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vendredi 4 novembre 2011

Une formidable discussion sur le bonheur

(en écho à l'article qui précède, écrit le 1er novembre dernier, fête de la béatitude)

hier soir, dîner avec notre amie Thérèse (un prénom désuet pour une amie de notre âge).

Nous avons parlé du bonheur et de la faculté de changer.

Sur le bonheur, je trouvais que les béatitudes exprimaient très bien quelle était sa nature : à la fois un état d'âme où peut filtrer la joie même à travers les larmes, les tribulations, les persécutions et les traumatismes, une sorte decapacité résiliente avant la lettre, et une tournure d'esprit propre à se placer dans un bon rapport à la vie : pauvreté, c'est-à-dire ouverture de coeur, pureté, c'est-à-dire transparence, et disposition pacifique.

Thérèse me reprit sur mon premier terme d'état pour lui substituer celui de capacité, capacité à (et non étatdans lequel) laisser filtrer la joie intérieure à travers les larmes, etc.

En choeur, Nathalie et moi lui avons répondu que cette capacité, on l'avait ou on ne l'avait pas. Ce disant, nous tenions à affirmer que nous croyions l'avoir et que cela consistait en une ouverture de coeur et d'esprit.

Thérèse a trouvé cette affirmation quelque peu désespérante et nous a dit :

"Mais alors, quel espoir de changement pour ceux qui ne l'ont pas ? Tu vas encore me répéter ta vieille antienne que tu n'as jamais vu quelqu'un changer!"

J'ai un peu réfléchi et je lui ai répondu :

"c'est vrai que ça fait des années que nous avons cette discussion, toi et moi. Mais je voudrais la faire avancer ce soir, tu m'y pousses. Je crois que la seule chose qui peut amener quelqu'un à une disposition au bonheur telle que définie précédemment, c'est de ne pas se nier, de ne rien nier de ce qu'il est. De ne rien nier pour pouvoir, le moment venu, le changer.

Forçant sur mon cas personnel, je lui ai dit :

"tu vois ? On dit toujours que les alcooliques sont dans le déni. Or je n'ai jamais nié ête aveugle et alcoolique, pour être cumulard..."

"Oui, m'a répondu thérèse, mais en t'affirmant poivrot (c'était mon propre terme en fait, le paradoxe est que tu cèdes à te définir selon l'image que les autres te renvoient, c'est-à-dire que, non seulement tu adoptes une identité limitative, mais tu adoptes ce qu'en sociologie, on appelle l'"identité pour autrui."

Pour être en capacité d'être heureux et de changer, ne pas se nier et ne pas se renvoyer comme un écran noir dépersonnalisé, l'image que projettent de nous les autres, qu'ils nous renvoient en négatif, notre "identité pour autrui".

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