Pages

mardi 22 novembre 2011

"Situation de handicap" ou "handicap de situation"?

Réponse de M. Michel Gouban à mon interpellation.

"Cher Julien,

Je me souviens de cet article (NDLR: le lire ci-dessous sous le titre: "Handicap, à la croisée des regards") qui visait à expliciter la notion de handicap de façon à ne pas la confondre avec la déficience notamment. Or, je constate que cette notion est largement confondue avec la maladie ou la déficience quelle qu'elle soit.
Je pense qu'il ne serait pas inutile qu'une association, comme la CFPSAA peut-être, organise un congrès sur la question du handicap.

En effet, en fonction de ce dont on parle, quand il s'agit de communiquer avec les organismes sociaux pour revendiquer des prestations, il convient d'amalgamer la déficience et le handicap. Ainsi, je ne suis plus aveugle, mais handicapé et si possible, très handicapé. Dans la société, dans la vie de la cité, il faut bien identifier les situations de handicap, si on veut tenter de les réduire. Si dans ce contexte nous nous disons tous handicapés, il n'y a aucune raison que l'on fasse la différence entre les conséquences de la surdité, la cécité et la déficience motrice ou mentale ou psychique pour l'accessibilité à la voirie ou au cadre bâti ! Et, si on veut, avec une déficience importante trouver un emploi, on a intérêt à minorer la question du handicap si on ne veut pas se faire jeter avant même d'avoir décrocher un entretien. Donc, le handicap peut se lire au travers du "menu contextuel". Il convient juste de savoir quelle paire de lunettes nous avons prise pour regarder les choses ! Or, dans mon article, il ne s'agissait nullement de gêner qui que ce soit, juste faire le point sur des façons différentes d'approcher cette notion qui, je vous le concède, n'est pas un concept universellement reconnu ! Ce qui fait, que nous pouvons avoir des approches plurielles.

Il est intéressant par exemple de regarder comment les associations, par le biais de leur intitulé, approche la question du handicap. Les Auxiliaires des Aveugles par exemple, ont une approche sociale et individuelle de la question ils ciblent l'aide à la personne aveugle, or, la cécité c'est quelque chose d'objectif et bien lisible pour les personnes bénévoles dont ils ont besoin pour les services à la personne. Pour autant, ils tendent à diminuer le désavantage donc le handicap.
L'association Handicap Zéro par exemple, a, de mon point de vue, une approche davantage sociétale, elle s'attaque à des problèmes de société, plus universels. Cette asso se propose de travailler en amont, vers les opérateurs de téléphonie, les labos pour les médicaments, la société du tour de France... du coup, ils entendent légitimement travailler à la réduction du handicap, c'est-à-dire de la difficulté ou du désavantage rencontré par les personnes aveugles et malvoyantes en général et, par suite, par chacun en particulier évidemment. Et il est légitime de se proposer d'aller jusqu'au zéro du handicap !

Mais, même après avoir réduit le handicap, nous n'en serons pas moins toujours aveugle ! Les deux approches sont complémentaires, avec un angle d'attaque dialogique.

Pour les kinés, ils se sont appelés U M K A, Union des Masseurs Kinésithérapeutes aveugles, puis en 1985, avec l'émergence de la prise en compte de la malvoyance on a mis handicapés visuels, désirant englober les différents niveaux de déficience, et, en 2001, j'ai souhaité que l'on retourne à la cible des mots aveugles et malvoyants, car, le handicap étant synonyme de désavantage, je ne pensais pas, ainsi que mes confrères, que le désavantage était porteur d'une quelconque manière pour l'emploi !

En 1993, dans un article de licence traitant du handicap, Hervé cochet montrait qu'il n'y avait pas de "situations de handicap", mais que des "handicap de situation", ce qui mettait bien le curseur sur la contextualité de la difficulté et aussi, sa labilité...

Oui, la loi de 2005 ou tout du moins ses décrets d'applications, ne s'appliquent pas, en ce qui concerne la retraite, à tous les travailleurs des différents secteurs d'activités.

J'espère ne pas avoir été trop long, peut-être hors sujet, et suffisamment explicite. Mais, la question est complexe et donc on pourrait en parler longtemps !
Je pense qu'améliorer notre culture de la question du handicap, pour nous, les personnes dites stigmatisées (GOFFMAN) et pour les "normaux" même auteur, ne peut que renforcer la communication entre les publics et la pertinence des actions associatives notamment !

Michel gouban

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire