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jeudi 7 mai 2015

Le narcissisme

Le « moi » du narcissique que je suis est envahissant, quoique je sois un narcissique contrarié de l’être, comme je voudrais que soient tous les narcissiques : s’ils sont torturés par leur image, que leur image ne crève pas l’écranr ! Les narcissiques devraient vouloir disparaître, par romantisme et non par humilité comme les mystiques. La connaissance de soi des chrétiens dénature la connaissance de soi des philosophes, parce que la seconde est appelée à leur faire connaître « l’univers et les dieux » à travers le miroir qu’ils en sont, tandis que la première vise l’humilité, la connaissance du péché et, non la mort, mais la disparition du pécheur. Par égalitarisme, les narcissiques devraient se demander s’ils n’occupent pas plus de place qu’il ne leur est échu par la justice distributive et la nature humaine, et s’ils n’enfreignent pas le fragile équilibre de la relation humaine, en occupant tout l’espace vital avec leurs problèmes existentiels. Les narcissiques devraient en rabattre parce qu’il est poli de s’effacer. On reproche aux narcissiques de ne pas s’aimer ou d’avoir peur de réussir ou d’échouer. Mais on ne mesure pas les bornes légitimes de l’amour de soi ou de la peur raisonnable. (La peur ne se raisonne pas, mais la peur peut être raisonnable.) On pouse les gens qui s’occupent des autres ou qui traversent une épreuve ou une phase de dévouement à davantage penser à soi. “Le moi” premier servi”. ON décourage le sentiment de culpabilité sans se demander si ceux qui se font des reproches ont des raisons de ne pas se sentir innocents. René girard reprochait à Freud d’être innocemment fasciné par les narcissiques absolu(e)s, comme l’individualisme reproche aux paranoïaques de l’d’avoir poussé dans ses retranchements.

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