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mercredi 22 juillet 2020

La mort en face

Entre autres leçons qui devraient être tirées de la Covid, il y a celle de notre rapport à la mort. Pour moi et pour en avoir devisé avec des amis, il y a quatre aspects qui se confirment:

-Notre société ne sait décidément plus regarder la mort en face.

-Notre génération n'a pas appris à assister les agonisants et à veiller les morts. Un retour à ces pratiques et à ces initiations douloureuses aux limites de la vie serait utile pour remettre plus d'humanité dans notre société.

- Nous avons moins peur de mourir que de souffrir et plus peur de l'agonie que de la mort.

-Cette peur n'est pas illégitime, car l'agonie est souvent une torture. Nous avons en partie raison de ne pas vouloir souffrir, même d'un point de vue chrétien, car ce que le Christ a consenti délibérément, Dieu ne peut le demander à tous. L'acceptation de la souffrance est une affaire de liberté individuelle, c'est même la plus individuelle des libertés. Donc le débat sur l'euthanasie devrait être dépassionné dans l'Eglise qui ne devrait être ni pour, ni contre, mais respecter la conscience des personnes confrontées à la mort, y compris celles qui choisissent de rédiger des directives anticipées.

François Sureau, ses fulgurances et mes acquiescements

Entretien de Philippe Bilger avec François Sureau librement retranscrit et commenté.

https://www.philippebilger.com/blog/2020/07/entretien-avec-fran%C3%A7ois-sureau.html#comments

« L’esprit de condamnation a remplacé l’esprit de controverse ». « Gide nous a fait grand tort quand il a dit qu’on ne faisait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. La littérature naît d’un désir du bien empétré dans ses contradictions. » Gide est un immoraliste qui a essayé de remonter sa pente.

PB : « On parle de vous comme d’un homme d’engagement, je vous perçois davantage comme un homme totalement désengagé. »

FS : « Dans une vocation littéraire, on ne sait jamais si on a réussi ou raté. »

« Gracq quand il compare Junger à Sartre, distingue les auteurs de l’acceptation des auteurs de la révolte. Ma pente naturelle est l’acceptation. Mon acceptation cesse quand une conception intime d’une réalité que j’aime me paraît menacer cette réalité, comme aujourd’hui celle de mon pays. »

« Ce qu’il y a d’absolutisme religieux en moi considère comme des idoles toutes les institutions auxquelles la plupart des hommes s’intéressent : la justice, la nation. » « Je suis un aussi mauvais chrétien qu’on peut l’être. N’importe quel chrétien devrait avoir honte de se voir affecté ce qualificatif. » (Alan Blum)D’accord avec ces deux assertions, raison pour laquelle je me contente de dire que j’essaie d’être chrétien et je m’interdis de juger du christianisme des autres.

« La notion d’égalité métaphysique des conditions est une notion qui m’est extrêmement proche et présente. Je ne considère pas du tout normal d’être né en haut du panier et que des gens qui valaient infiniment mieux que moi se retrouvent en bas. » Sans doute, même si la mégalomanie propre à tous les gens qui réfléchissent les pousse à se complaire, voir à se consoler dans ce qui passe à leurs yeux pour leur intelligence, je me mets dans ce panier-là même si je n’en suis pas fier.

« Il ne faut pas étendre l’égalité des talents intellectuels dans des sujets où elle n’a rien à voir. » Sans doute. C’est ce qui me fait répéter à qui veut l’entendre que la démocratie directe à laquelle je suis favorable depuis l’enfance, devrait être tempérée par un indice de discernement et par un indice de concernement, décrété par le citoyen lui-même, dont je suis sûr qu’il aurait la plupart du temps la modestie d’évaluer correctement en quoi un problème le concerne et en quoi il se sent la capacité d’en juger.

« (Saint] Ignace qui est quand même l’artisan absolu de la contre-réforme était plus proche des réformateurs que n’importe quel théologien de son temps. »Remarque profonde, même si le libre examen diffère du discernement en ce qu’il n’est pas une prémisse à l’individualisme, mais se réfère à la volonté de Dieu.

Thomas d’Aquin : « La conscience étant la trace de Dieu, si la conscience de quelqu’un lui dictait de ne pas croire en Dieu parce que Dieu n’existe pas, il vaudrait mieux qu’il soit athée plutôt qu’il ne se déclare croyant sans l’être. » Cet justification de l’athéisme par le « docteur angélique » est plus qu’un beau paradoxe. C'est un puissant aveu de liberté chrétienne.

« Doit-on être prêt à payer le prix d’une diminution de la liberté pour un accroissement de sécurité dans des sociétés qui ne sont plus prêtes à s’améliorer par un accroissement de liberté ? » Non bien sûr. Mais nos sociétés devraient avoir le courage de regarder ce qui leur arrive au lieu de s’abandonner, par paresse intellectuelle, à une information issue d’une presse libre et qui en a gardé le ton souriant et bienveillant, sans que les nouvelles qu'elle distille au compte-gouttes et en en retenant beaucoup aient jamais autant ressemblé à de la propagande.

« Je ne voudrais pas que le discours de haine ne soit jamais en mesure de s’exprimer en étant réprimé a priori, quitte à ce que les arguments du bien acquièrent la même force que les arguments du mal auquel le bien ne saurait plus répondre. » La haine n’est pas une dissidence. Mais elle a une fonction cathartique. C’est pourquoi les partisans de la liberté d’expression confondent aujourd’hui la haine avec la dissidence.

« Le représentant de l’Etat est rarement incontestable. »

« La puissance n’a aucun sens dans un métier de service à composante anarchisante comme celui d’avocat. » « Je ne suis pas un vrai avocat. Je ne peux défendre que des innocents. Je ne peux m’investir complètement que dans des causes justes.»

« Ce n’est pas mon amour des libertés publiques qui m’a fait prendre des positions compréhensives à l’égard des Gilets jaunes. La répression des émeutes me paraissait moins choquante que la restriction de la liberté de manifester. Il y a une incohérence républicaine à ce qu’une République née de l’émeute proscrive l’émeute. J’avais aussi du respect pour la France des simples gens que j’avais connue de manière absolument fortuite. » J’ai toujours souligné que la République fille de la Révolution et qui glorifie mai 68 au point d’avoir voulu célébrer son cinquantenaire l’année des Gilets jaunes, ne pouvait pas reprocher à ceux-ci d’être moyennement respectueux de l’ordre public.

« Des citoyens innocents ne sont pas brimés par un Etat coupable. » » Nous sommes des citoyens responsables qui avons les politiciens que nous méritons. « Mais l’Etat qui devient illégitime à ses propres yeux s’établit en arbitre des différents conflits d’intérêt communautaires. «

PB : Macron-Fillon, vous êtes partout pour vous mettre en surplomb ? » FS : « Mon avis n’a servi absolument à rien ni avec l’un ni avec l’autre. »

PB : « N’avez-vous pas la vanité de côtoyer le vrai pouvoir ? » FS : « Ma vanité est moins politique que littéraire. Fréquenter les allées du pouvoir est flatteur. Mais le sentiment de vanité disparaît quand vous vous apercevez que le duc de Chatellerault qui vous parle n’est pas celui de la croisade. »

« Je ne me suis intéressé à la vie politique de mon pays qu’il y a une quinzaine d’années, quand je me suis aperçu que le socle politique sur lequel nous avions vécu s’effondrait. »

« Le général De gaulle est plus souvent réaliste que prophète. »

« Emmanuel Macron a résolu les trois dernières crises par un contournement systématique de la démocratie représentative, sans dissolution de l’Assemblée nationale ou appel au référendum, mais par un tour de France des maires ou le tirage au sort des [agents climatiques.] »

« Il ne suffit pas que le parquet soit indépendant, il faut qu’il le soit, mais aussi impartial et responsable, indépendamment de la question de savoir si les juges devraient en être élus comme aux Etats-Unis. »

« Dans l’affaire Fillon, je suis réticent à la thèse du complot, car il suffit qu’une institution, surtout si elle est nouvelle comme l’était le parquet national financier, se saisisse de son « influx moral » pour choisir le candidat propre. » Cela n’empêche que la dernière élection a été confisquée par l’autorité judiciaire, le tribunal médiatique et peut-être quelques combines politiques. Mais François Fillon l’avait bien cherché, qui avait demandé à Jean-Pierre Jouyet de débrancher Nicolas Sarkozy.

« Je suis né par hasard dans ce pays qui est le mien. » J’ai toujours pensé la même chose et je souscrit à cette phrase de Patrick Braouezec : « Je ne suis pas fier d’être Français et je n’en ai pas honte. Car on ne peut être fier ou avoir honte que de ce dont on est responsable. » Mais François Sureau ajoute et j’y souscris aussi : Je suis beaucoup plus séduit et blessé par mon pays maintenant que lorsque j’étais jeune. Il me séduit et il me blesse comme un étranger qui aurait choisi de venir y vivre. » Ça me fait le même effet.

PB : « Est-ce que, dans « L’or du temps », votre dernier ouvrage (qui donne lieu à des chroniques tout l’été sur « France culture »), vos dilections qui ne sont jamais banales ne cherchent pas à se distinguer des choix communs ? » FS : « Je suis parfois tombé par l’effet du hasard sur des personnages de second ordre qui me sont apparus comme des frères, comme le Richelieu de la Restauration ou le commissaire Maigret. On peut être guidé par des saints inconnus. Gide a raison, il faut suivre sa pente en la remontant. »

« Il est regrettable que Maupassant décrive des passions extraordinaires en s’arrêtant là et sans soulever le voile qu’il y a derrière leur réalité. » C’était moins la réalité qui importait à Maupassant que la présence. Maupassant était un sensualiste de la présence qui souffrait tant de la solitude qu’il ne voyait que l’absence. Il ne sentait jamais assez de présence pour remonter à la réalité. Et cela l’a englouti au moins autant que la syphilis.

Entretien avec François Sureau

philippebilger.com

Les deux versants de Ségolène Royal

Réaction en lien avec l'intéressant entretien qu'elle a accordé à Philippe Bilger, questionneur incomparable.

https://www.philippebilger.com/blog/2020/07/entretien-avec-s%C3%A9gol%C3%A8ne-royal.html#comments

Quelque chose m'a toujours interpelllé chez Ségolène Royal, c'est la synthèse hybride que sa personnalité constitue. D'un côté, elle "observe la France" et elle la ressent; et de l'autre, tout son discours est un concentré du bloubiboulga idéologique qui s'étire du féminisme, dans son cas victimaire, à l'écologie, et qui ne peut pas bâtir un modèle de société, tant c'est un anti-modèle, un modèle sans incarnation.

Et à peine ai-je écrit cela que je dois ajouter: "Pourtant elle avait raison de proposer une nation matricielle" intégratrice et acceptant d'être métissée, où les adoptants et les adoptés s'accepteraient mutuellement et changeraient ensemble la matrice. Comme elle le dit dès le début de l'entretien, c'est avant tout une "mère de famille" soucieuse de "garder les enfants" comme s'en est moqué Laurent Fabius, qui avait cruellement raison puisqu'elle se définit presque comme ça.

D'un côté elle parle vrai et de l'autre elle parle faux. Ce "parler faux" est même la raison pour laquelle elle a perdu l'élection présidentielle de 2007selon Carla Bruni que je suis dans son analyse.

Son parler faux vient de ce qu'elle a fait une "révolution sémantique" où ses trouvailles ont été moins foudroyantes que bourdoyantes, comme cette "bravitude" sur laquelle elle revient, qu'elle aurait dénichée au tréfond de l'ancien Français et qu'elle continue de défendre, alors que la poésie de ce faux néologisme a fait rire tout le monde et échappé à tous ses auditeurs, elle exceptée qui l'a proféré, et il la fait encore frémir comme une saillie de Christiane Taubira.

Et d'un autre côté sa révolution sémantique est de la plus parfaite "novlangue": le "reste-à-vivre" pour les fins de mois, "la vie chère" pour le pouvoir d'achat et la "démocratie participative" pour le mélange indigeste entre la démocratie représentative et la démocratie directe, pour ne prendre que les trois exemples qui me viennent, mais tout est à l'avenant.

D'un côté elle a trouvé des concepts qui ont fait date comme "l'ordre juste" qui mettait le liant de la fermeté dans sa société matricielle, et de l'autre ces concepts portaient déjà la marque de l'adjectif contredisant le nom commun qu'il qualifiait, et surtout appartenaient à une langue tellement étrange qu'ils paraissaient de la bouillie pour les chats.

En 2007, elle parlait interminablement, autre point commun qu'elle partage avec Emmanuel Macron, et je me souviens de m'être souvent dit: "Comme elle est soulante, comme elle est assommante, soporifique." Et pourtant j'aimais l'entendre.

J'ai voté pour elle aux deux tours en 2007et je crois ne l'avoir jamais regretté. Il est possible que la France serait devenue une puissance écologique avant l'heure, moins probable que le problème de la démographie africaine ait été réglé comme elle l'affirme, mais Ségolène aurait été plus climatiquement correcte et moins clivante que Nicolas Sarkozy. L'atmosphère de la société française aurait été plus respirable. Et pourtant Nicolas Sarkozy était plus compétent.

D'un côté elle dit que "dans la politique, il n'y a rien à prendre et tout à donner", ce qui est réellement beau et certainement sincère. Et de l'autre, elle ne peut s'empêcher d'être ambitieuse et candidate à tout.

Si l'occasion se représentait en 2022? D'un côté elle a raison de dire que d'avoir été finaliste de l'élection présidentielle vous installe de manière structurelle dans la vie politique et de l'autre que les Français n'attendent plus rien de la politique, et n'attendent plus personne, constat désespéré qu'elle fait comme en passant et qui est alarmant.

Si l'occasion se représentait, d'un côté elle se voudrait fédérative et de l'autre, elle a son âge et la classe politique s'est dotée dans tous les partis de jeunes loups dont les dents rayent le parquet d'une manière différente de celles de Ségolène et de François Hollande, ce couple dont les affaires privées avaient accaparé le parti socialiste, comme s'en plaignait inélégamment le flamboyant Arnaud Montebourg.

François Bousquet n'avait pas tort d'analyser en 2007 que Ségolène Royal et que François Hollande, c'étaient un peu les élèves du fond de la classe qui pouvaient être brillants sans être bons, mais qui nous marquaient et qui nous arrêtaient, car ils nous ressemblaient. Ils ressemblaient à la médiocrité de leurs compatriotes que nous étions. Et pourtant elle se prend pour l'une de ces "femmes charismatiques qui changent le cours de l'histoire", comme Barak Obama qu'elle assure (pas dans cet entretien) avoir inspiré avec sa plateforme "Désir d'avenir", autre invention linguistique gloubiboulguesque.

D'un côté Ségolène dénonce les "élites administratives" et de l'autre, cette façon de s'accrocher et de s'envisager candidate à vie en étant fière de son bilan sans avoir fait grand-chose est comme un comble d'arrogance.

Et pourtant si elle se représentait, je ne serais pas mécontent et je pourrais voter pour elle. Car Ségolène est un moindre mal qui pourrait faire du bien.

Entretien avec Ségolène Royal philippebilger.com 6 h

samedi 18 juillet 2020

Nantes et Beaumont-sur-Oise, les absurdités de l'actu

J'avais jadis créé une chronique intitulée: "Les inaperçus de l'actu". Je crois que nous avons progressé d'un degré. C'est pourquoi je fais évoluer le nom de ma rubrique, de l'inaperçu à l'absurdité.

Ce jour aux infos:

-La cathédrale de Nantes a échappé à un incendie grâce au travail des sapeurs pompiers et à sa structure, déjà éprouvée en 1972 quand elle était en bois, et qui a été bétonnée depuis, se félicite sur #FranceInfo le premier adjoint de la ville de Nantes, qui assure que la cathédrale est "notre patrimoine commun". Vive la bétonisation malgré l'écologie?

-"Le patrimoine religieux de nos campagnes est dans un état déplorable", affirme Stéphane Berne, l'inventeur du "loto du pattrimoine". Deux causes à cela: les églises sont devenues des biens nationaux et les catholiques des campagnes ne fréquentent plus leurs églises.

-Le même Stéphane Berne finit par risquer: "Notre-Dame de Paris, c'était un drame; Saint-Pierre Saint-Paul de Nantes, c'est un accident; ça commence à faire beaucoup." Le 12 septembre 2001, on a déjoué un attentat qui aurait pu détruire la cathédrale de Strasbourg, mais on l'a oublié.

-Le Père Thierry Magnin, qu'on nous présentait comme une flèche scientifique, et qui est le secrétaire général démissionnaire de la Conférence des évêques de France, nous explique que, si quelqu'un est entré dans la cathédrale de Nantes alors qu'elle était fermée, il l'a fait par "infraction", (Sic) Ensuite, il se félicite qu'Emmanuel Macron ait assuré mgr de Moulins-Beaufort que "la communauté nationale soutient la communauté catholique". Ah bon, il y a une "communauté catholique"? Il yaurait donc du comunautarisme en République française? Première nouvelle.

-"Pas de justice, pas de paix", répète la famille Traoré pour les quatre ans de la mort du "petit frère", forcément victime de bavure, et dont la sœur Assa, son chef de clan depuis le décès de son père, père polygame de 17 enfants, assure ne plus faire confiance à la justice de notre pays, et le menace de guerre larvée s'il n'inculpe pas les gendarmes supposés responsables de la mort de celui dont elle porte et conduit le deuil, certes reconnu délinquant et impliqué dans 17 affaires, et qui fut même incarcéré, mais dont il ne faut pas brandir le casier judiciaire, affirme un des porte-paroles de la famille. "Pas de justice, pas de paix", c'est un slogan que n'aurait pas renié le Croissant de lune, et c'est une déclaration de guerre si la France refuse de céder au chantage de la famille Traoré. Mais nous sommes en guerre contre un virus. Et les écologistes sont des alliés des Traoré dans cette guerre

Nous pleurons aujourd'hui la mort de Jown Lewis, ami de Martin Luther King, et qui a fini sa vie militante en manifestant contre la mort de George Floyd, victime de discriminations anti-noires aux Etats-Unis.

"Paris plage" a rouvert son aire artificielle et son sable écologique sur les quais de Seine. Ce n'est pas un lieu clos, mais il faut y porter un masque comme dans tous les lieux clos à partir de lundi. La bobosphère ne rougit devant aucune contradictions.

Je propose de mettre notre réveil sur "Résignation dépressive". C'est l'état de notre âme et notre l'heure dans le "déclin de l'Occident". Qui m'aime me suive?

vendredi 3 juillet 2020

Castex, l'idiot Castaner-casseur de Philippe

N’importe quel « président normal » aurait récompensé le gagnant d’une élection municipale qu’il n’aurait pas découragé d’y concourir, en ne le renvoyant pas, mais en assurant sa promotion gouvernementale, comme Emmanuel Macron aurait dû le faire d’Édouard Philippe déboulonné ou talibanisé. N’importe quel « président normal », mais pas Macron, qui est un génie dont on n’a jamais vu luire le moindre éclaire d’intelligence hors du commun, pardon, qui est un pervers narcissique. Le pervers narcissique qui nous sert de président congédie son premier ministre parce qu’il est meilleur que lui et surtout plus populaire. Cet homme tendu à l’xcès a une part de sincérité et le peuple ne s’y est pas trompé. Il s’agit de l’empêcher de nuire à l’image du « locataire de l’Élysée » qui souhaite rempiler. Édouard Philippe sera donc sacrifié et exfiltré, sous l’ovation du personnel de l’hôtel Matignon (et non pas de Matignon), une ovation à laquelle, d’un Édouard l’autre, notre Édouard sur le départ tentera de mettre fin en disant « Ça suffit » comme Édouard Balladur fera taire ses militants en les sommant : « Je vous demande de vous arrêter. »

À l’humanité d’Édouard Philippe lors de cette passation de pouvoir à Matignon, succédera le ton marmoréen de Jean Castex, qui parle pointu comme on ne fait pas dans les Pyrénées-Orientales, et qui ne réussit pas à ce qu’on le confonde avec Jean Lassalle, comme c’était le rêve secret de Macron en choisissant un élu de la France profonde, qui aurait fait toutes ses preuves d’énarchie, et je ne connais pas bien l’itinéraire du bonhomme Castex – je me suis abstenu de consulter sa fiche Wikipedia -, sinon que son audition devant l’Assemblée nationale pour présenter le déconfinement a été particulièrement calamiteuse et était pleine d’imprécisions.

Je ne sais plus qui a dit que Macron était le plus improbable gestionnaire des ressources humaines qui se puisse imaginer. Je ne puis en juger, n’étant pas manager. Je constate (et je fus sans doute l’un des seuls à le faire) qu’il est tombé, « dans sa tête » comme il l’a dit à Jean-Jacques Bourdin sur le point d’être élu, sur le nom d’Édouard Philippe premier ministre, parce que l’auteur dont il avait adapté la pièce quand il est tombé amoureux de Brigitte, sa prof de théâtre, s’appelait Édouardo de Philippo. Maintenant le nom de Jean Castex s’apostille comme celui de Castaner et promet une belle casse sociale après que l’homme du « quoi qu’il en coûte » pour « le monde d’après » s'est redécouvert de droite, et a casté un nouveau haut fonctionnaire issu de la Cour des comptes en guise de premier ministre, lequel a pris pour directeur de cabinet Nicolas Revel, l’autre secrétaire général adjoint de François Hollande avec qui Emmanuel Macron était en délicatesses, ce que les médias brosse à reluire n’ont garde de rappeler. « Et en même temps , je te recycle et je te neutralise » semble être le credo d’Emmanuel Macron. Se laisse recycler qui veut !

Les deux maîtres à penser d’Édouard Philippe étaient Michel Rocard et Alain Juppé, qu’Édouard Philippe appelait « Chef », sans doute parce qu’il méprisait l’autorité morale d’un homme aussi cassant et inhumain malgré lui comme d’autres sont médecins, come Jean-François Delfraissy. On nous explique que les deux figures de proue de Jean Castex sont Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand. Cet ancien assureur du Nord est une grande autorité morale et régalienne, à coup sûr. Au vrai, notre Castex est une espèce de Raymond Soubie de second ordre, très loin de Rocard et même d’Alain Juppé. Mais »Quoi qu’il en coûte » a appelé ce gestionnaire au faux air de berger des Pyrénées et de Jean Lassale. Son chef de cabinet sera Nicolas Revel, ancien secrétaire général adjoint sous Hollandeavec lequel Macron s’est plus qu’autre frité. Mais c’était dans des querelles de conseillers qui ne parlaient pas autant qu’Henri Guaino. Des gens qui parlent « techno-pointu » et « font de la pédagogie » après avoir conduit un pays, après un confinement sans discernement, dans une crise économique sans précédent. On ne prend pas les mêmes et on continue pour que tout change et rien ne change.Nos dirigeants ne sont pas des guépards. Benoît Ribadeau-Dumas avait sans doute le tort d’être trop proche de son parent, frère ou cousin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, Olivier Ribadeau-Dumas Il ne fait plus bon être, de manière trop déclarée, catholique et même catholique de bonne famille en France, soit dit en passant par un catho-anarchiste.