« Mais enfin ! Tu ne m’as pas vu depuis NoÊL « !
Je le repris :
« si tu n’étais pas narcissique, tu dirais : je ne t’ai pas
vu. Ou depuis Noël ! Et si tu aimais simplement la réciprocité, tu
dirais : On ne s’est pas vu depuis Noël . »
Je suis un antinarcissique primaire depuis que ma passion de l’égalité
m’a fait considérer à quel point chacun avait un droit égal à monopoliser
l’attention. Tout le monde, il est vrai, n’en a pas le même désir ni le même
besoin.
J’ai alors fondé mon antinarcissisme sur la dépréciation de l’autre
figeant mes possibilités, apprise en philo comme étant l’opinion de Sartre.
Jusqu’à ce que je découvre avec effarement, dans les romans de Sartre et plus
encore dans les mémoires de Simone de Beauvoir, combien ces deux
craignant-le-regard-d’autrui étaient des passionnés des autres.
J’ai toujours défini l’amour comme le surcroît de place qu’on aimait
que l’autre rognât sur la nôtre. D’après ma définition, l’amour est donc une
passion du narcissisme de l’autre.
René Girard nous apprend que freud éprouvait une
passion enfantine pour les narcissiques absolues dont l’innocence de tout faire
roter autour de soi le faisait fantasmer. Je crois que le premier amour des
parents pour leurs enfants n’a pas d’autre origine que l’innocence avec
laquelle ils croient tout naturels d’être le centre du monde et de leurs
attentions.
L’ennui, c’est que la passion pour le narcissisme de
l’autre, fût-il son propre enfant, ne dure pas. Ce n’est pas un amour durable.
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