Dans cette lettre ouverte de tahar Benjeloun qui fait elle aussi beaucoup d'amalgames, on doit distinguer la déchéance de la nationalité qui est une ignominie de la double nationalité qui fait problème. Pour exposer ce problème, on ne peut pas, d'un côté, du point de vue de l'individu, obliger le ressortissant d'un pays qui a acquis la nationalité d'un autre parce qu'il s'y est aculturé à abdiquer l'une de ses deux allégeances, d'autant qu'il assimile souvent ces deux allégeances à ces deux ascendances : il y a la "mère patrie" d'où il vient, côté paternel, et la nation qui lui a servi de matrice culturelle, côté maternel. Mais du point de vue de la nation, la double nationalité peut engendrer un conflit d'intérêt en cas (qu'on a tort de considérer comme un "cas d'école") de conflit d'intérêt entre l'une de ces deux nationalités. De même, dans le cas où celui qui bénéficie d'une double nationalité bénéficie d'un double droit de vote, il a deux voix dans le concert de la "démocratie des nations" en laquelle on peut espérer que le monde sera conduit à résoudre un jour ou l'autre ses différences de point de vue géopolitique. Comment concilier tous ces inconciliables ? En ne considérant pas que le "droit du sol" vous fait automatiquement appartenir à un peuple, mais que la nationalité procède d'un choix ; en octroyant la naturalisation sous la condition, pour qu'il n'y ait pas des nationaux de papier, que son obtention engage l'impétrant à ne jamais servir sous la bannière d'une autre armée, faute de quoi la rupture de l'engagement entraînerait la caducité de la promesse de la partie qui octroie la naturalisation, soit la déchéance de la nationalité. Ce disant, suis-je en train de revenir par la fenêtre à ce que j'ai considéré comme une ignominie à la porte de mon article ? Non, car une chose est d'appliquer une sanction rétroactive qu'on n'avait pas annoncée au moment de l'obtention de la naturalisation; une autre est d'avertir celui que l'on gratifie d'un certificat d'adoption de ce qu'il risque en se mettant, non dans un cas d'"intelligence avec l'ennemi", mais dans le cas de prêter sa force à l'armée d'un ennemi potentiel. C'est faute d'envisager l'existence des différentes nations sous l'angle du rapport de force que l'on s'est toujours trouvé en position d'infériorité militaire lorsqu'une déflagration de grande envergure a surpris l'impéritie de nos parlementaires. Le général Pierre gallois, l'un des principaux promoteurs de la politique de dissuasion, qui vient de mourir, disait que la possession par tous les pays (et non seulement par quelques-uns, inégalité injustifiable au regard des droits de l'homme et du droit des gens), de l'arme nucléaire ne crée pas "l'équilibre de la terreur" comme on le dit généralement, mais rend la guerre impossible. Car qui utiliserait son armement pour détruire un pays ennemi verrait son pays détruit aussitôt. Le précédent d'Iroshima et de Nagazaki ne peut pas être invoqué là contre, car il est intervenu à un moment où le Japon était exsangue et où la victoire alliée était totale. Pour autant, je ne crois pas satisfaisant le maintien à long terme de cet armement nucléaire proliférant et généralisé. Mais la justice élémentaire réclame qu'ou bien le désarmement s'applique à toutes les nations, ou bien l'armement soit maximum. Dans les deux cas, on a un équilibre ; si l'on sort d'une des deux situations, on entre dans un déséquilibre. Il serait tout à fait possible par la suite d'établir de nouvelles conventions de guerre où soient réglés les litiges nationaux d'une toute autre manière et, pourquoi pas, par le combat singulier d'hommes de guerre désignés et à l'armement strictement contrôlé pour être rendu minimal. Mais cela tient bien davantage de l'utopie que l'acceptation, dans un premier temps, de la prolifération d'un armement que tout pays a le droit d'essayer de se procurer, du moment que d'autres n'ont jamais demandé l'autorisation de le faire. Et, dans le contexte où la diviision des langues crée automatiquement une division du genre humain en peuples et en nations, la double nationalité devient un problème dans la mesure où toute nation peut un jour devenir l'ennemie d'une autre. Il serait pire en temps de guerre de déchoir de sa nationalité quelqu'un qui deviendrait originaire d'un pays ennemi que de l'avertir en temps de paix qu'en l'obtenant, il s'engage à ne servir sous le drapeau d'aucune autre nation, fût-elle sa mère patrie. Dans cette optique, ceux qui vontprêter main forte, quoique n'ayant, a priori, d'autre patrie que celle où ils sont nés, à des pays dont ils épousent les causes, soit qu'ils agissent par un idéalisme d'aventurier, soit qu'ils le fassent en qualité de mercenaires, pourraient être, sinon déchus de leur nationalité, car le droit international interdit de rendre un homme apatride, mais au moins de ses droits civils et militaires de la part de la nation dans laquelle il serait né. Voilà qui présente un point de vue que je sais d'avance ne pas être beaucoup partagé, mais qui n'est pas démagogique, quelque désir qu'ait tout pacifiste qui se respecte de privilégier toujours le genre humain sur cet avatar qu'est sa division en nations potentiellement rivales.
Julien WEINZAEPFLEN
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mercredi 3 novembre 2010
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