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mercredi 3 novembre 2010

APOLOGIE DU RELATIVISME, DU LIBERALISME ET DU SYNCRETISME

Les lignes qui suivent sont ma contribution au commentaire à l'article :

"Antilibéraux de tous les pays, unissez-vous !" publié sur le blog de l'abbé de Tanoüarn :

Les commentaires de ce poste sont d'une insondable diversité et richesse. En émargent deux choses: la première est qu'à partir d'un article dont l'intitulé appelait tous les antilibéraux à s'unir comme autrefois, les marxistes y appelaient les prolétaires, le commentaire opère un retournement et, au détour, on découvre que Benoît XVI a préfacé un ouvrage faisant l'apologie du libéralisme ou peu s'en faut. Il en va de l'antilibéralisme supposé des papes comme de ce que devient, passé au crible de l'analyse sémantique, la dénonciation de "la dictature du relativisme". Comment le pape peut-il être contre le relativisme alors que l'originalité de la foi en un dieu trinitaire aboutit à ce que, précédant la découverte de la relativité générale émanant de cette Trinité créatrice, l'Absolu devienne Relatif. Que l'Absolu consente à Se relativiser de lui-même n'est pas la même chose que les sociétés se relativisent, me dira-t-on, et, comme à mon habitude, j'ergote. Je le confesse, mais je suis un passionné de sémantique et la sémantique aide, comme dirait l'abbé de tanoûarn, à ne pas oublier la vérité contraire pour ne pas devenir hérétique. Le pourfendeur du relativisme est l'adepte d'un dieu Qui a transformé l'absolu en relatif. Fustigeant le relativisme, il se met dans le cas d'être dans une impasse conceptuelle. D'autant que, qu'est-ce qui est le contraire du relativisme? L'absolutisme. Il en va de la dénonciation de "la dictature du relativisme" comme de celle du syncrétisme. Que je sache, le syncrétique est le contraire du diabolique. C'est le diable qui possède un "royaume divisé" puisqu'il est lui-même prince et principe de division. On aboutit à cette absurdité que toutes les religions sont d'accord sur un seul point: c'est la condamnation du syncrétisme, cherchez l'erreur ou expliquez-moi mon erreur!

Bon. On en tient pour l'absolutisme. N'est-ce pas là tout le problème (et j'en arrive au second point que je voulais souligner)? On est souvent antilibéral parce qu'on est un nostalgique de la monarchie absolue. On préfère une "pyramide de contrats" avec une foule d'intermédiaires, mais une pyramide sans sommet, car ce sommet serait l'etat. Or on ne veut pas de l'Etat sous prétexte qu'il n'y aurait plus de roi. C'est oublier que la monarchie n'a jamais été jugée, depuis Saint-thomas d'aquin jusqu'à rousseau, que comme une option politique possible de régime légitime. En dernière analyse, le roi sans Etat ou l'etat sans roi incarnent "le souverain" comme dirait Rousseau. La souveraineté est "le principe" comme dirait Maurras.

L'antilibéralisme catholique est-il si général? Savoir... Voyez maître patrick simon écrivant son livre (assez criant de mauvaise foi): "PEUT-ON ETRE CATHOLIQUE ET LIBERAL"? Voyez Michel de Ponsins fondant son association Catholiques pour les Libertés economiques. Mais, pour sortir de la famille nationale ou nationaliste (qui est mienne à mon corps défendant, bien que j'en sois le fou, en "bouffon de société", en saltimbanque insomniaque et torrentiel), voyez Lacordère à qui l'on prête cette parole:
"Je mourrai catholique pénitent, mais libéral impénitent."



Mais il me faut compléter, sinon corriger la première partie de ce commentaire. En maître incontesté de l'analogie dont je gage qu'il n'est pas loin de penser que tout langage est quasiment d'essence analogique et, par l'analogie, se tient prosterné devant le verbe, dans la profonde humilité du mal à dire, l'abbé de tanoüarn ne manquera pas de me reprendre et de me dire que ma question touchant "la dictature du relativisme" est mal posée. La bonne question n'est pas: "quel est le contraire du relativisme", mais, pour analyset tous les termes de l'analogie: "Quel est le contraire de "la dictature du relativisme"? Et l'analyse de cette question nous oblige d'abord à remarquer que "la dictature du relativisme" est un oxymore. En théorie, ne saurait être dictatorial ce qui croit à l'égalité universelle de toutes les opinions. En pratique, on voit qu'il en va souvent tout autrement. Mais esquissons notre réponse: le contraire de "la dictature du relativisme", c'est quelque chose comme "l'anarchie de l'absolutisme". De quoi apporter de l'eau au moulin de l'abbé de tanoüarn qui y retrouve ses prémisses maurrassiennes:
"La monarchie, c'est l'anarchie+un.
L'anarchi dans l'absolutisme, c'est la liberté dans l'ordre. Mais alors, on aboutit à ce nouveau paradoxe: c'est qu'il faut mallaxer cette matière relative du politique en faisant la part de l'absolu; tandis que, par la Création du Dieu Relationnel qui, tout en restant transcendant, s'est voulu "diffusif de soi", la religion découvre que l'absolu est Relatif. De là à dire que "toutes les religions se valent", il y a un pas qu'on n'aime pas franchir et moi pas plus qu'un autre parce que ce serait nous faire sombrer dans la confusion. Mais je maintiens que, si l'on dépasse la confusion, le syncrétique comme le symbolique est le contraire du diabolique. Que l'on m'explique dès lors pourquoi toutes les religions ne sont décidément syncrétiques que sur un point, qui est la condamnation du syncrétisme!



Julien WEINZAEPFLEN

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