Pages

vendredi 4 mars 2011

La prière rend invulnérable

1. ô vous, jambes ailées de mon âme dont nul ne peut briser l'élan, apprenez qu'il vous faut sauter de montagne en montagne au sein de notre propre coeur, pour devenir, comme dans "le cantique des cantiques", le fiancé de Celui Qui nous précède de val en val, ou même, prophétesse, ô ma pensée, la fiancée du monde pour qui tu supplies vaillamment que ses maux soient allégés parce que tu l'aimes plus qu'il ne t'aime, toi qui le crois indifférent.

2. Maintenant fiancée du monde, ô ma pensée, toi qui médites, et plus encore ô toi mon âme, qui contemples le saint des Saints, vous voilà, parvenues au sommet, tentées de croire que le sommet de vos montées, c'est d'avoir atteint le "plan causal". Si c'est vrai, ce n'est pas pour accroître votre pouvoir sur les choses, ce qui ne serait que régresser jusqu'au caractère accapareur et captatif de l'enfant qui croit que tout est à lui ; ce n'est pas pour vous rendre les phénomènes intelligibles; non, ce n'est pas pour les comprendre si, par "comprendre", vous entendez "englober", "faire le tour d'une question pour vous en approprier les tenants et les aboutissants de la problématique en son elliptique à laquelle, déjà, la réponse a fait défection. La compréhension est un processus de désappropriation désintégrative, visant la contemplation dans la compassion de l'observateur, de ce à quoi il applique les facultés cognitives de son intelligence du coeur.

3. Or autant, mon âme, ma pensée, nous devons gagner en compassion, de même, devons-nous gagner en invulnérabilité. Nous devons escalader les montagnes de notre coeur pour ne plus être la cible des autres et de leurs menées qui font de nous un appareil utilitaire, une grande oreille ou une éponge. Le "roc", c'est ce qui nous rend invulnérables et non pas insensibles. Bâtir notre maison sur le Rocher divin, c'est trouver en nous la pierre angulaire de cette invulnérabilité fondamentale qui nous assure en nous, et peut recevoir le don des larmes, pour autant que, du rocher, Moïse a déjà tiré de l'eau.

4. ô pèlerin de Lourdes, tu comprendras ce que je veux dire, si tu as déjà mis ta main dans le rocher de la Vierge, car tu as vu comme il est crevassé et poli par tant de formes de mains qui sont venues y déposer leurs demandes. Le rocher a épousé les formes des anticlinaux et des synclinaux des mains demanderesses. Je me trouves dans l'émotion quand je suis sous la motion de l'hors-de-moi, lorsque la pierre qui me sert d'assise roule, ou bien est battue, au plus profond du minéral en moi, jusqu'à l'hydratation qui devient humection.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire