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mercredi 25 octobre 2023

Emmanuel Macron a-t-il réussi son voyage en Israël?

Réponse à Philippe Bilger.


Justice au Singulier: Le président a su quitter le "en même temps", bravo ! (philippebilger.com)


"Bravo"? "Brillamment", applaudissez-vous, cher Philippe Bilger. Parce qu'Emmanuel Macron aurait "réussi" son voyage en Israël? Si réussite il y a, c'est une réussite à l'instar de son voyage au Liban ou de ses entretiens avec Vladimir Poutine, celui-ci snobant son visiteur en l'asseyant à l'autre bout d'une table de cinq mètres de large pour bien prendre ses distances. 


Voyage réussi en quoi? "Les Etats-Unis n'ont pas prêté la moindre attention à l'idée française" de "coalition internationale" contre le Hamas" à laquelle aucun pays arabe [ne] participerait, ce qui enlèverait à l'initiative toute sa vigueur et son intérêt, même si le président a précisé qu'il ne s'agirait pas d'opérations militaires à Gaza." Donc élargissement d'une coalition sans intérêt militaire ni symbolique, initiative mort-née, morte et enterrée, donc réussite réduite à néant, d'autant que le seul plan symbolique où elle aurait pu signifier quelque chose rappelle malencontreusement la proposition de guerre contre le terrorisme de George Bush au moment même où Joe Biden, de retour d'Israël où il nous a assuré que le Pentagone avait des preuves qu'Israël n'avait pas attaqué l'hôpital Al-Ahli -ce qui nous rappelle avec émotion Colin Powell assurant, des petites fioles à la main,  que les États-Unis avaient des preuves irréfutables sur la détention d'armes chimiques par l'Irak de Saddam Hussein-, mettait en garde Israël contre une réplique onze-septembriste dont le président des États-Unis disait qu'elle avait provoqué des "erreurs" pour ne pas avouer qu'elle avait été une erreur; et le mot est faible pour qualifier la destruction d'un pays, l'Afghanistan, et sa remise aux mains des Talibans. Belle victoire, aussi belle que l'échec de l'opération Barkane et des interventions françaises en Centrafrique ou au Mali. 


Emmanuel Macron n'a donc pas emporté l'adhésion de ses partenaires sur l'élargissement de sa coalition internationale qui n'aurait fait que creuser le fossé entre Proche et Moyen-Orient et Occident, entre "croisés" et anti-croisés,ou contre-croisés, pour employer la rhétorique islamiste et non tiers-mondiste du bloc occidental qui, dans une géopolitique bourdieusienne, réduit le monde à être un affrontement de dominateurs à dominés. 


Au moins son voyage est-il réussi pour ce qui est de recréer "l'union nationale"? Pas plus. "On doit constater qu'il a été peu suivi dans ce souhait. Il me semble même que l'intensité belliqueuse sur le plan politique augmentait à proportion de ses désirs d'apaisement." (PB) 


La faute à Mélenchon? "Malheureusement on ne peut que regretter l'obsession de Jean-Luc Mélenchon de faire bande à part dans une sorte de trotskisme échevelé, sa volonté de dissidence à tout prix le mettant sans précaution sous le risque de l'antisémitisme, avec une impérieuse domination sur un petit cercle condamné à d'effarantes arguties pour suivre le "maître"." 

Peut-être bien que Mélenchon a pris de grandes distances avec son désir d'union sacrée depuis les attentats de Charlie dont les morts étaient ses vrais copains. Mais pour aboyeur et violent que soit le langage de Mélenchon, il a raison de ne pas céder au chantage à l'union sacrée que le président de la République fait au pays, plus il gouverne mal, et ce depuis la Covid. "Debout, assis, couché, tous vaccinés, tous protégés, tous confinés, tous déconfinés, il faut "faire bloc" dans le bunker. On dirait que plus absurdes sont les raisons d'une guerre mondiale (et l'escalade de la Grande guerre devrait nous avoir donné des leçons), plus le gouvernement essaie de la résoudre en appelant à l'union sacrée, en réprimant les mutineries et en fusillant pour l'exemple  les nouveaux mutins de 14 que sont, dans la circonstance, les soignants suspendus après avoir été applaudis, suspendus sans jamais être payés, suspendus parce que non vaccinés, alors que l'hôpital est au plus mal. (Cf la chanson "le Bon berger" de Jean Guidoni:


https://www.youtube.com/watch?v=EEg1M6P8B3Q


Alors  le voyage d'Emmanuel Macron serait-il réussi parce que "pour une fois, dans le fond et la forme il a échappé avec une sobriété remarquable à cette légère touche de narcissisme qui souvent a altéré ses propos en France, même les plus émouvants, à la suite des tragédies ayant endeuillé notre pays. Comme s'il s'écoutait pleurer et parler en même temps !"?

L'enjeu du voyage présidentiel aurait donc été une simple bataille contre lui-même et vous  mettez ce que vous considérez comme une victoire psychologique à son crédit international. Si nous en sommes là, c'est que l'équilibre de notre monarque républicain est tombé bien bas.  


Mais cette victoire psychologique a-t-elle eu lieu? Non, si l'on considère que la seule réussite de notre président a consisté comme d'habitude à lui permettre de voir  beaucoup de monde comme il adore le faire en confondant le fait de voir du monde et d'être un grand de ce monde. 


Ah certes, il a sorti Mahmoud Abbas de sa léthargie. Il l'a ressuscité pour pouvoir se montrer et montrer qu'à la différence de Joe Biden qui en est une autre, Macronimo est reçu par "la momie" de Palestine, ainsi que les Algériens surnommaient Bouteflika au crépuscule de son règne. "La démocratie israélienne" favorise jusqu'à plus soif le règne de Mahmoud abbas, qu'elle a d'abord installé à la tête de l'autorité palestinienne en tempêtant partout qu'il n'était pas normal que la Palestine n'organise pas d'élection présidentielle. Puis l'autorité palestinienne a organisé des élections municipales dans la bande de Gaza, le Hamas les a gagnées, Israël a fait de Gaza un ghetto et Mahmoud Abbas a été confiné à Ramallah sans qu'Israël ne songe plus jamais à remettre son mandat en jeu. 


"Le président de la République va rencontrer le roi de Jordanie et le président égyptien", vous voulez dire le putschiste du Caire, "ce que le président Biden n'avait pu faire", la belle affaire! Le narcissisme d'Emmanuel Macron, loin d'avoir faibli, a réussi à lui faire voir du monde pour exercer sa conception très particulière du bilatéralisme ou du multilatéralisme: parler à tout le monde sans aucun résultat, mais pour le plaisir de dire que l'on parle à tout le monde, qu'on doit le faire, qu'on peut le faire, qu'on est cap, qu'on en est capable, car on est capable, on est le plus capable des présidents du monde, donc on devrait être le chef d'État du monde entier, Joe Biden peut craindre pour sa succession, Macron va la briguer, Trump ne fera pas le poids, personne ne résistera et Poutine a beaucoup apprécié de voir ses entretiens divulgués par la diplomatie française. Il aurait mieux fait de rester dans sa salle de sport.


Reste le sujet principal que vous avez de vous réjouir: Emmanuel Macron a réussi à sortir du "en même temps". Encore une victoire sur lui-même qui n'emporte que lui-même et à quel prix? "Une balance subtile et surtout pas égale." "Un soutien inconditionnel" contre "une commisération simplement humaine". Même Yaël Braun-Pivet est sortie de son "soutien inconditionnel à Israël" qu'elle a ramené à un soutien inconditionnel à l'existence d'Israël. Cette "balance subtile mais surtout pas égale" prouve qu'aux yeux de la France qui n'en finit pas de se sentir coupable de sa défaite de 1940 et de s'être livrée au maréchal Pétain qui lui avait fait don de sa personne jusqu'à se laisser condamner à mort et laisser commuer sa peine en exil, une vie israélienne vaudra toujours dix fois plus qu'une vie palestinienne? De même qu'une vie américaine vaut sans comparaison davantage qu'une vie afghane puisque la dérive onze-septembriste est la même que la riposte israélienne et que Joe Biden, dont le pays ne s'est pas mouillé dans la collaboration, peut dénoncer la vigueur de la riposte israélienne. La France, elle, ne le peut plus. Elle dit qu'elle ne le peut plus, car elle refuse de parler de sa voix, de prononcer son message et d'articuler celui-ci selon sa vocation. On tombe toujours du côté où l'on penche et le voyage d'Emmanuel Macron est raté parce que ce président déséquilibré n'a jamais songé à retrouver la position équilibrée de la France dans le conflit israélo-palestinien et à y tenir une balance égale et non subtile entre Palestiniens et Israéliens. 

mardi 24 octobre 2023

Avoir un enfant

Faut-il encore engendrer dans un monde en guerre et sur uneplanète qui menace la saturation? Philippe Bilger qui la pose sur son blog (Justice au Singulier: L'enfant : à éviter ou à vouloir ? (philippebilger.com) m'a donné envie de réfléchir à la question.


Dans mes moments de déprime, je me suis souvent dit que mes parents avaient fait preuve d'une grande irresponsabilité en m'engendrant pour me livrer à une telle tourmente et ma vie a été plus que tourmentée. Pourtant je leur sais gré de m'avoir mis au monde (j'étais l'enfant d'un dernier raccord, la dernière chance de leur couple qui malgré moi n'a pas tenu). Je leur en sais gré parce qu'ils m'ont aimé, ils m'ont bien éduqué. Ma mère qui entre dans les difficultés du grand âge m'a appris à apprivoiser la cécité et à ce que je n'en conçoive pas un complexe. Ce n'était pas rien et j'ai vu peu de mères faire aussi bien. Elle m'a mis devant un piano pour m'apprendre à improviser et c'est grâce à cela que je suis devenu musicien. Donc mon procès en irresponsabilité est surplombé par une infinie gratitude qui est ma façon d'honorer mes parents.

Je regrette que le versant négatif de la psychanalyse, si utile par ailleurs (et mon frère qui en est un zélote a fini par me convaincre de devenir un pratiquant) soit de nous avoir appris à déshonorer nos parents. Je fais à cette discipline un autre reproche qui est une forme de stoïcisme pratique, masqué derrière la promesse de connaissance de soi et de sublimation de ses tendances, alors qu'elle est plutôt une manière de nous apprendre pourquoi le refoulement est nécessaire et que le principe de réalité l'emporte nécessairement sur le principe de plaisir, lequel a partie liée selon Freud à la pulsion de mort. Mais c'est un autre débat.

Je n'ai pas eu d'enfant, mais j'aurais bien voulu. Dans ce désir, je ne me suis pas un instant interrogé sur ma responsabilité de mettre au monde. Car le monde sera ce que les enfants en feront et il est peu probable que les générations futures retiendront les leçons des échecs des générations passées, l'actualité est là pour nous le démontrer.

Dans mon désir d'enfants qui n'ont pas vu le jour, Je me disais que je m'efforcerais d'être un bon père (je crois que je n'y serais pas parvenu) et de les aimer, ce qui m'aurait été facile, même si je prévoyais que je ne m'intéresserais à eux que du jour où ils auraient acquis la faculté de la parole et cessé d'être des "infantes" , des êtres sans parole. Je suis un homme de parole, un aveugle auditif. C'est l'autre raison pour laquelle je ne souffre pas beaucoup de ma cécité.

Mon père répétait souvent qu'un bébé était un tube digestif, ce n'est pas très gentil. Personnellement, j'ai peur des bébés. Ce sont des petites choses (sic) trop fragiles dont je ne maîtrise pas les réactions, d'autant que je ne les vois pas. Beaucoup de gens à qui j'expose cette peur et cette conviction me répondent qu'aimer s'occuper d'un enfant vient tout seul. Ma phobie des chiens que je n'ai jamais pu guérir me fait croire qu'ils sont bien optimistes et que la relation aux petits d'homme est chose singulière. Élisabeth Badinter dit que l'instinct maternel n'est pas naturel, l'instinct paternel ne l'est pas non plus, pour autant que je le sache.

Je n'aime pas que l'enfant soit devenu un roi, mais je constate que l'enfant pose aujourd'hui à ses parents et à ses maîtres la question de l'anarchiste: "Qui t'a fait roi sur moi?" Autrefois, l'acceptation de l'autorité était plus naturelle. Nous avons changé. La dérive de l'enfant roi a également un versant positif: c'est que les parents aiment aujourd'hui beaucoup plus leurs enfants qu'ils ne les aimaient autrefois. C'est peut-être parce qu'eux-mêmes sont restés des enfants et que la relation est moins verticale qu'une relation horizontale où les parents sont des enfants comme les autres, sont des enfants comme leurs enfants. L'enfant du divorce que je suis les trouve irresponsables de divorcer pour un oui, pour un non. Mais ils suivent le conseil de Françoise Dolto et expliquent leur mésentente à leurs enfants et leur besoin de "refaire leur vie" à une exception près: l'amour pour leurs enfants qui n'est pas négociable.

Les parents ont peut-être tort d'être les frères de leurs enfants, mais qu'y faire? Tony Anatrellla diagnostiquait à raison que le trait principal de "la révolution 68" tenait à ce que la morale des frères se soit substituée à la morale des pères. C'est un fait qui interdit aux fratries de nos sociétés qui ne sont plus des "hordes primitives" d'absorber leur père dans un "repas totémique" comme Freud en émettait l'hypothèse délirante dans "Totem et tabou".

Les "parents-frères" permettent à la relation parents-enfants d'échapper à ce qui en était le drame: les deux parties étaient condamnées à se décevoir mutuellement, ce n'est plus une fatalité.

Simone de Beauvoir, que je tiens pour la plus grande mémorialiste du XXème siècle avec une écriture à la fois acérée, à la serpe et très spirituelle ce qui est un tour de force tout à fait remarquable et paradoxal, dénonce à raison que le désir de se perpétuer et de se reproduire "[rabâche]" à l'infini une même ennuyeuse ritournelle", mais c'est une ritournelle instinctive. Le désir d'enfant ne s'interroge pas vraiment sur lui-même. C'est pourquoi il est vain de le qualifier de responsable ou d'irresponsable. De même que c'est un plus d'avoir été un "enfant désiré", mais la chance d'être né l'emporte sur le désir dont on a fait l'objet ou pas. La chance d'être né, oui, car c'est une chance de pouvoir faire quelque chose de sa vie. Et si j'en fais n'importe quoi, je n'ai à m'en prendre qu'à moi-même.

Un mot pour terminer sur la position de l'Église. Si j'adhère sans équivoque à son refus de l'avortement et de sa banalisation sociale qui tourne à l'inversion, qui a fait d'un délit dépénalisé "une loi fondamentale de la République" (on se croirait revenu en monarchie), je pense en revanche que, dans la mesure où l'Église est ouverte à la question aristotélicienne du contrôle des naissances, elle ne devrait pas s'opposer à la contraception. La lecture d'"Humanae vitae" est instructive à cet égard, car après avoir exposé toutes les raisons qui devraient plaider en faveur de la contraception, Paul VI conclut par un "non possumus" absurde au terme de son argumentation.

mercredi 11 octobre 2023

Olivier Faure ou le fort de la gauche

La politique est une question de caractère et Jean-Luc Mélenchon n'en manque pas, mais c'est un caractériel. Jean-Luc Mélenchon est un aboyeur qui nous casse les oreilles et les bourses et tous les députés LFI aboient pendant que la caravane passe. Car le premier commandement d'un insoumis, c'est d'imiter le chef. 


L'union de la gauche  qu'il a pourtant eu le génie de ressusciter en faisant des moulinets pour se faire élire premier ministre au lendemain de sa défaite à la présidentielle, était impossible sous sa bannière alors que la gauche plurielle a réussi sous celle de Lionel Jospin qui se définissait comme un "austère qui se marre", mais était un homme plein de hauteur et de retenue, bien que son hyper-thiroïdie lui ait fait quelquefois perdre le contrôle de lui-même dans des incidents parlementaires que la véhémence d'aujourd'hui, qui renoue avec les beaux jours du tribunicialisme d'assemblée, nous fait voir comme de la petite bière, comme ce jour où il s'est dit fier de compter des communistes dans son gouvernement, malgré les précédents totalitaires de ce parti qui refusait de changer de nom. 


Jean-Luc Mélenchon se proposait de séduire les "fachos pas fâchés", mais il ne croit que dans la "conflictualité". Il prend acte à juste raison que la démocratie n'est pas le consensus, mais le clivage; mais c'est pour en déduire que le clivage  se résout dans la conflictualité, et non dans la discussion qui est l'art de la démocratie par excellence (Edwy Plenel la définit joliment comme une "conversation"). Or le conflit  accentue le clivage et ouvre la porte à la violence. "L'humain d'abord" qui devrait réparer notre société fracturée selon Jean-Luc Mélenchon, est une humanité conflictuelle et donc violente. Or la violence ouvre les fractures et ne les ferme pas.


François HOllande a anéanti le parti socialiste à force de ne pas avoir les épaules pour trancher et en choisissant l'inventeur du concept des "deux gauches irréconciliables" comme premier ministre. Il voulait réparer la société soi-disant fracturée par Nicolas Sarkozy et il a choisi pour ce faire un premier ministre plus clivant que ce président transgressif. Il disait que son ennemi était la finance et il nous a présenté le candidat de la finance pour être son successeurs. Il a détruit la sociale démocratie en la transformant en social-libéralisme sous l'impulsion des Gracq. 


Manuel Valls a été le fossoyeur de la gauche, Emmanuel Macron est celui de la France et Jean-Luc Mélenchon est celui de l'union de la gauche. Il a démontré, en la réunissant sous sa férule, que ce qui avait été possible sous François Mitterrand et le parti socialiste ne l'aurait jamais été sous Georges Marchais et le PCF.  


Un autre paradoxe de ce personnage haut en couleur, mais viscéralement violent qu'est Jean-Luc Mélenchon (j'ai déjà eu l'occasion d'écrire que la main d'Adrien Quattenens qui avait giflé sa compagne n'était que le prolongement de la violence de Jean-Luc Mélenchon que je soupçonne de n'être pas que verbale) est qu'il se présente comme insoumis et opposé au pouvoir personnel, au rebours de celui qu'il exerce en faisant régner la terreur dans son écurie, traitée cavalièrement par sa cavalière Sophia Chikirou, comme un numéro de "Contre-enquête" vient de l'illustrer. Les gens intéressants sont pétris de paradoxes et Jean-Luc Mélenchon est quelqu'un d'intéressant. 


Ce n'est pas parce que je sens toutes les limites du maître des insoumis que je fais pour autant confiance à François Ruffin. D'abord parce que des gens de sa ville-ville-ville m'en ont bien parlé, maman (allusion à "la Pêche aux moules-moules-moules" du "Petit rapporteur" et parler, c'est rapporter). Ils me l'ont décrit comme un illusionniste qui n'avait nul souci réel des gens qu'il prétendait défendre à grand bruit dans "Fakir", sa feuille de chou d'agitation locale. Et de fait je n'aime pas ce tropisme américain qui lui fait prendre des exemples de veuves et d'orphelins qu'il appelle par leur prénom pour mieux   feindre une proximité affichée avec eux qui, dans la mesure où il les connaît et où ils ne sont pas de purs personnages de fiction comme l'écrivain Chloé Delaume quicommençait bon nombre de ses textes en disant qu'elle s'appelait Chloé Delaume et qu'elle était un personnage de fiction, sont éventuellement venus lui exposer leurs ennuis dans sa permanence et lui raconter leurs malheurs dans son bureau des pleurs en comptant bien qu'il ferait le saule pleureur. Tous les candidats à l'élection présidentielle américaine usent de ce détestable subterfuge de prénommer leurs concitoyens pour en faire des exemples de leur  compassion surjouée. Dans "Merci patron", il s'est servi des Klur comme de faire-valoir.


François Ruffin a un tropisme hystrionique comme tous les membres de la France insoumise et comme généralement tous ceux qui parlent d'éducation populaire. Ils ne se voient pas comme des porte-parole du peuple, mais ils se prennent pour ses éducateurs et se rapprochent de lui en croyant parler comme lui, mais en parlant trop fort et de ce fait en parlant faux. Leur nouvelle égérie Annie Ernaux avait pourtant fustigé ce "parler fort" de la génération d'après-guerre qui l'avait fait souffrir, car jamais on n'était calme. Les conversations duraient jusqu'à pas d'heure.  Les tablées se prolongeaient sous le feu des boissons distillées qu'on absorbait d'abondance. On parlait de la guerre, on parlait fort et on claquait les portes. Le peuple s'est civilisé depuis, il a pris des manières. Aujourd'hui, les déclassés sont dévoués et s'ils crient quand on leur fait mal, c'est sans broncher qu'ils soutiennent le service public et que le "monde ne tient qu'au fil des filles gentilles", comme le chantait Laurent voulzy beaucoup plus doucement que ne rugit Jean-Luc Mélenchon ou que ne glapit François Ruffin. 


Ce dernier serait une valeur montante, mais de quoi a accouché "Nuit debout"? Et quels sont les bénéfices secondaires de la mue de Fabien Roussel en homme de droite? À quoi joue la gauche de la gauche? Seul Olivier Faure tient son rang et redresse la barre du parti socialiste. Vu comme il l'a ramassé dans le ruisseau, il a fort à faire et s'il arrivait à le redresser, ce serait un exploit. 

Israël, les données (et la réalité) uchroniques

"Quant aux gros malins qui soutiennent que la création d'Israël, en 1948, est moralement condamnable, car résolvant au détriment des Arabes un problème incombant à l'Europe, ils oublient non seulement la forte complicité arabo-nazie, mais les longs siècles durant lesquels les musulmans se sont employés à opprimer, chasser voire exterminer les Juifs. Et les chrétiens, faut-il le rappeler..." (Robert Marchenoir)


La question uchronique n'en reste pas moins essentielle. Fallait-il accéder, en 1948, sous la pression du terrorisme sioniste de l'Irgoun et du chantage de Nuremberg à ce qu'on n'appelait pas encore la "shoah",,  à la revendication sioniste d'une "terre sans peuple pour un peuple sans terre", à ce remède à la fois constructiviste et totalitaire d'un État-nation s'imposant comme un mandat alternatif sur des espèces d'ex-colonies ou d'ex-protectorats? Fallait-il créer l'État d'Israël et si oui, où fallait-il l'implanter? En "Palestine" mandataire, en Allemagne, en Afrique ou au Birobidjan?


"En Allemagne", revendiquent certains, pour faire payer aux agresseur une volonté génocidaire qui ne mérite pas de pardon. Mais une terre promise n'est pas une terre de revanche, elle est une terre de rêve. Les autres lieux envisagés par le sionisme ne l'ont pas été sérieusement. Il y a eu certes des connexions entre les islamistes et les nazis, mais c'st un abus de langage de parler d'islamo-nazisme. Yasser Arafat est né en Égypte, a été formé en Russie et a forgé la fiction palestinienne. La Palestine fut le nom d'une province romaine, mais sa réalité n'est pas un résidu et c'est une réalité arabe. 


Le sionisme était une hybridation et un controuvement. Hybridation et controuvement que la fiction d'un État laïque donnant au peuple juif la terre promise que Dieu n'était pas fidèle ou tardait trop à lui donner. Hybridation que cet État aux frontières de l'Orient et de l'Occident, de l'Allemagne yidiche et de la culture mozarabe.  Controuvement que cette stratégie de faire alliance avec les chrétiens d'Orient pour faire accepter le foyer national juif par les peuples mandataires. Controuvement que le sionisme qui serait un socialisme. Un emballement totalitaire et tribal pour rendre fertile une terre à conquérir. Puisqu'on n'est vraiment plus à ça près, et pas seulement à cause du point Godwin, mais à l'heure d'"Aube dorée" en Grèce, des Ukraino-nazis, des islamo-nazis ou de Poutine, le soviéto-nazi, Le sionisme a sans doute été un national socialisme avant la lettre. Mais ces insultes ou ces raccourcis historico-politiques sont totalement contreproductifs.


Uchroniquement, s'il avait fallu fonder l'État d'Israël sur des terres arables et arabes mandataires ayant vocation à reprendre leur liberté, 

il aurait fallu que cet État fût d'emblée binational, et le partage ne pouvait pas durablement résulter d'un plan de partition devant aboutir à une impossible solution à deux Etats. S'il reste une chance à Israël d'exister dans la durée sur cette terre arabe et avec, au coeur de sa souveraineté, un quartier arabe, Jérusalem Est,  au coeur de sa capitale prétendument éternelle, Jérusalem; si une chance existe pour pérenniser l'existence d'Israël menacé dans sa sécurité démographique, ce n'est pas de se rengorger de cette impossible solution à deux États, c'est de plaider pour un État binational, où chaque membre des deux ethnies majeures (entendue au sens ethnico-confessionnel), serait sous la juridiction de son appartenance principale sans revendication territoriale. Si l'on ne troque pas la solution de l'Etat binational contre l'impossible solution à deux États, à terme Israël n'existera plus, il sera balayé pour avoir perdu "la guerre des berceaux", et nous retomberons dans l'impasse historique et anachronique qu'a représentée la création de l'"État d'Israël", le seul État au monde dont il faut constamment préciser que c'est un État. On dit "l'État d'Israël" au cas où on en douterait... 


La création de l'État d'Israël avec une partition territoriale et sans que l'État soit binational a eu une autre conséquence anachronique et fâcheuse: c'est qu'on en est revenu à des guerres des temps bibliques, pour la durée des temps bibliques. On en est revenu non pas à une guerre de cent ans, mais à une guerre qui promet de durer huit cents ans si l'État d'Israël, en l'état si je puis m'exprimer ainsi, peut durer huit cents ans.

La France entre islamo-gauchisme et israélo-droitisme

Il ne faut pas "soutenir absolument Israël". Au nom de quoi le faudrait-il? Mais tout se passe comme si, à côté de l'islamo-gauchisme incarné par LFI qui était à l'origine un ramassis de vieux profs et n'intéressait pas beaucoup l'électorat musulman, il y avait désormais  l'israélo-droitisme de la bande à "Causeur" qui, d'Éric Zemmour à Éric Ciotti, nous assure que notre avenir est la libanisation israélienne comme il aurait fallu auparavant, selon Ciotti, que nos services de sécurité intérieure s'alignent sur l'infaillibilité des invincibles services de sécurité intérieurs israéliens, on voit aujourd'hui qu'il n'en est rien.


La France se débat entre l'islamo-gauchisme et l'israélo-droitisme, c'est-à-dire qu'il n'y a plus de gauche et de droite française. La rhétorique du nationalisme israélien prétendait qu'Israël était le dernier bastion où pouvaient se réfugier les juifs s'ils étaient persécutés ailleurs, quel est notre refuge à nous si nos partis politiques ont renoncer à penser en fonction de notre intérêt national? 


L'israélo-droitisme se répand jusqu'au RN qui reprend le flambeau du sarkozysme abandonné par tout le reste des Républicains. C'est le prix de sa déextrémisation, dédiabolisation, normalisation ou banalisation.


Reconnaissons à l'israélo-droitisme qu'il est fidèle à la tradition qui avait justifié la guerre d'Algérie par les attentats et les exactions, qui n'avaient certes pas été commises à cette échelle, du FLN dans le pays comme le Hamas a lancé une offensive d'une sauvagerie dont je ne vais certainement pas approuver la barbarie tortionnaire et les crimes de guerre, et j'emploie à dessein cette expression de "crime de guerre", car je trouve tout à fait honnête de refuser de les analyser avec Mathilde Panot comme des "crimes du terrorisme", car ce qualificatif ferme la porte à toute analyse politique d'un conflit en cours. Et si rien ne justifie la torture, les viols et les enlèvements qui sont pourtant le lot commun de toutes les guerres, Israël qui vit son 13 novembre a laissé Gaza être "une prison à ciel ouvert" confiée à la garde du Hamas sans que "la seule démocratie du Proche-Orient" s'insurge le moins du monde contre les pratiques anti-démocratiques de cette "organisation terroriste" ni ne s'élève comme par le passé contre le fait qu'aucune élection ne soit organisée dans le reste de la Palestine où Mahmoud Abbas, personnage devenu un fantoche inoffensif et bientôt nonagénaire installé par Israël, n'a jamais remis son mandat en jeu.


Oui, j'estime, non pas que Jean-Luc Mélenchon, mais que la France insoumise a eu un discours beaucoup plus mesuré et beaucoup plus équilibré à l'occasion de ce 13 novembre israélien qu'elle ne l'a eu contre la guerre en Ukraine, Israël n'ayant jamais soutenu les Ukrainiens comme les Européens se sont mouillés pour le faire au risque de transformer leur Europe de la paix en Europe de la guerre. Mais surtout, l'islamo-gauchisme de LFI s'est montré beaucoup plus équilibré dans l'analyse du traumatisme causé par le Hamas que dans son soutien unilatéral des émeutiers contre les policiers à l'occasion des échauffourées qui ont suivi la mort de Naël, ce héros de notre patrie qui n'a jamais rien fait pour elle et ne promettait pas beaucoup sur ce chapitre patriotique. La dissymétrie de ce discours islamo-gauchiste, équilibré au Moyen-Orient et unilatéral en France ou en Europe de l'Est, tient à ce qu'il n'y a plus de politique française. C'est peu dire que c'est regrettable.


Les Israéliens n'ont rien fait pour éviter leur 13 novembre alors que, même si François Hollande était très va-t-en-guerre en Syrie, nous n'avons jamais maltraité nos immigrés. Mais les Israéliens ont déjà commencé de transformer leur 13 novembre en 11 septembre en coupant l'eau et l'électricité de tous les Gazaouis et en envahisant la bande de Gaza. Car qu'a produit le 11 septembre? Après la chute du temple du Capital qu'étaient les tours jumelles et la leçon difficile à avaler pour les Américains qu'ils n'étaient pas invincibles, celle qu'ils en ont tirée fut la guerre contre le terrorisme, c'est-à-dire la guerre mondiale contre la guérilla, et plus tragiquement la guerre de la coalition contre l'Afghanistan, qui s'est soldée par la remise du pouvoir afghan aux mains des Talibans, quelle grande victoire! Voilà qui en dit assez long sur les ripostes disproportionnées dont les commanditaires estiment que certaines vies valent plus que d'autres. 

Virginie Calmels ou la droite Endémol

J'étais déjà surpris qu'il y ait la droite Pradier qui est tellement sociale qu'elle est un OVNi par rapport à ce que la droite comptait de plus social à savoir le giscardisme, d'autant qu'Aurélien Pradier se réclame du chiraquisme, qui n'avait de social que le refus de bouleverser les équilibres sociaux par peur de la rue après le traumatisme causé par la mort de Malik Oussekine. La droite pradier devrait s'allier à François Ruffin. 


Mais j'apprends grâce à l'entretien accordé par Philippe Bilger à Virginie Calmels qu'il y aurait aussi une droite Endemol, une droite dont la chef de file, Madame Calmels, tient à dire qu'elle n'est pas une droite molle, puisqu'elle est régalienne. Une chef de fil qui, avant d'être grossièrement lourdée de son parti jusqu'à ne pas avoir le droit de se présenter à sa présidence, ne voulait pas "céder aux sirènes du macronisme" sans qu'on voie très bien ce qui distingue celle qui retrace sa carrière en disant qu'elle n'a jamais su faire que des start-ups du leader de la start-up nation avec qui, comme Rachida Dati, elle préconise désormais que sa famille politique passe un accord, sans doute dans l'espoir, caressé également par Rachida Dati, d'en devenir le premier ministre (ou la première ministre, comme on dit dans la novlangue française qui ne connaît plus le neutre au nom du dégenrement ou de la dégénération morphologique appelée "écriture inclusive", aux conséquences syntaxiques incalculables).


Virginie Calmels a beau être à la tête de la "droite téléralité", l'imaginer passer un ticket avec Macron (à défaut d'avoir un ticket avec lui) serait plus réaliste que l'hypothèse Rachida Dati seulement caressée par cette élue attachante et caressante. Car enfin miss Calmels et messire Macron ont le même logiciel et le même mode opératoire de dépolitisation et de déconscientisation des masses. 


La vraie question est de savoir pourquoi Alain Juppé a repéré et distingué Virginie Calmels jusqu'à envisager dans un bar du VIIIème, au cours d'une conversation informelle, d'en faire sa première dauphine à Bordeaux sans qu'elle ait encore fait aucune preuve et pourquoi il a appelé en politique une femme qui ne s'y voyait pas. Serait-ce que, sous "l'identité heureuse", se cache une désidentification totale et méthodique? Et le philippisme a-t-il partie liée à ce vide sidéral et à ce pourrissement télévisuel qui prend aujourd'hui les masques de la régénération tactique et pragmatique du logiciel politique? Mais il est vrai que Dominique Ambiel était déjà la plume de Jean-Pierre Raffarin. 

mardi 10 octobre 2023

Le 13 novembre d'Israël

Israël ne constitue pas les "limes" limes" du bloc occidental. Le peuple d'Israël est celui de nos pères dans la foi. Nous lui devons respect et gratitude pour ce rôle prépondérant. Un psaume chante dans l'office des laudes que "chaque homme est né là-bas" (à Sion). C'est vrai du point de vue spirituel et  dans l'histoire des deux derniers millénaires, pour ses acteurs prépondérants, dominants et saillants. Chaque homme est né là-bas et chrétiens et musulmans sont des "enfants d'Abraham".

 

Mais la vénération que doit l'Occident à Israël qui est le nom d'un peuple et lenouveau nom de Jacob, non celui d'un pays, nom qui au passage se traduit par "fort contre Dieu" ou "en lutte avec Dieu", s'arrête aux frontières de la gratitude. Elle n'embrasse pas le projet hybride et controuvé de "l'État des juifs" imaginé par Theodor Herzl après l'affaire Dreyfus pour faire pièces à l'antisémitisme européen et au pogrome intellectuel dont les juifs ont souffert pendant tout le Moyen Âge et le XIXème siècle. Hybridation et controuvement que la fiction d'un État laïque donnant au peuple juif la terre promise que Dieu n'était pas fidèle ou tardait trop à lui donner. Hybridation que cet État aux frontières de l'Orient et de l'Occident, de l'Allemagne et yidische et de la culture mozarabe.  Controuvement que cette stratégie de faire alliance avec les chrétiens d'Orient pour faire accepter le foyer national juif par les peuples mandataires.

 

Je préfère laisser l'idée qu'Israël est notre frontière à la droite d'Éric Zemour ou à celle d'Éric Ciotti. Et en tirer les conséquences que ce qui  arrive à Israël à cause du Hamas après dix-huit ans de confinement de la bande de Gaza livrée à cette milice au mépris de la démocratie et de pourrissement du reste de la Palestine livrée sans élection à Mahmoud Abas parce qu'il était leur adversaire le plus inoffensif est notre avenir. Ces attentats sont le 13 novembre d'Israël, mais nous n'avons pas du tout mérité notre 13 novembre à nous, car nous n'avons jamais maltraité nos migrants. Ils ne sont pas leur 11  septembre et s'ils veulent que ce le soit, on sait trop bien pourquoi. Les conséquences de l'humiliation du 11 septembre new-yorkais ont été la guerre contre l'Afghanistan gagnée et finalement remise aux Talibans contre3000 morts après la chute des tours jumelles. Je ne veux pas de cette riposte disproportionnée et de ses conséquences dévastatrices 

lundi 9 octobre 2023

Faut-il arrêter d'élire des présidents?

Question posée en regard de cette recension par Maxime Tandonnet d'un livre de Thomas Legrand écrit en 2014 (après un autre ouvrage où il disait que Sarkozy "[était] juste un président qui nous [faisait] perdre du temps. 


Lecture: Arrêtons d’élire des présidents, de Thomas Legrand, éditions Stock, 2014 (présentation par Cyril Grataloup) | Maxime Tandonnet – Mon blog personnel (wordpress.com)   


Recension passionnante. Loi de l'entropie présidentielle depuis 1995 qui fait que, depuis Jacques Chirac, le pouvoir a été confié à des ambitieux dont le projet,  même immobiliste, restait lisible. La donne a changé depuis Macron, ambitieux visionnaire, mais à la vision éclatée. Seule exception à cette loi de l'entropie présidentielle: Nicolas Sarkozy qui n'a pas été un président médiocre.


Certes, la fièvre programmatique et la veine de promesses de changement qui enchante comme une prise de stupéfiants l'illusion providentielle et présidentielle joue beaucoup dans la déchéance de la fonction présidentielle. Mais il y a surtout que depuis 1995 où les Français se sont laissés berner par un illusionniste au lieu de rester fidèles à leur premier amour, Édouard Baladur le réformiste, ils se sont laissés jouer par les médias qui n'ont peut-être pas promu un Jacques Chirac qui ne leur  plaisait pas même s'ils pouvaient le contrôler, mais ont tenté de leur imposer un Jacques delors qu'ils ont failli accepter sans s'interroger sur ce qui était censé les attacher à lui. L'attachement des Français pour Édouard Balladur était sincère même si médiatiquement accompagné, celui qui les liait à Jacques delors était  artificiel et fortuit, quand leur soudain attrait pour Jacques Chirac avait la facticité des charmeurs de serpent et des bateleurs rompus au cirque des meetings. 


Après que Nicoolas Sarkozy a trop crevé l'écran pour être résistible au pouvoir médiatique, les médias ont inventé un désir de DSK qui s'est désenchanté dans l'atonie du "président normal"(dit M. 3 %) qui s'était auto-pressenti.


L'élection présidentielle repose sur l'escroquerie constitutionnelle que le président de la République est le chef de l'exécutif qui va conduire et déterminer la politique de la nation. Et la pratique présidentielle repose sur la destitution constitutionnelle qui consiste à accepter cette escroquerie dans la pratique du pouvoir au point de faire du Parlement une chambre d'enregistrement qui s'accepte comme telle.


La déchéance de la fonction présidentielle ne repose pas sur l'affaiblissement du pouvoir d'un Etat fort puisque la IVème République et ses alternances gouvernementales ont davantage fait pour la reconstruction et l'industrialisation de la France que le premier gaullisme. On ne peut que le constater, non sans regretter le technocratisme et le synarchisme d'un tel constat historiquement fondé.


Edwy Plenel et Thomas Legrand sont des comtempteurs constants de l'élection du président de la République au suffrage universel. Pas moi. Je pense que l'avenir d'une démocratie respectueuse passe par l'alliage de l'élection d'une personnalité de caractère à la magistrature suprême qui est aussi une fonction arbitrale et d'une meilleure prise en compte des citoyens dans les décisions qui les concernent, autrement dit d'un arbitre de poids qui serait le principal ministre de citoyens législateurs. Un tel gouvernement était la réponse attendue par les Gilets jaunes au déclassement par l'écotaxe, la taxe carbone et les bas salaires qu'ils déploraient.