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mardi 26 septembre 2023

Les cadavres dans le placard

N'ouvrez jamais les placards, il sont pleins de cadavres. Ce que je dis là est d'une sinistre vérité. Mais ceux qui veulent qu'on ne les ouvre pas prétendent banaliser les mauvaises actions dont ils se savent capables ou qu'ils se savent avoir commises. Dénoncer n'est pas banaliser, c'estvouloir sortir au contraire de la banalité du mal. 


Une fois qu'on a dit ça, est-ce que Vanessa springora a eu raison, non pas d'écrire son livre "le Consentement", mais de rendre Gabriel Mazneff responsable de son mal-être et de ne pas présumer que son mal-être d'enfant au père absent et à la mère négligente était la condition qui a fait d'elle la proie de cet écrivain pervers qui aurait dû accepter de lire le livre de celle qu'il prétendait aimer au lieu de se demander d'emblée pourquoi elle écrivait un livre méchant pour lui faire du mal? 


N'est-on pas sorti de l'illusion qu'il y a des saints puisque tous enferment des secrets dans leur placard?


Et est-ce qu'on ne peut pas s'étonner d'être passé en cinquante-cinq ans de la société de la libération sexuelle à celle où le viol est un crime et où tout rapport de séduction peut être assimilé à un viol? 

dimanche 24 septembre 2023

Le pape et les migrants

"Ce préambule n'est pas inutile qui concerne le pape François à l'égard duquel mon premier sentiment est de déférence religieuse mais d'incompréhension politique." (Philippe Bilger))


Justice au Singulier: Le pape François ne rend rien à César... (philippebilger.com)


Invité cette année par un ami au Pèlerinage national de Lourdes, j'ai dit tout à trac à un jeune néophyte rencontré dans le car qui nous emmenait là-bas qu'autant j'appréciais le théologien dans ce pape qui est plein d'Évangile, quand je l'entendais retrouver toutes ses forces et son agilité , intellectuelle pour le commenter au cours de sa messe privée de la maison sainte-Marthe que le Vatican acceptait de diffuser pendant le confinement sans dénoncer les entraves intolérables à la liberté de culte, autant je ne comprends pas une politique publique qui dit aux dirigeants du monde ce qu'ils veulent entendre, tout en  accompagnant la mondialisation par une prédication de plus en plus syncrétique sous prétexte de fraternité universelle, ce qui la rend de moins en moins christologique et va à l'encontre de sa dénonciation de la "mondanité spirituelle".


On pourrait m'objecter que sa référence constante au respect du droit des migrants secoue le landerneau mondial, car à l'entendre, on n'en accueille jamais assez. Mais on fait aujourd'hui en Europe et dans le monde une politique au nom du droit des migrants en ayant changé le paradigme de l'Histoire qui, jusqu'à l'après-Seconde guerre mondiale, a toujours été xénophobe et protégeait les nations contre les menées (et parfois les invasions) étrangères. Le pape dit avec les dirigeants du monde que cette xénophobie politique est illégitime depuis le national socialisme. Et la dénonciation de cette illégitimité prend le débat politique en otage depuis une quarantaine d'année. Le libéralisme mondial est antifasciste par essence, définition et priorité. L'anti-lepénisme est en France le tronc commun qui maintient l'"arc républicain"en équilibre au-dessus d'un épouvantail. À choisir, même un Mélenchon préfère l'antifascisme à l'antilibéralisme. Ses consignes de vote, même le plus implicites possible, aux deux second tours des deux dernières élections présidentielles, nous renseigne clairement sur ce point. La République est xénophile et l'histoire n'a plus à être une émancipation xénophobe des nations conquérantes.


En strict régime chrétien, ou plus exactement si on ne se réfère qu'à l'Évangile en passant outre le millénaire de philosophie politique de la civilisation chrétienne, le pape et la République laïque ont raison, encore que l'Évangile insiste sur le respect de l'étranger, mais ne préconise pas qu'il ait la première place aux royaumes de ce monde. L'Evangile détourne la question "qui est mon prochain?" en "de qui vais-je me constituer le prochain?" et répond que je dois d'abord me constituer le prochain de mon lointain. Mais le christianisme politique répond en affirmant qu'il y a une charité politique qui, comme toute charité bien ordonnée,  commence par soi-même. Dire que le "droit des migrants" à émigrer pour trouver une vie meilleure précède tous les autres droits des citoyens des pays d'accueil où ils s'invitent, fait reposer la politique sur l'individualisme et ne demande pas si la protection sociale des pays développés peut supporter cet afflux de migrants arrivant de manière anarchique au gré de leur aspiration à trouver un meilleur ailleurs. C'est faire courir à ces protections sociales le risque de protéger "les autres avant les nôtres", même si une stricte priorité nationale qui irait jusqu'à refuser toute prestation sociale aux primo-arrivants, ou encore l'aide médicale d'État, me paraît inhumaine et serait de nature à m'interdire de voter pour les partis dits "nationaux" ou "extrêmes" dès que je raisonne en chrétien. 


Mais fonder la politique sur l'individualisme comme le fait le pape, n'est pas non plus chrétien, et, quarante-trois ans après le premier voyage en France de Jean-Paul II,  faire l'impasse sur le caractère de "France, fille aînée de l'Église", François tenant à dire qu'il se rend à Marseille et non en France, renvoie un message étrange. Le pape mettrait-il les nations au rancard, même s'il s'en défend en disant qu'il préfère les petites nations européennes comme Alain Finkielkraut défendait le droit des Croates ou des Bosniaques Slovènes, comme si la défense des petites nations (qu'on appelait le respect du "principe des nationalités") n'avait pas été le ferment de nos deux guerres européennes, à commencer par la Grande guerre, mais "Hitler est né à Versailles".


J'en suis à cette perplexité concernant le chef de l'Église catholique, mon "chef" ou mon "berger". Il ne garde pas bien ma foi en l'immergeant dans un fraternitarisme pur sans pour autant faire de l'Église une ONG comme les autorités vaticanes le redoutent, mais en la commettant plutôt comme responsable du MASDU, mouvement pour l'animation spirituelle de la démocratie universelle. (Cf

https://crc-resurrection.org/toute-notre-doctrine/contre-reforme-catholique/opposition-papes/masdu-paul-vi.html#:~:text=1%C2%B0%20%E2%80%93%20L'HUMANIT%C3%89%2C,terrestre%20du%20ROYAUME%20DE%20DIEU.


Mais peut-être faut-il choisir fermement entre un christianisme de religion et un christianisme de civilisation et faut-il assumer et affirmer que la chrétienté, que la civilisation chrétienne sont mortes. 

jeudi 21 septembre 2023

Le roi, le pape et la vente à perte

(Posté sur le blog de Philippe Bilger au pied de son billet:


Justice au Singulier: Un roi à Paris pour faire oublier que la France va mal ? (philippebilger.com)

"Charles III va détourner notre hostilité à l'égard du président Macron et pendant ces trois jours, peut-être y aura-t-il comme une accalmie, du baume qui adoucira nos plaies, rendra secondaires l'amateurisme, l'inconséquence, les contradictions de nos gouvernants." 

 "Le président et la Première ministre n'ont vraiment pas de quoi se vanter." (PB)


Je crains que la visite de Charles III et la tenue dont il fait preuve aient l'effet contraire et  soulignent l'inconséquence de nos gouvernants. Pour preuve, voici ce que j'écrivais ce matin sans avoir lu votre billet, en commentaire des toasts portés entre le roi et le président d'une République transportée à Versailles invitant tous ses happy few et affidés qui le sont depuis 2017:


"Du président de la République française ou du roi Charles III, l’hôte qui a transporté la République à Versailles malgré le précédent communard (passent les émeutes, le roi demeure !) s’est pris pour un roi et a cru prononcer un discours inoubliable en portant un toast quand son invité a prononcé « le Discours d’un roi » sans bégayer comme l’histoire ou comme son grand-père Georges VI.


Charles III a rappelé « l’Entente cordiale » dont il s’agissait de célébrer le centenaire, sous l’égide de son prédécesseur Édouard VII, comme lui longtemps prince de Galles et essentiellement fils de la reine Victoria. Une « entente » qui n’avait pas de cordial que le nom comme le Traité de l’Élysée imaginé par le général De Gaulle et Konrad Adenauer pour forcer la réconciliation franco-allemande et canaliser dans l’idée européenne la fièvre dominatrice allemande comme le dit en presque propres termes Robert Schumann dans Pour l’Europe.  Or on ne force pas une réconciliation. Au contraire, la France a beau s’être montrée anti-brexiteuse, l’entente entre Français et Britanniques subsiste sans avoir besoin de recourir à un autre artifice." 


Et après le roi, viendra le pape, dont j'écrivais ce message lu ce soir sur "Radio courtoisie", dans "le Libre journal de chrétienté"  de mon ami l'abbé Guillaume de Tanouarn:


"Le pape ne vient pas en France, il vient en Migrance pour expliquer aux Migrançais que la charité politique n'existe pas, mais que la migration est un absolu périphérique. Ras le bol de ces gouvernants qui ne veulent plus être gouvernants, depuis Macron qui se prend pour un roi jusqu'à ce pape qui ne veut pas être pape tout en gardant l'autorité du pape pour la noyer dans un salmigondi. Charles III nous a peut-être donné une grande leçon. Face à Macron, le président qui se prend pour un roi, Charles III a tenu le "Discours d'un roi." [...] "L'entente cordiale" a une réalité, toutes les postures de nos autres têtes de gondole sont des déréalisations. Benoît XVI aurait été un grand pape s'il n'avait pas démissionné et s'il avait suivi l'exemple de Jean-Paul II qui suivait le Christ en acceptant le martyre." 


Nos dirigeants sont démissionnaires comme François Hollande ou Benoît XVI. Ou bien ils jouent un rôle auquel ils croient à peine, comme Emmanuel Macron ou François (le pape, dont Pascale Clarck avait raison de se moquer de la désignation par ce simple prénom usuel dans sa chronique du lendemain de son premier angélus sur "France inter": "François vous souhaite la bonne nuit et Roger le bon appétit." 


Ou bien ils sont impuissants comme Bruno Le Maire qui, après n'avoir pas réussi à mettre la Russie à genoux, met tout le monde d'accord contre lui, des petits et des gros pompistes, de "Total" au patron de Coluche dans "Ciao pantin". Le même ministre avait justifié dans son livre "Jours de pouvoir" de s'être incliné face aux manifs contre le CPE (la seule mesure intelligente pensée en faveur des jeunes) parce que Jean-Louis Borloo menaçait de toutes les foudres de son délire si cette mesure anti-sociale devait passer. Avec des "[amateurs]" comme ça, il ne s'en faudrait pas de beaucoup pour que je devienne monarchiste. 

vendredi 8 septembre 2023

Aimons-nous vraiment les pauvres?

"Ce que vous avez fait aux plus petits d'entre les miens, c'est à Moi que vous l'avez fait."


Longtemps je me suis dit que cette Parole de Jésus (la parabole(?) du jugement dernier en Mt XXV) était réconfortante, apaisante et attirante. Attirante parce qu'on a envie de rencontrer et de trouver Jésus dans les pauvres, on a envie d'aimer les pauvres, on a envie de s'apitoyer sur eux. Réconfortante et apaisante parce qu'on croit qu'on le fait instinctivement. 

Mais  quand on se retourne sur sa vie, on s'aperçoit qu'on est très loin du compte. A-t-on servi ceux qu'on aimait quand en eux, l'autre  devenait pauvre? 

Je me souviens de ma première visite à la chapelle de la médaille miraculeuse. J'étais un jeune étudiant désargenté de 17 ans et demie. Un mendiant, Antony, me demanda 50F que je ne lui donnai pas. Il me demanda de l'héberger. Je compris que si je consentais, j'entrais dans un engrenage et je refusai. Toute ma vie a été à l'avenant. Comment ai-je aimé les pauvres? Peut-on se sauver aisément à travers les paroles de Mt XXV?

Mais la question qui intitule mon post  en entraîne une autre corollaire: dans quelle mesure peut-on aimer les pauvres si l'incitation qui nous en est adressée induit qu'on ne doit pas les aimer pour eux-mêmes (ils sont trop sales, ils sont trop moches), mais dans l'espoir d'y trouver Dieu ou de les aimer en fonction de Lui, comme un devoir à accomplir ou comme un service à Lui rendre? Les pauvres sont-ils à ce point quantité négligeable qu'on doive les instrumentaliser?

Soutenir l'autodafé privé?

"Il n’est pas question de supporter aveuglément le fait de brûler des corans. On ne peut pas d’un côté s’émouvoir de la réécriture d’ouvrages du passé ou de leur effacement des bibliothèques et applaudir quand un coran est brûlé. Les livres témoignent d’un passé et plutôt que de les brûler ou de les effacer, démarche peu constructive, il serait préférable de les critiquer, de les contextualiser, de les expliquer et, encore mieux, d’en écrire d’autres. Brûler un livre, n’importe quel livre, n’a jamais rien produit de bon, ni élevé l’intelligence collective ou fait progresser un débat. Pour autant, rendre cet acte pénalement répréhensible, c’est s’engager sur une pente extraordinairement dangereuse." (Richard Malka, "le Monde", 3 septembre 2023)


"À tort ou à raison, une distinction a toujours marqué mon attitude intellectuelle et psychologique dans le domaine de la liberté d'expression. La séparation entre les idées et les croyances. Les premières sont faites pour relever des débats, pour être contredites. Une idée interdite est le comble de l'étouffement démocratique. Les esprits et les intelligences sont offensés. Mais une croyance relève des tréfonds intimes, des histoires personnelles et familiales, d'un terreau qui se rapporte aux sensibilités. Il me semble qu'on devrait laisser tranquilles ces états d'âme et ne jamais se poser en prosélytes ou en procureurs de ces sphères étrangères à la rationalité et à l'argumentation. Une croyance qu'on blesse, singulière ou collective, c'est de l'indélicatesse humaine." (Philippe Bilger)


Autrement posé, nos croyances racontent l'histoire de nos conditionnements. Cette histoire est à la fois aveugle et purement visuelle, étrangère aux discussions de l'entendement.


Cette distinction entre les idées et les croyances me paraît beaucoup plus féconde que celle entre les croyances et les savoirs, prétentieuse et portée par des docteurs autoproclamés, généralement en sciences inexactes, donc humaines, qui font profession d'oublier que la science procède par hypothèses et que le dernier mot du sage Socrate en matière de philosophie est prononcé quand l'ultime savoir de l'homme le conduit à reconnaître qu'il ne sait rien.

Les caricatures de Mohamed sont venues de la presse danoise et l'interdit des autodafés du Coran devrait encore nous venir de cette "démocratie atypique" qui a voté "non" au traité de Maastricht (si je ne m'abuse) et qu'on a fait revoter pour qu'elle change d'avis en obtenant des exemptions prébréxiteuses à l'application des normes les plus entravantes de l'Union européenne.

Je parodierais volontiers ce mot de Jeanne d'Arc à Pierre Cauchon: "Démocratie luthérienne, c'est par toi que je vis et démocratie luthérienne, c'est par toi que je meurs, bien que mon président ait dit beaucoup t’admirer en faisant un parallèle désavantageux avec ses concitoyens les Gaulois réfractaires."

Il me semble qu'il nous faut distinguer entre l'autodafé d'une personne privée comme Salwan Momika et un autodafé qui serait exercé par une puissance publique et dont Voltaire, dans "Candide", nous a inspiré une juste horreur. Salwan Momika au contraire, a le droit de faire ce qu'il fait. C'est un happening qui veut éveiller les consciences à la source d'exactions que peut être le Coran s'il est pris au pied de la lettre, et l'exégèse qui interdit de l'interpréter encourage à le lire de cette manière littéraliste et avec une vénération sacrée qui va jusqu'à faire de l'eau bénite à partir de l'eau coranisée, qui acquiert des vertus thaumaturgiques d'avoir touché le Coran. Ce lanceur d'alerte irakien réfugié en Suède et d'origine chrétienne sait ce qu'il en coûte d'être athée en terre d'Islam. On n'en a pas le droit, pas même au Maghreb, et on fait silence en Occident sur cette proscription de l'athéisme.

Une nation européenne n'a certes pas le droit de reprendre à son compte ce que se permet une personne privée, et la "sagesse des nations" ou le "droit des gens" n'ont jamais fait depuis les Lumières qu'elle promeuve d'autodafés autres que symboliques, le contre-exemple étant la mise au pilon décrétée par les tribunaux. Mais une nation cultivée doit protéger le droit de la personne privée à brûler des livres, d'autant que le procédé est moins obscène que celui des caricatures du prophète dans des positions inconvenantes.

Le blasphème ne peut pas être un délit retenu par un Etat laïque, car il ne reconnaît aucun culte, mais je conviens avec vous que le blasphème relève de l'immaturité du blasphémateur.

L'abbé Guillaume de Tanouarn avait produit au moment de l'affaire du "pisse-Christ" une distinction féconde entre le blasphème et le sacrilège en disant qu'on pouvait certes commettre un blasphème, mais que le sacrilège était le respect du sacré et que ce qu'on peut appeler en bonne part "le respect humain" devrait nous interdire de profaner le sacré des autres.

Cela peut paraître contradictoire avec mon cautionnement de l'autodafé privé, mais je résoudrai ma contradiction à l'aide de votre distinction des idées et des croyances. Un autodafé privé manifeste une antipathie fondamentale avec des idées qu'on veut symboliquement brûler. Une caricature obscène atteint l'image d'une figure que l'on vénère. Or l'idée est rationnelle et la croyance est visuelle, d'où la tentation iconoclaste de toutes les religions, toujours en vigueur dans l'islam qui interdit qu'on se fasse toute image non seulement du Dieu unique, mais de toute réalité du monde visible et invisible, ce que l'islam résout par l'arabesque, la plus belle forme d'art selon Baudelaire.

À l'école, la réforme Habit ne dévoile pas les jeunes filles

La police vestimentaire a commencé à l'école lorsqu'en 1989, le proviseur du lycée de Creil Ernest Chenière adressa un rappel au règlement à "trois  collégiennes, de 4e et 3e qui gardaient leur voile, noué sous le menton, en classe. Jusque-là, ces fichus présents ici et là au cou de quelques écolières n'avaient jamais fait parler d'eux. Le principal du collège Gabriel-Havez, Ernest Chenière, décide en cette rentrée 1989 de ne pas laisser passer ce qu'il juge comme un coup de boutoir contre la laïcité. Il convoque les jeunes filles, saisit le conseil d'administration, écrit aux familles qui campent sur leur position. L'affaire de Creil vient de commencer. [...] Le Conseil d'Etat, saisi du sujet par le ministre de l'Education Lionel Jospin, statue sans trancher : il laisse aux chefs d'établissement le soin de décider au cas par cas." Pap Ndiaye se placera sous cette jurisprudence aujourd'hui critiquée par un Lionel Jospin qui, après avoir eu la bonne réaction le 11 septembre en prononçant le célèbre: "Pas d'amalgame" qui a évité l'inflammation de la chute des temples du Capital en guerre civile en France et en Europe, a changé, probablement sou l'influence de son épouse, très anti-genderet assez fascinée par la patristique chrétienne, un de ses objets d'étude. cL'ancien premier ministre à qui je conserve fidèlement toute mon estime commencera par approuver le Discours de ratisbonne du pape Benoît XVI. Il confirmera son revirement  dans une interview toute récente sur "France inter", argaunt du fait que les temps ont changé depuis la jurisprudence du Conseil d'Etat et que le 11 septembre (le fameux!) est passé par là.


"Trente ans plus tard, À Creil, évoquer « l'affaire » provoque surtout des soupirs, plus ou moins ulcérés. On la ramène volontiers à une opposition de personnes. Localement, il a été reproché à Chenière, le fort en gueule, le franc-maçon revendiqué, d'avoir utilisé la polémique pour se donner une épaisseur politique, lui qui deviendra en 1993 député (RPR) de la circonscription. Ce sera son seul mandat." 


https://www.leparisien.fr/societe/affaire-du-foulard-de-creil-c-etait-un-lynchage-confie-l-ex-principal-du-college-02-10-2019-8165001.php


Mais quel mandat! Je suis depuis trente ans un fervent auditeur de "Radio courtoisie". Ernest Chenière adoptait des positions plus droitières que celles Pierre Bernard, l'ancien  maire de Montfermeil avec qui il débattait .


Depuis lors, la réforme Habit de l'école sans contenu n'a cessé de stigmatiser les jeunes filles musulmanes. Il était bien plus facile de s'en prendre à elles que de s'attaquer à leurs petits ou à leurs grands frères, qui donnent beaucoup plus que leurs soeurs qu'ils surveillent et punissent quand elles ne se tiennent mal à leurs yeux dans la petite délinquance qui "emmerde les Français", comme aurait dit Georges Pompidou. Plus facile et plus cruel, comme tout ce qui est facile. Car dévoiler une femme qui croit que c'est pour elle un devoir sacré de porter le voile revient à la déshabiller de force. Il me semblait que notre société était contre le viol, le voyait partout, surtout depuis #MeTo et en avait fait pénalement un crime.  Facile, cruel et incohérent. Plus facile que de s'attaquer à ce qui opprime les femmes et aux mariages forcés qui sont importés du bled et que la société française reconnaît sans les soumettre à l'obligation préalable de passer devant M. le maire, comme elle le fait pour les mariages catholiques: l'Église catholique aurait mieux fait de lutter pour l'égalité devant le mariage et de revendiquer l'autonomie du mariage religieux que de dénoncer bêtement "le Mariage pour tous" qui ne la concernait en rien L'État laïque promulguait un acte civil et il a le droit de placer la civilité où il veut. N'aurait-il pas été du devoir d'une société féministe de s'attaquer à ce qui brime les femmes?  Mais il est  plus facile de parler que d'agir. Il est aussi  plus facile de savoir quand une femme porte volontairement le voile que de repérer un mariage forcé. La brimade est pourtant plus durable et il faudrait consacrer à la lutte contre celle-ci de nouvelles forces de police dotées de méthodes nouvelles.


La réforme Habit est commode pour masquer que l'enseignement scolaire perd progressivement tout contenu, réduit qu'il est désormais à "la lutte contre les préjugés", "les stéréotypes de genre", la prévention des conduites à risques et la conformation aux nouvelles normes environnementales pour faire des petits Français "de petits républicains" comme le dit notre président, attendu qu'il est interdit, au pays des droits de l'homme, de dispenser un enseignement qui ne soit pas conforme aux droits de l'homme, c'est-à-dire, au hasard, qui pose une nature humaine en face de la liberté ou qui dispose que les droits entraînent des devoirs. Nous avons subi le choc révolutionnaire né dans une fièvre polémique contre le catholicisme et ses abus et au terme duquel  il advient nécessairement que les Droits de l'homme se soient construits comme un anti-décalogue, comme une charte de droits non assortie à un catalogue de devoirs. Et l'expression de Jean Madiran avait le mérite d'être saisissante quand il parlait de "Droits de l'homme sans Dieu".


Mais si elle est facile, cruelle et incohérente, la réforme Habit se justifie-t-elle par son efficacité? La mayonnaise n'a cessé de monter depuis le coup de sang d'Ernest Chenière. On est allé de crise du vêtement en loi contre les signes ostentatoires et non seulement les jeunes filles ne se sont pas dévoilées, mais l'interdiction du port du voile a fait naître l'invasion de l'espace public par des femmes voilées de la tête aux pieds. Vaste progrès.


Gabriel Attal voulait-il démontrer que l'islam est porté à la violence? En son temps, Ernest Chenière a reçu des menaces de mort et il continue de vivre barricadé.  J'entendais ce matin qu'un chef d'établissement avait été menacé de mort par le père d'une jeune fille qui refusait d'enlever son abaya. (À l'école de la République, on préfère la mini jupe à la robe longue.) Tout ce que Gabriel Attal a   gagné en pondant sa circulaire risque fort de provoquer la mort d'un nouveau Samuel Paty. Tout cela pour se distinguer de son prédécesseur, marquer son territoire et se faire remarquer. L'opportunisme et le carriérisme n'ont décidément pas de limites.