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samedi 17 avril 2010

Ou va la religion ?

LES QUATREFLEUVES QUI NOUS TRAVERSENT


(extrait d'une lettre adressée à une amie bénédictine de l'abbaye NOtre-dame de Jouarre)

Quelque chose est en train de changer dans la religion, qu'est-ce que c'est ? quels sont les fleuves qui nous traversent ? Il me semble qu'il y en a quatre. Les deux premiers devraient aller en s'opposant, et pourtant ce sont eux qui résistent le mieux à converger.

Au premier temps de son histoire, le christianisme avait chassé les dieux, et voilà les Heloîm qui reviennent à travers un besoin d'orientalisme qui démultiplie l'énergie en même temps qu'il nous recentre. Les pères de l'Eglise se sont montrés cruels à diaboliser les déités païennes qui ne méritaient pas cet excès d'opprobre. et cela est d'autant plus incompréhensible qu'en même temps qu'ils les bannissaient, ils les décrivaient en véritables ethnologues. Mais ils faisaient plus que de l'ethnologie : ils les "enchantaient", leurs descriptions les faisaient vivre. Voyez saint-augustin enchérissant varon dans "LA CITE DE DIEU !" Les Pères ont jeté une brassée d'anathèmes sur ce qu'ils enchantaient de l'autre main. Le premier fleuve me semble donc être ce retour du paganisme dont, par ailleurs, l'Eglise a de tout temps su baptiser les rites.

Le second lui est tout opposé : c'est la rejudaïsation de notre Foi. Heureux tournant exégétique, qui ne limite plus à quatre les niveaux de lecture auxquels nous avions droit. La repaganisation de la Foi détend sophrologiquement les énergies qui nous traversent comme autant de sources lumineuses possibles. Avec la rejudaïsation, ces sources deviennent des pôles et Dieu, d'animiste ou polyénergétique qu'Il nous revient et redevient, nous aimant sous de multiples aspects, devient magnétique aussi, nous attirant et nous parlant la langue des signes. Mille polarités nous appellent, bloqués ou en extase, or nous sommes comme des sourds en pays d'absurdie. On ne nous a pas appris la langue des signes, aussi nous ne comprenons pas que dieu, pour s'exprimer, ne S'en tienne pas à sa Parole. On nous a confisqué la sémiologie divine : voici pour notre confusion qu'il nous faut apprendre à parler ce qu'autrefois on appelait "le langage des événements et des épreuves", ou des interventions de la Providence dans l'histoire. Mais la langue des signes que parle dieu est bien plus complexe qu'un simple champ événementiel qui a sa logique et qu'on peut cultiver historiquement. La langue des signes divins fonctionne comme un champ d'attractions, de répulsions, de concordances, de convergences, de coïncidences, de synchronicités et comme une synthèse seconde qui déferait l'échevau de l'analyse scholastique, si bien ficelée pour nous éviter de parler la langue associative des polarités aimantantes, celles-là mêmes qui expliquent que nous nous engluions dans des schémas répétitifs, toujours les mêmes, celles-là mêmes qui ne rendraient pas absurde par exemple que nous, chrétiens, nous puissions croire, non pas que nous aurions vécu des destinées antérieures, mais que nous aurions choisi notre Incarnation. Réanimisation et rejudaïsation de notre Foi : deux fleuves qui auraient tout pour induire des courants contraires : ici, un dieu à plusieurs visages, là un dieu magnétique et Qui vous cloue au sol par Jalousie ; ici, de l'énergie seulement, là, de la Matière en condensation jusqu'à l'Incarnation. Or, si quelque chose se passe "ici", il ne saurait aller par "là", car là est l'idolâtrie et ici la sauvegarde exclusive du patrimoine des patriarches, dont dieu n'a souffert d'aucun roi qui leur succéda qu'ils s'en détournât. Or, si la repaganisation et la rejudaïsation de notre Foi sont en opposition, ce n'est pas entre elles, c'est aux deux autres fleuves : celui qui a fait le lit de la patristique d'une part, laquelle patristique a fait celui du dernier Concile, à savoir le détournement par l'hellénisation de catégories hébraïques inaccessibles à l'effigie.

L'hellénisme a figé le judAïsme naissant en christianisme. L'hellénitude a rendu notre Dieu Ineffable, suffisant, Omnipotent, Omniscient, n'ayant Besoin de rien ni de personne, Inaccessible à toute forme, en un mot Eternel. La rejudaïsation du christianisme retemporalise tout cela à bon escient. elle retemporalise la religion sans anthropologiser Dieu : mais voici qu'Il se remet à vibrer, qu'Il Prend Forme, qu'Il Peu Se mettre en colère, qu'Il A des sentiments, qu'Il Cache son NOm parce qu'Il est à la fois totalement inscrit dans notre réalité en devenir et totalement retiré dans le tsimtsoum sans qu'aucune perte d'intérêt ne doive en être subie par nos histoires destinales, mais dieu veut nous laisser vivre, et Dieu ne veut pas nous laisser mettre la main sur Lui, comme font ceux qui, prononçant son Nom, détiennent Son Identifiant et placent Son Irreprésentable Image en détention philosophique ! L'hélénisme qui, derrière sa mythologie, a inventé "le dieu des philosophes", ne pouvait comprendre cela. dès lors en outre que, de purement mythologique, il est devenu philosophique, dès lors que l'homme s'est mêlé de comprendre Dieu, il l'a par ses propres voies rendu inintelligible. L'Incarnation pouvait biena voir eu lieu, un dieu ineffable se devait tellement d'être incommunicable qu'il fallait absolument diviser Ses deux natures pour rediviniser ce qui En était descendu et empêcher Dieu de mourir tout à fait (les Pères de l'eglise ont refusé la mort, effet de la Passion, à la nature divine du Christ, précédant en cela l'Islam et sa théorie de la substitution du crucifié). Or il est impossible que Dieu, à partir du moment où Il a, non pas voulu, mais n'a pas empêché la Mort de son fils, n'y ait pas Participé LUI-MEME en MOurant de quelque façon. Il est Mort plus que nous n'aurions jamais pu l'imaginer : les philosophes ont déclaré Sa Mort Clinique tout en annonçant à travers "la mort programmée du langage" la menace de crucifixion qui pesait sur la fonction Verbe de l'Homme-Dieu, qui correspondait grosso modo à Sa nature divine. Mais le peuple de nos "frères aînés" a été configuré sans qu'il remarque l'aveuglante similitude à son Messie, car il a vécu la shoah qui lui a fait se demander avec Robert Antelme ou les doutes d'Elie Wiesel s'il était possible qu'il y eût un dieu après auschwitz. Et au nom de quoi ça ne serait pas possible ? N'y aurait-il eu que ce génocide au monde ?

Ces deux dernières questions sont posées au peuple juif par ceux qui naviguent sur le quatrième fleuve. Mais répondons d'abord à nos "frères aînés" dans la Foi : bien sûr, il y a un dieu après auschwitz, et la raison pour laquelle Il n'Est pas Intervenu pendant la persécution nazie est qu'Il Est resté pareillement Muet pendant sa Propre Passion. Et toi, peuple de la Première Alliance, te voici configuré à ton Messie et "en agonie" avec Lui "jusqu'à la fin du monde". tu seras voué à la haine des hommes du quatrième fleuve, et de plus tu seras le point névralgique de l'humanité. Plus que jamais, tu rempliras la fonction représentative pour laquelle Dieu t'a Choisi. Tu nous as montré le chemin qui est la lettre de notre Verbe. Mais de représenter l'humanité te vaudra son hostilité, tout comme tu seras tenté de faire le mal d'une manière qu'elle ne te pardonnera pas, car tu es à son point névralgique, elle exige de te prendre en exemple, ton élection fait pâlir d'envie tous les "sans voix" qui ne se croient pas représentés. Tu n'insupportes pas seulement les hommes du quatrième fleuve, ceux-là mêmes qui sont en retard d'un concile parce que celui qu'ils ont rejeté était patristique et que nous sommes entrés dans un mouvement de repaganisation et de repuisement aux sources judaïques de notre foi en Jésus de Nazareth, né de Myriam, jeune fille d'Israël "portée sur les hanches" jusqu'au "palais du roi" "séduit par (sa) beauté". Ceux-là sont en retard d'un concile et renient leurs pères, ce qui devrait leur valoir l'anathème d'apostasie, car ils ne respectent pas leurs pères et le christianisme est essentiellement, outre la religion du Verbe comme on le dit généralement, la religion du Père : la religion de l'honneur rendu au Père et à travers Lui à tout le processus de filiation. Mais sont-ils tellement plus renégats qu'a pu l'être Pierre en plusieurs moments de la Passion ? Et de plus ils assument l'une des vertus du sel, à savoir la vertu conservatrice de la foi par la religion. Il faut donner des prêtres à ces imposteurs parce que Judas a été le premier à manger la bouchée de la Cène. Ces prêtres ne sont même pas des idolâtres, car dans sa désespérance, Judas s'es repenti en se pendant par amour du Christ. Il faut donner des prêtres à l'imposture parce que le Sacerdoce du christ veut nous sauver jusque dans cette dernière obscénité. Et pourtant, ce ne seront que des prêtres qu'on leur donnera : l'"animal religieux" de ces hommes du quatrième fleuve sera rassasié par la fonction sacerdotale qu'on remplira pour eux. Mais que la fonction sacerdotale soit remplie ne fera pas des chrétiens de ces enfants de caïn qui, à toute force, ne veulent pas être "les gardiens de leurs frères". ces hommes bénéficieront des secours de la religion comme Caïn a été marqué d'un signe grâce auquel il a survécu : il n'est pas au pouvoir de la religion, si secourable soit-elle, de leur rendre la Foi. Ces hommes ne sont que des fils de caïn, mais si Caïn n'avait pas survécu, il n'y aurait plus de "race humaine", pour les traiter de fratricides ; de même que, si l'on avait suivi l'ancratisme de Saint-Paul et qu'on fût resté, sur son conseil, dans l'état chaste ou marital où l'on avait rencontré le Christ durant la première génération qui suivit Sa Prédication, nous ne serions plus là pour porter le beau nom de "chrétiens". Nom que ne portent pas les fils de caïn du quatrième fleuve, qui préfèrent à ce nom celui de "catholiques"; Mais ne nous avait-on pas enseigné de source vaticane que l'Eglise du Christ "subsistait" dans l'Eglise catholique ? Le Corps du Christ autant qu'on voudra, mais ce dissentiment entre les fils de Caïn et les "Juifs pour Jésus", héritiers d'abel, témoigne que l'"esprit du christ" est moins catholique que chrétien. Il y a la religion catholique à la structure pyramidale bien connue et incarnée qui la rend mieux armée qu'aucune autre pour conserver le dépôt de la Foi et, débordant de cette foi, il y a l'"esprit du christianisme", il y a la Spiritualité qui en émane comme l'âme est incontensible dans le corps, outre qu'elle est essentiellement un mystère de désarmement.

ceci étant posé et terminant mon exposé relatif à aux courants qui secouent la religion, dans la mesure où je n'ai maudit aucune sensibilité : ni la repaganisation, ni la rejudaïsation, ni la fonction conservatrice du religieux que j'ai attribuée aux fils de Caïn du quatrième fleuve en faisant l'impasse sur l'hellénisme qu'on voit moribond de son penchant pour l'éternité qu'il fait sortir par césarienne avant terme, ne risqué-je pas d'être accusé de syncrétisme ? Je vois bien ce risque, mais j'aimerais d'abord savoir où est le mal. Car enfin, le "diabolique" est ce qui divise, le "symbolique" étant ce qui est jeté en l'air pour rassembler. C'est grâce au "symbole des apôtres" et à celui de Nicée-constantinople jetés sous le toit du ciel que nous proclamons notre Foi par le "credo". Or le syncrétique n'est-il pas plus près du symbolique que du diabolique ? Par quelle raison toutes les religions sont-elles d'accord sur un seul point : celui de ne pas céder au syncrétisme ? Les mots se laissant rapprocher presque jusqu'à l'assimilation, le croyant doit-il chercher le plus petit commun multiple ou le plus grand commun dénominateur ?

L'Eglise catholique s'est constituée sur la division à l'infini des eux cités. si elle doit continuer à trancher dans le vif, je veux bien comme son fils chercher avec ele, si elle me le commande, le Plus Grand commun diviseur, mais j'aimerais d'abord qu'elle m'explique pourquoi !

Julien WEINZAEPFLEN

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