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samedi 1 octobre 2011

L'écologie tunisienne

(extrait du "dialogue entre le torrentiel et un Croissant de lune, partie IV, description I)

Envoyé par le croissant de lune, le 31 août 2011 à 22h53, en contrepoint d'un documentaire diffusé sur "france 5"

Intéressant, le reportage contenait des informations préoccupantes. Hélas, dans les grandes lignes, j'en avais déjà connaissance. L'hypothèque écologique, les périls sont grands! Ma Tunisie n'est plus verte, bien plus elle est ocre et grise, couleur du sable aride et de la roche nue. Notre sud, subit les assauts du vent desséchant, qui, soufflant presque toujours dans le même sens, tend à coucher les arbres qui montrent leurs racines déchaussées. Un sable très fin s'insinue partout, recouvre les routes, les petites maisons, les cultures. Il y a tant de sable et de poussière en suspension dans l'air, qu'en certains endroits, porter une cuillère à la bouche, on ne peut éviter qu'elle s'emplisse à moitié de ces particules indésirables, qu'on inhale par ailleurs. Si les choses continuaient ainsi, une grande partie du pays deviendrait inhabitable et invivable, tout simplement! Il y a pourtant des remèdes, l'incurie du tyran fit négliger les programes de reboisement et d'érection de palissades végétales coupe-vents! Si Dieu veut, le retard sera repris, et avec les politiques nouvelles, la vie reviendrait dans le désert.


Quant à notre nord, le front de mer touristique est au contraire responsable d'érosion, la roche nue remplace les belles plages sableuses qu'emportent les vagues. On fait des travaux coûteux d'enrochage pour contenir la marée, hélas, il y eut beaucoup de mal de fait! L'île de Jerba, est désolée par l'augmentation de salinité des sols rendus moins productifs. On abandonne les cultures. Il en va de même un peu partout, nos côtes deviennent impropres voire dangereuses à la baignade! La folie immobilière et bétonnière, pieds dans l'eau, suffirait seule à expliquer ce phénomène, même si on exclut la notion de montée des eaux, liée aux changements du climat! Tout cela était prévisible, mais l'incurie du tyran couvrit ces ravages, où il eut ses propres intérêts et ses clients. Pour un peu, il eût rendu le pays improductif, inculte voire inhabitable. Je sais, moi, qu'à 10 kilomètres en profondeur des terres, dans la région de Tunis, l'eau des puits reste saumâtre, bonne pour laver les sols, pas très potable ni propre aux arrosages. De toute sorte l'île de Jerba ne fut jamais très pourvue de nappes phréatiques douces. C'est du continent que l'eau arrive aux robinets.

Un tourisme de masse, sans proportion avec nos capacités, a des conséquences fâcheuses et ruineuses sur l'ensemble du corps économique, détruit les paysages et se détruit lui-même! Nombre d'hôtels et de résidences se trouvent partiellement immergés et hors de service. Il n'est que jusqu'à nos vestiges archéologiques côtiers qui ne commencent, par endroits, à s'effriter et à se dissoudre dans la mer envahissante, après que des siècles nous les ont épargnés et conservés.

Le ministre interrogé prône une réorientation coûteuse vers un tourisme responsable, éthique, haut de gamme, qui remplacerait ce que nous avions jusqu'alors. Il compte demander, sérieusement, des efforts budgétaires dans ce sens. Désolé, mais en saine politique, le Tourisme devrait pouvoir se soutenir seul, sans qu'il en aille de nos moyens limités! S'il faut envisager les priorités selon une hiérarchie logique, on ne saurait justifier aucun effort vers ce secteur, qui, même réorienté, resterait alléatoire.

Je ne crois pas du tout au tourisme dans un proche avenir, il va falloir commencer vraiment à travailler, à gagner sa vie soi-même, au lieu d'attendre que le touriste gagne sa vie, pour s'en venir dépenser son argent chez nous! Ce n'est pas seulement la terre qu'il transforme, son action toxique opère plus encore sur les hommes. J'ai assez souligné cet aspect dans d'autres contributions, pour qu'il soit besoin d'y revenir. En fin de compte, une terre infertile n'eût porté qu'un peuple sans valeur, oublieux de toute arabité. Si on prend la Tunisie comme modèle de ce que peut produire le phénomène de monoculture économique, gardant à l'esprit qu'il est ailleurs encore plus opérant, on trouvera que c'est la Nation entière qui perdrait sa substance matérielle et morale. La terre de la Nation envahie de désert, peuplée de résignés ignorants, serait l'image même de l'enfer, tandis que peuplée de croyants authentiques, en qui vit l'esprit pionnier, ce serait le paradis nourricier des peuples.

Le documentaire n'envisageait que l'angle environnemental des crises décrites, le désert et la mer qui dévorent la bio-diversité et menacent la survie de l'homme. L'Islam est écologiste, pour peu qu'on envisage la totalité de la problématique, qui, après tout, reste humaine en premier lieu! L'homme doit prospérer sur la terre, que, lui étant confiée par Dieu, il doit garder propice à tous les vivants, jusqu'à la fin des temps, comme on garde un dépôt, un bien prêté!

Aussi les catastrophes écologiques sont-elles envisagées dans notre Coran, et proposées comme châtiments terrestres. Il est écrit, en substance, que telles punitions, sont l'oeuvre et l'écriture de nos mains! Nous savions plus ou moins confusément, que nos malheurs sont partiellement atribuables à certains torts que nous avons commis, sachant bien ce qu'il en était. Deux torts principaux, qu'aucun fils de la Nation ne saurait nier, pourvu qu'il rentre vraiment en lui-même: nous nous sommes soumis à des ennemis qui ont profané et souillé la terre de leurs méfaits, et nous leur avons permis l'exploitations du pétrole. C'est ce que dut percevoir d'instinct le héros martyre Cabous, sultan d'Homan, qui s'obstina jusqu'à la mort et ne permit pas l'exploitations sur ses terres. Cet écologiste avant la lettre, répondait à Benoit-Méchin, qu'il n'était nul besoin de pétrole. L'historien rapporte que, l'ayant reçu à sa table, le sultan lui fit la question suivante, "Où avez-vous mangé du meilleur raisin?"


Le pays qui fut nommé en d'autres temps, terre de Tunis la Verte, est d'une grande fragilité écologique. C'est que la Tunisie est plane et basse, peu de reliefs, petites hauteurs. Le pays est en outre coupé en deux, vers le Sud, par le Chat-el-Jérid, ancienne mer intérieure, qui n'est plus qu'un paysage désolé de sel, sur lequel on propose une activité de skie. Des gens se souviennent pourtant qu'à la moitié du siècle dernier, c'était une lagune encore poissonneuse. Dans un tel pays, le désert d'un côté et la mer de l'autre, leurs actions se conjuguent, profondes et prolongées: vents violents et ensablement d'une part, et d'autre part, invasion des eaux, salination lointaine des sols, on ne peut s'afranchir, si on veut survivre, des contraintes que Dieu et la nature imposent aux hommes.

Or, on voit bien que les remèdes vraiment curatifs, ne sont guère envisageables dans le contextes des précarrés, tels qu'ils sont. Inutile de feindre l'ignorance, l'ordre de Dieu n'est pas accompli si les peuples de la Nation vivent et se vivent comme dissociés les uns des autres. A ce compte, aucune force ni prospérité réelle ne leur adviendra! Qu'on observe ces pays, et qu'on ose soutenir qu'il n'existe pas entre eux, une situation objective de complémentarité, qu'on soutienne donc qu'ils ne sont pas faits pour vivre ensemble! Cette impression de complémentarité est frappante dans tous les domaines. C'est d'une telle évidence, que soutenir l'inverse, relève du mensonge le plus flagrant! Seuls, les Croiséristes aux coeurs impurs, soutiendraient pareilles fables! L'accomplissement des révolutions n'est pas dans le maintien des statu quo géopolitiques, contrairement à ce que suggère l'Occident hostile et désemparé! Le sens exact, qui prévaudra, en dépit des commentaires spécieux, y compris dans la vaste Lybie, malgré les multiples formes de sabottage et d'ingérance, c'est le retour à notre histoire interrompue, l'histoire de la Nation. Or, cette histoire ne peut être que le récit de la victoire, pour laquelle cette grande Nation fut instituée, la Victoire de Dieu. Sa colère atteint ceux qui ont spéculé sur l'impuissance définitive de la Nation, leurs comptes sont très embrouillés, Dieu est vraiment le plus grand!


Croissant de lune.

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