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mercredi 30 mars 2011

Le pacifisme contre la paix

(Extrait du Dialogue entre le Torrentiel et un croissant de lune, partie IV, herméneutique 20)

Envoyé par le Croissant de lune, le 27 mars 2011 à 17h09

Mon Torrentiel.


Bien. Tu te plains qu'on te flagelle, mais te rends-tu bien compte? Es-tu vraiment pacifiste? En ce cas, ton pacifisme ne vaut pas bien cher! Suffit donc qu'on te vende le secours des civils, et tu mords à l'hameçon. Qui t'a démontré que l'ingérance sauve vraiment des vies: non seulement qu'elle tue directement, mais comptes aussi ses conséquences politiques lointaines, probablement mortifères. Finalement, jusqu'au jour de l'ingérance, cette guerre faisait relativement peu de victimes. J'ignore la vérité des chiffres, sur lesquels il existe sûrement des désaccords, mais ce ne fut pas la Bosnie, ni l'Afghanistan martyrisé par tes frères Judéo-Chrétiens Sauviétiques, puis Yankees, ni l'Irak, dont on ignore le nombre exact des morts, jusqu'à ce jour, ni la Palestine, où le sang Arabe est versé comme de l'eau! En ce moment même, dans le monde, il est probable que d'autres combats sont encore plus meurtriers. Bien vrai que les discours du Moammar, ceux de son fils aîné, semblaient ouvrir des perspectives infernales. En fait, quand il a dit qu'il enverrait des millions de soldats, et qu'il purgerait la Lybie point par point, rue par rue, maison par maison, je trouvais ce genre de propos fort déplaisants, mais nul ne croyait vraiment qu'ils soient suivis d'effets. Nous avons affaire à un mauvais orateur, qui nous inonde de ses délires, mais pas sérieux d'y croire!


Alors, tu dis que, si le public Occidental fut trompé, ce fut aussi du fait des médias Arabes. La Jézira, seul pôle médiatique Arabe fiable et libre, jusqu'à présent du moins, n'est pas en cause, s'il y eut des campagnes fallacieuses. Deux jours avant que n'entrent en action les missiles de croisières, certains tenaient encore, dont Hazmi Bchara, que le peuple Lybien était en mesure de se libérer seul. On commençait à admettre qu'un soutien Arabe, abrègerait les épreuves, sans être pour cela décisif! Pendant cette semaine-là, le sheik Lybien, El-Mabrouk, ne voulait pas entendre parler d'aucune intervention étrangère. Si depuis lors, il a varié, ce dut être par esprit de concorde, pour ne pas rompre l'unité des insurgés, et probablement sous la pression, amicale ou non, du Conseil Transitoire, dont il est sensé être la référence religieuse. Mais ce changement est très récent! Dans un autre message, je t'ai livré quelques constatations curieuses, sur la couverture des évènements. Ne dis pas après ça, que l'univers médiatique Arabe, c'est-à-dire, en fait, la Jézira, est coupable de quelque désinformation!. Pendant ces jours-là, j'ai eu l'impression d'un décalage entre la Jézira et les médias Français. Au matin et à midi, j'entendais sur Europe 1 ou d'autres radios, des nouvelles alarmantes, des patients m'en parlaient eux-mêmes dans la journée, si bien que mon coeur battait dans ma pauvre poitrine. J'avais hâte d'arriver au soir, pour suivre la couverture Jézirienne. Chaque fois, le décalage était si fort, que je me suis pris à croire, que les informateurs de la chaîne lui présentaient des versions qui leur convenaient, des bonnes nouvelles, ou tout au moins passables, et je me pris à soupçonner la Jézira, de s'écarter un peu de la vérité, pour plaire et satisfaire à son public. Il faut croire que j'avais tort, encore une fois, de sous-estimer à ce point l'arabité et l'authenticité de la Jézira combattante. J'eusse mieux fait de me ressouvenir, du traitement médiatique tardif et défectueux des médias Français lors des évènements d'égypte et Tunisie! Souviens-toi bien que j'y voyais une preuve à peu près incontestable de l'absence ou insuffisance de liberté et fiabilité médiatique Française. J'eus tort de méjuger de la Jézira, comme il m'arrive trop souvent de méjuger de l'Arabe, ce qui est chez moi, et beaucoup d'autres, un symptôme préoccupant. Nous avons contracté au coeur, une maladie curieuse, nous intégrons mentalement, comme allant de soi, comme vrais, les reproches et les accusations les plus infectes, notamment de vos médias. Saches bien, Torrentiel, que tu n'es pas le seul qu'on flagelle, loin de là! La situation médiatique était ainsi, depuis environ 10 jours avant la résolution, avec ces curieux décalages. Notes bien aussi qu'on ne parla presque pas, En France, des évènements du Bahreïn et du Yémen. Honte à moi, pour avoir douté de la supériorité éthique, voire technique, de la plus grande sincérité et vérité de la Jézira combattante, envers vos médias Croiséristes. Je les nomme ainsi, il faut apeler un chat un chat, et un chien comme il se nomme, et en périphrasant une occurrence Coranique, on peut dire qu'ils habillent la vérité de mensonge et le mensonge de vérité! De toute sorte, les mots "vérité, pureté, sincérité", tout comme l'héroïsme, sont mis à l'indexe par vos élites intellectuelles, désolé! Rapportes-toi donc, à tous ceux qui sévissent sur France-Culture, comme la pouf qui a les idées claires, comme l'autre pouf, nommée Caroline Fourest, Islamo-phobe et Occidentaliste à 200%! Raportes-toi à ces poufs, et parles-leur de vérité et ou de pureté, elles feront de toi un fachiste, bientôt. Existe-t-il encore quelqu'un qui tienne pour ces choses? Le Croisériste, ou l'Occidentaliste, c'est le kidam, qui a la complaisance de se laisser tromper et duper, par ceux qui mélangent vérité et mensonge, ceux qui mêlent le tors au droit. Est Croisériste, l'Occidental qui succombe, par défaut de vigilance et d'exigence. En ce sens, notre ami d'Algérie a décidément raison, sans contredit, sur le conditionnement médiatique du public Occidental, par les médias Occidentaux seuls, qui lui ont vendu, sous couvert de secours aux civils, une infecte croisade.


Il a clairement raison sur ce point. En revanche, sur la popularité d'El-Kadhafi, il s'avance trop. Moammar, ne pouvait qu'être impopulaire, au bout de 42 ans de règne, alors qu'une transmission héréditaire se profilait. Rien que la durée et la transmission pourraient suffire, mais en plus, il a usé son peuple à force de slogans, très variables d'ailleurs. Dictature idéologique, c'est le mot de Hazmi Bchara, pour qualifier cette singularité Lybienne. Fut-il sincère? Dans les débuts, sans doute. Mais à force de se noyer dans les idéologies, il cessa de l'être, volontairement ou non. Cet homme délire, jusqu'à un certain point, on ne peut savoir s'il croit sérieusement ce qu'il dit. C'est en effet terrible que nos pays se soient trouvé gerrés par des hommes fort insuffisants. Il usa et lassa son peuple à force de discours interminables, de forums révolutionnaires, de symposiums, de slogans qu'on était tenu de reprendre et d'aplaudir. Paraît qu'il s'est inspiré du Cubain Castro, son Livre Vert, étant à l'évidence, une imitation de Mao. Cette tyrannie idéologique lui fit commettre des crimes. Il emprisonna et tua un nombre incalculable d'Islamistes, pourquoi? On pourrait croire, à première vue, qu'il n'aurait pas grands reproches à leur faire. C'est qu'il voulait qu'on s'accorde avec lui, à la virgule près, dans toutes ses variantes à lui! Le Tunisien Ben-Ali fit ce qu'il put, pour éradiquer, dans la jeunesse, toute trace de pensée. Il persécuta fort les Islamistes, coupables de penser quelque-chose, mais il en eût fait autant des Marxistes, s'il s'en fût trouvé en nombre. Il eut voulu réduire nos jeunes à l'état d'êtres positifs et pratiques, bons techniciens, sans culture. Il les voulait performants, mais sans profondeur. Moamar, lui, voulait que son peuple pense exactement comme lui, à l'instant même. Toute sa vie, il fallait qu'on laime, et qu'on aime sa pensée. Il se noya en lui-même, il est possible qu'il soit cénile, à présent! Or, comme il est le penseur, il a fini par se mettre au-dessus de tous les principes éthico-moraux, alors même qu'en permanence, il les resservait aux autres. Notre prophète répondait à ceux qui ne voulaient pas le croire, qu'il n'est qu'un envoyé, un avertisseur, les laissant libres de ne pas croire à sa parole et à sa mission. Moammar, lui, voulait qu'on boive ses paroles et qu'on s'en imprègne. Après s'être proclamé Guide de la Nation Arabe, il s'est fait prophète du désert, puis roi des rois d'Afrique, etc.


A-t-il vraiment violé une journaliste? Savoir. Il semble avoir des lubies sexuelles insatiables. Or, jouissant de l'impunité des tyrans, si vraiment il attenta à cette étrangère, penses donc, comment il en usait, je le crains, avec les jeunes de son pays! Dans les années 70, faisant un discours, il dit une fois, qu'il n'avait cure de la France et de l'Amérique, qu'il ne manque pas de femmes, ayant près de lui, les 100 millions d'Arabes. Nous étions alors, 200 millions. Le bon mot fut repris par des flagorneurs, on en fit une chanson à sa gloire, qui vantait sa puissance, son tempérament, et comment il écartait d'un revers de main, comme femmes indésirables, la France et l'Amérique. Or, si de fait, il se permet des libertés avec tant de femmes, s'il mène une vie dissolue, le public Arabe ne peut le supporter. Maintenant, il faut ajouter que, s'habituant à être au-dessus des principes et des lois, tout idéal dut mourir en lui. Ses échecs et capitulations ruineuses ont dû le rendre odieux. Il se lança dans des opérations sans nécessité, il perdit toutes ses guerres. Contre l'égypte, vers 75, je ne sais plus pourquoi, il lança ses troupes à l'aventure, et se fit corriger au point de demander grâce et pardon au président Anwar El-Sadat. Tout se fit à l'avenant. Eut-il des succès diplômatiques? Je l'ignore. Sur le plan intérieur, en effet, il y eut redistribution, encore qu'imparfaite et irrégulière. De fait, le niveau de vie est acceptable, sans garantie pour l'avenir! Moamar est à mon avis très impopulaire. Est-ce au point qu'on s'oppose à lui, massivement et au risque de sa vie? Oui, mais je crois plausible qu'une partie des Lybiens préfère encore s'accomoder ainsi, plutôt que de courir le risque de perdre une précaire prospérité! Bien possible qu'il n'y ait pas une aussi grande masse de révoltés, comparé aux situations des pays voisins! Hazmi Bchara nous aprend même qu'en Lybie, il y aurait encore des gens qui tiennent pour le livre vert, et parmi eux, certains soutiennent le guide, d'autres s'opposent à lui, au nom du livre vert qu'il a bafoué! C'est à n'en plus finir. Bref, qu'il y ait insurrection populaire, j'ai tendance à le croire. Ce que je crois moins, en revanche, ce que je ne peux comprendre, c'est qu'on en apelle à la force étrangère. Là-dessus, les insurgés semblent divisés, bien que cette division ne filtre pas au grand jour.


Puis il semble qu'il y ait complot. D'abord, le nombre important des défections et retournements jusque parmi les ministres. Est-ce par esprit révolutionaire? La question mérite d'être posée. D'autres considérations vont dans ce sens. Après les premiers succès des insurgés, la situation semblait se stabiliser, Moammar semblait ambitionner seulement de reprendre la totalité du croissant pétrolier, et n'envisageait pas, concrètement, autrement que par le discours, la reprise totale du pays. Il y eut ensuite une médiatisation curieuse sur ses regains de terrain. Puis il y eut un revirement réel et rapide, parfaitement incohérent, avec, semble-t-il, un renfort d'armes. On a soupçonné différents pays, certains ont décrit des pièces de chars et d'artillerie Israïliennes. Pendant ce temps, cette reconquête, si on peut dire, se déroulait sur un fond de présence Américaine, mais on laissait entendre qu'il n'y aurait pas de résolution, ou qu'elle ne serait pas apliquée. De toute sorte, ce qui ne cadre pas, c'est que Moammar pouvait très bien se suffire de reprendre les seuls secteurs pétroliers, de s'y fortifier et d'attendre. Qu'il se lance dans cette reprise, qu'il étire ses lignes d'approvisionnements, ses machines et chars se trouvant à découvert dans le désert, cybles rêvées des aviations, voilà ce qui interroge les observateurs militaires. Je me permets de présumer sans preuve, que Moamar Kadhafi, eut des garanties de non-intervention, sans quoi il ne se fût pas lancé si vite en pareille opération! Même sans ingérance, et même s'il eût repris toutes les villes, une guerre de partisans bien menée, pouvait couper ses lignes, saisir ses ravitaillements et ses chars. En toute logique, il devait opérer progressivement, grignoter du terrain, spéculer sur l'épuisement de ses vis-à-vis. Ce qui s'est produit, juste avant l'ingérance, ne semble pas s'expliquer autrement que par une duperie, semblable à ce qui se fit envers l'Irakien Saddam! Si Moammar ne se fût pas trompé, si on ne l'induisit pas en erreur, il n'eût pas tant exposé sa machine de guerre. Pour lui, de son point de vue, mener bonne guerre eût été de tenir bon la capitale et les secteurs des ressources premières, rien de plus. Partant de là, il eût pu se livrer à des offres de conférences de négociation. Sans avoir la certitude d'aucune ingérance, et même dans ce cas, ses offensives sont particulièrement folles, en dépit du bon sens militaire. Que le guide soit insensé, j'en tomberais d'accord, mais enfin, il a ses fils et ses conseillers! Donc, je ne vois pas d'autre possibilité et solution qu'une garantie Sio-Américaine, voire Française, une garantie, voire un encouragement à reprendre du terrain.


Si on considère l'insurrection, on notera quelques remarques. D'abord, elle revêt un caractère citadin, plutôt que rural. Qu'elle soit urbaine au départ, dans sa phase pacifique de manifestations, ça se conçoit, mais elle l'est restée, par la suite, dans sa phase armée. Donc, caractère urbain et citadin. On observe également, que les insurgés, très curieusement, ne se livraient que rarement à des opérations nocturnes. Ceci les éloigne singulièrement de ce qui encourut dans l'Afghanistan, dans sa guerre d'indépendance antiSauviétique. On a l'impression qu'au sein de l'insurrection Lybienne, coexistent deux éléments contradictoires: un mouvement populaire Islamiste, et des fonctionnaires et militaires retournés, plus ou moins carriéristes, sensibles à des sirènes étrangères. Pendant que les uns s'exposaient aux balles, répétant ce slogan: "Il n'y a d'autre Dieu que Dieu, le martyre est l'aimé de Dieu", les autres s'En allaient en quête de reconnaissance internationale, loin du combat sacré. Qu'ils recherchent des secours, c'est très louable, mais il faut observer qu'ils ont commencé par aller au loin, courtisant les Occidentaux, en première intention, sans s'appuyer sur une reconnaissance Arabe et Africaine. Hazmi Bchara, rappelait sans cesse ce point, qu'il fallait, au Conseil Transitoire, s'inscrire d'abord dans son environnement géographique, en tant que membre et partenaire futur, avant d'aller au loin, sur cette base, quêter quelque reconnaissance. Il en alla tout autrement, ils donnèrent l'impression de contourner leurs voisins! Ceci fut clairement confirmé, quand leurs envoyés furent introduits à l'élysée, par nul autre que le Sioniste B H L. Ne viens pas nous raconter, Torrentiel, que ce soit chose naturelle, que des insurgés Arabes n'aient pas eu assez de répulsion et assez froid aux yeux, pour coudoyer ce personnage! D'autant, que j'ai entendu certaines de ses interventions radiophoniques, où il considère comme recevables et concevables que la Lybie soit divisée. J'aimerais seulement savoir si les combattants insurgés, qui versent leur sang, savent que leurs chefs, sont si peu Arabes et patriotes, et ce qu'ils en penseraient. Car, parmi les slogans, on répétait sans cesse que la Lybie est indivisible, et que sa capitale est Tripolie. Ton correspondant Algérien te fait remarquer, du reste, à juste titre, que le Sioniste médiatique ne tenait pas pour les autres révolutions, et le voilà tout à coup Arabiste, avec Sarko en prime! Toi-même tu ne le crois pas vraiment. Voilà que Sarko ferraillerait pour les causes Arabes, alors que dans son gouvernement, on parle ouvertement de Croisade, en feignant l'erreur!


Que va-t-il se produire, à présent? Que l'un ou l'autre camp l'emporte, ou encore qu'il y ait partition, l'ingérance aura créé des blessures profondes, des ferments de division, qui promettent plus de cahot que de paix. Que Moammar s'en aille, ou qu'il finisse comme le Roumain, l'Arabe libre et patriote ne saurait plus, à présent, s'en réjouir ni pavoiser! Mettons que le cas le plus probable soit une victoire des insurgés, du fait du soutien de l'étranger, qu'en sera-t-il au lendemain de leur installation aux commandes? On peut s'imaginer, qu'ils auront à faire avec une forte opposition, notament armée. Quand tu me parles d'économiser les vies humaines, vois un peu le résultat probable. Un pays instable, nécessairement sous protection. Voilà ce qui risque d'advenir. Je t'invite donc, Torrentiel, à réfléchir. Qu'en est-il de ton pacifisme, tellement soluble dans l'eau? En fait, ton pacifisme, je n'en veux pas, et je n'y crois pas. Souviens-toi que des pacifistes ont cossigné le fameux appel des cinq cents, en faveur de Bush G W. C'est que ce qu'on nomme pacifisme est une maladie qui dispose aux plus grandes maléabilités, si on pense que la paix, et non la justice, est le bien suprême. Quittes cette lèpre, abjures et foule aux pied l'insecte Croisériste, qui seul explique pourquoi tu ne va en guerre qu'à l'encontre de Musulmans! N'est-ce qu'un hasard? Abjures et mortifie dans ton coeur, cette lèpre et ce penchant. Ce n'est qu'ainsi que l'homme Occidental peut se purger, se purifier, prétendre à l'état d'homme libre. Reçois ces paroles dures mais salutaires.


Croissant de lune.

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