Pages

jeudi 13 septembre 2018

Maurice Audin et le plan pauvreté


"La police elle-même soumise à mille rébellions, outrages et résistances, subissant des atteintes parfois infiniment graves, n'aura pas le choix : pour interpeller les auteurs de violences et favoriser la paix publique, elle sera contrainte de se faire accompagner pour avoir une chance d'être opératoire. [...] Mais ces gardiens, qui les gardera ?" (Philippe Bilger.) Alexandre Benalla, qui fera du nursing en donnant des ordres aux policiers.

 

"Qui gardera nos protecteurs naturels ? Qui viendra au secours de ceux qui, nous défendant, nous sauvant, sont pris à partie, malmenés et souvent rendus impuissants, désarmés et perdus ?"

 

Certainement pas Emmanuel Macron, qui gouverne mal, mais se défend bien, qui n'allège pas le quotidien administratif des forces de l'ordre, qui envisage de déléguer aux communes non dotées (la décentralisation est une vaste extorsion de dotations qui n'a jamais fertilisé les déserts médicaux ou culturels de la ruralité ou des provinces reculées), le soin d'armer à leurs frais leur police municipale sans recruter les 16000 policiers nationaux nécessaires pour assurer, non pas  la sécurité du quotidien ni l'ilotage des "quartiers sensibles" c'est-à-dire perdus et menaçants, mais la sécurité tout court.

 

Macron se garde bien, mais ne garde pas bien les gardiens de la paix, pas plus qu'il ne se porte le garant de l'honneur des hommes de guerre dont ce blanc-bec aime à rappeler qu'il est le chef. Soixante et un ans après les faits et sans que personne ne songe à l'en accréditer autrement qu'en justifiant, ici, la guerre civile au nom du mépris colonial d'antan et en jugeant, là-bas, que c'est un bon début, mais que la France n'en fera jamais assez dans la repentance, cette France dans laquelle les Algériens n'ont cessé depuis l'Indépendance de chercher refuge, le chef de l'Etat réveille une vieille bavure  des temps de guerre civile, de l'autre côté de la Méditerranée, une vieille bavure de l'armée à qui il renvoie ce crachat, comme si cette armée avait été la seule à faillir, à "baver", à torturer. Mais un complexe tenace de supériorité nous fait banaliser la torture du FLN, tandis que la nôtre serait impardonnable et toujours à réveiller pour que les Français issus de la deuxième ou de la troisième génération de l'émigration algérienne, qui fuyait les tortures et l’incapacité de son pays tout nouvellement indépendant et regorgeant de richesses naturelles à la mettre au travail, ne puisse nous être en rien reconnaissants. Comme l’anniversaire des émeutes de banlieue de 2005 doit être célébré chaque année, ravivé par Jean-Pierre Mignard ou Edwy Plenel, qui se rengorgeait ce matin, caressé dans sa vieille passion militante anti-Algérie française, déjà anachronique dans sa jeunesse : "Enfin!", soupira-t-il, quand Macron annonça à la veuve de Maurice Audin que la France reconnaissait avoir assassiné son mari, parce qu'il s'opposait à sa politique et que ce militant du parti communiste algérien (PCA) "soutenait les terroristes de l'époque", réagissait Wallerand de Saint-Just sur BFMTV, tandis qu'Edwy Plenel en aurait presque oublié de dénoncer le "plan pauvreté" de son ennemi de position de fou du roi, le président de la République qu'il n'en aime pas moins fréquenter, comme Mélenchondans ses escapades marseillaises.

 

"J'ai un plan... pour le pauvre ancien combattant Maurice Audin, que nous n'avons pas indemnisé comme il fallait", fit diversion le rusé Macron en plein impact médiatique du "plan pauvreté", dont l'annonce avait déjà été différée pour ne pas distraire les pauvres de la victoire de l'équipe de France de football à la coupe du monde. Quant à ces téléspectateurs chevronnés, qui se nourrissait mal, mais avaient de beaux écrans plats, on leur offrirait des petits déjeuners gratuits, ce qui pourrait se décliner en aide aux établissements scolaires pour assurer des cours de "prévention alimentaire". On pourrait aussi doter les communes, qui devraient allonger un apport de 10 %, pour construire des crèches. Pas de logements, des crèches. Et comme rien n'importe davantage que d'éloigner les enfants pauvres de la vermine qui a engendré cette progéniture, on prononcera une obligation scolaire qui s'étendra de trois à dix-huit ans pour les décrocheurs, qu'on ira chercher dans la nature pour les former de force, ou plus exactement pour leur proposer une formation avant de hausser les épaules en les déclarant irrécupérables : "Nous avons fait tout ce que nous avons pu." Parce qu'on le sait bien, l'école est tellement plus efficace que les parents pauvres, et est tellement incontestée par les plus défavorisés... Il faut dire que l'école se propose, depuis un certain rapport Pécresse-Bloche (mais Valérie Pécresse fait partie de la droite humaniste) de repérer la mauvaise graine de délinquance dès l'école maternelle :

 


 

"Bravo", s'enflamme le chœur irreprésentatif des associations dévouées à la pauvreté au nom de leurs protégés, d'"ATD quart monde" que Macron s'est mis dans la poche en allant les visiter trois jours avant de présenter son plan, au "Secours catholique". Les dames patronnesses ont la vie dure. "Quel visionnaire ! Monsieur le Président de la République et de l'armée bafouée, votre plan pauvreté est merveilleux ! Avec vous, la pauvreté sera éradiquée, c'est certain."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire