"La police elle-même soumise
à mille rébellions, outrages et résistances, subissant des atteintes parfois
infiniment graves, n'aura pas le choix : pour interpeller les auteurs de
violences et favoriser la paix publique, elle sera contrainte de se faire accompagner
pour avoir une chance d'être opératoire. [...] Mais ces gardiens, qui les
gardera ?" (Philippe Bilger.) Alexandre Benalla, qui fera du nursing en
donnant des ordres aux policiers.
"Qui gardera nos protecteurs
naturels ? Qui viendra au secours de ceux qui, nous défendant, nous sauvant,
sont pris à partie, malmenés et souvent rendus impuissants, désarmés et perdus
?"
Certainement pas Emmanuel Macron,
qui gouverne mal, mais se défend bien, qui n'allège pas le quotidien
administratif des forces de l'ordre, qui envisage de déléguer aux communes non
dotées (la décentralisation est une vaste extorsion de dotations qui n'a jamais
fertilisé les déserts médicaux ou culturels de la ruralité ou des provinces
reculées), le soin d'armer à leurs frais leur police municipale sans recruter
les 16000 policiers nationaux nécessaires pour assurer, non pas la sécurité du quotidien ni l'ilotage des
"quartiers sensibles" c'est-à-dire perdus et menaçants, mais la sécurité
tout court.
Macron se garde bien, mais ne
garde pas bien les gardiens de la paix, pas plus qu'il ne se porte le garant de
l'honneur des hommes de guerre dont ce blanc-bec aime à rappeler qu'il est le
chef. Soixante et un ans après les faits et sans que personne ne songe à l'en
accréditer autrement qu'en justifiant, ici, la guerre civile au nom du mépris
colonial d'antan et en jugeant, là-bas, que c'est un bon début, mais que la
France n'en fera jamais assez dans la repentance, cette France dans laquelle
les Algériens n'ont cessé depuis l'Indépendance de chercher refuge, le chef de
l'Etat réveille une vieille bavure des
temps de guerre civile, de l'autre côté de la Méditerranée, une vieille bavure
de l'armée à qui il renvoie ce crachat, comme si cette armée avait été la seule
à faillir, à "baver", à torturer. Mais un complexe tenace de
supériorité nous fait banaliser la torture du FLN, tandis que la nôtre serait
impardonnable et toujours à réveiller pour que les Français issus de la
deuxième ou de la troisième génération de l'émigration algérienne, qui fuyait
les tortures et l’incapacité de son pays tout nouvellement indépendant et
regorgeant de richesses naturelles à la mettre au travail, ne puisse nous être
en rien reconnaissants. Comme l’anniversaire des émeutes de banlieue de 2005 doit
être célébré chaque année, ravivé par Jean-Pierre Mignard ou Edwy Plenel, qui
se rengorgeait ce matin, caressé dans sa vieille passion militante anti-Algérie
française, déjà anachronique dans sa jeunesse : "Enfin!",
soupira-t-il, quand Macron annonça à la veuve de Maurice Audin que la France
reconnaissait avoir assassiné son mari, parce qu'il s'opposait à sa politique
et que ce militant du parti communiste algérien (PCA) "soutenait les
terroristes de l'époque", réagissait Wallerand de Saint-Just sur BFMTV,
tandis qu'Edwy Plenel en aurait presque oublié de dénoncer le "plan
pauvreté" de son ennemi de position de fou du roi, le président de la
République qu'il n'en aime pas moins fréquenter, comme Mélenchondans ses
escapades marseillaises.
"J'ai un plan... pour le
pauvre ancien combattant Maurice Audin, que nous n'avons pas indemnisé comme il
fallait", fit diversion le rusé Macron en plein impact médiatique du
"plan pauvreté", dont l'annonce avait déjà été différée pour ne pas
distraire les pauvres de la victoire de l'équipe de France de football à la
coupe du monde. Quant à ces téléspectateurs chevronnés, qui se nourrissait mal,
mais avaient de beaux écrans plats, on leur offrirait des petits déjeuners
gratuits, ce qui pourrait se décliner en aide aux établissements scolaires pour
assurer des cours de "prévention alimentaire". On pourrait aussi
doter les communes, qui devraient allonger un apport de 10 %, pour construire
des crèches. Pas de logements, des crèches. Et comme rien n'importe davantage
que d'éloigner les enfants pauvres de la vermine qui a engendré cette
progéniture, on prononcera une obligation scolaire qui s'étendra de trois à
dix-huit ans pour les décrocheurs, qu'on ira chercher dans la nature pour les
former de force, ou plus exactement pour leur proposer une formation avant de
hausser les épaules en les déclarant irrécupérables : "Nous avons fait
tout ce que nous avons pu." Parce qu'on le sait bien, l'école est
tellement plus efficace que les parents pauvres, et est tellement incontestée
par les plus défavorisés... Il faut dire que l'école se propose, depuis un
certain rapport Pécresse-Bloche (mais Valérie Pécresse fait partie de la droite
humaniste) de repérer la mauvaise graine de délinquance dès l'école maternelle
:
"Bravo", s'enflamme le
chœur irreprésentatif des associations dévouées à la pauvreté au nom de leurs
protégés, d'"ATD quart monde" que Macron s'est mis dans la poche en
allant les visiter trois jours avant de présenter son plan, au "Secours
catholique". Les dames patronnesses ont la vie dure. "Quel visionnaire
! Monsieur le Président de la République et de l'armée bafouée, votre plan
pauvreté est merveilleux ! Avec vous, la pauvreté sera éradiquée, c'est
certain."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire