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vendredi 29 mai 2015

Antinarcissisme primaire




« Mais enfin ! Tu ne m’as pas vu depuis NoÊL « !

 

Je le repris :

« si tu n’étais pas narcissique, tu dirais : je ne t’ai pas vu. Ou depuis Noël ! Et si tu aimais simplement la réciprocité, tu dirais : On ne s’est pas vu depuis Noël . »

 

Je suis un antinarcissique primaire depuis que ma passion de l’égalité m’a fait considérer à quel point chacun avait un droit égal à monopoliser l’attention. Tout le monde, il est vrai, n’en a pas le même désir ni le même besoin.

 

J’ai alors fondé mon antinarcissisme sur la dépréciation de l’autre figeant mes possibilités, apprise en philo comme étant l’opinion de Sartre. Jusqu’à ce que je découvre avec effarement, dans les romans de Sartre et plus encore dans les mémoires de Simone de Beauvoir, combien ces deux craignant-le-regard-d’autrui étaient des passionnés des autres.

 

J’ai toujours défini l’amour comme le surcroît de place qu’on aimait que l’autre rognât sur la nôtre. D’après ma définition, l’amour est donc une passion du narcissisme de l’autre.

 

René Girard nous apprend que freud éprouvait une passion enfantine pour les narcissiques absolues dont l’innocence de tout faire roter autour de soi le faisait fantasmer. Je crois que le premier amour des parents pour leurs enfants n’a pas d’autre origine que l’innocence avec laquelle ils croient tout naturels d’être le centre du monde et de leurs attentions.

 

L’ennui, c’est que la passion pour le narcissisme de l’autre, fût-il son propre enfant, ne dure pas. Ce n’est pas un amour durable.

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