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dimanche 28 novembre 2010

LE SPECTRE DES COULEURS IMAGINAIRES

A Marceline et Jean-Pierre binckly
Après la visite de l’exposition de Marceline


Le rose, c’est le sourire du jaune
Parce qu’un citron dans la nature, c’est tout seul, c’est pressé, embouteillé,
mais ce n’est jamais mis en honneur, ce n’est jamais pelé comme on fait d’une orange, ce n’est jamais respecté.
Le jaune est dans le délaissement que l’orange surmonte par sa consanguinité avec « l’âme de la chair »
(l’orange est un oignon à plusieurs peaux),
Tandis que la rose étale sans pudeur son oignon, son pistile pubien à tout vent d’étamines.

Et si roses étaient les champignons qu’on se fait fête de ramasser
Tandis qu’on ne ramasse les citrons que pour les presser avec avidité
Avant de se plaindre de leur acidité.
Acide est le jaune acidulé et basique est le blanc assidu à récapituler.
Le noir n’est pas la couleur du néant
Même si on pourrait le croire la couleur de l’eau
Qui, comme lui, est sans saveur et sans odeur.
Mais l’eau n’est pas eau’bscure.
Elle n’est pas la cessation angoissée de l’ébahissement devant la lumière qui nous fait implorer « à l’aide » quand on ferme les yeux.
Le bleu est une couleur froide Devant l’âtre de l’albâtre en passion de purifier dans l’éclat de la lumière.
La froideur du bleu nous rappelle que lointain est le ciel pour que nostalgie soit son désir,
Ce dont on se console en plongeant dans les regards bleus qui nous séduisent en ne conduisant notre fascination qu’au fond de leurs yeux.
L’égocentrisme est un défi joyeux contre l’impossibilité d’atteindre le ciel en prenant comme un pis aller la place de l’horizon et de l’énigme.
Les séducteurs veulent délivrer de l’invisible.
C’est le lot de consolation qu’ils apportent au genre humain.

Je sais des filles de feu qui n’ont pas tout jeté à leur flamme.
Ce qui d’elles n’a pas été consumé s’est retrouvé transi d’avoir échappé à l’incendie de la forêt,
Et dessiné jauni de ne pas avoir eu part au grand « incendie de l’homme ».
La fille de feu s’est mariée avec l’ondin sourcier qui regrette, fils de l’eau, de s’être échouéau bord de la rivière, coin de terre.
L’alliance de l’eau et du feu immunise le lien de leur amour contre la séparation.
Leur union des contraires les a délivrés des atteintes du temps.
Mais ce que la fille de feu n’a pas jeté à l’incendie joint au regrès du fils de l’eau d’échouer contre un rivage fait le lit de leurs scènes de ménage frottées au sel de la promiscuité.

Tout mental est relié à l’élémental.
Je suis l’esprit planté parmi les germes de la terre et qui bouillonne de ne pouvoir y pousser librement
comme un arbre non loin duquel viendrait s’échouer une rivière.
Mon bouillonnement fait mon volcan dont les éruptions sont de simples accès de colère inaccessibles à être dévastateurs pour un autre que moi.
Je suis dévasté d’être enfoui, esprit au centre de la terre séparé des âmes et des vivants.
Je regarde s’envoler ma bien-aimée et l’écoute me dire,
elle qui est née sous le signe de la balance
(c'est avec ses balances que Jupiter transigeait)
-la balance est un signe d’air qui ne juge et ne tranche jamais- :
« Après la mort, nous serons accueillis par une étoile.

Julien WEINZAEPFLEN

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