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dimanche 4 avril 2010

Jésus est d'une bonté abrahamique

Jésus est d'une bonté abrahamique

Au vrai, Jésus n'a pas été le seul à faire à Dieu cette "confiance inaugurale" dont nous parlait notre conférencier hier soir :
"Grâce à la Foi...", cette anaphore de période court comme un leitmotiv tout au long de l'épître aux Hébreux, semblant  insister à foison pour nous faire configurer cette confiance du christ à celle d'Abraham, le père dans la foi de toute la souche monothéiste et croyante. A cette époque, la contreréforme n'avait pas fait le distinguo entre foi et confiance et la Réforme n'avait pas insisté, dans le prolongement de Saint-augustin, pour opposer la foi à la Grâce : "efficace", "suffisante" et que sais-je ? Il faudrait redemander quelles en étaient les catégories au grand Pascal des "PROVINCIALES".

quant à nos frères juifs, frères aînés dans la Foi de qui nous avons un peu vite oublié de l'apprendre, ils assimilaient abraham à la figure de la bonté. de la bonté innée. Par opposition à Isaac dont le "nouage" (ou "la ligature" : ainsi désignent-ils son sacrifice) avait fait un être noué.

Dans "la confiance inaugurale" que Jésus-christ place en son Père, Jésus, dans le sillage, dans la lignée d'abraham, trouve le chemin de la Bonté. Jésus nous enseigne, à la fin de la parabole du jeune homme riche que nul n'est bon, sinon dieu seul, mais c'est comme un secret qu'il ne faut pas répandre, un secret pareil à celui-ci :
"pour les hommes, c'est impossible" d'être sauvé, mais pas pour Dieu : "rien n'est impossible à dieu", car Il Est Bon.

Pour les Juifs, Abraham est la figure de la Bontéincarnée. Mais le Christ... Lui aussi est d'une bonté abrahamique. Chrétiens, nous ne devrions jamais l'oublier ! 

Dans le Christ, la Bonté semble parfois s'effacer, car Il Se veut "pierre d'achoppement". C'est en tant que telle que nous croyons  reconnaître la seule assimilation possible du christ à la figure d'Isaac, dont Il consomme le sacrifice. Le christ eucharistique consomme le sacrifice d'Isaac pour devenir matière à notre consommation. Le bras de Dieu a retenu le bras de l'homme de commettre et de perpétrer le sacrifice d'Isaac, mais quel bras d'homme  a retenu le Bras de dieu, quel coeur d'homme a dissuadé le coeur du Fils de se laisser livrer en sacrifice ? Que notre coeur avait-il besoin de voir à lui sacrifié le Fils de Dieu ? Notre coeur ne vibrait-il pas assez d'amour, ou bien ne se sentait-il pas assez aimé ? Nous n'avons pas cette "confaiance inaugurale" qui animait abraham, ce premier abandon, ce premier amour : l'amour de nous-mêmes d'où part en nous l'amour de Dieu, de dieu qui nous mène à l'autre...  

Mais demin, nous entrerons dans la nuit de l'Agonie du Fils, et c'est ici qu'Il sera identifié à Jacob, à sa lutte avec l'ange, au dialogue entre deux libertés qu'est souvent la prière. Notre prière est souvent dialectique au lieu d'être union mystique dont la glossolalie est la louange. Demain, Jésus dira à Jacob :
"cesse de lutter, deviens fils ! toi qui as profité de l'infirmité de ton père aveugle, toi qui as trompé sa faiblesse, entre dans cette impossibilité de l'obéissance aveugle. Obéis parce que tu as sondé dans toute la ruse de sa réalisation ton droit quasi civique à la désobéissance, ta liberté d'être rebelle. Dis oui parce que tu as dit non. Bénis la vie qui t'a vu naître ! Ne sois pas en lutte contre Dieu ! sa volonté t'aime et ton épreuve ne contredira jamais ce Premier Amour. Rends grâces à dieu, car Il t'a béni le Premier. Reconnais qu'Il n'a rien voulu pour toi sans être inspiré par la Bienveillance". (Plus tard dans l'histoire du salut, saint-Paul nous apprendra que "la bienveillance" et la "confiance dans les autres" sont deux fruits de la "confiance en dieu", ce que, dans son langage, il appelle des "fruits de l'esprit". Or nous avons d'autant plus de défiance vis-à-vis d'autrui que nous n'avons jamais goûté à "la confiance en dieu". Le paradoxe est que nous ne savons vivre, ni dans la pensée de l'accident qui pourrait nous arriver, ni dans la témérité qu'aucun danger ne pourrait nous anéantir, et cela nous arrive parce que nous ne savons pas avoir confiance en dieu, et nous ne savons pas avoir confiance en Dieu parce que nous ne nous croyons pas bénis.

c'est un des messages que nous lance le Christ en cette veillée du premier jour du tridium pascal. Comme le Père nous l'enjoint dans le récit du baptême de Jésus comme dans celui de Sa transfiguration, qui nous semblent tellement plus mystiques (mais la vie a le dessus sur la déréliction) :
"ecoutez-Le !"

Le Père nous dit :
"ecoutez la Voix de mon Fils", et le Fils nous dit :
"apprenez à Parler à Mon père !" 

Bonnes fêtes de Pâques : joyeuses, douloureuses, silencieuses, contemplative, baignée dans la douceur et l'humilité de ce Mystère de Joie... 

Julien WEINZAEPFLEN
Julien

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