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lundi 31 décembre 2018

Les voeux de Macron aut quare Macro destituendus est.

Le Macron nouveau n'est pas arrivé. L'ancien s'est remis en selle, sâns se rendre compte qu'il n'est plus au goût du jour. Poupon Ier a repris le cours de sa vie. Il a bien profité de son séjour à Saint-Tropez. Le lait nourrissier des Arnaut l'a revigoré. Jupiter est remonté sur son Olympe. Sur le ton, Mars résurgent n'est plus ému au sort des femmes seules qui ont du mal à boucler leurs fins de mois. Il ne pense plus aux retraités qu'il a enfumés en leur promettant qu'ils ne paieraient plus la CSG s'ils touchaient moins de 2000 euros par mois, sans les prévenir qu'ils devraient l'avancer pour les six prochains mois. Le mauvais comédien joue une nouvelle comédie au parfum de déjà vu. L'arrogance est de retour. L'année prochaine, on "transformera" l'indemnisation du chômage pour que les chômeurs soient davantage encouragés à "traverser la rue". Le président moque ceux qui veulent la réduction des impôts et la baisse des dépenses publiques, sans s'aviser que c'est à lui de veiller, sinon à un redéploiement budgétaire, du moins à une réorganisation du service public pour qu'il retrouve la proximité avec ses bénéficiaires et serve au plus près ses administrés. Lui qui parle au nom des bourgeois quoique représentant du peuple souverain, n'entend pas que certains parlent "au nom du peuple", qui n'est qu'un ensemble de "foules haineuses". Sur le fond, de même qu'à l'intime de son discours du 10 décembre, il y avait la répression impitoyable avec laquelle on devait châtier toutes les violences, même à titre préventif et au risque d'éborgner ou d'énucléer telle jeune manifestante (et c'est un aveugle qui le rappelle), de même, à l'intime du vœu de vérité de ce discours-ci, il y a la lutte contre les fake news, donc la démocratie totalitaire; et à l'intime du vœu de dignité, le pouvoir ne se félicite pas tant qu'on ait augmenté la pension des handicapés pour qu'ils vivent un peu moins sous le seuil de pauvreté, qu'il souhaite que désormais, les Français prouvent qu'ils respectent la dignité de leurs représentants en ne décapitant plus Jupiter en effigie comme on a fait du roi Louis XVI sur l'échafaud. Car enfin Louis XVI a fui à Varenne, mais Macron s'est reposé à Saint-Tropez. Que n'a-t-on dit après que Sarkozy a fait retraite sur le yaght de Bolloré? Et Louis XVI avait pour trisaïeul le Roi Soleil, mais Macron est Jupiter. Macron ne joue dans la même cour qu'aucun de ses prédécesseurs. Grâces ne soient pas rendues à Gérard Collomb d'avoir fait la courte échelle à cet enfant mégalomane avant de quitter le navire! Macron ne peut pas se reprendre. Il sera renversé dans six mois. J'en prends le pari en espérant qu'il s'en tire avec le moins de séquelles possibles et la France encore davantage. Que la France agisse par la voie constitutionnelle en ménageant un intérim à Gérard Larcher qui voulait débrancher Fillon et peut remplacer Macron, il a beaucoup d'entregent. Il connaît les corps intermédiaires et les autres. Macro destituendus est. Vive la France et bonne année à tous!

lundi 17 décembre 2018

N'est-il pas prématuré de dresser un bilan des Gilets jaunes?

En esthète, Philippe Bilger s'y risque pour fermer les volets de l'attention sur ce mouvement. Une discussion s'engage sur son blog. J'y contribue. Voici le lien sur son article: https://www.philippebilger.com/blog/2018/12/les-gilets-jaunes-en-noir-et-blanc-.html#comments Et voici ma contribution: Dois-je absolument poster mon postillon en tant que commentateur somme toute non statutaire et relativement récent du blog de Philippe Bilger ? D'autant que je vais écrire dans le désordre, ce dont je prie ceux qui me feront l'amitié de me lire de bien vouloir m'excuser. Je souscris à ce point du commentaire d'yves albert: les Gilets jaunes sont un mouvement profond dont vous vous hâtez bien vite, notre Hôte (pour vous apostropher comme Elusen), de dresser le bilan. Je remercie Exilé de nous rappeler les quatre points du référendum citoyen. J'approuve le référendum législatif et à la limite le référendum constituant (même si je crois que, plus que tout autre, une réforme de la Constitution par référendum devrait être convoquée par le pouvoir exécutif et régalien). Je désapprouve plutôt le référendum abrogatoire et franchement le référendum révocatoire, gages de la pire instabilité politique. ---------------------------------------------------------- @ Marc GHINSBERG, j'aime vous lire, même si je partage rarement vos avis dont j'apprécie la mesure et l'ironie malicieuse. Je dirai simplement à l'ancien hollandiste que vous êtes qu'à mon avis, la révolte n'a pas grondé sous Hollande à cause de la bonhomie du bonhomme. Mais il était miraculeux sans cela que le président normal puisse terminer son quinquennat. Macron étant Hollande en pire, car en plus intelligent, mais moins tacticien, et que son intelligence n'aide pas à comprendre, ce pour quoi elle est normalement faite, je crains pour lui une terrible dérouillée. Je la crains et elle me peine, même s'il m'arrive de la souhaiter. C'est pourquoi sa destitution et son remplacement par un intérim de Gérard Larcher continuent de me paraître le meilleur chemin de son départ, puisqu'il semble incapable de comprendre qu'il ne peut pas longtemps gouverner contre le peuple qui ne l'aime plus et qu'il n'aime pas. L'affectif fait partie de la politique. Je n'aime pas voir Macron déconfit. Car j'ai beau être un bourgeois déclassé, un bourgeois reste toujours un bourgeois. Macron est un bourgeois, donc il est des miens en dépit que j'en aie et quelque snobisme que je déploie pour le nier. Quand je vous lis aujourd'hui, cher Marc, vous me parlez de contrainte. Je vous aurais bien répondu comme de Gaulle que la politique de la France ne se fait pas à la corbeille. Je suis nul en économie et vous êtes un banquier. Nous ne jouons pas à jeu égal. Ma nullité économique fait que je ne vois pas quelles contraintes pèsent sur la France. Il y a certes celle de la dette et qui paie ses dettes s'enrichit. Pourtant, j'ai ouï dire à Bernard Lugan qu'on avait par deux fois en vingt ans annulé la dette africaine dans un silence général, sans que d'ailleurs un mieux en ait résulté pour le continent noir. Il y a bien la contrainte financière. J'ai pourtant l'impression que, quand on nous parle de contrainte, on parle de contrainte budgétaire. Or je ne sache pas qu'un budget ne puisse être redéployé. La REM nous parle le langage thatchérien du TINA: "There is no alternative." De ma fenêtre, je crois que la politique, ce n'est pas l'alternance de la démocratie représentative, mais c'est l'alternative. Je crois que le nombre des ingénieurs sociaux pourraient aisément être réduit dans le cadre d'une baisse des dépenses publiques et d'une refonte du service public. Il pourrait être supprimé au profit des emplois de proximité. Combien de personnel administratif encadrant l'Education nationale ou l'hôpital public ? Ce que ces gens nous coûtent est bien plus cher que ce dont nous grèvent les agents de la fonction publique territoriale. Les Gilets jaunes, cette révolte des classes moyennes que j'avais commencé par prendre pour un vulgaire poujadisme, ont avant tout fait entendre une demande de proximité après des années d'une politique de l'éloignement des services publics vis-à-vis des citoyens. --------------------------------------------------------- Je reviens à vous, notre hôte. D'abord pour une remarque sans importance. J'ai écouté Sud Radio pour vous y entendre et je n'aime guère ce médium, non seulement parce qu'il en rajoute inutilement dans le ton canaille, mais surtout parce qu'il plagie RMC. L'émission de Christophe Bordet à laquelle vous participez est une imitation de l'émission Radio Brunet qu'on peut entendre chaque jour sur RMC. Christophe Bordet remplaçait d'ailleurs Eric Brunet quand celui-ci prenait des vacances. Les "corps intermédiaires" sont en capilotade, notez-vous. Ils montrent ce qu'ils étaient, non pas une continuation des corporations, mais des corporatismes et l'organisation du gouvernement de la France au gré des intérêts catégoriels. Les syndicats ne représentent plus rien. Le scandale dure depuis longtemps sans qu'on ait réformé en profondeur les critères de leur représentativité dans les grands-messes sociales. Les partis politiques ne concourent plus à l'expression démocratique. À vrai dire, nous sommes mûrs pour le monde de Simone Weil, cette à la fois grande et drôle de philosophe. La France est mûre pour la suppression des partis politiques qu'elle appelait de ses vœux. Elle est mûre pour une politique du "besoin fondamental". Elle est mûre pour la politique de "L'Enracinement", ce grand et drôle de livre.

vendredi 7 décembre 2018

Macron ne sera pas décapité

Trois remarques en réponse à l'article de Philippe Bilger: https://www.philippebilger.com/blog/2018/12/quoi-quil-se-passe-le-8-d%C3%A9cembre.html#comments. 1. Qu'y a-t-il de commun entre Macron et Giscard? En dehors du jeune âge auquel ils sont parvenus au pouvoir eu égard à la tradition d'ascention républicaine, rien, sinon que Giscard avait une fascination pour Luis XV bien qu'il appartînt à la bourgeoisie voltairienne, celle que Baudelaire accusait de provoquer "[l'ennui] en France parce que tout le monde y pense comme Voltaire ». Mais Giscard était fasciné par un aspect de la personnalité de Louis XV qui était ses scrupules. Il était fasciné par la figure du Bien-aimé telle que la lui donnait à lire Paul Del Perugia, historien catholique fervent et très minoritaire dans la faveur avec laquelle il considérait le roi, parce que celui-ci s'abstenait de communier étant donné ses liaisons adultérines peu adéquates avec les ordres de son confesseur, ce qui prouvait qu'il prenait la religion au sérieux. Or pour Macron, c'est le contraire. Il s'est très tôt posé la question religieuse, faisant lui-même le choix d’être baptisé à la réprobation de son père, avant de prendre la transgression au sérieux et en quelque sorte de donner sa revanche à Gabrielle Russier, morte d'aimer. Dans le mariage éphébophile que ce briseur de ménage a fait contracter à sa femme Brigitte, le professeur était une femme et c'est Macron qui l'a forcée. Cette transgression a fasciné des élites éclairées croyant relire "Adolfe" de Benjamin constant ou mésinterprétant "Le lys dans la vallée" comme si l'héroïne du roman se fût jamais donnée à son amant et ne lui eût pas opposé sa vertu par frigidité aristocratique sous couvert de morale chrétienne. Giscard donne la clé de sa fascination pour Louis XV DANS LE PREMIER TOME DU "Pouvoir et la vie", expliquant que sa femme, espérant malgré tout du salut de son âme, lui qui était en clin à des mœurs légères, l'avait ancré dans le catholicisme qu’il prenait à son tour malgré tout au sérieux. Giscard le voltairien avait des scrupules ou des « pudeurs de gazelle ». Comme Voltaire en sa chapelle de Fernay et qu'un chapelin accompagnait sur son lit de mort? Peu importe, dirait-on, ce que ces différents protagonistes ont fait de la figure du roi qui précéda le roi décapité. Car ce qui compte au bout de cette première remarque (ce n'est pas moi qui l'ai trouvé), c'est qu'Emmanuel Macron semble connaître le destin du Bien-aimé. Il doit finir en mal aimé. Qu'aimait-on dans le Bien-aimé? Un enfant- roi. Que finit-on par détester dans le Bien-aimé? Le même enfant qui abuse de sa royauté et ne sait pas discipliner ses plaisirs. 2. Le président est celui qui a théorisé que le peuple est en mal d'avoir décapité le roi, sans imaginer qu'ilpourrait être le suivant, si l'exerciice du pouvoir était trop vertical, monarchique, disaient les politologues, engoués de l’esthétisme du contraste de cette monarchie républicaine, jupitérien comme disait Macron, personnel comme dénonçait Mélenchon, qui aurait lui-même exercé un pouvoir on ne peut plus personnel s'il avait été porté à la tête d'un Etat que Louis XIV voulait incarner au point de dire: "L'Etat, c'est moi", lui attribue-t-on, alors que Macron, qui se vivait en roi solaire, voulait désétatiser son règne de monarque absolu, de monarque sans Etat, donc de monarque sans objet, dont la monarchie perdait son objet, réduisant le monarque à lui-même c’est-à-dire à néant, et l’exposant à toutes les vindictes publiques. On ne peut être que saisi par cette ironie de l'histoire qui fait que Macron est hanté par les fantômes des Villiers. Philippe de Villiers l'a repéré à la Rotonde. Macron est allé le courtiser au Puy du fou. Il a semoncé son frère en lui disant: "Je suis votre chef." Celui-ci, après avoir démissionné avec fracas, se répand sur le culte (objectivement fasciste) du chef, cependant que François Bert, tout en faisant une analyse très lucide de la vacuité macronienne, demande: "Où sont les chefs?" Je précise, même s'il devrait aller sans dire, que, si je souhaite que Macron soit destitué en ne me faisant pas beaucoup d'illusions, et si j’aimerais qu'il ait la lucidité de démissionner, car un peuple ne peut pas vivre trop longtemps sous un mal aimé au pouvoir en démocratie, je ne souhaite en aucun cas qu'on le décapite. Je souhaite même qu'il quitte cette épreuve avec le moins de lésions psychologiques possible, mais en entraînant, pour lui-même et pour le peuple reprenant conscience de lui-même comme entité politique, une réflexion sur les limites de la réalisation individuelle au pouvoir, qui perd de vue le bien commun et l'intérêt général, ces autres noms de la République comme chose du peuple et non comme idéologie post-révolutionnaire. 3. Vous écrivez, cher Philippe: "[Le président] ne pourra plus rassembler sur sa politique. Il devra rassembler au nom de la démocratie et de sa défense." Doublement non: -Comme beaucoup, vous confondez démocratie et République. Le président a pour lui la légitimité républicaine. Mais la République étant née d'une insurrection, la légitimité républicaine contient le renversement de la figure qui incarne la République. La France ne peut continuer longtemps à jouer avec ses symboles, sous peine d’être schizophrène et de se dire, d'un côté, issue de la Révolution et de l'autre effarouchée par le risque du coup d'Etat. -Le président de la République a la légitimité du suffrage universel. Il a donc la légitimité démocratique. Il a la légitimité de la démocratie représentative. Mais ce modèle est à bout de souffle, comme la sociale-démocratie des corps intermédiaires artificiels et d'une représentativité caduque qui l'accompagne et co-gère l'administration des choses avec le personnel politique. L'avenir est à l'autogestion politique, à la démocratie participative, à la démocratie directe, ce modèle que, quoi qu'il en demeure, les Gilets jaunes sont en train d'inventer.

jeudi 6 décembre 2018

Gilets jaunes, diagnostic sans lassitude et sortie de crise

En réponse à l'article de Philippe Bilger: https://www.philippebilger.com/blog/2018/12/pens%C3%A9es-profanes-sur-les-gilets-jaunes-et-autres.html Une certaine bourgeoisie, à laquelle vous appartenez, cher Philippe, veut bien écouter un moment le peuple, ou disons mieux la classe moyenne, mais ensuite il faut que les choses reviennent au point mort et que le peuple rentre à la niche. Ainsi prend-on congé de la classe moyenne. Vous le faites dans ce billet, moins coupable que Jacques Julliard, qui a consacré toute sa vie, avec la deuxième gauche, à la défendre, mais qui quand la classe moyenne s'émancipe de sa cléricature, la trouve geignarde, vindicative, ridicule, méprisable. (Cf son article: "Le mai 68 de la classe moyenne" dans le Figarovox.) Il n'y a pas d'âge pour continuer à être éditorialiste à "Marianne" ou chroniqueur sur "Sud radio" parce qu'on aime les débats, ou invité permanent de "RTL" ou de "C dans l'air" comme l'est Roland Kayrol, 78 ans, et pour dire, comme il le faisait hier soir où Caroline Roux baisse la tête dès que cet oracle a parlé, que le peuple n'a pas inventé la lune (lui non plus que l'on sache!), avant d'en appeler à un retour à la gestion non représentative de ce mécontentement par ceux qui en sont les professionnels, ces fameux "corps intermédiaires" qui ne sont que la branche catégorielle et militante de cette intermédiation, les syndicats, et qui ne font qu'avoir leur rond de serviette de partenaires sociaux dans la sociale démocratie, quand ce qui sourd de ces manifestations, dont je prédis quant à moi qu'elles retombent elles aussi par effet de souffle, est un appel du peuple à la démocratie participative pour remplacer la sociale démocratie. Ce que je ressens confusément depuis qu'Emmanuel Macron est candidat, mais comme une évidence depuis la fin de sa campagne et a fortiori depuis qu'il est élu, ce n'est pas seulement qu'"il est têtu, le petit roi", mais qu'il est méchant. Emmanuel Macron est un roi méchant, irrespectueux et se moquant du monde, dqui n'est absolument pas venu faire un acte compassionnel en visitant la préfecture incendiée du Puy-en-Velay, mais dire aux Français comme à des chiens en leur mettant le nez dans leurs flammes à défaut de leurs déjections: "Regarde ce que tu as fait", cependant qu'"en même temps" (la relation humaine qu'instaure un pervers narcissique repose toujours sur l'injonction paradoxale), il lâchait du leste. "Le président, selon un proche, "vit très mal d'être détesté par les Français" (Le Monde)." C'est bien normal, lui dont le pouvoir prétendait reposer sur un amour irrationnel, basé sur une tolérance médiatique inconditionnelle pour la moindre de ses bévues. "Ou bien dois-je admettre que la France ne tolère que des Pères de la patrie passifs - par exemple Jacques Chirac et son immobilisme - mais se cabre face à ceux qui aspirent à la réformer ? " Carl Zéro l'a dit mieux que quiconque dans son film "Dans la peau de Jacques Chirac", Jacques Chirac voulait prendre le pouvoir, mais pour n'en rien faire. Mais au-delà de cette posture d'immobilisme, l'homme qui souffrait du syndrome de Malik oussekine aggravé par la gestion calamiteuse par Juppé du mécontentement qu'il provoqua en 1995, avait une hantise: ne pas bouleverser les équilibres d'une société qu'il sentait fragile. Hollande a sans doute pâti du même sentiment (tropisme corrésien il faut croire). Quant à "réformer la patrie", si c'est pour la projeter définitivement dens la prédiction technicienne de Bernanos de la France contre les robots, si c'est pour la robotiser et faire des citoyens des machines "laborieuses", mobiles, flexibles, sans domicile fixe, saisonnière, sans famille, avec de petits moyens, dont il sagirait que "le travail paye" autant que peut gagner une machine à produire et à consommer au service des investisseurs, des actionnaires et des rentiers, autant qu'on la laisse, cette patrie, à son humanité qui a bien des défauts, hormis celui de n'être plus humaine, trop humaine, lâchement humaine, médiocrement humaine, banalement humaine. "A quoi servirait à Emmanuel Macron de partir dans un autre Baden-Baden puisqu'il n'aurait pas un Pompidou à Matignon ?" Pardon. Le roi méchant se fout de tout, y compris de son premier ministre, qu'un propos rapporté par Le Canard le fait traiter de "branleur", et qu'il laisse ramer au Parlement, où le premier ministre a organisé un débat à sa demande et dont la sortie vespérale du président montre le peu de cas qu'il fait de cette institution républicaine, avant de le recadrer le soir même, par une formule hybride, plus imprécise que "le moratoire" ou "la suspension", puisque le président nous parle d'une "annulation pour un an", ce qui veut dire une suspension, avec remise sur le tapis l'année prochaine, après que les Français se seront accommodés de la baisse du pouvoir d'achat qui aura résulté du prélèvement à la source, sur lequel on peut faire crédit à Emmanuel Macron d'avoir été lucide, pour une fois, et plus lucide qu'Edouard Philippe. Irresponsable, le président, après avoir joué le pourrissement en intervenant "trop tard", s'engouffre dans la brèche ouverte par Marine Le Pen: "On dirait qu'il n'aura bientôt plus d'autre ressource que de tirer sur la foule" pour justifier par avance qu'il n'exclut pas cette option: "Il y a des gens qui sortiront ce samedi pour tuer." Puisqu'ils veulent tuer, il n'y a plus qu'à les tirer comme des lapins. Reste à savoir quel lendemain doit être celui de cette crise: -Il est grand temps et il devient indispensable que les Gilets jaunes s'organisent enfin, et rédigent des cahiers de doléance tout en prononçant s'ils sont favorables ou non aux revendications qu'on présente comme étant les leurs, d'où il ressort un grand bon sens économique, puisqu'ils n'ont pas l'air de penser comme Mélenchon que la hausse des salaires et la revalorisation du pouvoir d'achat devront reposer sur une hausse des cotisations, mais sur une baisse des charges, une des manières proposées d'augmenter le SMIC étant compensée, proposent-ils, par une exonération des charges patronales et salariales sur la valeur de cette augmentation. -Si Macron comprend qu'il doit partir ou si le Sénat comprend qu'il doit le destituer, Gérard Larcher doit assurer l'intérim en tant que président du Sénat. Il peut faire, au cours de son intérim où il doit organiser une nouvelle élection présidentielle, l'autre chose que demande le peuple en mal de nouveau modèle démocratique. Il peut convoquer une assemblée constituante beaucoup plus qu'il ne doit lui-même rédiger une nouvelle constitution, car cette délégation de "pleins pouvoirs" pour rédiger une nouvelle constitution a déjà été le prétexte à l'abandon de la souveraineté populaire à Pétain en 1940, puis à de Gaulle en 1958, dont si le coup d'Etat permanent et militaire s'est transformé en une Vème République acceptable et durable pendant 60 ans, on voit que celle-ci s'essouffle. -Le président par intérim (ou Macron s'il s'accroche à son mandat et ne prend pas la mesure de la dimension personnelle de cette crise) doit enfin prendre un certain nombre de mesures urgentes concernant la revalorisation du pouvoir d'achat, la hausse des salaires et la baisse des dépenses publiques, basé sur un redéploiement budgétaire qui remobilise les fonctionnaires dans les métiers de l'utilité et de la proximité sociale au détrriment de l'ingénérie sociale et de l'invention normative. Il faut qu'un chantier de réformes se mette en place pour que le pays aux 300000 normes les réduise tout au plus à 3000, tous métiers confondus. Voilà qui me semble ne pas nier la crise par fatigue de celle-ci tout en proposant une sortie de crise, ce qui est la responsabilité de quiconque prend la parole en cette période, si faible soit son audience.

mercredi 5 décembre 2018

Jacques Julliard donne congé à la classe moyenne

L'analyse de Jacques Julliard rejoint la mienne sur le point principal en le nommant mieux que moi:la révolte des #GiletsJaunes est "le mai 68 des classes moyennes." "Ne nous le dissimulons pas: si dur à vivre pour les acteurs que soit un mouvement social, si exigeant parfois pour le porte-monnaie, il est aussi une grande parenthèse d'autonomie personnelle, d'autoaffirmation, et par conséquent de jubilation. Dès le début, ce n'est pas seulement de ne pas être écoutés que se plaignaient les «gilets jaunes», c'est de ne pas être reconnus. C'est d'être ceux dont on ne parlait jamais, contrairement aux riches, mais aussi aux pauvres. Trop modestes pour susciter l'envie, à la différence des premiers ; trop à l'aise pour susciter la compassion, à l'inverse des seconds." "Oui, la France est ce pays où la Révolution paraît à toutes les classes de la société comme un préambule nécessaire à quelque réforme que ce soit, et comme les révolutions sont tout de même des choses coûteuses, on finit par renoncer aux réformes et à se résigner au conservatisme. D'où il ressort que la fréquence du risque révolutionnaire est chez nous la meilleure garantie du maintien de l'ordre conservateur." "Ce que l'on sait d'Emmanuel Macron et de sa structure mentale porte à penser qu'il se réjouit fort de cette évolution. Il déteste, on s'en aperçoit un peu plus chaque jour, les corps intermédiaires, les formations constituées capables de le suivre dans la durée et de lui tenir tête." Il les déteste, mais il va se réfugier auprès d'eux quand ça prend feu (cf. son discours de la semaine dernière sur la transition énergétique censé répondre aux Gilets jaunes dans un parterre de représentants des corps constitués.) Le fond de l'analyse de Julliard est méprisant au lieu de rester descriptif. En somme, les classes moyennes veulent leur quart d'heure de célébrité. Julliard ne prend pas du tout note de cette rupture de la tradition politique d'ailleurs très contestable qu'on ne gouverne plus dans l'intérêt des classes moyennes (on devrait gouverner dans l'intérêt général). Mais surtout il conclut son analyse par ce jugement de valeur absolument sans nuance: "Quelle que soit la suite des événements, elle (la journée du 1er décembre) restera une honte pour les classes moyennes dans leur volonté d'être tenues pour des interlocuteurs responsables. Leur incapacité à s'organiser, à faire régner l'ordre dans leurs propres rangs, à formuler des revendications, et à désigner des représentants pour les porter, c'est le degré zéro de l'intelligence sociale [...] Nous voici dans l'anarchie petite-bourgeoise, avec son cortège de casseurs, de pilleurs,de politiciens et de démagogues d'extrême droite et d'extrême gauche. Ces classes moyennes qui ne cessent de se plaindre d'être méprisées - leur idéal dirait-on, n'est ni la démocratie ni la dictature, c'est la lacrymocratie! - ont-elles conscience qu'elles sont en train de mériter ce qu'elles dénoncent?" Cette deuxième gauche, cette gauche socialiste, donne décidément l'impression de n'aimer personne. elle s'est toujours posée en défenderesse de la classe moyenne. A l'automne de sa vie, quand enfinla classe moyenne se réveille sans s'appuyer sur une autorité dans son genre, Jacques Julliard donne son congé à la classe moyenne: "Vous êtes de ploucs, vous ne cessez de geindre, vous ne valez pas les efforts que j'ai faits pour vous. A moi, la célébrité, à vous le mauvais quart d'heure! On devrait tirer sur vous à balles réelles!" http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2018/12/02/31003-20181202ARTFIG00154-jacques-julliard-le-mai-68-des-classes-moyennes.php ." Jacques Julliard: «Le Mai 68 des classes moyennes» lefigaro.fr

mardi 4 décembre 2018

Les déconnades de Macron

« Ces autistes qui nous gouvernent » ont encore frappé. Macron, c'est vraiment Hollande en pire. Beaucoup lui avaient donné la solution : annuler la taxe carbone. Mais il n'en tient pas compte, par orgueil. Il ajoute l'orgueil à ses nombreux défauts de mauvais gouvernant. Le gouvernement actuel promettait de ne plus faire les mêmes couacs que celui des ministères Hollande, on voit ce qu'il en est avec Castaner et Darmanin. Jean-Marc Ayrault avait suspendu l'écotaxe, ce qui revenait à l'ajourner sine die, mais par orgueil il n'arrivait pas à le dire. Macron étant plus orgueilleux encore, ce transformiste de la France de carrosse en citrouille met dans la bouche de son Premier ministre fusible et qui vaut mieux que lui, qu'est l'animal présidentiel, non pas une suspension, mais un moratoire de six mois de la taxe sur les carburants, de quoi ne rien changer à la protestation des Gilets jaunes qu'on exagère beaucoup, du reste. Si un gouvernement normal, sous la houlette morale d'un président qui ne se croirait pas né de la cuisse de Jupiter, gérait cette révolte, il n'y paraîtrait plus depuis longtemps. Mais Macron le clivant, ce président de conte de fées sur le berceau duquel des fées se seraient penchées selon son storytelling, fait tout pour transformer (sic) la France de carrosse en citrouille et cette révolte en révolution. 19h30. Je poste un peu convulsivement les deux réflexions suivantes: 1. Macron continue de "déconner". Il ne lui suffit pas de reculer sans le dire, comme tout le monde avant lui (rien de nouveau !). Alors qu'il ouvre une phase de concertation, il va visiter inutilement et en catimini la préfecture incendiée du Puy-en-Velay. La visite n'est pas annoncée, mais il est hué à la sortie. Et on a raison de le huer, non pas parce que c'est lui et que sa tête ne me revient pas, mais parce que le message subliminal de cette visite inopinée, c'est de faire une leçon de morale. "Regarde ce que tu as fait", dit Macron à ses chiens que nous serions. Comment dialoguer avec quelqu'un qui commence par vous faire une leçon de morale ? 2. Ce qu'a d'inédit le divorce actuel du peuple avec ses élites, c'est que les élites nous parlent d'un monde que nous ne vivons pas, et qui ne correspond à aucun vécu, d’un monde qu’ils pensent au lieu de le vivre, où il est question d'écologie, mais jamais d'agriculture, et où le réchauffement climatique pourrait être différé si nous payons des taxes carbone. D'ici que le gouvernement puisse nous parler, il faudrait qu'il réapprenne le langage de tout le monde, la langue commune, pas la novlangue, le langage de la vie empirique.

lundi 3 décembre 2018

La France malade de sa Révolution

Billet écrit en réponse à Daniel Siccia, lecteur de Pierre rosanvallon, qui demandait sur le blog de Philippe Bilger: "La France est-elle malade de sa démocratie?" (On peut lire son commentaire ici: https://www.philippebilger.com/blog/2018/12/les-gilets-jaunes-jusquo%C3%B9-aller-trop-loin-.html) @Daniel Ciccia | 02 décembre 2018 à 12:08 Je dois à la critique au couteau de Robert Marchenoir de m’être penché avec un peu plus de gourmandise que je n’en ai d’habitude lorsque s’exprime ce philosophe grandiloquent et nébuleux (j’en suis un autre), sur les analyses de Jean-Claude Michéa dans sa lettre aux Gilets jaunes et sur le portrait dythirambique qu’en dresse le Figaro magazine. Je ne sais pas si robert M a raison de dire que Michéa est un « communiste enragé ». C’est à coup sûr un marxiste qui continue de parler le langage de la tribu de son gourou matérialiste. C’est une fausse valeur intellectuelle ou à tout le moins une valeur trop appréciée, même si je n’abonde pas dans l’ironie de Robert pour nier ces points marginaux que je trouve exacts dans le discours de Michéa : Macron est un thatchérien de gauche et il existe une extrême gauche libérale, dont les membres ne se vivent pas, selon sa théorie complotiste à bon marché si l’on peut acoler le « marché » à un philosophe de cet acabit, comme des agents du système ou ses idiots utiles. La France aime bien s’enticher de fausses valeurs intellectuelles du genre de Michéa, auxquelles on peut ajouter Emmanuel Todd. Quelle que soit l’acuité truculante de ce cartographe démographe qui se prend pour un anthropologue, ce pré-Christophe Guyllui pourfendeur des catholiques zombies (dans son ouvrage « Qui est Charlie ? »), avait auparavant pris ses désirs pour la réalité ennous vendant, en 2012, le « protectionnisme européen » du « hollandisme révolutionnaire », on n’avait pas remarqué... Ce matin, le même E. Todd, sur France Culture, était tout émoustillé par les Gilets jaunes, qui lui avaient rendu la fierté d’être français, mais banalisait aussitôt en appelant bourgeoisement, comme je le fais moi-même (ou comme le fait Patrice Charoulet qui a peur du désordre), à l’évitement du coup d’Etat. La France apprécie les fausses valeurs intellectuelles parce qu’elle a la passion pamphlétaire. Elle aime se surexciter. Un P. Rosanvallon calme et profond ne la chatouille pas plus qu’un Montesquieu lui faisant des papouilles. Pourtant Rosenvalon vaut mieux que Michéa ou Todd, y compris au service des « oubliés » comme ils disent. Témoin son site « raconter la vie » qui prête sa plume à ceux qui n’écrivent pas l’histoire. Non, « la France » n’est pas « malade de sa démocratie », elle est malade de sa Révolution. Je ne sais pas si le poisson pourrit par la tête, mais le mal pousse par la racine, et le péché originel de la démocratie française est de s’être bâtie sur la Terreur. Après quoi Michelet, historien républicain s’il en fût, a pu dire que « la France, c’est la Révolution ». Ce propos conclut son ouvrage « Le peuple ». La France, qui l’avait oublié dans l’intermède allant de la Révolution nationale à la fin des Trente glorieuses, ère Mitterrand comprise ou ajoutée, réaffirme depuis vingt ans son identité révolutionnaire. C’est ainsi qu’elle verse son obole à la radicalisation du monde et au réveil des nationalités qui a commencé depuis les guerres du séparatisme yougoslave. À peine avait-on détruit le mur de Berlin que l’histoire est rentrée en phase régressive, contrairement à ce que prévoyait Francis Fukuyama. La France s’est remise à parler Révolution et laïcité en plein réveil de l’ethnique et retour du religieux. Je me suis aperçu avec sidération du retour du champ révolutionnaire en recevant en 1995, en réponse à une doléance de Gilet jaune avant la lettre que j’avais adressée à Edouard Balladur, candidat de la droite orléaniste à l’élection présidentielle, à propos de la situation des hôpitaux, une lettre type s’étalant sur des pages où le staf à Doudou faisait au nom de son double menton l’apologie de la Révolution, j’ai cru rêver. La France est malade de sa révolution, ce qui n’est pas sans conséquence : la République n’est pas un régime démocratique, mais une idéologie épuratrice et vertueuse… La maladie se caractérisant souvent par le déni, le déni que l’on fait aujourd’hui de la violence des Gilets jaunes comme s’inscrivant dans le droit fil d’une France née de la Révolution, et qui a en outre imposé au mondela Révolution morale de mai 68,un tel déni de la violence révolutionnaire est stupéfiant. La maladie finissant par se prendre pour la santé, la France malade de sa révolution ne se rend pas compte qu’en trouvant normal de soumettre une manifestation à l’autorisation préalable de la préfecture de police, elle a oublié d’où elle vient. La « démocratie du rejet » s’inscrit-elle dans la suite logique de cette maladie révolutionnaire ? Comme vous, je l’apparenterais plutôt au nihilisme dont il paraît que doit mourir l’Europe (le déclin est inscrit dans le nom d’Occident), nihilisme dont Michel Onfray est un avatar même s’il le pare des atours du nietzschéisme tellement plus généalogique, lui qui conclut son livre « Décadence » par cette phrase-miscile : « Seul le néant est certain ». Quand, voici trente ans, l’enfant que j’étais en pinçait pour la démocratie directe et que tous le monde me traitaient de fous, camarades et professeurs, mais pas monpère, ni mon meilleur ami, moi qui ne croyais pas voir la guerre de mon vivant (j’ai déchanté depuis, je n’en suis plus certain), ne croyais pas non plus voir l’avènement de mon utopie. Je ne m’imaginais pas qu’en commençant tout doucement par la démocratie participative, le monde viendrait à cette idée et que les réseaux sociaux, même placé sous impérium américain et sous la protection du premier amendement de la constitution du pays auquel la France de Louis XVI contribua à donner l’indépendance, en serviraient de forum. Quoi que puisse en penser Pierre Rosanvallon, la démocratie directe, préférable à la République idéologique, est le remède que doit s’administrer la France malade de sa révolution. Elle est aussi l’antidot contre ce qu’on nomme mal le populisme puisque le populisme est l’essence de la démocratie, alors que ce qu’on nomme populisme nomme l’agressivité populaire à l’encontre de ses classes dirigeantes à l’intérieur comme de ceux qui pourraient envahir le pays de l’extérieur, en faisant revivre le paradigme de l’histoire conçue comme lutte contre les invasions. Vous-même êtes à votre insu plus démocrate que républicain. Vous croyez la France malade de sa démocratie quand elle est malade de sa République. Vous apportez une très belle définition de la contribution que vous voulez apporter à votre pays, votre société et à la postérité, vous qui dites vous préparer à voter pour le pire en renonçant jusqu’à vos propres idées si le peuple tourne mal pour mal tourner avec lui, non sans cesser de donner de vous-même. Bravo, Monsieur !

En marge des gilets jaunes

On écrit dans ma niche textuelle actuelle (le blog de Philippe Bilger, président fondateur de l'Institut de la parole), où c'est fou ce qu'on écrit, en qualité comme en quantité. On écrit dans le vide du monde qui ne sait pas que nombreux sont ceux qui en pistent le sens. On écrit pour s'entre-lire et on ne fait que s'entre-gloser, comme le disait déjà Montaigne. « Je défends le dragon en général, bien vu avant le christianisme qui hélas n'a pas fait que dénoncer le mécanisme du bouc émissaire mais a diabolisé des animaux comme les chats, des gens comme les Juifs, et des êtres, en principe imaginaires, comme les dragons. » (Noblejoué) Robert Marchenoir, « - [Je soutiens] l'opposition, dans la mesure où elle existe, à l'escroquerie écologiste, qui inflige aujourd'hui, aux Français, une pauvreté et des méfaits bien réels, au nom de bénéfices totalement imaginaires au profit de personnes à naître dans un siècle, à l'autre bout du monde. » « L’or gris, c’est fini. L’air du bien-être gris commence. Apportons du bien-être à nos personnes âgées. » (Les Gilets jaunes, qui plaident aussi pour des assises « territoire et mobilité », sic). Remarque que je ne je suis loin de faire mienne, aimant Giscard mais que je trouve bien écrite. De Michelle Lafleur : « Dans la liste des nantis de la noblesse républicaine aux retraites incroyables il ne faut pas oublier Giscard, prince chuintant de la trahison. Il fut le grand instigateur de la câlino-thérapie pour mieux cacher une démagogie bon enfant comme méthode de gouvernance avec force coups de pouce bruyants et médiatiques mais avec en contrepartie l'assommoir fiscal discret et très efficace permettant les redistributions ciblées dans le seul but de durer à son poste. » Breizmabro : « Manu est un de ces enfants à qui l'on a confisqué l'adolescence. Il lui manquera toujours ce passage initiatique. […] Manu croit qu'il est un adulte responsable alors qu'il est seulement un adolescent égaré dans un monde d'adultes à qui il veut faire croire qu'il est de leur monde. Il suffit de regarder son comportement avec le général de Villiers ou avec Trump avec qui il était tantôt un ado se réjouissant d'inviter un adulte à Paris, et tantôt voulant lui démontrer qu'il était son égal en utilisant les mêmes procédés que les siens, les tweets insultant. L'ado grimpé sur son piédestal au Louvre, a viré les adultes qui lui faisaient de l'ombre (les corps intermédiaires). Du coup aujourd'hui il est seul en son palais et tous les déguisements qu'il a essayés, comme un ado, ne l'auront pas transformé en adulte. C'est pourquoi aujourd'hui, comme hier, il tape du pied en disant "je ne céderai pas", comme un ado réfractaire aux conseils des adultes qui l'entourent mais qu'il ne comprend pas. » « Comment parvenir à nouer un dialogue entre des manifestants sans représentants et un gouvernement sans consistance, sachant que les institutions qui sont supposées servir de tampon entre les deux ne font pas leur travail ? » (Exilé) Hugo 22 : « Ne pas être capable de protéger l'Arc de Triomphe, pourquoi pas le feu au Louvre ? » Dans un autre monde, le 2 décembre est le premier jour de l'Avent. Puissions-nous en écoutant le Rorate caeli desuper, mesurer ce qui nous sépare de l'enfer dans lequel nous plonge le démon élyséen. www.youtube.com/watch?v=-EjHCYLukRY Que le ciel nous vienne en aide, et que des nuées descende la justice. « @Patrice charoulet : « La fable gentils Gilets jaunes / vilains casseurs a assez duré. Dès 9 heures du matin, de gentils gilets voulaient cogner du flic. Un policier a été quasi lynché par un groupe de gentils gilets jaunes (pas encore pillards). La caisse de l'Arc de Triomphe a été braquée, et de gentils gilets jaunes brandissaient des liasses de billets de banque. Voyous, bandits, voleurs, antiflics. On n'ose pas dire merde aux gilets jaunes, de peur de passer pour macroniste. Je leur dis merde, et Macron n'est pas du tout ma tasse de thé. » « Les autistes qui nous gouvernent . » (Tipaza, qui surtout ajoute ces deux développements) : - « Tout mouvement de contestation qui a atteint une certaine ampleur dégénère. Souvenez-vous de l’incendie de la bibliothèque des Tuileries lors de la Commune de Paris en 1871 ! (*) Cet incendie avait tellement choqué Victor Hugo qu'il en a fait un poème s'adressant à l'incendiaire, dont je vous livre quelques vers du début et de la fin, Tu viens d’incendier la Bibliothèque ? – Oui, J’ai mis le feu là. – Mais, c’est un crime inouï ! Crime commis par toi contre toi-même, infâme ! Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme ! C’est ton propre flambeau que tu viens de souffler ! .../... Le livre est ta richesse à toi ! c’est le savoir, Le droit, la vérité, la vertu, le devoir, Le progrès, la raison dissipant tout délire. Et tu détruis cela toi ! – Je ne sais pas lire. On pourrait tenir des propos semblables à ceux qui ont profané l'Arc de Triomphe. Ils répondraient "Je ne savais ce qu'il représentait". Et ils auraient raison, tant l'Éducation dite nationale a tout fait pour occulter l'histoire de France et surtout ses épisodes glorieux dont certains peuvent paraître si ambivalents à la lumière (?) des théories historiques actuelles. » -« Trois échéances en 2019 sonneront le glas de Macron et du macronisme à mon avis. Janvier quand les feuilles de salaires et de pensions porteront le poids de l'impôt pour ceux qui le paient. Juin après les européennes qui devraient être un échec du mouvement macroniste. Et surtout octobre, lorsque se préparera le budget 2020, où là, le mouvement reprendra de plus belle et avec l'énergie du désespoir. Et ce sera la fin de Macron. Oracle réalisé sous les vapeurs de diesel et la fumée des clopes, à la façon de l'oracle de Delphes qui respirait des vapeurs soufrées, paraît-il. » Olivier Seutet « Symbole que l’Elysée soit mieux protéger que la tombe du soldat inconnu ? » Calamity Janne : C'est la faute de quarante ans de politique ?! Et Monsieur Macron, dit l'intelligent, n'a rien vu, rien entendu parce qu'il voulait continuer de surfer sur la vague "prendre à ceux qui sont les plus nombreux pour donner aux privilégiés "silencieux" et peu nombreux... »

dimanche 2 décembre 2018

Les Gilets jaunes et le pétrole

Par le Croissant de lune Mon Torrentiel. J'ai lu ton dernier billet consacré au mouvement Gilets Jaunes, ce mouvement commence à m'inspirer quelques réflexions et apréhensions. Mais pour répondre ou tenter de répondre à certaines de tes questions récurrentes, comme la synthèse chimique du pétrole, oui il y a moyen mais ce n'est pas utile, c'est coûteux et ça suppose une certaine pénurie qui peut le justifier, on peut produire du pétrole et autres éléments à partir de la houille. Je crois me souvenir quand j'étais enfant, en leçons de choses, que la houille chauffée produirait entr'autre du pétrole. Mais pourquoi du pétrole, on veut du carburant liquide, pas de pétrole et en ce cas, les agro-carburants semblent ou moins coûteux ou moins polluants, quoique, mais pas générateurs de taxes étant au contraire budgétivores en France et en Europe. Et si la synthèse de pétrole à partir de la houille était performante, on n'eut pas trouvé l'extraction de pétrole de schiste préférable, donc l'usage de la houille, du charbon à fin pétrolière est toujours dans les perspectives de l'industrie pétrolière mais différé. Tu trouveras plus bas une vidéo de l'Espace Des Sciences à Rennes, elle dure 1 heure 49 minutes, conférence donnée par Marc Fondcave en fin mai 2013 sur toutes les possibilités et alternatives envisageables à l'époque, et je doute que ça ait beaucoup changé depuis, sans quoi on en eut entendu parler. Bon, en gros, quoi qu'on fasse, nous en arrivons à des temps d'énergie moins disponible et plus chère. C'est même pas encore le cas du pétrole dont les prix au contraire ont plongé depuis plus d'un mois pour des raisons strictement politiques, à cause de cet émir fellon qui moyennant la protection Donaldienne dans ses affaires et ses crimes alliène les revenus de son pays pour la sauvegarde de sa peau inutile, on en est là. Mais c'est trop artificiel pour que ça dure. Je m'attendais à une hausse du brut en réaction à l'intensification des sanctions Américaines sur l'Iran et les pays et entreprises partenaires, il n'en fut rien, la semaine qui a suivi le jour fatidique fut au contraire marquée par une baisse mondiale des cours du brut. J'ai eu très vite l'intuition d'une surproduction de l'Arabie ou tout simplement d'un bradage sans hausse de production parce qu'on ne fait pas ce qu'on veut avec les gisements, mais je dus attendre assez longtemps, pratiquement un mois pour entendre mon intuition confirmée par les médias, l'émir fellon, héritier en titre du trône d'Arabie baisse volontairement les prix et trompe ses partenaires pétroliers dans des réunions où il affectait sa volonté de soutenir les cours, elle est belle la monarchie hein? Donc les gilets jaunes auraient pu remercie la petite personne de Mohammed Ben Salmane ou mieux, son patron Donald Trump qui l'a forcé et contraint à cette politique rien que pour protéger en retour des suites de ses crimes spectaculaires au moins ceux qui sont connus. Oui, parce que le mouvement gilets jaunes a commencé à un moment où on pouvait s'attendre raisonnablement à une prochaine baisse des prix à la pompe, malgré les taxes. Si ce n'était pas encore fait mi-novembre, je suis pratiquement certain que cette baisse à la pompe est déjà en cours, au moins pour un certain temps bien sûr, le temps qu'il faudra pour éliminer l'émir fellon ou chose semblable, ou que de grands troubles civils éventuellement armés n'éclatent en Arabie dont le peuple est plus qu'excédé. C'est donc pas que ça, le mouvement gilets jaunes est plus une réaction de classe dite moyenne qui se paupérise et craint de déchoir. Or, c'est parmi ces beaufs, l'expression est de toi, c'est parmi eux qu'on recrute le plus aisément les violentistes qui un jour traduiront en actes ces troubles civils médiatiquement promus et délibérément voulus par un Eric Zemmour et semblables. Oui, Eric Zemmour voit dans les gilets jaunes une révolte blanche. La sollution idéale à la baisse des ressources énergétiques et autres, à la moindre croissance voire à la décroissance involontaire, la sollution idéale serait de compenser en partie cela par la justice, par l'éthique, accepter de ne consommer que selon ses besoins, accepter le partage. Mais nous ne sommes pas que dans le monde des idées, sinon pourquoi est-ce qu'une société totalement juste ne s'est nulle part établie et duré? Donc le mouvement gilets jaunes au début plutôt classe moyenne va échouer. On a appelé les quartiers populaires Parisiens à le rejoindre, c'est resté peu suivi pour l'instant, mais ces populations très différentes peuvent-elles marcher de front? J'ai beaucoup de doute. Et ce mouvement à la base droitier et poujadiste est non seulement peu perméable aux gens des quartiers dits populaires Parisiens mais éventuellement concurrent et hostile. Or, si le mouvement échoue, autre chose pourrait réussir, le mouvement pourrait servir à son insu d'incubateur au recrutement et fortification d'organisations violentistes informelles, lesquelles organisations ayant plus de recruts et sans nécessairement se contacter à travers les réseaux internautiques mais plus directement à l'insu des surveillances, s'investiraient dans la préparation de ces troubles civils. Non point du tout contre les élites et la gouvernance pour l'instant hors d'atteinte, mais plus simplement contre les populations que leurs leaders désignent comme concurrents et obstacles. Le probable échec politique apparent peut cacher des réussites ou des projets non apparents. Je coudrais avoir tort, mais mon intuition me trompe rarement sur ces choses. Enfin, voici ce Marc Fondcave et son topo je trouve bien complet sur les questions énergétiques, en 2013 mais pas encore dépassé dans l'ensemble. Tout y passe, du solaire à l'hydrogène, de la thermo-fusion nucléaire à la photo-synthèse. A mon avis, tu accusais injustement les écologistes d'avoir tenu pour l'automobile électrique, oui si on prend Nicolas Hulot pour un écolo ça se comprend, l'écologie c'est pas ça. La voiture électrique nullement écologique est budgétivore et coûteuse et pas généralisable, les vrais écolos rêvent en effet d'un partage juste de richesses qui se raréfient et d'une gestion saine et durable des ressources, le chrétien dit-il autre chose? Si tu écoutes, hausses le son, 1h49 minutes, mais comptes 10-15 minutes d'intro, une bonne heure de topo, le reste en questions et réponses. Le conférencier connaît les sujets qu'il traite, mais de faible éloquence, avec des euh, des hésitations, pas un bon vulgarisateur, on ne peut pas avoir tous les talents. https://www.youtube.com/watch?v=ioDo0BCk7I4

samedi 1 décembre 2018

Gilets jaunes et classe moyenne

On le sait depuis #Alainsouchon, les classes moyennes sont des "foules sentimentales". Mais réfléchissons. A l'origine, les #GiletsJaunes sont motorisés, donc ils appartiennent à la classe moyenne. Une classe moyenne déclassée par un président qui aurait planché au #Bilderberg, aux dires de #MichelGeoffroy dans son livre traitant de la superclasse mondiale, sur la manière de lui faire avaler son déclassement sans qu'elle geigne, car la "mondialisation heureuse" tire le niveau de vie moyen vers le bas. Son déclassement du centre à la périphérie. La France ne se gouverne plus au centre, au niveau de l'électeur médian, elle ne se gouverne plus pour que la classe moyenne y trouve son compte. Depuis le début de cette agitation, j'ai craint le mouvement des #GiletsJaunes parce que, pour une fois, on avait affaire à une force. Les automobilistes ont un bolide sous l'accélérateur, il ne faut pas le leur dire deux fois pour qu'ils fendent la foule comme le camionneur de Nice. Finalement, c'est une gilet jaune qui a été la première victime d'un tel emballement de prétendue panique automobile. En 2002, l'électorat disait craindre pour sa sécurité. On l'a détrompé: "Vous souffrez d'une dérive sentimentale, vous avez un sentiment d'insécurité, ce sentiment est infondé, #LaurentMuchielli vous l'assure". Cette classe moyenne paniquée des automobilistes vote Le Pen. Jospin est sorti du jeu et Chirac sort victorieux du jeu. Il commence par ironiser en punissant les automobilistes pour répondre à l'insécurité dont ils disent souffrir par un accent mis sur la sécurité routière. Or, entre les automobilistes et les vandales ou les "racailles", il y a la différence qui, dans un crime, juge de la préméditation. Il arrive que les automobilistes donnent la mort, mais c'est sans intention de la donner. Et même ils la donnent plus souvent qu'à leur tour. Ils sont plus souvent criminels que les assassins. Mais ils ne le sont pas volontairement, à la différence des assassins, quand bien même se transformeraient-ils en chauffards. Ils n'ont pas la volonté de nuire et on met ces criminels involontaires, qui n'ont pas l'intention d'augmenter la criminalité, au rang des assassins. Seize ans plus tard, ces automobilistes tabagiques et qui roulent au diésel ont encore assez de pouvoir d'achat pour puiser à la pompe, mais ils ne veulent plus être taxés. La taxe symbolise leur déclassement. Ils réagissent à l'exaspération financière et normative. Ils le font avec les beaufs et les jeunes des banlieues, réunis pour l'occasion dans un improbable vivre-ensemble de la négativité. Le danger est double: la coalition est divisée en son principe, et l'ascenseur social tombe au sous-sol. La classe moyenne, qui formait la tête de pont de ce mouvement de protestation, est aspirée vers les classes populaires, signe de son déclassement et de la crise de la méritocratie.