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dimanche 29 mars 2020

"Tout va changer demain?" ou le marxisme camusien de l'après-crise.

Empêcher que le monde se défasse? Manque d'ambition par peur des allumettes ou refuge des sceptiques. Refaire ou "transformer le monde"? Oui bien sûr. Et la pointe du couteau marxiste est depuis quelque temps de retour. On a passé par pertes et profits le communisme et sa pratique sans autre forme de procès pour revenir, par temps de crise, à l'analyse marxiste et à ses remèdes. Après le traité d'Amsterdam, Mélenchon a ressorti les habits neufs de son trotskisme pour fonder le parti de gauche et défendre Mao contre le Dalaïlama. À la dernière sortie de crise, on nous avait déjà fait le coup. "Plus rien ne sera comme avant", avait-on péroré pour la plus grande joie des naïfs. "Lecapitalisme, c'est la privatisation des profits et la nationalisation des pertes", avait-on découvert. "Après avoir sauvé les banques pour protéger votre épargne, nous allons transformer le capitalisme", promettait Nicolas Sarkozy. "On n'avait plus d'argent" pour en injecter dans l'hôpital", avait rétorqué sèchement Emmanuel Macron à une infirmière avant d'aller écouter une pièce de théâtre à la Légion d'honneur (récemment, il est allé au "Café joyeux" deux jours avant de nous confiner joyeusement). Macron avait mal parlé à une infirmière, mais c'était au temps où on n'applaudissait pas encore les soignants. Les caisses étaient vides. La planche à billets promue par Marine Le Pen pour sortir de l'euro, dont Bruno Le Maire prédit aprèsCharles Gave qu'il pourrait mourir de mor naturelle, la planche à billets était dangereuse, car elle fabriquait de l'inflation. Le G20 a depuis décidé de créer des milliers de milliards de dollars. La BCE et le Conseil européen avaient anticipé la décision mondiale. Macrontrouve sous le sabot d'un cheval 300 milliards pour sauver les entreprises qu'il aura mises en faillite à cause du confinement sorti de son chapeau à la va-vite et trop tard. C'est 3 fois moins que les 822 milliards que trouve l'Allemagne qui teste et ne confine pas, et dont l'économie est florissante. Sur ces 300 milliards, 2 seulement sont promis à l'hôpital. On découvre de quoi primer les soignants applaudis comme on donne un os à ronger à un chien bien servile. On traite les soignants comme des chiens, en imaginant que leur dévouement est guidé par l'appât du gain. Macron croit que tout le monde lui ressemble. Il trouve de quoi primer les soignants avec la même vigueur un peu molle qui avait fait qu'on disait pendant des années qu'il était impossible de donner un coup de pouce au SMIC. Marxisme camusien pour temps de crise. La sortie de crise par la preuve, on voi d'ici comment rien ne sera plus jamais comme avant, grâce à l'esbrouffe dont notre grand sachem est le roi.

Mais notre grand sachem n'aime pas beaucoup les grands sachants. Il est vrai qu'on ne peut pas fréquenter en même temps Gilbert Sette et Didier Raoult. On assassine au nom du principe de précaution. Au fait, qu'est devenue la liberté de prescriptionmédicale qui était donnée comme un principe aussi intangible que la liberté pédagogique? S'arrêterait-elle au coronavirus, au Plaquenil et à la Chloroquine? "On ne peut pas vous testter, mais on vou ssoigne et on vous confine. Prenez soin de vous, restez chez vous."

On ne veut, on ne peut pas croire qu'après l'avoir énucléé, interpellé, mutilé et parfois tué de quelques balles perdues, Macron qui parle si doucereusement se comporte en assassin de son peuple et en collaborateur du coronavirus -et plus activement que Laurent Fabius dans l'affaire du sang contaminé, qui ne pouvait pas être au courant des agissements de Michel Garetta-. "Un assassin si beau", chantait-on dans la chanson militante "L'assassin assassiné". Un assassin si bienveillant. L'important est qu'on assassine avec bienveillance et qu'on gouverne en y mettant le ton, sérieux et empathique, dirait-on aujourd'hui, empathique et emphatique s'agissant de Macron. Gouverner en y mettant le ton de façon à faire oublier qu'on assassine avec "bienveillance". "Mais parlons d'autre chose", chantait Brel dans "Chez ces gens-là". On n'aura pas de mal. "Les Français ont" toujours eu "la mémoire courte", mais le gouvernement est devenu séquentiel, communiquants et médiologues ont théorisé la chose.

La séquence est une forme de saturation informative. Pendant des semaines, on ne vous parle que des frasques pédophiles ou sexuelles de Matzneff ou de Strauss-kahn, de la réforme des retraites et puis du Coronavirus. Autrefois il arrivait qu'une guerre contre des ennemis bombardiers fût plus longue que prévue. Aujourd'hui, les gens ne le supporteraient pas. La guerre microbienne durera six semaines, éventuellement renouvelables une fois. Les gens seront saturés d'être confinés. Et tout reprendra comme avant, au nom de la bourgeoisie camusienne qui hait les coups de menton marxistes, encore qu'ils déteignent moins dans le paysage que les poussées populistes ou que les replis nationalistes.

Mais soyons attentifs. "Le Figaro" nous diffuse l'air de "Tout va changer demain" interpréter par François Bayrou qui a un chat dans la gorge. Ce ténor a des accents de guépard.

Covid-19. À l'épreuve, la France joue et perd

Du Croissant de lune :

« Assalamou 'alaïkoum. Plaise à Allah guérir les malades et qu'ils retournent indemnes à leurs foyers parmi leurs proches.

Plaise à Allah faire prévaloir ceux qui s'efforcent dans les bonnes oeuvres en dépit de l'obstruction.

Certains disent et ça a du sens, que l'épidémie Covid 19 est une épreuve envoyée en avertissement à l'humanité, au moyen de l'infiniment petit qui met le monde engrand bouleversement. Ce n'est pas un tremblement de terre majeur, une violente tempête, non, c'est un infime virus de contamination longtemps discrète, de faible léthalité, cet insaisissable agent, la plus petite chose vivante pour laquelle on met des peuples entiers en confinement, pour laquelle on vient de fabriquer 5 mille miliards de dolards comme en a disposé le G20 réunie en visio-conférence par l'Arabie admissible à ce groupe je ne sais en quel honneur.

Mais il y a un autre révélateur, une autre épreuve, le traitement de la maladie existe, mais son coût est trop bas, domaine public, sans bénéfice important à attendre, ni prix nobel, les substances étant tombées dans le domaine public.

Le premier signe et avertissement dévoile la fragilité, la faiblesse des édifices humains puisqu'on fabrique de la fausse monnaie, l'épreuve ne se conclue donc pas à notre faveur.

Le second signe et avertissement dévoile l'humaine laideur, corruption et impudeur. Ce n'est pas comme si une épidémie était envoyée sans son remède, non, elle vient avec son remède mais nous arrivons à dédaigner le remède peu coûteux, nous préférons l'épidémie et la misère, ou nous déléguons à ceux qui nous gouvernent d'en agir ainsi par servitude volontaire.

La colère m'envahit parce que je ne crois plus du tout à la bienveillance du gouvernement ni du président qui n'est pas sincère dans sa lutte contre l'épidémie. Pas sincère parce qu'en dépit de tout, je le crédite de comprendre les choses, mais ou bien il est de mèche avec d'ignobles turpitudes, ou bien il n'a pas le courage de s'opposer à de puissants lobbis.

J'ai entendu parler aujourd'hui d'un bilan comparatif, les services du professeur Didier Raoult nullement intimidés ont fait leur devoir et soigné selon leurs protocoles 1300 patients dont 5 sont morts, 0,4%, de loin inférieur au bilan général Français qui s'élève à une léthalité hospitalière de 5%. Mais je n'ai pas trouvé un article à l'appui de ce bilan, je n'ai trouvé que des évocations. Je suppose qu'il y aura publication officielle prochainement, ou si c'est déjà publié je ne sais où chercher.

Je vais donc déposer un premier article d'AgoraVox aux commentaires trop nombreux mais assez riche et sourcé, on peut s'abstenir de lire les commentaires ou les garder pour un autre jour, certains contiennent de l'information et des citations d'articles complémentaires et des liens y renvoyant, d'autres commentaires sont dérisoires, des disputes et gamineries comme toujours. Et je déposerais en second article, un pris sur le site d'hier, qui a pour titre, "Covid, mensonge d'état". Parfois on n'ose pas croire à telle laideur et impudeur, on doute, on se dit que c'est trop gros, et pourtant, et pourtant… L'article conclue à la légitimité de la révolte et au moins à la légitimité de réclamer justice.

Voilà ce qu'on a fait, on vient de disposer l'administration des traitements proposés par Didier Raoult oui, mais sur prescription hospitalière, aux patients admis dans les hôpitaux, qui seront la plupart du temps trop aggravés pour que le traitement fasse effet. Ce que faisant, les hypocrites vils entendent suggérer l'inefficacité de ce traitement, qu'on doit administrer avant, bien avant.

Puis est survenu une nuance qu'on a trop tôt interprétée comme une reculade salvatrice, l'extension de la prescription en médecine de ville après une prescription hospitalière initiale, de la finasserie criminelle. Oui parce que dans les régions où les hôpitaux sont les plus encombrés, on n'arrive à l'hôpital plus guère qu'au moment où le traitement est inefficace, il faut le prescrire avant, c'est évident, non, on s'arrange pour que ça ne marche pas. Toujours cette tiédeur/hypocrisie à la Française, le diable dans les détails, et en même temps hélas un trait de caractère général honteux qui ferait haïr cette nation.

Si le gouvernant de France est à la fois corrompu et sans courage, c'est que la France l'a élu et l'a voulu, il est à son image, des petits arrangements de lâches. Pour sauver la vie des malades et rétablir l'équilibre du pays et sortir d'un insupportable confinement, pourquoi ne donne-t-il pas pour rien à ces vautours quelques miliards puisqu'on en fabrique, on en fabrique ? Ont-ils besoin de soigner? Non, ils n'en ont que faire, ils veulent des richesses, puisque l'argent coule à flot qu'on achète leur tranquillité faute de les chasser!

La France et je crois aucune grande nation n'est un pays de pragmatisme, le pragmatisme c'est la corruption, l'égoïsme, la lâcheté. La France fait de grandes choses animée d'idéaux inflexibles, l'égalité, condition première de la liberté organisée, ainsi fraternisent des gens libres et égaux. C'est la limpidité, la rationalité. Mais dès qu'on fait des concessions aux principes qui ne sont pas mais pas des valeurs, alors l'infection morale se met dans la société et le corps politique. C'est un pays d'intensité, pas un pays de tiédeur, l'équilibre, la symétrie, c'est pas la tiédeur vomie. Donc la France est extrémiste, par nature, ou relâchée et méprisable.

Premier article pris sur AgoraVox, "Hydroxy-chloroquine et si on faisait un peu de science?

https://mobile.agoravox.fr/actualites/sante/article/hydroxy-chloroquine-et-si-on-222675

Second article, Covid et mensonge d'état,

http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/26/covid-et-mensonge-d-etat-en-france-305316.html

Croissant de lune. »

vendredi 27 mars 2020

La crise du châtiment

La pensée du châtiment n’est plus du tout assumée en Occident. La communauté évangélique, qui prétend opérer des guérisons spirituelles, est le foyer de contamination de Mulhouse. Elle s’en émeut à peine, tout en se demandant pourquoi « Dieu permet des choses incompréhensibles » et pourquoi Il a d’abord créé le chaos avant de créer le cosmos, ne créant pas tout en ordre tout d’un coup.

Le coronavirus n’est pas le châtiment de la mégachurch de Mulhouse. J’ai failli me faire lyncher quand, zélote préado, je hasardai que le SIDA était peut-être un châtiment divin. Au lendemain de l’attentat contre le Bataclan, un prêtre eut la malheureuse audace de relever qu’il survint lors du concert d’un groupe sataniste et au moment où éclatait un tube à la gloire de Satan.

Le châtiment est l’archaïque de la pensée religieuse, ce qu’elle est au niveau de la taupe. L’homme est mi-ange, mi-taupe. Je prétends que la religion meurt si elle n’assume pas la taupe en nous et ne fait pas la part de l’archaïque. On prend avec colère ce qu’on comprend de ma part comme une défense de l’archaïque, de l’obscurantisme religieux et de la régression psychique, comme si l’archaïque dans le sentiment religieux n’était pas un invariant anthropologique, et comme si faire la part de la taupe, ou faire la part de l’archaïque dans la pensée religieuse, c’était avoir une pensée religieuse archaïque.

On n’assume plus le châtiment, bonne nouvelle pour l’Occident, il a bon moral, il est évolué. Mais le bon moral n’est pas toujours un bon aiguillon pour le perfectionnement moral. Le bon moral qui évacue le châtiment même à titre de question a perdu le sens du péché et de la gravité.

L’homme est ainsi fait qu’il ne sait marcher qu’à la carotte et au bâton, à la menace et à la récompense. C’est sa part animale. Qui trop veut faire l’esprit large risque de s’évaporer. S’il n’y a pas d’enjeu, je ne joue plus. Si tout va bien, rien ne va plus.

Il ne fait pas bon être défaitiste depuis que le défaitisme de la révolution nationale a été le ressort du maréchal Pétain, qui lui a fait signé l’armistice, qu’il a négocié dans « une certaine idée » de l’honneur ou du déshonneur. Sartre a fait jouer « LES MOUCHES » en pleine occupation pour faire la satire du défaitisme et du repentir. Mais l’annonce du repentir est la mauvaise nouvelle par laquelle commence la bonne Nouvelle de l’Évangile. Et le prophète Jérémie est dans la Bible le penseur du défaitisme, considérant que l’invasion et la captivité à Babylone étaient des purifications bienvenues.

Jérémie est le penseur du défaitisme et de l’occupation. Victor Hugo estimait quant à lui que le second Empire était le châtiment de la geste napoléonienne, ce qui nous valut un des plus grands recueils de poésie satirique et polémique de la littérature française.

Quand on se croyait victime d’un châtiment expiatoire et mérité, naissait le repentir d’où l’on pouvait remonter la pente. Mais on croit aujourd’hui qu’on n’a jamais mérité ce qui nous arrive. Aussi, la vie ne peut-elle rien nous apprendre, comme le chantait Daniel Balavoine. Inutile de se couvrir de cendres, pas la peine de déchirer son cœur. L’Occident croit en son impunité, iln’est responsable de rien. Ce déni de responsabilité vient de cette ultime idée chrétienne devenue folle qu’est la rédemption conçue comme transfert de responsabilité.

(Posté juste avant le don de l'indulgence plénière par le pape franois qu'on peut suivre et retrouver sur KTO)

jeudi 26 mars 2020

Emmanuel Macron, collaborateur du coronavirus?

Réponse à Serge Hirel qui, le 26 mars 2020, écrit sur le blog de Philippe Bilger: "A l’époque (de la grippe espagnole), sans masque, aucune mesure de confinement n’avait été prise... les autorités ayant préféré sauver l’économie plutôt que la vie." Vous énoncez là l'idée qu'a avancée Laurent Alexandre, le défenseur en France de l'intelligence artificielle, qui voit un progrès de la civilisation dans ce choix de la vie au risque de laisser survenir une crise économique qui ne fait plus de doute après cette psychose virale et mondiale. Je me méfie toujours quand un homme qui ne jure que par la technique me montre un progrès de l'humanité. Mon esprit simple a tendance à croire à une opposition un peu systématique entre l'homme et la machine. Il y a deux choses à objecter à Laurent Alexandre et vous avez élevé la première objection. Sauf s'il continue de mourir chaque jour 30 % de plus de personnes du coronavirus en France que la veille et que la mortalité due à cette maladie ne suive pas une courbe avec sa montée, son pique et sa descente, les maladies qui affectent l'humanité depuis la nuit des temps, sans compter les fléaux dus au mauvais usage que les hommes font des biens et de la vie, font plus de morts que ce virus contre lequel nous serions en guerre totale. Or on ne meurt pas que du coronavirus et je frémis de connaître, après la crise, le ratio des mors du coronavirus qu'on aura évités par rapport aux morts qu'on aura provoquées par absence de soins et tri des malades, toutes pratiques qui se faisaient sous le manteau, mais qu'on n'a plus peur d'exposer ni honte d'avouer, à l'heure de la réquisition des hôpitaux et des services de réanimation pour soigner les malades de cette unique pandémie. Mais qu'on préfère faire moins de morts d'une maladie contagieuse que de sauver l'économie n'est qu'un progrès apparent de la civilisation. Jusqu'à l'apparition du coronavirus, on ne disait pas que la grippe espagnole avait provoqué plus de morts que la guerre de 14, parce qu'on distinguait ce qui relevait de la malveillance de l'être humain, les crimes de guerre, de ce qui était imputable à la nature à quoi l'homme ne peut pas grand-chose : les morts des maladies, des virus et des pandémies. Il n'y a donc pas un progrès de l'humanisme, mais de l'individualisme à sauver des vies en isolant la cause de leur mort plutôt que l'économie qui suppose une activité des vivants au service des vivants. Ce que montre ce changement de paradigme salué par un croyant de l'intelligence artificielle comme Laurent Alexandre, c'est que nous avons peur de la mort et que nous n'osons plus la regarder en face. À cela s'ajoute ce que dit Lodi: la personne du président de la République est un obstacle à son message. Jean-Gilles Malliarakis a posé le problème de manière amusante dans sa dernière chronique de "L'Insolent": pourquoi la cote de popularité de Macron remonte-t-elle en même temps que celle de Didier Raoult et que, même s'ils se parlent, les deux apparaissent aux antipodes ? J.G. Malliarakis citait le chanoine Kir qui prétendait après-guerre que Dijon était la troisième ville de France, car si l'on comptait ceux qui étaient venus saluer le maréchal Pétain et ceux qui étaient venus rendre les honneurs au général De Gaulle, on arrivait au niveau de population se déplaçant de la troisième ville de France, le facétieux chanoine feignant naturellement de croire que les deux foules n'étaient pas composées des mêmes Bourguignons. Je prie que l'on m'excuse si ma comparaison choque. Mais Emmanuel Macron est en passe d'apparaître aux Français comme le collaborateur du coronavirus tandis que Didier Raoult s'affiche comme celui qui lui résiste et qu'on empêche de le soigner. Emmanuel Macron a fait ressurgir la rhétorique guerrière, mais il croit utile de se référer de préférence à la guerre de 14 ("c'est Clemenceau dans les tranchées", "l'État paiera" ou la comparaison implicite avec la grippe espagnole) pour faire reculer les années 30. La manœuvre pourrait en outre réussir à le maintenir au pouvoir, car à qui confier la remise en ordre de l'économie, sinon à celui qui l'a mise à terre? Macron prétendra se maintenir contre l'aventurisme après avoir jeté le pays dans une crise aventureuse. En attendant, il exige qu'on ne lui demande de comptes qu'après que la crise sera soldée. C'est ici que la comparaison avec la seconde Guerre mondiale reprend du service et de la pertinence. Car à l'époque des nazis, on prétendait ne pas savoir où étaient déportés les juifs et ce qui se passait dans les camps. Ne pas convoquer le mal absolu. Certes, d'autant que ce que nous vivons me paraît davantage relever des théories d'Emmanuel Goldstein dans "1984" que des remugles de la guerre. Mais comment comprendre le refus de soigner les malades pour limiter les dégâts du virus avec un médicament antipaludéen qui a fait ses preuves d'efficacité, de faibles effets secondaires, de risques cardiaques limités, et qui était en vente libre jusqu'il y a un an ou deux? Pourquoi ne pas se diriger vers le fait de tester et de masquer tout le monde et de ne confiner que les malades, selon ce que préconise l'OMS? Le gouvernement fait comme s'il n'y pensait même pas. Comment expliquer ce confinement foutraque où l'on interdit aux gens de se balader dans les parcs et en forêt pour confiner le virus à l'intérieur de la ville, mais où l'on recrute en masse des ouvriers agricoles, sans compter ceux qui devraient sans formation aller aider dans les hôpitaux engorgés? Qu'est-ce que ce confinement où ni les caissières ni les policiers ne portent de masque et où l'on peut continuer de voyager dans les transports en commun où l'on se tasse ou en avion? Si le maréchal Pétain avait promulgué la constitution pour laquelle le parlement lui avait donné les pleins pouvoirs en même temps qu'il avait mission d'entamer les pour-parlers avec les Allemands, constitution qui n'était pas qu'une diversion politique, sans doute n'aurait-il pas pu collaborer comme il l'a fait. Macron prétend gouverner seul en s'appuyant sur un parlement croupion et sur une majorité dont on a vu la servilité. Une amie me disait cet après-midi que le coronavirus était en train de saper les trois piliers sur lesquels était fondé notre modèle social: notre confiance en la technique, une économie libérale et les libertés individuelles. Le coronavirus joue ici comme un accélérateur de l'autodestruction des sociétés occidentales, fatiguées d'être libres, saturées d'être riches. dommage, j'aimais bien le monde dans lequel je suis né et ce n'est pas parce que je n'ai pas d'enfants que je n'aurais pas souhaité laissé un monde meilleur aux enfants des autres.

Maurice Bellet ou "la parole actuelle"

Je suis tombé presque par hasard sur « LE DIEU pervers » de Maurice Bellet. J’avais demandé que l’on m’envoie un ouvrage d’Olivier Legendre que je croyais s’intituler « Le Dieu pervers » et qui devait s’intituler en réalité «LES MASQUES DE DIEU ». DANS MON SOUVENIR, OLIVIER LEGENDRE répondait dans cet ouvrage à la question posée par une amie : « Pourquoi Dieu a-t-Il créé le fruit dont Il interdisait qu’on en mange et qui allait faire un tel ramdam dans le monde ? » On m’envoiya l’ouvrage de Maurice Bellet à la place sans m’expliquer qu’il y avait erreur et alors qu'il en était beaucoup question pour commenter les abus sexuels dans l’Église et la chute posthume de Jean Vanier.

Je prenais Maurice Bellet pour un auteur obscur et austère. Or son livre est cursif et limpide. C’est du Françoise Dolto à la puissance 10. Françoise Dolto écrit de la bouillie existentielle par rapport à Maurice Bellet, quine pratique pas l’escroquerie intellectuelle comme Tony Anatrella, commis à se servir de la psychanalyse comme d’une caution apologétique, pour recycler la morale de l’Église en ayant les déviances personnelles que l’n sait aujourd’hui et que quiconque l’avait rencontré n’avait pas de mal à deviner. À choisir, Maurice Bellet préférait s’inscrire dans le sillage de « la french theory » que de servir de récupérateur des sciences humaines pour les enchâsser et les baptiser en les forçant dans l’anthropologie de l’Église.

Son préfacier écrit de lui que c’est une espèce de Nietzsche dont le seul point faible, selon moi, est d’interpréter Jésus positivement parce qu’il a envie d’y croire, et de l’envisager comme un « thérapeute » dont tous les actes sont dévolus au soin, le métier que lui-même exerce.

Maurice Bellet n’hésite pas à faire une « psychanalyse de Jésus-Christ » ou plus exactement à énumérer les diverses interprétations psychanalytiques auxquelles a donné lieu la figure de Jésus-Christ. Il s’aventure presque jusqu’à psychanalyser les fonctions symboliques que la théologie assigne à Jésus comme Fils, au Père Qui est seul et n’appelle pas la compensation de la sexualité humaine, qui mêle amour et mort, et à l’Esprit.

La thèse de l’ouvrage est que l’homme doit moins se croire un être pour la mort que se réconcilier avec sa naissance. C’est la réponse que Jésus n’a pas donnée à Nicodème quand ce pharisien venu le voir de nuit lui a demandé comment on pouvait retourner dans le ventre de sa mère. « Le vent souffle où il veut » fait certes référence à l’Esprit, mais aussi à la course spermatique, et à la rencontre improbable entre un spermatozoïde et un ovule qui a donné naissance à un être unique, quel que soit le désir de ses parents que ce petit né d’eux ne s’élance dans une direction nécessairement décevante à leurs yeux, car il les continue sans tout à fait les imiter, les prolonge en vivant son histoire.

Pas de renaissance qui ne puise dans un amour de sa naissance, dans une réconciliation, dans une conversion du « malheur d’être né » en amour de la vie, qui ne prolonge la naissance et ne devance la résurrection en enjambant pour le présent l’enfantement de la mort, car la foi en la naissance l’emporte sur l’espérance en l’autre vie qui n’est pas autre, espérance qui sans amour de la naissance, est vaine.

Cette réconciliation dépend de l’ »inscription » d’une parole première qui agréée fondamentalement l’homme et qui l’assure que tout ce qu’il est mérite d’être, que tout ce qu’il dit mérite d’être dit. « L’abrupt », qui met l’homme face à ses insuffisances et à sa médiocrité, ne contrebalance pas cette bénédiction première, mais la met dans l’axe de transformation qui ouvre à l’homme un chemin d’homminisation. L’homminisation et l’humanisation passent par la conversion, pas moyen d’y échapper.

La bénédiction première et « l’abrupt » installent en l’homme une « coïncidence paradoxale » où il est béni, mais doit aller vers son cœur et le cœur de son désir. Née des divers détournements névrotiques qui se font jour dans les croyances d’un homme compte tenu de l’inscription traumatique des gestes terrifiants et des paroles malheureuses dans sa biographie, la suggestion perverse joue du paradoxe pour installer un « Dieu pervers » à la place du vrai Dieu qui nous veut aller vers soi, vrai Dieu dont il faut retrouver l’ »intervention » et la « parole actuelles », moins dans une Révélation dont l’inscription n’a pas été à l’abri de la suggestion perverse, mais dans ce qui fait « loi » au sein de la « coïncidence paradoxale », à l’intérieure de laquelle le « moi » qui est le mien va pouvoir prendre son envol selon son axe de développement.

Ce qui m’intéresse dans une réflexion embryonnaire que je mène ur le lien entre adoration du tout Autre et acceptation guérissante de soi-même au service de l’autre, c’est le statut de la Parole. Je m’étais toujours insurgé contre la tendance qui a eu cours, dans toutes les religions, à « éteindre la prophétie », à « éteindre l’Esrit » et donc à clore le livre sacré après avoir établi un canon des Écritures dont Maurice Bellet nous dirait que c’est une inscription graphique et qu’il faut retrouver l’inscription hors texte, la gravure dans notre cœur de ce qui fait loi pour nous, en symbiose ou en infraction partielle et adaptée avec les principes universels au service de l’accomplissement de toute personnalité. La loi est grammaire qui cherche son acceptabilité au-delà de ses régularités.

Maurice bellet paie de sa personne et se risque à cet hors-texte, allant jusqu’à retranscrire la Voie en une « parole actuelle » et non en un langage nouveau ; en un style à lui et non en une parole à lui ; non pour actualiser l’Évangile, mais pour le retranscrire dans les termes de la mentalité d’aujourd’hui où doit s’inscrire son intervention, mentalité qui tirer de l’ancien et du nouveau de cette retranscription de la Voie. Et la Voie tire aussi du nouveau de la mentalité où elle s’inscrit. La retranscription de Maurice bellet ne filtre pas « l’Évangile au risque de la psychanalyse », mais contient la psychanalyse et l’Évangile.

L’affranchissement de la loi est adaptation du principe à la personne pour qu’elle soit en vérité, comme « la morale » est « compréhension des actes humains », qui ne sont pas des « actes-choses »régis par des impératifs catégoriques, mais des modes d’être. Et si les Écritures sont closes, ne s’y ajoute pas seulement, dans le livre de vie, comme je le croyais, l’histoire sacrée qu’est chaque destinée individuelle, mais la parole intérieure, l’inscription de la Parole dans une intériorité, la Parole étant ce qui fait vivre, soustraction faite des suggestions perverses, ces mauvais fantômes et engrammages, ou ces programmations faites suivant un mauvais codage.

Si la loi, jusqu’à un certain point, est relative à chaque individu, si la loi est au service de l’homme et non pas l’homme au service de la loi, c’est que, de même que le fils de l’homme n’a pas une pierre où reposer sa tête, il y a une enfance de Dieu qui fait planer l’Esprit au-dessus d’un ciel sans loi pour que l’homme « sorte de ses enfances ». Je l’exprime sans doute d’une manière hermétique, mais qui restitue ce que j’ai vécu dans ma propre enfance, quand la Parole de Dieu planait au-dessus de moi pour que j’écrive en Le faisant parler, comme un amour précaire cherchant à convaincre qu’en sa réalisation était le bonheur de l’homme et le bonheur du monde, si la chair du monde retrouvait la création, son âme : la Création est l’âme du monde et le monde, le corps de la Création. Dieu me parlait comme celui qui ne cherche pas à imposer à son bien-aimé de retrouver son âme, mais qui tant qu’il ne l’a pas retrouvée, erre à ciel ouvert en cherchant où demeurer. Précarité de Dieu face à l’homme précaire, dans le sens où Malraux avait ravivé cette expression, pour qui « l’homme précaire » était l’homme de prière.

mardi 24 mars 2020

Le roi n'a plus besoin de moi

Le roi n'a pas besoin de moi. Il n'a pas toujours refusé mes services.

Un soir, je me trouvais dans un café-restaurant de la rue du cherche-midi. J'étais pénétré de mes lectures des "Mémoires de Saint-simon accompagnantavec Madame des Ursins l'arrivée de Philippe V en Espagne, pour se faire couronner. Saint-Simonvenait d'être nommé Grand d'Espagne et Philippe V était petit-fils du Roi Soleil. Je n'avais pas spécialement bu, quelques ballons de côte, bien au-dessous de ma moyenne. Et tout à coup, je ne sais pas quelle mouche m'a piqué. . Je vois dans quelque client du bar un manant qui veut attenter à la vie de"l'héritier présomptif de la couronne d'Espagne". N'écoutant que mon courage, je me saisis de ma canne blanche que je brandis comme une épée en direction de l'assaillant que j'essaie de viser au hasard. On me pourchasse, on me met dehors. Je ne vais pas laisser la vie du roi entre si mauvaises mains.

Cahin-caha, je me dirige vers le boulevard Saint-Germain en alpaguant les passants: "Où est le roi? Où est Madame de Maintenant ? Quelqu'un en veut à la vie de l'héritier présomptif de la couronne d'Espagne." Les troupes se dérobent. Les passants me ramènent à la vie des modernes. Je suis dépité. "En quelle année sommes-nous?" "En 1993."

On me conduit à une station de taxi. Je n'ai que deux cents mètres à faire: je suis aveugle et j'habite la rue du regard. Le lendemain, je suis pétrifié. Comment ai-je pu me dédoubler comme ça? Je dîne avec deux amis, dont une compositrice devenue anachorète pour souffrir ce qui manque à la passion du christ, sur "appel à l'amour" de Jésus-Christ à Josépha Ménindez, petite soeur lingère d'un couvent de Poitiers. "N'aurais-tu pas une amie qui pourrait me sortir de là?" "Je connais une psychologue, elle est membre de mon tiers-ordre, l'ordo virginum", l'ordre des vierges consacrées. "Elle s'appelle soeur armelle de Jésus." Des mois durant, j'irai la voir, dans son appartement de la rue Béliard à la porte duquel elle me fait attendre une bonne vingtaine de minutes à chaque fois, car elle est infirmière de nuit et n'est pas loin de se réveiller quand j'arrive.

Elle interprète mes rêves. Il arrive que je rêve du Sorbon, un bistrot de la rue des écoles, car j'étudie à la Sorbonne et je fréquente ce bistrot. Elle me dit que ça veut dire que mon inconscient me souffle: "Sors bon." D'accord. Quelques années plus tard,une amie éducatrice spécialisée me raconte que pour un de ses protégés qui donnait beaucoup de souci à l'équipe, car c'était un handicapé mental qui faisait beaucoup de chutes, la psychologue conseille lors d'une réunion de synthèse: "Mettez-lui un mouchoir dans la poche."

-Pourquoi un mouchoir?

-Parce qu'il choira mou, choir-mou."

Je rencontrerai encore un thérapeute transpersonnel qui m'expliquera que l'idéal dans la vie est de se dissoudre dans le divin. Ça me paraît beaucoup prêter au "sentiment océanique", mais pourquoi pas? Je lui donne mes rêves à interpréter. Un ami, Dieudonné, travaille beaucoup chez moi à l'époque. Il apparaît dans un de mes rêves. Mon thérapeute me dit que cela signifie que je veux me donner mon propre Dieu, que j'en ai assez du Dieu que l'on m'impose. .

Quant au taxi qui m'a ramené des Deux Magots-enfin, je crois- à mon foyer d'étudiant de la rue du regard, je le retrouverai à l'issue du dîner pris le lendemain avec mes deux amis. Nous nous rendons à Bobigny, chez l'un d'entre eux. Le taxi m'interpelle: "Alors François I-er, comment ça va aujourd'hui?" Mon ami ne goûte pas du tout la plaisanterie. Il s'en vexe pour moi. "Vous parlez ce soir à un autre personnage."

"Un sujet de sa majesté et un sujet de droit ne devraient pas raconter ça, car nul ne doit se prévaloir de ses turpitudes." Je n'ai pas toute honte bue, mais je n'en suis pas à si peu près.

Le roi n'a plus besoin de moi. Mais à quoi sert le roi, s'il gouverne et qu'il ne règne pas, si, tel Siméon de Bulgarie ou Juan carlos pourtant préceptoré par les zbirs de Franco, il ne peut prétendre que s'il sert la démocratie qui peu reconnaissante, l'enverra s'étioler dans le stupre ou dans la retraite quand il l'aura bien servi et qu'il aura contribué à son rétablissement?

PhelippeVI, comme on appelle à l'espagnole ce descendant de la maison de France, n'a pas pu beaucoup pour l'unité de son pays dans la crise de la Catalogne. Comme Emmanuel Macron, il demande à son peuple de se laver les mains après avoir renié son père. Mais son peuple ne lui en sait pas gré, pas plus que d'avoir épousé Claire Chazal, une roturière -Ah non, sa femme s'appelle Laetizia-.

Phelippe n'a pas pu ce qu'a pu son homonyme, le roi des Belges, en faveur de qui son père le digne roi Albert avait abdiqué. Albert passait pour beaucoup moins prestigieux que son frère le roi Baudoin, qui a surtout brillé par sa femme, la reine Fabiola, brillante conteuse et auteur de contes que me lisait dans mon enfance Catherine, une babysiter inoubliable, qui me gardait pendant que ma mère finissait son travail à "Arts déco", 22, rue du bain aux plantes à Strasbourg. Albert n'abdiqua pas pour la galerie comme son frère Baudoin qui ne voulait pas accoler son nom à une loi sur l'avortement qu'il refusa de signer, se démettant, puis étant réinstauré, à l'admiration des catholiques traditionalistes qui avaient vu là un geste de renonciation temporaire et d'abnégation formidable. Baudoin était un Tartufe. Albert avait eu des déboires conjugaux et, au mariage de Philippe et de Mathilde, eut un mot pour remercier la reine Paola de lui avoir pardonné.

Albert n'abdiqua pas pour la galerie. Il abdiqua pour que Philippe puisse continuer à veiller sur l'unité de la Belgique menacé de sécession. Le maintien de la nation obsédait le roi Albert. Le cardinal daneels avait prononcé lors du mariage de Philippe et de Mathilde une homélie qui se voulait édifiante et fondatrice de l'exemplarité de ce couple et qui le fut. Phelippe VI ne réussit pas à faire pour l'unité de la Catalogne ce que Philippe, le roi des Belges et le fils d'Albert dont t'as le bonjour, fit pour son pays. Quant à la France, elle n'a plus de roi. Les bourbons d'Espagne ont renoncé par le traité d'Utrecht à avoir la moindre prétention sur la couronne de France. Louis XX a épousé une noble latino-américaine et fait ses armes dans la banque en adressant des messages à ceux qui le soutiennent dans un Français approximatif.

La maison de France dans sa branche Orléans est l'héritière d'un conventionnel régicide dont le fils devint "le roi des bourgeois" au lendemain de la révolution de 1830. Le prince Jean, comte de Paris, fait tout ce qu'il peut pour redorer le blason de sa maison, mais son digne père Henri, comte de Paris, un franc-maçon mélancolique revenu de pas mal de choses et de la maçonnerie elle-même, qu'avait écrasé son père le célèbre comte de Paris, qu'on soupçonna d'être impliqué dans l'assassinat de l'amiral Darlan et d'être de mèche avec De Gaulle pour négocier les conditions d'une improbable restauration, a eu le malheur de mourir le jour où on décapitait le roi, comme si la Providence avait voulu rappeler par la date de sa mort l'inexpiable(?) forfait de son ancêtre Philippe égalité.

Le roi n'a plus besoin de moi et nous n'avons plus besoin de cet arbitre.

samedi 21 mars 2020

Analyse paranoïaque d'une psychose virale

Tout est devenu addiction et danger aujourd’hui. Le coronavirus est un danger qui s’inscrit dans le puritanisme et le désir de frugalité et de sobriété heureuse, qui réclame confinement contre l’hédonisme dont la liberté nous asphyxie au cas où il serait porteur de maladies vénériennes et contagieuses si l’on ne sort pas couvert, qu’a-t-on fait de notre sidaction ? Vaccinés, nous ne sommes plus immunisés contre les microbes. Aujourd’hui est pour nous le moment de souffrir d’un SIDA mental, ce syndrome déficient immunitaire actif. Passifs et neurasthéniques, nous sommes brisés dans notre volonté. Si on nous avait dit qu’un jour, nous nous laverions les mains et refuserions de nous serrer la main. Nous sommes antiracistes sans dédit, mais l’autre est, comprenez-vous, un agent contaminateur. Nous préférons avoir une immunité quand passera l’ange exterminateur qui emportera-déportera ces infesteurs et propagateurs de maladies pestilentielles.

Nous nous bouchons le nez sous notre masque. Jamais nous n’aurions cru redevenir des mademoiselle Lelongbec. Nous nous protégeons come des vieilles filles contre les assauts de l’autre, cet importun, dont nous continuons de répéter comme un mantra qu’il nous enrichit de ses différences.

L’Église est une des premières à valider qu’il est dangereux de nous tendre la main pour nous communiquer la paix du christ dans une société qui a depuis longtemps renoncer à l’accompagnement.

Nous ne cessions d’alerter contre la peur et voici que nous sommes pris de panique au premier danger. C’est que nous n’avons pas conu le danger. Si l’on essaie de retracer le phénomène au fil des générations, celle de 1920 a conu la guerre et a dû s’y affronter ; celle des babyboomers ont bénéficié des efforts de la Reconstruction et ont connu des années fastes où ils étaient assis à vingt ans et où il leur suffisait de monter un projet pour qu’il se réalise. Ils ont fait tous les excès de la liberté brimée de leur enfance et s’en sont dégoûtés et comme exaspérés. Le retour du refoulé fut le principe de précaution né de la peur de la liberté. Ma génération arrive là-dessus, fait le procès de ses parents et se déréalise, commençant à monter des start-up avec beaucoup de « start » et peu de « up », comme le déplore Yvon Gattaz. La génération suivante a peur pour la planète. Elle n’a pas connu la guerre et a la nostalgie de ce régulateur de l’histoire.

Elle n’est pas la seule. Quand je me demandai de quoi le coronavirus était le nom, je me rappelai ces cafés pris avec MonsieurL., mon ami et lecteur, un grand bourgeois du temps jadis, dont la philanthropie qui n’était pas de façade ne savait pas qu’elle était supportée par un brin de cynisme. « Figaro » en mains, il me répétait souvent : « Ce qu’il nous faut, c’est une bonne guerre. » Il avait l’habitude du gouvernement des hommes. Sa famille en gardait la mémoire. Il puisait dans cette mémoire familiale cette science à peine formulée que la guerre est un régulateur des sociétés humaines. Les hommes ne sont pas faits pour le temps linéaire, ils retombent dans le temps cyclique. Les masses se soulèvent et bientôt elles retombent, les révolutions n’ont pas d’avenir.

Macron n’a pas oublié le rôle de la guerre, cet invariant de l’histoire. Il appartient lui aussi à cette classe d’héritiers nullement parvenus dont l’aptitude et l’habitude de gouverner ont cessé de se reposer sur des valeurs d’intérêt général et généreux pour se muer en pur cynisme, car ce sont des bourgeois décadents que lanaissance a cessé d’obliger. « Ce qu’il leur faut, c’est une bonne guerre », le scénario ne date pas dede Macron et du « Cercle des poètes disparus » de la Providence.

Le 11 septembre a poussé le leader du gouvernement mondial à déclarer depuis ses États-Unis qu’on déclarait la guerre au terrorisme, ennemi indéterminé aux contours indéfinis. Aujourd’hui, les malfaiteurs d’attentats n’ont plus besoin de se bouger. On avait toujours averti contre la guerre bactériologique. Voici qu’un virus survient à point nommé pour passer à ce stade.

La psychose est internationale et tous les dirigeants du monde qui sentent qu’ils pourraient profiter d’une diversion s’y engouffrent. La chine doit faire oublier les entorses à la démocratie populaire qu’elle inflige à la très capitaliste Hong Kong surveillée de près par les Anglais. Elle est engagée dans un bras de fer commercial avec les Américains qu’elle préfère faire oublier au reste du monde. Donald Trump ne rêve que de fermer les frontièrres et profite de l’occasion pour le faire. Macron est enlisé dans sa réforme des retraites et a failli sauter pendant la crise des Gilets jaunes. Il a lu « Ceux de 14 », décide que le Coronavirus sera la grippe espagnole et déclare une guerre sanitaire sans merci. « Nous sommes en guerre », répète-t-il, assuré comme François Hollande. « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts », assène-t-il comme Paul Reynaud, qui n’était pas un père la victoire.

Je converse samedi dernier avec mon frère au téléphone. Lui et moi convenons qu’il y a un traitement inconsidéré du coronavirus. Nos gouvernants nous mettent en garde contre les psychoses et ils entrretiennent celle-ci, qui prend du champ à l’internationale, pourqoi donc ?

Il ne ferait pas bon être complotistes. L’intelligence est lart des recoupements comme la culture est celui des rapprochements. Le complotisme est un raisonnement qui soupçonne une action concertée de conjurés en vue de nuire. Systématique, le complotisme est paranoïaque ; mais reconnaissant le complot où il a lieu et s’il a lieu, la capacité d’analyse qu’il déploie est une preuve d’intelligence. Il est interdit d’être intelligent. Il ne saurait y avoir de concertation quand tout fait système, pour que soit indiscernable la chaîne des causalités.

Le coronavirus n’est pas le fruit d’un complot, mais la prophylaxie de sa propagation présente tous les signes de la psychose. Mon frère émet l’hypothèse que de s’être emparé de cette épidémie de grippe certes meurtrière, mais d’une mortalité pas autrement spectaculaire sauf en Italie, obéit à une volonté de susciter un chaos pour mettre l’économie à plat, afin qu’elle reparte sur de nouvelles bases. Un peu comme un jubilé où l’on remettrait les compteurs à zéro, mais où ce serait le gouvernement qui déciderait à la fois du moment où surviendrait ce jubilé sans appui calendaire rituel, et du chiffre auquel on remettrait le compteur pourchacun. Comme un jubilétempéré par l’arbitraire. Je lui réponds qu’il ne croit pas si bien dire, puisqu’il y a un philosophe qui prône la destruction créatrice, que celui-ci s’appelle Schumpeter et est cité avec admiration par Emmanuel Macron.

Les gouvernements de l’Union européenne ne sont d’accord que sur un point : arrêter leur économie. Macron trouve sous le sabot d’un cheval 300 milliards pour sauver les entreprises de la faillite où les fait courir l’inaction à laquelle il les condamne. Sa ministre de la santé Agnès Buzyn, qui a abandonné son poste en pleine crise du coronavirus avant de se poser rétrospectivement en lanceuse d’alerte,n’a pu trouver que quelques centaines de millions d’euros à débloquer pour abonder les urgences en grève et en détresse, et le « président des riches », qui n’a plus de mots assez aimables pour les soignants, a toujours soutenu qu’augmenter massivement le SMIC ferait courir des risques à notre économie. Aujourd’hui, il se rend à l’évidence que la santé n’a pas de prix et répète « quoi qu’il en coûte » pour tordre le cou à ceux qui répondent qu’ele a un coût. « Rien ne sera comme avant », promet-il, comme Sarkozy avant lui aimait répéter avec une belle continuité qu’il avait changé.

Une crise va survenir. Rédacteur de l’introduction du rapport Attali sur les voies et moyens de faciliter la croissance sous le quinquennat de son agité prédécesseur, Emmanuel Macron avait écrit que nous nous préparions à un cycle de croissance ininterrompue trois mois avant lacrise de 2008. Il a suffisamment étudié l’économie pour savoir que celle-ci est un cycle de croissance et de récession. Il sait que les crises sont un régulateur de l’économie comme la guerre est un régulateur de l’histoire et des sociétés.

La crise de 2008 a fait découvrir à qui l’ignorait que « le capitalisme était la privatisation des profits et la nationalisation des pertes ». Pendant la crise, on a sauvé les banques. Avant celle qui vient, on les somme de prêter aux entreprises pour éviter que l’économie ne tombe en ruines. Les banques sauvées, la finance cigale détient le trésor de la fourmi et ne se montre pas prêteuse. Les choses sont rentrées dans l’ordre inégalitaire, créant 9 millions de travailleurs pauvres dans l’appauvrissement des classes moyennes. À la sortie de la crise à venir, tout devrait rentrer dans l’ordre inégalitaire, car ce seront les gouvernements qui décideront pour chacun selon son milieu sur quel chiffre on mettra le compteur, et Macron ne peut pas avoir découvert l’eau chaude à la faveur d’un refroidissement.

Nous avons fait entrer les télécrans dans nos maisons et nous sommes si addicts au virtuel que du moment que nous assiste cette domotique interactive, nous sommes prêts à tous les confinements. Les gouvernements européens nous font faire une expérience orwellienne et nous font passer le test de Milgram. « Nous allons vous enfermer et si vous sortez de chez vous, nous vous jetterons en prison. Supporterez-vous le confinement ? » Cette mesure est inédite, mais le confinement étonne à peine. Nous nous habituons déjà, ne demandant plus une chambre à nous dans ces colocations qui servent d’appartements collectifs de la démocratie libérale, mais un coin dans la cave quand sonne l’alerte des lanceurs qui ont étéremplacés par des hommes à la main de « la guerre c’est la paix ». « Nous faisons cela pour protéger les plus fragiles, les personnes vulnérables et les personnes âgées, poursuit Goldstein. Il vous est interdit de les visiter et de déjeuner en famille sous peine d’amende. Leurs aidants viendront les voir au compte-gouttes. En cas d’urgence, si les services de réanimation sont engorgés, on triera les malades, on soignera les jeunes rentables et on laissera mourir les vieux inutiles, par mesure de sélection. Les aéroports, les supermarchés, les débits de tabac et les « commerce nécessaires » resteront ouverts, mais le culte n’est pas un commerce nécessaire, nous interdisons le culte. »

Bien qu’on ait toujours prié pour endiguer les fléaux et les malheurs publics, le culte se laisse interdire de bon coeur. Les anciens sont morts de la canicule en 2003 parce qu’on ne s’en préoccupait pas, c’est oublié et l’unionsacrée commande de dire qu’il est judicieux de les laisser pour compte. On ne saurait mourir que du coronavirus. C’est pourquoi l’on reporte les opérations, même urgentes, qui sont sans rapport avec l’épidémie. Pour éviter des morts du coronavirus, combien mourront des maladies qu’on n’éradiquera jamais et qui resteront après lui ?

Ces morts, on ne les enterrera pas. N’importe si la sépulture était un signe d’homminisation. On les jettera dans leur tombe en restreignant leur entourage au minimum syndical des croque-morts.

Dormez en paix, Madame la marquise, nos petits marquis veillent sur nous. Leïla Slimani tient dans « Le Monde » son « Journal du confinement » où elle se prend pour la belle au bois dormant – Marlène Shiappa se prenait bien pour Gallilée quand elle fut critiquée d’aller chez Cyril Hanouna -. Nos petits marquis nous réveilleront dans six semaines, car la patience des manants râleurs est séquentielle, il ne faudrait pas en abuser, toutes les bonnes expériences ont une fin. C’est aussi ce que se disaient « Ceux de 14 » quand, pendant la mobilisation générale, ils partaient « la fleur au bout du fusil en chantant ». Mais c’était un temps de patience et nous sommes devenus des patients impatients.

vendredi 20 mars 2020

Les évangéliques et le Coronavirus

Ironie du sort. « La porte ouverte chrétienne » de Mulhouse, qui ne cesse d’assurer qu’en son sein Jésus opère des guérisons miraculeuses, se voit opposer un démenti cinglant aux yeux du siècle moqueur en étant devenue le lieu de propagation du coronavirus dans le Grand-Est et sur tout le territoire national après sa semaine de jeûne et de prière. Le pasteur Samuel Peterschmitt, que je connais et dont je sais que Joseph Confavreux (qui travaille aujourd’hui à Mediapart) a témoigné que c’était un des personnages les plus intenses qu’il lui ait été donné d’interviewer , a lui-même été contaminé. Les évangéliques constituent une des périphéries et comme un point aveugle de l’Église catholique et de l’oecuménisme. Mais grâce à Dieu si l’on ose encore dire après ce que cette expression a coûté au cardinal Barbarin, les Églises grandes sœurs ne les traînent pas trop dans la boue et n’humilient pas ces frères et sœurs à terre. Ils se sont vus lancer une volée de bois vert par la préfette du Grand-Est. Ils ont réagi dignement en ne se laissant pas faire et accuser de n’avoir pas respecté des normes qui n’avaient pas encore été édictées.

Curieux (de façon malsaine ?) de la manière dont ils réagissaient à cette épreuve, je viens de visionner sur Youtube un culte célébré peu après les faits, le 8 mars autant que je sache. Le pasteur Thiebaut Geyer qui le conduisait, a centré son message sur le thème de l’incompréhension. Avec une créativité biblique et théologique que j’ai toujours constatée chez eux, il développe plusieurs points que je relève et souligne :

- Dieu ne créée pas le cosmos tout d’un coup dans son ordre et dans sa beauté, il créée dans le chaos, la terre informe et vide, les ténèbres avant la lumière. Pourquoi ?

- Lorsque Paul et ses compagnons débarquent à Malte après avoir fait naufrage,, jetant des broussailles pour alimenter le feu que les Maltais qui les ont recueillis ont fait pour réchauffer les naufragés, voici qu’un serpent sort sous l’effet de la chaleur et se trouve dans la main de Paul. Paul ne récrimine pas, garde son calme et secoue le serpent qui retombe de sa main dans le feu. « Les barbares » prennent Paul pour un meurtrier puis pour un dieu. Cela se passe pour lui comme il a dû arriver aux premiers conquistadores regardés par les Indiens d’Amérique.

- Quand Jésus guérit l’aveugle de Betsaïda à la prière des gens de sonvoisinage, Il commence par le sortir de la zone de confort qu’est son village, puis il lui « crache dessus », traduit-on littéralement du Grec des Évangiles. Il lui demande s’il voit. L’aveugle lui répond : « Je vois des arbres qui marchent comme des hommes. » Cela correspond exactement au genre de méprise que je faisais quand jai appris que j’étais moi-même aveugle. Pour moi, les arbres devaient cogner les yeux de ceux qui voyaient clair et je ne les enviais pas d’avoir si mal à la réalité. Jésus lui repasse de la salive sur les yeux en le « fixant du regard ». Alors il voit distinctement. Il comprend par degrés en perdant ses écailles.

mercredi 18 mars 2020

La dépression est-elle une maladie d'égoïstes?

Réflexions suscitées par le billet de Philippe Bilger commentant un article du sociologue Hugues Lagrange et consultable ici: https://www.philippebilger.com/blog/2020/03/le-dur-m%C3%A9tier-de-vivre-.html

La dépression est-elle une maladie d'égoïstes? Et l'égoïsme est-il une maladie de la modernité? Une maladie de "La société des individus" (Norbert Elias) qui tiennent pour une évidence que notre situation au monde est celle de notre conscience individuelle.

Nous consommons des psychotropes en solitaires pour nous tranquilliser de vivre sans compagnie parce que nous avons perdu le sens de la convivialité et de l'initiation qui s'attache à la consommation collective de psychotropes chamaniques ou récréatifs. En Occident, le vin est devenu de l'alcool et l'alcool une drogue.

La crise de la transmission qui faisait que, sans égard au partage des tâches ménagères, les jeunes filles apprenaient les recettes de leur grand-mère, ou encore que les enfants qui n'étaient pas des rois, partageaient le travail de leurs parents et étaient mis à contribution dans les "corvées" du quotidien, repose sur une crise de l'initiation, qu'elle soit rituelle, usagère ou sexuelle: on ne va plus au bordel civil ou militaire pour tenter de "l'essai royal"; on n'apprend plus à faire usage de la vie; l'adolescence est un passage identifié et reconnu,mais un passage de quoi à quoi? C'est une crise identitaire idéalisée dans une période où il n'y a plus d'identité. L'indifférenciation sexuelle ne facilite pas que l'adolescence soit un "passage aux hommes" ou une voie d'accès à la féminité dans une société qui pense que le genre est une construction sociale et non une donnée biologique.

La "société des individus" hait les tuteurs. Et pourtant elle met 1 million de majeurs protégés sous tutelle. Dans une espèce de prison civile (ou de privation des droits civiques) qui ne dit pas son nom.

Alors que "cette absence de guide, à la supposer certaine dans tous les domaines et capitale pour la conduite de nos existences, est sans doute plus une chance qu'une nuisance." Mais dites cela trop fort, vous passerez pour un dangereux anarchiste, agent de déliaison sociale à mettre d'urgence hors d'état de nuire, car une des modalités de la protection des majeurs est la psychiatrisation des sujets dont la police des arrière-pensées suspectera que celles-ci sont à surveiller ou à rééduquer. Notre société cultive cet autre paradoxe qu'elle promeut l'autonomie physique, y compris des plus infirmes, mais se méfie de l'autonomie morale, alors que par ailleurs elle est assez solipsiste, ne concevant l'empathie que comme une concession; suppposant après Sartre qu'il y a une distance infrangible entre "moi" et autrui; jouissant avec goulayance de l'incommunicabilité des êtres.

Il y a certes une solitude existentielle et même ontologique de l'être humain, laquelle n'a jamais été aussi bien rendue que dans la tirade de Norbert de Varenne dans "Bel ami" de Maupassant. Mais c'est la solitude des passages. Ne pas accepter de guides, mais seulement des conseillers, revient à la reconnaître. C'est faire la part de cette solitude quifaisait dire à mon père: "On naît seul, on grandit seul et on meurt seul", sans considérer qu'on ne vient pas au monde sans le secours d'une sage-femme. L'homme n'est pas fait pour être un orphelin ou un cœur abandonné. Mais la solitude ontologique de l'être humain est subordonnée à la communion des saints que j'appelle pour ma part "télépathie générale", courant communionnel de la Création et condition de l'empathie. La convivialité ou convivance, qu'on appelle communément le "vivre ensemble", devrait prendre appui sur ce terrain de la non distance entre mon semblable et moi.

L'Église et le coronavirus ou la crise du prophétisme

(Commentaire aux réflexions de René Poujol sur le Coronavirus qu'il a postées sur son blog et sous ce lien: http://www.renepoujol.fr/coronavirus-le-prix-et-le-sens-de-la-vie/comment-page-1/?unapproved=103695&moderation-hash=04101d6604d91c5d144dc66ce229b558#comment-103695

Si René, "crier au scandale" sert à quelque chose et non, "attendre" une parole de la hiérarchie ne sert à rien, à moins que nous ne la prononcions nous-mêmes. Car dans cette posture de tout attendre de la parole de l'évêque, le même dont on voudrait qu'il soit notre égal et pas notre "frère supérieur" comme le disait Maurice Druon à propos de son confrère académicien le cal Lustiger, il y a la curieuse tendance qu'ont les catholiques de tous horizons, anticléricaux et bouffeurs de curés depuis des lustres, qu'ils soient "intransigeants" ou "relativistes" et laxistes, et ce bien avant que le pape françois n'ait agité le chiffon rouge du "cléricalisme", concept de théologie confuse, il y a cette tendance des catholiques à ne pas être apostoliques: nous oublions que les évêques sont les successeurs des apôtres et nous les taxons de nullitépour ne pas jeter la pierre à notre propre médiocrité.

Je ne sais pas ce que valent les réflexions récentes sur la -communion dans la bouche (et pas dans la main !) ou autre opuscule de mgr Aupetit en défense d'"Humanae vitae" dont je remarque au passage que, comme pour l'encyclique "Pascendi", la partie la plus intéressante n'est pas son volet prescriptif, mais descriptif. Paul VI et ses conseillers avaient très bien compris ce qui était en jeu dans la "mentalitécontraceptive". Ce qu'ils ont préconisé pour en sortir ou empêcher la roue de l'histoire de tourner est une autre affaire.

-Est-ce un détail que les églises soient parmi les premières à "fermer boutique"? "C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup."Ça veut dire que l'Eglise n'assume plus le lien intime qui unit la religion à la superstition sur un plan archaïque. On peut toujours souhaiter que notre foi acquière la maturité de dépasser ce stade anthropologique fondamental ou primaire, on ne pourra jamais séparer la foi de la religion, sauf à rendre la foie éthérée et propre à ne pas agir. Jadis, on priait pour faire revenir la pluie; dans l'Eglise de François qui aime la piété populaire (mais l'aime-tt-il seulement comme un folklore?), on ne priera pas pour que s'éloigne l'épidémie du Coronavirus ou pour que les chercheurs trouvent un vaccin. On ne priera pas pour cela, pour qui nous prend-on?, nous qui sommes les citoyens évolués d'un monde qui a retrouvé les croyances de la "royauté primitive", où le politique s'imagine pouvoir faire la météo et infléchir le déréglement climatique.

-Mais tout cela n'est rien. Ce qui me défrise danscette Église qui prétend depuis Vatican II savoir déchiffrer les "signes des temps" est qu'elle ne comprend rigoureusement rien à l'époque dans laquelle elle vit.

-S'agissant du Coronavirus, elle ne comprend pas que le message subliminal de cette épidémie ou de la manière dont on la traite, dit symboliquement deux choses: "Il est dangereux de se tendre la main" et "n'allez pas voir vos vieux, c'est très dangereux. Ah, c'est vrai, en 2003, les vieux sont morts de solitude et de notre indifférence pendant la canicule. Mais 2003, c'était il y a longtemps. On leur fera boire de belles paroles à défaut de les hydrater: "Nous confinons les personnes vulnérables loin de leurs aidants afin de les protéger des atteintes du coronavirus" qu'on ne pourra pas leur diagnostiquer puisqu'ils sont confinés et que les médecins traitants ne font plus de visite à domicile."

-Car il n'y a plus qu'une maladie au monde: c'est le Coronavirus. Remisés, les cancers en phase terminale ou les neuropathies. Tout ça n'existe plus. On meurt du coronavirus un point c'est tout, les autres morts n'existent pas. L'alcool fait 60000 morts par an et le tabac 40000 ou le contraire. Si on ne faisait rien, le coronavirus, qui est une grippe à la puissance 10, en ferait 80000. Mais ce sont ces 80000-là qui comptent. Les autres ne comptent pas. C'est pinutz, c'est du pipi de chat, c'est rien du tout."

-Ce sous-texte, l'Eglise ne le décrypte pas, préférant s'engouffrer dans toutes les idolâtrees idéologiques du moment, à commencer par l'écologie politique et urbaine qui a remplacé la fin dans le monde dans l'ordre des préoccupations séculières, et qui est une idolâtrie qui met la terre à la place du ciel, ce qui n'a pas empêché le pape d'écrire une encyclique demandant une "conversion écologique" de l'Eglise. L'écologie intégrale est une tentative de déshumanisation des sociétés industrielles et une apocalypse profane et portative. S'imaginant qu'être de son temps, c'est parler comme le monde, l'Église s'est engouffrée dans la brèche écologique pour rester du côté du manche.

-Et tout est à l'avenant. Entre 2013 et 2017, le chef de l'Eglise Benoît XVI puis le chef de l'État français fille aînée de l'Église, François Hollande, ont successivement abdiqué et renoncé à être candidat à sa propre succession. L'Eglise n'y a pas lu le signe d'un pouvoir démissionnaire ouvrant la voie aux aventurismes politiques de bergers gouvernant leurs peuples au moyen de l'injonction paradoxale, l'arme de gouvernement des pervers narcissiques: Trump, Poutine, Macron et dans une certaine mesure, le pape François lui-même. Pour compplaire encore au siècle permissif, l'Eglise qui devait se purifier de ses abus a pris le risque de se perdre de réputation en se jetant elle-même avec l'eau du bain de la pédophilie de certains de ses clercs abuseurs servis par une discipline impraticable. La liste n'est pas exhaustive des signes des temps que l'Eglise ne sait pas lire. Mais les lui montrer du doigt la fait sortir de ses gonds.

Je ne sais pas s'il y a une crise du pouvoir ou de la liturgie dans l'Eglise, mais il y a assurément crise du prophétisme.

mardi 17 mars 2020

Agnès buzyn, ancienne ministre de Gribouille

Le 24 juillet,Agnès buzyn déclare: « Le risque d’importation depuis Wuhan est modéré. Les risques de propagation du virus dans la population sont très faibles." Elle rapatrie les Français confinés à Wuhan pour les confiner dans le Var et ne ferme pas les frontières avec la chine. Le virus se répand. Pa grave. Agnès buzyn quitte son ministère pour briguer la mairie de Paris. On est censé regretter l'immense ministre de la santé qu'elle a été. Les urgences en crise s'en souviennent et sont priées de voir dans son abandon de poste un acte de bravoure.

Agnès buzyn perd son pari. Amère, elle prétend qu'elle a été une vraie lanceuse d'alerte sur la gravité du Coronavirus. Le premier ministre de Gribouille le reconnaît lui-même, mais dit qu'on pouvait bien ne pas l'écouter, puisque dautres médecins étaient d'un autre avis. Mieus vaut se fier à d'autres médecins qu'à son propre ministre.

Agnès buzyn regrette d'avoir tout perdu dans un pari stupide. Gribouille ne l'a pas "débranchée" pour la conduire sur une voie de garage, c'est elle qui l'a fait toute seule comme une grande.

Les gribouillistes veulent sa peau pour avoir critiqué la politique de Gribouille après l'avoir mal défendue et mal portée. Ils demandent que l'on trouve un autre candidat pour la mairie de Paris même si le premier tour est passé, mais Agnès Buzyn ne veut pas jouer un rôle de figurante après être si longtemps restée dans l'ombre en rongeant son désir de faire de la politique.

Mais qu'on se le dise, il est interdit de douter de Gribouille dans sa gestion du Coronavirus. Gribouille est en guerre et il faut resserrer les rangs autour de Gribouille. Gribouille a lu "Ceux de 14" et croit trouver dans le Coronavirus une grippe espagnole qui jouerait le rôle des Allemands dans la guerre de gribouille qui n'est pas "La guerre des boutons".

Tout ce que dit Gribouille est parole d'Évangile, nous l'écoutons et nous lui obéissons religieusement. Quelle chance avons-nous d'être gouvernés et protégés par Gribouille! On est confinés, mais on n'est pas des cons finis. Allez les bleus et vive Gribouille!

mercredi 4 mars 2020

Dialogue avec Guy Legrand sur l'expérience de Moïse et sur le péché originel

Sur le blog de René Poujol.

De Guy Legrand à Julien 1) je ne crois pas à la notion de péché originel , déduite de la réflexion d’Augustin , sans aucune source scripturaire , comme une faute morale ..Je lis plus volontiers ce texte de la Genèse comme la description de l’incomplétude consubstantielle à la condition humaine qui est source du mal dans la mesure ou quelque chose en nous ne s’y résigne pas et cherche à la nier . La définition du bien et du mal par Heidegger me semble constituer un bon résumé du sens de ce récit de la création :
– le bien ,c ‘est la volonté du sujet qui se réfère à un absolu défini hors de lui même ;
-le mal c’est la prétention à vouloir être tout .

2) précision méthodologique :je ne lis pas la Genèse ni même toute la Bible comme un texte descendu du ciel , mais comme une création humaine inspirée qui a façonné notre conception même du divin . Je reste fasciné par ce dialogue entre Dieu et Moise au livre de l’Exode (32 -34) ou c’est l’homme Moise qui délivre Dieu du châtiment qu’il s’est lui même promis d’infliger à son peuple . Je suis ému quand Dieu sensible à la plaidoirie de Moise en faveur de son peuple, lui dit dans des mots qui défient la traduction : » A travers tes mots tu m’as animé et redonné vie (?) « . Quand dans l’Exode (32,14) on peut lire : et le Seigneur SE REPENTIT du mal qu’il pensait infliger à son peuple . (la bible Osty et la Bible second traduisent « se repentit « là ou la TOb traduit » renonça » . ( J’emprunte cette lecture à Georges Steiner in « préface à la Bible hébraïque) Au risque assumé d’encourir le reproche fait à Job » Qui est ce qui obscurcit mon plan par des mots sans savoir ? (Job 38,2) je lis néanmoins la Bible, parole de Dieu parce que parole inspirée de l’homme , comme un dialogue inégal mais sans concession entre Dieu et sa créature à l’opposé du » soupir de la créature opprimée » conception ou se complait trop souvent la religion . Je ne prétends aucunement à dire la Vérité , mais seulement à être fidèle au choix existentiel fait à l’entrée dans l’âge adulte , d’accepter sous bénéfice d’inventaire mon héritage chrétien et catholique : notre foi ne peut jamais être appréhendée comme un échappatoire à la réalité de la condition humaine Si c’est le cas , alors c’est une imposture aliénante . La conception de la sainteté à laquelle je m’oppose , c’est celle qui consiste à présenter en modèle cette volonté d’échapper à la condition humaine au nom d’une spiritualité idéaliste .Tous ces gourous pervers que l’église catholique , trop souvent nous a donné en exemple sous l’étiquette de sainteté, me confirment dans ce choix . » Strozzi n’était ni homme d’oeuvres , ni philanthrope ; Un révélateur voilà ce qu’il était ; Il révélait aux notables ,aux gens de bien, aux spécialistes de l’exploitation de l’instinct, à ceux de l’ordre moral comme aux sociétés comme aux chrétientés leur chantage, leur vice secret qui consiste , dans une inconscience presque invincible , à considérer les hommes comme des objets » (Jean Sulivan « Car je t’aime , ô Eternité » p 157, 158) .

De ma part:

Je vous remercie de votre comentaire. J’ai envie de le remonter en sens inverse et de vous répondre en deux temps.

2. Vous m’avez fourni, grâce à la relecture de ces trois chapitres si denses du livre de l’Exode, ma méditation de carême de ce jour. J’en retiens ces quelques éléments :

-Dieu promet à Moïse de lui parler comme un ami parle à un ami.
-Moïse amène Dieu à se repentir de Sa colère et ceci me touche, d’abord parce que Dieu se repend, non qu’Il ait péché, mais Il revient, Il remonte la pente qui lui fait Se ressouvenir, Lui dont le Nom est Jaloux (amour de possession, Louis Second), de Son amour, avec des va-et-vient qui sont peut-être dûs aux marées des passions de l’auteur inspiré, mais sont propres à la relation, au dialogue (inégal?) de deux libertés qui s’aiment et ne se comprennent pas toujours, et se donnent un temps pour la haine ou pour le ressentiment, comme le dit l’Ecclésiaste: « Il y a un temps pour tuer et un temps pour guérir ». La foi, c’est la lutte avec l’ange, et c’est aussi la lutte de Dieu avec l’homme, du moins Est-ce mon vécu existentiel de la foi, qui veut anticiper ce dénouement que ma raison présentera toutes ses objections à Dieu, discutera avec Lui, mais que pour finir, elle s’inclinera devant ma foi et se prosternera devant Lui. Une des traductions du nouveau nom que Dieu donne à Jacob après que celui-ci s’est montré « fort contre Dieu » et qu’il sort boiteux de cette nuit de la foi, est, selon Henri Meschonnik que j’ai entendu dire cela devant moi lors d’une réunion consacrée à Claude Vigée au centre communautaire juif de Paris dirigé par Shlomo Malka, Claude Vigée qui n’a pas bien rendu selon moi dans « La lutte avec lange » la densité de ce combat (le combat spirituel n’est pas qu’une tentative de revenir à Dieu, il est aussi une volonté délibérée de s’opposer à Lui), « En lutte avec Dieu », de même qu’une des traductions rabbiniques de la définition que Dieu donne de Lui-même en Exode 3:14-16 est « Peut être », a dit le même poète et traducteur Henri Meschonnik. Voilà qui nous place au plus loin de la métaphysique du Dieu étant , implicite à la philosophie d’Heidegger et importation de catégories grecques dans une religion sémitique comme par une ruse de l’histoire nécessaire à l’universalisation du christianisme, cette histoire juive qui a réussi.

-Mais ce repentir de Dieu provoqué par Moïse me touche aussi, car je me dis souvent que si l’homme avait usé de la même mansuétude pour dire à Jésus que ce calice pouvait s’éloigner de Lui et s’il s’était interposé entre Son Père et Lui pour n’être pas racheté à si grand prix comme Dieu s’est interposé entre Abraham et le couteau du sacrifice pour sauver Isaac, il y aurait eu relation de rédemption réciproque qui aurait la relation réciproque de l’homme et de Dieu. Saint Léon le grand a écrit qu’il étaitdans la nature de Dieu de sauver comme il était dans sa nature de créer. Mais Dieu voulait peut-être être sauvé de vouloir sauver,d’autant que nous ne savons pas de quoi nous sommes sauvés et que nous sentons rarement l’efficace de larédemption. Dieu Lui aussi pouvait vouloir être sauvé, et c’est ce que Moïse a fait en Le faisant Se repentir de Sa colère.

-Mais ce même Moïse qui fait revenir Dieu de Sa colère est un briseur de loi. De colère il brise la loi qu’il s’était vu dicter par Dieu et qu’il avait patiemment retranscrite. Et en brisant la loi, qui sait s’il ne se rend pas coupable d’un plus grand péché que le peuple idolâtre, qui s’est fait un dieu en fondant tout son or et donc tous les matérialismes en une fête de la matière?

-On ne peut voir Dieu sans mourir. Choisir la vie consiste à la saisir comme un rayon de la Lumière divine sans la confondre avec la vision de Dieu. En Jésus, cette « lumière des hommes » qu’était la vie chaque fois qu’un homme entrait dans le monde se fait visage et se fait message. Le visage est une allégorie de la personne en ce que toute personne est une conscience et que toute conscience est un message. Dieu se fait personne humaine en Jésus-Christ, deuxième hypostase de la sainte Trinité.

-Moïse verra la Gloire de Dieu, Il verra passer la bonté de Dieu.

-L’exode ou le carême de Moïse sera de contempler Dieu écrivant Sa loi afin de n’être plus tenté de la briser. Revenant d’avoir vu Dieu écrire et non plus d’avoir écrit lui-même, non seulement Moïse n’est plus en colère, mais il est transfiguré, et la transfiguration de Moïse préfigure la transfiguration de Jésus.

"1) je ne crois pas à la notion de péché originel , déduite de la réflexion d’Augustin , sans aucune source scripturaire , comme une faute morale", commenciez-vous par écrire.

Je regrette cette formulation:

-d'abord parce que vous donnez dans la tarte à la crème qui consiste à imputer à saint Augustin l'invention du péché originel. Qu'il l'ait systématisé, sans doute; qu'il lui ait même donné ce nom, peut-être; mais qu'il l'ait inventée, certainement pas. D'autant que la notion de péché originel a des fondements scripturaires: "C'est en adam que meurent tous les hommes; c'est dans le christ que tous revivront" (I Cor. 15:22). Rm 5:14-15 "Cependant la mort a régné depuis Adam jusqu'à Moïse, par une transgression semblable à celle d'Adam, lequel est la figure de celui qui devait venir. Mais il n'en est pas du don gratuit comme de la faute; car si, par la faute d'un seul, tous les hommes sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don se sont, par la grâce d'un seul homme, Jésus-Christ, abondamment répandus sur tous les hommes."

-Ensuite, il ne s'agit pas tant de croire dans le péché originel que d'en comprendre la valeur existentielle. On en saisit quelque chose quand on rapporte au péché originel cette parole du psalmiste (cette parole de David, dont j'ai entendu une interprétation osée donnée par des évangélistes de la mega church de ma ville supposer qu'il se savait enfant naturel et que c'est pour cette raison que Jessé son père n'a pas pensé à l'appeler quand Samuel est venu chercher un roi pour Israël...): "J'étais pécheur dès le sein de ma mère." Valeur existentielle qui s'approfondit quand on se dit que le péché originel est le revers de la communion des saints, la condition de la compassion, de l'empathie, l'inscription de la Création, non dans une distance infrangible de tous les êtres entre eux même si chacun est irréductible à l'autre, mais dans une télépathie générale où tout ce qui arrive à l'un rejaillit sur l'autre, où les signes s'appellent par aimantation de champs magnétiques d'attraction-répulsion, où la télépathie générale est fond commun et condition du langage commun et où pour qu'il y ait solidarité dans le bien ou un supplément de fraternité si vous préférez, il faut qu'il y ait eu solidarité dans le mal.

-La différence entre vous et moi est que vous lisez cet épisode dit du péché originel de manière exégétique quand je le lis de manière poétique. L'emploi de cet adjectifme permet de remercier au passage Jean-Pierre Gosset, non seulement pour m'avoir qualifié de poète, mais aussi pour avoir exhumé le lien d'une émission qui m'est chère, où je fus "le grand témoin" de RCF en marge d'un rassemblement à Lourdes et sans que ma vie soit adossée à une œuvre.

Je n'aime pas l'abus que l'on fait du terme de "mythologie" pour nous mettre à distance de la Révélation dont nous vivons. Mais tant qu'à prendre le récit de la Création pour un récit non seulement poétique, mais mythique, convenons avec Jung ou Anick de Souzenellle que "le mythe est présent", que le mythe est vivant et que si toute religion est un "délire de référence" (Elisabeth Roudinesco et Jean Laplanche définissant la paranoïa dans le "Dictionnaire de la psychanalyse"), nous vivons de ce délire et ce délire nous structure.

"Je lis plus volontiers ce texte de la Genèse comme la description de l’incomplétude consubstantielle à la condition humaine qui est source du mal dans la mesure ou quelque chose en nous ne s’y résigne pas et cherche à la nier", ajoutez-vous.

Je vous sens prêt à donner dans cette autre assomption théologique de la nature humaine qui fait l'économie du salut,et votre référence à Heidegger va dans ce sens, que l'homme a été demblée fait incomplet et créé dans la limite. Je ne suis pas de cet avis, encore faut-il argumenter.

-L'argument le plus fort me semble là encore de nature existentielle. L'homme, ne se souvenant pas d'être né, n'a pas la notion du temps comme on le croit, mais a de manière innée la notion de l'éternité. Si l'on fait un tant soit peu crédit à la psychologie de rejoindre la nature humaine, l'homme n'est pas un être qui vient de la mort. Il n'a pas la nostalgie, mais le souvenir de l'éternité.

-Pourquoi l'homme, étant créé par l'amour infini de Celui qui est l'Infini, serait-il créé dans la limite?

-L'homme vient du Désir et doit retourner à la vie, c'est sa mortalité qui est l'illusion d'une résignation. L'homme est bordé par le principe d'innatalité perçu par Steiner et par l'immortalité de l'âme crue par tous les philosophes grecs. Ce n'est pas un "être pour la mort" comme le dit celui dont vous reprenez à votre compte la définition du bien et du mal:

"– le bien ,c ‘est la volonté du sujet qui se réfère à un absolu défini hors de lui même ;
-le mal c’est la prétention à vouloir être tout ."

Admettons pour le mal. Nous ne sommes pas tout, nous sommes référés à celui qui nous donne tout. Et l'Église se trompe à mon sens quand elle fait de l'orgueuil le premier des péchés capitaux. Ce qu'elle entend par orgueil qui est un synonyme de l'honneur, c'est la prétention. Dieu serait en droit d'être prétentieux, mais Il cesserait de nous respecter s'Il l'était.

Admettons pour le mal, mais pourquoi le bien consisterait-il à accepter pour le sujet une délimitation extérieure à la liberté des valeurs à prendre ou à laisser? Comme si Dieu avait glissé le mode d'emploi de notre êetre dans la boîte à gants de notre "moi", voiture customisée. Dieu ne nous a pas dit qu'un autre, en l'occurrence Lui-même, connaissait le bien et le mal, mais qu'un fruit était disponible pour le conaître, car il était indispensable que cette puissance fût à la disposition de la Création, mais que ce fruit était inutile et si mon hypothèse est pertinente, que Dieu ne voulait pas avoir à en goûter, car Il savait dans quel engrenage d'accusation et de jugement cela nous entraînerait. notre refus de toute espèce d'anarchie nous fait vouloir avoir été créés dans l'hétéronomie quand Dieu nous propose la dépendance, qui est le contraire de l'autonomie, tant vantée par nos sociétés de solitude et de non accompagnement, que le coronavirus convainc qu'il est dangereux de se tendre la main.

De Guy Legrand:

A Julien

Merci pour votre commentaire qui appelle au questionnement .

1) ce qui m’intéresse le plus dans la Bible , paradoxalement par rapport au discours habituel des religions , c’est que c’est par une parole humaine que nous pouvons entrapercevoir non pas Dieu , mais les actions de Dieu . C’est le présupposé de la dogmatique de Karl Barth : nous ne pouvons rien dire de Dieu , nous ne pouvons nous fonder que sur ce que nous reconnaissons des actions de Dieu .

En christianisme , du fait de l’incarnation, ce sont bien la vie et les actes de l’homme Jésus qui nous révèlent Dieu à travers ce que nous en disent ceux qui ont vécu avec lui: la coïncidence parfaite de la vie d’un homme avec la volonté divine » celui qui m’a vu a vu le père . » Ce qui nous permet de dire : cet homme Jésus est vraiment Dieu comme le dit le credo de la foi de l’Eglise .

2) Une parole de Yeshayaou Leibowitz m’a beaucoup marqué : personnage fondamental dans l’histoire de la Révélation , Moïse n’a pourtant pas mis les pieds sur la terre promise . Moïse n’a pas vu Dieu en face, Dieu a même voulu le tuer (passage difficilement compréhensible ) et n’a pas non plus recueilli lui même les fruits de son action libératrice et pourtant c’est Moïse . Ce qui nous ramène à une plus juste appréciation de la qualification par nous même ou par les autres (reconnaissance de la sainteté ? ) de notre propre témoignage . Qui peut dire de lui même ou d’un autre qu’il a véritablement témoigné par sa vie de la présence de Dieu en notre monde, ce à quoi pourtant nous assigne notre baptême et qui donne sens à notre vie ?

3) Enfin , je consonne comme lecteur de Levinas avec votre phrase : le visage est une allégorie de la personne en ce que toute personne est une conscience et que toute conscience est un message . Ce que je lis comme une définition possible du sacerdoce commun des baptisés . Dans ma paroisse on dit à chaque baptême d’un petit enfant : « fais apparaitre un visage de jésus Christ qui n’a encore jamais été manifesté . »

La seule mission qui vaille malgré toutes les ambivalences de la réalité de nos vies et qui reste pour moi une espérance .

mardi 3 mars 2020

Internet, fruit du Braille

1. Internet a un point commun avec le Braille. Internet a été inventé par l'armée américaine. Louis Braille a perfectionné en le réduisant à 6 points, un système d'écriture à 22 points inventé par un colonel peu combattif de la Grande Armée, Charles Barbier, qui majorait volontiers ses états de service, mais s'intéressait surtout, en philanthrope un peu solitaire, à faire que puissent communiquer les sourds et déchiffrer les aveugles, allez voir ce qui le concerne au musée Valentin Haüy!

Charles Barbier avait inventé "l'écriture nocturne" soi-disant à l'usage de ses hommes. On doute aujourd'hui qu'il en ait commandé. Il alla porter le fruit de son invention à l'Institut royal des Jeunes aveugles où Louis Braille était élève.

Les aveugles lisaient des lettres en relief en cire et devaient faire fondre de la cire pour écrire des lettres en relief. Ça prenait sensiblement le même temps que pour les moines copistes. L'"écriture nocturne", plébiscitée par les élèves, eut un mal fou à s'imposer. Les directeurs successifs de l'Institut Royal des Jeunes aveugles ne voulaient pas en entendre parler. Les élèves la pratiquaient clandestinement. On finit par l'adopter et Louis Braille la simplifia, réduisant la combinaison maximale de 22 points par lettre à 6 points.

2. Quand Internet se mit à exister, un voyant rouge s'alluma en moi: comment pouvait-on se promettre une liberté d'expression mondiale sous l'égide et le contrôle de l'armée du pays qui dominait le monde, même si cette armée a depuis vendu une délégation de service public et ce monopole de l'audio-scripto-visuel aux GAFAM? Il n'empêche, nous ressentons une liberté plus grande. Illusion ou réalité ? Mon voyant rouge ne s'est pas éteint. Liberté, jusqu'à ce qu'on nous déroule le tapis de sous les pieds.

3. Une chose est certaine: Internet a provoqué une révolution de l'espionage. Côté corps politiques constitués, États, l'administration Obama a espionné tous ses alliés sans que cela occasionne une levée de bouclier de ceux-ci, une indignation plus que formelle, un scandale mondial, voire une rupture des relations diplomatiques de leurs alliés avec les Etats-Unis, comme Merkel a été à deux doigts d'en mettre une enscène à l'avènement de Trump.

Côté aventuriers urluberlus, Assange est devenu James Bond. Il pirate les câbles des chancelleries mondiales. Le hacker est devenu journaliste d'investigation. Il agit pour le bien de l'humanité. On devrait lui donner l'asile politique, tout comme au lanceur d'alerte, dont il faudrait faire un titre de gloire de leur déloyauté, et de trahir les organisations pour lesquelles il travaille afin de distiller des informations au grand public honnête et candide sur la putréfaction et la corruption desdites organisations.

4. Les réseaux sociaux sont les stations de commérage du village global. Ils sont réactionnels. L'impulsivité y règne en maîtresse reptilienne. La menace en jaillit plus souvent que la pensée.

Les réseaux sociaux sont une maison d'édition sans filtre. Libre à chacun d'y déverser sa bileou d'y faire du journalisme à domicile en éditorialisant à loisir. Les réseaux sociaux mènent à tout à condition de bien s'en servir. Mais ils ne construisent pas une réaction ni une œuvre ordonnée. "Ce n'est qu'un début, continuons le débat."

5. La litote et le "politiquement correct" apportaient un peu de douceur dans ce monde de brute. Un "non- voyant" sonne plus doux qu'un aveugle qui beugle. L'ennui, c'est quand la litote se transforme en périphrases. De la métaphore hypique du "handicap", on passe aux "personnes en situation de handicap", atchoum! Au fond de l'affaire, il y a cette pensée sociologique qu'on ne peut pas incriminer la biologie, qu'il n'y a pas de déficiences ni d'infirmités, qu'il n'y a que des "situations de handicap" que créée la société et qu'il est du devoir de la société d'endiguer en cessant à ce point de discriminer qu'à force d'inclure, on mène la vie dure aux enfants handicapés qui font double ou triple journée quand ils sont scolarisés dans le milieu ordinaire, aux entreprises qui doivent embaucher des salariés non rentables en opérant une discrimination positive, et à ces travailleurs eux-mêmes qui pourraient faire autre chose de leur vie, à commencer par faire refaire à la société l'expérience de la gratuité. Au lieu de quoi les handicapés sont assignés contre l'évidence à prouver qu'ils sont comme les autres et à faire de l'humour noir sur leur situation. De l'humour, si je veux!

Mais je n'y résiste pas. L'association des personnes de petite taille était dirigée naguère par un certain PatrickPetitjean (ça ne s'invente pas), qui voyait d'un mauvais œil (c'est moi qui le dis), non seulement le lancer de nains (on le comprend), mais encore que Mimi Mathy préfère s'occuper de sa carrière que militer au sein de son association pour la promotion de tous les nains. Ce n'est pas parce qu'on est Joséphine, ange gardien qu'on est obligé d'être Blancheneige.

lundi 2 mars 2020

Le coronavirus ou l'épidémie de la peur de se tendre la main

Le texte ci-dessous est le bienvenu, et ce pour au moins deux raisons:

-Dans une société atomisée et où le moindre rapport humain devient problématique, le coronavirus avec son "effet papillon" sur l'économie et son effet de diversion sur les politiques d'éloignement des pays soi-disant guettés par le populisme ou danger que courrait le peuple à se réunir éventuellement contre des boucs émissaires, le coronavirus contre lequel on ne prend aucune mesure rationnelle puisque la france a rapatrié tous les expatriés qui vivaient dans le lieu d'infection chinois où ils étaient confinés pour les confiner de force dans le Var au mépris de leur vie qu'ils avaient faite en Chine, le coronavirus est une épidémie qui envoie le message qu'il est dangereux de se tendre la main. Il n'est pas jusqu'aux Eglises qui ne cèdent à cette panique en refusant que les fidèles se communiquent la paix du christ ou en désorganisant des messes. Par contre, on n'interdit à personne d'aller travailler dans des open spaces.

-D'après les chiffres avancés dans ce texte, "chaque année, en France, la banale grippe saisonnière fait entre 2 à 6 millions de malades et provoque environ 8.000 décès, soit, si je calcule bien, entre 0,25 % et 0,3 % de ceux qu'elle infecte. Le coronavirus fait, quant à lui, 3 % de morts parmi ceux qui le contractent. C'est un ratio de 1 à 10, mais le virus est nouveau, le vaccin inexistant et le traitement se cherche. L'épidémie si le mot n'est pas trop fort, devrait cesser de se répandre à grande échelle. L'OCDE comme le pr Jean de Kervasdoué pensent qu'on en a atteint le pic, même si d'autres scénarios existent, qui prétendent que le virus touchera 25 % de la population mondiale. Querelle entre épidémiologistes!

D'habitude, les Etats calment les psychoses. Aujourd'hui, médias et politiques s'ingénient à alimenter et exciter celle-ci. Est-il complotiste de se demander pourquoi? Notre société est-elle si fragile qu'elle cède à tous les emballements?

Les psychoses ont un effet néfaste sur les individus. Mais les psychoses internationales sont bien plus dangereuses. Nous devrions pourtant être payés pour le savoir.

https://catholique-belley-ars.fr/notre-diocese/notre-eveque-et-ses-conseils/textes-de-mgr-roland/en-2020/epidemie-du-coronavirus-ou-epidemie-de-peur

Ces abus qui déboussoolent l'Église à propos du pouvoir

J’ai l’impression que, dans l’Eglise secouée par la crise sur les abus de pouvoir, il n’y a plus que du pouvoir à partager :

- Anne Soupa que j’ai rencontrée, à qui j’ai dit que sa voix douce la situait dans un « retrait revendicatif » et qui me considère vraiment comme un « un ami » pour elle, « pas un ami Facebook », je peux en dire autant, importe le féminisme dans l’Eglise. Le « comité de la jupe »revendique pour les laïcs du pouvoir dans l’Eglise où celui-ci devrait être un service, mais ce serait faire l’ange que de croire que ceux qui l’exercent ne jouissent pas decelui-ci.

- Les clercs ne veulent plus exercer la cure d’âme. Ils réfléchissent à partager le pouvoir, mais ils le répartissent discrétionnairement, car aucun protocole nedélimite le rôle de chacun dans des paroisses aujourd’hui dirigées par moult conseils, équipes liturgiques et autres équipes d’animation pastorale.

- Isabelle chartier-Siben : « lors de visites canoniques extraordinaires de certaines communautés, il est noté que la communauté met le grappin sur tout jeune qui s’approche, de façon à intégrer ce jeune au plus vite dans ses effectifs. À l’inverse, certains évêques préparent et je reprends leur expression « le temps où il n’y aura plus de prêtres » et donc n’appellent plus, au risque de démoraliser les prêtres qui osent encore être vivants, et en tout cas ne parlent plus ni du sacerdoce ni de l’engagement religieux.

Dans une communauté le supérieur bénéficie de larges privilèges et dès qu’il ouvre la bouche il est écouté comme s’il énonçait un nouveau dogme. Dans d’autres communautés il n’y a plus de respect des fonctions de chacun. D’où mes questions : Qu’est ce qui fait la différence entre un comportement respectueux de l’autre et un comportement abusif ? Par crainte d’être dans l’abus de pouvoir doit-on abandonner ses responsabilités ? «

dimanche 1 mars 2020

Assange ou Polanski? L'immunité du cinéaste ou l'immunité du lanceur d'alerte?

Je publie ce billet du Croissant de lune en défense de l'asile politique qui devrait être selon lui accordé par la France à Julian Assange. Je suis quant à moi réservé sur le personnage. Voilà un bonhomme qui roule peut-être pour lui-même et qui, ès qualités, représente un nouveau genre d'espion, un hacker, qui dévoile les câbles de pas mal de chancelleries, qui s'abrite derrière le statut tout nouveau de "lanceur d'alerte", censé protéger des traîtres à leur entreprise ou à l'organisation pour laquelle ils travaillent, qu'on arrête, qu'on persécute peut-être en l'accusant de tous les crime dont celui de viol, ostracisme assuré sous l'ère du féminisme indiscutable (il n'y a plus d'allumeuses, il n'y a plus que des violeurs), mais qui pleurniche alors qu'il a pris des risques, qui demande l'asile politique à des alliés des pays auxquels il a nui, se plaint qu'on ne le lui donne pas et pourrait bien se comporter, si on le lui donnait, comme un Piotr Pavlenski en raison d'une ingraatitude systématique de ce genre d'agités et pas seulement à cause de l'avocat que l'un et l'autre ont d'abord contacté, avant de constater que c'était un Rastignac reconverti dans le pamphlet, certes bien informé, mais qui rue dans les salons au nom duprolétariat de manière un peu vaine.

"La France telle qu'elle est gouvernée depuis ces dernières années a-t-elle des principes qui fondent la morale publique et la loi, ou la France n'a-t-elle que des valeurs haussières, baissières et assymétriques qui fondent l'hypocrisie? Apparemment c'est la seconde proposition qui est la bonne, la France ne cesse de parler de valeurs, les valeurs de la République et tout ça, donc je prends le mot "valeur" et je découvre que les valeurs sont plutôt baissières à la bourse ces derniers jours, comme la parole de la France.

A-t-on jamais proposé droit d'asile au fugitif Assange poursuivi d'une justice politique? Non, on décore et on honnore en revanche le cinéaste Polanski qui n'a fui la justice de son pays qu'à la suite de plaintes d'abus de filles mineures. L'un est poursuivi pour révélation de scandales, de crimes, tandis que l'autre se soustrait à la justice et trouve refuge pour accusations de faits crapuleux.

Enfin, ce n'est même pas ainsi, ne comptez pas sur moi pour acréditer qu'une France héroïque soustrait Polanski injustement poursuivi en Amérique pour faits d'abus, non, ça j'y crois pas une micro-seconde, Polanski n'a trouvé refuge en France que parce que l'Amérique a laissé faire, a autorisé nuitamment sa situation de réfugié indû.

Comme on l'a bien vu avec la lamentable affaire Benjamin Griveaux, toute la crasse politique Française est solidaire des lubriques, c'est la vie privée, c'est la vie privée. Mais la France tourne le dos aux journalistes d'investigation qui révèlent de grandes choses et prennent des risques pour la Liberté! La liberté d'expression en France est sacrée si vous êtes Charli-Hebdo, liberté du fou du roi qui raille à sa guise ceux que le roi tient à distance, voilà à quoi se réduit la liberté d'expression en France aujourd'hui, mais pas un gouvernant Français ne fut assez téméraire et épris de vraie liberté pour offrir l'asile à Julian Assange coupable d'aimer la liberté.

La comparaison avec Polanski est encore plus pertinente si on se souvient pour quel motif le journaliste s'est réfugié dans l'ambassade de l'Equateur. Il était sous le coup d'une poursuite Suédoise, poursuite de la Justice Suédoise auto-saisie sans plainte formée. La Suède est un pays byzarre, féministhan imbattable. Séjournant en Suède, si j'ai bien compris, le journaliste sort en boîte de nuit ou autres lieux, voilà qu'il rencontre deux femmes, oui deux, elles l'amènent chez elles pour finir la nuit. Alors la liberté des moeurs féminines et maximale là-bas tandis que l'homme a des contraintes dans ce domaine. Il faut s'assurer que la femme est consentante à n'importe quel moment, si possible par écrit, quelque chose ne s'est pas passé de façon aussi féministe qu'il aurait fallu, mais les filles ne se sont pas plaintes. Elles ont semble-t-il raconté les circonstances nocturnes sur des réseaux sociaux, on s'en est servi pour poursuivre le journaliste qui a juste un peu enfreint ou failli enfreindre l'étiquette féministe qui prévaut en Suède, ce n'est pas qu'un paradis. On n'y trouve pas que des écolottes, des militantes engagées, il y a aussi des bavardes, des mijaurées. Nulle part au monde ça ne ferait prétexte à poursuivre, mais la liberté des moeurs Suédoises s'agissant des hommes est surveillée et mieux vaudrait pour le coup si on est aventurier, ne rien faire sans se filmer des fois que. Ah mais non, on exposerait la vie privée des filles, alors j'ai pas de sollution, sauf leur faire signer un contrat détaillé avant, enfin je sais pas. Donc la sexualité n'est pas vraiment libre en Suède, l'accusation d'abus peut ne reposer que sur des vétilles, des brindilles, mais quelle idée aussi de finir la nuit avec deux filles en même temps, forcément, on en rendra une jalouse. Elles ont bavardé, puisqu'aujourd'hui on n'a plus le droit de faire ces choses sans en régaler ses amies et copines des réseaux d'un rapport factuel détaillé.

La Suède qu'on croyait libre a fléchi sous la pression Américaine et fabriquer une auto-saisine de justice à partir de bavardages féminins normalement négligeables, ces deux sottes regrettent un peu trop tard d'avoir servi contre leur amant d'une nuit. Donc la justice Suédoise a saisi l'Angleterre où le journaliste se trouvait d'une demande d'extradition pour cette affaire arrivée opportunément après le dossier Américain, c'était donc pour livrer le journaliste à l'Amérique, pas pour les frasques nocturnes bénignes au regard de ce qui se pratique en bien des lieux. Mais comment ce journaliste de haute qualité partage-t-il des nuits avec des imbéciles, ça me déçoit de sa part, ne pouvait-il trouver quelque femme intelligente et cultivée ou même deux?

Réfugié dans l'ambassade de l'Equateur pendant des années, mais à la faveur d'un de ces coups d'état que l'Amérique prédatrice fomente, la gouvernance de ce pays a changé, s'est droitisé et fâchisé et a trouvé honnorable de laisser rentrer les forces Britanniques de l'Ordre venues se saisir du fugitif.

Moi qui croyait que le Brexit augmenterait l'indépendance et la souveraineté Britannique, me voilà édifié, pas une once de fierté, la justice Britannique fait en ce moment le procès de Julian Assange pour décider de son extradition. Sachant bien que la liberté sous caution est peu envisageable, elle ouvrirait trop opportunément la porte à un enlèvement genre des frégates de Taïwan et autres scandales.

La liberté au singulier est un principe exigeant, non pas une valeur, tolérer un seul manquement à ce principe c'est renoncer à laLiberté, elle n'est pas variable, haussière ni baissière, elle ignore la transaction de vente et d'achat, on ne marchande pas la Liberté.

Souvenez-vous du chant des enfants de Filastine, connu de tous les enfants du monde qui dit à peu près ceci:

"J'avais un oiseau dans une cage en or,

Il m'a dit ma Liberté ne se paye pas d'or."

On voit que la Suède, l'Angleterre mais aussi la France marchandent la Liberté de Julian Assange, donc la Liberté de tous. Et j'éreinte la France de mon procès inflexible, d'aucuns me qualifieront de sé-pa-ra-tis-te, qualité à la mode. Alors oui, je suis séparé de la France qui dans ses actes s'éloigne de ses dires, oui, séparation revendiquée qui n'est pas pour plaire aux coeurs variables qui ont des valeurs parce qu'ils n'ont plus de principes.

Croissant de lune."

La nouvelle sainteté

Posté sur le blog de René Poujol.

Je trouve extrêmement profonde la remarque de Marcel comby, selon qui la tentation la plus intime que doit affronter Jésus, c'est de se prendre pour Son Père, Lui qui ne cesse de dire qu'Il ne dit rien qui ne Lui ait été transmis par son Père, Lui, la Parole, qui parle comme un porte-parole, Lui qui vit Sa condition de fils dans toute la radicalité que sa racine hébraÏque donne à ce mot de "fils", où le fils est la cible du père, le père envoyant la flèche de cupidon dans le fils et toc ! Voici sa vocation décidée, son orientation déterminée: le Fils doit aller dans la direction indiquée par le Père et le Verbe se faire porte-parole, à nous en faire perdre la comprenette, nous, enfants de la psychanalyse , qui sommes persuadés que le fils ne peut s'affirmer qu'il n'ait tué le père. Il y a de quoi nous faire désirer être désaffiliés, pratiquer une religion de la désaffiliation, nous qui, disciples du Fils, sommes conduits à ambitionner d'être des fils à la suite du fils, et chantons quelquefois: "Pour que l'homme soit un fils", Est-ce vraiment indispensable?

Là-dessus, Guy Legrand nous a précédemment écrit qu'il était tout à fait étranger à la notion de sainteté. Pour parler comme en Provence chère à René, Pagnol et Jean giono, "ça me fait peine", ça fait peine au catholique viscéral que je suis, à celui dont la religion catholique (et non seulement la foi de l'Eglise apostolique et romaine) constitue la colonne vertébrale. Devrions-nous nous protestantiser jusqu'à abandonner notre culte des saints?

Heureusement que Michel de Guibert nuance l'impératif de Guy: il aime la fête de tous les saints, moi aussi. Et il l'aime comme on me l'a apprise. Il l'aime comme la célébration de la victoire du "peuple immense de ceux qui ont cherché" Dieu et L'ont trouvé puisque qui cherche trouve en régime chrétien, ou de tous les "saints inconnus" pour qui fut composée une prière et qui ne sont pas assez souvent invoqués. C'est la fête de ma grand-mère et d'autres amis que j'ai connus. C'est aussi la fête de Jean-Paul II qui m'a caressé la joue et, si j'en crois la "vox populi", de sœur Emmanuelle avec qui je me suis engueulé un soir, rue du regard. Toujours selon la rumeur médiatique, c'est la fête de l'abbé Pierre, qui s'arrangea pour qu'on ne le canonisât pas, en confessant quelques "liaisons passagères" dans le livre co-écrit avec frédéric Lenoir, "mon Dieu, pourquoi?".

Simone weil dans ses cahiers à la veille de sa mort, se disait en quête pour l'Église d'une "nouvelle sainteté". Moi aussi. Est-ce la sainteté de ceux qui "pratiquent la justice", impératif éthique auquel essaie de se borner Guy dans le sillage de sa grand-mère juive? Mais quitte à me protestantiser à mon tour, que ferais-je de cette parole qui a tant torturé Luther: "Il n'y a pas un seul Juste devant Toi, pas même un seul". "Le juste vivra par sa foi", tempère Abacucq. Non, dit Luther. Seul Jésus-Christ justifie. On est justifié par sa foi dans le seul juste. Dieu Seul est Juste, Dieu Seul est Saint. Tout au plus, peut-on pratiquer une morale conséquencialiste afin d'être conséquent avec sa foi, par gratitude envers Celui qui nous a justifiés. Mais la sainteté n'est pas une affaire morale. Ou pour renverser un pilier du dogme à propos du bois dont on fait les ssaints, la sainteté n'est pas fonction d'une héroïcité des vertus. La sainteté n'est pas affaire de vertu. La sainteté n'est pas fonction d'une proximité supposée avec Dieu. La sainteté n'est irréfutable que dans la mesure où Jésus S'est identifié à celui que l'Eglise a déclaré, et le plus souvent a oublié de déclarer saint.

L'Eglise déclare saint celui qui donne aux pauvres, Jésus S'identifie au pauvre. Donc le pauvre est saint par position. Et le pauvre est d'autant plus saint qu'il n'a pas conscience que Jésus S'est identifié à lui et partage sa vie misérable.

Ce sont les pauvres et non ses bienfaiteurs que l'Eglise devrait élever sur les autels. Les bienfaiteurs des pauvres sont toujours suspects d'être des pharisiens. Leur main gauche pourrait trop bien savoir ce que donne leur main droite. Ils font une transaction avec le ciel. Ils investissent sur une transfiguration prévisible de Jésus dans le pauvre, ils n'aiment pas le pauvre comme Jésus.

La sainteté n'est pas affaire d'odeur ou de proximité ressentie du mystique avec Dieu ou supposée par les autres de ce mystique avec Dieu. La sainteté n'est pas subjectivement affaire de charisme, elle est objectivement affaire de pauvreté matérielle, intellectuelle, morale, psychique, de cœur, que sais-je. Le saint ne peut pas s'appuyer sur sa sainteté et les autres ne peuvent présumer du charisme d'un être d'exception pour se figurer que c'est un saint. Le saint n'est pas l'accompagnateur du pauvre, c'est le pauvre.

Voilà la "nouvelle sainteté" en laquelle je crois. On m'a dit que le P. François Liebermann aurait eu une intuition de ce genre. Je n'ai pas vérifié, mais m'y retrouve paravance.

Et voilà résolue par là même mon inaptitude, la mienne propre ou l'inaptitude humaine à être fils. Je suis un fils d'autant plus accompli que je suis allé sans le savoir dans la direction donnée par Dieu, non du fait d'une Volonté indomptable et indiscutable qu'Il aurait eue pour moi, d'un Projet ou d'un Plan qu'Il aurait fait sur moi, mais du fait d'une Identification qui m'aura échappé, à laquelle je me serais laissé gagner sans le savoir, l'Identification étant le commencement de la divinisation : "Dieu S'est fait homme pour que l'homme devienne dieu!"

Jésus peut avoir eu conscience de Sa condition de fils ayant surmonté la tentation d'être l'égal de Son Père, mais pas moi. Si je joue à être un saint, moi le fils à la suite du Fils, alors je vais me faire appeler Père ou maître. Alors je vais devenir un gourou, avec toutes les dérives abusives qui passeront à ma portée. Alors je vais acquérir de la notoriété spirituelle. Ou bien je vais devenir un psychologue qui cédera au transfert, comme supplie François-Jean qu'on le laisse faire. Très peu pour nous. Soyons des saints à la manière de la prostituée qui ignore qu'elle précède le pharisien dans le Royaume des cieux. Dépouillons-nous des oripeaux de la belle apparence et de l'image de soi pour retrouver l'Image de Dieu et devenir des saints par Identification, à la Ressemblance de Jésus, le Seul Saint.