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jeudi 30 juillet 2015

La structure et le Logos


 
Hier, topo de Michel Onfray sur le structuralisme (dans le cadre de sa Contre-histoire de la philosophie » diffusée estivalement sur « France culture » tous les jours de la semaine à 11h et à 19h).

 

Michel ONfray est clair, mêm s’il ne s’appesantit pas assez sur les philosophes et les systèmes qu’il critique.

 

Il en ressort que la structure est un paradigme (sic, et c’est moi qui ai choisi le mot) qui a lui-même été choisi pour remplacer l’Idée et dieu et préparer la mort de l’homme.

 

La structure a toutes les caractéristiques d’un mot apophatique attribué par une union des contraires et selon la figure de dieu. (Mais à tout prendre, j’aime mieux la structure que la morale apophatique qui sert de « politique provisoire » à bernard-Henri Lévy.

 

On peut trouver cela tout à faitdérisoire. Pour autant, la structure répond à un besoin philosophique de savoir ce qui l’emporte, de l’Homme ou de l’Idée en densité de vie.

 

La structure porte une certaine définition de la vie : la structure, c’est le processus  de circulation des idées et des rapports entre les hommes.

 

Les hommes ne sont pas la vie, les idées ne sont pas la vie, mais la vie est la relation structurelle entre les idées et les hommes.

 

C’est ainsi que Lacan disait que l’inconscient n’est ni individuel, ni collectif, mais intersubjectif. La relation crée son ordre de péripéties, entre les sujets, et l’histoire des frottements entre les personnalités dans lesquels s’actualisent (mot scolastique assumé par le structuralisme, nous dit ONfray) les otentialités des personnalités, perdues sans les relations.

 

Le pseudo-catholicisme du dr Carriger, tout en transférant follement et prématurément les données de la vie trinitaire dans  l’accomplissement de la personne humaine, relève aussi d’un structuralisme qui met en conflit la transcendance de la personne avec la relation qui la fait vivre.

 

Je ne peux évidemment pas cautionner l’athéisme mimétique du structuralisme, qui pousse la singerie du verbe jusqu’à la performativité du langage : « quand dire, c’est faire… »

 

ONfray manie bien l’ironie quand il moque « la mort de l’auteur » qui ne ferait plus qu’écouter parler le langage quand il passe. L’auteur serait un simple scripteur (ou téléscripteur) du langage. Cela rend pourtant partiellement compte du déterminisme de l’écriture.

 

La structure est issue de la linguistique, et la linguistique parie que « la langue est un système en équilibre » (Julien Wackez, cours de sociologie de l’écriture).

 

La langue serait de plus un système complexe, c’est-à-dire que non seulement les linguistes sont fascinés par la règle avec un dosage très savant de transgressions ou de variations ménagées dans la règle, mais il ne faudrait surtout pas chercher à démêler quelle est la métaphysique qui se cache dans la syntaxe.

 

La fascination du langage culmine dans cette formule creuse de Lacan que l’inconscient est structuré comme un langage. S’il est structuré et que c’est un système complexe, c’est une « case vide » et une structure neutre, sur laquelle toute action, a fortiori thérapeutique, se révèle impossible.

 

Le langage pensé comme système complexe imite mal le Logos.

 

Le langage est au Logos ce que le verbiage est au verbe.

 

Mais il y a dans le langage comme dans le Logos le mystère d’une préfiguration qui échappe à toute emprise magique. Or cette préfiguration est d’ordre structurel.

mardi 28 juillet 2015

Claude Lemesle et moi


 
1. Ce devait être au début de l’année 1986. Je regarderais sur Internet, je le trouverais tout de suite, mais je n’ai pas envie de vérifier. Après tout, les souvenirs ont aussi leur genre de précision. A l’époque, on croyait à la décentralisation, mais à la décentralisation qui évite à la province de devenir  un désert, pas à la décentralisation administrative, qui rapproche les régions sous prétexte de proximité.

 

Les radios délocalisées de « radio France » commençaient à émettre 24h/24 comme les chaînes régionales de « « FR3 » émettaient trois heures par jour. Depuis lors, Laurent boyer fait le régional de l’étape sur « France 3 » tous les midis et à partir d’une certaine heure, on fait le raccrochage national des radios locales de « radio France » et de « radio bleu », qui ne donne de signe de vieillesse que d’avoir engagé Evelyne Adam, transfuge de « radio Montmartre », pour parler aux anciens.

 

Je voulais être de ce premier matin du monde, où « radio France Alsace » inaugurait sa matinale avec Hervé Chevalier. C’était gai, c’était punchy. Pour un peu, moi qui avais pris l’habitude de me lever à 6h moins 8mn pour remettre au matin la corvée des devoirs du soir en écoutant les matinales de « France inter », j’allais être dissipé  dans mon ajournement. Je ne croyais pas si bien dire.

 

Pour cimenter l’auditoire segmenté de ceux qui quittaient l’écoute assidue de la matinale de « France inter » pour devenir les matinaux de « radio France Alsace », Hervé Chevalier avait imaginé de lancer un jeu. En ce premier jour du lancement de « radio France Alsace », il demandait aux auditeurs de reconnaître un chanteur. En l’occurrence, il fallait lui dire qui était l’auteur, le compositeur et l’interprète de « Ma demoiselle de déshonneur ». Je ne comprenais rien à cette histoire de séchage de cours, tournant, par séchage de confesse, à une histoire de fesses et, qui plus est, au premier « essai royal » d’un puceau. Seul m’importait de dépuceler l’émission et d’être le premier à faire ma proposition. Je crois que j’y réussis, mais mon coup d’essai ne fut pas un coup de maître, je ne trouvai pas Claude Lemesle.

 

 

2. Dans les années 80, lorsqu’il arrivait aux radios libres de repasser, trop souvent à mon goût,  une émission sur les années 60 et les « yéyés », je me demandais ce que deviendrait la musique en l’an 2000. Et je me disais que, puisqu’on était passé du bougui bougui à cette espèce de tristesse agressive et lancinante encore plus pauvre en accord que le bouguibougui des yéyés, on ne pourrait que régresser vers un équivalent de ce que je ne savais pas qu’on appellerait la techno. Mais ce que je n’imaginais pas, c’est que, comme on aurait atteint « le degré zéro de la musique », on en rajouterait dans une tendance que je n’aimais pas dès les années 80 : on aurait une telle nostalgie de la variété nulle d’il y a vingt ans qu’on ne ferait plus que l’écouter. Encore, dans les années 80, les émissions sur les années 60 étaient-elles rares. Mais dans les années 2000, presque toutes les émissions de variété enfilent les tubes recyclés des années 80.

 

 

3. Je ne sais pas pourquoi, moi qui me demandais au début des années 80 ce que deviendraient les années 2000, chaque fois que Frédéric Taddeï demande à ses invités de l’ »Europe 1 social club » ce qu’ont apporté les années 2000, cela m’agace. Pourtant, ce soir, il y eut une belle brochette de réponses. Dominique A. a répondu : « La rétromania » ; Jean-Pierre Daroussin a répondu : « Rien du tout ; » et un virtuose dont je n’ai pas retenu le nom a répondu par les expériences pédagogiques, qui consistaient à initier les élèves musiciens à devenir virtuoses par l’orchestre, expérience qu’on fait en Allemagne tous les après-midis dans les vraies activités d’éveil et périscolaires qu’organise ce pays depuis des lustres.

     

 

 

4.    Il m’était arrivé de déjeuner avec le président de la SACEM du temps que c’était Piere Delanoë, je veux dire dans le même restaurant que lui, un restaurant de la rue Blanche, le même qu’avait fréquenté un jour en ma présence Jean-christophe Mitterrand, pour qui sa mère avait fait la quête une veille de Noël, afin de sortir de prison « Papa-m’a-dit », que le juge qui « [suait] la haine » avait incarcéré pour ses malversations africaines. Mais jamais je n’avais pu lier avec le grand parolier qui aurait pu protéger mes droits d’auteur. Et jamais je n’ai été admis à la SACEM à cause de mes « tercets viennois », que  j’eus la mauvaise idée d’enregistrer sur mon CD : « En franc tireur » en ne pensant pas que, faisant un montage où figuraient divers extraits du « concert du nouvel an », j’aurais dû m’assurer de l’autorisation de pouvoir les faire figurer sur mon CD confidentiel, produit par une association tiphlophile animée par une espèce d’escroc, qui faisait croire à ses artistes que leur disque allait les lancer, alors que l’association ne faisait que les offrir en récompense à ses généreux donateurs, stratagème imaginé par cet escroc, mais qui ne fut pas à l’origine de sa liquidation judiciaire où l’escroc ne fut pas inquiété, , qui avait été engagé par la fondatrice parce qu’il avait travaillé dans une boîte américaine et savait coment faire rentrer du fric, c’était lui-même qui me l’avait dit dans le restaurant fréquenté par Jean-christophe, où Pierre delanoë avait aussi son rond de serviette. IL faut dire que l’escroc était un artiste raté et qu’il en avait la dégaine un peu râpée.

 

Or une nuit, le nouveau Président de la SACEM, Claude Lemesle, qui avait remplacé Piere Delanoë et organisait dans Paris des ateliers d’écriture pour apprendre à des auteurs de chanson à devenir des paroliers hors paire, eut l’idée saugrenue de balancer son mail à l’antenne. Je ne l’eus pas plus tôt entendu que je me levai de mon paddoc et lui envoyai un mail avec mon CD en pièce jointe.

 

A mon grand étonnement, il me répondit qu’il n’arrivait pas à ouvrirma pièce jointe, mais désirait que je lui envoie mon CD par voie postale à son domicile dont il me donnait l’adresse. Je m’exécutais sans grand espoir, et fus une fois de plus surpris de me voir adresser un nouveau mail, m’engageant à lui donner mon numéro de téléphone et à prendre un rendez-vous téléphonique.

 

Je croyais ma carrière faite, et tâchais de me renseigner sur ce qu’avait été celle d’un Monsieur dont je ne savais presque rien, sinon qu’il avait écrit « La demoiselle de déshonneur » dont je n’avais pas su être « le biquet », qu’il animait des ateliers d’écriture et qu’il avait une voix qui avait vieilli pour 67 ans. A la réécoute, elle n’avait pas tellement défraîchi, c’est moi qui l’entendais plus jeune qu’elle n’était lorsque j’étais plus jeune, lorsque moi-même avais treize ans et ne trouvais pas la fente de « la demoiselle de déshonneur » pour la détrousser en « un quart d’heure »…

 

Le président Lemesle fut ponctuel et, avec la politesse d’un roi, m’appela au jour et à l’heure dite. Il trouvait que mes rimes étaient trop régulières et me donna le conseil de les varier un peu et de moduler ma mélodie. Marie-véra m’avait dit la même chose. Je commençais à me dire que ce n’était pas gagné. C’est alors que vint son aide la plus décisive. Il me dit qu’il avait pris l’habitude d’appeler ceux qui le contactaient parce que, s’il leur écrivait, ils ne les croyaient pas. Et ce qu’il avait à leur dire, c’était qu’il ne pouvait rien pour eux, car les maisons de disques avaient tout verrouillé et tellement pris l’habitude de travailler avec les mêmes, que lui-même se trouvait en bas de la pile. Récemment, on ne l’avait pas retenu pour le dernier album de Johnny. S’il était en son pouvoir d’aider quelqu’un, il aurait privilégié ceux qui participaient à ses ateliers d’écriture, payaient cher pour apprendre à écrire de bonnes chansons et n’en tiraient aucun bénéfice.

 

Je trouvais ça un peu pervers. Au téléphone, le Président de la SACEM pleurait à mon oreille sur l’état de la création : « C’est que les maisons de disque, ma bonne dame, ont tout verrouillé. Je l’ai dit à Jean-Jacques, mais il ne peut rien faire. » « Toute la vie… ! »

 

UN de mes premiers profs de musique, Marc Baumann, m’avait dit que je connaissais Gounod par son intermédiaire, qui avait un élève dont le grand-père avait été l’élève du grand Charles faustien. Et maintenant, je connaissais aussi Jean-Jacques par le truchement de ce pauvre claude-Méphisto, que je consolais, en l’écoutant, lui qui aurait dû protéger et promouvoir la création, se demander pourquoi les maisons de disque, plus les supports se multipliaient qui auraient dû diversifier la production, donnaient dans « radio nostalgie » depuis le début des années 2000, qui n’avaient rien apporté des utopies domotiques et robotiques qui nous en étaient promises, sinon le saignement des peuples par les machines à calculer leur dette, nous avaient supprimé à peu près tous les films sur la centaine de chaînes de télé du câble et du satellite alors qu’il y en avait trois par soir quand il n’y avait que trois chaînes, et avaient réduit la variété à « radio nostalgie », en pleurait le président impuissant et déshonoré de la SACEM !

Rimbaud et moi



Ce que je peux être tardif !

 

Je suis en train de suivre l’émission que consacre Jean-Michel Djian à Rimbaud, le voyant, le voyou, dans le cadre de « la grande traversée » que ce producteur, ami de Depardieu aux plus mauvais jours, quand celui-ci se justifiait de sa déchéance physique et fiscale de ce  qu’il allait produire un film sur ce poète admiré qu’il comprenait, consacre au poète.

 

Poète sur lequel alain Bohrer (ou Morer) confirme en la formulant une intuition que j’ai toujours eue :Les illuminations montrent qu’il ne s’est pas contenté du « déréglement raisonné de tous les sens » pour se confirmer dans l’idée qu’il était né poète et transformer la poésie : mais, en plus qu’anarchiste, il voulait aussi « transformer les conditions originelles » (ça resort de « Génies » « ), « transformer la vie » et « réinventer l’amour ».

 

Alain Borer a raison de dire qu’en cela (et non seulement parce qu’il a réussi à transformer la poésie au hasard d’une phrase, « je est un autre »), Rimbaud est vraiment révolutionnaire. Le révolutionnaire ne fait pas que renverser la hiérarchie du moment pour que les premiers soient les derniers et réciproquement comme le ferait Dieu le Père d’après Marie dans le magnificat, le poète et le révolutionnaire renouvellent les conditions dans lesquelles, par art ou par nature, la condition humaine a établi des conventions pour vivre sa condition.

 

Je suis bien tardif. IL y a des années, grâce à Daniel Ancelet, j’avais rencontré Alain breton, le directeur de la librairie Racine. Celui-ci me dit que je produisais de la poésie de qualité, mais qu’elle était architecturée en des recueils trop longs. Il me dit que j’étais, non pas volcanique, mais volcanesque. Je lui demandai la différence. IL me dit qu’un volcan était en ébullition quand la lave en fusion dégorgeait du sous-sol, mais que j’étais en ébullition permanente. Ce qui ne se voulait pas un compliment, mais un constat, çam’a plu. Je le rapproche d’une phrase que prononça un jour Jean Johan sur lui-même. Je lui demandais comment il allait, je ne l’avais pas vu depuis longtemps. . Jean Johan me répondit tout naturellement : « J’ai toujours le même feu en moi. » Quelle belle manière de vieillir !

 

En me faisant son compliment et en me disant à quelle condition il me publierait, que je limite mes recueils à 70pages (il me disait aussi que la poésie doit éviter les adverbes), Alain Breton me récitait du rimbaud, ce qui provoqua en moi un sentiment mêlé : d’un côté j’admirais que l’éditteur eût tant de mémoire ; et de l’autre, je trouvais trop conventionnel qu’un éditeur de poésie soit entiché de Rimbaud, comme une figure obligée. Je luien demandais des comptes tout en lui avouant ne pas bien le conaître. J’en reçus le conseil de le lire, de l’apprendre par cœur, car je ne pourrais plus me poser la question. Je l’ai lu raisonnablement, c’est même avec Rimbaud et Claudel que j’ai pratiqué ce que j’appelle la « lecture en aède ». Je suis entré dans le poème ou dans le partage  en comentant directement les retentissements qu’ils provoquaient dans mon « expérience intérieure » (pour me mettre l’eau à la bouche de découvrir Bataille avec le pressentiment assez certain que je n’en tirerai rien).

 

J’ai donc suivi le conseil d’Alain breton,  j’ai lu Rimbaud, je l’ai souvent compris et je n’en ai pas tiré grand-chose. Écrivant ces lignes, je continuais d’écouter l’émission de J.M. djian (je réapprends depuis quelques semaines à faire plusieurs choses à la fois, j’en éprouvaisdu scrupule jusqu’alors), et j’ai été heureux d’entendre que cet Alain Bohrer qui l’a si bien compris n’admire pas le poète et que René Etiamble, dont on diffusait une archive, avait du mal à ne pas le mépriser. Même ce snobe de Philippe Sollers, qui n’en comprend pas moins les écrivains comme personne,  donne à son corps défendant un plus beau contre-exemple de l’admiration en bonne partie gratuite que l’on porte à Rimbaud que de l’ignorance des éditeurs qui servent de filtre à la littérature et de l’inanité du filtre éditorial, lorsqu’il raconte à l’envi ce canular génial que lui et quelques-uns de ses comparses avaient imaginé : ils ont envoyé plusieurs exemplaires des illuminations à de grands éditeurs en changeant le titre du reucueil et le faisant passer pour l’œuvre d’un illustre inconnu, et chaque fois le recueil leur est revenu avec un refus, et pour motif de ce refus une critique en immaturité ou en hermétisme, ce qui relativise ce que roland Barthes, ce « fils à maman »,  écrit du lisible et du recevable.

 

Lorsque je faisais un stage à l’erdv, Emanuelle Philippe, qui avait l’air d’une jeune femme très timide et très sage, se passionnait pour Rimbaud. Elle dirigeait le cdi et essayait de faire passer sa passion à des élèves de cinquième tout en leur demandant (gentiment, il faut le reconnaître) de ne pas faire de chahut. Je trouve absurde que l’on enseigne à des enfants à se reconnaître dans la figure tutélaire d’un « poète maudit » (qu’ »on a moins pensé » qu’il ne s’est lui-même vécu comme tel), tout en les rasant de séances de prévention contre les « conduites à risque » et tout en leur demandant d’être sages. C’est une des absurdités de l’enseignement du français, qui n’a son pareil que dans le fait de faire étudier des effets de style à des enfants qui ne savent pas consruire une phrase, ou les lettres de Madame de Sévigné à des élèves à qui l’on explique qu’une lettre est formée, comme une dissertation, d’une introduction, d’un développement et d’une conclusion, ce qui est fait pour les intimider et leur couper la chique épistolaire.

 

Je ne vois pas comment des enfants pourraient se découvrir nés poètes par l’enseignement même qui a pour fonction de réprimer leur part de fantaisie et de contestation du système scolaire. Et ce n’est pas seulement l’école qui n’est pas légitime à leur enseigner Rimbaud, c’est l’enfance qui est un âge trop précoce pour se découvrir poétesse.

lundi 27 juillet 2015

Yves-Marie Adeline et moi

Pour lutter contre mon insomnie, j’écoute Yves-Marie Adeline. Je connais un peu l'homme et son parcours, il me fait l'effet d'un raté.
Il n’a cessé de ne pas tout à fait se retourner pour ne pas tout à fait se parjurer tout en ne restant pas tout à fait lui-même…
Comme je fais l’efet d’un raté à beaucoup de gens, j’étudie comment Yves-Marie Adeline s'y prendra pour détourner les esprits de croire qu’il en est un. Car il sait que les esprits qui le connaissent ne peuvent que le prendre pour un raté.
Je ne doute pas qu’il arrivera à ses fins et entraînera les esprits dans sa nouvelle assise. Mais je doute encore moins que,  quand il en aura terminé de son interview, il rentrera chez lui, épuisé d’avoir réussi son examen, et il sera certain, se regardant pour une fois come les autres le voient, qu'il n'a pas d'assise et que son nouveau trône est un leurre.
Ainsi m’arrive-t-il,  chaque fois que je revois de la famille dont je sais qu'elle me prend pour un raté, bien qu'elle ne me juge pas car elle a autre chose à faire que de penser à moi: quand je les sens convaincus que le monstre prometteur n'a pas trahi les promesses de l'enfant surdoué, c'est moi qui suis convaincu  d'imposture. Je sors de ces assises en gardant mon assise et en sachant que je ne suis pas assis.

dimanche 26 juillet 2015

Deux concessions quasiment suicidaires aux mécréantises de René Pommier


(parus dans son ouvrage Rire et colère d’un incroyant, Essai, Kimes éditions, col. Détours littéraires, Paris, 16 mai 2012).

 

- J’aime bien cette sentence que je m’en vais servir à des curés trop modernistes dans leur exégèse et qui ont une morale de droite, ce qui est absolument le contraire de moi, qui ai quasiment la foi du charbonier et ai une morale relâché ou libérale, au nom de l’illégalisme et de l’imoralisme qui imprègne profondément le christianisme et dont il ne s’est pas encore avisé :

« Autrefois les chrétiens nous disaient qu'il fallait respecter leurs croyances parce qu'ils les avaient reçues de Dieu ; maintenant ils nous disent qu'il faut les respecter parce qu'elles sont partagées par des hommes ; bientôt ils nous diront qu'il faut les respecter  parce que ce sont des hommes qui les ont forgées de toutes pièces. »

 

-         « Les chrétiens répètent depuis deux mille ans que le Christ nous a apporté la Bonne Nouvelle, mais ils ne savent toujours pas en quoi elle consiste exactement. » On peut, comme vous le faites et comme je l’ai fait enfant (puisqu’à votreopposite, j’ai commencé par perdre la foi), faire le procès historique du christianisme, dont le moins qu’on puisse dire et qui devrait être à la confusion de René girard, est que le Martyre d’un seul une fois pour toutes n’a pas mis fin au cycle des boucs émissaires. Anatol France a pu intituler un de ses romans « Les dieux ont soif » parce que Tertullien a dit avant lui que « le sang des martyrs est semence de chrétiens. »

Mais admettons, malgré Bossuet, Hegel et Marx, que l’histoire n’est pas le problème essentiel du christianisme, ou pour le dire autrement, que la religion de l’Incarnation n’a pas essentiellement pour vocation de s’incarner dans l’histoire, « mon Royaume n’est pas de ce monde ». La question du christianisme n’est pas d’ordre historique, mais de nature théologique, et son Maître ne l’a pas caché : « Je suis venu, nous dit-il, pour une remise en question. »

Selon moi, la question, qui porte sur rien de moins que la vocation terrestre du Verbe incarné ou du Maître du christianisme, est de savoir de quoi l’homme a besoin d’être sauvé et en quoi le Christ l’a sauvé. Or force est de constater que la réponse à cette question ne fait pas l’unanimité parmi les chrétiens.

Si je le suis resté, c’est que, sans avoir la réponse à cette question qui me taraude et que je pose à qui veut l’entendre sans qu’elle paraisse, à ma stupéfaction,  raisonner chez ceux qui sont les porte-parole autorisés du christianisme que je confesse avec eux, si donc je suis resté chrétien bien que je ne sache pas de quoi ni en quoi Jésus-christ m’a sauvé, c’est que je me sens existentiellement accompagné par le Sauveur.

IL est possible que l’on fasse plus que s’en tirer par une pirouette en prenant au sérieux « la remise en question » pour laquelle le Christ est venu au plan terrestre et que, ce qui compte, c’est la question théologique que le Verbe incarné laisse en suspens et continue de poser à la liberté humaine, qui sent confusément qu’il s’est passé quelque chose depuis que Jésus est venu sur terre, mais qu’on ne sait pas dire ce que c’est, sinon que ce qui s’est passé, c’est que la condition humaine ne peut plus être assumée sans avoir le souci de transcender sa faille, et de la transcender dans les blessures du crucifié qui a emportée cette faille avec lui dans la gloire du ciel, d’une manière qui ne croit au surhomme qu’à partir des blessures de l’homme, salutaire aveu de faiblesse qui préserve tout projet politique authentiquement chrétien du totalitarisme nietzschéen ou des idéologies matérialistes et séculières, dont le souci économique finit toujours par se retourner contre l’homme.

 

 

« Il est grand, le Mystère de la Foi ! » Assurément , car ce mystère est le déploiement de sa question. Mais encore, ce Mystère se dévoile dès qu’on commence à le déployer, non par la voie rationnelle, mais par la voie sacramentelle.

La dictature de l'instant présent et du renoncement au mental

 
Je ne crois pas comme Heidegher qu’on soit un “être pour la mort”, et je suis circonspect à l’égard du primat de l’”instant présent”. Pour au moins trois raisons :

 
1.  Comme le dit Saint-Augustin dans Les confessions, le présent, c’est ce dont on ne peut déterminer la limite.

 
2. Va pour l’instant présent tant qu'on ne souffre pas. Mais s'imagine-t-on se fondre dans l’instant présent au coeur de la douleur ?

 3. Va aussi pour l’instant présent si on ne se figure pas, comme Krichna Murti, devoir trouver une pensée nouvelle à chaque instant.
 
Cet “instant présent” sans mental est un inconscient sans extase.

IL n'y a d'extase que dans l'aventure transcendantale
et pour que soit la fluidité, la spontanéité  suppose autant la simultanéité que l'anamnèse.

 
Va pour l’instant présent s’il se rapporte à la conscience simultanée, sans mémoire et sans identité, du nouveau né qui sait qu'il a oublié sa naissance.  

 
Va encore pour l’instant présent s'il est la figure de l’éternel présent.

 
“Eternité de l’instant”, les deux temporalités contraires s'étreignent et s’attirent.

 
C’est en ce sens que l’instant peut devenir une finalité.

 

Je préfère l’instant à la durée, si l’instant se cherche une finalité, contrairement à la durée qui voudrait ne pas avoir de fin.

samedi 25 juillet 2015

Le lisible, le scriptible et le recevable


Hier soir, en rentrant de dîner chez Jean et Monette qui m’ont invité impromptu à la sortie de Saints-Pierre et Paul, j’écrivais à René Pomier, en lui envoyant mes « aphorismes cruciverbistes » qu’il se disait impatient de découvrir et en lui racontant les différentes péripéties de leur non publication, de la lettre à l’abbé de tanoüarn à la déconvenue avec Alexandre dufresnoy en passant, pour finir d’ailleurs, par le jugement favorable de romain villet qui a néanmoins déclaré mon texte impubliable en l’état, que je croyais qu’il avait raison, mais que je me devais de le faire exister.

 

Or ce matin, je lis dans Roland Barthes, le vieil ennemi de René Pommier, mon ancien maître que j’ai tant aimé et avec qui je suis heureux d’avoir renoué, dans Roland Barthes dont je finis les « fragments d’une autobiographie intellectuelle » avant de me plonger dans le livre de rené Pommier pour me protéger le temps d’un sursit de ce polémiste qui ne laisse subsister aucune contradiction ni aucun indice d’absurdité -j’ai peur de ssortir tourneboulé de son déboulonnage de la croyance en Dieu et des constructions de la foi -, une distinction plus reposante, jargonnante mais intéressante, ou plutôt qui serait « recevable »si elle était moins jargonnante, entre le lisible (ce que je pourrais relire, mais pas réécrire), le scriptible (ce qu’on peut écrire, mais non pas lire, car ne franchissant pas le mur de communication des « imaginaires », bien que le chef-d’œuvre soit réputé par d’autres théoriciens de la perception comme le résultat d’un « écart esthétique» entre l’attendu et l’inédit qui surprend à point nommé), et le recevable. Selon Roland Barthes, « Le recevable serait l’illisible qui accroche. Ce texte, guidé, armé par une pensée de l’impubliable, appellerait les réponses suivantes : « Je ne puis ni lire ni écrire ce que vous produisez, mais je le reçois comme un feu, une drogue, une désorganisation énigmatique. » Je crois en toute justice que c’est la réponse qu’appelleraient mes « Aphorismes cruciverbistes « , la question étant de savoir dans quellemesure celui qui a produit ce cahos reformateur pourrait le réorganiser au risque de détruire ce en quoi il l’a libéré.

 

 

 

 

Pas de défense de la vie sans défense de la qualité de la vie!

La défense de la vie est indissociable de la défense de la qualité de la vie.
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Mon commentaire sur cet article:

Bonsoir, Monsieur l'abbé,
La mouche du coche hésitait à s'exprimer sur le métablog, elle le fera un peu plus confidentiellement ici, pense-t-elle.

Dans votre article, vous demandez si c'est Viviane Lambert qui tient des propos terroristes. Bien sûr que non. Par contre, avec tout le respect que je lui dois d'autant plus que je crois en lui comme avocat, Jérôme Triomphe a parfois des accents inquisitoriaux lorsqu'il parle à coeur ouvert sur "radio courtoisie" et sous-entend que ce n'est pas à lui de juger les juges, mais que les juges seront jugés au Jugement dernier. Vous-même n'y allez pas de main morte en comparant ce sinistre faillot de Mouchard à un terroriste révolutionnaire. Il n'en a pas l'étofe et vous le savez. Si le débat vole bas avec un gars de mauvaise foi, pas étonnant que celui-ci tweete que "la FSSPX représente les salafistes du Christ". Lui est un terroriste selon vous et vous (probablement, bien que vous n'apparteniez plus à cette société sacerdotale) êtes un salafiste selon lui.
Faut-il participer au mouvement de radicalisation générale de la société où les chrétiens traitent les mouchards de terroristes et les mouchards traitent les chrétiens de salafistes, cependant que les loubavitch ont depuis une quinzainee d'années de plus en plus d'influence surs le monde juif qu'ils précipitent dans des allyah prometteuses en désillusions?

Il vous vient la comparaison que Vincent est  un signe de contradiction. C'est très bien de le configurer au Christ avec ou sans son consentement. Mais pas plus qu'il ne faut faire parler les morts, il ne convient de faire parler les muets à moins de les guérir. Vincent Lambert ne peut pas s'exprimer et tout le monde parle pour lui.

Est-ce que Vincent Lambert est un signe de contradiction? Oui. J'ai même un exemple de conversation familiale me touchant tout à fait personnellement et qu'a provoqué ma compagne, qui prouve que c'est un puissant révélateur.

La vie de Vincent Lambert ne doit être supprimée à aucun prix. Le dire n'empêche pas de reconnaître que sa situation n'est pas simple. Il se trouve qu'à l'âge de huit ans, j'étais hospitalisé dans la même chambre qu'un enfant qui, depuis sa naissance, était sourd, muet, paralysé et aveugle et que je n'avais entendu que pousser des grommellements quand, le samedi matin, on l'avait habillé pour qu'il passe le week-end chez sa mère qui avait l'air ravagée par le drame de son fils. D'instinct, avec ma conscience d'enfant, j'ai pensé que la vie d'Eric (c'était son nom) ne valait pas la peine d'être vécue. Bien sûr, il ne me serait jamais venu à l'idée qu'il fallait le tuer.
La vraie question est de savoir ce qu'on peut faire pour rendre à ces personnes la vie plus facile et plus légère. Ce n'est pas seulement de les faire continuer à vivre pour une question de principe, même si leur vie n'est pas négociable, comme disait Benoît XVI.

Un métablogueur a judicieusement noté qu'on n'entendait pas souvent ceux qui défendent la vie de Vincent Lambert être des militants aussi acharnés des droits des handicapés (je mettrais un bémol sur l'accessibilité, mais c'est un autre débat) auprès d'une association aussi honorable que l'APF. IL faut défendre la vie et la qualité de la vie. Car si l'on défend la vie sans la qualité de la vie, et si on promet les feux de l'enfer d'éternelle consomption à tous ceux qui ne pensent pas comme nous, si enfin on a un certain penchant pour défendre le maintien en vie des gens qui sont à la torture tout en prescrivant le droit de vie et de mort de la société sur les assassins, c'est qu'on a une certaine méchanceté dans sa conception de la vie, et la méchanceté de notre conception peut faire tirer toutes sortes de conclusions fausses à nos adversaires, non seulement à notre sujet ce qui a peu d'importance, mais à propos du principe que l'on ne défend pas avec une charité sans mélange. Soit dit sans la prétention d'avoir les mains pures et respectueusement, avec toute ma reconnaissance pour le reste que vous savez et qui est l'essentiel.

Julien

Le risque


Le risque de chacun est le point non négociable de sonhumanité. C’en est le point non négociable en tant que c’est celui qui le rend humain, en même temps qu’il l’empêche d’accomplir en lui l’humanité de façon que la divinité ait toujours à se recevoir. Le risque de chacun l’empêche de s’atteindre pour qu’il ne devienne pas « le fils de l’Homme » et poursuive sa divinisation avec la grâce de Dieu. Un homme qui se serait atteint et aurait réussi le défi de son risque serait un monstre. L’individu ne doit jamais s’accomplir en tant qu’homme. Le risque est un défi lancé au « moi » pour que le « je » reste hors d’atteinte.

 

 

 

 

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vendredi 24 juillet 2015

Christianisme et panthéisme


Le christianisme n’est pas une négation du panthéisme. Mais au lieud’affirmer :  »Dieu est immanent à l’univers et mon âme est immanente à Dieu », il propose la formule d’Elisabeth de la Trinité :

« Je crois bien que j’ai trouvé mon ciel sur la terre puisque mon ciel c’est Dieu et Dieu est dans mon âme. »

 

Il croit que Dieu habite tout l’univers, mais que le modèle de l’univers n’est pas l’autoréflexion dans sa divinité déjà accomplie, mais la récapitulation vers la divinité du Christ. L’univers en mouvement vers le modèle divin. Et le Christ comme principe et fin de l’univers en expansion vers Lui.

Pour le christianisme, l’univers n’est pas son devenir, mais en devenir.

Le sentiment océanique


"A l'océan" comme on dit sur toutes les plages de l'Atlantique, l'air apaise trop l’âme pour donner à l’esprit “le sentiment océanique”. A croire que l’air du large ne va pas jusqu’à la “dissolution dans le divin”, en quoi consiste le sentiment océanique si je l’ai bien compris: “Dieu est immanent à l’univers et mon âme est immanente à Dieu”.

 

Freud reconnaissait  ce sentiment, mais le tenait pour une illusion de largeur dans l'homme raisonnable, détenteur d'un inconscient simiesque et plein d'"esprits animaux". L'inconscient freudien n'était pas hypnotique, mais reptilien, et Freud tenait "le sentiment océanique" pour une "illusion", pour ne pas savoir le mettre en musique:freud était insensible à la musique et a été libéré en trouvant le "discours de la méthode" de l'analyse en entendant une patiente lui crier:

"Ne me touchez pas."

Ne me touchez pas, ne me regardez pas, ne m'écoutez pas.

 

En miroir, le "noli me tangere" répondu par le ressucité à la "Madeleine océanique" voulait dire: "Laisse l'être rester insaisissable  et ne le tente pas de se poser dans la paume de ta main."

 

Et maintenant que Jésus relevé de Sa passion a répondu à la patiente de Freud, laissons le passionné de l'inconscient rationnel l'emporter sur les exaltés du "new age": c'est de Patrick amsellem, astrologue sidéral et karmique que j'ai consulté ("déliez-moi, mon Dieu, au Nom du Seigneur Jésus, autant que de besoin, et déliez Nathalie que j'ai poussée dans le piège de l'ésotérisme") que je tiens la promesse que je me dissoudrai dans le divin après avoir fait mon salut par mes réincarnations successives.

 

Je ne suis pas entièrement soluble dans le divin, car mon âme n'en exprime qu'une qualité, une arcane, un thème. Ma personnalité, c'est ma thématique et mon individualité, mon message.

 

Je ne suis pas naturellement soluble dans le divin, car mon âme n'est qu'un point de l'immanence divine. Mais Dieu m'élargit de dissoudre mon âme dissolue. Tout amour est effet d'entraînement, et l'Amour du Seigneur de la tempête apaisée ne m'entraîne que dans la haute mer du large océanique de l'apaisement des os.

jeudi 23 juillet 2015

Nathalie et Vincent


D'abord partager avec vous que les premiers signes de mobilisation de Nathalie dans son lit sont très encourageants. et paraissent presque sans douleur, sinon la douleur post-opératoire habituelle.

Maintenant, si nous parlions de Vincent (Lambert).
Oui, les nouvelles sont bonnes. Ne faudrait -il pas commencer par chercher une voie d'apaisement puisque certains hôpitaux sont prêts à l'accueillir? Son épouse Rachel (à la différence de son neveu François) ne ferait-elle que paraître flexible ou ne pas paraître inflexible?  Ne peut-elle pas comprendre qu'elle défend les propos de la bouche de Vincent tenu quand il était bon vivant, propos que dément son visage que défend aujourd'hui sa mère?

Nous ne sommes pas liés par les dernières volontés d'un mort. C'est ce que nous a enseigné l'auteur du "Génie du christianisme" et du plus beau petit roman du romantisme français, le grand Châteaubriand, dans l'épilogue d'Atala, où le Père Aubry fait cette leçon à ces deux amoureux malheureux par la volonté de la mère morte d'Atala: nous ne sommes pas liés par les dernières volontés d'un mort; encore moins le sommes-nous par les paroles prononcées à la volée par un vivant en bonne santé, en début ou en fin de soirée, sobrement réfléchies ou dans la suggestion d'un arrosage qui fait craindre l'accident par conduite en état d'ivresse d'un convive trop mûr...

Il ne s'agit pas pour Rachel d'être fidèle à l'amour que Vincent a eu pour elle ou qu'elle a eu pour lui, mais de le laisser vivre même si elle veut "refaire sa vie", sans jugement d'aucune âme bien née.
"Qui suis-je pour juger?" Cette parole a été prononcée au sommet de l'Eglise, et tant pis pour ce qu'en pensent "les parfaits" d'entre les fidèles, qui ne le sont qu'à leur propre témoignage et dans leur propre miroir.

les valeureux avocats des parents de Vincent, qui sont d'ailleurs sur des lignes de défense légèrement différentes et, bien que je l'aie sollicité pour Nathalie, ce n'est pas le plus médiatique des deux, Jérôme Triomphe,  qui me paraît le plus pertinent, mais j'en parlerai à l'occasion à sa tendre moitié..., avaient envisagé d'intenter un recours pour détention arbitraire auprès du juge des libertés (je dois tordre la qualification juridique), parce que cet hôpital de Reims n'a pas le monopole de soigner Vincent. N'Est-ce pas le fin mot de l'affaire? S'il y a des hôpitaux prêts à l'accueillir, plus persone ne comprend que Vincent ne soit pas transféré vers un service qui ne soit pas acharné à sa perte.

J'ai même entendu ce matin aux "grandes gueules" de RMC les trois débatteurs du jour, dont l'actuelle conseillère politique de Ségolène Royal opinant en dernier, dire, l'une qu'elle n'était pas pour la peine de mort (Claire O'petit), le curé (aumônier ou caution cléricale de l'émission, Patrice Gourriez) qu'en 2000, suite à une scepticémie, on lui avait dit qu'il n'avait plus qu'un jour à vivre et qu'il devait faire ses adieux à ses parents, or il est toujours là; et la troisième, la conseillère,Françoise dEgois, que le mystère de la vie était trop profond pour qu'on l'interrompe à ce stade.

Le mystère de la vie est insaisissable. Le centre hospitalier de Reims prétend provoquer la mort de Vincent parce qu'il serait en "état neuro-végétatif irréversible"; or le dr. Carriger reconnaissait lui-même qu'il était en état pauci-relationnel. Il y a une différence de l'un à l'autre état, que seule, la gnose du dr. Carriger lui a fait confondre sciemment. . Car le dr. carriger était un adepte de la "trinitarisation" à marche forcée ou de "la divinisation" à la trique. Pour lui, un être humain n'avait pas à connaître l'état d'individu. S'il n'était pas immédiatement dans l'état d'union trinitaire, qui suppose kénose et hypostase, une vie, si elle n'était pas relationnelle, ne valait pas la peine d'être vécue.

Le dr. cArriger s'est mis hors jeu relationnel en démissionnant de l'hpital de Reims pour n'être plus partie prenante dans ce rapport de forces. Sans doute un examen de conscience inconscient lui aura fait prendre conscience que l'individu ne retrouve la Ressemblance de Dieu qu'inconsciemment, mais volontairement, et que le seul jeu des relations aux autres de la condition pluri-relationnelle ne saurait suffire à la lui faire acquérir.

L'individu humain n'est pas instinctivement trinitaire, s'il est intrinsèquement relationnel, et a besoin de ceux qui prennent soin de lui pour accéder à l'âge adulte ou s'y maintenir quand il est malade. L'épreuve de kénose de Vincent, qui va jusqu'à la désappropriation  de l'a propriation a priori de la vie par la conscience, est un chemin vers la vie de relation à finalité trinitaire que lui souhaite le dr. Carriger. Mais pour la lui faire vivre, il faut le laisser vivre.

Que Dieu garde Vincent tout l'été et le guérisse dans les années qui viennent pour confondre ses bourreaux,  sépulcres blanchis du col d'intentions parachrétiennes devenues onctueusement malignes et folles, car "sapience n'entre pas en ame malivole"!

Un tétraplégique n'est pas matériellement voué à payer de sa mort sa non conformité à l'idéal matériel du "moi".

samedi 18 juillet 2015

Trois déterminants de l'écriture


Roland Barthes dit beaucoup de choses très justes sur l’écriture même s’il est exagérément structuraliste et avoue se défaire malaisément des tutelles de ses « idéologies dominantes ». Le tort de l’enseignement scolaire ou de la critique universitaire qui a surexploité ce « professeur artiste » a été de vouloir faire appliquer sa théorie de l’écriture, très savante et fondée sur une maîtrise de la métrique, de la langue et de la syntaxe, à des élèves qui, pour beaucoup, ne savent pas former, structurer une phrase.

 

Il abuse en disant que l’écrivain n’est pas le déterminant de l’œuvre (synthèse et traduction personnelle). Dans son abus du figurativisme qui le fait aller jusqu’à vouloir qu’on substitue à l’étude des sources de l’écriture celle des figures qui la constituent, il est l’héritier de l’exégèse augustinienne qui fait des figures bibliques des préfigurations christiques, donc des personnes incomplètes, sinon des personnages ou des incarnations incomplètes d’idées qui leur préexistent et leur survivent. Dès lors il n’a pas de mal à poser l’auteur comme sujet séparé et son écriture comme indépendante de lui. IL explore néanmoins la question de rimbaud : pourquoi l’écriture est-elle autre que moi ? Pourquoi « je suis un autre » ? Qu’est-ce qui, non pas est à la source de mon écriture, mais la détermine culturellement ? Ma maîtrise de la langue certes, mais aussi mon désir de « reproduire » ce que je voudrais être et l’image que je voudrais donner de moi.

 

L’écriture est donc une condition alternative de celui qui s’y adonne. Il y a une génitivité mystérieuse (Barthes ne la reconnaîtrait qu’à grand-peine ou la marginaliserait), une génitivité sociale ou mimétique (j’écris comme je sais qu’il convient de parler ou comme font ceux qui écrivent bien) et une génitivité réflexive ou narcissique (j’écris ce que je veux que l’on pense de moi.)

samedi 11 juillet 2015

Tsipras est un cheval de troie


La démocratie a du mal à revenir de Grèce parce que les Grecs écrivent alternativement de gauche à droite et de droite à gauche.

 

Ainsi fait Tsipras, qui fait un référendum un jour et feint d’avoir obtenu grâce à lui un blanc-seing pour faire volte-face.


Et les journalistes français ("le débat des grandes voix" hier sur "Europe 1") croient avoir trouvé en lui un de Gaulle du: "Je vous ai compris". De l'usage du parjure en politique?


Au moins de Gaulle était-il un mythologue, Tsipras ne sait que jouer avec les symboles institutionnels avec un certain sens de la péripétie dans la tragédie.

Ainsi réussit-il à organiser un référendum où son prédécesseur Papandréou n'avait pas osé braver le tandem Merkozy qui trouvait cela de mauvais goût. Mais comme Tsipras est d'abord un européen, il détourne ce référendum et lui donne une valeur consultative.

Et puis, à la veille de capituler (la France sait que la capitulation politique pour donner les pleins pouvoirs au signataire de l'armistice de 1940 a été parlementaire), il va se montrer au Parlement européen, où sa présence donne lieu à un débat come il y en aurait plus souvent dans cette enceinte à laquelle les citoyens européens s'intéresseraient si les médias  les relayaient.


Mais il n'en a pas plus tôt donné l'occasion ni ajouté que, s'il avait pu ne négocier qu'avec la Commission européenne, la crise grecque serait déjà réglée, qu'il dégoûte de sa démarche parlementaire comme il a dégoûté le peuple de lui avoir donné la force  de sa souveraineté pour la retourner contre lui. Tsipras transforme de son seul fait le Parlement européen en serviteur croupion de la capitulation et en chambre de préenregistrement de l'austéritarisme consenti par la force détournée du référendum.


Au Parlement européen, Tsipras s'était pourtant contenté de dire que les créanciers n'avaient pas à déterminer sur quoi devaient porter les efforts budgétaires du moment que le compte y était. Ceux-ci n'envisageaient de coupes que sur la fonction publique, la TVA et les petites retraites. Ils proposaient de porter le coup de grâce au pouvoir d'achat grec et au secteur touristique pour faire revenir les investisseurs et relancer l'économie du pays. Tsipras avait l'air de dire qu'on pouvait faire payer les armateurs, les insulaires, l'Eglise orthodoxe et les corrompus, mais que c'était son affaire de répartir l'effort fiscal. Il fait la politique de ses créanciers, non pour payer ses dettes, mais parce qu'il est désormais naturel d'être aux ordres de ceux dont on dépend économiquement quand on fait de la politique.


Au moment où le FMI venait sur ses positions en soutenant par l'intermédiaire de ses économistes que la Grèce ne pourrait jamais payer toute sa dette, ne faisant que reprendre ce qu'avait dit DSK au plus fort de son affaire, dans la partie économique de son interview par Claire Chazal, le FMI est le seul interlocuteur que récuse Tsipras, au prétexte que l'Europe lui a promis de discuter de la dette grecque et de la part qui n'en serait point remboursée. Mais on sait ce que valent les promesses de l'Union européenne.


Faut-il être de l'avis de ceux qui, de Jacques Sapir à Marine le Pen, prétendent que tout le mal est dans l'euro? L'euro ne serait-il pas une monnaie pour le Sud de l'Europe ? L'euro nécessite-t-il des économies plus homogènes ou entraîne-t-il la mutualisation des dettes? Cette dernière vision de la monnaie unique fait l'affaire de Tsipras : les autres pays de la "zone euro" continueront de cracher au bassinet et lui de naviguer à vue.


Le plus grave est que Tsipras discrédite la partie des forces de l'alternative (dites "extrémiste" par le prétendu Système) qui propose une sortie européenne et négociée de l'austérité, pour donner raison aux nationalistes, qui pensent qu'on ne peut faire aucune confiance à l'Union européenne des mauvais compromis. En France, la trahison de Tsipras fait passer Mélanchon pour un déséquilibré naïf, tandis qu'elle conforte Marine le Pen, l'amie d'Aymeric Chauprade.

Giscard, qui a une position raisonnable sur la crise grecque, est depuis longtemps à la retraite et DSK hors jeu, à qui je ne donnerais pas les clefs de mon pays pour une moussaka.

vendredi 10 juillet 2015

Requiem pour les autocars


Hier, sur Tweeter, Manuel Valls s’est félicité que, dès cet été, en plus du travail du dimanche, des compagnies d’autocars pourraient librement ouvrir des lignes…

 

Cet hiver, le même Manueul Valls accueillera la conférence du climat, qui s’assigne pour objectif de faire baisser la consommation en CO2.

 

Pour ce faire, les écologistes comme Nicolas Hulot, organisateur de la conférence préconisaient (cf. « Pour un pacte écologique » qu’ont signé presque tous les candidats à la présidentielle de 2002) que  le transport par camion soit remplacé par le ferroutage.

 

Puisque Manuel Valls est indéboulonnable, les autocars d’Emmanuel Macron passeront-ils l’hiver ?

mercredi 8 juillet 2015

Diversifier la représentation politique


Même du point de vue de la démocratie représentative et sans parler de la faire dériver vers la démocratie directe, pente vers laquelle l’inclinent naturellement les réseaux sociaux, il y aurait deux façons très simples de fluidifier ou de diversifier la classe politique :

 

-         Exiger de tout candidat à n’importe quelle élection qu’il s’engage, s’il est élu et sous peine de sanctions financières, à ne se présenter à aucune autre élection avant l’expiration de son mandat ;

 

-ne retenir, aux élections locales et régionales, que les candidatures de personnes domiciliées depuis au moins cinq ans à titre principal dans la commune, le canton ou la région où ils se portent candidats. Cela limiterait le rôle des appareils parisiens dans la vie locale et régionale.

 

 

vendredi 3 juillet 2015

Clacissisme et romantisme

J’ai cherché à comprendre par quelle généalogie les antimodernes faisaient découler le romantisme du siècle des Lumières. Le siècle des Lumières s’est décrit lui-même comme le siècle de la « déesse raison ». Or il y avait beaucoup  plus de raison quand celle-ci n’était pas divinisée. Les scolastiques étaient des classificateurs -la classification engendre le clacissisme-. Linné et buffon sont bien plus des fils de la scolastique que des précurseurs du siècle des Lumières. Lequel est, par conséquent, non pas celui des Lumières de la raison, mais des Lumières de  l’entendement, de la raison sensationnelle (cf. Condillac), où le statut de l’observateur devient aussi important que l’objet de science, et qui par conséquent est mûr pour déclarer que la vérité est toujours subjective.
Or le subjectivisme aboutit au romantisme. Il n’est pas le triomphe du « moi » qui se prendrait pour le nombril du monde, mais de celui qui le voit du sommet de la montagne. Le « moi » voit le monde avec le vertige des sommets.  Il pleure sur le monde et il est ému de verser des larmes. La limite du romantique, c’est qu’il ne peut pas porter ce qu’il pleure. Il pleure donc de ses larmes comme celui qui est amoureux de l’amour laisse percer au jour son vide intérieur.
Nous voudrions décrire le monde avec émotion ou compassion. Nous voudrions que la raison soit une faculté capable d’émotion. La description du monde par une raison émue rend la nature à sa fluidité humide. Cette humectation de la nature dans les eaux séparées dont elle vient en arrose la restitution. Cet arrosage met de l’amour dans le rendu de la nature qui vient de l’amour – l’amour est un grand arrosoir -. Et cependant cette émotion n’est pas l’amour en œuvre, elle est seulement l’amour de l’art. L’amour en œuvre est l’amour en action. La compassion est le contraire de cette émotion inactive et artiste. La compassion a besoin de ne pas se savoir émue pour mettre l’amour en œuvre. Comme la nature, l’œuvre ne fait que venir de l’amour. Elle est le signe du premier amour. Au contraire, l’amour se met en œuvre. L’amour est presque trop rationnellement lié à l’œuvre qu’il suscite ou au fruit de son acte. L’amour est trop rationnel pour pouvoir se faire aimer.

jeudi 2 juillet 2015

La perversion écologiste

J'ai longtemps cru que la subversion écologiste consistait à sustituer la terre au ciel.
Je m'aperçois ce soir que le véritable renversement est celui qui intronise la terre au mépris de l'homme.

mercredi 1 juillet 2015

La nuit de la foi


L'épisode de la tempête apaisée comme prototype de la nuit de la foi :
Les disciples demandent à Jésus: "Seigneur, nous sommes perdus, cela ne te fait rien?"
Mystérieusement, l'Incarnation répond que le Créateur est remué aux entrailles quand la créature est perdue. Mais l'Incarnation est un mystère et un mystère n'est pas dans la lumière.
Les disciples sont dans la "nuit de la foi" parce que le Maître dort.
Le Maître dort et il faut Le réveiller pour ne pas couler.
Il faut réveiller l'Homme-Dieu pour connaître l'éveil.