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vendredi 21 décembre 2012

Dantec, Houellebecq, depardieu!

Les articles du "Nouvel ob's" sur le retour annoncé de Houellebecq et sur celui non désiré de dantec, face à l'exil de depardieu, nous offrent ce tryptique... dantesque ! Et tristement gargantuesque, à part pour "l'exilé belge", les autres sont dopés à la chimie des médocs ou de la défonce. Bref, le seul rablaisien de la bande, le seul qui a eu de vrais malheurs (il a quand même perdu un fils, ce qui autorise certes à quelqu'indifférence envers des dictateurs aussi terribles que le sort), celui-là seul s'est exilé... fiscalement. Les deux autres, écrivains, non comédiens, qu'ils restent, qu'ils partent, avouez que ça nous fait une belle jambe - nous sommes des voyageurs aéroportuaires -. Si quelqu'un a compris quelque chose à l'opposition de "LA CARTE et (du) TERRITOIRE", j'attends ses lumières avec impatience. Quant à Maurice dantec, apparemment, son cas relève plutôt de la psychiâtrie ou de la sociopathie que d'autre chose. Je n'imaginais pas que ses relations avec le "bloc identitaire" fussent si enracinées. Mais thierry ardisson a eu tort de le mettre aux prises avec Malek chebel qui, s'il a fait un travail de compilation des traductions du Coran sans précédent en langue française, ne vaut pas Dantec par l'imagination ni par la liberté d'esprit. La liberté d'esprit a un prix : la folie. Maurice g. dantec est devenu fou d'être un métaphysique fantasque. Michel Houellebecq boit comme les bipolaires prennent du litium. Quant à depardieu, il aime l'argent comme le cinéma l'a filmé en rute dans "FORT SAGANNE" "Pour les seins de sophie Marceau" : Depardieu a des ruttes non prostatiques pour son patrimoine, à le faire quitter sa patrie. Du retour du psychopathe ou du nihiliste au regard de l'exil du trop bandant Obélix, permettez-moi de faire le choix de la puissance confisquée contre l'impuissance littéraire ! Faut-il être "un talent gâché" ou bien "un talent caché"... à quelques kilomètres de la frontière belge ? De par dieu, je crois me souvenir que, "pour vivre heureux, il faut vivre caché" !

samedi 15 décembre 2012

Elie et elisée

L'hypothèse fautive d'une lecture Réincarnationniste cachée dans les Evangiles qui est aussi une hypothèse rabbinique minoritaire et fait l'objet d'une accusation d'occultation par les tenants du "new age", , est ouverte par Mt 17, 10-13, qui semble identifier Jean-baptiste à elie. La figure d'elie, enlevé au ciel et vivant parmi les anges, potentiellement revenu sous l'apparence de Jean-baptiste (mais ceci n'est pas une interprétation orthodoxe de la figure du précurseur dans la mesure où les prophètes ne sont pas interchangeables et où la notion de personne est importante dans les evangiles) entretient avec son successeur Elisée, qui a demandé et obtenu de dieu de recevoir plus d'esprit-saint que Lui-même n'en avait reçu, et dont la mission a été beaucoup plus riche de faits thaumaturgiques, une relation qui me paraît préfigurer notre appréhension chronologique des ddeux natures du christ intervenant dans l'histoire, la nature divine précédant en Lui (et ayant aussi une certaine préséance) sur la Nature humaine. C'est ainsi qu'on voit le christ être le verbe de toute éternité comme Elie, après avoir fait des actions foudroyantes non sans demeurer accessible à la dimension apaisante du Dieu Qui se fait reconnaître dans la brise légère, après avoir relayé l'intervention cosmique de dieu, est enlvéau ciel, métaphore de l'éternité au sein même de notre espérance chrétienne, et sa mission précède celle d'elisée, comme le Verbe descendra sur la terre pour porter l'Evangile et devenir le Christ, en étant annoncé par Jean-baptiste, là où Elisée pouvait succéder à Elie sans transition, car ces deux prophètes n'étaient pas transcendants en eux-mêmes. Mais il faut ici pour le Christ une transition pour signifier et marquer ces deux modes de présence du verbe, d'abord en Haut, et puis en bas, comme il y a eu séparation des eaux et deux récits de la création, d'abord vue d'en haut, et puis vue d'en bas.

jeudi 13 décembre 2012

Logement: renvoyons dos à dos l'eglise et Cécile duflot

Ianperçu de l'actu n° 50. L'eglise doit relever le défi lancé par cécile duflot et lui en lancer un autre. Car évidemment, la ministre nous lance un défi, un défi qui tient à la fois de la basse vengeance contre la position du cardinal vingt-trois, mais aussi de la signature anticléricale d'un gouvernement qui n'a plus que ces verges-là pour se montrer offensif, envers une communauté habituée à tendre l'autre joue, et pour mettre les rieurs de son côté plutôt que de subir la "rentrée sociale" (à retardement) des râleurs qui n'ont pas lu le programme de Hollande, ni suivi la carrière de cet homme politique, qui a toujours été social-démocrate et social-libéral et fait partie de la "deuxième gauche" sans jamais qu'on lui demande quel était son courant (cf les articles du "Matin" signés de sa main dans les années 1985, exhumés il y a quelques mois par "RUE 89". Donc un peu de vengeance contre les catholiques assaisonnée d'une attaque un peu gratuite contre l'Eglise, ennemie et proie facile, en attendant d'"inscrire la loi de 1905 dans la constitution", première promesse du discours du Bourget du candidat Hollande, plus difficile à tenir, parce que source de contestations et de transformations plus profondes: contestations d'un catholicisme qui pourrait bien se rappeler soudain que cette loi a été adoptée contre lui, et qui pourrait même faire front avec les musulmans de france, comme cela s'est déjà vu dans certaines manifestations devant certains théâtres, pour que l'on desserre l'étau d'une laïcité hostile; mais aussi transformations parce que cette inscription dans le marbre constitutionnel de la république indivisible rendrait inévitable de mettre fin au régime concordataire d'Alsace-Moselle alors que le statu quoi arrange tout le monde et que personne n'a envie d'assumer la résurgence de cette querelle. C'est un défi et une attaque, mais ça ne doit pas empêcher l'Eglise de balayer devant sa porte, d'abordparce que l'Eglise dispose en effet d'un patrimoine immobilier qui excède beaucoup ses besoins : je ne parle évidemment pas des églises dont elle n'est plus qu'une sorte d'usus-fruitière, mais des presbytères et des salles paroissiales, qui seraient utiles pour satisfaire à la réunionnite de quelques groupes de rares paroissiens actifs ou de "troupes" (ou patrouilles) de scouts résiduels, locaux qui, étant réaménagés, pourraient très bien servir de centres d'hébergement pour les "sans abri", d'autant que, dans la nouvelle "concorde sociale" toute de négociations et de "donnant donnant", l'eglise pourrait très bien exiger que le partenariat de l'Etat s'étende, en échange de ses efforts pour confier les murs de ses bâtiments paroissiaux presque inusités à des associations spécialisées dans l'hébergement des "sans abri", à arrêter l'hémoragie de la vente des églises, qui perce le coeur de tous les catholiques. L'eglise doit relever ce défi, parce qu'il lui est un peu facile, sinon, de mettre en avant des figures comme celles de l'abbé Pierre, qui a "causé dans le poste" un certain hiver 1954 sans que la fondation des communautés emmaüs ait jamais réglé le problème du mal logement en france et en "culpabilisant" les laïcs bien logés et bien chauffés, mais sans s'insurger de ce que l'Eglise pouvait commencer par montrer l'exemple en mettant ses bâtiments à la disposition des "sans abri", comme si le social que faisait l'eglise s'arrêtait à la porte des bâtiments beaucoup trop grands qu'elle continue de posséder sans les occuper. Enfin, l'Eglise ne peut s'indigner d'être interpellée la première, même si l'intention de l'interpellation est perverse, à propos d'un domaine de dénuement dont elle prétend que c'est un de ses sujets de préoccupation les plus urgents : la charité et l'accueil des nécessiteux. Si elle joue quand elle en parle, le renvoi d'ascenseur que la ministre lui fait la prend à son propre jeu. et si elle ne joue pas, elle peut plaider sa cause en décidant de s'y mettre, dans un partenariat avec l'etat qui aura ses clauses de réciprocité. Mais puisque Mme duflot interpelle l'Eglise, nous autres, catholiques, sommes fondés à l'interpeller nous aussi. Pourquoi la politique du logement que pratique cette ministre verte continue-t-elle de donner dans le classique de "la construction de logements sociaux" empiétant sur les espaces verts, plutôt qu'elle ne se lance hardiment dans le "réaménagement du bâti", à commencer par celui des espaces inusités de l'etat, mais pouvant aussi appliquer, à d'autres moments qu'en hiver et pas seulement pour faire face à des situations d'urgence, la loi sur la réquisition des logements vides, issue de l'appel de l'abbé Pierre, mais restant lettre morte... Il est en effet inexpliquable que des propriétaires préfèrent laisser leurs logements vides plutôt que de les affecter à ce pour quoi ils sont faits, c'est-à-dire être habités. Je prends le pari que l'Etat débourserait moins d'argent à réaménager "le bâti" sans en exproprier les propriétaires, mais en les obligeant à une affectation différente de celle qu'ils avaient décidée; et en les défrayant du prorata de ce que vaudrait leur appartement loué au prix du marché avec ce qu'un locataire de HLM peut effectivement débourser pour occuper un logement. L'Etat, unpeu comme les assurances que prennent de plus en plus les propriétaires contre les mauvais payeurs, pourrait avancer le loyer, les locataires lui étant redevables à lui seul, comme c'est aujourd'hui le cas des sociétés de HLM. On dit aussi que les bureaux ne sont pas faits pour loger des familles. Certes, mais les nombreux bureaux vides qui occupent une proportion importante du parc immobilier parisien pourrait profitablement être aménagé pour héberger des familles nombreuses, lesquelles sont impossibles à loger dans le parc immobilier privé comme public habituel. Donc que l'eglise se retrousse les manches pour que sa préoccupation des "sans abris" ne soitpas qu'ostentatoire, et que notre ministre écologiste du logement fasse une politique écologique du logement!

"Pennequin remue le couteau dans la plèbe"

(réaction à l'article éponyme des "Cahiers livres" de "Libération" (consultable sur www.liberation.fr Cet article me faitpenser, pêle-mêle, à la chanson de Gilbert Lafaille, "Moi, j'ai rien à chanter", à celle de Michel Jonas sur "Les vacances" ("et nous, on regardait passer les bateaux, On mangeait des glaces à l'eau", à celle (Mais Charles Pennequin accepterait-il la comparaison ?) de Daniel Guichard, "Mon vieux " : "Papa", dit-il à son père comme ce chanteur, "pourquoi tu t'es fait avoir et pourquoi, moi, je ne t'ai pas parlé"! En filigramme bien que plus lointainement, j'entends aussi la chanson de Pierre Perret : "c'était un soir, messieurs, mesdames, Où la télé était en panne." Et tous les voisins de s'indigner qu'"Un gouvernement libéral Puise tolérer un tel scandale !" Pourtant, à l'époque de la jeunesse du poète, on n'en était pas à la situation paradoxale d'aujourd'hui, où l'offre télévisuelle s'est considérablement enrichie en termes de chaînes et appauvrie en termes de création : on a toutes les peines du monde à trouver un film par soirée sur les chaînes herziennes. Situation paradoxale qui est similaire à celle de la musique, un peu comme si les maisons de disque n'avaient plus de directeur artistique et si on s'était arrêté, en matière de création musicale, aux années quatre vingts, dont les chanteurs, en france ou dans les pays anglo-saxons, ont une longévité qui n'a rien à envier à celle de Jean-Pierre Elkabbach ou d'Yvan Levaï à la radio, qui ont tous les deux soixante-quinze ans bien sonnés, et ne passent pourtant pas la main. Voilà des gens qui ne sont pas assujettis à "la retraite à soixante ans", ni aux mêmes obligations que celles des professeursde médecine (le cas célèbre du pr Luc Montagnier est encore dans toutes les mémoires), contraints de quitter la scène (française) à soixante-dix ans, le professeur cabrol, gardant un bureau à la salpêtrière quoique né en 1925, restant une exception à ce principe inamovible, dont on se demande comment "un gouvernement libéral" peut "tolérer un tel scandale" de longévitéprofessorale... Pour autant, il y a un paradoxe entre le propos de charles Pennequin et le fait qu'il s'illustre dans un genre dont il contribue à entretenir un certain élitisme, en adoptant comme présupposé que la poésie n'a plus de lecteurs, mais aussi en ne rendant pas toujours sa lecture attrayante. C'est un peu le même paradoxe, dont j'aimerais bien avoir la clef, qui a couru tout au long de l'oeuvre de Pierre Bourdieu, qui n'a cessé de dénoncer "La distinction" et "Les héritiers", qui s'est enquis de "Ce que parler veut dire", tout en écrivant dans un langage infiniment précieux, jamais simple, abordable par ceux auprès desquels ses analyses de "sociologie prescriptive" auraient été les plus utiles : les prolétaires, précisément. Dans le film que Pierre Carl avait consacré à Pierre bourdieu, "LA SOCIOLOGIE EST UN SPORT DE COMBAT", avait lieu une scène où le sociologue voulait exporter "la bonne parole" en banlieue, mais où un membre du public avait voulu "se faire bourdieu", lequel protesta qu'il venait là pour fournir à son auditoire "un appareil critique" et scientifique et les clefs d'une insurrection, dont cet auditoire ne comprenait pas le plan, ni les soubassements idéologiques, puisqu'ils étaient expliqués en termes si obscurs, dans "la langue des dominants", sous prétexte de "complexité", insurmontable, indémontable, insimplifiable. On retrouve le même constat chez Marx qui disait à peu près que les rentiers et les oisifs étaient les seuls à pouvoir émanciper les travailleurs et que c'était là un des aspects du rôle historique qui incombait à la bourgeoisie. L'expression "travail de poésie" n'est pas sans être symptomatique. Qu'on est loin de la distinction d'Hanah Arendt (dans "LA CONDITION DE L'HOMME MODERNE", entre "travail" (dévolu plutôt aux artisans), "oeuvre" (le fait des artistes) et "action", concept plus politique et plus... complexe, résultant en partie de l'interaction et de "la division du travail". Le fait de penser "la poésie" comme un "travail" ne reprend pas seulement la célèbre distinction d'edison, selon laquelle "le génie représente 5 % d'inspiration et 95 % de transpiration", il correspond à un désoeuvrement, à un "refus de l'oeuvre" qui s'inscrit dans cette prédiction du structuralisme des multiples "morts" "du langage", "du sujet" et de l'homme". Le langage ne fait plus sens, un peu plus fait-il signe, le signe valant pour lui-même. Ce désoeuvrement de "la poésie" en "travail" est peut-être l'un des signes, justement, du "nihilisme européen" contemporain. "Vivre, c'est assumer de visiter le cimetière de nos contemporains". Un proverbe chinois dit que "nous sommes là pour pacifier nos ancêtres". Mais nous sommes là aussi pour dépasser le passé. Nous ne sommes pas là, nous que l'on considérait jadis comme des "débiteurs insolvables" à peine étions-nous nés, pour inverser unilatéralement la charge de la dette en faisant de nos parents nos "créanciers grecs", auxquels nous tiendrons rigueur de la dernière "parole malheureuse". Ma critique est-elle réactionnaire ? Il y a des moments où vivre, c'est réagir, comme d'autres où c'est choisir et risquer. Il ne faudrait pas que l'écriture ou que la poésie devienne un simple "travail de survie". si vous êtes intéressés par la poésie contemporaine, mon frère a produit un documentaire intitulé : "La poésie s'appelle reviens".

Nouvelles réflexions sur la filiation

Quelques mots écrits hier à mon frère, qu'il me démange d'autant plus de publier qu'en répétant comme d'autres que "les juifs ne sont pas le nombrile du monde", Benoîte commet un déni de filiation, tandis que je suis tout simplement mal à l'aise avec la notion de filiation. "Le sur-moi" te fait postuler qu'"il faut (ne pas) être célibataire" pour pouvoir prétendre à se marier (ça, c'est sûr) et avoir des enfants... Quant à moi, j'ai beaucoup de mal avec, non seulement l'idée, mais la réalité génétique de la filiation, au moyen de laquelle se transmet la vie. Mon interlocuteur "islamiste", dont tu connais la plume et le neveu, me dit que l'islam, c'est la religion de la désaffiliation. Rien que pour ça, je pourrais l'"embrasser" (pas mon interlocuteur, mais cette religion), si je n'étais aussi "viscéralement catholique" (j'espère que je suis né et que je mourrai catholique), et si je ne savais pas non plus qu'il se ment à lui-même (sans le savoir), en entrant dans le déni de la filiation par désir de légitimer une filiation... illégitime (celle d'Ismaël par rapport à celle d'Isaac, père de Jacob devenu Israël...) Quant à nous, chrétiens, Pi XI, observant avec crainte et tremblements la montée d'Hitler, avait écrit : "Nous sommes spirituellement des sémites", une manière de rattraper près de deux mille ans de déni ). Ce matin, je me faisais la réflexion que j'avais "une conception de la vie" qui était profondément "libérale" (comme me le dit souvent Nathalie Or, ce qui fait de mon "homo religiosus" un être dissocié, c'est que ma conception naturelle de la vie entre en contradiction quasiment absolue avec la reconstruction "surnaturaliste" de la vie, qui aurait besoin d'être "rédimée", via une filiation (avec dieu) plus ou moins adoptive. Grâce à Annick de Souzenelle, j'ai appris qu'en Hébreu, "être fils" (bar),( c'était, tiens-toi bien, "être la cible de son père", ou, autre traduction, être une flèche qui sait qu'elle doit aller dans la même direction que celle indiquée par son père. J'ai toujours trouvé insuffisante la définition de l'amour de saint-exupéry qui dit que "s'aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction." Ce matin, m'est revenue en mémoire (tu vas dire que décidément, je fais feu de tous bois)une scène de "Dalas" où JR, dans un rapprochement avec suellen, lui dit : "...On devrait se remettre ensemble, parce que nous voyons la vie de la même manière." Je me suis dit que c'était certainement une des approches de l'amour les plus justes et les plus belles que j'ai lues ou entendues : "On s'aime, parce qu'on voit, on conçoit la vie de la même manière..." Quant à "regarder ensemble dans la même direction", que de volonté se mêle à l'amour ! C'est un peu comme Jésus Qui dit à ses disciples : "vous êtes Mes amis si vous faites ce que Je vous commande" et quicroit tempérer cette Parole par cette autre : "vous êtes mes amis et non plus mes serviteurs, car un serviteur ne sait pas ce que veut faire Son Maître, tandis que, tout ce que J'ai appris de Mon Père (Son Dessein), Je vous l'ai révélé." Sauf que ce dessein, un seul l'a formé, fomenté, celui que Socrate aurait appelé "l'amant", tandis que "l'aimé" n'est libre que... de l'accepter ou de lui tourner le dos.

Y a-t-il deux natures en l'Immaculée? (I)

(Suite de nos entretiens avec benoîte) "Cher Julien, 1-Maintenant que j'ai fini le livre de R.Girard, je peux affirmer que le meurtre primitif n'est pas celui de Caïn. Toutes les religions du monde entier se réfèrent au même sacrifice qui semble plutôt être celui d'une divinité. Mais Caïn, non, c'est un fait historique qui rentre dans l'histoire du peuple hébreu, mais qui n'a rien d'universel. Ce qui est logique, le peuple juif n'étant pas le nombril du monde. 2- Notre Dame de l'Immaculée conception dont J.P II disait (à Lourdes) qu'elle était la vierge Eucharistique, est "plus" que l'épouse du Saint Esprit. Maximilien Kolbe, le passionné de l'Immaculée le dit aussi. N'est-elle pas alors, le Corps et le Sang Immaculé? Par contre Marie, c'est autre chose. Créature de Dieu, née avec un Coeur Immaculé. C'est comme pour le Saint-Esprit et l'Esprit Saint, quelquefois, il faut séparer les concepts pour mieux les comprendre. Dans l'Eglise, on fait beaucoup d'amalgame quelquefois et ça embrouille tout. A Lourdes, durant les 17 apparitions, Notre Dame n'a jamais dit une seule fois qu'elle était Marie. L'Eglise en a fait une déduction après coup et Bernadette soubirous, avec. Il fallait un coeur Immaculé pour recevoir le Corps et le Sang Immaculé qui pouvait alors laisser passer en Elle, Dieu notre Sauveur, Homme certes, mais sans tâche...donc du 8 décembre, l'Immaculée est présente et ne fait qu'une seule personne avec Marie jusqu'à la naissance du Christ, mais ensuite, les évangiles ne nous montrent pas une vierge qui serait l'égale de l'Esprit ni du Christ. Ne redevient-elle pas alors, Marie au Coeur Immaculé ? D'ailleurs, il serait hérétique d'ajouter une autre personne à la Trinité. Pourtant à un moment donné Notre Dame ne fait qu'un avec le Saint-Esprit. On peut dire alors: Notre Dame du Saint-Esprit. 3- En ce qui concerne la différence entre le Saint-Esprit et l'Esprit-Saint de la pentecôte, le Christ n'a jamais annoncé la venue du Saint-Esprit sur les Apôtres, mais de l'Esprit qui par définition ne peut être que Saint! A vous de jouer! (A moi de jouer ? La joute contient le jeu, à la création du monde, le verbe joua avec l'homme en se demandant quelle "aide" conviendrait à l'homme et si ce ne pourrait pas être les animaux, dans l'indétermination de la sexualité… Donc je joue, mais la partie est sérieuse, elle met en jeu l'Ontologie de dieu et de la cour céleste, abordons ces Mystères en ne nous tenant que sur le porche !) 1. Mais Benoîte, je n'ai jamais dit que le meurtre primitif était celui de caïn, j'ai dit que rené Girard, dans son cheminement vers le judéo-christianisme que, je crois, il n'avait pas fait à l'époque de la rédaction de "La violence et le sacré", l'a conduit à faire du meurtre de caïn l'archétype du sacrifice primordial, dont il était important, pour sa démonstration, qu'il fût présent dans la genèse. Quand je dis "archétype du sacrifice primordial", j'exagère un peu. Il ne nie pas que cet archétype est propre à la mémoire juive. Mais comme il universalise le judéo-christianisme, cela revient au même. Quant à la divinisation de la victime, R. Girard montre que c'est l'étape ultime du processus. Que les juifs y aient manqué, il me semble que Girard le lit comme une préparation par les auteurs sacrés de la bible à la sortie du sacrifice, dont il fait l'intuition fondamentale du judéo-christianisme culminant dans le christ, Qui peut faire l'objet d'une divinisation puisque Il Est Réellement Dieu, prouvant Sa divinité par "l'offre du Royaume", puis le don de sa vie, qui préfère être tué que de tuer, en faisant sortir de la validité de la poursuite du "sacrifice de l'autre". 2. Bigre, comme vous poussez loin et ddialectisez à plaisir ! Dieu sait que j'ai aimé l'idée de "Vierge eucharistique" à laquelle j'ai mieux réfléchi ou qui m'a frappé davantage lorsque je vous ai relue pour publier nos échanges. Je vous suis encore pleinement lorsque vous dites qu'"à un moment donné, Marie ne fait qu'un avec le saint-esprit." Mais où je cesse de vous suivre, c'est quand vous trahissez... la source de votre erreur : vous faites de Marie un concept, or Marie n'est pas un concept, elle est bien une personne, une"créature au coeur immaculé." Le plus loin qu'on pourrait aller se ramène à mon avis à ce que je vous ai écrit : méditer symétriquement sur la nature humaine du Christ-Fils, le Saint-Esprit et Marie d'un côté, et sur la nature divine du Verbe-christ, le saint-Esprit et Notre-dame de l'Immaculée de l'autre. Mais ensuite, si vous sortez Marie de l'Immaculée ou l'Esprit-Saint du saint-esprit, vous risquez de faire le pas de trop.

mardi 11 décembre 2012

Rectifications et contrerectifications

(Troisième et quatrième contribution à nos "entretiens sur l'esprit" avec benoîte) e De benoîte : Je vais rectifier brièvement: 1- dans le Credo, il ne s'agit que du Saint-Esprit. il n'y a pas de mauvaise traduction latine. En latin, on ne dit que "Spiritus Sanctus". Vivificantem C'est, ce qui donne la Vie en Dieu. "Je crois au saint Esprit (qui est) seigneur et qui donne la vie" Le Credo n'a pas de raison de parler de la pentecôte 2- L'esprit- Saint confié à la nature humaine du Christ? Cela me semble tiré par les cheveux. Je crois vraiment que c'est un don de Dieu donné à son Eglise 3- Savez-vous que vous avez des intuitions géniales? Il est dit, dans l'Eglise que Marie est l'épouse du St Esprit. Mais il y a encore mieux que cela. Saint Maximilien Kolbe, qui a voué sa Vie à l'Immaculée Conception va plus loin: Il parle "presque" d'Elle comme étant : Notre Dame du Saint Esprit." Je rechercherai le passage. C'est lourd de sens! Ce qui s'est passé à Lourdes n'est pas vraiment compris par tous. Le pape J.P II a parlé d'Elle, à Lourdes, comme étant la Vierge Eucharistique. Ensuite,c'est comme une charade: Saint Esprit, Notre Dame, et Corps et Sang Immaculés!! A nous de réfléchir... 4- Excusez-moi si je vous choque, mais je ne me retrouve pas dans la Génèse car on n'y apprend rien. Si vous lisez R.Girard qui lui, parle d'un sacrifice primordial auquel se réfèrent toutes les religions primitives et toutes les religions de la Loi, la Genèse ne nous dit rien là-dessus. Cela me fait dire que ce sacrifice est antérieur au récit de la création, bien antérieur car déjà oublié dans la mémoire consciente du peuple juif. Je n'ai pas fini le livre que déjà mon esprit cherche la relation entre ce sacrifice primordial (qui est certainement lié au péché originel) et le Sacrifice du Christ, en réparation de celui-ci. J'attends de voir si R. Girard a eu cette intuition... La suite au prochain numéro, au prochain "opus" deR Girard... Donc, la Genèse, non, décidement, je n'accroche pas et" l'esprit planant sur les eaux", ça ne veut rien dire, dans le sens où la Transcendance est exclue de tout cela. La Lumière de Dieu, c'est bien autre chose: Connaissance, Père, Don permanent de Soi, Amour et la suite, je l'ignore. 5- mais Julien, par le Baptème, vous avez déjà retrouvé l'innocence devant Dieu. A vous de la garder. De toutes les façons, c'est tout de suite ou jamais. 6- Bien sûr que j'ai le sens du péché. Une fois les péchés confessés, il ne faut pas se retourner en arrière. Nous sommes sortis de la Loi, cela nous délivre de nos péchés. Le sacrement de la confession non seulement nous pardonne, mais nous transforme. Seuls, nous n'y arriverions pas. 7- Cet esprit de Dieu dont vous parlez et qui fait partie de la Trinité nous est donné aussi à nous pour que nous soyons des personnes. Sans cela, nous ne sommes que des marionnettes sans vie (sans vie de l'Esprit, donc morts). On dit que Dieu est une personne car ce n'est pas un "premier principe" ou un "premier moteur" comme le disait Aristote. Notre être est représenté par le Christ, qui étant Dieu, est forcément une Personne. Nous sommes "faits à l'image de Dieu" uniquement dans ce sens. Nous sommes promis à devenir des Christs. Je n'invente rien. St paul le rabâche! 8- Oui, je crois que l'humanité entière a été ensemencée par la Croix du Christ. On ne peut "évangéliser" que si le germe est déjà donné par Dieu. Cela veut sourtout dire que la religion du Christ qui est la religion de l'amour, a aussi envahi les autres religions. Tout le monde parle de l'Amour de Dieu. Facile! Le Christ est passé par là. D'ici à dire qu'il y a des chrétiens anonymes, certainement, j'y crois. Par contre, il est vrai qu'à un moment donné, il devient necessaire de prendre conscience d'une faute originelle et de l'action salvatrice de Dieu. Vous savez, les Egyptiens et les Grecs, attendaient un Dieu nouveau et inconnu (St Paul) Il est temps, comme je l'ai dit sur métablog au sujet des Egyptiens, qu'ils reviennent à leur religion antique pour faire la reliance avec le Christ. N'oublions pas non plus, à ce sujet, que le Christ est passé par l'Egypte. Il a de ce fait, "baptisé" cette religion de science ésotérique par excellence. Ce n'est pas "élevé" de terre qui permet au Christ d'attirer le monde à Lui. C'est une image d'Epinal, ça. Non, c'est uniquement la Lumière de Dieu apportée aux hommes par la Croix et par la Parole de l'Evangile qui attire le monde à Lui. Il faut comprendre quelque chose de très important:il faut mettre les pieds sur terre comme l'a fait l'Emmanuel! Un dieu dans les nuées, c'est rester dans une image de Dieu d'avant la mission de sauvetage du Christ et cette image contient du vrai et du faux. Le Christ, Lui, nous révèle tout! De votre serviteur torrentiel/incapacitaire : "Très rapidement moi aussi (…) : 2. Je n'ai pas dit "l'Esprit-Saint confié à la Nature humaine du christ" ; ou en tout cas, je voulais dire : "le saint-esprit configuré à la nature humaine du christ", ou encore : "le saint-esprit Qui est à l'esprit-saint ce que la nature humaine du christ est à sa Personne divine." 3 . En fait d'"intuition géniale", je ne fais que reprendre, en parlant du saint-esprit comme du "féminin de dieu", ce que les orthodoxes en disent. Il y a évidemment un prolongement, comme un déploiement de ce ciel à la terre, entre le saint-esprit, et Marie, "épouse du saint-esprit" qui, à la fois, a été cachée au désert après la naissance de son fils, notre seigneur, et élevé auprès de son fils dans une icône de l'Ascension, à la fois vit encore au désert dans le ciel, et dresse sa tente sur la terre, la dresse, pas seulement en venant nous visiter de temps à autre à travers une apparition, mais aussi en tissant avec une toile une tente où nous pouvons habiter avec elle, enveloppés de son amour maternel, qui nous permet de monter vers dieu. 4. René Girard et la genèse... Dans le livre que je lis ("DES CHOSES cachées" et qui est postérieur à celui que vous lisez ("LA VIOLENCE ET LE SACRE)", le meurtre primitif est celui de caïn. Ce meurtre primitif prend en quelque sorte chez René Girard comme chez Freud la place du péché originel, bien qu'il n'aborde jamais ce dogme. Quant à la Réparation, c'est une idée absente de son "logiciel"intellectuel, puisqu'il tient à faire une "lecture non sacrificielle" de la Passion du christ. 5. Dans quel texte de l'eglise trouvez-vous la source de la distinction que vous faites entre l'esprit-saint et le saint-esprit ? Je crois la reformuler au point 2 du présent message. Malgré ma réticence sur votre limitation très précise des domaines de l'Esprit-saint et du saint-Esprit qui ne seraient pas les mêmes personnes, je me suis toujours demandé si le fait que la place du nom et de l'adjectif permutent dans les deux désignations de l'Esprit n'avait pas une importance, avant de conclure que ce n'était pas possible, mais un peu par paresse intellectuelle. Votre distinction m'intéresse, mais je voudrais être sûr qu'elle soit théologiquement fondée.

Entretien sur l'Esprit, deuxième contribution, ma réponse à benoîte.

chère benoîte, Je m'attendais à être décontenancé par votre texte, la distinction "Esprit-Saint" et "Saint-Esprit" n'est pas si commune, mais je dois dire que je suis étonné, voire même désharçonné, au-delà de ce que j'imaginais. Tout d'abord, cette distinction, êtes-vous bien sûre que l'eglise la fasse ? Si vous prenez la version actuelle du symbole de Nicée, le "credo" nous y fait dire : "Je crois en l'Esprit-Saint" ; si vous prenez la version vieillie du symbole des apôtres, la formule portait : "Je crois au saint-esprit" (un peu comme on aurait pu dire "je crois au Père Noël"…), ce qui fait que la version a été remplacée par : "Je crois en l'Esprit-saint", car la ficelle était grosse et allait au-delà d'une erreur de traduction, d'autant que le latin distingue, à ma connaissance, le "Dominum vivificantem" de Nicée (que vous définiriez comme l'esprit-Saint, si je vous suis) et le " spiritum sanctum" du symbole des apôtres (qui relaie leur expérience du saint-Esprit). Ce qui me désharçonne est que vous êtes sans doute la personne qui a donné la définition la plus belle de la sainte Trinité que j'aie jamais lue : "Dieu s'engendre fils de Lui-même", je croyais que vous aviez continué : "par le saint-Esprit", mais non : il y a une cohérence de votre pensée : Il ("Dieu…) s'engendre fils de Lui-même par l'action... du saint-esprit." Ce qui est troublant est qu'aussi bien quand vous parlez du saint-Esprit que de l'esprit-Saint, vous qui avez donné cette définition magnifique de la trinité, vous paraissez presque sortir l'Esprit-Saint de la trinité, ne plus en faire qu'une action dans le premier cas, une intelligence de la mission apostolique dans le second cas, où vous annoncez presque explicitement que, ce qu'ont reçu les apôtres, ce n'est pas la Troisième Personne de la trinité. Or je crois qu'on pourrait vous répondre, si l'on reprend et accepte votre distinction, si on parvient à en situer profondément les sources dans la théologie la plus ancienne de l'eglise, que le Saint-Esprit est en tout cas la troisième Personne de la trinité, en tant qu'elle est configurée à la nature humaine du christ, tandis que le saint-Esprit serait davantage configuré au verbe. l'intelligence et l'action sont confondues par Bergson comme les premiers attributs de l'être humain, qui commence par trouver le verbe avant d'être en capacité de nommer, de même que les noms propres seront ce que sa mémoire perdra les premiers. Or, intelligence et Action sont volontiers identifiées au verbe divin, qui est à la fois Action et sagesse. Vous savez sans doute que, pour les orthodoxes, la sagesse n'est pas l'identifiant de Jésus, mais celui de l'Esprit-Saint, Lequel est "le féminin de dieu", donc est inactif, puisqu'Il n'est pas le principe masculin créateur (je fais ici un détour par l'Inde). Vous avez l'air de préférer la dialectique ténèbres-Lumière, être-néant, chair-esprit en vue de la réunification du corps-esprit, à une manière de dire qui séparerait davantage, ou attribuerait telle qualité à chacune des Personnes, des hypostases de la Trinité. Par exemple, comment comprenez-vous que "Dieu est esprit" ou que "l'esprit est vie", "la vie étant la Lumière des hommes" - moi aussi, cette phrase m'a toujours frappé, et je vous suivrai volontiers pour dire que le prologue de saint-Jean nous éclaire plus que la genèse, à moins qu'il soit un abrégé de la genèse, dont il faudrait que nous trouvions le décalque terme à terme, ce que je crois. - ? Parce qu'au moins, une chose paraît certaine dans la genèse : c'est que "l'esprit planait sur les eaux" (donc à la fois circulait, mais pas comme un principe actif), puis a insufflé la vie ; mais avant cela, "la Lumière" a été une créature, à laquelle ensuite, Il a plu à dieu de s'assimiler, au moins allégoriquement, mais tout de même au point de faire de la Lumière un attribut divin, puisque Saint-Jean a défini dieu comme amour et Lumière. Vous mettez souvent l'accent sur la Lumière ; et en vous lisant, me venaient ces belles paroles de cette litanie de tayzé : "Ma ténèbre n'est point ténèbre devant Toi. La nuit comme le jour est Lumière." Ah, si seulement nous pouvions être devant dieu des êtres d'avant la séparation du jour et de la nuit, osant la fruition du paradis déjà retrouvé plus qu'en espérance par la rédemption, au point de vivre nus à la face de dieu, dans un sentiment d' innocence recouvrée, en même temps que notre esprit cesserait de mettre dieu en procès et acquiescerait à l'Innocence fondamentale de la sainte enfancedivine. Je vais paraître me contredire, mais Une autre chose m'étonne dans vos propos : vous reprochez aux chrétiens une trop grande "obsession du péché" ; vous êtes plutôt mystique, en ce sens que vous approchez de la réalité de "l'Union à dieu" ; or les mystiques se sont toujours distingué(e)s par le très grand sens qu'ils avaient de la gravité du péché. Une gravité source de réparation presque perpétuelle. Une réparation que nous devons avant tout à dieu, dans la mesure où, dit le vieil acte de contrition, "le péché Lui fait horreur". Dieu a horreur du péché, et c'est même ce qui crée entre Lui et nous un principe de séparation. Remarquez qu'à titre personnel, vous compensez ce qu'on pourrait percevoir en vous comme un "déficit du sens du péché" par une très grande crainte révérencieuse devant la Sainteté de dieu. C'est cette crainte qui vous fait me trouver léger d'avoir osé ajouter, dans "LA MESSE DES AFFAMES" quelque chose aux paroles du "notre Père", dont il faut tout de même se souvenir que dieu ne l'a pas prié, comme vous me le disiez ; s'Il l'a prononcé, c'est pour nous apprendre à le prier, ce n'est pas la même chose. Le "nous" du "notre Père" est celui des disciples et se distingue du "Je" Absolument singulier de la relation Père-fils, laquelle nous est constamment présentée en saint-Jean, tellement bilatérale qu'on n'est pas étonné, à la vérité, que les chrétiens, après avoir reçu l'Esprit-saint dans un violent coup de vent et avant qu'Il ne les console, n'aient pas vraiment su où Le mettre et n'ont rien trouvé de mieux à En dire que c'était l'amour qui Unissait le Père et le fils, comme si, même par analogie, on pouvait supposer que l'amour Qui cimente une relation eût une vie indépendante de celle-ci. Pour ma part, j'ai une certaine difficulté avec le fait qu'on ramène trop facilement notre religion à l'idée d'un dieu Personnel, et je me suis laissé aller à dire il y a quelques jours aux personnes avec qui j'étais que je préférerais de beaucoup que l'on parlât des trois Hypostases divines en nous réservant à nous, pauvres masques, toujours désireux de tracer un sillon dans l'histoire, l'appellation de personnes. Les trois hypostases divines sont trop consubstantielles les Unes aux Autre pour consentir à être appelées Personnes, si ce n'est pour nous être apparentées, et pour permettre que notre religion soit la seule, me répondit-on, qui permît d'établir un pont entrel'humanité et la divinité. Voici qui peut nous faire davantage toucher du doigt à quoi se rapporte l'esprit (sans que demeure pertinente, souffrez que je le conteste, votre distinction entre Esprit-saint et saint-esprit) et quelle est la Nature de la troisième Personne de la trinité : Dieu Est esprit et vie, l'Esprit est la vie de dieu, la vie est ce qui permet aux éléments d'entrer en relation, c'est de même par l'Esprit que nous sont insufflées la première comme la "seconde vie" qu'est le salut, l'Esprit est donc ce qui a permis au Père et au fils d'entrer en relation, car c'est tout uniment la vie divine. Dans l'esprit, la vie est la qualité commune intérieure au Père et au fils, Dont le Premier engendre le second, à l'intérieur d'une même vie qu'ils partagent. et en eux, ce principe de vie se confond avec l'amour. C'est en ce sens que vous avez peut-être raison de dire que le péché contre l'esprit se rapporte à refuser la vie divine. Mais je le formulerai plutôt ainsi que je ne reprendrai votre affirmation, que le péché contre l'Esprit consiste à ne pas reconnaître l'Action salvifique de dieu, car le salut n'est pas facile à reconnaître. Vous raisonnez come s'il était déjà transmis jusqu'aux extrémités de la terre. Beaucoup d'hommes ne comprennent pas l'économie du salut, ni pourquoi elle se superpose à la vie de simple créature, à moins que, selon vous, l'inconscient ne soit déjà le réservoire du salut, en quoi vous seriez en contradiction avec Jung - on en a le droit -, pour qui "l'inconscient n'était pas dieu". Tout au plus était-ce le vide qu'a laissé dieu, le vide qui est en attente que dieu vienne y occuper toute la place. Ce qui est sûr, c'est que, si le christ, "Elevé de terre", est désormais en mesure d'attirer tout à Lui, c'est qu'il y a quelque chose de l'inconscient, ou pour être moins restrictif, de l'inconscience de l'homme, qui lui appartient déjà et que le péché contre l'esprit pourrait se ramener à ne pas aimer la vie, à se complaire dans la pulsion de mort en feignant de ne pas trouver de valeur à la vie. Je dois dire que vous m'avez fait clarifier mes idées sur l'esprit, et j'ai déjà beaucoup médité sur cette troisième Personne de la trinité. Bien à vous Julien

Y a-t-il une différence entre l'Esprit-Saint et le Saint-esprit?

C'est l'hypothèse de benoîte, dont voici la première contribution à nos entretiens sur l'Esprit: " L’Esprit n’est pas la Loi… Vous avez raison et St Paul le rabâche. C’est absolument navrant de voir chez les chrétiens cette obsession du péché. Tout ramener à ça, c’est un peu court ! 1- le Saint-Esprit n’est pas l’Esprit-Saint : Le Saint-Esprit, c’est la 3ème personne de la Trinité. Il est « action » comme il est dit dans le Credo. C’est l’action de la Mission salvatrice. Il n’a de fonction que dans cette mission. Puisque vous parlez du royaume de Dieu d’avant la chute, l’Esprit étant en Dieu, il n’y a plus de distinction à faire entre Lui et l’Esprit. Il n’y a que la « Lumière » de Dieu qui est « Connaissance » et « Père » et bien d’autres choses encore que j’ignore. Sauf qu’au « Royaume », Dieu s’offre continuellement. On pourrait appeler cela des « offres de Lumière », un don de soi permanent, en quelque sorte. Le prologue de Jean nous le dit très clairement ! Même au sujet du péché originel, il nous renseigne infiniment plus que la genèse : « .. .et la vie était la Lumière des hommes, et la Lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas comprise… » Je m’éloigne du sujet, mais si peu au fond, car dès que l’Offre de Dieu, quelle qu’elle soit, n’est pas comprise, c’est à dire non acceptée totalement, naturellement, les ténèbres s’installent. Et comme vous le dites si bien, l’enfer c’est l’engrenage : Le mal qui depuis la chute se multiplie, se rationnalise et se radicalise et nous fait descendre dans l’inconcevable. La mission du Christ est une mission de sauvetage. Qui l’a appelée ? Pourquoi n’a-t-elle pas été instantanée au péché ? Ma dernière question est idiote vu que ce qui a pris du temps, c’est l’installation de la mission dans cet engrenage : Abraham, la Palestine, le peuple juif pour Son Incarnation. Le choix de Rome pour son Eglise etc…La mise en place a eu la durée de notre éloignement de Dieu. Nous étions séparés à jamais et on aurait pu ne jamais revoir la Lumière de Dieu et périr dans le néant. Ce n’est pas pour rien que l’on dit que le Christ a ouvert les cieux ! Le Saint-Esprit dans la Mission, c’est Dieu lui-même (comme il est dit dans le Credo : qui procède du Père et du Fils) Dieu se missionne lui-même : Père, Fils et Saint-Esprit (qui en est l’Action) . Par cette mission, par la Mort et la Résurrection du Fils, nous avons été baptisés en Christ Sauveur c’est à dire en Dieu. Cela permet notre conversion. Notre action de conversion est de retrouver notre Esprit de redevenir « corps-esprits » tels que nous étions avant la chute. C’est en fait ce que vous disiez un jour sur Metablog : nous diviniser. Le péché contre l’Esprit est par conséquence le simple refus de reconnaître l’action salvatrice de Dieu, car c’est alors nier Dieu, Son Royaume, notre péché originel, la Croix et tutti quanti… Cela n’a rien à voir avec le péché en général car celui qui pêche contre l’Esprit n’entend pas pécher. Il se met à la place de Dieu. Ce n’est même plus de l’orgueil, c’est bien plus que cela, bien au-delà ! : C’est avoir la conviction que ce cosmos où nous vivons est autosuffisant et possède sa cause et son aboutissement en lui-même : Fruit du hasard ou d’autres chimères. Mais, comme le Christ est passé par là ainsi que l’Esprit de Dieu, personne ne peut avoir d’excuse. La Lumière, par l’Esprit (par la mission trinitaire) a envahi l’espace-temps. Il a même arrêté notre temps !! (Les temps sont accomplis). Curieusement, la messe d’aujourd’hui 18.09, est très appropriée. L’Evangile : MATH.22,1-14 : La parabole des noces royales. La fin surtout, quand le roi dit à ses serviteurs d’inviter à ses noces tous ceux qu’ils trouveront dans les carrefours…Ce qu’ils font et ils ramènent tous ceux qu’ils trouvent, les bons comme les mauvais. Même les pécheurs sont admis au « festin des noces de l’Agneau » mais celui qui n’a pas l’habit de noce (robe nuptiale), c’est à dire celui qui n’a pas cru en l’Esprit dont on a parlé plus haut, celui-là n’a pas sa place au banquet de la réconciliation. 2-L’Esprit-saint, consolateur etc.., …que les apôtres attendent avec Marie au cénacle, c’est tout autre chose. Ce n’est pas la 3èmepersonne de la Trinité. C’est l’intelligence de la Mission du Christ (mission trinitaire). Cette intelligence, de comprendre l’Action de Dieu parmi nous, l’Emmanuel, et de le transmettre a été donnée à l’Eglise de Pierre ainsi qu’à Marie puisqu’elle est mère de l’Eglise. C’est donc par la suite, le magistère de l’Eglise qui en est le dépositaire. C’est l’infaillibilité du Credo et des Sacrements. L’Eglise seule détient la mission de propager la Vérité de la Mission trinitaire. C’est pourquoi, on la dit : Sainte, Catholique et Apostolique. Ses erreurs n’entachent pas sa sainteté, ni sa mission. Quant au diable dont vous parlez souvent, pensez comme St Thomas d’Aquin et ne lui donnez pas ce qu’il n’a pas. Il n’a pas d’être en soi. Il n’est pas l’égal de Dieu. C’est tout au plus, le père du péché, un « méga pécheur » en quelque sorte. On ne choisit pas tant entre Dieu et lui car ce serait lui donner une importance qu’il n’a pas, mais entre l’Etre et le Néant, le non-être, puisqu’en dehors de Dieu, rien n’existe. En conclusion, je dirais que l’Eglise fait la différence entre les deux concepts. Ce n’est pas ça le problème. Mais le fait d’utiliser un terme pour un autre produit comme résultat une confusion générale. Et c’est tellement ancré dans les habitudes que l’on finit par prendre l’un des termes pour l’autre, ou les deux pour la même chose. Le Saint Esprit s’est annoncé par les prophètes et a continué son action dans l’incarnation du Verbe. Il n’y a là aucun problème. D’autre part et ce sera la fin, vous avez raison de parler d’ouverture et de fermeture des Ecritures mais l’Evangile est la Parole de Dieu et comme action vivifiante elle est la Vie même et n’est pas fermée. Elle nous accueille en Elle et si vous voulez, on peut dire comme vous que notre conversion et notre transfiguration en est la suite…En tous les cas, moi cette idée me plait bien. Cela exprime bien l’idée du retour en Dieu.

Le péché contre l'Esprit (II), la solution de Jean-Paul II (et le problème qu'elle pose)

(in "DOMINUM ET VIVIFICANTEM", par. 46 et 48 (solution très bien résumée par ces quelques lignes de Me Jean-Paul Parfu, que je reproduis en exergue du texte de l'encyclique du bien-heureux souverain pontife, avant une objection quej'apporte à sa dernière phrase) : "L'homme qui pèche contre l'Esprit prétend se situer en dehors des notions de bien et de mal, de vrai et de faux, de beau ou de laid. Il affirme que ces notions ne signifient rien pour lui. Il se soustrait ainsi volontairement à l'ordre voulu par Dieu. De la sorte, il prétend créer son ordre propre, face à l'ordre de Dieu. Dès lors, il ne peut plus être pardonné, puisqu'il se place lui-même hors de tout critère de pardon naturel et surnaturel. Cependant, comme seul l'ordre voulu par Dieu existe vraiment et que l'ordre qu'il tentait de placer face à l'ordre voulu par Dieu n'existe pas, n'est qu'une imposture, il peut, bien entendu, toujours être jugé et jugé sévèrement ! L'inversion des valeurs que nous connaissons aujourd'hui et qui consiste à appeler bien le mal et mal le bien est un péché contre l'Esprit, c'est même le péché contre l'Esprit par excellence ! Il trouve sa racine dans le péché originel de nos premiers parents qui a consisté à vouloir dire à la place de Dieu ce qui est bien et mal." (Jean-Paul Parfu) Mon objection : Le péché originel est en effet compris par le magistère de l'Eglise catholique comme relevant d'une désobéissance. Il aurait consisté dans un nouvel ordre de désignation du "bien et du mal" par l'homme qui en ignorait tout. L'esprit-Saint serait venu "mettre en évidence le péché" pour réajuster cette connaissance du bien et du mal selon l'ordre divin. Seulement la discontinuité est criante, entre "l'Esprit Qui planait sur les eaux au commencement" et Qui a béni toute Création en insufflant son âme à l'homme et cet esprit moralisateur, Qui serait Venu se substituer à la Loi. Cette discontinuité est tellement criante qu'on voit mal comment elle ne résulterait pas d'une formulation quelque peu inadéquate du problème de la rédemption, qui est de rendre son innocence à l'homme pour permettre à l'âme de revivre dans le paradis moral où elle n'avait pas à se cacher de la face de dieu. Le texte de Jean-Paul II (l'intégralité de l'encyclique est consultable à cette adresse : http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_18051986_dominum-et-vivificantem_fr.html) 6. Le péché contre l'Esprit Saint 46. Compte tenu de ce que nous avons dit jusqu'à maintenant, certaines autres paroles impressionnantes et saisissantes de Jésus deviennent plus compréhensibles. On pourrait les appeler les paroles du «non-pardon». Elles nous sont rapportées par les synoptiques, à propos d'un péché particulier qui est appelé «blasphème contre l'Esprit Saint». Voici comment elles ont été rapportées dans les trois rédactions: Matthieu: «Tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera pas remis. Et quiconque aura dit une parole contre le Fils de l'homme, cela lui sera remis; mais quiconque aura parlé contre l'Esprit Saint, cela ne lui sera remis ni en ce monde ni dans l'autre»180. Marc: «Tout sera remis aux enfants des hommes, les péchés et les blasphèmes tant qu'ils en auront proférés; mais quiconque aura blasphémé contre l'Esprit Saint n'aura jamais de rémission: il est coupable d'une faute éternelle»181. Luc: «Quiconque dira une parole contre le Fils de l'homme, cela lui sera remis, mais à qui aura blasphémé contre le Saint-Esprit, cela ne sera pas remis»182. Pourquoi le blasphème contre l'Esprit Saint est-il impardonnable? En quel sens entendre ce blasphème? Saint Thomas d'Aquin répond qu'il s'agit d'un péché «irrémissible de par sa nature, parce qu'il exclut les éléments grâce auxquels est accordée la rémission des péchés»183. Selon une telle exégèse, le «blasphème» ne consiste pas à proprement parler à offenser en paroles l'Esprit Saint; mais il consiste à refuser de recevoir le salut que Dieu offre à l'homme par l'Esprit Saint agissant en vertu du sacrifice de la Croix. Si l'homme refuse la «manifestation du péché», qui vient de l'Esprit Saint et qui a un caractère salvifique, il refuse en même temps la «venue» du Paraclet, cette «venue» qui s'est effectuée dans le mystère de Pâques, en union avec la puissance rédemptrice du Sang du Christ, le Sang qui «purifie la conscience des œuvres mortes». Nous savons que le fruit d'une telle purification est la rémission des péchés. En conséquence, celui qui refuse l'Esprit et le Sang demeure dans les «œuvres mortes», dans le péché. Et le blasphème contre l'Esprit Saint consiste précisément dans le refus radical de cette rémission dont Il est le dispensateur intime et qui présuppose la conversion véritable qu'il opère dans la conscience. Si Jésus dit que le péché contre l'Esprit Saint ne peut être remis ni en ce monde ni dans l'autre, c'est parce que cette «non-rémission» est liée, comme à sa cause, à la «non-pénitence», c'est-à-dire au refus radical de se convertir. Cela signifie le refus de se tourner vers les sources de la Rédemption, qui restent cependant «toujours» ouvertes dans l'économie du salut, dans laquelle s'accomplit la mission de l'Esprit Saint. Celui-ci a le pouvoir infini de puiser à ces sources: «C'est de mon bien qu'il reçoit», a dit Jésus. Il complète ainsi dans les âmes humaines l'œuvre de la Rédemption accomplie par le Christ, en leur partageant ses fruits. Or le blasphème contre l'Esprit Saint est le péché commis par l'homme qui présume et revendique le «droit» de persévérer dans le mal - dans le péché quel qu'il soit - et refuse par là même la Rédemption. L'homme reste enfermé dans le péché, rendant donc impossible, pour sa part, sa conversion et aussi, par conséquent, la rémission des péchés, qu'il ne juge pas essentielle ni importante pour sa vie. Il y a là une situation de ruine spirituelle, car le blasphème contre l'Esprit Saint ne permet pas à l'homme de sortir de la prison où il s'est lui-même enfermé et de s'ouvrir aux sources divines de la purification des consciences et de la rémission des péchés. 47. L'action de l'Esprit de vérité, qui tend à la «mise en lumière du péché» pour le salut, se heurte, dans l'homme qui se trouve en une telle situation, à une résistance intérieure, presque une impénétrabilité de la conscience, un état d'âme que l'on dirait durci en raison d'un libre choix: c'est ce que la Sainte Ecriture appelle «l'endurcissement du cœur»184. De nos jours, à cette attitude de l'esprit et du cœur fait peut-être écho la perte du sens du péché, à laquelle l'Exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia a consacré de nombreuses pages185. Déjà, le Pape Pie XII avait affirmé que «le péché de ce siècle est la perte du sens du péché»186, et cela va de pair avec la «perte du sens de Dieu». Dans l'Exhortation mentionnée ci-dessus, nous lisons: «En réalité, Dieu est l'origine et la fin suprême de l'homme, et celui-ci porte en lui un germe divin. C'est pourquoi, c'est le mystère de Dieu qui dévoile et éclaire le mystère de l'homme. Il est donc vain d'espérer qu'un sens du péché puisse prendre consistance par rapport à l'homme et aux valeurs humaines si fait défaut le sens de l'offense commise contre Dieu, c'est-à-dire le véritable sens du péché»187. C'est pourquoi l'Eglise ne cesse de demander à Dieu que la rectitude ne fasse jamais défaut dans les consciences humaines, et que ne s'atténue pas leur saine sensibilité face au bien et au mal. Cette rectitude et cette sensibilité sont intimement liées à l'action de l'Esprit de vérité. Cet éclairage rend particulièrement éloquentes les exhortations de l'Apôtre: «N'éteignez pas l'Esprit»; «ne contristez pas l'Esprit Saint»188. Mais surtout, l'Eglise ne cesse de prier intensément pour que n'augmente pas dans le monde le péché appelé par l'Evangile «blasphème contre l'Esprit Saint», et, plus encore, pour qu'il régresse dans les âmes - et par contrecoup dans les divers milieux et les différentes formes de la société -, cédant la place à l'ouverture des consciences indispensable à l'action salvifique de l'Esprit Saint. L'Eglise demande que le dangereux péché contre l'Esprit laisse la place à une sainte disponibilité à accepter sa mission de Paraclet, lorsqu'il vient «manifester la culpabilité du monde en fait de péché, en fait de justice et en fait de jugement». 48. Dans son discours d'adieu, Jésus a lié ces trois domaines de «la manifestation», qui sont les composantes de la mission du Paraclet: le péché, la justice et le jugement. Ils indiquent la place de ce mysterium pietatis qui, dans l'histoire de l'homme, s'oppose au péché, au mysterium iniquitatis189. D'un côté, comme le dit saint Augustin, il y a l'«amour de soi jusqu'au mépris de Dieu», et de l'autre, il y a l'«amour de Dieu jusqu'au mépris de soi»190. L'Eglise fait continuellement monter sa prière et accomplit sa tâche pour que l'histoire des consciences et l'histoire des sociétés, dans la grande famille humaine, ne s'abaissent pas vers le pôle du péché par le refus des commandements de Dieu «jusqu'au mépris de Dieu», mais bien plutôt s'élèvent vers l'amour dans lequel se révèle l'Esprit qui donne la vie. Ceux qui acceptent la «mise en évidence du péché» par l'Esprit Saint l'acceptent également pour «la justice et le jugement». L'Esprit de vérité, qui aide les hommes, les consciences humaines, à connaître la vérité du péché, fait en sorte, par là même, qu'ils connaissent la vérité de la justice qui est entrée dans l'histoire de l'homme avec la venue de Jésus Christ. Ainsi, ceux qui, convaincus qu'ils sont pécheurs, se convertissent sous l'action du Paraclet, sont en un sens conduits hors du cercle du «jugement», de ce «jugement» par lequel «le Prince de ce monde est déjà jugé»191. La conversion, dans la profondeur de son mystère divin et humain, signifie la rupture de tout lien par lequel le péché unit l'homme à l'ensemble du mysterium iniquitatis. Donc, ceux qui se convertissent sont conduits par l'Esprit Saint hors du cercle du «jugement» et introduits dans la justice qui se trouve dans le Christ Jésus, et qui s'y trouve parce qu'il la reçoit du Père192, comme un reflet de la sainteté trinitaire. Telle est la justice de l'Evangile et de la Rédemption, la justice du Discours sur la montagne et de la Croix, qui opère la purification de la conscience par le sang de l'Agneau. C'est la justice que le Père rend au Fils et à tous ceux qui lui sont unis dans la vérité et dans l'amour. Dans cette justice, l'Esprit Saint, Esprit du Père et du Fils, qui «manifeste le péché du monde», se révèle et se rend présent dans l'homme comme Esprit de vie éternelle.

Le péché contre l'Esprit (I), complément,

(ma deuxième question, mangée par l'envoi trop rapide de mon message): 2. Pourquoi avoir assigné l'Esprit-saint au passé alors que nous vivons de Sa Force?

Le péché contre l'Esprit (I)

I POSITION (PERSONNELLE) DU PROBLEME Prééminence de l'Esprit sur le Fils mise en regard De l'oubli de l'esprit, révoqué dans le passé par le "credo" alors que nous vivons de l'Esprit. quelle est la nature du péché contre l'esprit? Sans prétendre avoir la réponse, il me semble percevoir que le péché contre l'esprit contient principalement la faute d'attribuer aux oeuvres de dieu un contenu diabolique, ou de confondre dieu avec le diable, mais particulièrement en la Personne de l'Esprit-saint. Or c'est précisément ce point qui m'est apparu au grand jour dans ma méditation matinale d'hier en lisant ce verset (Mt 12:32, selon la traduction J.N. Darby qui m'est la plus techniquement accessible et dont le littéralisme qui reste syntaxiquement français me convient assez) : "Et quiconque aura parlé contre le fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque aura parlé contre l’Esprit Saint, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir." Ce verset est d'autant plus troublant que c'est dans le Nom de Jésus, le Verbe Incarné, que nous sommes sauvés et justifiés. Or on peut En mal parler sans qu'il nous en coûte davantage que d'en demander pardon à Dieu (ce qui certes, n'est pas un engagement purement verbal). Comme s'il y avait une prééminence de l'Esprit sur le fils. A quoi cette prééminence est-elle due ? Tiendrait-ele au fait que "Dieu Est esprit"? Or il survient une nouvelle source de trouble : comment se fait-il que l'Esprit soit "le grand oublié" de notre vie spirituelle, alors même que c'est celui qui fait anamnèse en nous, Qui nous fait ressouvenir de Dieu dont nous nous sentons si souvent orphelins, et de toutes les Paroles qui nous furent dites par le christ dans l'Evangile; et Qui en fait anamnèse au point d'en augmenter l'ampleur, suivant le discours du christ après la cène, à des Paroles que "les disciples n'auraient pas pu porter pour le moment". Est-Il oublié dans la mesure même où Il n'est pas là pour faire Mémoire de Lui-même, mais du fils Dont Il réactualise les Paroles en les mettant à notre portée? Mais encore (et je m'arrêterai là), pourquoi l'Esprit-saint par Lequel le christ et son Père nous sont rendus Présents, nous est-Il présenté par le symbole de Nicée-constantinople comme appartenant au passé, où se serait concentrée Son Action puisqu'il nous est dit: "qui locútus est per Prophéta" (Il a parlé par les prophètes). Ce phénomène est d'autant plus difficile à comprendre que l'assignation au passé de "l'Esprit vivificantem" trouve son pendant dans "l'extinction de la prophétie" par les juifs, tout comme l'interdiction de rien rajouter ou retrancher à la sainte bible après le livre de l'apocalypse, interdiction qu'on aurait pu comprendre comme s'attachant simplement à ce livre précis de la "sainte Bibliothèque hébraïque" (comme l'appelait tresmontant), pas à la Bible tout entière. L'extension de ce phénomène d'"extinction de l'esprit" au Nouveau testament a, ici commme ailleurs, donné lieu au déploiement apocryphe et traditionnel de la légende et de "l'histoire sainte". Le talmud et la souna ne sont nés, dans le judaïsme et dans l'islam, que d'une interdiction semblable qui a forclos le livre de la Révélation. Or il eût dû en aller autrement en christianisme où nous vivons de l'esprit-Saint. Donc, si je ramène mes deux questions à une formulation plus synthétique, elles peuvent se poser ainsi: 1. Pourquoi une plus grande sévérité contre une mauvaise identification de l'Esprit, là où, à la fois le discernement est le plus difficile, et où c'est dans le Nom de Jésus-christ que nous sommes sauvés? Et 2. Pourquoi avoir assigné l'Esprit-saint au passé alors que nous vivons de Sa Force?

lundi 19 novembre 2012

La dissolution des partis

Ce matin, en discutant avec mon instructeur de locomotion, lui est venue cette remarque que je trouve tellement juste et pleine de bon sens que c'est par elle que je reprends ma chronique, trop longtemps interompue, des "inaperçus de l'actu". "si vous et moi fondions une association et qu'ensuite, nous magouillions pour que telle motion que nous défendrions passe contre l'avis de la majorité des adhérents de notre association, celle-ci serait immédiatement dissoute. Or à quatre ans de distance, nous avons eu droit aux magouilles du PS et à celles de l'UMP dans la désignation de leur Président ou de leur secrétaire général. Si les partis politiques étaient traités en France comme des associations de droit commun, un cas comme celui-ci entraînerait immédiatement leur dissolution. Mais il y a mieux: si nous, citoyens français, au lieu de râler contre ces appareils cooptés, au lieu de regarder faire, nous agissions, ce ne serait pas, aujourd'hui, Fillon qui porterait plainte contre copé ou copé qui porterait plainte contre fillon, ce serait n'importe quel citoyen ou colectif de citoyens, qui porterait plainte contre x et pourrait entraîner, par son action militante, la dissolution d'un parti d'autant plus impardonnable d'être fraudeur qu'il tire sa légitimité de l'élection. Et quand on serait arrivé à dissoudre tous les partis politiques (car il n'y en a pas un pour rattraper l'autre), on serait enfin mûr pour la sixième république. La France n'a rien à envier aux pays africains." Je dirais même qu'en son temps, lors de l'élection contestée de Martine aubry contre Ségolène royal, la comparaison m'est venue que Martine aubry dirigeait le Parti socialiste avec la même légitimité que Georges bush (junior) avait eue pour présider les Etats-Unis lors de sa première élection en 2000. Or Martine aubry n'aurait certainement pas aimé être comparée à georges bush. Mais ça n'a jamais dérangé ces bons "petits soldats" que sont les militants socialistes, qui ne sont pas plusperturbés, à ce jour, d'être représentés par Harlem désir, lequel en appelait à l'élection du premier secrétaire de son parti par les militants avant que l'association de Martine Aubry avec Jean-Marc ayrault n'aboutisse à le faire désigner contre Jean-christophe cambadélis. Mais retenons la proposition de mon instructeur de locomotion : pourquoi ne pas organiser un collectif de citoyens pour déposer une plainte contre x en commençant par l'UMP pour aboutir, de proche en proche, à la dissolution de tous les partis vermoulus, qui ne représentent plus, tous autant qu'ils sont, que leurs appareils et qui, étant censés "concourir à la démocratie interne" au sein de notre république, ne sont même pas capables d'organiser la démocratie interne en leur sein ? Et pourquoi ne pas nous réunir à quelques étudiants de "sciences po" pour imaginer et promouvoir de nouvelles institutions pour une "sixième république" ? Des institutions qui soient un peu plus révolutionnaires que la proposition montebourgeoise ou mélanchonienne de retour à une République parlementaire ! Je me tiens à la disposition de toutes les bonnes volontés qui voudraient aller dans ce sens. ON peut me contacter à mon adresse courriel : Julien.weinzaepflen@numericable.fr

mercredi 17 octobre 2012

Equilibre et normalité

Parmi les signes qui me rendaient naguère optimiste, il y avait celui-ci, que j'avais cru à un amoindrissement du culte de la normalité. C'est tout le contraire qui s'est produit, puisque la France a élu en 2012 "un Président normal". Or il y a une grande continuité entre la modernité, correction temporelle, et la pensée correcte, dont la fin n'est ni le bonheur, ni la sérénité, mais la normalité, correction mentale et exaltation de la banalité, dont la banalité du désir est presque le moindre mal. Le désir de normalité, s'il va jusqu'au bout de sa logique, s'érige contre ce qui passe pour le contraire de la normalité, c'est-à-dire le pathologique. Au mieux, on peut souffrir sans être malade, mais être malade encourt une "condamnation à vie" : les schizophrènes, qui sont censés prendre leurs médicaments à vie, les alcooliques qui ne devraient plus jamais toucher un verre d'alcool, de façon qu'en supprimant leur problème, il n'existe plus, ou les "majeurs protégés", qui voient constamment leurs recours en levée de tutelle refusé, comprennent de quoi je veux parler. La normalité, c'est conjointement le culte de l'autonomie individuelle et de la dépendance sociale. Or l'autonomie individuelle ne peut pas être normative, car si chacun faisait sa loi... L'autonomie individuelle, c'est la phobie de l'autre individuellement, qu'on trouve avantageusement remplacé par l'abstraction sociale, qu'on ne sent pas coercitive puisqu'on ne mesure pas son pouvoir poolitique. La quête de la normalité, dans son refus, non du pathos, mais du pathologique, croit en la guérison, bien qu'elle n'aime pas la guérison puisque la normalité n'aime rien - quand on n'aime pas les malades, on n'aime personne -. Or la guérison est une illusion du même genre que l'autonomie, car de même qu'un anarchisme indifférent de tous étant à eux-mêmes leur propre loi finirait en société déchirée, de même que les indépendances ont montré qu'elles n'avaient pas tué l'interdépendance et qu'un esclavage économique des plus cyniques s'était substitué à l'esclavage colonial, plus franc et massif dans son paternalisme accapareur, de même, la guérison reste une illusion puisque la propriété du terme de guérison supposerait que celle-ci soit définitive. L'horizon du normal, c'est l'équilibre. Mais l'équilibre qui équipare, de la façon dont le mot est formé, l'égalité et la liberté, dénonce le côté où il penche et la valeur qu'ilpréfère, dans la mesure où il n'existe pas de liberté qui ne soit une fêlure et donc une maladie. La liberté est une fêlure de l'intelligence à qui la vérité ne suffit plus, une fêlure de la volonté que l'impulsion maîtrise, une fêlure de l'avidité qui ne connaît point de tempérance, enfin une fêlure de l'amour qui s'éprend pour capter. Or l'équilibre, ne peut aimer la liberté, puisque la normalité n'aime pas le pathologique et que la liberté est une maladie. D'autre part, l'équilibre, ayant accusé son penchant pour l'égalité, n'aime pas non plus la fraternité. Car la volonté d'égalité veut servir "la rivalité mimétique", là où la fraternité ferait un effort pour comprendre son frère, pour éviter le fratriciede et mettre en évidence la différence entre l'égalité et l'identité. L'égalité est censé tenir l'équilibre entre la liberté et la fraternité, mais ce n'est qu'en les détruisant toutes les deux qu'elle le tient. La normalité est donc une aspiration psychopathe et sociopathe au refus du pathologique au profit de son ersatz pathétique.

mardi 16 octobre 2012

Hollande, couacker des handicapés (II)

Ma réaction: Au vu de cet article, je ne peux que répéter ma sempiternelle cantilène pathétique : 1. La décentralisation est une vaste désorganisation, je n'ai pas dit un vaste bordel, qui permet ces sortes de transferts de compétence, sans les transferts de fonds correspondants. 2. Voir les socialistes arriver au pouvoir pour refiler, sans l'avoir annoncé, la "patate chaude" de la politique du handicap aux départements, n'est-ce pas un peu le comble du cynisme politique, et ce après que Ségolène royal avait perdu son débat de second tour contre Nicolas Sarkozy en 2007 en lui disant que de faire des enfants handicapés une variable d'ajustement de la politique de l'Education était "le summum de l'immoralité politique" ? Hamou bouakkaz, vous nous aviez bien vendu François Hollande, le 26 novembre dernier. Ne croyez-vous pas qu'il serait temps de lui passer un petit coup de fil ? Au passage, que ne vous a-t-il nommé ministre à la place de Mme carlotti qui préféra livrer une rude bataille marseillaise contre renaud Muselier au risque d'abandonner son poste où on ne l'entend guère, que de se consacrer à commencer d'en étudier les dossiers difficiles et très techniques. Mais pour faire bonne mesure, on dit que la précédente ministre de la commissération, qui avait honoré nos etats généraux de la déficience visuelle de son discours inaugural, Mme roseline Bachelot ("veuillez noter, grégoire") serait payée vingt mille euros pour sa participation qotidienne à 'émission de Laurence ferrari, montant dont elle a dit qu'il était de cet ordre, interrogée par Marc-Olivier fogiel sur RTL, tout en ajoutant que, maintenant qu'elle était retirée de la politique active, elle estimait n'avoir plus aucun compte à rendre de l'argent qu'elle gagnait - elle est à la retraite des éléments de langage du champ lexical de la solidarité - , pendant que ceux qui relèvent de son ancien dernier département ministériel devraient avoir mauvaise conscience de faire partie de l'assistanat, selon les cassiques de son ancienne famille politique... 3. François Hollande envisage de procéder à cette départementalisation "hors du champ de la Sécurité sociale", bien que la loi de 2005 ait créé une cinquième branche spécifiquement dédiée aux persones âgées et aux handicapées. François Hollande peut-il s'exonérer, après avoir tant critiqué les méthodes de gouvernance de l'"omniprésiden(ce)", de passer devant le législateur pour que cette cinquième branche soit, le cas échéant, démembrée et que les fonds dont elle dispose soient réaffectés, on espère pas à boucher le trou des autres branches de la sécurité sociale, mais plutôt mis à la disposition des départements, dont le Président de l'ADA craint que les transferts de fonds soient comme d'habitude, depuis la décentralisation, promis et jamais versés dans leur intégralité par l'etat lâcheur ? Au passage, le démembrement de cette cinquième branche, mais le simple fait qu'on puisse l'envisager sans en avoir jamais référé ni prévenu ses partenaires, à la faveur d'un discours devant les représentants des collectivités territoriales exsangues, dont l'ancienne banque prêteuse vient de mettre la clef sous la porte, prouve qu'on s'assied littéralement sur la loi de 2005 et que, puisqu'on ne pourra pas atteindre les objectifs démesurés d'accessibilité qu'on s'y était fixés, puisqu'on ne pourra pas les atteindre et qu'on le reconnaît, autant couper les vivres de la politique du handicap en supprimant la branche sur laquelle on s'assied désormais en sciant ou coupant les jambes de partenaires, qui ne peuvent plus ne pas voir désormais qu'ils ont été floués et leurrés. 4. Cette proposition désinvolte du Président de la république lancée au débotté fait également apparaître que l'AAH, qu'on croyait sanctuarisée par le fait que c'était une allocation nationale, versée par la caisse d'allocations familiales, peut être départementalisée sans susciter ni émotion, ni commentaire. Ou je ne comprends rien, ou l'AAH perdra sa valeur allocative nationale et sa perception sera, non pas laissée à l'appréciation des départements, mais assumée par ces collectivités aux budgets plus que serrés. De quoi faire imploser un "minima sociaux" (ou minimum social) sans dire que l'on s'y attaque et en évitant ainsi de faire pleurer dans les chaumières, puisque même les médias n'ont pas relayé l'information ou la menace ! 5. Au moins, si cette départementalisation envisagée, étant donné la vraie compétence qu'ont acquise les départements dans la construction de collèges, pouvait enfin répondre aux besoins criants de places en institutions spécialisés des personnes déficientes mentales ou autistes, on n'y aurait pas tout perdu ! car les départements étant plus proches du terrain, on pourrait espérer qu'ils offriraient une meilleure caisse de résonnance aux besoins de ces personnes et de leurs proches et que les places y feraient moins l'objet de logique comptable que dans la gestion étatique du compte-gouttes consenti pour les plus vulnérables d'entre nous. 6. Mais, la mode étant au couac dans le gouvernement, on peut aussi espérer que "le Président normal" a voulu se montrer un couacker comme les autres et, dans ce cas, il ne faut peut-être pas tellement s'effaroucher ! "tout va très bien, Madame la marquise !"

Hollande, couacker des handicaps (I)

Ci-dessous le texte de l'article tiré du site http://www.gazette-sante-social.fr/actualite/a-la-une-Vers-une-decentralisation-totale-de-la-politique-du-handicap--35457.html Vers une décentralisation totale de la politique du handicap ? Evoquée par François Hollande lors des Etats généraux de la démocratie territoriale le 5 octobre 2012 à Paris, l'idée de confier la quasi-totalité de la compétence handicap aux départements n'enchante guère ces derniers, tout comme les associations représentatives. L'annonce est passée inaperçue, au point que même l'Assemblée des départements de France (ADF) l'a passée sous silence dans son communiqué de réaction au discours de François Hollande le 5 octobre à la Sorbonne, à Paris. S'exprimant dans le cadre des Etats généraux de la démocratie territoriale organisés par le Sénat et après un long passage consacré aux nouvelles compétences dévolues à terme aux conseils régionaux, le chef de l'Etat précisait : « Ce mouvement de décentralisation, de clarification en direction des régions, sera aussi conduit vers les départements qui se verront confier l'ensemble des politiques du handicap et de la dépendance, hors du champ de l'assurance maladie ». Une annonce qui a semblé, dans un premier temps, obtenir peu d'échos, l'ADF préférant se féliciter « de l'engagement pris par le chef de l'Etat de mobiliser, dès 2013, un fonds d'urgence pour le financement des solidarités à l'intention des départements les plus en difficulté ». Quel périmètre ?Interrogé quatre jours plus tard lors d'un point de presse où l'ADF faisait le point sur les finances départementales, le président de l'association, Claudy Lebreton s'est montré circonspect sur cette annonce, même si François Hollande avait ajouté que ce transfert imposerait « de définir un financement suffisant et pérenne aux conseils généraux ». « Si l'on nous propose de nous transférer l'AAH (Allocation adulte handicapé, ndlr), une allocation d'un montant total de 8 milliards d'euros, nous sommes extrêmement réservés. S'il est question de transférer les Esat (Etablissements et service d'aide par le travail, ndlr), ça se discute », prévient Claudy Lebreton. Régulièrement évoqué depuis plusieurs années, le transfert de la gestion de l'AAH de l'Etat aux départements n'a ainsi pas les faveurs de nombre de présidents de conseils généraux, à l'heure où ils dénoncent des allocations universelles de solidarité déjà sous-compensées par l'Etat (1). L'Unapei vent deboutAutre opposition, elle, frontale à « une telle décentralisation de la politique du handicap » : celle de l'Unapei (2) qui estime qu'« un tel transfert de compétence "au profit" des conseils généraux traduit la volonté de l'Etat de se désengager de la politique du handicap. L'Etat ne jouera plus aucun rôle dans l'égalité de traitement des personnes handicapées. Leur sort risque de dépendre de la bonne ou mauvaise santé financière des départements », dénonce l'association de défense des personnes handicapées mentales. Et cette dernière d'ajouter qu'« une telle décision semble guidée avant tout par une logique de réduction de déficits de l'Etat, le handicap n'étant ainsi perçu que comme une charge à transférer au profit de collectivités elles-mêmes exsangues ». L'Elysée devrait s'expliquerFace aux nombreuses zones d'ombre qui pèsent sur le périmètre réel des politiques nouvelles, évoquées par François Hollande, que se verraient confier les départements, Claudy Lebreton espère éclaircir le sujet lors du rendez-vous qu'une délégation de l'ADF aura le 22 octobre prochain à l'Elysée avec le chef de l'Etat. (1) Allocation personnalisée d'autonomie (APA), Revenu de solidarité active (RSA) et Prestation de compensation du handicap (PCH).(2) Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis Aurélien Hélias

lundi 1 octobre 2012

Les anticoncepts de modernité et de correction politique

"Il nous est devenu indifférent d'être modernes" (Roland barthes). L'impasse de "l'horizon indépassable" que représenterait le progressisme, c'est d'avoir abouti à des concepts aussi creux que ceux de "modernité" ou de "correction politique" (ou "political correctness"). - Je me rappelle que, quand j'étaisenfant, les deux mots que je trouvais les plus idiots étaient ces deux adjectifs :"correct et moderne". Un jour, j'avais regardé la définition du mot "correct", que ma grand-mère employait à tout bout de champ, dans le petit Larousse dont je disposais. La définition en était laconique : "correct" voulait dire "conforme aux règles". Celles-ci me paraissaient devoir être précisées. Mais être "correct", c'était régulier, il n'y avait pas de quoi en faire un fromage ! Au début des années 90, a été inventé la "political correctness", contre laquelle on était censé devoir luter pour pouvoir dire toutes les abominations qu'on avait sur le coeur. Il ne me paraissait pas de bon aloi qu'on dût "se débattre" contre ce qui était correct, ou bien il fallait désigner autrement les entraves à la liberté d'expression. Il fallait dire qu'on voulait être libre de tout dire, mais ne pas invoquer une correction vraie ou artificielle contre laquelle un esprit libre serait censé s'insurger de manière réactionnaire, ce qui redoublait le paradoxe, car un esprit réactionnaire ne devrait pas s'insurger contre les règles. - Puis je fis atention à l'essor qu'avait pris "l'anticconcept de modernité". Je ne pouvais le prendre au sérieux, car je l'envisageais comme ne recouvrant que le fait d'être de son temps, ce qui était une simple évidence, puisqu'on n'était pas né dans une autre époque que celle où on avait vu le jour. Instinctivement, je me sentais "antimoderne" puisque je n'aimais pas le mot ; mais quand je découvris qu'il s'élevait des critiques de la modernité, je trouvais celapuérile et d'une grande pauvreté intellectuelle, car la modernité n'était pas une notion. Encore aurais-je compris si ces antimodernes avaient cherché à mettre en garde les hommes contre la tendance à suivre une mode au point de devenir une "fashon victim". Mais non ! Ils avaient trouvé une brèche où s'engouffrer pour faire reluire leur combat contre les valeurs de leur temps : le vice de la modernité, qu'ils baptisèrent de "modernisme", moyennant quoi il y aurait eu la modernité qui était un fait et le modernisme qui était une idéologie, comme il y avait la mondialisation qui était un fait et le mmondialisme qui était une idéologie ; le vice qui permettait à la modernité de devenir "modernisme", "égoût collecteur de toutes les hérésies" selon l'anathème de Saint Pie X (on ne saurait concevoir unehérésie plus mal définie), anathème lancé après que Léon XIII eut condamné l'"américanisme", ce qui ne voulait pas dire grand-chose non plus, pris au sens littéral, d'autant que Léon XIII ne prétendait pas s'opposer à l'"américanisation" que redoutait tellement baudelaire – la papauté actuelle s'appuie beaucoup sur les catholiques américains… - ; le vice du modernisme, selon les détracteurs de la modernité, qui cachent bien mal leur pessimisme viscéral et personnel (quand on n'aime pas sa vie, on n'aime pas son époque), était contenu dans l'étymon du mot "mode" qui, en latin, signifiait manière ou façon : le moderniste était donc un maniériste, pire, un façonneur, donc un faussaire, puisque toute façon contient sa malfaçon, un poseur et un faiseur, qui ne cherchait pas à envisager le monde à partir de la vérité, mais la vérité à partir de sa vision du monde, de sa subjectivité, de sa relation au monde, de son relativisme. Belle posture intellectuelle, mais une fois cela posé, une fois dénoncés tous les faiseurs, poseurs, causeurs ou imposteurs, une fois déterminé que tout le mal venait de ce qu'ils agissaient en "modernes", était-on plus avancé ? Ne leur donnait-on pas trop deprise, au contraire, du fait que, comme il y avait contiguïté entre être "moderne" et être de son temps, eux au moins, les "modernes",passaient pour être contemporains de leur époque ? Peut-être convenait-il en effet de n'avoir plus pour critère premier la prétention de détenir la vérité sous prétexte qu'on s'appuierait sur les bons axiomes et les bons maîtres ; peut-être fallait-il faire droit au filtre éthique et esthétique dela subjectivité, ce qui n'est, après tout, que reconnaître le statut de l'observateur, qui doit se neutraliser avant de rien pouvoir dire de ce qu'il observe. Reconnaître qu'on n'est pas objectif n'entraîne pas que l'on s'autoriseà devenir falsificateur ! Affecter par avance "les modernes" qui n'en peuvent mais, parce qu'on se voit changer d'époque au lieu que "les sociétés, normalement, comprennent rarement l'histoire qu'elles vivent,", d'un coefficient de falsification, c'est faire prospérer à coup sûr la falsification dans la modernité, en vertu de la "parole efficace", qui fige ceux qu'elle désigne dans l'image que l'on s'en fait. - A l'origine, "les modernes" avaient pour défaut de s'être trop axés sur l'impératif de l'aujourd'hui, mais ce temporalisme excessif leur serait passé si on ne les avait pas poussés dans ce retranchement répulsif. Comment des concepts aussi creux que "la modernité" ou "le politiquement correct" peuvent-ils avoir fait florès dans l'univers intellectuel occidental, qui neutralise partiellement ses vices, parce qu'il a le sens de l'autocritique… ! Certes, le sens de l'autocritique n'est pas l'esprit critique, l'autocritique peut être une manière de se justifier et de s'acquitter à bonmarché, se critiquer soi-même n'est qu'un prétexte au dilettantisme esthétique, puisque la critique est aisée mais l'art est difficile ; c'est peut-être parce que nous nous perdons en autocritique que nous ne nous adonnons plus à l'art. Notre sens de l'autocritique et de la dérision est peut-être un des effets du nihilisme européen, comme celui d'avoir érigé "le concept" en art, dans une confusion volontaire du penser et du faire, puis la modernité en "concept", celui-là relevant de l'étendue de l'esprit – la pensée est spatiale - et celle-là de l'intensité temporelle – la modernité est époquale -, sans qu'il en résultât – bien que tout artiste ait ses époques - une intensification de la pensée, bien au contraire. - - Pour critiquer conjointement les anticoncepts de "modernité" et de "correction politique", aucune philosophie ne s'est jamais définie comme une régularité temporelle. L'autocritique ne suffit pas, mais un peu d'autocritique publique ne nuit pas, car cela aiguise le sens, l'esprit critique. Cela évite les dérives orthodoxes précritiques, comme un refus de peser les choses autrement qu'à l'aulne de certaines routines éthiques ou esthétiques, qu'on n'est même plus en mesure de savoir que l'on porte. La modernité étant critique, elle est perpétuellement en crise. - - Et "vivre une époque moderne" en "pensant correctement", n'est-ce pas vouer un culte à labanalité, dans une perpétuelle quête de normalité, où nous nous apercevons si peu que notre "Nord" nous met "mal" que nous croyons à" la banalité du mal" ? Nous avons perdu la boussole et l'équilibre, c'est pourquoi nous voudrions finir équilibrés. Mais trouver l'équilibre, c'est une ambition de fonctionnaire, pas de funambules ! Nous avons perdu la boussole parce que nous n'aimons pas le Nord.

mercredi 26 septembre 2012

La parabole du semeur ou le sens de la persécution

(Mt 13,1-24 : La parabole du semeur, traitée par Mathieu, avec l'explication du "pourquoi parler en paraboles" presque comparable, au plan de l'expression, et comparable parce qu'opposée, au plan du sens au "parler en langues", comparaison ne valant qu'analogie… Mais ce qui est intéressant, c'est d'entrer un peu dans le détail de l'explication exotérique de la parabole, donnée aux seuls disciples – les autres feraient tout pour ne pas comprendre… - pour noter tout d'abord que tous ceux qui reçoivent la Parole de dieu – la Parole, non pas la parabole - la reçoivent avec joie, comme une bonne Nouvelle. Avant d'être "une grâce de dieu pour le salut de quiconque croit", l'Evangile est une bonne Nouvelle. Pas "une Bonne Nouvelle qui commence par une mauvaise nouvelle" comme aime à le répéter un de mes amis pasteur, la nouvelle du "repentez-vous". Ceux qui reçoivent l'evangile entendent un : "Convertissez-vous". Y a-t-il une opposition ? Tous reçoivent donc l'Evangile avec joie ! Mais l'homme du bord du chemin ne le comprend pas. L'homme des terrains rocailleux vit un drame terrible : son grain lève et, au lever du soleil, il est brûlé. C'est le grain de la Parole qui est brûlé et non pas lui. Mais peut-être ce grain est-il brûlé en prévision de ce qui va lui arriver, à lui qui n'a pas su protéger la Parole. Et si ce sort échoit au grain sur son terrain, c'est que cet homme, qui reçoit la Parole avec joie, a la dureté… de ne pas vouloir vivre le sort dur de la persécution. L'home-broussailles au jardin couvert de mauvaises herbes et d'épines, n'est autre que le mondain. Enfin, il y a l'home qui reçoit la Parole dans la bonne terre, et peut-être, si l'on garde notre comparaison avec l'homme aux rocailles, n'a pas la dureté, contrairement à lui, de préférer que la Parole soit persécutée plutôt que lui-même. Il est une terre perméable à la Parole, en qui elle peut s'enraciner, quoi qu'il lui en coûte. Or ce dernier verset (Mt 13:23), curieusement, propose un comptage décroissant ou régressif de la production du fruit de la Parole dans "la bonne terre" qui la reçoit. L'homme en qui la Parole s'est implantée est bonne terre en ce qu'il est moelleux à la Parole. Il est bonhomme, il peut très bien ne pas être persécuté et produire moins de fruit, dieu ne l'en aimera pas moins ! La Parole de dieu est productive, mais elle n'est pas productiviste. Il faut avoir un cœur plus réceptif à la Parole qu'esclave d'une volonté de produire à tout prix. L'homme qui produit le moins (ou le moins durement), c'est-à-dire, qui est le moins persécuté, est comparable à l'ouvrier de la onzième heure, payé comme celui qui a travaillé dès le point du jour. Mais surtout, au milieu de notre passage, le verset 13-12est une première occurrence, dans le même Evangile de Mathieu, de la sentence qui conclura la parabole des talents (Mt 25:29). Ce verset précède ici l'explication donnée par Jésus à ses disciples de la parabole du semeur et clôt celle où Jésus rend compte de la nécessité de "parler en paraboles" à un auditoire quia endurci son cœur et ses oreilles. La menace est amère, tenant de cet "assombrissement" quecroit déceler rené Girard, dans la structure même des evangiles synoptiques, entre "la prédication du royaume" et le retour des thèmes apocalyptiques. La sentence qualifie ici, non pas la récompense ultime de ceux qui n'auront pas fait fructifier leur talent, mais l'absence, chez les auditeurs de Jésus, de la volonté de recevoir la Parole en la comprenant. Ils s'y rendent aveugles et sourds, peut-être en vertu du même principe que celui qui enterre son talent, et qui reçoit dieu dans la peur. Il reçoit dieu comme quelqu'un qui viendrait lui voler sa vie, ce qui l'empêche de devenir bonne terre. Il reçoit Dieu de manière à le faire juger d'après ses propres paroles. Il reçoit dieu comme un persécuteur, ce qui détruit moins l'interprétation que nous venons de donner, qui figure en toutes lettres dans l'explication de la parabole du semeur donnée par Jésus Lui-Même, que cela n'explique pourquoi le paradigme de la persécution vient sans cesse s'immicer dans la Prédication de Jésus, comme un corps étranger, jusqu'à devenir une béatitude : la persécution vient s'y glisser parce que l'homme se fait une image de dieu, qui reflète sa propre violence. C'est dans un passage comme celui-ci que la lecture girardienne des evangiles peut montrer sa pertinence. (Mt 13,1-24 : La parabole du semeur, traitée par Mathieu, avec l'explication du "pourquoi parler en paraboles" presque comparable, au plan de l'expression, et comparable parce qu'opposée, au plan du sens au "parler en langues", comparaison ne valant qu'analogie… Mais ce qui est intéressant, c'est d'entrer un peu dans le détail de l'explication exotérique de la parabole, donnée aux seuls disciples – les autres feraient tout pour ne pas comprendre… - pour noter tout d'abord que tous ceux qui reçoivent la Parole de dieu – la Parole, non pas la parabole - la reçoivent avec joie, comme une bonne Nouvelle. Avant d'être "une grâce de dieu pour le salut de quiconque croit", l'Evangile est une bonne Nouvelle. Pas "une Bonne Nouvelle qui commence par une mauvaise nouvelle" comme aime à le répéter un de mes amis pasteur, la nouvelle du "repentez-vous". Ceux qui reçoivent l'evangile entendent un : "Convertissez-vous". Y a-t-il une opposition ? Tous reçoivent donc l'Evangile avec joie ! Mais l'homme du bord du chemin ne le comprend pas. L'homme des terrains rocailleux vit un drame terrible : son grain lève et, au lever du soleil, il est brûlé. C'est le grain de la Parole qui est brûlé et non pas lui. Mais peut-être ce grain est-il brûlé en prévision de ce qui va lui arriver, à lui qui n'a pas su protéger la Parole. Et si ce sort échoit au grain sur son terrain, c'est que cet homme, qui reçoit la Parole avec joie, a la dureté… de ne pas vouloir vivre le sort dur de la persécution. L'home-broussailles au jardin couvert de mauvaises herbes et d'épines, n'est autre que le mondain. Enfin, il y a l'home qui reçoit la Parole dans la bonne terre, et peut-être, si l'on garde notre comparaison avec l'homme aux rocailles, n'a pas la dureté, contrairement à lui, de préférer que la Parole soit persécutée plutôt que lui-même. Il est une terre perméable à la Parole, en qui elle peut s'enraciner, quoi qu'il lui en coûte. Or ce dernier verset (Mt 13:23), curieusement, propose un comptage décroissant ou régressif de la production du fruit de la Parole dans "la bonne terre" qui la reçoit. L'homme en qui la Parole s'est implantée est bonne terre en ce qu'il est moelleux à la Parole. Il est bonhomme, il peut très bien ne pas être persécuté et produire moins de fruit, dieu ne l'en aimera pas moins ! La Parole de dieu est productive, mais elle n'est pas productiviste. Il faut avoir un cœur plus réceptif à la Parole qu'esclave d'une volonté de produire à tout prix. L'homme qui produit le moins (ou le moins durement), c'est-à-dire, qui est le moins persécuté, est comparable à l'ouvrier de la onzième heure, payé comme celui qui a travaillé dès le point du jour. Mais surtout, au milieu de notre passage, le verset 13-12est une première occurrence, dans le même Evangile de Mathieu, de la sentence qui conclura la parabole des talents (Mt 25:29). Ce verset précède ici l'explication donnée par Jésus à ses disciples de la parabole du semeur et clôt celle où Jésus rend compte de la nécessité de "parler en paraboles" à un auditoire quia endurci son cœur et ses oreilles. La menace est amère, tenant de cet "assombrissement" quecroit déceler rené Girard, dans la structure même des evangiles synoptiques, entre "la prédication du royaume" et le retour des thèmes apocalyptiques. La sentence qualifie ici, non pas la récompense ultime de ceux qui n'auront pas fait fructifier leur talent, mais l'absence, chez les auditeurs de Jésus, de la volonté de recevoir la Parole en la comprenant. Ils s'y rendent aveugles et sourds, peut-être en vertu du même principe que celui qui enterre son talent, et qui reçoit dieu dans la peur. Il reçoit dieu comme quelqu'un qui viendrait lui voler sa vie, ce qui l'empêche de devenir bonne terre. Il reçoit Dieu de manière à le faire juger d'après ses propres paroles. Il reçoit dieu comme un persécuteur, ce qui détruit moins l'interprétation que nous venons de donner, qui figure en toutes lettres dans l'explication de la parabole du semeur donnée par Jésus Lui-Même, que cela n'explique pourquoi le paradigme de la persécution vient sans cesse s'immicer dans la Prédication de Jésus, comme un corps étranger, jusqu'à devenir une béatitude : la persécution vient s'y glisser parce que l'homme se fait une image de dieu, qui reflète sa propre violence. C'est dans un passage comme celui-ci que la lecture girardienne des evangiles peut montrer sa pertinence.

mercredi 29 août 2012

Salomée ou la décollation de Jean-Baptiste

Ce jour, par « L’EVANGILE AU QUOTIDIEN », une sorte de « PRIONS EN EGLISE » ou de « MAGNIFICAT » gratuit et envoyé par Internet, il nous était proposé de méditer sur le passage où Hérode, apprenant les miracles que faisait Jésus, croit que c’est Jean-baptiste qui est revenu et est inquiet, pus qu’il ne s’en repend, de l’avoir fait décapiter ((voir Mt XIV 1-12). Cela suscite un flash-back où l’évangéliste nous raconte dans quelles conditions cette mise à mort s’est produite. Toutes les figures de ce texte sont intéressantes, à commencer par celle de Jean-baptiste, dont le commentaire de Saint-Pierre Damien (1007-1072, ermite puis évêque, docteur de l'Église), nous explique à quel point il s’est montré le précurseur de Jésus-christ :




« Précurseur du Christ, Jean l'a été par sa naissance, par sa prédication, par son baptême et par sa mort... » Il faut être Hérode, prince de gallilée, c’est-à-dire peut-être un roi des juifs installé par l’occupant romain parce que c’est un de leurs correligionnaires, mais un aventurier aux mœurs plus que païennes, pour avoir anticipé que peut-être, Jean-baptiste pourrait avoir été le précurseur du christ jusque dans la résurrection :



ayant appris « la renommée de Jésus », il dit à ses serviteurs :



« « Cet homme, c'est Jean le Baptiste, il est ressuscité d'entre les morts, et voilà pourquoi il a le pouvoir de faire des miracles. « . Autrement dit, selon lui, la Résurrection des morts ne donne (pour ainsi dire) que « le pouvoir de faire des miracles », mais elle ne fait que cela : .



elle n'obtient pas le miracle de l'emporter définitivement sur la mort. D’instinct, ne pensons-nous pas comme lui ? Ne considérons-nous pas, sur un plan contemplatif, la transfiguration plus propice à notre émerveillement que la Résurrection ? Qu’a changé la Résurrection à la perception préchrétienne du « principe d’immortalité », rehaussé, en creux, par celui d’innatalité, par lequel nous aurions toujours été déjà là, de l’avant-naître à l’au-delà, pour participer, sous des formes différentes, à la geste divine ? Qu’est venu changer à notre instinct de l’éternité, plus fort en nous que la notion du temps, que le christ, un Jour du Temps, soit ressuscité d’entre les morts pour nous restaurer, corps et âme, dans la confiance inaugurale en la vie avant d’attirer tout à Lui, monté au ciel, et, mise à part dans cette attraction de la Création tout entière dont Dieu ne peut rien perdre, « l’humanité dans Sa gloire » ? Comment le christ peut-Il être récapitulatif et cosmique comme le souhaitent, pêle-mêle et sur des registres bien différents, Saint-Paul, Saint Irénée, teilhard de chardin ou rudolf steiner ? Le christ est-Il Simplement (si l’on peut dire) venu rendre efficace notre instinct de l’éternité et de l’immortalité de l’âme ? Quelles preuves devons-nous en attendre et souhaiter d’en recevoir ? La foi ne porte-t-elle pas toute la charge de la preuve ? Et que dire de cette contrepreuve que constitue le fait que la plupart de ceux qui ont la foi la considèrent comme un refuge et ne sont pas du tout restaurés dans leur confiance en eux-mêmes et dans leur élan vital ? Par Sa Résurrection, le christ nous donne-t-IlIl d’entrer dans la vie divine, Lui qui « S’Est fait Homme pour que l’homme devienne dieu », comme l’a si magnifiquement exprimé saint-Irénée ? Mais n’y a-t-il pas déjà, avant la Grâce, une manière pour la nature d’entrer dans la vie divine, je ne dirais pas à travers des charismes (ou dons) préternaturels) qui nous donnerait la connaissance au moyen d’un sixième sens moins conquis que reçu, mais, en amont de toutes ces techniques ou de tous ces « pouvoirs », ainsi qu’on peut certes les envisager de manière réductrice, à travers cette tension vers le bien, le beau et le vrai qui nous portent et cet instinct de l’éternité qui précède en nous la notion du temps ?







Mais revenons à notre texte. Que peut-on dire d'une société qui a tué ses prophètes ? Qui, non seulement tient en joue la fonction paternelle au point d’avoir souhaité la tuer par impossible à travers ces « maîtres du soupçon » que sont Nietzsche et freud, mais qui a tué ses prophètes, "celui qui a dit la vérité et qui, pour cette raison, doit être exécuté" ? pourquoi cette dénnégation de la vérité s’impose-t-elle systématiquement et est comme intrinsèque à la vie sociale ? Pourquoi n’y a-t-il jamais vacance de la royauté, en tant qu’elle symbolise la fonction paternelle, le roi-père de son peuple renaissant toujours de ses cendres (cf la célèbre théorie des deux corps du roi) :



« Le roi est mort, vive le roi ! » Tandis qu’il peut très bien se produire qu’il y ait vacance de la fonction prophétique, dans des sociétés qui, parprincipe, refusent l’incursion du prophétique dans le politique ? Ce refus crée la vacance, mais n’entraîne pas la fin de l’histoire. L’histoire continue d’être événementielle, c’est-à-dire instinctive. Privée du prophétisme, la politique ne permet pas à l’instinct d’être gouverné par l’intuition plutôt que par l’impulsion. Et ce n’est pas par hasard si les faits divers ont pris tant d’importance dans nos sociétés de l’information qui ne cessent pas d’avoir besoin de sensationnel, mais qui n’ont plus de grand dessein.







Hérode est la figure du roi (plutôt, il nous est dit qu'il est prince de Gallilée), non seulement "perdu de moeurs" comme on aimait à dire autrefois, mais doublement incestueux, puisqu’il a pris la femme de son frère et vit avec elle sans en avoir le droit, mais encore il convoite la semence de ce même Philippe, il est attiré par sa propre nièce. Hérode est incestueux et responsable de son inceste. Il faudrait mener en la popularisant toute une réflexion sur ce point qu'il est presque licite pour une mère de convoiter son fils cette licéité se puisant dans le rapport fusionnel de la mère donnant le sein, rien n'est presque plus naturel, peut-être corompue en inceste par le péché, mais confirmée par les mythes), tandis qu’il n’est pas permis à un fils de convoiter sa mère ; et, à l'inverse, il est permis (par la nature) à une fille de désirer son père. Mmais il n'est pas permis à un père de désirer sa fille - et encore moins sa nièce, surtout dans la culture juive où c'est s’accaparer la semence de son frère, qui est aussi la sienne, pour qu'elle ne revienne pas à dieu et ne permette pas au peuple d'être à Dieu dans la durée. L’attirance non réfrénée qu’éprouve Hérode pour Salomée va strictement à l’encontre de l’exemple que booz a donné dans le livre de Ruth.



D’aucuns pourront se choquer de ce que je semble asséner péremptoirement que l'inceste est presque conaturel à l'instinct maternel. Mais, tout d’abord, dans le célèbre mythe d’Œdipe, qui inherve ô combien notre société depuis Freud, que cela soit anthropologiquement fondé ou largement exagéré, lorsque Jocaste comprend plus vite que son fils que l’oracle de sa naissance s’est réalisé et qu’elle a été la femme de son fils, Sophocle montre admirablement qu’elle veut dissuader son fils d’en apprendre davantage, non seulement parce qu’elle ne veut pas lui faire de peine, mais parce que quelque chose ne peut s’empêcher de vouloir en elle que son fils reste son amant. Quant à la fille dont je prétends que le désir de son père est naturel et licite, ce qui ne veut pas dire légitime, cela provient de ce que son père se trouve le premier individu de sexe masculin, en qui elle peut trouver affection et protection. Pour autre preuve biblique de ce que j'avance, de même que le mauvais fils de Noé découvre la nudité de son père assoupi par l'ivresse avec l'intention de le tourner en d érision, de même, ce sont les filles de Loth qui imaginent de se faire ensemencer par lui, dans le même engourdissement de l'ivresse qui a assoupi la conscience de ce père en mal d'épouse transformée en statue de sel. Mais l’intention des filles de Loth n’est pas mauvaise à la différence de celle de cham. Elle est de permettre à leur père de perpétuer sa semence par un descendant masculin qu’elles ne sont pas, mais croient pouvoir lui donner.







Quant à salomée, de quoi ne l'a-t-on pas accusé ? D'être la figure même de la tentatrice. En réalité, qui est Salomée, sinon, au-delà de la danseuse de salon (avec le jeu de mots qu'on peut faire sur salon/salomée), une fille, au sens classique et péjoratif qu'on donnait à ce mot tout d'abord, lorsque l’on considérait qu’une fille qui se livrait à la fornication (sic) avant le mariage était une dévergondée, une « traînée », une fille qui fait la pute, mais dont je préfère dire qu'elle réalise le chakra de son ventre. Certaine amie de moi, lectrice, m'a dit qu'on pouvait (et se devait même) de réaliser son chakra dominant, qu'il soit celui de la tête, du coeur ou du ventre (comprenez du sexe). Je me suis aperçu il y a peu de jours qu'il y a une grande unité entre le chakra du ventre et celui de la tête. Seulement, en salomée comme en beaucoup de ces filles qu'on n''a jamais cessées de traîner dans la boue en les traitant de "putains" et dont seul, le Seigneur a vu qu'"elles précédaient les pharisiens dans le Royaume des cieux" (mais il n'est pas jusqu'au christianisme qui ne produise de la bourgeoisie), à la fois le chakra du ventre est associé à celui de la tête et dissocié du coeur (comme il arrive chez des hommes très sexuels), mais de plus cette dissociation fait qu'elles sont seulement responsables de ce qu'elles font de : leur ventre : tout se passe en effet comme si quelqu'un leur avait pris la tête ; et ce quelqu'un souvent, pour une fille, c'est leur mère, qu'elles n'ont pas pu détrôner auprès de leur père, voire qui ont vécu leur vie de femme en se séparant de lui sans que ces filles aient pu prendre la place délaissée dans les bras de ce géniteur. Et puis il arrive, comme c'est le cas pour Salomée, que ces mères demandent en plus à leurs filles de venger leur honneur perdu :



"Jean-baptiste m'a déshonorée en révélant mon inconduite, il m'a pris latête, je t'ai pris latienne, venge-moi : fais par ton ventre qu'on m'apporte à travers toi la tête de Jean-baptiste", semble dire Hérodiade à salomée.







Hérode, fou de désir, a fait l'un de ces serments de l'ivresse que l'on regrette sitôt qu’on les a prononcés. Il a promis à salomée de lui offrir tout ce qu'elle demanderait, elle lui demande la tête de Jean-baptiste, il tient parole : il demande à ses serviteurs qu'on le fasse décapiter dans sa prison, on coupe la tête du prophète et on l'apporte à Salomée qui ne l'avait pas demandée et qui la rend à sa mère, puisque c'est au nom de celle-ci qu'elle avait fait sa demande. La Bible a plusieurs manières de montrer la reddition d'un cadavre : s'il n'est pas resté dans cet état, s'il est ressuscité, c'est l'homme de dieu qui rend le fils "à sa mère" ou le frère à ses soeurs, en tout cas celui qui n'est plus mort à l'affection des siens, comme il arrive dans le miracle d'eli pour la veuve de sarepta, d'Elisée avec la veuve sçunamite, de Jésus avec la veuve de Nahim, puis avec Marthe et Marie. Dans ce texte (et ici seulement), ce n'est pas un ressuscité qu'on rend, c’est un cadavre. Et il n'est pas rendu aux siens, mais à ses ennemis. Enfin, il est rendu à quelqu'un qui ne lui voulait aucun mal, mais qui a été malgré lui l'instrument d'une vengeance qui l'a dépassé, à l'inspirateur (ici l'inspiratrice) de cette vengeance. Salomée rend le cadavre de Jean-Baptiste à sa mère, et en cela elle est une fille : une fille dont la mère, en lui prenant la tête, lui a volé le ventre, et lui a stérilisé le coeur.