infaillible"

En réponse à l'article en lien ci dessous :
http://ab2t.blogspot.com/2010/04/lesperance-theologale-notre-desir.html#comment-form


Cher Monsieur l'abbé,

Votre article sur l'espérance contient des phrases magnifiques comme celle-ci :
"L'espérance nous rend chacun responsable de notre attente. elle est la véritable mesure de notre amour."
Ou encore :
"Nous avons peu de temps pour l'éternité. alors allons-y à fond." Et :
"c'est le manque de Dieu qui nous fait désirer Dieu. c'est le spectacle du mal qui nous plonge dans l'amour du bien."

Mais n'aimons-nous pas tellement dieu que dans la mesure où on en manque ? Est-ce bien doner toute la mesure de notre amour que de n'aimer que "ce que l'on n'a pas" ? N'est-ce pas même une preuve de manque d'amour que celle qui consiste à aimer plutôt que d'offrir "ce que l'on n'a pas" (pour faire écho à la célèbre définition de Lacan qui n'est pas seulement astucieuse, mais profonde aussi :
"aimer, c'est donner ce que l'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas".
et puis, n'espérons-nous pas beaucoup plus en paroles qu'"en acte et en vérité" ? que faisons-nous de si concret, à part nous frapper la poitrine, pour gagner notre éternité ? Nous rendons-nous seulement compte, quand nous nous la frappons, de la façon dont cela nous accuse et nous engage à regarder les fautes de nos frères comme des "pailles dans leurs yeux" auprès des "poutres" que sont nos propres péchés, dont nous sommes, au sortir de la messe, de bien indulgents calomniateurs ? J'ai souvent pensé qu'au lieu d'interdire la communion aux divorcés remariés, on devrait la refuser aux mauvaises langues.

Mais quel est le véritable effort de l'espérance ? consiste-t-il simplement en ceci que l'on n'y est point sécurisé ? Je veux bien que, si l'on est conscient de cette véritable insécurité, tout change. Mais, quand il arrive que, par hasard, nous en soyons conscients, n'est-ce pas une conscience toute intellectuelle ? Ne nous disons-nous pas le plus souvent "sauvés en espérance" ? N'est-ce pas là le titre même d'une encyclique du pape régnant que l'on s'étonne de voir un de ses amis philosophes prendre, en quelque sorte, de si haut ?

en dernier lieu, quel amour induit l'espérance ? La charité n'est-elle pas la vertu tautologique de l'amour qu'elle renferme, quand l'espérance ressuscite la crainte que bannit l'amour ? car enfin, quelle est notre espérance ? Ne pas être perdus pour l'éternité au risque de perdre les autres ? "faire son salut" sans souci de celui du corps entier ? Ou bien contempler et rencontrer Dieu ? Mais qui nous dit qu'Il ne nous a pas déjà plus souvent qu'à notre tour donné de le faire en ce monde lorsque nous exercions la charité à l'égard de ceux-là^mêmes dont nous ignorions qu'ils ne Le représentaient pas seulement, mais qu'ils Etait Lui sur notre chemin ?

Prions chacun les uns pour les autres, afin que Dieu ne nous refuse pas Ses bras au jour du grand Passage.

J. WEINZAEPFLEN

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