Pages

dimanche 29 septembre 2024

La France et l'ONU

Je suis en train d'écouter (mes nuits sont aux écoutes!)"Affaires étrangères" sur "France culture", émission produite par Christine Ockrent. 

Une chercheuse invitée de l'émission, Chloé Morel, dit que l'ONU est l'institution la plus démocratique du monde. En principe elle a raison et ce serait vrai si l'Assemblée générale de l'oNU avait unquelconque pouvoir discrétionnaire. Mais on sait bien que c'est le Conceil de sécurité qui est le véritable organe décisionnaire, lequel  compte quinze membres dont cinq membres permanents, les "puissants du monde", matériels ou symboliques dont la France et son délire d'universalisme. 

Il est question de réformer le Conseil de sécurité pour réduire l'usage du droit de veto qui ne pourra être invoqué en cas de "crimes de masse". Les Etats-Unis, la Russie et la Chine en ont fait usage autour d'une centaine de fois. La France ne l'a utilisé quehuit fois, dont la dernière en 1976 à propos de Mayote. Selon moi, l'architecture actuelle du Conseil de sécurité de l'ONU ne tient qu'en raison du droit de veto et la France aurait dû en faire usage en 2003 après le morceau de lyrisme et de (feinte) bravoure qui a fait la réputation de Dominique de Villepin. Elle pourrait en faire usage à présent pour s'opposer aux actions révoltantes d'Israël et peser en faveur de la reconnaissance qui s'impose désormais de l'État de Palestine

mercredi 25 septembre 2024

Épilogue gouvernemental

On peut épiloguer 107 ans sur la formation du présent gouvernement issu du foutoir dissolutoire organisé par Macron qui devrait être destitué, selon la France insoumise, parce qu'il n'a pas nommé un premier ministre inféodé à celle-ci ou à son NFP qu'elle a monté de bric et de broc pour continuer d'assurer le leadership de la Nouvelle gauche plurielle. C'est sans doute une application du mandat impératif et révocatoire qu'elle a préconisé pendant la crise des Gilets jaunes et qui reviendrait à dire qu'un gouvernement ne devrait pouvoir exercer son mandat exécutif qu'un couteau sur la gorge ou être comme celui-ci "sous surveillance démocratique". Ce terrorisme politique ne désigne et ne disqualifie que ceux qui le soutiennent. La destitution de Macron n'était pas hors de saison quand les Gilets jaunes faisaient entendre une grogne sociale qui aurait dû susciter la pitié d'un État normalement bienveillant et pouvait mal finir pour le roi nu de l'Élysée compte tenu de la tradition révolutionnaire à l'oeuvre dans notre pays. Cette destitution n'est plus de saison quand la recomposition (ou la retriangulation) concerne la tactique politique et que Macron n'est pas plus irresponsable de ne pas avoir nommé la coalition arrivée en tête des élections législatives (et pourquoi pas le groupe arrivé en tête?) que LFI ne l'est d'avoir préféré, par atavisme anti-fasciste, le néo-libéralismeaux reliquats du fascisme. Entre deux maux, LFI a-t-ellle vraiment choisi le moindre? Si Macron devait être destitué pour une raison constitutionnelle, c'est qu'en prenant un temps interminable pour choisir un premier ministre, lequel à son tour a pris un temps interminable pour former son gouvernement, il n'a pas assuré la continuité de l'État.

Je tire personnellement deux autres leçons de la "séquence" tant qu'à épiloguer sur elle. La première est qu'on gagne tellement peu à "faire barrage" ou à gouverner contre que, dans le cas d'espèce, Olivier Faure a eu raison de dire que "le gouvernement Barnier est sous la tutelle du Rassemblement national" qu'un front républicain a voulu évincer a priori de l'exercice du pouvoir. C'est-à-dire qu'il est à la merci de celui à qui il a voulu barrer la route. Encore ne la lui a-t-il barrée que parce qu'il ne supportait pas l'incarnation de ses idées. La France, fille aînée de la représentante de la religion du Verbe incarné qui a coupé des têtes le jour où elle a tourné le dos à cette religion et qui a constitutionalisé l'infanticide in utero, cette aspiratrice d'âmes se spécialise à présent dans l'érection d'épouvantails, en contradiction totale avec l'esprit de la religion de l'Incarnation dont le Verbe a préféré être crucifié plutôt que de diaboliser des personnes. En France, on peut désormais gouverner sous la tutelle du Rassemblement national, avec l'assentiment et les idées de celui-ci pourvu qu'on gouverne sans lui. Par exemple, on peut menacer de faire un moratoire sur l'immigration sans même proposer de convoquer un référendum sur l'immigration, on peut envisager de supprimer l'aide médicale d'État ce qui est ignominie, pourvu que ce soit sans le concours actif du Rassemblement national qui aplaudit à cette forfaiture, sa xénophobie l'emportant sur son europhobie et sa fibre sociale, en quoi LFI, qui s'illustre de son côté par la violence politique qui ne saurait se limiter à la violence verbale, ne s'est pourtant pas trompée, il faut le reconnaître.

Mais encore? La tradition évangélique à laquelle s'est longtemps référé notre pays au cours de son histoire nous apprenait que ni le "oui" ni le "non" n'était d'essence diabolique et que seule la tergiversation et partant le compromis portait à compromission avec cette détestable instance. Michel Barnier est un représentant du compromis permanent. C'est pourquoi Macron l'a choisi en s'imaginant qu'il pourrait résoudre avec lui le chaos qu'il avait lui-même provoqué. Or la pratique du compromis sacrifie l'humanisme européen plutôt doux aux étrangers sur l'autel de la tactique qui oblige à ne pas s'aliéner les suffrages du parti xénophobe pour durer un peu à la barre de l'État français (sic). L'alignement des planètes fait que Barnier n'aura aucun mal, en se référant à ce que fait la sociale-démocratie allemande, à nous offrir le pire de l'Europe: une europe unilatéralement anti-migrante, mais aussi soutien inconditionnel de l'Ukraine dans une escalade vers une guerre nucléaire dont le risque n'est pas chimérique. L'"Europe pour la paix" a tourné belliqueuse, mais elle cherche querelle à géométrie variable. La nouvelle commission européenne a nommé un commissaire dédié au soutien à l'Ukraine, elle n'en fait pas autant pour protéger le droit des Palestiniens ou des Libanais. Car enfin Netanyahou ne vaut pas mieux que Poutine, s'il ne vaut pas moins bien et si son pays n'a pas révélé au bout de soixante-quinze ans d'existence qu'il n'a jamais été qu'un obstacle à la paix au Moyen-Orient depuis qu'il a été porté dans la douleur sur les fonds baptismaux onusiens, quand la Russie se contente de refuser que son ère de civilisation soit rognée.

On peut épiloguer à l'infini sur la formation du nouveau gouvernement, mais le plus grand danger réside dans la situation internationale et dans la position qu'a prise ce gouvernement du compromis et de la compromission et l'Union européenne avec lui face à cette situation internationale. Tout comme on peut regretter qu'à front renversé, la gauche radicale française s'abstienne quand il s'agit de voter l'envoi de misciles à longue portée en Ukraine pour mieux faire valoir une position unilatéralement pro-palestinienne. Et que le pire de feu le parti antisémite à l'actif duquel on doit porter qu'il a voté contre cet envoi de misciles à longue portée, se tourne vers le pire du philosionisme en ne dénonçant jamais ce qui se passe à Gaza ou au Liban et larguant au passage la seule once de bien qui fût dans la tradition d'extrême droite, y compris dans la tradition collaborationniste: un certain pacifisme qui nous serait précieux dans cette montée des périls. 

lundi 2 septembre 2024

Mon nom est Personne

    Quand le cyclope demande à Ulisse: "Qui es-tu?" et qu'il lui répond: "Mon nom est persone",  il y a tout un chemin métaphysique là derrière et il faut avoir le courage intellectuel ou existentiel de le parcourir. Il faut être quelqu'un, mais il faut n'être personne. Il faut être quelqu'un, mais il ne faut tellement pas se prendre au sérieux qu'il faut croire qu'on ne s'appelle pas, qu'on s'apelle Personne. Ca tombe bien, parce que ce n'est pas nous qui nous sommes appelés:  quand on dit "Je m'appelle", c'est quelqu'un d'autre qui nous a appelés d'un nom qui, si ça se trouve, n'est pas le nôtre, et ne nous correspond pas, ne correspond pas  à qui nous sommes. (C'est assez rare, mais ça peut arriver. En général, un prénom est le message de notre conscience) Mais même si notre prénom ne porte pas le message de notre conscience parce que nos parents ne nous ont pas assez désirés pour ça, nous devons nous dire "Mon nom estPersonne". Un peu comme Socrate a fini par dire "Je sais que je ne sais rien", ou comme, malgré notre foi trinitaire hypostatique et non pas personnelle, nous devrions accepter que Dieu soit un esprit, que Dieu soit quelque chose et non pas quelqu'un, ce qui est un non sens, et je dirais même un non sens idolâtrique. Dieu est une idée, Dieu est un ami, mais une idée peut être une amie, elle n'a pas besoin d'être personnel. Si je voulais forcer le trait, je dirais que moins Dieu est personnel et plus Il correspond à l'idée de Dieu, parce que, de même qu'étymologiquement, la personne est le masque, de même, théologiquement, l'hypostase des trois "personnes" de Dieu dans la Trinité est ce qu'il y a sous la personne, donc sous le masque. Donc foin d'une religion personnaliste! En revanche, à fond pour une religionincarnationniste (je n'ai pas dit réincarnationniste encore que je ne sais pas), mais il faut que la religion incarnationniste aille au bout de l'incarnation, c'est-à-dire au bout des potentialités de la personne humaine. Et pourtant je ne veux plus d'une religion personnaliste, mais je crois que je suis cohérent malgré les apparences. 

jeudi 22 août 2024

La campagne états-unienne ou la revanche des Gilets jaunes

https://www.youtube.com/watch?v=45LnaP6x3QU

Je ne m'attendais pas à m'intéresser autant à la campagne électorale américaine pour l'élection présidentielle de novembre prochain. En 2008, je me suis dit qu'on avait tort d'assimiler Obama au messie du seul fait de sa couleur de peau. J'ai relativement aimé ce président dont j'ai lu le discours du Caire qui devait rebattre les cartes de la politique internationale américaine, mais l'a fait de façon molassonne sans briser l'atlantisme. Le retournement sudiste et isolationniste d'Obama en Trump m'a surpris, mais j'étais de ceux qui étaient persuadés que Trump pouvait gagner les primaires républicaines et l'élection présidentielle américaine. Je ne comprenais pas la morgue des experts autoproclamés de l'Amérique comme Christine Ockrent ou Anne Sinclair qui le niaient farouchement à force de ne pas vouloir y croire. Je n'ai jamais été un trumpiste à la Evelyne Joslin, mais je comprenais avec Jean-Eric Brana de quoi Trump était le nom. Si on veut le résumer d'un mot anachronique ou rétrospectif, on pourrait dire que trump était le candidat du "sanglot de l'homme blanc" ou de l'anti-wokisme (le mot n'existait pas encore). Comme me l'a fait comprendre un ami, il était le candidat du refus du mépris d'un électorat qui, toutes choses égales par ailleurs, ressemblait à l'électorat lepéniste en France.

Le quadrennat de Trump a mis tellement l'Amérique sur les genoux en faisant s'ébranler le monde sur ses bases bipolaires, ce qui était plutôt une bonne chose, que l'Amérique n'a pas eu d'autre ressource que de s'appuyer sur le vieux Joe Biden, recru d'âge et d'épreuves, sans solidité visionnaire ou idéologique et sans autre motivation qu'une certaine volonté d'empêcher que le monde ne se défasse, la même qui animait Jacques Chira président, AVC et absences comprises. À l'issue de son débat pas tant manqué que ça avec Donald Trump, il était prévisible que les rats quittent le navire et prient poliment Joe Biden de ne pas se représenter. C'était au départ le ticket conclu avec Kamala Haris: Joe Biden ne devait faire qu'un mandat. Il s'y résigna pesamment et y mit le temps, mais il débérrassa le prochain plancher, ouvrant la voie à Kamala Haris, qui fit un premier bon choix en la personne de son vice-président putatif, Tim Walz, qu'on définit comme un bon voisin se sentant responsable de ceux qui ne pensent pas comme lui comme de ceux qui partagent ses options et qui, dans son discours d'hier soir à la convention démocrate, sut exprimer l'origine de son dévouement et de son engagement dans la garde nationale comme on se fait ici pompier volontaire, ce qu'avait de terrible l'épreuve de l'infertilité qui,quand il la surmonta, lui fit appeler sa fille Hope, tout un programme!, et qui mit enfin en avant son passé de coach de football: "Nous avons toute la mort pour dormir, réveillons-nous et rendons à ce pays son génie pour tourner définitivement le dos à Donald Trump."

Kamala Haris, la brahamane noire, se définit quant à elle comme une candidate issue de la classe moyenne s'offrant à faire une politique favorable à la classe moyenne, quand notre président à nous, Emmanuel Macron, plancha auprès du groupe de Bilderberg pour expliquer, avec l'augmentation de la masse numéraire, qu'il n'était plus possible de répondre favorablement aux revendications de la classe moyenne. L'énergie et le renouveau sont du côté des candidats démocrates. J'espère qu'ils gagneront. Et comme on dit souvent que la France vit quinze ou vingt ans plus tard ce qui se passe en Amérique, j'espère que ce renouveau gagnera la France et que ça ne prendra pas vingt ans. J'espère qu'on en finira avec Macron, ce représentant de la bourgeoisie décadente qui ne peut se résoudre qu'à cohabiter avec lui-même et la part sombre de son "en même temps"; mais aussi avec une Marine Le Pen qui a fait sa fortune, dans le sillage de son père, de n'avoir que l'insécurité et l'inéluctable ou la providentielle immigration à dénoncer sans rien de positif à proposer; avec une droite intéressée à conforter imperturbablement la rente des épargnants relativement bien nés; ou avec un Jean-Luc Mélenchon, espèce d'humaniste aboyeur qui prône violemment la non violence des rapports sociaux. J'espère que se révélera chez nous aussi, trop longtemps après l'appel des Gilets jaunes, un candidat de la classe moyenne pour la classe moyenne, pour que cesse le déclin de cette classe et sa paupérisation rampante en classe moyenne inférieure et pour qu'elle soit enfin récompensée d'être gentille, de faire partie de ces gens dévoués qui tiennent le pays.


 

lundi 19 août 2024

La convention démocrate, une remise en perspective américaine

À chaque insomnie son occupation pour compter les moutons. Celle de la nuit dernière m'a fait écouter la convention démocrate en direct et le discours de Joe biden. Je me méfie du tropisme international de gendarme du monde qu'a acquis le parti démocrate depuis au moins John Kennedy et Bil Clinton pour m'en tenir à ce dont j'ai été le témoin. Pourtant j'ai apprécié la mise en perspective qu'ont faite tous les orateurs de ce preier jour de convention et qui a culminé dans le discours de Joe Biden, entre un Trump, né avec une cuillère en argent dans la bouche, virant les travailleurs les plus faibles et ne s'intéressant qu'à lui-même et presque tous les orateurs de "l'élite du parti démocrate" (ou de "l'Etat profond", dirait Trump) que j'ai entendus ce soir, nés dans la classe moyenne et qui promettent d'agir pour la classe moyenne parce qu'ils en viennent, et niant la doctrine du ruissellement dont on reprochait à Emmanuel Macron avec un peu d'injustice d'être un des thuriféraires.

"Trump n'a même pas le respect des vétérans", s'est indigné Joe Biden, en rappelant que le cancer qui a emporté son fils Beau a eu pour origine une maladie contractée pendant son service en Irak.

"Pour Trump, c'est lui d'abord et l'Amérique ensuite", a-t-il tempêté. "Les électeurs américains ont le choix entre une procureure et un condamné", a-t-il ajouté parmi d'autres intervenants qui tenaient le même discours.

Malgré la tentative d'asssassinat dont Donald Trump a été victime, la dynamique s'est retourné en faveur de Kamala Haris depuis que Joe Biden a intégré la nécessité de se retirer en raison de son âge: "J'étais trop jeune pour être sénateur et je suis aujourd'hui trop vieux pour rester président," a-t-il souri.Mais la dynamique s'est peut-être retournée parce que Trump a été visé en voulant présenter un graphique sur l'immigration placé opportunément (providentiellement, dirait-il) à sa droite, contrairement à l'habitude qu'il avait de le placer à sa gauche, ce qui lui a valu de tourner la tête au moment où son tireur était sûr de ne pas rater sa cible. Tentative d'assassinat où un tenant de la violence politique protestait contre un énième mouvement de haine de ce candidat narcissique qui, pour montrer ses muscles même si près de la mort, incitait ses soutiens à "fight, fight, fight", un peu comme (la comparaison vaut ce qu'elle vaut) le Père Jacques Hamel se rebella contre son assassin: "Retire-toi Satan" en jetant une équivoque diabolisante sur une personne plutôt que sur l'intention maléfique de cette personne.

Le peuple de ce pays dominateur n'aime pas la haine comme carburant politique et si j'étais un citoyen américain, maintenant qu'on connaît mieux l'égoïsme de Trump, même si celui-ci a paradoxalement des conséquences plus pacifiques pour l'ordre international, je me laisserais entraîner par cette dynamique et voterais Kamala Haris.

Je ne dis pas que la valeur humaine fait tout en politique, mais je préfère à tout prendre le retournement des bonnes intentions en mauvaise politique que la politique du pire ayant finalement dh'eureuses conséquences. 

jeudi 25 juillet 2024

Martin Hirsch sur l'abbé Pierre, la curée continue!

Et la curée continue. Dans "la Croix", Martin Hirsch qui, pour un peu, se poserait en "compagnon d'Emmaüs" de la base, mais dont la carrière doit tout à ce qu'Emmaüs ait confié sa direction à cet ancien directeur de cabinet de Bernard Kouchner, assure qu'il ne veut pas jeter de l'huile sur le feu dans cette période douloureuse, mais qu'il prend la parorle pour expliquer "qu’on ne peut pas comprendre le mouvement Emmaüs sans cette simultanéité dans la reconnaissance et la distanciation, dans l’admiration des forces et la crainte des faiblesses de son fondateur." 


Il avait déjà pris ses distances avec l'abbé Pierre quand celui-ci avait pris des positions favorables à son ami Roger Garaudy dont je crois moins qu'il ait été auteur d'écrits révisionnistes qu'il n'a été influencé, après beaucoup d'autres revirements qui avaient pour tronc comun  l'option préférentielle pour les damnés de la terre, par sa conversion à l'islam, qui le rendait proche des Palestiniens et peut-être de ce fait injuste avec la condition (plus qu'avec la question) juive. 


Mais revenons à Martin Hirsch et demandons-nous d'abord, à titre purement gratuit et nullement diffamatoire malgré le caractère insinuant de la question posée, si l'homme est certain qu'un jour, une secrétaire ne pourra pas dire qu'il a abusé de sa position dominante pour lui faire des avances non souhaitées ou avoir envers elle des gestes inappropriés. Je dis ça sans rien savoir, je dis que c'est le fait de pas mal de patrons dans pas mal d'entreprises, et singulièrement dans le monde médical où Martin Hirsch a évolué en tant qu'administratif.


Je note que le couple qu'il forme ou qu'il formait avec sa femme Florence (je ne sais pas ce qu'il en est de sa situation matrimoniale actuelle) est ou était un couple de gens très favorisés, ce qui l'apparente assez peu avec la condition des compagnons d'Emmaüs lors même qu'il se dépeint comme l'un d'entre eux, presque un ancien primus inter pares, pairs et compagnons qui ont cessé d'être aux avant-postes de la décision dans la confrérie, et ce apparemment depuis qu'"en 1957, peu après l’appel de 1954 qui fit de lui une légende vivante, les proches de l'abbé Pierre l’avaient envoyé dans une clinique en Suisse, à l’isolement, parce que son comportement avec les femmes posait problème."Ses proches et, on l'a vu, le cardinal Feltin, et mgr Jean Rodhain, président du Secours catholique, à qui l'abbé Pierre faisait de l'ombre. 


Entre parenthèses, en cette fin des années 50, comme le notait le rapport de la CIASE, on s'occupait des prêtres qui présentaient des troubles et des déviances et avaient "un comportement problématique" ou "un problème avec les femmes". On s'en occupait, on essayait de les soigner tant bien que mal, même si ces soins revenaient à leur administrer du bromure pour, je recite Martin Hirsch, "canaliser l’énergie débordante de l’abbé Pierre vers de justes causes. "Comme si l'énergie sexuelle et libidinale, identifiée depuis  la psychanalyse comme le ressort ultime, énergétique et érotique de l'intérêt à agir, pouvait être canalisée et sublimée au point qu'en vertu de la "misère du désir",  le désir" se tourne entièrement vers la misère, une "juste cause" aux yeux de Martin Hirsch, que lui-même a diversement servie. Il se garde bien de dresser son propre bilan en la matière, et c'est en cela que son intervention a quelque chose d'indécent, parce que cet homme "qui, d'une certaine manière, doit tout" lui aussi au fondateur d'Emmaüs veut bien prendre ses distances avec lui pour en discerner ombres et lumières, mais il ne prend aucune distance avec lui-même et sa propre carrière qui, elle aussi, présente ombres et lumières et où globalement, on peut discerner deux périodes:


-Celle où il quitte le mouvement pour, fort de son aura d'homme qui sait lutter contre la misère, devenir ministre de Nicolas sarkozy et lui proposer la création du RSA, ce qui est plutôt à mettre à son actif, même s'il va vite en besogne en disant que "les dernières décennies ont donné lieu à un important travail pour sortir de cette conception" où, "Puisque les règles sociales ne savaient pas trouver une place aux exclus, les communautés se dispenseraient des règles, l’esprit de solidarité en tenant lieu. Et l’abbé Pierre pouvait faire rempart de son mythe pour éviter que les pouvoirs publics y trouvent à redire." Sous-entendu, aujourd'hui, les règles sociales règlent le problème de la misère, mais beaucoup de ceux qui pourraient prétendre au RSA n'y recourent pas, car c'est une solidarité bureaucratique et de plus en plus stigmatisante, ce que n'a certes pas vouluMartin Hirsch en fondant et construisant le revenu de solidarité active.


-Le deuxième moment où Martin Hirsch refait parler de lui est celui où il dirige l'Assistance publique hôpitaux de Paris, et le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas fait l'unanimité durant cette période, entre compression de personnel, gestion de la crise Covid avec suppression de lits, suspension des soignants et maîtrise d'oeuvre du Ségur de la santé. C'est pourtant là qu'il pouvait faire ses preuves: il n'était plus un militant qu'on peut toujours accuser d'être dans l'incantation, mais un gestionnaire qui pouvait mettre sa gestion à l'épreuve de son militantisme.


Bref, Martin Hirsch préfère enfoncer l'abbé Pierre que balayer devant sa porte, non sans rappeler qu'il a prononcé son éloge funèbre: "Aux obsèques de l’abbé Pierre, j’avais dit que le meilleur hommage, c’était de continuer. Aujourd’hui, ce que disent à raison les responsables du mouvement Emmaüs, c’est que le meilleur hommage à rendre aux victimes, c’est de continuer le combat contre la misère."Martin Hirsch se place naturellement dans la continuité des dirigeants actuels d'Emmaüs, non dans celle de l'abbé Pierre. À Martin Hirsch l'ingrat, les mannes de l'abbé Pierre reconnaissantes! 


Martin Hirsch sur l’abbé Pierre : « Pendant 50 ans, Emmaüs a pensé que ces comportements étaient de l’histoire ancienne » (la-croix.com)

dimanche 21 juillet 2024

Mon rêve de Nathalie Sarraute

La nuit dernière, j'ai rêvé que j'étais invité à déjeuner chez #Marie-VéraMaixandeau, mon amie musicienne qui n'est plus de ce monde depuis quelques années. Elle s'était pliée en quatre pour nous confectionner un délicieux repas. S'y trouvent deux Polonaises qui portaient deux noms chrétiens comme Thérèse, qu'un autre invité, un peintre, trouvait ridicules.

Nous y buvons beaucoup et surtout quantité de Cognac ou apparenté. Le peintre n'arrête pas de me servir et j'ai peur d'être soul en ne faisant pas honneur au repas que Marie-Véra s'est décarcassé pour nous apprêter, or c'est à peine si nous lui en savons gré.

Parmi les convives, se trouvent Nathalie Sarraute et sa fille Claude, encore assez jeune. La fin du repas approchant, je réalise qu'il faut absolument que je pose des questions à Nathalie Sarraute sur les livres qu'elle écrit. Je lui demande: "Comment avez-vous pu écrire, à travers "Enfance", non seulement un livre aussi différent du "nouveau roman" dont vous fûtes peut-être la principale théoricienne à travers "l'Ère du soupçon", mais un livre où vous avez écrit tout ce que vous ne vouliez pas écrire et qui représente à mon avis la quintessence de l'autobiographie?
-En effet, entre l'auteur des "Fruits d'or" et ce qui est sorti de moi dans "Enfance", il n'y a plus aucun rapport, mais je suis revenue à moi-même, je me suis remise à écrire des livres comme "les Fruits d'or", "Ici" ou ou "Pour un oui pour un non", "Tropismes" se situant entre "Enfance" et ma veine originelle."
ET Claude et Nathalie Sarraute de me citer des livres qui n'existent pas et qui venaient de paraître, prouvant que Nathalie Sarraute avait abandonné sa veine d'auteur d'"Enfance".

Et voilà que tout à coup, sans que je lui demande rien, elle me révèle que, chaque fois qu'elle prend la plume, elle demande à l'Esprit-Saint d'être le scripteur de ses conversations ou sous-conversations. Pour moi, quiconque demande à l'Esprit-Saint d'entériner tout ce qu'il écrit se met dans l'impossibilité d'écrire. Ce n'était pas, dans mon rêve, l'avis de ce grand écrivain, non plus que ce n'était l'avis de mon amie #MaryseBonnard, quand nous en discutions au Central, rue de Tolbiac, et Maryse est mère d'écrivain... 

dimanche 14 juillet 2024

Premier tombeau à mon maître et ami René Pommier

http://renepommierfreefr.com/


J'ai appris hier, à travers une conversation avec mon amie Geneviève Vogel, la mort de mon vieux maître et ami, professeur à la Sorbonne (il y tenait, il faisait partie du collège des professeurs, du collège §A!) #RenéPommier.



René avait perdu la foi à travers ce qu'il refusait de reconnaître comme une nuit de Pascal, car il me décrivait cette perte de la foi comme un lent processus.  (Et dans un de ses livres, il avait dézingué Pascal.)


Mais il ajoutait aussitôt qu'il était inconsolable de ce deuil de la foi et que c'était de là que luivenait sa passion négative pour détruire toutes les fausses valeurs ou idoles de la fausse vérité qu'il qualifiait volontiers de "sornettes", terme que je trouvais ringard: je ne me suis pas privé  de le lui dire, il en convenait, mais il n'en faisait aucun cas, il l'employait toujours. 


Ce deuil inconsolable de la foi lui a valu de démolir à peu près tout ce qui bougeait: ste-Thérèse d'Avila, Pascal (déjà nommé), Freud, René Girard ("Cet allumé qui se prend pour un phare"), Roland Barthes au début de sa carrière, et tant d'autres...


Au début de l'année 2024, j'ai téléphoné à René pour lui souhaiter la bonne année. Il m'a dit: "Julien, d'après votre répondeur, vousavez l'air en forme. Moi, je ne vais pas bien du tout. J'ai mal dès que je me réveille et je sais que cette douleur ne cessera jamais. Je n'ai pas vécu une belle vie. 


J'ai été un grand chercheur en littérature, un chercheur qui trouve, et on m'a préféré des fausses valeurs comme Roland Bartehs. Je n'ai pas écrit une oeuvre, j'ai raté beaucoup de choses, j'ai raté ma vie. Et si vous saviez tout ce que je laisse" 


(Je le savais, il me l'avait dit.) 


Et moi de lui répondre cruellement (mais ce n'était pas mon intention):  "Écoutez, René, vous n'avez pas eu une belle vie, mais je vous souhaite une belle mort. D'abord je vous souhaite une mort chrétienne, vous vous en doutez, mais je n'y crois pas." "Vous avez raison de ne pas y croire, ce n'est pas possible." "Admettons, encore qu'à mes yeux (d'aveugle), 

 le miracle est toujours possible. Mais si vous ne pouvez décidément pas mourir chrétiennement, ne souffrez pas plus qu'il ne faut. Ne vous accrochez pas à la vie."Ca non plus, ce n'est pas possible.  Vous êtes un croyant immmmoral et je sui  un athée moral. Vous n'avez jamais compris combien j'étais un homme de devoir." "Si, René, je l'ai compris après."


Et à l'issue de cette conversation, je lui ai dit: "C'est la chose la plus importante que je vous ai dite, je crois que nous nous sommes parlés pour la dernière fois Pas pour la première, car nous nous étions déjà beaucoup parlés." "J'espère que nous nous entendrons encore. Je le vivrais très mal s'il n'en était pas ainsi.",Comme je sui s assez lâche, je n'ai plus jamais osé appeler mon vieux maître René Pommier etil est mort aumois de mai, m'a appris Geneviève en consultant son site. 


Il m'avait dit "C'est toujours vous qui m'appelez, mais vous ne pouvez pas savoir à quel point ces appels sont importants pour moi. Comme l'étaient ceux de Nathalie." 

Je n'ai aucun doute sur le salut de ce chercheur de Dieu. Il l'a cherché si loin et si profondément qu'il l'a nécessairement trouvé.


Et il m'a dit: "Vous savez, dans ce monde, beaucoup d'intellectuels (j'ai connu Claude Tresmonttant qui fumait sa pipe, ou Pierre Chaunu qui étaient discrètement des amis à moi, , qui n'entrait pas du tout dans cette catégorie), vous regardent de très haut et se présentent comme vos amis pour mieux vous dénigrer dès que (ou si) vou sdevenez quelque chose. Moi, je nourris envers vous et envers Nathalie une amitié très sincère et indestructible." Merci, René, je l'ai ressentie, cette amitié. 

jeudi 11 juillet 2024

L'homme qui voulait cohabiter avec lui-même

Gérard Collomb en mai 2022: "La logique d'un parti unique central conduira à un rétrécissement politique puisque, au pouvoir, compte tenu des circonstances, on ne peut que s'user. Et on peut donc aboutir à la victoire de l'un des extrêmes, toutes les forces de gouvernement étant dans le même camp »…
Collomb, pardon, avait raison sur tout." (Étienne Gernelle)

Le centrisme façon Macron, en cela héritier de Bayrou qui avait tort de le traiter d'hologramme, ce n'est pas l'union des intelligences, c'est l'union des personnalités assez en vue pour pouvoir être appelées au gouvernement. Ca n'a jamais été autre chose. Et ça ne l'est pas davantage à l'issue de ces élections législatives qualifiées d'ultime "coup de folie du président français" par la presse internationale.

Il dissout sans raison, organise des élections législatives pour rien, certains rêvent de devenir premier ministre et le font savoir, Macron ne les détrompe ni ne les dément, aujourd'hui il vient nous dire qu'il ne nommera que le premier ministre technique d'une majorité rétrécie. (Cf. sa lettre aux Français parue hier, que Jean-Lou Bonnamy résumait ainsi ce matin aux #GrandesGueules de #RMC: "Macron écrit pour dire qu'il a fait n'importe quoi. "Mais je suis le meilleur, on s'en fout."").

Macron a provoqué une cohabitation, mais il veut cohabiter avec lui-même.

"Il nous a mis dans le pétrin et c'est à lui de nous en sortir", a dit Gérard Larcher ce matin. "Le pétrin. Avec "cette métaphore boulangère", le président du Sénat a évité un mot plus grossier. "Demeure l'impression extérieure, peu flatteuse dans cette affaire où il a tout d'un homme qui flambe au casino et laisse sa famille accueillir les huissiers." (Etienne Gernelle)

Macron, le centriste disruptif, a toujours cru en la "destruction créatrice". C'est un président schumpeterien qui joue avec nos nerfs.

https://www.lepoint.fr/politique/mais-qu-a-t-il-fait-a-la-france-emmanuel-macron-le-president-qui-ne-savait-plus-quoi-faire-10-07-2024-2565264_20.php 

mardi 9 juillet 2024

La révélation Tondelier

Décidément j'ai un faible pour Marine Tondelier. Quand je pouvais aisément communiquer sur Twitter, je la suivais. J'aimais sa manière dynamique et posée de parler d'expérience d'une ville dirigée par le Frontnational dont elle révélait les méthodes avec le moins de parti pris possible. Je l'ai perdue de vue, d'oreille et d'intérêt depuis qu'elle est devenue la patronne officielle des écologistes, parti qui n'a pas l'heur de m'intéresser... 


La presse, à commencer par "Libération",  en a fait la révélation de l'entre-deux-tours. Elle-même, avec son éditeur, "les Liens qui libèrent",  a pris l'initiative de mettre en libre accès son livre "des Nouvelles du front" et a conseillé de profiter de la pause électorale pour le lire et se faire une idée plus éclairée de la manière dont ce parti se comportait "en vrai", une fois aux affaires. Elle a prodigué ce conseil sur "Europe 1", où elle n'était pas revenue s'exprimer depuis deux ans, écoeurée par la mainmise excessive de Vincent bolloré et de ses zbires sur cette station.  


J'ai suivi son conseil et presque achevé son livre. Bien m'en a pris. J'ai mieux pris conscience que la stratégie de séduction du rN consiste à "Polir, lustrer, rincer les mémoires, mélanger les héritages intellectuels, brouiller les ascendances", récupérer De Gaulle ouJean Jaurès. "Le RN ne s’encombre pas de sentimentalisme. Dans sa nouvelle version, il a choisi l’option caméléon. Le FN est devenu une boule à facettes,

capable de renvoyer à chacun le rayon de lumière dont il

avait besoin pour se sentir rassuré" pour accepter le seul invariant de sa politique:  le refus, par xénophobie, de l'immigration et le fait de la rendre responsable du désordre et de l'insécurité qui règnent en France, en profitant de ce que le débat soit interdit en France sur les liens entre insécurité et immigration. 


Marine Tondelier, révélation de cet entre-deux tours, a remis sur le devant des échopes des libraires son livre révélateur et elle poursuit sa route intelligente. Hier soir, elle était l'invitée de "BFMTV". 


Aux antipodes d'une droite retailleau-Wauquiez indéterminée à prendre le pouvoir dans cette période critique et qui ne veut pas entendre parler d'une alliance du bloc central pour ne pas faire le jeu du président Macron, elle avance  que le futur gouvernement Nouveau front populaire devrait proposer au Parlement, texte après texte, le programme du NFP, charge à chacun de se déterminer et d'expliquer pourquoi il vote pour ou contre chacune des dispositions contenues dans ce programme. Et si l'abrogation de la réforme des retraites doit se faire avec les voix du Rassemblement national, pas question de faire la fine bouche, affirme, déterminée, celle qui assume et ne regrette pas d'avoir "fait barrage". Plus de "pudeurs de gazelle" en refusant des voix, Pas non plus de coalition, pas de tractations pour faire au coup par coup des "majorités de projet" comme sous le gouvernement Borne, mais la vie parlementaire à l'état pur, remise au goût du jour dans notre pays au régime présidentiel par l'esprit de la constitution de la Ve République à bout de souffle d'avoir été taillée pour un homme ou pour un mythe.  Une vie parlementaire où le NFP pourrait gouverner, qu'il gagne ou perde au fil de ses projets de loi, grâce à la maîtrise de l'ordre du jour... 


Quand la journaliste de "BFM" lui demande si de proposer une méthode de gouvernement la met sur les rangs pour être  premier ministre, Marine tondelier répond habilement que c'est une manière très "masculiniste" d'envisager la politique. "Je ne compte pas dans cette équation, c'est l'avenir et la gouvernabilité du pays qui m'intéressent." Elle écrivait la même chose dans son livre publié début 2017: "Les attaques gratuites contre moi ne m’affectent pas. Je me suis bâtie une carapace sur laquelle elles glissent. Celles qui visent les plus précaires… me troublent par contre profondément."


Tant d'abnégation et d'à propos que d'aucuns jugeront certainement surjoués me rappellent comment,en 1995, des profondeurs du parti socialiste, un ancien premier secrétaire assez sectaire, Lionel Jospin, fendit l'armure, se révéla, perdit l'élection présidentielle, mais devint premier ministre deux ans plus tard pour cinq ans, et laissa à la France beaucoup de bons souvenirs. C'est tout le mal que je souhaite à Marine Tondelier, ma révélation de l'entre-deux-tours. 

dimanche 7 juillet 2024

Législatives 2024, le sursaut contre le cahos

Je me suis finalement abstenu en étant fidèle à ma première idée et suis content que les forces de gauche, qui se préocuupent du social, aient remporté ces élections législatives, car la société est très malade. LLa réaction des Français est plutôt réjouissante, qui a donné la première place au Nouveau Front populaire.
Cette victoire, fût-elle numérique et symbolique, me paraît saine pour la cohésion sociale.

Le RN ne représentait qu'un Français sur trois et c'est à cette aune qu'il fallait peser le résultat du premier tour. #RenéPOujol me l'avait ditpar tél., je lui avais objecté qu'on ne peut pas analyser un scrutin majoritaire comme un scrutin proportionnel, je m'étais trompé.

Emmanuel macron a réussi son coup de poker et va devoir s'allier avec "les Républicains" qui ne sont pas mort, c'est une bonne nouvelle, même si cette résurgence consacre la longévité façon "Elle nous enterrera tous" de la bourgeoisieopportuniste qui domin cette base électorale. Éric Ciotti a complètement perdu son pari et il était plutôt

donné gagnant compte tenu de la base idéologique de l'électorat LR.

Emmanuel Macron a réussi son coup de poker de cavalier de l'Apocalypse. Il est le principal vainqueur de ces élections puisque, si son camp s'allie aux Républicains, ils constitueront la première force du pays, insuffisante pour le gouverner, mais elle trouvera des majorités de compromis ou fera comme avant: elle fera voter ses lois à laschlag du 49.3.

Raphaël Glucksmann va retourner au Parlement européen ou empocher un marocain. Il est le nouveau Manuel Valls des deux gauches iréconciliables et n'a cure de contredire Olivier Faure qui va dans le même sens que Jean-Luc Mélenchon. Ce "fils à papa" qui joue avec des alumettes à travers le monde comme BHLnous explique que le Parlement français doit devenir le Parlement européen, ce qui revient au plan national au retour de la Vème à la IVème République, que Macron a organisé par cette dissolution.

Jean-Luc Mélenchon a fait un discours courageux et martial en "lançant le débat" comme s'il était le leader de la partie et du parti gagnant. Il parlait à Macron comme Le Pen parlait à Chirac. Le Pen disait de celui-ci: "Il doit partir."Mélenchon a dit à Macron: "Il ne doit pas faire de combinaisons et doit nommer premier ministre le vainqueur de ces élections, au risque que le chef administratif de l'exécutif bénéficie d'une "minorité primo-ministérielle" (allusion à"la minorité présidentielle" dont les oppositions ne cessaient d'affubler"Renaissance" et ses alliés dans la précédente législature).

Jordan Bardella semble soulagé de ne pasavoir à exercer le pouvoir et pousse la muavaise foi jusqu'à dire que Macron a organisé "le chaos institutionnel" en répondant à sa demande dedissolution de l'Assemblée nationale en cas de victoire du RN aux élections européennes.

É♫douard Philippe a lancé son "appel du 7 juillet" avec trois ans d'avance surla prochaine élection présidentielle. Il prend une revanche un peu ridicule et personnelle sur son ancien mentor présidentiel. Ça risque de le griller.

Olivier Faure a fait une très belle déclaration: "La France méritait mieux qu'un choix entre le libéralisme et le fascisme."Le peuple français a trouvé les moyens d'échapper à cette alterntaivealternative.

Gabriel Attal a pris date dans un très beau discours où il a dit deux choses qui semblent transcender cet ambitieux à l'état pur: "Cette dissolution, je ne l'ai pas choisie" (good bye Macron!), "mais j'ai choisi de ne pas la subir." Et
"Tous ces échanges avec les Français qui souffrent est ce que j'ai de plus précieux."

La France se réveillera sans gueule de bois et on peut compter sur le président pour faire des tractations.Il a tweeté très vite: "Prudence et analyse. J'attends la structuration de la nouvelle Assemblée nationale [pour abattre mes cartes]."  

mardi 2 juillet 2024

Résister aux désistements

https://www.philippebilger.com/blog/2024/07/tous-fous-%C3%A0-lier-sauf-le-peuple-.html#comments

Le peuple va résister à tous "ces désistements autorisés mais contre-nature qui vont dénaturer les conséquences du premier tour et la rectitude démocratique du second." (Philippe Bilger) Espérons-le pour la démocratie.

On s'est beaucoup penché sur la psychologie d'un Macron et d'un Mélenchon. L'heure n'est plus à s'y intéresser quand le premier se goberge le soir où la "grenade dégoupillée" qu'il leur a envoyée explose dans les jambes des Français, parce qu'il a choisi de "bien se marrer", a-t-il confié à Nicolas Sarkozy, et qu'il ne saurait déroger à célébrer l'anniversaire de Richard Ferrand, "sorti des poubelles du parti socialiste" (selon Pierre-Yves Rougeyron) et devenu l'oracle du macronisme:
"Macron, tango sur un champ de ruines
Désistements en faveur de la gauche, spectre d’une chambre ingérable, cohabitation… Le président reste imperturbable.
https://www.lepoint.fr/politique/legislatives-macron-tango-sur-un-champ-de-ruines-02-07-2024-2564587_20.php
J'avais trouvé excessif ceux qui, comme Bernard Antony, l'avaient surnommé Macronéron. Moins modérés que moi, ils y voyaient plus clair.

Dans un numéro de mauvaise sociologie hallucinante,
https://www.youtube.com/watch?v=qrqbazVYFXE
Jean-Luc Mélenchon en remontre au sociologue de service qui lui explique que les trois blocs et sa façon de segmenter la gauche ne la résume pas et, après avoir raconté son histoire depuis son retour en dissidence à partir de 2005 et la création du Parti de gauche, il nous assure qu'il va désormais chercher les 16 millions d'abstentionnistes pour constituer une majorité absolue introuvable pour le Nouveau front populaire dont il promet de ne pas être le futur premier ministre, n'étant candidat à rien.

Ah bon, Mélenchon veut séduire les abstentionnistes? Mais pourquoi fait-il de moi un abstentionniste, moi qui, dans ma circonscription, ai voté au premier tour pour la candidate du NFP, laquelle arrivée en troisième position, se retire sans raison, le député macroniste sortant Olivier Becht étant assuré d'emporter la mise, en ballotage plus que favorable! Mais quoiqu'il n'ait pas démérité, je ne peux pas voter pour lui, car quoiqu'il se présente comme indépendant, comme tous ceux qui vivent à déshonneur de se réclamer de Macron, ma voix atterrirait en Macronie si je participais à l'élection de cet homme estimable.
Et je ne veux pas voter pour l'autre, Pierre Pinto, le représentant du RN, me refusant à sauter dans l'inconnu d'un bardélisme bordellisé par le "coup d'État administratif" d'une société contractualiste, organisée contre ce parti épouvantail en corps intermédiaires qui font pièce à la citoyenneté individuelle et à "la société des individus".
La société française est organisée contre le Rassemblement nationale. Il a brisé plus qu'un plafond de verre en parvenant à faire élire 89 députés. Mais cela ne l'a pas transformé en parti ordinaire aux yeux de la "démocratie organisée" contre lui. Quelle civilité pourra-t-il faire émerger de l'indignité civique dont il est frappé indignement?

L'anticapitaliste Mélenchon me met au rancard de l'abstentionnisme tout en me ciblant dans son marketing politique digne d'un trader caressant les marchés. Que ce renégat du trotskisme nous explique une fois pour toutes pourquoi il déteste moins le libéralisme qu'il fait profession de haïr que le fascisme qu'il s'agite à traquer tout en pérorant sur le même ton que les harangueurs et harengères des temps jadis.

Mais qu'on laisse aboyer cet aboyeur, s'exprimer les sportifs, s'énerver les syndicats, nous menacer les rappeurs et polémiquer les journalistes en un journalisme de boules puantes, ça en jette toujours à quelques jours d'un scrutin décisif. La stratégie d'intimidation n'est pas nouvelle, elle est éculée, bien qu'elle puisse faire son effet sur les dégonflés comme moi qui aiment les parias par esthétisme sans rarement oser aller jusqu'à partager leur sort! Le vrai déni de la démocratie, ce sont ces désistements. Ceux qui ne la laissent pas jouer comme elle le doit, ce sont ces désisteurs.

À l'inverse, Denis Monod-Broca a raison et dit les choses encore mieux que
Caroff (mais je les remercie tous les deux en particulier, chacun fait sa sélection dans les avis éclairés de ce blog): « Front républicain ! », « front républicain ! »… disent-ils, mais est-il « républicain » d’avoir renoncé au franc, d’œuvrer si ardemment pour une souveraineté européenne, d’avoir réintégré le commandement militaire de l’Alliance atlantique, de croire en la mondialisation néolibérale-libertaire, etc. ?
Nation, France, République ne sont pas des concepts abstraits, elles sont des réalités, vivantes, à condition de leur être fidèle, de leur donner sens, de les maintenir en vie.
Les premiers fossoyeurs de la République sont ceux-là même qui appellent si fort au « front républicain ».
Le corps électoral s’évertue depuis des années à leur faire comprendre qu’il n’est pas d’accord, qu’il y tient, lui, dur comme fer, à la nation, à la France, à la République. Mais ils ne comprennent pas. Eux affirment vouloir la République mais sans la nation, sans la France. Impossible ! Insensé ! Et ils sont enfermés dans cette aporie.
Comment le leur faire comprendre ?
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 01 juillet 2024 à 15:14

 

lundi 17 juin 2024

L'impasse électorale

"On ne rend pas service à la gauche en se jetant dans un programme qui cumule deux fois le niveau de dépenses du programme commun des années 70." (Clément Beaune) Comment lui donner tort? De même, le "social patriotisme" du RN (qui réserve les prestations sociales aux seuls Français en plongeant tous les autres dans l'économie informelle) est une ignominie. Pourtant, le centrisme disruptif d'Emmanuel Macron n'aura jamais ma voix, pas plus que je n'accepterai de m'abstenir. Nous sommes dans l'impasse électorale et c'est Macron qui nous y a mis, nous condamnant quoi que l'on choisisse à la politique du pire qui est la pire des politiques. 

vendredi 14 juin 2024

Extrême droite et catholicisme

Qu'est-ce que l'extrême droite? Une classification politique. Avec autrefois une affiliation qui ne faisait aucun doute de Jean-Marie Le Pen avec d'anciens Wffen SS. En va-t-il de même aujourd'hui, étant admis et reconnu que Marine Le Pen a sa nazisphère à travers la "Gudconnexion" des Frédéric Chatillon et des Axel Lousteau. Et Si l'on veut continuer dans les raccourcis, l'extrême droite de Marine Le Pen est nationale socialiste en ce sens qu'elle présente un programme basé sur la préférence (ou la priorité) nationale, mais qui est assez social tant qu'il s'agit des Français.
Tout cela étant posé, le RN a réussi sa dédiabolisation que je préfère pour ma part appeler sa banalisation. Qu'est-ce qui reste désespérément incompatible avec le catholicisme? Sa xénophobie. Incompatibilité tempérée par l'adage selon lequel "charité bien ordonné commence par soi-même". Et Jean-Marie Le Pen
a beau protester qu'il aime mieux ses filles que ses cousines et ses cousines que ses voisines, en régime chrétien, l'amour du prochain se plaît à se rapprocher de ce qui est le plus éloigné de soi. Donc cette xénophobie représente une vraie incompatibilité, qu'on doit néanmoins tempérer par la conscience que la xénophobie a été le paradigme de l'histoire jusqu'à l'après-guerre qui a bâti nos institutions internationales et notre interdépendance mondiale. Tout cela s'étiole dans une fin de cycle qui était prévisible, mais ne laisse pas d'être inquiétante.
L'extrême droite a défendu un christianisme de civilisation que ND de chrétienté (pour rester dans le sujet du billet) appelle de ce nom et qui va jusqu'à prendre les oripeaux de la laïcité pour conserver quelque chose de la chrétienté, ce qui nous vaut l'article paru hier dans "la croix" et dont je n'ai pas encore pris connaissance, intitulé: "Le RN, catho, mais pas trop."
L'extrême droite peut-elle être assimilée au fascisme? Si oui, qu'est-ce que le fascisme? Personnellement, autant je crois assez bien comprendre ce que recouvre le nazisme, autant le fascisme est une espèce d'épouvantail qui est certainement très vilain, mais qu'on ne définit jamais très clairement.
Si j'accepte cette assimilation et si je tiens compte du fait qu'il existe une véritable incompatibilité entre la xénophobie de l'extrême droite et le catholicisme du bon Samaritain, mon aporie se complique du constat que notre peuple va très mal ou, pour le dire autrement, que notre société est très malade, en insécurité économique, morale, culturelle, identitaire et j'en passe. Pour ajouter à mon aporie, on assimile toujours le fascisme à ce qui nous a mené à la Seconde guerre mondiale. C'est historiquement irréfutable. Mais dans l'immédiat, ce sont les dirigeants raisonnables qui nous engagent hors de toute raison dans une escalade ukrainienne qui pourrait nous mener tout droit à la Troisième guerre mondiale. Et si on prend trente ans de recul, Jean-Marie Le Pen était opposé en 1991 à la première guerre du golfe qui a signé le vrai divorce entre le Nord et le Sud ou entre le dar-el-islam et l'Occident post-chrétien à peine deux ans après la chute du mur de Berlin et l'année même de la chute de l'Union soviétique.

Alors que faut-il faire? Pour le moment, je n'en sais rien. Mais je suppose que la porosité de l'électorat catholique à l'extrême droite, pour autant que je suppose cet électorat charitable et mû par ce premier impératif de son être-chrétien, tient en partie à l'aporie que je viens d'énoncer. 

mardi 11 juin 2024

Macron le chaotique et son centrisme disruptif

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mardi-11-juin-2024-6597012

Je n'ai jamais compris ce que #Jean-LouisBourlange est venu faire dans la galère macronienne. J'ai toujours soupçonné qu'étant l'un des hommes les plus intelligents du MODEM, #FrançoisBayrou l'avait envoyé au Parlement pour le surveiller ou lui-même s'était donné cette mission à lui-même. Il quitte le navire avec élégance.
Sous cap, il dénonce la nomination de #GabrielAttal. Un coquin que Macron a nommé en copain pour lui brûler les ailes parce qu'il attirait trop la lumière. Du reste, je serais Gabriel Attal, je me sentirais déshonoré par cette dissolution et je profiterais de mon allocution de ce soir à 20h pour, en me barrant, me tirer du mauvais pas où m'avait entraîné le manager toxique de mon équipe de bras cassés, qui me nommait pour des contrats à durée ultra-déterminée alors que j'avais pour mission de mener des projets de longue haleine.
Macron a toujours joué le centrisme en étant disrupptif, c'est-à-dire en ayant le contraire d'un tempérament centriste. On tombe toujours du côté où l'on penche et en général, on penche et on tombe du côté de son tempérament. La disurption macronienne devait le faire pencher du côté de n'importe quelle solution extrême.
Macron risque de tomber sur un os pour n'avoir pas prévu que Ciotti étant président de LR et sachant que ses militants sont de son côté, il allait prendre acte que les digues avaient sauté entre la droite anciennement classique et le Rassemblement national, après avoir été le héraut d'une primaire de LR où la droite de gouvernement parlait plus durement que le Rassemblement national qui n'est plus un parti d'extrême droite ou s'est ripoliné de manière à ne plus le paraître.
Macron n'est pas un esprit clair, mais sa dissolution de cachet d'aspirine qui saute à l'élastique va clarifier la situation politique française qu'il avait contribué à embrouiller lors de son élection de 2017. La sociologie des droites, la séparation de LR en droite Pradier contre droite Ciotti, vont faire imploser "la droite républicaine". Beaucoup de parlementaires rejoindront Ciotti pour sauver leurs sièges, d'autres s'y refuseront par conviction sans toutefois sauter le pas de "faire une Rachida Dati", mais les électeurs de droite choisiront la ligne Ciotti plutôt que la ligne des indécis.
Raphaël Glucksmann a ripoliné "les deux gauches irréconciliables" en donnant un coup de vieux à celui qui les incarnait pour les avoir théorisées. Il ne peut se résoudreà l'accord qu'il avait pourtant signé pour participer au Front populaire, parce que le gauchissement de son discours social n'était que le leurre du guerrier plein de testostérone à l'idée d'envoyer des soldats se fairetrouer la peau en Ukraine. Les électeurs de gauche se moquent bien des tergiversations de ce "fils de" qui a toujours su se placer et qui n'aurait compté pour rien si papa n'en avait pas fait quelque chose. Les électeurs de gauche voteront "Front populaire" malgré les états d'âme de Glucksmann et son envie de voir l'hôtel Matignon pavoisé devant Laurent Berger. Raphaël Glucksmann n'est pas un faiseur de rois, le président géorgien lui envoie son bon souvenir.
Quant à Jean-Louis Bourlange, il parle déjà de Macron au passé: "Quand on regardera dans l'avenir Emanuel Macron, on verra bien que ce n'était pas le pire président de la Ve République." Il en parle au passé. D'autres qui refusaient d'entendre parler de le destituer le voient déjà démissionner et parmi ces "autres", il y a un de ses principaux ministres en la personne de Bruno Le Maire qui se verrait déjà le remplacer,mais qui n'a réussi ni à "mettre l'économie russe à genoux", ni à "sauver l'économie française". Alors on le renverra lui aussi à ses chères études qu'il regrette tellement d'avoir faites.

Macron n'a rien à perdre, car il s'est perdu lui-même. Il peut perdre son pari, mais aussi le gagner. Mais ses oppositions s'organisent et quand on n'a plus que François Bayrou derrière soi (j'excepte Edouard Philippe), c'est qu'on est en mauvaise posture. 

dimanche 9 juin 2024

Macron dissout comme un cachet d'aspirine

Emmanuel Macron n'a pas perdu ni la tête ni spécialement les élections européennes. C'est un pervers tellement exceptionnel qu'il faut analyser sa réaction en fonction de cette perversité.

Le RN a fait plutôt moins bien que ce que les sondages avaient prévu et Macron a fait mieux que Raphaël Glucksmann. Donc tout allait comme prévu. Mais Macron dissout malgré tout.

Macron dissout, comme le souhaitaient les démagogues de l'extrême droite qui ont demandé depuis toujours aux présidents de la République de faire des plébiscites et de partir s'il les perdait, y compris pour des élections de mi-mandat.


Jacques Chirac aussi avait prononcé la dissolution de l'Assemblée nationale qui lui était favorable en 1997. Et le dessinateur Jacques Faysan avait écrit dans une bulle du "Figaro": "Si j'avais su, j'aurais pas dissolu." La dissolution était dans l'ADN de Chirac dès la fin de son premier mandat de premier ministre sous Giscard. L'entente entre Giscard et Chirac était parfaite, mais Chirac voulait absolument s'affirmer contre Giscard. Chirac dissolvait comme le pastis doit se dissoudre dans l'au. Macron est défoncé, mais ce n'est pas pareil et c'est plus grave.

La dissolution chiraquienne de 2017 n'avait pas plus de sens que la démission de son poste de premier ministre en 1976. En 1997 et sans aucune raison urgente, la dissolution de Chirac, décidée non seulement sur un coin, mais sur un pied de table par Dominique de Villepin, a donné lieu à la victoire de la gauche et de Lionel Jospin qui a inauguré une bonne période climatique pour la France, mais une période de précarité sociale et de fragilité économique.

Emmanuel Macron paraît dissoudre sans raison. Mais ce président est trop pervers pour ne pas savoir ce qu'il fait. Je ne peux pas croire qu'il soit perdu en prenant cette décision. Il sait trop où il va et il est trop machiavélique pour ne pas savoir ce qu'il fait.

Il dissout et n'aura aucune majorité en face de lui. Marine Le Pen est tellement conne qu'elle se voit déjà être en cohabitation avec lui et elle jubile.

Macron dissout, pour quoi faire? Il feint qu'il ne pourra pas se représenter en 2027. Zelensky aussi avait mis une limite à son mandat. Mahmoud Abbas aussi, il n'y a jamais mis un terme et le Hamas en a bien profité, le gouvernement d'Israël aussi. "Félicie aussi" et après? La constitution peut être rétroactive en régime macroniste qui ne respecte rien et joue avec tout.

Macron n'a jamais pensé à interroger le peuple sur ses choix profonds. Il ne peut donc dissoudre qu'en ayant une idée derrière la tête. Il dissout et il sait ce qu'il fait. Macron n'est pas spécialement intelligent, mais il n'est pas bête. Macron ne dissout pas pour se trouver des alliés parmi les populistes. Macron ne dissout pas pour devenir le président des Gilets jaunes. Macron dissout, mais ce n'est pas Chirac. Macron dissout, car il est fou.,  

jeudi 6 juin 2024

Triste Débarquement

Le monde fait peine à voir et ce quatre vingtième anniversaire du Débarquement, où l'occident se réunissait pour le fêter, en est une illustration.

Depuis François Hollande, la Russie est aux abonnés absents des invitations au commémorations alliées. on n'a pas rougi de combattre le nazisme avec Staline, mais poutine est infréquentable. on préfère faire comme sil'Ukraine avait été notre alliée de toujours. L'Ukraine, à la marge des combattants de laquelle figurent des néo-nazis, ce qui n'excuse pas plus l'agression ruse que la riposte disproportionnée de l'armée israélienne ne justifie a posteriori les attaques du Hamas du 7 octobre dernier. Mais une armée qui décide de couper l'eau de toute une population, de la prévenir de ses massacres sans lui laisser le temps de décamper, de tirer sur des hôpitaux ou sur des bâtiments des Nations unies a moins d'excuses qu'un mouvement terroriste.

Netanyahou ne vaut pas mieux que poutine et Mohamed ben Salman vaut moins que lui, mais pour ne plus avoir à acheter de gaz russe, Emmanuel Macron l'a invité à l'Élysée. Paris ne vaut plus une messe, mais la guerre en Ukraine vaut bien une invitation deMohamed ben Salman.

Ce ne sera jamais le moment de reconnaître un Etat palestinien, "on ne reconnaît pas un Etat sur la base d'une indignation, mais au bout d’un processus. Netanyahou reste un interlocuteur pleinement légitime" (dixit notre président), il ne mérite pas une sanction et le refus des compromissions avec poutine vaut bien l’invitation d’un prince arabe tortionnaire pour trouver un autre partenaire commercial.

Il aura fallu 70 ans pour détruire le communisme, sauf pour un quart de l'humanité. Il aura fallu 80 ans pour détruirel’acquis de la guerre : la volonté farouche de ne jamais remettre ça. "Car aujourd'hui la Russie a un peu trahi le message du Débarquement et de la Libération." (Emanuel Macron)

Ce serait une capitulation de négocier quand une guerre est déjà presque perdue. "La Russie continue d'avancer, la Russie continue d'envahir.  La France veut la paix », comment y travaille-t-elle? Pourquoi former des soldats en Ukraine serait-il un facteur d'escalade? Qu'est-ce qui distingue un civil français mort en Ukraine parce qu'il habite en Ukraine et un formateur français de soldats ukrainiens?", demande notre président en oubliant la différence entre civils et militaires.  "Parce que la mort d'un civil n'est pas la même chose que la mort d'un soldat", lui répond Gilles Bouleau avec bon sens.

Le président Macron est rhétoriquement le plus belligène des dirigeants occidentaux. Selon lui, la Russie serait seule à pratiquer la guerre de l'information.

L'extrême droite monte en Europe avec la montée des périls. Sans elle, nous n'aurions pas eu les vaccins européens.

Les centristes étaient censés être des remparts contre les fascismes et leurs guerres. Il ne faudrait pas faire "n'importe quoi" de l'Europe, sauf si on est centriste. 

lundi 3 juin 2024

Les "frexiteurs cachés" ou le Frexit caché?

L'Europe des lobbys a son lobby frexiteur qui dénonce la logique lobbyiste de l'Union européenne et voudrait imposer par son lobbying la sortie de cet araseur de peuples.
Le "Frexit" est le sujet caché des élections européennes.
Même s'il y a 50 % de chances que mon indécision se porte sur l'une des listes qui porte ce sujet caché, je suis mal à l'aise avec ce sujet caché, car il y a pire que les "passions tristes" ou les "passions ressentimenteuses": ce sont les passions négatives, même si les unes et les autres disent le vrai contre les apparences du bonheur et de l'espérance.
Mais venons-en au fait.
Dans sa conférence de presse du 22 janvier 2024, Emmanuel Macron accusait le Rassemblement national -et en creux la France insoumise, donc l'union (cachée) des "populismes- (le "pouvoir du peuple" qu'est la démocratie a accepté ce mot affreux!)d'être des "frexiteurs cachés".
"Frexiteurs, mais qui a la gueule d'un frexiteur" et qui donc parle de Frexit? Certes, en 2017, aussi bien le RN que LFI avaient dit que, s'ils ne parvenaient pas à négocier leurs conditions avec l'Union européenne, non seulement ils pratiqueraient la politique de la chaise vide, mais ils fileraient à l'anglaise...
Ils faisaient des menaces, rien que des menaces.
Mélenchon soutenait Tsipras ("Il a la classe, notre Tsipras", intitulait-il un de ses billets de blog),
http://www.jean-luc-melenchon.fr/2015/07/07/il-a-la-classe-notre-tsipras-tra-la-la-la-lere/
Pendant ce temps-là, Marine Le Pen essayait de ne pas filer le trop parfait amour avec "les droites européennes" d'Orban, du PIS et des autres, cependant qu'habile, Manon Aubry faisait jouer en interne du Parlement européen le jeu social-démocrate classique des "partenaires sociaux" surexcités et présentait dans la dernière mandature 4000 amendements contre 76 pour Jordan Bardella, la tête de liste en tête de lice.
De son côté, Leila Chaibi, ex-animatrice de Jeudi noir, emportait sur Nicolas schmit, l'insignifiant commissaire à l'Emploi, à l'insertion et aux droits sociaux, une proposition de directive européenne qu'il se serait appropriée, offrant aux travailleurs des plateforme numérique une "présomption de salariat".
L'Europe et les compromissions. "L'Europe est une perpétuelle recherche de compromis", avouait Jacques Chirac, lassé, au soir de la négociation (sauf erreur) du traité de Nice. Les compromis n'ont jamais rendu heureux personne, mais LFI joue la logique du compromis et des compromissions, tandis que les extrêmes droites européennes cherchent à s'unir, non pour imposer une autre Europe des nations souveraines, mais pour créer une autre Europe des xénophobies.
Très peu de Frexit ou de Frexit caché dans tout cela, contrairement à ce qu'affirmait Emmanuel Macron dans sa conférence de presse du 22 janvier.
Mais alors? Est-ce que le Frexit serait le sujet caché des élections européennes?
Et dans la mesure où aucun parti ayant pignon sur rue n'ose plus le revendiquer parce que l'électorat est lâche et qu'on ne doit jamais parler des vrais sujets, Emmanuel Macron s'engouffre dans la brèche et parle des "frexiteurs cachés" en n'évoquant jamais le Frexit transparent et ceux qui le défendent à visage découvert, comme si le président voulait cacher le vrai sujet de ces élections européennes.
Les médias vont jusqu'à dire comme un seul homme: "Plus aucune liste n'ose porter le Frexit sur la "place publique" (sans référence aucune à Raphaël Glucksmann, qui veut que l'Europe de la paix intensifie la guerre en Ukraine.)
Or il y a au moins deux listes qui font leur cheval de bataille du retrait des organes impérialistes, inflationnistes et bellicistes que sont techniquement l'OTan, l'euro et l'Union européenne: la liste de Florian Philippot (liste n° 25) et celle de François Asselineau (liste n° 15). Mais elles n'ont pas le droit de cité en dehors de celui de se présenter en étant invisib[ilisées]. La République les reconnaît, mais ce sont des fake lists, qui doivent ne propager que des fake news...
La République donne le droit de cité à tous les citoyens et le président de la République désigne un sujet, unique objet de toutes les hostilités, et cet ennemi représenté ne doit pas être cité: "Aucun parti n'ose plus revendiquer le Frexit, tant leBrexit qui devait détruire le Royaume-Uni et transférer la City à Paris, qu'on s'en souvienne!, Macron voulait l'accueillir à bras ouvert, le Brexit aurait déçu tous les citoyens britanniques.
Le Frexit est le sujet caché sous les "frexiteurs cachés" des élections européennes, car Macron a tellement peur du Frexit qu'il aurait dit en 2018 à la BBC que, si on proposait le Frexit en référendum au peuple français, le "oui" l'emporterait. On notera que le peuple n'a plus été convoqué depuis dix-neuf ans à se prononcer sur aucun sujet qui ne soit pas de démocratie indirecte et donc de pouvoir personnel. Mais comme la nature a horreur du vide et qu'il a agité le RIC on l'a occupé avec les "Grands débats" de la démocratie participative.

Il n'y a que des "frexiteurs cachés" qui ne revendiquent pas ouvertement le Frexit, ceux qui le prônent à visage découvert sont regroupés de manière invisible pour les yeux dans des "fakelists" qui ne propagent que des "fakenews". 

mercredi 29 mai 2024

Le recouvrement de la foi

J'ai attendu deux jour pour publier ce post. Avant-hier 27 mai, j'ai fêté les quarante ans de mon recouvrement de la foi. M'at-il converti? La preuve que non: samedi dernière, j'inventai ou je découvrai cette blagounette ou devinette:

"Quelle est la différence entre la religion et la rumeur?"

"La rumeur croit en l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme."

"La religion (chrétienn en l'occurrence) croit en l'homme qui a vu l'homme qui a vu Jésus qui a vu Dieu."

Le  recouvrement de la foi m'a-t-il converti? Il a dû transformer mon regard sur le but et le sens de la vie, mais pas mon caractère. Est-il indispensable de se convertir quand on découvre recouvre la foi? Un prêtre de ma ville (le P. Miguel, dont je comprends ainsi le message, mais peut-être est-ce que je le comprends mal en ne voyant pas où il veut en venir) laisse entendre que la conversion est absolument nécessaire, mais que c'est impossible.

C'est impossible: saint Paul est passé de zélote et de persécuteur des chrétiens à zélote du Christ et non persécuteur, mais terreur de ses communautés.

Hier, j'ai lu un article visant à démontrer que tout les néophytes ont tendance à commencer par être dogmatiques.  

https://croireenliberte.wordpress.com/.../pourquoi.../

Je n'ai pas échappé à la règle. Le jour même où je fus transporté par l'Esprit-Saint -et rencontrai l'Esprit-Saint plus que je ne rencontrai Jésus-, mon premier réflexe fut de passer l'après-midi à essayer de me déprendre de ma croyance toute neuve en la réincarnationdont je croyais avoir accumulé des preuves à travers des articles, une émission du "Parcours de l'étrange" et un film sur une régression dramatique dans une vie antérieure où une petite fille remourait brûlée vive de confondre sa vie actuelle et sa vie précédente où elle était morte de cette façon. Je voulais rentrer dans le dogme comme on entre dans le rang et m'y appliquai dard dard. Deux mois après cette expérience, j'écrivais un livre qui servit à une catéchèse, que j'ai enregistré et aussitôt perdu. J'en écrivis un deuxième sur l'itinéraire d'amour que devait représenter la découverte de Dieu dans la transformation du monde et de soi-même, mais je n'arrivais pas à le terminer, d'une part parce que ce livre sonnait faux et d'autre part parce que j'entrai bientôt dans l'adolescence, c'est-à-dire que je perdis ma première enfance spirituelle, entrai dans ce que j'appelle ma seconde enfance et eus mauvaise haleine de ne plus faire une confiance instantanée en l'Esprit-Saint pour préférer croire au diable et avoir peur de lui. On suit plus volontiers ce dont on a peur que ce qui nous transporte. Je partis donc à la dérive. Et voilà comment la vie peut devenir une diablerie.

Si je ne peux ou n'ai pu me convertir, vaut-il la peine que je fête mon retour à la foi? Qu'en reste-t-il aujourd'hui? Elle a toujours été largement allégorique: je crois en un Jésus humainement paranoïaque (il s'est pris pour le Fils de Dieu et tout le monde l'a cru) et dont je ne sais pas, au plan divin, s'Il a existé le premier ou si c'est l'homme qui L'a créé tel un egregor (pourtant je ne suis nullement franc-maçon) pour qu'Il le sauve et Lui fasse du bien. Mais quand bien même cette dernière hypothèse serait la bonne, l'homme peut avoir découvert et développé par intuition le personnage du Christ et la question est insoluble de qui a existé le premier entre la poule et l'oeuf. Je serais plutôt un chrétien feuerbachien, mais Feuerbach me semble le plus grand théologien négatif occidental.

Si je devais  redécrire par écrit mon itinéraire defoi, je ne serais plus un zélote ou un apologète en herbe, mais je relirais tout mon itinéraire et essaierais d'en tirer les enseignements pour mon prochain et pour moi-même. C'est un projet que je médite, outre que je m'y emploie déjà d'une certaine manière dans une écriture de la déconstruction.

Je regrette d'avoir été un athée libre et heureux et que mon retour à la foi ait assigné ma cécité dans son cloisonnement et dans son intériorité prisonnière, mais je ne crache pas sur la religion comme les évangéliques, car la liturgie et la vie sacramentelle m'ont relié à Dieu et ce qui m'émerveille davantage en ce moment, c'est que l'Église, qui est tellement vilipendée par ses ennemis extérieurs et par ceux qui, de l'intérieur, ne rêvent que de la détruire, tant elle les a abusés ou déçus, c'est que l'Église prie pour moi quand j'ai besoin d'être fort dans le combat et qu'elle croit pour moi lorsque ma foi vacille, de même que mon rôle d'organiste liturgique me fait participer dans ma modeste mesure à ce que fait Dieu en descendant dans les sacrements, et me fait accompagner la peine des familles en deuil lorsque je joue un enterrement. 

Quant au dogmatisme, j'ai été surpris de lire dans l'article mis en lien que le christianisme que Paul présentait comme affranchissement d'une loi s'était caractérisé par sa fixation en dogmes dès 40 ou 50 de son premier siècle, avec une ritualisation du baptême et de l'Eucharistie très précoce, si bien que l'affirmation de Michèle Reboul, que j'ai eu le bonheur de rencontrer, n'est pas si naïve, quand elle suppose que Jésus aurait appris à ses apôtres la manière de dire la messe en latin entre la Résurrection et l'Ascension, ce qui en ferait "la messe de toujours"...

C'est que le christianisme dès les temps apostoliques (et nombre d'épîtres apostoliques, y compris celle de saint Jean en témoignent) s'est d'emblée construit contre les faux prophètes et contre les hérésies (le magistral ouvrage de saint Irénée Adverses haereses est là pour en rendre compte.)

On dit parfois que le christianisme est une secte qui a réussi. Une "secte"réussit quand elle agglomère des croyants autour d'une construction dogmatique assez rapide. Cette célérité est déterminée par une raison interne dans le christianisme :il faut un mur porteur à cette Eglise, dont le Christ veut qu'elle ne comprenne pas une pierre où reposer sa tête, pour qu'on y vive à ciel ouvert. La doctrine est ce mur porteur ou cette colonne vertébrale.

Mais (le fait est documenté par la sociololgie des religions) le dogmatisme peut tout à fait laisser subsister une dissonance cognitive au périmètre impressionnant entre les "croyances construites" du groupe et les croyances complètement différentes développées à l'intime du "vraiself" du confessant, qui ne sait pas qu'enadoptant des croyances qui ne sont pas les siennes, il développe un "fauxself" qui lui permet de coïncider avec son "idéal du moi".

Alors et pour lors, je continuerai, non pas à être un croyant de façade, mais à servir cette identification secondaire que me donne le Christ et l'Eglise catholique, quand bien même ils m'empêchent tous les deux d'assumer que je ne suis pas un type bien. et que je ne suis pas assez fort, ni pour le reconnaître, ni pour le devenir.

Je continuerai de servir l'Église parce que ma grand-mère a fait en sorte que j'ai la liturgie dans la peau.

Une chanteuse solaire me disait un jour: "Quand tu m'accompagnes, je me sens toujours rassurée." Je lui ai répondu que tout le monde avait quelque chose dans la peau dont il ne pouvait comprendre comment il s'y était glissé. À part moi, je pensais que j'aurais préféré avoir cette chanteuse dans la peau, car elle était charmante, plutôt que la liturgie qui est souvent ennuyeuse. Mais on ne choisit pas ce qu'on a dans la peau.


mercredi 22 mai 2024

Un petit drame animalier

Chez ma mère avec Serge. Nathalie m’a conseillé de l’y amener. Il va y détendre l'atmosphère. Après une conversation assez légère et rigolote, survient un petit drame qui doit contenir le sens de cet après-midi assez sympa où la présence de Serge a évité que la conversation ne roule en banalités et tourne à l’humour.

Survient une corneille qui tombe quasiment dans le jardin. Elle a un pet au casque. Noémie se précipite en demandant à ma mère si elle ne veut pas qu’elle la cherche. « Elle m’aime bien, je l’ai déjà nourrie. C’est un bébé, il est tombé, sa mère l’a regardé tomber, s’en est désintéressée et est partie. » Serge : « Une corneille, quand vous lui faites du bien, elle s’en souvient pendant des années. » Ma mère à Noémie : « Tu n’as pas une cage ou une volière ? » Noémie : « Pourquoi voudrais-tu garder cette corneille coûte que coûte avec nous ? »

Noémie s’active avec une autre voisine pour appeler une téléconsultation vétérinaire à Strasbourg qui leur demande de prendre une photo de la corneille et commeelle n’a rien de visiblement cassé, on n’enverra pas d’ambulance de la SPA. Les hypothèses fusent : a-t-elle une aile cassée ? Est-elle aveugle ? Ne sait-elle pas s’y prendre ? Est-elle paralysée ? A-t-elle un problème neurologique ?»

Moi seul suis resté rivé à ma chaise sans vouloir toucher l’animal, mais tout en m’intéressant à la scène. Je me prépare à regagner mon domicile en taxi. J’ai un coup de barre. Mais j’entends et devine ce qui sera le dénouement de ce petit drame animalier.

Plusieurs corneilles se remettent à voler autour de la scène champêtre, là où une de leurs sœurs d’espèce est tombée parmi les hommes et concentre l’attention de ces gens dans leurs jardins, où ma mère a proposé que l’on mette cet oiseau en cage et où Noémie lui a répondu : « Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux. »

La mère de la corneille ne s’y est peut-être pas intéressée, mais elle a dû ameuter cette petite nuée de congénères voltigeurs pour qu’ils aident son enfant à reprendre son envol. Ou bien la famille élargie des corbeaux et des corneilles s’est-elle autosaisie du sauvetage de la corneille endolorie.

J’ai appris un fait sémantique dans ce morceau d’éthologie : je croyais que corbeau et corneille étaient deux oiseaux très différents.Pas du tout, la corneille est la femelle du corbeau.

Soudain, me racontera Serge le lendemain, lui qui est resté chez ma mère après que je suis monté dans mon taxi, quand la conversation ayant fini de rouler, leur attention a de nouveau été attirée par la corneille mystérieuse et qu’ils ont fixé l’arbre où elle se reposait de ses quasi-chutes ou de ne pas savoir s’y prendre et où elle faisait la sieste d’avoir été trop bien nourrie par Noémie, la branche était abandonnée, la corneille avait suivi la petite bande de ceux qui étaient venus la délivrer des humains et volait de ses propres ailes avec les autres.