Il n'y a pas d'agenda caché, mais il y a un agenda que les médias nous cachent. Les médias ne sont pas kash. Ce n'est pas de la désinformation, ce n'est pas de la rétention d'information, c'est de la sous-information.
La semaine dernière, on avait droit à un @EmmanuelMacron répondant à beaucoup d'interviews "au national", puis prononçant un discours au Parlement européen, tellement il était Européen, tellement il n'était pas le vassal des Américains. Mais tous les journalistes auraient dû consulter l'agenda de l'Élysée et nous prévenir que la semaine suivante, Emmanuel Macron irait aux Etats-Unis consommer sa vassalité: "Combien je suis heureux de frapper la Sirie en toute souveraineté européenne avec toi, cher Donald!"
La France met en scène son Macron, son "angelot" en principal leader de l'Europe en relation avec le président des Etats-Unis, le présumé plus puissant des Européens qui vient d'inventer le néologisme "impuissanter". De temps à autre, on annonce qu'#AngelaMerkel succédera à l'angelot dès vendredi à washington. Or on sait bien que, pour Trump, c'est le dernier qui a parlé qui a raison. Donc nul doute qu'après l'angelot, Angela fera partager l'Europe allemande à Trump qui est d'origine allemande et qui n'aime rien tant que les femmes originaires de la mittel Europa.
Si tant est que Trump soit à même d'être convaincu de quelque chose. Macron ne doit pas perdre la face. Le narcissisme présidentiel du génie des carpettes ne le supporterait pas. Trump veut dénoncer la participation des Etats-Unis à l'accord iranien. Macron fait mine de l'avoir convaincu et parle d'un nouvel accord avec l'Iran. Macron confond le fait de parler avec tout le monde avec la capacité de convaincre quelqu'un. Il joue les champions du multilatéralisme contre un Trump qui serait unilatéraliste. Or toute la campagne de Trump était basée sur un multilatéralisme avec les Etats-Unis qui n'a pas tenu ses promesses isolationnistes. Macron est un persuasif qui ne convainc personne. Le leadership de la France n'en sort pas grandi.
mardi 24 avril 2018
jeudi 19 avril 2018
QUAND LA CONTESTATION DÉPASSE LES CONTESTATAIRES !
Il ne faut pas
redouter la chienlit, elle nous protège.
Chers billettiste, lecteurs et commentateurs,
Ce " prurit de
contestations dont on ne sait plus trop bien ce qu'elles dénoncent", ne doit-on pas lui mettre
en parallèle une confusion
d'humeur louangeuse dont on ne sait pas bien ce qu'elle approuve ? Et les
"insupportables déréglements sociaux et professionnels"
n’ont-ils pas été provoqués par la déréglementation des professions
réglementées qu'au titre de l'application du rapport Attali, mais aussi de la
feuille de route de la Commission européenne, Emmanuel Macron a méticuleusement
portée ?
Je dois reconnaître au président de
la République que, dans sa volonté de restaurer "l'autorité de la
démocratie" contre le risque de "démocraties autoritaires" ou
"illibérales" -un de ces néologismes dont il raffole et qui dans sa
bouche est synonyme d'" anti-individualiste »-, il refuse courageusement
d'être une "machine à supporter toutes les interpellations",
c'est-à-dire qu'il signifie qu'on ne doit pas attraper un président de la
République par la manche avec un irrespect qu'on n’aurait pas pour un directeur
d'école. Mais l'exercice de cette autorité est anachronique, pratiqué par le
garant de l'organicité sociale, qui ne comprend précisément pas le caractère
organique de la société, et qui brise les joyaux du patrimoine de la solidarité
nationale.
Les " cheminots "
"ignorent" "les étudiants » ? N'en a-t-il pas toujours été ainsi
? N'en fut-il pas de même en 1968 quand les ouvriers et le parti communiste ne
trouvait pas très sérieux ce monôme sociétal avant la lettre, annonciateur de
la dérive que connaîtrait le parti socialiste quarante-cinq ans plus tard, avec
l'irruption du "mariage pour tous" comme priorité du quinquennat de
François Hollande ? En 2005, les faiseurs d’opinion et Nicolas Sarkozy lui-même
qui s'en servit comme tremplin pour avoir la peau de son rival Villepin, firent
les yeux doux aux contestataires du CPE. Or ceux-ci, avec Bruno Julliard à leur
tête, étudiant attardé qui juré craché ! ne ferait pas de politique et qu’on
retrouva conseiller à l’Éducation nationale de Martine Aubry première secrétaire
du PS, n’agissaient-ils pas beaucoup plus que nos bloqueurs d’aujourd’hui, au
rebours de l'intérêt des salariés et des actifs de leur âge, qu'ils privaient
d'un contrat qui leur aurait permis d’entrer dans l’emploi tout en faisant
mécaniquement baisser le chômage des jeunes ? Ces étudiants d'il y a dix ans, à
qui les médias faisaient la courte échelle, étaient beaucoup plus nocifs que les
agitateurs d'aujourd'hui, non qu'en s'opposant à une sélection minimale et
nécessaire, ces derniers comprennent ce qu'ils font, mais ils sont
l'avant-garde du service public, combattant consciemment pour la sauvegarde de
ses acquis sociaux, comme s'il devait exister des droits acquis dans une
République fondée par et sur l'abolition des privilèges ; mais combattant
inconsciemment pour la sauvegarde de ce service public de la société par l’État,
qu'une droite idéologiquement opposée à l’existence même des fonctionnaires a
eu beau jeu, jusqu'à Fillon lui-même, d’attaquer comme un corps paresseux et
non dévoué à sa tâche, mais dont on voit, maintenant qu'il n'y a plus personne
dans les petites gares pour faire monter les personnes âgées et les handicapés,
qu’il n’y a pas assez de policiers, pas assez de juges et que les tribunaux
d'instance ferment à tour de bras, pas assez de personnel soignant, quelle
déperdition est la casse de ce service public par l'ingénierie sociale des
ronds de cuir, précurseurs de l'"et en même tempsisme (et tant pisme)"
d'une République de la proximité qui s'éloigne ou de la "santé qui n'a pas
de prix, mais a un coût", et qui prévoient un redéploiement partout, sauf
dans l’ingénierie sociale...
Alors bien sûr,
les cheminots ignorent les étudiants, mais ça ne compte pas. Il vaut mieux
écouter les postiers qui, au coude à coude avec les cheminots, nous explique
que la SNCF qui devient une société anonyme finira comme la poste qui ne
distribue plus le courrier et n'aide plus ses usagers vulnérables à remplir un
formulaire. Il faut entendre ces fonctionnaires qui nous rappellent qu’un
statut protecteur et avancé des agents de l’État est la garantie d’un niveau
élevé de qualité du service public. Il faut considérer ces soignants qui, dans
l'émission "Les pieds sur terre" de ce jour, mettent Martin Hirsch devant
ce bilan calamiteux et pire que celui de Stéphane Richard à France télécom, que
cet ancien directeur du cabinet de Bernard Kouchner s’étant perfectionné au
service de l’abbé Pierre, ce paupérocrate à la sauce Emmaüs, a causé le plus
grand nombre de suicides qu'on n’ait jamais enregistré dans le personnel de
l'assistance public hôpitaux de Paris (APHP). Je constate que les médecins de
ville ne visitent plus leurs malades, même ceux qui ne peuvent plus se
déplacer. Accompagnant il y a deux ans ma très proche, ayant perdu la vue et
qui se paraparésiait, j'ai assisté à cette scène ubuesque et inoubliable de
cinq cadres de santé compétents, bienveillants et au bord des larmes d’une clinique
privée, qui refusèrent car c’était la loi du système, de la garder le temps qu’une
solution soit prête pour l’accueillir à domicile, et qui prétendirent nous convaincre
que la meilleure chose que nous ayons à faire était de rentrer chez nous, alors
même que les infirmières à domicile nous avaient fait savoir par téléphone
devant ces cadres de santé que nous avions pris à témoin, qu'elles
n'assureraient pas la prise en charge médicale de ma compagne, qu’elles
estimaient trop lourde.
Que dire après
cela ? Faut-il laisser la France se tiers-mondiser et devenir une favela
sans solidarité ? Le président de la République se frotte les mains parce que
la promesse de la sociale démocratie de niveler la condition des salariés par
le haut est intenable, la sociale démocratie étant le bras gauche de l'individualisation
de la société dont le libéralisme cyniquement économique est le bras droit. Ce
n'est pas parce que cette contestation sociale fait quelque chose qui la
dépasse qu'il faut jeter le bébé de ce qui l’agit par-devers elle et de ce qui
nous rassemble comme peuple et comme société politique avec l'eau du bain de
méthodes d’expression d’une saine colère que, même dans le village d’Astérix, on
aimerait voir plus matures et surtout plus opérationnelles. Et si, comme le
disait Michelet, la France, au-delà d'être un peuple de râleurs, demeurait malgré
tout "la Révolution » ?
lundi 16 avril 2018
La fête à Macron pour la défaite de Macron
Macron a perdu, c’est entendu. Il
a perdu son match de catch. Mais s'est-il révélé "fort et solide » ? Ceux
qui disent qu’il s’est révélé « fort » et « solide » n’ont pas
dû regarder la même interview-"débat démocratique" entre deux
éditorialistes-"interviewers" et le président de la République. Je
l'ai trouvé susceptible et vulnérable. C'est tout juste si JJ. Bourdin n'était
pas tenté de lui dire, dans les premières minutes : "Emmanuel, calme-toi !"
Il n'a ajouté "Macron" à « Emmanuel » qu'en s’apercevant de
lui-même qu’il poussait la familiarité un peu trop loin.
Je sais gré au président de nous
avoir offert cette forme modernisée de l'interview présidentielle. Un président
n’affaiblit pas la fonction présidentielle en descendant dans l’arène au risque
de se faire traiter en incipit par la vedette des matinales politiques d’» illusionniste [de]
l’histoire ». Ces deux gérontes de Bourdin et Plenel dégagent un parfum de
casseroles, mais ont de la bouteille.
Macron n'est pas arrivé à
convaincre qu'il a ordonné cette frappe en Sirie sans enfreindre le droit
international, qu'il combat Daech en combattant Bachar, qu'il n'est pas le
président et l’ami des riches, et que sa politique est efficace.
Macron fait du Hollande au train
de Sarkozy. Sa politique Canada Dry sent la réforme, a la couleur de la
réforme, mais revient à Macron-Jupiter sans avoir accompli ses résultats. Les
deux exemples du jour :
-
Sa ministre de l’enseignement supérieur promet
que l’organisation des examens ne sera pas affectée par le blocage des
universités, et Nanterre reporte son premier partiel.
- Macron et Philippe croient
avoir évacué Notre-Dame-des-Landes, mais les zadistes qui partirent trois cents
reviennent sept cents au cours du week-end.
Macron est payé par la France
pour travailler contre la France sur ordre du peuple français, que personne n'a
forcé à l'élire.
Macron est insaisissable comme
Hollande et intéresse comme Sarkozy. Sa communication parie sur le mystère.
Macron est charismatique, c'est-à-dire qu'il peut faire des miracles par
hasard, sans être le dépositaire du pouvoir sacré. Moi qui ai toujours été
légitimiste, mais qui doute de la légitimité de Macron et qui n'aime pas
Macron, je mentirais si je disais qu’il ne m'intéresse pas. J'ai envie de
savoir qui il est, même si je sais qu'il fera tout pour que je ne le sache pas
et pour noyer le poisson, afin de rester le maître de la connaissance qu’on a de
lui. J'ai envie de savoir s'il est aussi
cultivé qu'on le prétend et pourquoi un homme qui a déjà fait montre de tant de
lacunes passe pour un enfant prodige. J’ai envie de comprendre pourquoi ce
rhéteur qui réussit la captatio benevolentiae n'est pas un homme de bonne
volonté. Ce monarque qui ne guérit pas les écrouelles, et qui ne cesse de
pousser l'égocratie absolue jusqu'à dire "je (détermine la politique de la
nation, en omni-président, et en infraction à l'article 20 de la Constitution,
sans que Bayrou mon allié me désavoue en écrivant un livre contre moi, comme il
l’a fait contre Sarkozy pour les mêmes raisons. » Cf. F. Bayrou, Abus de
pouvoir, Plon), m'apparaît depuis son élection comme un méchant roi, le roi
Turlubulu d'un conte que je ne parviens pas à retrouver. Cet élève mal fini
chasse les élèves d'une école de l'Orne pour se faire interviewer dans une
salle de classe vide. Ce président qui se rêvait comédien investit le théâtre national
de Chaillot dont le public est interdit d’entrée pour jouer devant une salle
vide. Les médias se gardent bien de commenter ces deux éléments de décor
choisis par ce fou devenu roi. Drôle de complexé, qui se prend pour un homme
doté de « pensée complexe" et joue la complexité du pouvoir !
dimanche 15 avril 2018
Macron le dégoûtant
Le régime de Bachar a-t-il créé une vague migratoire
? Possible, dans la mesure où il ne cède rien dans la guerre en Sirie. Mais les
frappes de Macron vont créer une vague de terrorisme. Sous prétexte de lutter
contre une guerre civile en Sirie, on va allumer un peu plus la guerre civile
en France.
Macron est le cadeau empoisonné
que nous a fait Hollande. Tout ce en quoi l'homme de l'antithèse ("et en
même temps") tranche sur l'homme de la synthèse et toutes les questions
qu'il tranche brutalement sur la forme et en réformettes sur le fond, sous le
nom grandiloquent de transformations, n'est que le prolongement de la politique
de Hollande, à qui sa tradition rad-soc, corrézienne et chiraquienne donnait
peur de l'ombre de sa politique, au cas où cette politique sociale-libérale
serait venue à bouleverser les équilibres sociaux du pays. Hollande n'a rien
fait et nous explique comment faire. Hollande sait que le droit d'inventaire
qu'exercent les Français sur son quinquennat est très dur. Aussi préfère-t-il le dresser lui-même. Hollande
n'a qu'une chose à reprocher à Macron : c'est de n'être pas lui. Hollande fanfaronne
: "Je l'ai laissé gagner, je ne l'ai pas battu parce que je n'ai pas
voulu", mais entre deux toquades, il avoue que son retrait était
sacrificiel. Hollande rejoint Louis XVI et Pétain au panthéon des sacrifiés de
l'histoire de France.
À outré nouveau, vieille
politique. Macron est un Rocard ou un Delors qui auraient réussi. Il se range
sous la bannière de Trump. Autant dire que l'Europe dont il rêve est l'Eurotan.
Macron ne pourra plus jamais
prétendre à la moindre parenté avec de Gaulle. En entraînant la France dans ces
frappes en Sirie sous prétexte d'éviter une escalade dans une guerre quasi
gagnée par le régime de Bachar, escalade qu'il créée par conséquent, Macron
"détruit 70 ans de diplomatie française", déshonore la France et
l'entraîne dans une des guerres les plus graves du choc des civilisations, pour
achever la partition confessionnelle du grand Moyen-Orient dont Daech était un
des instruments. La France a contribué à faire passer la Libye aux mains d'Al-Qaïda
Maghreb islamique. Elle remet Daech, défait militairement, dans le jeu sirien
du futur régime, parce que Macron a fait passer la France dans le camp
occidental et que l'Occident présente par ces frappes un déni de victoire
militaire. Va-t'en-guerre comme
d'habitude, BHL propose de délaïciser la Sirie après avoir bousillé la Libye.
Ce nouveau philosophe qui se prend pour un roi philosophe n'a même pas la décence
de ne plus la ramener après le désastre qu'il a provoquéen Libye.
J'entendais l'autre soir François
Bert faire cette excellente remarque : "Il serait temps pour Macron de
passer du paon qui fait la roue à l'aigle qui, d'un regard perçant, ne se
trompe pas de proie et fond sur elle. Mais en tant qu'expert des personnalités,
j'ai peur que ce ne soit un vœu pieux." Malheureusement, Macron n'est pas
pardonnable, car il sait très bien ce qu'il fait. Ses réformes en France seraient acceptables
s'il ne créait l'environnement social qui nous vaut de les refuser comme climatiquement
nuisibles à la convivialité, au "vivre ensemble" ou à la vie commune.
Ses réformes sont anti-sociales.
En une semaine, le représentant
autoproclamé du "nouveau monde" aura réussi à se faire interviewer
par trois journalistes sexagénaires. Nous nageons en pleine gérontocratie
française. Condescendant, il remercie les retraités comme un instit de
consentir à l'"effort" qu'il leur a demandé et de lui donner ce qu'il
leur a pris. Méprisant, il avertit les jeunes qu'il n'y aura pas d'"examen
en chocolat". Au moment de s'apprêter à commémorer mai 68, il ressort
l'argument éculé qu'on servait en 68 aux ancêtres des actuels bloqueurs :
"Vous êtes manipulés par des agitateurs professionnels."
Macron ne cherche pas à
"convaincre", mais à séduire et à embrouiller. Il y a parfaitement réussi
auprès de médias qui voulaient l’être. Il a été élu sans poser de diagnostic ni
proposer de programme. Bien malin qui serait capable d'expliquer ce qu'énonce
clairement la République en marche. La politique pratiquée est toute de
sous-entendus. Macron ne fait pas ce qu'il dit contrairement à ce qu'il dit. Il
avait promis de reprendre la dette de la SNCF, il réforme le statut des
cheminots. Il avait promis de bâtir l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il en
chasse les zadistes en renonçant au projet. Mais le plus immoral de tout, il
s'est fendu d'une promesse improvisée de "zéro SDF" à la fin de
l'année 2017. (En fait, c'était une promesse de 0 migrant sans abri.) Il ne
s'excuse pas d'avoir parlé sans réfléchir. Nicolas Sarkozy fut accusé d'avoir
"atteint le summum de l'immoralité politique" pour moins que ça.
Quant à ces deux interviewers de
ce soir, si tant est que cette écume vaille la peine d'être évoquée en temps de
guerre et en un jour comme aujourd'hui, les deux vieilles badernes font la
paire, ils s'aiment bien et sont complices. Jean-Jacques Bourdin est un questionneur incisif qui ne tient pas la distance
idéologique. Quant à Edwy Plenel, c'est un habitué des longues conversations au
coin du feu médiapartique. Cet homme pratique a invité Macron à la veille de
son élection. Aller à "Médiapart" fut la sortie du candidat certain
d'être élu. L'aspect subversif du médium qui a probablement orchestré
l'"empêchement" de Fillon pour laisser la voie libre à Macron dont il
s'est bien gardé d'explorer les "leaks" devrait en prendre un coup.
Plenel est un hamoniste cégétiste de bonne compagnie. Je ne crois pas beaucoup
le caricaturer en disant cela. La démocratie n'intéresse pas beaucoup ce Danton
déguisé en Robespierre.
Les siro-soixante-huitards
#QuestionsPolitiques sur @franceinter est l’émission de la République des fils à papa : l’ex-gendre de #FrançoisMitterrand, @AliBaddou qui la présente, et la fille de l’ancien pdt du Conseil de surveillance de «La nouvelle République du Centre-Ouest », #NathalieSaint-Cricq, » y interrogent le fils d’un cadre de Bonduel (ce sont eux qui soulignent) @Francois_Rufin. En deuxième heure, le fils d’##AndréGlucksmann, ancien frère jumeau contrapuntique de @BHL, commentera l’actualité : naturellement, @rglucks1 est favorable aux #frappes en #Sirie.
@FrancoisRuffin est un performeur politique ; donc, pour @CarineBecard, puisqu’il soigne la forme, il n’a pas de fond.
Tous ces journalistes tombent sur le député apparenté de la @FranceInsoumise comme s’ils détenaient les preuves des attaques chimiques de #BacharElAssad et alors que @Francois\RUffin a pris soin, à tort à mon avis, de dire qu’il n’était pas spécialiste des questions internationales. Il se contente de demander que l’on dresse le bilan de l’intervention en Libye de @la #FranceBHL. Ou comment le #ServicePublic se comporte en média de propagande !
Les journalistes présents sur le plateau reservent l’argument vieux comme le #NouveauMonde que les étudiants qui bloquent les universités sont manipulés par des agitateurs professionnels. Heureusement que la production fait preuve dun peu d’indépendance et rediffuse le même argument servi il y a 30 ans par #CharlesPasqua au moment de la contestation de la #LoiDevaquet.
@FrancoisRuffin est un performeur politique ; donc, pour @CarineBecard, puisqu’il soigne la forme, il n’a pas de fond.
Tous ces journalistes tombent sur le député apparenté de la @FranceInsoumise comme s’ils détenaient les preuves des attaques chimiques de #BacharElAssad et alors que @Francois\RUffin a pris soin, à tort à mon avis, de dire qu’il n’était pas spécialiste des questions internationales. Il se contente de demander que l’on dresse le bilan de l’intervention en Libye de @la #FranceBHL. Ou comment le #ServicePublic se comporte en média de propagande !
Les journalistes présents sur le plateau reservent l’argument vieux comme le #NouveauMonde que les étudiants qui bloquent les universités sont manipulés par des agitateurs professionnels. Heureusement que la production fait preuve dun peu d’indépendance et rediffuse le même argument servi il y a 30 ans par #CharlesPasqua au moment de la contestation de la #LoiDevaquet.
jeudi 12 avril 2018
Vivre ensemble malgré le conflit des mémoires
Discuté
tout à l’heure avec Nathalie. Confronté nos récits nationaux. J’ai du mal à
assumer mes dissentiments avec elle. Je lui ai dit qu’elle était une femme de
récit et moi un homme d’analyse. Beaucoup de gens se racontent des histoires sans
analyser leur récit. Au contraire, je supporte très bien que mon récit soit de
bric et de broc (d’ailleurs la fin d’un roman ne m’intéresse pas, je ne retiens
pas les coups de théâtre ; ce qui m’intéresse,
c’est son atmosphère), j’accepte tous les paradoxes entre le dire et le faire
de quelqu’un, mais je n’accepte pas ses incohérences : je pense A et
sciemment, je fais b qui est le contraire de a. J’accepte les paradoxes entre
le « dire » et le « faire », mais je n’accepte pas les
incohérences entre le « faire » et le « penser ». Nathalie
m’a demandé si j’en avais contre l’hypocrisie. Je lui ai répondu que non, car l’hypocrisie
est le fait de quelqu’un qui pense noir, te dit qu’il pense blanc et qui fait
gris. Le mot de « dissimulation » revient souvent dans la bouche de
Nathalie. Je pense que c’est parce qu’on l’a accusée de dissimulation, ou parce
qu’on accuse l’islam de Takyiah – le pape François parle bien de « sainte
ruse » -. L’hypocrisie est de
la dissimulation. Les hypocrites dissimulent leur incohérence aux autres. Les
gens paradoxaux se dissimulent leurs paradoxes à eux-mêmes. Dans le conflit des
récits nationaux, je dissimule mes dissentiments à Nathalie. Nous nous
dissimulons nos dissentiments pour ne pas entrer dans leur conflictualité :
par exemple, le conflit des récits sur la guerre d’Algérie. Nous nous
dissimulons nos dissentiments pour assurer le « vivre ensemble » (je
préfère l’expression de « vie commune » employée l’autre soir par mgr
Pontier). Nous nous dissimulons nos dissentiments au risque d’être sans
mémoire. « Tout ça, c’est du passé », me dit Nathalie. « Je
ne crois pas au : « Je me fous du passé » d’Edith Piaf ou au « balayons
le passé » des mauvaises réconciliations. Tôt ou tard, le passé nous
resaute à la figure. On peut être sans mémoire quand on manque d’esprit d’analyse. La France est une société
mémorielle car elle est judéo-chrétienne. Peut-être est-ce un raccourcis facile
que le procédé auquel je recours trop souvent de caractériser les peuples par
les monopoles mentaux ou spirituels qu’ils auraient. Dans mon système monopolistique
du jour, les juifs auraient le monopole de la mémoire. Alors pourquoi les Algériens
nous demandent-ils d’inscrire dans un traité d’amitié que nous regrettons tout
le mal commis pendant la colonisation ? Mais peut-être ne nous le
demandent-ils pas sérieusement et ne le font-ils sous cette forme que parce qu’ils
nous savent une société mémorielle. Serait-ce une composante musulmane que d’être
une religion de la fraternité, de la désaffiliation et de l’absence de mémoire,
le risque étant que les sociétés musulmanes ne se souviennent pas qu’elles sont
en conflit permanent depuis la mort de Mohamed, selon des stratégies d’alliance
qui changent très vite et rendent « l’Orient compliqué »à la
rationalité occidentale qui aimeles dualismes simplistes. La contrepartie
positive est que le musulman est volontiers « pardonnant » comme l’est
Allah selon le Coran, dont les colères ne sont pas considérables, car bien que
nous soyons sous son regard, il a la prescience calvinienne de qui est sauvé et
de qui est damné, et il a l’indifférence voltairienne du dieu des philosophes
et du grand horloger.
« Cela, c’étaient les affaires de nos
grands-parents. » Mon père le voyait ainsi, alors qu’il faisait sienne la
souffrance que les Allemands avaient infligée à sa mère , qui l’avait faite
être germanophobe toute sa vie, et mon père l’avait suivie en n’avouant sa
germanophobie qu’à la fin de sa vie. Il était plus antimilitariste que la
plupart des appelés du contingent, mais beaucoup souscrivaient à ces paroles de
la chanson de Serge Lama : « L’Algérie, c’était une aventure dont on
ne voulait pas. […] C’était un beau pays, l’Algérie. »
« Je suis contre toutes les guerres »,
me dit Nathalie. Moi aussi, je suis pacifiste à 99 %. Je me laisse 1 % de marge
en cas de guerre inévitable. Or quand j’ai cru la guerre inévitable, c’était dans
le bourbier libyen de Sarkozy, pays que Kadhafi menaçait de massacrer pour le
libérer d’Al-qaïda Maghreb islamique. On a empêché Kadhafi de massacrer son
peuple et on a bousillé la Libye comme
on l’a fait du Centrafrique, ce dont m’avertissait Abdel qui voyait plus clair
que moi, même si je ne me suis pas vraiment laissé bercer par les sirènes néo-colonialistes
du hollandisme qu’Emmanuel Todd avait cru révolutionnaire et qui n’était que
néo-conservateur et bushiste, bien que Hollande fût entouré de conseillers aussi
intelligents que celui qui intervenait à l’émission où Nathalie a donné son
témoignage. Nathalie ne m’a pas rejoint dans mes marges guerrières, mais elle a
donné le seul lieu où il lui semble qu’on
devrait intervenir et c’est le Yemen, où la guerre a fait 7 millions de morts
alors qu’on s’agite autour de la Sirie que l’on compte bombarder alors que la
guerre vient d’être gagnée par le régime. Mais on ne se satisfait pas de celui
qui a remporté la victoire, alors qu’on reçoit en grandes pompes le magnat
sahoudien dont Nathalie trouvela réception honteuse. C’est que la France n’est
plus gaullienne et a clairement choisi le camp occidental. Les Américains sont
russophobes et sahoudophiles, la France les suit sans état d’âme et sans
broncher. L’axe sahoudo-sioniste s’affirme clairement de Riyad à Jérusalem, les
Yéménites peuvent mourir tranquilles et ils sont déjà 7 millions, un million de
plus que...
En France, on invite au « vivre- ensemble »
au risque qu’Hind se persuade qu’elle a tort d’être contre les Américains parce
qu’elle n’aime pas Trump alors que son copain qui a été en Amérique l’a assurée
que le peuple américain est très accueillant ce qui est vrai, . Mais il est
important qu’Hind déconstruise son préjugé anti-amméricain (ou il est
important, sous prétexte d’esprit critique, qu’elle fasse son auto-critique
comme aux pires heures du communisme) parce qu’ainsi, elle sera une enfant du « vivre-ensemble »
qui pourra excuser ceux qui l’y encourage de vouloir qu’elle soit la seule à
converger : la France accueille toutes les nationalités, mais ne se voit
pas dans l’obligation de converger avec les luttes de ceux qu’elle accueilleet
dont elle fait des Français. Il y a des limites à l’universalisme
révolutionnaire ! Les minorités stigmatisées du « vivre-ensemble »
devront pousser la convivialité jusqu’à accepter que la France accueille le
prince sahoudien qui est la honte du sunisme. Elles le devront dans la
virginisation de leur identité qui exige des individus qui sont issus de ces
minorités qu’ils deviennent des citoyens amnésiques, les Français de souche,
pour leur part, aimant perdre la mémoire. Or le pardon n’est pas amnésique et
ne s’accorde que sous la condition que celui qui le reçoit ne recommencera plus.
« Et si nous arrêtions de parler de la guerre ? »
Comment nous sommes-nous retrouvés dans un monde aussi conflictuel ? Nathallie
est viiscéralement pacifiste et moi viscéralement démocrate. Mon démocratisme
va jusqu’à l’accepptation de la victoire d’Hitler, contre lequel je lutterai
pied à pied s’il arrivait au pouvoir. Mon pacifisme ne vient pas loin derrière. Je
me souviens de mon père qui attendait d’avoir cinquante ans pour jouir dans la
sécurité de la certitude de n’être plus mobilisé. Il était né en 39 et cet
enfant de la guerre se réjjouissait de penser qu’il ne verrait plus la guerre,
même s’il se méfiait. Moi, je ne me méfiais pas. Quelle ne fut pas ma
déconvenue quand s’allumèrent les premiers feux de la première guerre du golfe !
Deux ans après la chute du mur de Berlin et la défaite du communisme que
Maurice druuon appela un peu vite « un cadavre » alors qu’un quart de
l’humanité en la personne des chinois y restait soumis, la civilisation de l’optimisme opulent rentrait
sans qu’on l’y ait poussée dans le tragique de l’histoire en refusant le scénario
de fukuiama pour lui préféreer dix ans plus tard celui de Huntington. La
substitution du tragique de l’histoire au progressisme défait du matérialisme
historique prôné par les communistes plut beaucoup aux humanitaires « un
tiers-mondiste, deux tiers mondain »
du type Bernard Kouchner ou son épigone Bernard-Henri Lévy, le nouveau
philosophe, qui se dépensa sans compter pour montrer que le monde dans les
radicalisations duquel il s’engouffrait, se divisait entre salauds et « camps
du bien ».
« Comme on était bien sous Chirac !
On ne se mêlait pas des affaires des autres. »Pourquoi l’homme aime-t-il
tant s’autodétruire ? Pourquoi notre pays riche casse-t-il tous ses jouets
pour une domotique qui a déjà vingt ans de retard ? Pourquoi refusons-nous
l’héritage humaniste de la vieille bourgeoisie philanthroopique dont la « fin
de race » est formée de jeunes coqs numériques (ils savent compter mieux
que jamais), humanitaristes et robotisés ?
mercredi 11 avril 2018
Questions à une catholique bioéthique
Pardon, Madame, mais j'aimerais savoir depuis quand les catholiques s'intéressent de façon aussi acharnée à la bioéthique. Comme s'il n'y avait plus, dans la vie, que la naissance et la mort le plus tard possible, la première étant condition de tout, je le comprends, mais la seconde? En luttant contre l'avortement, les catholiques veulent empêcher un génocide anténatal. C'est tout à leur, à notre honneur -car je suis des vôtres et des leurs, tous les catholiques sont de ma famille-. Mais pourquoi se sont-ils, avant la loi Veil, très peu prononcés sur l'avortement qui a toujours existé? Pourquoi n'avaient-ils rien contre les condoms avant la contraception de masse? Pourquoi le "coïtus interruptus" vaudrait-il mieux que le préservatif? Les chrétiens veulent mourir le plus tard possible comme s'ils n'avaient pas d'espérance. La foi semble être réduite à la naissance et à la mort, comme s'il n'y avait pas entre elles cet intervalle qu'on nomme la vie, et comme si la seconde naissance n'était pas l'enjeu de la foi ou, pour reprendre une formule de Macron que j'ai appréciée, de "la question intranquille du salut"? En infligeant une longue agonie à des malades qui n'ont plus d'autre issue que la souffrance, les cahtoliques n'avouent-ils pas qu'ils ont un certain goût pour la torture? Comment ont-ils oublié qu'ils étaient contre toute manipulation du vivant, et donc contre le principe même de la PMA? Est-ce qu'ils y viennent parce que ça marche, réservant leur discrimination, par pure homophobie, aux "couples" de femmes? Tout cela soit dit non sans vous présenter mes hommages.
Les territoires perdus de la République
Le blogueur que je suis vit dans
une niche de commentateur. J’essaied’en
prendre mon parti. Voici le second commentaire posté sur le blog de Philippe
Bilger au pied de son article : « Un
ministre peut tout, un ministre ne peut rien » :
D’habitude, je n’aime pas mes
textes féroces. Celui-ci l’est bien plus que mon premier commentaire. Mais j’ai
si souvent traité ici de ma théorie du « peueple parlementaire » ou législateur
que je trouve inutile d’y revenir. Je me sens à l’aise dans le monde des
abstractions, mais il est des constats qu’il faut savoir dresser.
« Il manque un volet concret
à mon commentaire d'hier soir.
Je me rappelle comme si c'était
hier cette première professeur dépressive rencontrée il y a vingt ans dans une
abbaye où elle venait se reposer, qui disait se faire molester tous les jours
et que son principal ne défendait pas, car il ne s'agissait pas que son collège
fût déclassé, ni qu'on pût laisser dire que l'Éducation nationale souffrait
violence des élèves, ce qu'on peut résumer par boutade en disant qu'après que
les profs ont tapé les élèves, depuis l'interdiction des châtiments corporels aux
écolâtres, ce sont les élèves qui tapent les profs.
Cela a été évoqué
par @Achille : en banlieue sont envoyés les professeurs les moins chevronnés,
et les commissariats sont en sous-effectif. La République en marche marche sur
la tête ou la tête à l'envers : il faudrait à l’évidence que le maximum
d'effectif de police se concentre sur les quartiers qu'on appelle
"sensibles" pour ne pas avouer qu'on y mène une vie bien plus sauvage
que celle de Vendredi, de même qu'il faudrait que s'y concentrent les
professeurs les plus chevronnés. On cache qu'on n'organise pas ces nominations
par cette rustine qu'est le dédoublement des classes primaires en réseau
d'éducation prioritaire, qui permet d'opposer la France rurale dans laquelle on
ferme des classes (et qui n'est rien pour notre président de la République
puisqu'elle n'a souvent pas le haut débit) à la France des banlieues qu'on va
bientôt rapprocher des métropoles pour que "les loups entrent dans la
ville", ce qui ne serait pas anormal si on commençait par les domestiquer,
qu’ils soient solitaires ou en bandes&meutes, excès de langage mis à part:
la banlieue est le territoire d'Al-Qaïda, des bandes et des caïds, d'où cet
autre rapprochement sémantique. "Al nostra" fera du « bon boulot »,
cependant que Georges Bensoussan nous parlera des "territoires perdus de
la République" et ne sera pas soupçonné d'importer le conflit
israélo-palestinien dans la République parce qu'il n'est pas par position du
côté des importateurs ou des importuns dont on dit qu'ils importent, bien qu'il
ait écrit une remarquable histoire du sionisme en deux volumes à ce qu'on dit
(je n'ai pas vérifié, n'ayant lu que celle de Denis Charbit).
Il arrive qu'au
sommet de l'État on reprenne la rhétorique des territoires perdus de la
République, rhétorique qui décrit une réalité bien que ceux qui la poussent le
fassent dans une intention de "concurrence victimaire et communautaire"
qu'ils dénoncent par ailleurs. Je précise que l'exode des juifs hors de la
Seine Saint-Denis est des plus préoccupantes. Mais l'exécutif préfère se
regorger de déclarations martiales que de rendre des sanctions exécutives.
L'administration ne protège plus ni les administrés ni ceux qui travaillent
pour elles comme ma professeure de collège déprimée rencontrée il y a vingt
ans, c'est dire depuis combien de temps dure le phénomène. Il n'y a qu'à voir
comme les professeurs sont envoyés dans n'importe quelle académie ou coin de
France. Le site du Sial les balade comme des pions. Les lois sont de plus en plus déclaratives,
comme la prochaine amende dont seront passibles les frotteurs ou les siffleurs
de filles qu'on ne prendra jamais sur le fait. À tout prendre, la loi préférera
importuner les femmes voilées qui ne font de mal à personne. Elle acceptera, au
retour du bled, de légitimer les mariages forcés qui y auront été contractés,
tandis que des catholiques qui voudraient se marier religieusement sans
contracter de mariage civil ne le pourront pas. Après avoir commenté en amont
l'opportunité des lois votées par le pouvoir législatif, l'autorité judiciaire
décidera en pratique lesquelles seront appliquées, ce qui n'ira pas sans un
certain arbitraire puisque, selon que le juge sur lequel vous tomberez sera de
gauche ou de droite, vous serez puni ou relaxé, et le délit pour lequel vous
serez prévenu sera reconnu ou non.
La première
division de la République est l'insécurité. La première indivision d'une
République est l'unité dans la sécurité. Celui qui exerce le monopole de la
violence légitime doit être le même sur tout le territoire. Sous prétexte que
les caïds n'aiment pas la police, on ne doit pas déléguer aux caïds les
pouvoirs de police. Quand mettra-t-on fin à tout ce bordel, à ce terrorisme du quotidien, à cette anarchie
rampante, à cette impuissance étatique drapée derrière le ministère de la
parole de ministres qui parlent beaucoup, mais ne font rien ? Pour retrouver
les territoires perdus de la République, il faut commencer par le vouloir. »
Mon amie Nathalie Haddadi demandait l’autre soir, sur « France
2 », dans l’émission « Questions directes » dont elle
participait à essuyer les plâtres : « Comment des enfants de la
République en arrivent-ils à vouloir détruire la République ? » Ils
ne sont pas respectés, ni quand la République est aimante, ni quand elle est
sévère. Aimante, elle ne veut pas qu’ils reviennent de s’être battu, non pas du
mauvais côté, c’est à croire -puisque la République préfère combattre Bachar
que Daech et combattre Bachar aux côtés de Daech-, mais dans la proximité des
mauvaises personnes. Elle ne porte pas le deuil des djihadistes français, qu’ils
se sentent effectivement Français, que la République leur ait accordé la nationalité française ou qu’elle leur ait
fait croire qu’ils étaient Français sansleur demander s’ils le souhaitaient. Sévère
dans son laxisme, elle libère sa petite délinquance qu’elle enferme dans sa
condition de voyou, et elle ne fait pas savoir à la pègre qu’elle ne sera
jamais une police parallèle.
mardi 10 avril 2018
Macron et les catholiques? Un bilan en demi-teinte
Commentaire posté sur la page Facebook de Patrice de Plumkett.
1. Les évêques n'ont pas fait de politique? Ils avaient dit qu'ils n'en feraient pas. Ils n'ont pas su y résister.
a) Ils ont dit qu'ils étaient pour la famille.
b) Ils ont dit qu'ils étaient pour l'accueil massif des migrants, ce qui n'est guère compatible avec le patrimonialisme familialiste.
c) Ils ont fait un peu de bioéthique, bien que le cardinal Vueillot ait dit à ses séminaristes: "Ne devenez jamais vieux!"
d) Ils se sont placés sous l'étendard de la fragilité, comme Jean Vanier qui organise à grand prix des conférences sur ce thème, notamment en louant la Mutualité ou en se déplaçant sur tout le territoire pour vendre la fragilité. Avez-vous remarqué que la plupart des compagnons de l'ARche sont des bourgeois? C'était également le cas hier, aussi bien s'agissant de Charles (qui accompagnait Vanina) que de la co-locataire de l'ex-SDF Martine, qui était triomphante dans son aisance à vivre aux côtés d'une personne fragile, qui couronnait presque son éclatant bien-être par ce surcroît d'équilibre d'aimer les pauvres et de le faire savoir, en ne mettant guère en valeur sa binôme (ou bifemme). Macron était dans son jus: des premiers de cordée lui faisaient la leçon.
e) Lês évêques le sommaient de veiller sur les chrétiens d'Orient, il en a profité la nuit même pour ordonner une intervention en Sirie qui les fragilise et est probablement injuste, car le dépassement de "la ligne rouge" par Bachar El-Assad n'est pas avéré et, quand bien même, une intervention française et américaine ne ferait qu'aggraver la situation.
f) La CEF a une fois de plus prouvé son impolitisme, ou son incompétence en matière politique, ou l'incohérence de ses options contradictoires, même si les évêques n'aiment rien tant qu'à s'improviser sociologues, et si la figure de mgr Pontier était émouvante et magnifique, empreinte de sagesse, notamment avec cette formule qui remplacerait avantageusement le "vivre ensemble" (puisque la convivialité appartient à une autre sphère et que la convivence est pédante: la "vie commune".
2.
a) Auprès des cathooliques, Macron baignait dans son jus. C'était un milieu qu'il connaissait comme ancien élève des jésuites. Pourtant, n'est-il pas triste de voir ce fruit de l'enseignement privé qu'est l'itinéraire de Macron: un adolescent demande lebaptême, et sa foi se dégrade en un simple transcendentalisme travaillé par "la question intranquille du salut". Macron n'aurait-il pas dû suivre le conseil de son père d'attendre pour être baptisé, car mieux vaut un bon athéisme que cette mauvaise foi, même pétrie de références au personnalisme d'Emmanuel Mounier?
b) Une de mes amies me disait que de Macron, on pouvait tirer le pire et le meilleur, "en fonction de l'orientation de sa femme qui devrait l'emmener sur la voie de la pénitence. Elle est rimbaldienne comme moi, mais elle aime trop le clinquant", ajoutait-elle. Or Brigitte Macron est inaccessible à la pénitence: elle a une peur bravache de Dieu, peur qui la fit fanfaronner devant Philippe Besson: "Hein? Tu croyais que nous serions allés à la messe de Pâques? Eh bien non."
Mais l'intranquillité d'Emmanuel Macron s'est accusée en ceci, qu'il n'a pas pu s'empêcher de dire à mgr Pontier: "Je comprends que vous défendiez la famille, j'oserais dire les familles." "Emmanuel Macron nous parle d'avenir, mais il n'a pas d'enfants", a diagnostiqué l'épouvantail-clignotant de la République, qui "pose de bonnes questions, mais donne de mauvaises réponses", a prononcé Laurent Fabius. Et Macron n'aime pas que ses parents soient sur la photo. Emmanuel Macron a une famille contrarié. Il est contrarié dans son désir de "faire famille" ou de recomposer sa famille. Il ne peut le faire qu'au prix de la disparition de Louis-André Auzière ou de Françoise et Jean-Michelle Macron au profit de Manette qui n'est plus là pour lui dire son fait. En cela il est un enfant de son siècle.
c) Emmanuel Macron a fait auprès des catholiques ce qu'il excelle à faire auprès de tout le monde: il les a séduits, par un discours pourtant plus profond que d'habitude. Les croyants modérés dont je suis, qui ne sont pourtant pas "modérément croyants", sont sortis contents de son allocution. Pourtant il leur a fait du magistral: "et en même temps". "Je n'ai pas d'agenda caché, mais je n'écouterai pas votre parole intempestive, inactuelle."
3. Les tartufes du Salon Beige et autres catholiques malveillants, qui ne croient que pour en découdre, ont eu tôt fait de ne rien approuver du discours du président de la République. Il ne leur avait pas souhaité "joyeuses Pâques", ce n'était pas bien; et hier il ne leur a pas promis la lune alors qu'ils n'en attendaient pas moins que le ciel, c'est donc largement insuffisant. "Dieu seul suffit", Macron ne suffit pas.
4. SAchons gré à Emmanuel Macron, qui "connaît la maison":
a) d'essayer de substituer "la sève catholique" aux "racines chrétiennes".
b) De s'opposer à la stratégie de l'enfouissement, en demandant aux catholiques, à travers "le don de [leur] engagement", de prolonger leurs engagements associatifs en un engagement politique, pour ne pas se complaire dans la stratégie de la goutte d'eau et pour que l'État ne s'habitue pas à ce que les catholiques soient là pour panser "la souffrance sociale", fût-ce au prix appréciable que l'Église soit la maison de tous, comme cette rencontre l'a prouvé, où les évêques promettaient de ne pas défendre des intérêts catégoriels et s'y sont globalement tenus.
c) De resituer le don que l'Église peut faire de sa sagesse en celle de son humilité: l'Église n'est pas "la gardienne des bonnes mœurs", mais est responsable de la "remise en question" évangélique. "Je suis venu pour une remise en question", dit Jésus à la fin du récit de l'aveugle né en Saint-Marc.
d) Mais donner quittus à Emmanuel Macron de belles intuitions pour l'Église ne va pas sans exercer un droit d'inventaire préalable: a-t-il le droit de nous demander "le don de [notre] liberté spirituelle" si, pour sa part, il espère que beaucoup de jeunes rêvent de devenir milliardaires? Macron, entre Dieu et Mammon, il faut choisir, comme entre l'intelligence artificielle et la spiritualité!
1. Les évêques n'ont pas fait de politique? Ils avaient dit qu'ils n'en feraient pas. Ils n'ont pas su y résister.
a) Ils ont dit qu'ils étaient pour la famille.
b) Ils ont dit qu'ils étaient pour l'accueil massif des migrants, ce qui n'est guère compatible avec le patrimonialisme familialiste.
c) Ils ont fait un peu de bioéthique, bien que le cardinal Vueillot ait dit à ses séminaristes: "Ne devenez jamais vieux!"
d) Ils se sont placés sous l'étendard de la fragilité, comme Jean Vanier qui organise à grand prix des conférences sur ce thème, notamment en louant la Mutualité ou en se déplaçant sur tout le territoire pour vendre la fragilité. Avez-vous remarqué que la plupart des compagnons de l'ARche sont des bourgeois? C'était également le cas hier, aussi bien s'agissant de Charles (qui accompagnait Vanina) que de la co-locataire de l'ex-SDF Martine, qui était triomphante dans son aisance à vivre aux côtés d'une personne fragile, qui couronnait presque son éclatant bien-être par ce surcroît d'équilibre d'aimer les pauvres et de le faire savoir, en ne mettant guère en valeur sa binôme (ou bifemme). Macron était dans son jus: des premiers de cordée lui faisaient la leçon.
e) Lês évêques le sommaient de veiller sur les chrétiens d'Orient, il en a profité la nuit même pour ordonner une intervention en Sirie qui les fragilise et est probablement injuste, car le dépassement de "la ligne rouge" par Bachar El-Assad n'est pas avéré et, quand bien même, une intervention française et américaine ne ferait qu'aggraver la situation.
f) La CEF a une fois de plus prouvé son impolitisme, ou son incompétence en matière politique, ou l'incohérence de ses options contradictoires, même si les évêques n'aiment rien tant qu'à s'improviser sociologues, et si la figure de mgr Pontier était émouvante et magnifique, empreinte de sagesse, notamment avec cette formule qui remplacerait avantageusement le "vivre ensemble" (puisque la convivialité appartient à une autre sphère et que la convivence est pédante: la "vie commune".
2.
a) Auprès des cathooliques, Macron baignait dans son jus. C'était un milieu qu'il connaissait comme ancien élève des jésuites. Pourtant, n'est-il pas triste de voir ce fruit de l'enseignement privé qu'est l'itinéraire de Macron: un adolescent demande lebaptême, et sa foi se dégrade en un simple transcendentalisme travaillé par "la question intranquille du salut". Macron n'aurait-il pas dû suivre le conseil de son père d'attendre pour être baptisé, car mieux vaut un bon athéisme que cette mauvaise foi, même pétrie de références au personnalisme d'Emmanuel Mounier?
b) Une de mes amies me disait que de Macron, on pouvait tirer le pire et le meilleur, "en fonction de l'orientation de sa femme qui devrait l'emmener sur la voie de la pénitence. Elle est rimbaldienne comme moi, mais elle aime trop le clinquant", ajoutait-elle. Or Brigitte Macron est inaccessible à la pénitence: elle a une peur bravache de Dieu, peur qui la fit fanfaronner devant Philippe Besson: "Hein? Tu croyais que nous serions allés à la messe de Pâques? Eh bien non."
Mais l'intranquillité d'Emmanuel Macron s'est accusée en ceci, qu'il n'a pas pu s'empêcher de dire à mgr Pontier: "Je comprends que vous défendiez la famille, j'oserais dire les familles." "Emmanuel Macron nous parle d'avenir, mais il n'a pas d'enfants", a diagnostiqué l'épouvantail-clignotant de la République, qui "pose de bonnes questions, mais donne de mauvaises réponses", a prononcé Laurent Fabius. Et Macron n'aime pas que ses parents soient sur la photo. Emmanuel Macron a une famille contrarié. Il est contrarié dans son désir de "faire famille" ou de recomposer sa famille. Il ne peut le faire qu'au prix de la disparition de Louis-André Auzière ou de Françoise et Jean-Michelle Macron au profit de Manette qui n'est plus là pour lui dire son fait. En cela il est un enfant de son siècle.
c) Emmanuel Macron a fait auprès des catholiques ce qu'il excelle à faire auprès de tout le monde: il les a séduits, par un discours pourtant plus profond que d'habitude. Les croyants modérés dont je suis, qui ne sont pourtant pas "modérément croyants", sont sortis contents de son allocution. Pourtant il leur a fait du magistral: "et en même temps". "Je n'ai pas d'agenda caché, mais je n'écouterai pas votre parole intempestive, inactuelle."
3. Les tartufes du Salon Beige et autres catholiques malveillants, qui ne croient que pour en découdre, ont eu tôt fait de ne rien approuver du discours du président de la République. Il ne leur avait pas souhaité "joyeuses Pâques", ce n'était pas bien; et hier il ne leur a pas promis la lune alors qu'ils n'en attendaient pas moins que le ciel, c'est donc largement insuffisant. "Dieu seul suffit", Macron ne suffit pas.
4. SAchons gré à Emmanuel Macron, qui "connaît la maison":
a) d'essayer de substituer "la sève catholique" aux "racines chrétiennes".
b) De s'opposer à la stratégie de l'enfouissement, en demandant aux catholiques, à travers "le don de [leur] engagement", de prolonger leurs engagements associatifs en un engagement politique, pour ne pas se complaire dans la stratégie de la goutte d'eau et pour que l'État ne s'habitue pas à ce que les catholiques soient là pour panser "la souffrance sociale", fût-ce au prix appréciable que l'Église soit la maison de tous, comme cette rencontre l'a prouvé, où les évêques promettaient de ne pas défendre des intérêts catégoriels et s'y sont globalement tenus.
c) De resituer le don que l'Église peut faire de sa sagesse en celle de son humilité: l'Église n'est pas "la gardienne des bonnes mœurs", mais est responsable de la "remise en question" évangélique. "Je suis venu pour une remise en question", dit Jésus à la fin du récit de l'aveugle né en Saint-Marc.
d) Mais donner quittus à Emmanuel Macron de belles intuitions pour l'Église ne va pas sans exercer un droit d'inventaire préalable: a-t-il le droit de nous demander "le don de [notre] liberté spirituelle" si, pour sa part, il espère que beaucoup de jeunes rêvent de devenir milliardaires? Macron, entre Dieu et Mammon, il faut choisir, comme entre l'intelligence artificielle et la spiritualité!
lundi 9 avril 2018
Pourquoi la haine de Macron?
Posté en commentaire sur le blog de Philippe Bilger qui se pose la question sous le titre : "nouveau monde ou Ancien Régime ?"
Je n'approuve pas la potence de Nantes, mais le président qui n'a pas décrié les qualités de grand écrivain de Maurras ne prendra pas ombrage de ce que le débat se muscle comme aux heures les plus vigoureuses de la IIIème République.
Je n'aime pas la forme de contestation qui a consisté de la part de syndicalistes à poursuivre Emmanuel Macron jusque dans un hôpital où il venait s'entretenir de l'autisme, sujet dont j'estime qu'il aurait dû retenir les ardents défenseurs des intérêts catégoriels. Mais ensuite, qu'allait faire Emmanuel Macron chez ces demoiselles de la Légion d'honneur?
J'aime le discours qu'Emmanuel Macron vient de prononcer au centre des Bernardins, où il fustige à la fois la stratégie d'enfouissement d'une Église qu'il appelle à prolonger ses engagements associatifs par un engagement politique, et où il 'lexhorte à être moins la gardienne des bonnes mœurs que responsable de la remise en question dont il est parlé dans l'Evangile selon saint Marc et pour laquelle le Christ est venu. Mais parlant à l'Église, cet ancien élève des jésuites n'est-il pas dans son jus, et comment peut-il lui réclamer le "don de sa liberté spirituelle" tout en gouvernant les hommes de façon aussi matérialiste et en souhaitant qu'il y ait beaucoup de jeunes qui rêvent d'être milliardaires? Entre Dieu et Mammon, Macron, il faut choisir.
En quoi le "monde de Macron" (comme diraient Les grandes gueules) est-il nouveau? J'entendais ce soir Benjamin Griveaux expliquer les contestations étudiantes en usant des sempiternels arguments que ce ne sont pas les étudiants qui manifestent, que la majorité d'entre eux veut étudier? Villepin s'expliquait mieux dans la tourmente du CPE. Qu'aurait dit Benjamin Griveaux en 1968 que le président veut commémorer, tandis que le philosophe auquel il est le plus attaché y était traîné dans une poubelle aux cris de: "Ricoeur, ça suffit"? Pourquoi Benjamin Griveaux continue-t-il d'employer ce mantra insultant et ridicule "Il faut faire de la pédagogie", comme si nous étions des enfants démocratiques, qui n'ont littéralement pas la parole?
Pourquoi la haine de Macron? Parce qu'il présente l'étrange caractéristique d'être une machine humaniste. Parce que c'est un robot qui gouverne les hommes comme des machines. Parce que ce n'est pas tant lui qui est insaisissable que son humanité. En sorte qu'"on peut tirer de lui le pire et le meilleur", me disait une amie ce soir, qui poursuivait: "en fonction de l'orientation de sa femme. Il faudrait qu’elle l’amène sur la voie de la pénitence. Brigitte Macron est rimbaldienne comme moi, mais elle aime le clinquant.
-Elle est inaccessible à la pénitence parce qu'il a une peur bravache de dieu."
"Macron nous parle d'avenir, mais il n'a pas d'enfants". Il donne aussi l'impression de ne pas vouloir que ses parents soient sur la photo. Pourtant son père le neurologue lui avait prodigué beaucoup de bons conseils, y compris celui de ne pas se faire baptiser, car il vaut mieux un bon athéisme qu'une mauvaise foi qui se dégrade en un simple transcendantalisme se posant "la question intranquille du salut". On n'est pas plus rassuré par un président qui "ne sait pas qui a la vérité de la France", dans la concurrence des récits et des héritages de cette nation républicaine.
jeudi 5 avril 2018
Tariq Ramadan, son moratoire et son drôle de statut
- Le
mauvais procès fait à Tariq Ramadan sur le moratoire est typique de l’incompréhension
dans laquelle l’opinion publique est alimentée en démocratie, par une
presse qui l’y encourage volontairement, à ne pas faire l’effort de
comprendre la logique de son interlocuteur. Il ne s’agit pas de ne pas « s’en
laisser imposer par les mécréants » à propos d’une religion qui n’est
pas la leur, mais en effet de « discuter entre soi », pour
obtenir entre cheikh et oulémas un accord canonique visant à savoir si une
loi islamique est abrogeable ou non. Tariq Ramadan avait pris soin de dire
qu’à titre personnel, il était contre la lapidation des femmes. Et il
proposait qu’un moratoire soit observé dans la totalité de l’oumma, de la « nation
islamique » ou de la « communauté des croyants », le temps qu’ait
lieu cette discussion canonique, dont l’issue n’aurait eu aucune influence
sur les lois de la République française, qui s’imposent aux religions du
fait de la laïcité, outre que la charia n’est intégralement appliquée dans
aucun pays islamique – il faut sortir des fantasmes -.
Que je sache, on n’a jamais
demandé au judaïsme rabbinique de se prononcer sur les lois sur la lapidation
qui figurent dans la Torah, et qui restent en vigueur même si on ne les
applique plus, donc à l’égard desquelles est observé une sorte de moratoire
pratique, dont j’aimerais être sûr que les juifs orthodoxes n’y dérogent pas
dans leurs enclaves.
- Tariq
Ramadan a, dans le paysage francophone et anglophone, un statut totalement
inédit : celui d’un intellectuel télé-évangéliste (ou télé-islamiste).
À partir de là, plusieurs questions se posent :
- Qui lui a conféré ce
statut ?
Est-ce lui qui
a repris les méthodes de Khomeini pour répandre sa « bonne parole » à
partir de cassettes comme celles que l’ayatollah enregistrait depuis Neauphle-le-Château
sans que le shah d’Iran s’en inquiète, bien que Giscard l’ait prévenu,
affirme-t-il dans le pouvoir et la vie.
Ou sont-ce les
intellectuels ayant voix au chapitre qui l’ont reconnu pour l’un des leurs tout
en l’excluant, et dont on peut se demander pourquoi ils acceptent de discuter avec
un télé-évangéliste islamique, qui se place de fait dans une autre sphère du
débat démocratique, serait-il par ailleurs professeur d’Université en Suisse et
en Grande-Bretagne (aux titres
controuvés comme ceux de l’ex-grand rabbin Gilles Bernheim) ?
- La même question se pose à
propos de son public.
Le paysage
intellectuel français (PIF) le prive-t-il de penseurs de qualité pouvant se
confronter aux intellectuels médiatiques, ou ce public a-t-il besoin de prêcheurs,
ce qui accuserait un manque de maturité politique et religieuse ?
Le violentisme
de cette immaturité est ici aggravé de l’incapacité où se montre ce public à
envisager que les accusations dont Tariq Ramadan fait l’objet soient vraies,
mais surtout des menaces et intimidations dont il fait preuve à l’égard des présumées
victimes de leur télé-évangéliste préféré.
3. Terminons en notant que les télé-évangélistes comme les leaders
charismatiques et autres gourous, ont souvent été impliqués dans des affaires
de mœurs et d’agression sexuelle, comme si l’ascendant qu’ils exercent devait
passer de l’esprit à la chair, par des voies dont je voudrais être une petite
souris pour savoir de quel prétexte ils se servent pour convaincre leurs pratiques
de manquer à la piété et de passer à la casserole…
lundi 2 avril 2018
Pâques et la liberté du récipiendaire
N. avait émis des réserves quant à
l’exploitation de la figure du héros, Arnaud Beltrame, par les médias qui sont
une fabrique de figures, au bénéfice d’une France qui a besoin de héros comme
elle a besoind’ennemis, et qui pleure à peine les victimes du quotidien ou les
victimes du bataclan. De fait, la vie
donnée d’Arnaud Beltrame embarrasse aujourd’hui Julie pour qui il l’a donnée et
qui vit cloîtrée, bouleversée, surveilléeet ne sachant quoi en faire. C’est
tout le dilemmedu christianisme à l’égard de Pâques : « Ma vie, nul
ne la prend mais c’est moi qui la donne. » « J’ai le pouvoir de
donner ma vie et le pouvoir de la reprendre ensuite. » Liberté souveraine
du donateur qui n’interroge pas la liberté limitée du récipiendaire, lequel
pourrait aisément ajouter au banal (mais combien nonchalant, désinvolte, ingrat,
désespérant et désespéré) : « Je n’ai pas demandé à naître »,
« Je n’ai pas demandé à ce que tu donnes ta vie pour moi. » En valeur
absolue, le récipiendaire est embarqué dans un processus où il n’a pas la
liberté de ne pas recevoir. Mais qu’il reçoive est la condition de la suite, de
la Pâque, de ce que notait H. à la fin de son commentaire de l’Evangile sur les
disciples d’Emmaüs : « Dans le texte, il n’est fait mention d’aucune
auberge où rester avec eux pour celui que les disciples d’Emmaüs ont invité et
n’ont pas encore reconnu à la fraction du pain carils n’ont pas encore partagé
un repas avec lui. C’est qu’il devient l’hôte de leur cœur. » Pâque, a-t-il
quasiment conclu, c’est le passage du « Où demeures-tu ? » qui
ouvre l’Evangile de Saint-Jean non sans que Jésus se plaigne : « Le
Fils de l’Homme n’a pas un endroit où reposer sa tête », à un : « À présent que je suis ressuscité, si
vous m’aimez, je viendrai demeurer en vous, et je serai pour toujours avec
vous. » Pâque, c’est un passage du désir de l’homme d’habiter avec Dieu, d’habiter
près de Dieu, d’ »habiter la maison du Seigneur tous les jours de sa
vie » au fait que Dieu devienne « l’hôte intérieur » de celui
qui lui ouvre son cœur.
À quoi cela tient-il ? On passerait à
côté de la réponse si on se limitait à cette remarque triviale que le Corps du
rEssuscité s’est affranchi des limites du Corps physique et qu’Il est
ressuscité comme on monte au ciel. Mais la Résurrection réalise la finalité de
l’Incarnation : le Verbe est descendu du ciel pour que le cœur devienne
ciel et pour que, même au sein de la résurrection de la chair, présente et à
venir, le ciel soit moins un lieu qu’un état qui traduise l’état du cœur. Mais
ce passage des temples païen ou du temple de Jérusalem au sanctuaire du
cœur, de la piété publique à celle des
« adorateurs de Dieu en esprit et en vérité », des sacrifices de propitiation
au sacrifice du cœur brisé de Dieu qui se réconcilie la création en déjouant
ses forces de destruction, ou encore de la fausse alternative entre la
transcendance et le panthéisme où Dieu est immanent à l’univers au choix du cœur, passe par le processus pascal où le récipiendaire doit
commencer par renoncer à la liberté de ne pas recevoir et à la protestation de
ne pas avoir demandé à être sauvé et que le cadeau de la vie de dieu est bien
pesant, à l’acceptation intérieure de ne pas avoir été créé pour jouir, mais pour
être en relation, dans un dépassement de sa nature individuelle d’être de
captation pour entrer dans la vie de la Grâce du choix du don et de l’accueil.
Pourquoi un itinéraire si compliqué, si
difficile, et qui implique au commencement une limitation de la liberté par
laquelle on doit recevoir si on veut avancer, on doit signer lecontrat vital… ?
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