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mercredi 20 octobre 2021

Le roi s'amuse

Le problème n'est pas que "le roi s'amuse", mais que le roi s'amuse souvent. Je me souviens d'un voyage dans je ne sais plus quel pays d'Afrique où, dans une discothèque tenue par un bandit notoire, impliqué dans les réseaux de la drogue, crois-je savoir, il demandait qu'on laisse ce qui se passait dans cette discothèque  à l'intérieur de cette discothèque. Pourquoi avait-il choisi cette boîte de nuit comme étape de son voyage officiel? Au regard d'une sortie aussi provocatrice, ce que montre la vidéo mise en ligne par le "Parisien" paraît bien innocent. Rien à voir non plus avec la fête de la musique très idéologique très genrée promouvantun leader de groupe musical qui se revendiquait "noir et pédé" et qui sortait de son identité et de son genre comme une promesse d'avenir de dépersonnalisation à tous les étages qui, à en croire Frédéric Daby, prend dans la jeunesse: la théorie du genre qui était censée ne pas exister fait des ravages  de déréalisation et de déconstruction. J'aurais aimé que Sandrine Rousseau sortît vainqueur de la primaire écologiste, car son franc-parler aurait montré l'alliance contre nature entre le refus de la nature qui rêve d'un "homme déconstruit"et l'allégeance à la nature qu'on ne connaît que dans un contexte urbain qui croit que l'agriculture est la plus grande des pollutions, cet agriculture industrielle-là bien sûr, mais qui l'a réclamée? 


Ce qui est moins innocent que le déhanché présidentiel chantant à tue-tête la holà des victoires footballistiques est que le match ait opposé le "Variété club de France" à une équipe de soignants dans le cadre de l'"Opération pièces jaunes", dont je m'étonne toujours qu'elle n'ait jamais gêné personne, d'autant qu'elle fut organisé par la femme de Jacques Chirac, qui s'inscrivait dans le précédent de la fondation Claude Pompidou,  pour renflouer un hôpital public que c'est la responsabilité de l'Etat de ne pas réduire en pelote et dont messieurs nos présidents confient à leurs dames patronnesses le soin de montrer qu'elles s'en occupent de l'extérieur de  l'Etat dont le chef a nommé premier ministre un de ses fossoyeurs en la personne de Jean Castex, sans doute pour le récompenser de l'avoir mis dans la situation où l'a trouvé la covid, il faut le répéter sans cesse. L'Etat financeur joue les tendeurs de sébile en la personne de ses plus hauts  dignitaires, comme on s'est habitué à ce que, pour donner moins d'argent à la recherche, il organise annuellement le grand raout caritatif du téléton,  diffusé en boucle pendant 48 heures sur les chaînes du service public complice. 


Autre indécence symbolique, bien caractéristique du mépris de classe dont Emmanuel Macron a fait preuve pendant toute sa campagne et tout au long du quinquennat qui court encore et risque d'être couronné par la réélection du plus cynique de nos présidents, Emmanuel Macron joue contre les soignants canonisés, puis mis à l'amende de l'obligation vaccinale avant tout le monde sous peine d'être suspendus et de n'être plus payés, pour faire rapporter de l'argent à un hôpital auquel, avant la pandémie, il a refusé de donner de l'argent qu'on n'avait plus, disait-il (il aurait pu dire que l'hôpital nous coûte "un pognon de dingue"), on se souvient de sa conversation avec une infirmière dans un hôpital qu'il visitait, avant  de se rendre à la Légion d'honneur pour y entendre une chorale le soir même avec son épouse. 


Emmanuel Macron n'a même pas imaginé de jouer aux côtés des soignants contre le Variété Club. Si indécence il y a dans ce divertissement de  notre roitelet, c'est de ces côtés-là qu'elle se situe.


Quant à la fausse proximité désormais établie entre les français et leur président, d'un côté on réclame un cloisonnement de la sphère publique et de la sphère privée, comme si la petite histoire n'avait pas toujours guetté les secrets d'alcôve et été friande de l'étalage des favorites ou des mignons. Et de l'autre on tape sur l'épaule du président, dont on attend qu'il soit moins respecté qu'un directeur d'école. Dans un des établissements scolaires que j'ai fréquenté, le bureau de Monsieur le censeur et de Madame la directrice se situait derrière des portes capitonnées. On y accédait après avoir g rimpé un escalier d'honneur où était déroulé un tapis rouge. Cela installait une distance que ne permettent pas les actuels bains de foule, réclamés par la politique spectacle qui veut de l'empathie et des selfys, et des serrages de louche où l'hôte de l'Elysée demande aux Français "comment allez-vous", sans se souvenir qu'à l'origine de cette expression, les courtisans voulaient savoir comment le roi était allé à la selle.

lundi 18 octobre 2021

Le miracle

Le miracle est l'exception qui confirme la règle.

Les remarques sur la toute-puissance de Dieu doivent être assorties de ce qu'en disait François Varillon: "L'amour ne fait que ce qu'il peut" et il ne peut qu'aimer. Mais ce n'est pas une raison pour réduire Dieu à l'impuissance sous prétexte qu'Il serait tout-puissant en amour. Comme ce n'est pas une raison de réduire le désir à l'impuissance parce que nous sommes des insatisfaits permanents, et que nous papillonnons faute de savoir ordonner nos désirs au bon usage de la vie qui est Dieu et qui nous veut du bien.

Je rêve d'une Eglise qui croit au miracle parce que le miracle est le premier signe de la foi. Peut-être croire au miracle est-il romantique, mais la foi est romantique comme une aventure irrationnelle ou comme l'aventure rationnelle de la lutte avec l'ange, où la raison ne s'incline que quand elle est acculée.

Je crois au miracle jusqu'à croire qu'un aveugle peut avoir recouvré la vue sans nerf optique comme cela pourrait m'arriver, ce que je désirerais d'autant plus que je n'en éprouve aucun besoin.

La question à se poser n'est pas: "Pourquoi ne sommes-nous pas tous miraculés?" mais: "De quoi le miracle est-il le signe?", et la réponse est que "Le salut éternel fait irruption dans nos vies comme un miracle" de transformation du désir. Mais le salut, ou bien est second, ou bien prolonge la foi qui est première, et qui est moins confiance que conscience d'une relation inouÏe, improbable, théoriquement impossible, d'une relation miraculeuse entre un Dieu miraculeux et l'homme qui est le miracle de Dieu.

Si le miracle peut être suspension d'un processus de dégénérescence, cela dispense de se poser la question: "Pourquoi devrait-on guérir si l'on ne peut mourir guéri?".

Dieu n'intervient dans la nature que par miracle. Teilhard suppose que c'est parce qu'Il a laissé la liberté à la nature comme Il a laissé l'homme à sa liberté, et la nature s'est donnée ses règles, puis a été laissée à ses lois qu'a édictées sa liberté, dont c'est peu dire qu'elles ne sont pas conformes aux lois de Dieu, "la lumière éclairant tout homme" et animant tout ce "qui vient en ce monde". Jésus ne peut pas approuver  cette loi de la nature: "Celui qui a recevra encore, mais à celui qui n'a rien, on prendra même ce qu'il a". Mais cela ne l'empêche pas de l'énoncer comme s'Il la reprenait à Son compte.

Il est enfin stimulant de penser que Dieu est "cause libre" plus que "cause rationnelle". Le miracle est la sortie du déterminisme.


MetaBlog (ab2t.blogspot.com) 

samedi 16 octobre 2021

Nouvelles réflexions sur le rapport Sauvé



-Doit-on considérer que le rapport Sauvé est parole d'Evangile? Statistiques estimées à la louche, mais surtout entre-soi assumé par le président de la commission, qui l'a présidée à condition de nommer tous ses commissaires, a fonctionné "à budget ouvert", a produit des statistiques à la louche, par des méthodes d'estimation, a fait parler M. devaux en tête de sa conférence de presse pour expliquer à ses commanditaires qu'ils étaient "la honte de l'humanité" et a pris la tête, sous le prétexte d'agissements moralement indéfendables, d'une contestation portant les revendications de "Wir sind die Kirsche" en Allemagne, et dans le monde francophone de "Golias", de la CCBF et de tous les progressistes pour exiger un "Vatican III" de l'Eglise (il ne le dit pas tel quel, mais ceux qui prennent le rapport Sauvé pour parole d'Evangile le font pour lui), comme s'il fallait se parer des vertus du néo-puritanisme en vogue (et je ne dis pas que les abus dont il est question sont dénoncés par une conception puritaine de la relation amoureuse) pour saper la morale chrétienne, ce dont je me fiche, mais pour détruire l'eglise en la ruinant, ce dont je ne me fous pas du tout.


-Car il s'agit bien de savoir pourquoi l'Eglise catholique est "la seule internationale qui tienne" comme le dit Guillaume de Tanouarn; pourquoi elle a survécu à tous ses crimes (et Périco Légasse a peut-être raison de dire qu'elle est la plus grande tueuse de tous les temps, opinion qui me scandalise), ce qui ne s'explique pas à moins qu'elle ait en effet les promesses de la vie éternelle et que les péchés incommensurables de ses membres n'atteignent pas sa sainteté ontologique.

"Moi, quand j'aurais commis tous les crimes possibles...", s'exclame sainte Thérèse, l'apôtre de la voie d'enfance...

   Comment l'Eglise peut-elle survivre, non seulement aux abus sexuels de ses clercs et de ses laïcs, mais aussi à son indifférence envers tant de prochains malades, handicapés, isolés, affamés ou démunis,  en priant pour que des gens se dévouent à son service dans les prières universelles, en leur envoyant le Secours catholique ou la Conférence Saint-Vincent de Paul pour les soutenir d'une tape sur l'épaule, d'une bonne parole qui ne mange pas de pain ou d'une aide ponctuelle; tout en ayant les yeux de Chimène pour les migrants ("tu aimeras ton lointain comme toi-même et l'homme in abstracto"), jusqu'au jour où des coutumes différentes viennent déranger ses habitudes? 


-Et j'irai plus loin. Ce qui interpelle ma foi en Jésus à l'heure actuelle après avoir douté de son historicité (et le doute n'est pas levé en moi), cru que c'était un egregor qui existe par l'appel à l'existence que lui lancent les croyants (et il m'arrive encore de le penser); un paranoïaque qui se prenait pour le Fils de Dieu et que tout le monde a cru; après avoir pensé tout cela non sans l'aimer, je me demande comment on peut dire qu'Il n'a pas péché alors qu'Il S'est mis en colère, a rabroué Ses apôtres, a maudit le figuier sec, a menacé les sarments secs d'être jetés au feu et dit aux vierges folles qu'Il ne les connaissait pas. Comment peut-Il être doux et humble de coeur et en même temps si âpre? Comment peut-Il ne pas pécher et contrevenir à nos conceptions les plus évidentes de la relation humaine qui reconnaît l'autre et ne le rudoie pas? Pourquoi dit-on de Jésus qu'Il n'a jamais péché sauf si c'est vrai et dans ce cas, qu'est-ce que cela dit de la manière dont nous devons concevoir la relation humaine? Jésus ne nous blesse-t-Il pas d'amour autant qu'Il nous aime inconditionnellement, ce qui ne transparaît pas dans les Evangiles au premier coup d'oeil?


-Et enfin les victimes doivent-elles s'enfermer dans leur statut de victime? Il n'est nulle enceinte judiciaire où la justice est rendue au nom des victimes, sans quoi ce n'est pas une réparation, c'est une vengeance. Un procès reconstruit rarement une victime et la justice doit être rendue au nom de la société. La justice. On doit faire réparation aux victimes, mais la réparation ne leur rendra pas ce qu'on leur a pris à tout jamais. La vie, écrite à l'encre indélébile, est faite de ces deuils irrémédiables et de ces pertes irréparables, dont il n'est pas écrit qu'on ne doive pourtant pas s'en remettre. Pourquoi être une victime serait-il la seule condition dont on ne doit jamais se remettre? Pourquoi s'enfermer dans le statut de victime? Est-ce que la résilience n'est pas l'ultime ambition d'une victime qui ne nie pas son trauma, mais refuse de s'y laisser enfermer pour le reste de ses jours? 

samedi 9 octobre 2021

Par amour de la liberté

                Par amour de la liberté


N'est-on jamais aussi libre qu'on le voudrait? 


La chère hôtesse de mes villégiatures tourangelles me disait à l'instant: "Il ne faut pas toujours être contre, il faut être avec." L'extrême droite d'il y a trente ans se mettait constamment en porte-à-faux et se posait en contre-société qui voulait changer la société. On était tellement contre elle qu'elle était tout le temps contre le monde entier. C'est un changement peu négligeable que ce "contre" se soittransformé en "avec". Il a fallu pour cela que quelques commanditaires forcent le pluralisme et que les plus radicaux se civilisent. Zemmour n'a pas une gueule d'ange, mais de petit garçon inoffensif. La radicalisation française adopte la gentillesse française dont parlait Claude Guéant, mettant au ban la radicalité islamiste, en guerre ouverte avec ses moeurs pacifiques. La droite n'est plus le pays "où l'on n'arrive jamais" comme l'écrivait Yves-Marie Adeline, il y a un espoir d'y arriver si elle continue de se montrer aussi aimable et civilisée. Le discours d'Alain Finkielkraut était sur une double défensive de la France et d'Israël. Le discours de Zemmour garde le silence sur Israël et défend la France avec le sourire. N'était #Meto et le néo-puritanisme que charrie ce refus du baiser volé, des avances et des regards adipeux, on pourrait croire au retour de la galanterie française.

Quant à la liberté, j'ai une très belle histoire sur elle. Je fus pendant vingt-cinq ans l'ami de l'ancien économe du séminaire saint-Sulpice sis au six, rue du regard où j'ai vécu pour vivre le comble d'un aveugle, habiter rue du regard. Cet homme était assez guindé et je ne sais pourquoi, a lâché toute bride à son verbe durant les quinze dernières années de sa vie, si bien que sa table était un lieu où se déchaînait la liberté à propos de tout. Il me faisait souvent l'honneur de m'y inviter en face de lui parce que nous avions tous les deux le goût de renverser les autorités morales qu'on gobait sans discernement. Nous eûmes ainsi la joie mauvaise de chahuter soeur Emmanuelle et quand ce fut fait, nous nous sommes dits: "Nous avons fait un excellent dîner" en nous frottant les mains, au grand dam de mon frère, qui était de la partie, mais n'avait pas la même tournure d'esprit anarco-catholico-conservatrice.

La semaine avant sa mort, je lui ai téléphoné et je lui ai dit: "Vous me faites irrésistiblement penser à Michael Lonsdale lançant, dans le film "Des vivants et des dieux" où il interprète le frère Luc, médecin, à qui il est indifférent de partir ou de rester et qui déclare vouloir se plier à la décision de la majorité des moines: "Laissez passer l'homme libre." Et le Père dugué de me répondre: "C'est incroyable, ce que vous me dites, car à l'instant même où vous me le dites, je vois passer sous mes fenêtres (il a fini ses jours chez les petites soeurs des pauvres avenue de Breteuil) Michael Lonsdale en personne, qui va prendre son déjeuner au restaurant le Vauban."

Au lendemain du 21 avril 2002, le Père Dugué me raconta que beaucoup de gens se confessaient d'avoir voté Le Pen.

"Et que leur répondez-vous?

-Que ce n'est pas forcément un péché, cela dépend. Si vous avez voté pour lui par xénophobie, cela va contre l'Evangile, mais si vous l'avez fait à la suite d'une analyse politique, ce n'est pas un péché. J'étais dans le second cas, lui-même était gaulliste.


Justice au Singulier: On n'est jamais aussi libre qu'on le voudrait ! (philippebilger.com)

vendredi 8 octobre 2021

Le rapport Sauvé, la révélation des abus sexuels sur mineurs, le secret de la confession, où sont les hommes?

Billet posté en commentaire sur le blog de René Poujol au pied d'un billet traitant de la question. 


Cher René,

 

Il est symptomatique que le premier dérapage épiscopal ait porté sur le secret de la confession. Quand je parle de dérapage, je prends date, estimant qu'en plein emballement d'effroi où chacun y va de son sac de cendres et verse des larmes de crocodile au lieu d'affronter le problème structurel et culturel des abus sexuels de façon globale, virile et théologique,  mais cela nécessiterait de vastes développements que je  ne ferai pas ici, tout n'a  pas encore décanté en moi, on cherche le dérapage mitré et on s'en voudrait de ne pas tenir une énormité comme le célèbre: "La plupart des faits sont prescrits grâce à Dieu" maladroitement prononcés par le cal Barbarin,  propos qui ont valu le tournage du film éponyme de François Ozon et l'éviction du collège épiscopal de ce prince de l'Eglise.

 

La focalisation du débat sur le secret de la confession est symptomatique à plus d'un titre, d'abord parce que le fond anticlérical de notre gouvernement civil et de la classe politique qui le forme a fait que ce n'est pas d'hier que l'Etat est venu chercher l'Eglise là-dessus. Je me souviens de Ségolène Royal interpellant mgr Pâtenôtre (le bien nommé) pour qu'on le lève, lequel ne voulut pas se coucher et répondit comme il put en essayant de rester patelin face à l'hostilité de la ministre de l'enseignement scolaire qui avait organisé la distribution des pilules avortives par les infirmières scolaires, et d'accomplir les promesses conciliantes et superstitieusement inquiètes contenues dans son nom de Patenotre, mais cette guerre clochemerlesque entre l'Etat et l'Eglise qui ne cessent de se chercher depuis plus de 200 ans est un symptôme périphérique.

 

Il y a plus profond: c'est que l'Etat traque les religions pour savoir si elles considèrent que la loi civile est supérieure à  la loi religieuse. Elles voudraient leur faire prononcer que oui et ceci est impossible en rigueur de foi, pour une raison que Jean Madiran a définitivement tranchée selon moi: il y a des lois non écrites supérieures à la lettre de la loi et prétendre le contraire est prendre le parti de Créon contre Antigone. Comme tous les croyants sincères s'y refusent et affirment par là la supériorité que revêt à leurs yeux la religion qui les relie au ciel sur le monde dans lequel ils font société, on les accuse de séparatisme. A cela s'ajoute un sentiment d'appartenance affectif qui fait que, personnellement et par exemple, je me sens plus catholique que Français et non seulement je comprends la position d'un musulman qui préfère la communauté des croyants à la nation française, mais je ne vois pas pourquoi on le lui reproche. J'irai plus loin, je ne vois pas en quoi l'oumma diffère fondamentalement, au sentiment des musulmans, de la communauté des croyants, c'est-à-dire de l'Eglise, au sentiment d'un catholique.

 

C'est pour ne pas a voir soutenu le point de vue d'Antigone et ne pas avoir affirmé courageusement qu'en tout état de cause, l'appartenance à l'Eglise l'emportait, au moins  pour un catholique affectif ou normalement constitué, sur l'appartenance à la République qui n'est  qu'une appartenance et une alliance de seconde zone, que mgr de Moulins Beaufort se voit aujourd'hui chercher des poux sur la tête à propos du secret de la confession par ceux du camp de Gabriel Attal qui pensent que "rien n'est supérieur à la République", secret qui prête à fausse polémique puisque la République a déjà établi une exception (bienvenue) au secret professionnel pour des abus commis sur des mineurs ou des personnes vulnérables, qu'elle fait obligation de dénoncer. Je sais bien qu'énoncer cela fait courir le risque d'horizontaliser toujours un peu plus l'Eglise (nos élites ne seront satisfaites que le jour où l'Eglise sera devenue une démocratie élitaire aux idées larges et à l'esprit ouvert sur les grandes abstractions imperméables aux personnes), avec des sacrements équivalant à l'exercice d'une profession garantie par le secret professionnel, limité par le risque et les délits pénaux, mais le fait est, le problème est réglé, l'obligation de dénoncer est devenue la norme, ce qui d'ailleurs est problématique.

    Mais à l'intérieur même de l'Eglise, il existait une pratique, merveilleusement et pittoresquement relatée par Maupassant dans "Une vie", d'après laquelle le prêtre pouvait offrir une absolution suspensive ou sous condition (Maupassant allait jusqu'à évoquer des "demi pardons" donnés par le prêtre "antiphysique" qui avait succédé à l'abbé Picot dans le village de Jeanne et de Julien). Autrement dit, le canon de l'Eglise pourrait tout à fait intégrer (ou l'Eglise pourrait recommander comme une bonne pratique) que le prêtre à qui un pénitent aurait avoué un abus sexuel sur mineur accorde une absolution si et seulement si le pénitent s'engage à se dénoncer, puis revienne le voir, faute de quoi le prêtre ne serait pas tenu par le secret de la confession et pourrait dénoncer lui-même la faute qui lui a été avouée.

 

Que le débat fasse diversion sur ce secret  est symptomatique en quatrième lieu parce qu'on a aujourd'hui tellement peur de la promiscuité des enfants et des adultes qu'il est devenu impossible à un enfant de confier porte fermée un secret à un adulte. Je l'ai souvent fait enfant et m'en suis trouvé consolé. Je ne sais pas à combien de maltraitances, de ravages et d'abus cette impossibilité pour un enfant de confier un secret à un adultes expose les enfants d'aujourd'hui.  C'est un peu comme pour la Covid: un jour on comptera les morts colatéraux de cette pandémie et des décisions  qui ont fait qu'en fait de protéger les personnes vulnérables, on les a livré à elles-mêmes, on les a abandonnées, on les a laissé seules, comme on a laissé se développer les maladies aux soins déprogrammés. 

 

Mais j'en viens à ce qui constitue pour moi le fond de l'affaire et au cinquième symptôme que la focalisation du débat sur ce secret nous expose et celuicelui-ci va très loin, vous l'exposez vous-même dans votre billet. Notre credo croit en "la rémission des péchés",  en "la résurrection de la chair", donc en la reconstruction du pécheur, en une seule victime qui a donné sa vie pour nous, "tous coupables", victime offerte qui a pris sur elle la responsabilité de nos actes pour sauvé nos âmes, qui devra nous juger et qui ne pourra pas le faire puisqu'elle répond de tout et tout est pardonné, ce qui est une manière de traduire le "Tout est accompli" qui est une des dernières paroles  du Christ en croix.

    Une institution, l'Eglise, qui repose sur un tel transfert de responsabilité, est-elle armée pour reconnaître sa responsabilité dans des abus structurels et culturels autrement que dans un emballement d'effroi qui retombera, passé le déballage des exactions,  une fois venu le déballage émotionnel qui suit tout emballement médiatique?

    Et à l'inverse, que dire de la tendance de notre société à ne voir partout que des victimes? Tous victimes, haro sur les coupables! Chasse à l'homme! Ce sont des monstres, qu'on les sorte de l'humanité! Ne prions pas pour ceux qui nous persécutent! Punissons-les avec la dernière sévérité en y mettant l'ardeur des primitifs. "Tous victimes", jamais coupables; tous blessés, jamais blessants; tous joués, jamais acteurs; tous mineurs, jamais adultes, majeurs et vaccinés, résilients; tous discriminés.  Où sont les hommes?

    

dimanche 12 septembre 2021

Considérations disparates sur Eric Zemmour


- Le CSA a raison de décompter une candidature qui se fabrique au jour le jour avec un marketing très efficace sous des dehors de journaliste influenceur de la bourgeoisie abreuvée de vinaigre. La comparaison avec France Inter ne tient pas, car aucun journaliste de France Inter n'a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle.

Celle avec Emmanuel Macron se soutiendrait davantage: chacun pouvait comprendre où il voulait en venir depuis le premier "Des paroles et des actes" qui a salué sa nomination au ministère de l'Économie et l'a présenté aux Français sous les bons offices (et auspices) de David Pujadas. Macron manoeuvrait depuis Bercy, avait des unes de presse pour le lancer, mais il ne disposait pas d'une émission où donner tous les jours son avis d'historien.

- Il faudrait savoir. Soit la France n'a pas dit son dernier mot, soit elle se suicide. Un auteur qui se fait connaître par une sorte de baroud d'honneur à la Bossuet en chambre ("La France est morte, vive la France !") se signale par un mauvais présage, et le présage est tout depuis la religion primitive. En réalité, ce n'est pas la France qui se suicide, c'est la société occidentale de l'après-guerre et de la reconstruction qui casse ses jouets depuis que l'économisme a pris le pas sur le social réduit au rang de "sociétal", tant la justice sociale a cessé d'être un horizon séduisant.

Vendre nos pays à la découpe, les mettre en coupe réglée et restructurer les services publics pour faire des économies de bout de chandelle en le rendant moins offrant pour qu'on lui en demande moins, a mis nos pays dans l'état exsangue où la Covid a révélé qu'étaient nos hôpitaux, sans parler de la police, de la justice, de l'armée, et de tout ce qui fait le régalien du pauvre, le système de protection sociale qui permettait aux moins aisés et aux plus aidés, pour reprendre une formule de Françoise de Panafieu, de vivre et non pas simplement de survivre.

- Ce qui frappe dans le cas Zemmour, c'est la fabrique d'une icône. Je me souviens parfaitement, à la parution du premier essai relativement confidentiel qui l'a fait connaître en lui valant une invitation chez Thierry Ardisson, et qui a fait passer ce journaliste politique au rang d'essayiste, de ce qu'en disait Paul-Marie Coûteaux, qu'il aimait plutôt bien: "C'est un journaliste très mondain".

Depuis, toute l'extrême droite lui fait les yeux de Chimène en affirmant le connaître depuis très longtemps, à commencer par le Menhir en personne. Tout le monde le retient: "N'y va pas, Eric, on t'aime, tu vas faire ton malheur, notre malheur électoral ou celui de la France", car on n'a jamais vu un historien faire de la politique, ni avoir l'étoffe de se laisser détourner de ses idées générales par la gestion de l'imprévu, gouvernance obligée depuis qu'un clou chasse l'autre et que l'actualité commande, sous l'effet de l'invasion du temps médiatique l'emportant sur le temps long du politique. Maurras disait déjà qu'un des inconvénients de la démocratie, c'est qu'elle "gouverne au présent".

- Zemmour et la bourgeoisie vinaigrée: Zemmour est comme Mélenchon qui séduit essentiellement les gauchos blancs de la classe moyenne, il ne mord pas sur l'électorat populaire. Il exprime en lui donnant un vernis d'érudition demi-savante ce que la bourgeoisie de province se dit entre la poire et le fromage pendant les déjeuners de famille. Elle n'a plus besoin de se cacher pour s'en prendre aux faux chômeurs et affirmer qu'elle préfère des travailleurs mal payés à des chômeurs payés à ne rien faire et qui gagnent plus que ceux qui travaillent. Cela, Jacques Attali l'a dit pour elle un matin sur RMC dans la formulation que je viens de reprendre à peu près et avant qu'il ne le résume, Nicolas Sarkozy avec son "travailler plus pour gagner plus" n'en faisait plus mystère, pourchassant, sous l'égide de Laurent Wauquiez pourfendant "le cancer de l'assistanat" en qualité de patron de "la droite sociale", les chômeurs qui refusaient "deux offres d'emploi raisonnables, si loin de leurs aspirations, compétences et territoire qu'on les leur proposât, et sortant ce secret des familles qui n'aiment pas grand monde ("à bas les faux chômeurs !") du placard où on met les condiments, l'eau de javel, l'ammoniaque et les produits pour récurer. La bourgeoisie garde pour elle: "On n'aime pas les Arabes." Zemmour lui permet de le dire en se justifiant avec tout un arsenal de raisons islamophobes.

- Zemmour ne se défend pas d'être marxiste comme tous les organicistes ne se défendaient pas d'être socialistes, y compris national, excepté sur le plan ethnique où il fallait une homogénéité qu'ils n'incarnaient pas souvent eux-mêmes, pas plus Zemmour (dont Henry de Lesquen cite un propos selon lequel il serait "Éric à la ville et Moïse à la synagogue") qu'Hitler (pardon pour le point Godwin), qu'une légende urbaine, entretenue par des gens proches de lui sur le plan des idées, mais qui l'ont renié parce qu'il a échoué, fait être d'ascendance juive, sinon le fils d'un Rothschild, mais surtout qui s'est posé en Autrichien de naissance qui crache sur l'Empire austro-hongrois pour devenir plus allemand que les Allemands en décidant que les Allemands ont beaucoup plus fait pour l'européanité que les Habsbourg, qui amalgamaient l'Europe centrale aux Allemands méridionaux.

- Zemmour parle le marxien comme Patrick Buisson dans "la Cause du peuple". Il doit falloir parler la langue de l'adversaire pour se faire traduire, au risque de perdre sa langue ou d'y perdre ses  

mercredi 18 août 2021

Le Vietnam islamo-terroriste du gendarme du monde onze-septembriste

Dominique Jamet écrit dans "Valeurs actuelles:" 



"Il y a vingt ans, à quelques jours près, les Etats-Unis, frappés en plein cœur par les attentats perpétrés contre le World Trade Center, prenaient la tête d’une coalition qui chassait du pouvoir et du pays, les talibans, hôtes et complices d’Oussama Ben Laden. Leur but, affiché, était clair : arracher l’Afghanistan à l’obscurantisme et à l’arriération, le faire passer du Moyen Age à la modernité, opposer une barrière désormais infranchissable aux entreprises de l’islamisme. Vingt ans après, ils quittent le pays, la queue basse, sans avoir su, ni y établir, ni y faire régner, ni y faire aimer la démocratie, telle qu’elle s’incarnait dans des clans serviles et corrompus. Quelques milliers de soldats occidentaux, quelques dizaines de milliers d’auxiliaires locaux, quelques centaines de milliers de civils sont morts, quelques milliers de milliards de dollars ont été dépensés. Pour rien. Les talibans sont de retour, plus forts que jamais, et des millions d’Afghans livrés à l’impitoyable loi des vainqueurs dont ils sont les otages, tout en détestant l’oppression qu’ils vont de nouveau subir, ne sont pas sans éprouver une secrète fierté à voir déguerpir les occupants étrangers et revenir la paix." (Dominique Jamet) 

[Jamet] Afghanistan : ceci n'est pas un abandon - Valeurs actuelles 

valeursactuelles.com 




Une amie m'écrit: 



"Faudrait-il encore que ce but affiché soit vraiment celui qui a poussé les US à envahir ce pays? Cette thèse aujourd’hui ne tient plus !" 



Et je commente: 



"Eh bien, pour une fois sur ce genre de sujet, je suis d'accord avec toi. Le 11 septembre nous a été présenté comme un cataclysme mondial contre lequel il fallait lutter par tous les moyens. Je n'oublierai jamais une discussion entre #AlexandreAdler et #PierreAssouline le 12 septembre sur #Franceculture où le premier assurait que l'attentat avait été commis par les milices d'OUssama Ben Laden qui est mort sans l'avoir jamais revendiqué quand le second le morigénait: "Présentez vos preuves!", mais c'était une discussion entre juifs, l'un sioniste et l'autre antisioniste ou presque... La version officielle du "9-11" avait désigné un coupable pour lequel il était légitime de déclencher une guerre mondiale contre le terrorisme, contre la guérilla et contre un ennemi sinon indéterminé, du moins invisible. Les Etats-Unis ont considéré qu'un pays, l'Afghanistan, symbolisait cet ennemi invisible et qu'il fallait y déployer toute la force de l'adversité au terrorisme. Aujourd'hui, il s'avère que cet ennemi, les talibans, à qui le gendarme du monde a remis les clefs de l'Afghanistan, est tout ce qu'il y a de plus respectable, qu'on peut discuter avec lui, qu'il est susceptible de changer et que tout ce bruit en était beaucoup pour quelque 3000 morts qui étaient tellement nés du bon côté du manche de la gendarmerie qu'ils ne devaient pas mourir de cette façon. Seulement le 11 septembre a prouvé que les Etats-Unis réputés invincibles avaient été vaincus dans le temple du Capital qu'ils avaient érigé. Ils s'avouent eux-mêmes vaincus dans la "guerre contre le terrorisme" qu'ils ont livrée, localisée et symbolisée dans ce premier pays que fut l'Afghanistan, avant que ce ne fût en Irak, où ils ont un peu mieux tiré leur épingle du jeu, mais où leur fierté était mise à plus rude épreuve, car c'est par là que le nouvel ordre mondial a commencé dans la Première Guerre du golfe, le nouvel ordre mondial de tous contre un." 



Qu'en pensez-vous? 



Civilement (sans guerre colistière, à l'impossible chacun est tenu), 



Julien 

h bien, pour une fois sur ce genre de sujet, je suis d'accord avec toi.Dominique Jamet écrit dans "Valeurs actuelles:" 



"Il y a vingt ans, à quelques jours près, les Etats-Unis, frappés en plein cœur par les attentats perpétrés contre le World Trade Center, prenaient la tête d’une coalition qui chassait du pouvoir et du pays, les talibans, hôtes et complices d’Oussama Ben Laden. Leur but, affiché, était clair : arracher l’Afghanistan à l’obscurantisme et à l’arriération, le faire passer du Moyen Age à la modernité, opposer une barrière désormais infranchissable aux entreprises de l’islamisme. Vingt ans après, ils quittent le pays, la queue basse, sans avoir su, ni y établir, ni y faire régner, ni y faire aimer la démocratie, telle qu’elle s’incarnait dans des clans serviles et corrompus. Quelques milliers de soldats occidentaux, quelques dizaines de milliers d’auxiliaires locaux, quelques centaines de milliers de civils sont morts, quelques milliers de milliards de dollars ont été dépensés. Pour rien. Les talibans sont de retour, plus forts que jamais, et des millions d’Afghans livrés à l’impitoyable loi des vainqueurs dont ils sont les otages, tout en détestant l’oppression qu’ils vont de nouveau subir, ne sont pas sans éprouver une secrète fierté à voir déguerpir les occupants étrangers et revenir la paix." (Dominique Jamet) 

[Jamet] Afghanistan : ceci n'est pas un abandon - Valeurs actuelles 

valeursactuelles.com 




Une amie m'écrit: 



"Faudrait-il encore que ce but affiché soit vraiment celui qui a poussé les US à envahir ce pays? Cette thèse aujourd’hui ne tient plus !" 



Et je commente: 



"Eh bien, pour une fois sur ce genre de sujet, je suis d'accord avec toi. Le 11 septembre nous a été présenté comme un cataclysme mondial contre lequel il fallait lutter par tous les moyens. Je n'oublierai jamais une discussion entre #AlexandreAdler et #PierreAssouline le 12 septembre sur #Franceculture où le premier assurait que l'attentat avait été commis par les milices d'OUssama Ben Laden qui est mort sans l'avoir jamais revendiqué quand le second le morigénait: "Présentez vos preuves!", mais c'était une discussion entre juifs, l'un sioniste et l'autre antisioniste ou presque... La version officielle du "9-11" avait désigné un coupable pour lequel il était légitime de déclencher une guerre mondiale contre le terrorisme, contre la guérilla et contre un ennemi sinon indéterminé, du moins invisible. Les Etats-Unis ont considéré qu'un pays, l'Afghanistan, symbolisait cet ennemi invisible et qu'il fallait y déployer toute la force de l'adversité au terrorisme. Aujourd'hui, il s'avère que cet ennemi, les talibans, à qui le gendarme du monde a remis les clefs de l'Afghanistan, est tout ce qu'il y a de plus respectable, qu'on peut discuter avec lui, qu'il est susceptible de changer et que tout ce bruit en était beaucoup pour quelque 3000 morts qui étaient tellement nés du bon côté du manche de la gendarmerie qu'ils ne devaient pas mourir de cette façon. Seulement le 11 septembre a prouvé que les Etats-Unis réputés invincibles avaient été vaincus dans le temple du Capital qu'ils avaient érigé. Ils s'avouent eux-mêmes vaincus dans la "guerre contre le terrorisme" qu'ils ont livrée, localisée et symbolisée dans ce premier pays que fut l'Afghanistan, avant que ce ne fût en Irak, où ils ont un peu mieux tiré leur épingle du jeu, mais où leur fierté était mise à plus rude épreuve, car c'est par là que le nouvel ordre mondial a commencé dans la Première Guerre du golfe, le nouvel ordre mondial de tous contre un." 

jeudi 15 juillet 2021

LePen, retour sur les confidences à "Causeur" d'un homme un peu revenu et pas vraiment parvenu

"A 94 ans...", Elisabeth Lévy commence par faire une erreur sur l'âge de celui qu'elle interviewe. Il est né en juin 1928, donc il vient d'avoir 94 ans.


"Il y a quinze ans, j’aurais eu le sentiment, en y allant, de me rendre dans l’antre du diable", écrit la journaliste en chapô de ses deux entretiens. Ce n'est pas ce qu'elle a écrit dans les Maîtres censeurs, ouvrage paru en 2002, quand la dame était chevènementiste et préconisait tout refus d'un block out contre le Front national. Depuis, elle s'est quasiment ou carrément ralliée au parti de la fille du "mennir". Et elle se dit nostalgique d'un homme qu'il n'est plus temps d'aimer. Beaucoup d'hommes politiques vivent ce que j'appelle un "temps différé". Ils sont bons à un moment où le peuple croit les trouver mauvais et mauvais quand il faudrait les trouver bons. Jean-Marie Le Pen n'a pas connu de phénomène de ce genre. C'est un homme qu'on n'a pas voulu aimer. Comme il est vindicatif, il fait à sa fille la vilénie de la trouver mauvaise alors que c'est lui qui l'a hissée sur le pavois avec l'aide des médias et qu'elle a doublé la hauteur du plafond de verre. Mais en effet, elle ne mérite pas à l'heure actuelle de le crever, car depuis son rendez-vous manqué de 2017 où elle était pleine de ressources et d'arguments, où sa visite aux salariés de Whirlpool était plus qu'un coup politique et était très émouvante, elle réagit à contre-temps, continue de ne pas travailler et de purger son parti fascisto-stalinien et a perdu l'oreille de ses électeurs.


Jean-Marie Le Pen ne revient pas sur "le détail", mais trouve que le passé nazi de son ancien trésorier... est un détail. Pardonner, il l'a peu fait dans sa vie politique, donc mettre ses accointances douteuses sur le compte du pardon n'est pas crédible. Et rassembler ce qui ne peut s'agglomérer est une faute originelle, sauf à vouloir se cantonner dans le "bonheur des pariats" dont parle Baudelaire. Il est sans doute légendaire que JMLP n'ait jamais voulu du pouvoir. Mais il a tout fait pour ne pas être en mesure de le prendre et s'est lui-même défini comme un "tribun de la plèbe", c'est-à-dire, non pas comme un homme qui ne peut pas accéder au gouvernement dans l'absolu (on en a vu des précédents dans l'histoire), mais comme un homme qui n'a pas vocation à le faire, dont la vocation est essentiellement tribunicienne, qui doit exercer le ministère de la parole pour râler et dénoncer, en un mot qui ne sert à rien, non pas précisément ou spécialement un nuisible, mais un inutile de la politique. 


En parlant de "tsunami démographique" dans cet entretien comme il le fait dans ses mémoires, JMLP ne pense pas la concommitence de l'immigration avec le déclin démographique et de fertilité de l'Occident bio-mollusque et assoupi dans l'évanescence de la volupté. Il n'articule pas son refus de l'avortement avec l'immoralité de l'eugénisme dans le Tiers-monde. Son providentialisme ne croise pas les deux phénomènes démographiques. Il parle de traitement inhumain dissuasif dans une société au génie universaliste et humaniste. Il parle d'assimilation et reconnaît qu'il y a des naturalisations réussies, mais il ne parle pas de transformation de la matrice au contact réciproque des "natifs" et des arrivants. Il confond une colonisation de conquête et des voyages qui pourraient être des émeutes de la faim. Il comprend ceux qu'il ne hait pas, mais a employé toute sa vie politique une rhétorique agressive et militaire, car celui qui a refusé d'être un soldat perdu est un soldat manqué.


Si risque de guerre civile il y a, il ne vient pas de ce qu'il est convenu d'appeler l'islamo-gauchisme ni de la repentance ou très secondairement, mais des guerres actuelles que la France n'aurait pas dû livrer et Le Pen a toujours averti de leur danger là où Mitterrand s'est lancé sans réfléchir dans la première guerre du golfe, faisant d'un peuple pacifiste un peuple belliciste en deux jours en août 1990, comme Hollande a trouvé intelligent de répondre aux attentats du Bataclan en renforçant nos effectifs en Syrie et en interdisant aux djihadistes français de combattre aux côtés de ceux-là même que nous défendions contre Bachar El-Assad (cf. l'apologie d'Al-Nostra par Laurent Fabius).


La candidature Zemmour. "Je n’ai pas encore vu Éric sur ce sujet. J’ai l’intention de le voir en tête-à-tête, parce que je l’aime beaucoup. Certes, il est inégal, on ne peut plus être Pic de la Mirandole au XXIe siècle. Mais il travaille ses sujets, et il a le punch. Pour autant, je suis convaincu qu’il n’a pas le gabarit. Je lui déconseillerai de se présenter et lui dirai qu’il a tout à perdre." 

Certains qui le connaissent disent qu'il est trop gentil. Ce soir, sur "Radio courtoisie", Paul-Marie Couteaux a dit vouloir se commettre en tiers pour négocier un pacte de non agression entre MMs Zemmour, Poisson et Philippot. Il dit avoir réussi entre les deux premiers qui lui auraient promis de ne pas se présenter l'un contre l'autre. La candidature de Philippot est idiote. Florian Philippot a la gnaque, mais il est monomaniaque. Il défend le Frexit de François Asselineau sans le souffle de la francophonie. S'il fallait choisir entre Mrs Poisson, Philippot et Zemmour, je choisirais Zemmour, même si je ne crois pas qu'il ait le corps politique. Le corps non, mais la tête oui. On ne fait pas de la politique en ressassant l'histoire et le passé doit être assumé et dépassé, mais Zemmour incarne l'histoire. C'est mieux que d'incarner le machinisme ou le transhumanisme comme le fait M. Macron. Tout sauf ce dernier, mais il faudrait qu'aucune offre sérieuse ne se présente pour que je vote pour l'un des trois. 


Philippe de Villiers se serait associé à Zemmour. C'est lui qui devrait y aller. Il est fantasque, mais il se bonifie. Sa vidéo de trois heures sur "Thinkerview" est simplement excellente. Il est mûr, mais il se croit dépassé. Encore un phénomène de "temps différé"!

Le tropisme macronien comme amour du travestissement

Il eût été beaucoup plus franc de rendre la vaccination obligatoire sans dire auparavant, dans une parole présidentielle totalement inconstitutionnelle et monarchienne: "Je ne rendrai pas la vaccination obligatoire", comme si c'était au chef de l'exécutif de décider. Puisque le président avait choisi de renoncer à convaincre, ce qu'il dit aimer plus que tout, pour contraindre, ce qu'il a fait pendant tout son quinquennat, il se serait grandi en annonçant la couleur, mais il serait sorti de l'ambiguïté à ses dépens, ce qu'il déteste par-dessus tout. Cette attitude est, selon qu'on aime employer des mots à la mode ou des mots plus anciens, d'un machiavélien, d'un manipulateur ou d'un pervers narcissique. L'obligation vaccinale imposée d'emblée aurait eu un effet politiquement délétère pour notre président illibéral: elle aurait entraîné une râlerie qu'il aurait été difficile de contenir. On s'insurge contre une contrainte franche, on se contente de fronder contre une contrainte subtile.


Mais celui qui, malgré des agacements sporadiques, a un tropisme macronien  aime en Macron cette ambiguïté présidentielle  qu'il prend pour de la complexité, miroir de ses nuances. Il aime l'ambiguïté de l'obligation vaccinale déguisée. Mais ce n'est que de l'ambiguïté qui s'assume dans son cynisme. Quelqu'un dont je ne retrouve pas le nom (et c'est dommage, car c'est une personnalité de premier plan) a dit que Macron était le premier dirigeant de l'histoire de France à, non content de ne pas le connaître, ne pas aimer le peuple qu'il a eu l'ambition de gouverner. J'avais tweeté au début de la campagne de 2017: "Macron veut être le président d'un pays qu'il ne connaît pas et gouverner un peuple qu'il n'aime pas." Je crois avoir fait mouche.


L'obligation vaccinale imposée aux soignants est une humiliation qui contraste macroniquement avec la stupide habitude de les applaudir en début de pandémie alors même qu'ils demandaient une revalorisation significative et durable de leur rémunération et une nécessaire amélioration de leurs conditions de travail pour que l'hôpital ne craque pas. Le président leur avait déjà fait un pied de nez en nommant, à la place d'Edouard Philippe, un des grands saboteurs de l'hôpital en la personne de Jean Castex qu'il flanquait, dans les marges de la culture (car la culture est marginale dans le macronisme) de l'inénarrable Roselyne Bachelot. 


Dire qu'on allait sanctionner les soignants en les privant de salaire et, pire, en les licenciant s'ils ne se conformaient pas à leur obligation vaccinale après leur mise à pied du 15 septembre, apportait le comble à cette humiliation et non seulement n'endiguait pas le flot des démissions qui désengorgent l'hôpital au pire moment comme elles privent tous les services publics, au premier rang desquels est l'Education nationale, de leurs employés souvent les plus motivés et les plus dégoûtés qui ne se sentent pas une vocation au martyre; mais au lieu de payer leurs heures supplémentaires à des soignants qu'on oblige à travailler gratis en infraction flagrante aux fondamentaux les plus élémentaires du code du travail, on veut les priver de salaire. 


Menacer un restaurateur de 75000 euros d'amende et d'un an de prison parce qu'il ne contrôle pas les pass sanitaires est proprement orwellien, et cela n'est pas relevé par des journalistes qui nous parlent sans arrêt de résistance et de désobéissance civile.


Toutes les allocutions d'Emmanuel Macron depuis le début de son quinquennat et singulièrement depuis le début de la crise sanitaire allient un lyrisme de façade et de pacotille à des annonces qui se voudraient tellement effectives que l'intendance ne devrait pas suivre, mais précéder ses annonces, qui demandent à être traduites dans les faits, puisqu'elles vont dans le détail. Or il n'est pas un discours qu'il ait prononcé depuis le début de cette crise qui ne se soit défilé au fil des jours qui suivaient, car les mesures annoncées se sont toujours révéles inapplicables.


On n'a pas assez souligné que faire appliquer les mesures sanitaires au 19 juillet ou au début août aboutissait à fiche en l'air les projets de vacances de tous les non vaccinés qui n'ont pas été prévenus puisque, pour obtenir un pass sanitaire, il faut s'être fait injecter ces deux doses (de vaccins pouvant éventuellement entraîner une modification génétique, le débat reste ouvert entre généticiens), ce qui demande au moins un mois. Même le citoyen de bonne volonté pragmatique qui aurait voulu se faire vacciner en faisant exploser le site de Doctolib pendant le discours de Macron, ne sera pas payé de son civisme tardif puisqu'il n'entrera en possession de son précieux laisser-passer que dans un mois ou dans un mois et demie, selon la facilité avec laquelle il obtiendra un rendez-vous.


Mais Emmanuel Macron sait pouvoir compter sur la docilité des Gaulois réfractaires, car 20000 rebelles étant sortis manifester hier ne pèsent qu'1 % de ceux qui se sont précipités illico pour essayer de se faire vacciner en se laissant tordre le bras sans tenter un bras de fer. 

lundi 28 juin 2021

Renaissance de la droite républicaine?

            Le duel Macron-Le Pen n'est désiré que par les prétendants à celui-ci et les médias qui, malgré l'échec du quinquennat Macron, veulent que ce champion du conformisme soit réélu. Or le meilleur moyen qu'il a de l'être est de se confronter à l'épouvantail de la vie politique française qu'est activement le front national depuis plus de trente-cinq ans.


    On n'est jamais mort en politique et les baronnies de la droite classique renaîssent des cendres de la macronie.


    Beaucoup ont d'emblée intenté à Christian Jacob un procès en incompétence sous prétexte qu'il était chiraquien et pis encore, n'avait jamais manqué à Jean-François Copé. Que reprochait-on exactement à ce syndicaliste agricole qui n'a démérité ni comme ministre de l'agriculture, ni comme président du groupe UMP puis LR à l'Assemblée nationale? On a dit qu'il n'avait pas l'envergure d'être présidentiable, qui sait s'il ne nous réservera pas la surprise du chef! J'ai à son égard un préjugé favorable, car je trouve qu'il écrit bien. Ses discours sont pleins de saveur. François Hollande avait lui aussi une belle plume quand il était président de groupe. Mais on sentait la petite blague poindre sous ses effets de manche. Christian Jacob est doté d'une vraie rhétorique. 


   Il a tiré hier soir la leçon la plus importante de ce scrutin après celle de l'abstention: depuis les municipales, la France retrouve la droite classique. On a prétendu enterrer le clivage gauche-droite avec Macron, il est toujours vivant. On a prétendu que le RN allait remplacer la droite et que le Front républicain ne voulait plus servir, ce cordon sanitaire continue de neutraliser le parti banalisé de Marine Le Pen. Christian Jacob est donc en train de réussir son pari, il remet la droite en lice.


    Mais on peut regretter que ce soit au service d'arrivistes de la pire espèce comme les trois qui se croient assez forts de leur victoire aux régionales pour pouvoir prétendre à un destin présidentiel.


    Le doux Xavier Bertrand se vante d'avoir "brisé les mâchoires du Rassemblement national", on peut rêver mieux en matière de respect républicain de ses ennemis et de ses adversaires. Il fut un temps où les petites retraites lui paraissaient toujours trop grosses. Mais comme c'était sous Jacques Chirac  et sous Nicolas Sarkozy, les Français qui ont la mémoire courte n'ont pas l'heur et n'ont pas l'air de se souvenir de cette chanson. 


    Les bullshits de Laurent Wauquiez l'ont emporté en cynisme sur tout ce qui s'était fait dans le genre. Le visiteur de soeur Emmanuelle qui avait commencé sa carrière sous l'égide de Jacques BArrault  avait fondé "la droite sociale" qui parlait de "cancer de l'assistanat". 


    Valérie Pécresse qui eut des pudeurs de gazelle à soutenir Filon et ne le fit que quand elle crut que la soupe chauffait de ce côté-là s'était auparavant déclarée "libre" d'un Wauquiez qui faisait dériver sa famille politique nors des sentiers de l'humanisme qu'on était prié de croire que la dame incarnait. Son truc à elle était plutôt de dire que des enfants nés dans le quart-monde étaient irrécupérables dès l'âge de trois ans et qu'il fallait les ficher  pour cibler et prévenir la future délinquance juvénile. Je caricature à peine la philosophie du rapport qu'elle présenta avec Patrick Bloche   sur la "protection de l'enfance", qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre! 


     Veut-on que le retour de la droite de gouvernement se fasse pour servir les ambitions de tels traîne-parquets à râtelier? Très peu pour moi. De cette droite, je dis ce qu'en chante Jean-Marie Vivier, chanteur malheureusement trop méconnu bien qu'autrefois parrainé par Félix Leclerc:


"J'aurais voulu aimer  une mère nomée France

Et pas une putain qui s'offre au tout venant,

De la droite débile, méchante et oppressante

A la gauche insipide, sans espoir de changement.

A ces tarés qui règnent et ceux qui régneront,

Ces jongleurs de promesses, ces champions de l'illusion,

Ces rois de la flatterie, ces princes du croupion

Qui mordent dans la pomme et nous laissent le trognon.""J'aurais voulu rêver d'une terre nommée France".


     https://www.youtube.com/watch?v=chD6DPgr9dA


Oui, la droite que représentent Bertrand, Wauquiez et Pécresse est "débile, méchante et oppressante", or il existe une droite enracinée qui la dépasse infiniment, une droite pénétrée des devoirs philanthropiques de la bourgeoisie qui sont son "Noblesse oblige", une droite que je crois incarnée, non pas par Guillaume Pelletier qui va s'offrir à Zemour après avoir moult fois retourné sa veste, mais par un Bruno Retailleau ou un David Lisnard, un vendéen et un Cannois qui ont peut-être le charisme d'une armoire normande, mais qui ont l'avantage de ne pas être déshonnêtes et qui, lorsqu'on les entend, fleurent bon les valeurs qu'ils défendent. 


    La renaissance de la droite est un choix entre la droite des arrivistes et cette droite enracinée que pourrait synthétiser Christian Jacob. J'espère que la famille des Républicains ne se laissera pas intimider par l'écran de fumée de ces régionales, ne repêchera pas ses renégats et saura promouvoir ses vrais amis car il y a des valeurs bourgeoises qui sont de vraies valeurs. Le conservatisme est la revanche de la société close qui, par une curieuse lassitude du progressisme qui s'est épuisé d'aller dans tous les sens excepté le bon, est  le dernier cercle intellectuel où l'on pense. 

Avis de non implantation sur régionales désaffectées

Selon moi, la désaffection dont on souffert ces régionales tient certes au mille-feuilles administratif qui répartit les compétences sans que personne ne puisse justifier pourquoi il appartient aux départements de s'occuper des collèges et du social et aux régions des trains express régionaux, des lycées et accessoirement des bassins d'emploi pouvant concourir au dynamisme de régions trop grandes et hors sol.

Mais ceux qui se sont intéressés à ces élections ont découvert stupéfaits que le non cumul des mandats n'avait vraiment été interdit que pour cumuler un pouvoir exécutif local et le fait de siéger au Parlement. Cela mis à part, les élections restent des machines à créer des notablions, des baronnies et des féodalités , puisqu'on peut sans difficulté cumuler les fonctions de député, de conseiller départemental et de conseiller régional, qui dit mieux? Et cela est vrai même dans la Communauté européenne d'Alsace, qui a bafoué le référendum de 2013 sur la départementalisation de la région, mais qui se justifie néanmoins compte tenu du découpage absurde des grandes régions par François Hollande qui nous expliquait simultanément vouloir promouvoir une "République de la proximité" et dont le premier ministre Manuel Valls, qui a appelé à voter pour Valérie Pécresse au second tour en Ile-de-France (ce socialiste n'en aura décidément jamais fini de trahir son camp!), voulait supprimer l'échelon départemental.

Je ne suis pas favorable au mandat impératif. Mais il y a des limites à la désinvolture avec laquelle les élus se croient autorisés de faire n'importe quoi de leur mandat. Ils peuvent changer d'écurie politique, se disperser dans diverses assemblées comme indiqué ci-dessus, ne pas respecter les consultations locales qu'ils ont eux-mêmes organisées, comme en Alsace où la moindre des choses aurait été qu'on organise un nouveau référendum avant la création de la communauté européenne d'Alsace, qui fait un pied-de-nez au jacobinisme français pour ancrer le droit local dans une tradition européenne, sans parler du Concordat (en Alemagne on paye un impôt religieux si on appartient à une Eglise), comme des spécificités de l'excroissance alsacienne, dont j'espère que l'européanisation ne prépare pas l'intégration de la France dans l'Allemagne et réciproquement, comme y faisait allusion la mouture réactualisée il y a deux ans, je crois, du traité de l'Elysée.

Les élus dans les instances régionales peuvent briller par leur manque d'assiduité. Ils peuvent ne pas habiter dans les régions où ils exercent un mandat comme Jacques Chirac put être député à la ville (de Paris) et conseiller général de Corrèze comme rat des champs dans son château de Bity, car on peut être châtelain et cantonnier, c'est bien connu.

Les conseils départementaux devraient être élus dans des scrutins de listes. L'exercice du moindre mandat devrait interdire que l'on se porte candidat à un autre tant qu'il n'est pas échu. Les compétences des différents échelons territoriaux devraient être clarifiées. Faute de quoi la démocratie représentative aura beau jeu de pleurer sur l'abstention dont elle s'accommode fort aisément, mais qui pourrait s'additionner à d'autres signaux inquiétants pour finir par provoquer une crise de régime, dont les Gilets jaunes n'ont fait que donner le signal. La démocratie représentative ne peut pas à la fois regretter d'être en chute libre et ne pas ouvrir de parachutes.

Quant à la nationalisation de ce scrutin, elle ne me semble être le fait d'Emmanuel Macron que dans la mesure où celui-ci fait de la vieille politique et ne sait s'affranchir des réflexes qui ont toujours pris l'électeur pour un imbécile en le considérant comme définitivement incapable de répondre aux questions qu'on lui pose.

Les élections se suivent et ne se ressemblent pas. Si elles se ressemblaient, les élections européennes auraient débouché sur un raz-de-marée écologiste aux régionales. Les élections régionales ne présument pas de la déroute d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen à la prochaine présidentielle, même si elles démontrent que ces deux occupants du devant de la scène politique sont de piètres stratèges, comme le note Olivier Faye dans "le Monde". Les deux impétrants qui s'imaginent être déjà au second tour sans même avoir à concourir pour remporter le premier (présomption qui n'a jamais servi ceux qui ont cru pouvoir gagner sans combattre) ont un défaut commun d'implantation. C'est grave pour Emmanuel Macron, qui n'a pas su territorialiser son mandat présidentiel. Mais c'est plus grave pour Marine Le Pen, qui a misé sur des "vedettes" lors de ces élections, sur un Laurent Giacobelli dans le grand Est, ancien membre de TF1 et élu très nomade, sur Andrea Kotarak en Auvergne-Rhônes-Alpes, prise de guerre de "la France insoumise", sur Sébastien Chenu dans les Hauts-de-France, issu de "Gay lib" et qui met le RN en porte-à-faux par rapport à son électorat traditionnel, attaché à un certain conservatisme sociétal, ou sur Thierry Mariani en PACA, qui bâtit sa notoriété sur le fait de faire barrage à Jacques Bompard pour qu'il ne dirige pas les chorégies d'Orange dont il venait d'être élu maire. La peopelisation et le débauchage de prises de guerre ne font pas des stratégies d'alliance.

Marine Le Pen est en outre tombée dans le piège de croire que son exercice de banalisation du parti de papa avait désactivé le Front républicain qui l'empêche d'être élue à quelque siège exécutif qu'elle se présente. Son incompétence est au moins le double de l'incompétence présidentielle de Macron qui ne s'est pas implanté dans les "territoires". Ayant perdu, elle tape du pied et conjure ses électeurs de l'aimer et de la suivre dans quelque cul-de-sac où elle les entraîne. Tout cela se terminera en 2022 dans une danse de Saint-Guy à la Ségolène Royal en 2007 qui, défaite, commença sa déclaration télévisée en promettant de conduire ses électeurs "vers d'autres victoires" (sic). Prendre une défaite pour une victoire serait-il un tropisme féminin? (Resic)

vendredi 25 juin 2021

Zemmour et BHL, le récit et le discours

https://www.cnews.fr/emission/2021-06-25/face-linfo-du-25062021-1098338    


Tout d'abord il faut noter que ce débat ne serait pas possible si le pétainiste ou le bonapartiste Zemmour et le démocrate chrétien BHL n'étaient pas des coreligionnaires sans doute agnostiques l'un et l'autre. BHL devrait normalement fuir la compagnie de l'ami de Jean-Marie Le Pen, or il accepte, comme Raphaël Enthoven, qui commence un compagnonnage étrange avec le polémiste au nom du CRIF et en sa qualité de philosophe du Spectacle, d'être invité sur son plateau de Cnews. BHL est un vigilant à la façon d'Alain Minc qui, au début de la dédiabolisation ou de la banalisation du Rassemblement national, a dit qu'il prendrait le temps de vérifier jusqu'où l'héritière renierait son père pour savoir s'il accepterait de dîner avec elle et de donner quitus à la présidente du parti pour le patriotisme parricide d'un certificat de fréquentabilité. Alain Minc et BHL sont les arbitres des élégances du nationalisme français post-maurrassien.


L'extrait du documentaire de BHL diffusé par Cnews en début d'émission montre que notre cosmopolite en chef parle l'Anglais comme une vache espagnole (je n'ose dire catalane). "What (et non which) is  the bigest ennemy,"  


Zemour croit à l'équilibre de la terreur introduit par l'arme nucléaire, BHL en doute, car il fait la part de la démence possible du dirigeant d'une grande puissance dotée de cet arme. Le jeu dangereux de Trump avec son bouton nucléaire qui serait plus gros que celui de "leatel rocket man" donne raison à BHL qui, sur ce coup-là mais c'est bien le seul, est plus réaliste que son contradicteur. 


Par principe, l'idéaliste BHL croit que les bombardements des démocraties valent mieux que les bombardements des pays totalitaires. Il en oublie les vies de civils que ces bombardements ont eux-mêmes oublié d'épargner. 


Zemmour qui ne donne le nom de guerres qu'aux "guerres totales" veut des guerres aux victoires courtes et aux objectifs limités. Il a raison de ne pas croire à la "guerre juste", tentative augustinienne de moraliser le recours à la force, dont nous mesurons l'ineptie depuis trente ans que les néo-conservateurs aux Etats-Unis et que l'axe kouchenéro-bernard-henri-lévyste en France nous bombardent de guerres justes. 


Eric Zemmour reconnaît comme mon institutrice soeur Marie-Albert, qui était favorable à la Révolution française à l'exception de la constitution civile du clergé,  que les guerres napoléoniennes étaient les prémices des guerres hitlériennes: "Napoléon était un homme extraordinaire, écrivait-elle dans un de ses "Ce qu'il faut bien retenir" qu'il nous fallait apprendre par coeur, "mais il était insatiable comme Hitler", ajoutait-elle à l'oral. Zemmour est du même avis, mais décide que n'importe: il reste du côté de Napoléon, car il est du parti de la France. Il ne franchit pas le rubicond de dire que, s'il avait été allemand, il aurait vibré à la victoire d'Hitler si le sort des armes en avait décidé ainsi, mais on sent que cela lui gratte la plante des pieds de faire ce pas verbal et cette concession à l'histoire-fiction. D'ailleurs il dit qu'"Hitler est un monstre aux yeux de l'histoire". Sous-entendu, il n'est un monstre qu'aux yeux de l'histoire. Monstrueux? Pas plus que Bernanos disant de retour  d'un exil qui aurait été son acte de résistance qu'"Hitler a déshonoré l'antisémitisme".  Zemmour se contente de dire que le récit aurait été différent en cas de victoire d'Hitler.


Car Zemmour est du côté du récit et BHl du côté du discours. Zemmour croit à la continuité historique et BHL à la continuité spirituelle, même si la première est plutôt avérée et l'autre carrément fantasmée. Zemmour croit comme Aymeric Chauprade ou Vladimir Fedorovski qu'en géopolitique, les constantes l'emportent sur les changements. BHL est plastique et croit aux modifications de la matrice. Zemmour dit de BHL qu'il est un colonialiste qui croit que "l'Occident doit faire le bonheur des peuples" sous la botte, et lui-même est un empiriste si BHL est un impérialiste qui s'ignore et croit que "Vladimir Poutine déteste l'Europe". Zemmour est un réaliste et BHL un idéaliste. Cela condamne Zemmour, car l'Europe est idéaliste depuis le siècle des Lumières et plus encore depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Sans compter que les idées mènent le monde. Le continuisme historique est daté, que les idéalistes aient raison ou tort, et ils ont historiquement tort s'ils ont spirituellement raison, ce qui reste à prouver, question de point de vue relatif à la querelle des universaux.


Zemmour a raison de dire que BHL comprend De Gaulle à l'envers. De Gaulle se faisait "une certaine idée de la France", BHl croit que la France est "une certaine idée de la civilisation". Christine Kelly a malheureusement limité l'étude des présidents français et de la guerre à l'après-Mitterrand. Ses prédécesseurs étaient pacifiques, détentistes et non alignés. De Gaulle parlait comme Poutine de la Russie éternelle. Giscard faisait les yeux doux à Brejnev au point d'avoir été traité d'"agent des soviets" pendant la campagne présidentielle de 1981. Il aimait Jimmy Carter et le shah d'Iran tout en protégeant l'ayatollah Khomeini à qui il laissa poursuivre ses activités propagandistes en France. L'apparition du socialisme, dont on craignait qu'elle entraînât l'arrivée des chars russes, a entraîné au contraire, par un phénomène d'hétérotélie ordinaire, l'inféodation de la France au néoconservatisme atlantiste et interventionniste. Chirac fut le seul des présidents français qui suivirent qui, sans faire exception ni marche arrière, voulut limiter l'interventionnisme français. Chirac avait peur de bouleverser les équilibres sociaux de la France fragile et ne voulait pas faire de l'ombre au monde. C'était son côté raisonnable. BHL est le mauvais génie qui murmure à l'oreille des princes qu'il faut faire la guerre  pour gagner la paix sans se rendre compte que c'est la quadrature du cercle. 

Tocqueville et l'homme démocratique

    En réaction au billet de Philippe Bilger

consultable ici:

        

Justice au Singulier: Tocqueville pour aujourd'hui... (philippebilger.com)

Vous répondez, cher Philippe, à la question que je m'étais posée un jour: "Y a-t-il des opinions inhumaines attendu que ces opinions sont dans les hommes et que ce qui est dans l'homme ne peut être qu'humain"? Et vous répondez de façon tocquevillienne que le monstre est humain (il est dangereux d'expulser les monstres de l'humanité), mais les monstres ne méritent pas le privilège de l'humanité.


Un paradoxe de la démocratie telle qu'elle est façonnée et fascinée par les "meneurs d'opinion" est qu'à la stricte égalité d'"un homme, une voix", s'oppose la personnalité et aux idées le charisme, contre lequel on a beau se prémunir, les idées que leur noblesse oblige ne font souvent pas le poids contre lui. La démocratie est un régime d'idées que surplombent les personnalités des hommes comme pour annihiler leur foi naïve aux idées.


Tocqueville était "un aristocrate qui se résignait à la démocratie" parce qu'il la constatait. Lui ou Montesquieu qu'on n'a pas regroupés dans une école juridique française comme il existerait une idéologie française ou des tenants de la "french theory" qui ont conquis l'Amérique comme la psychanalyse est venue lui "apporter la peste", disait Freud, sont des descripteurs constatifs et comme tels des ancêtres de la sociologie (une fois de plus Raymond Aron avait raison) qui a moins vocation à être prescriptive que descriptive, alors qu'un John Stuart Mill dont je suis surpris qu'il ait correspondu avec notre froid Alexis, mettait la liberté à l'épreuve et expérimentait si elle franchissait les limites de la morale. 


J'ai souvent professé, sans doute à tort, que la République qui n'était plus la chose du peuple était devenue une idéologie de régime alors que la démocratie est un régime sans idéologie. Ce n'est pas vrai s'il existe un "homme démocratique" résultant de l'extension de l'égalité sous l'effet de la passion de l'égalité qui accélère la naturalisation de l'égalité des conditions (la passion de l'égalité est telle que même un théologien de la Trinité comme saint Augustin cherchait à établir le signe égal entre le Père, supérieur par essence et dont le Fils disait: "Il est plus grand que Moi" et cet Unique Engendré). Si on avait demandé à Tocqueville si l'on pouvait répudier la démocratie à laquelle il s'était résigné comme Hitler fut élu démocratiquement, il aurait probablement répondu que non et il n'y aurait pas vu de paradoxe, non que la démocratie soit idéologique, tempérée comme elle est par l'ascendant des personnalités charismatiques, mais sans doute aurait-il considéré que la démocratie est  trop pragmatique pour qu'un quelconque prophétisme ait loisir de la renverser. Etant de nature romantique, je préfère prêter à la démocratie un providentialisme qui doit sans doute être illusoire.


Marc Ghinsberg a prévenu une objection que je n'osais vous faire. Il me semblait à moi aussi que vous commettiez un contresens quand vous lisiez que les "meneurs d'opinion" avaient perdu leur droit à l'humanité. Ce que dit Tocqueville, c'est qu'ils nous font perdre le nôtre à force d'agiter un despotisme libéral qui nous rend étrangers dans notre propre pays et les mécontemporains de ceux qui vivent pourtant de notre temps si nous ne pensons pas comme les consciences qui nous gouvernent, malgré le droit tout théorique qu'ils nous en garantissent.


Reste à s'étonner du dernier paradoxe de la démocratie, régime de la majorité, qui tend aujourd'hui à épouser toutes les luttes des minorités, pour ne pas dire à être une dictature des minorités parce que ce qu'il reste de marxisme (Lénine dénonçait déjà le gauchisme) a décidé de ne plus être partageux et qu'il est plus simple à la lutte des classes d'avoir pour dernier avatar la lutte des minorités pour leurs droits à la reconnaissance, comme il est plus simple au parti socialiste, qui s'est discrédité partout dans le monde en prenant le tournant de la rigueur, d'être devenu (et pas seulement sous l'égide de la fondation Terra nova) le parti sociétaliste. 

lundi 21 juin 2021

Abstention aux régionales: les parachutes de la démocratie représentative

    Les Gilets jaunes l'avaient anticipé, l'abstention le prouve dans l'indifférence des politiques qui n'en crient pas moins victoire à toutes les élections, la démocratie représentative est en chute libre. 


Le pouvoir personnel n'intéresse plus à juste titre. Les peuples veulent voter pour des idées. 


Mais nos gouvernants n'ont même pas l'intelligence  d'ouvrir ces quelques parachutes que seraient:


-La permission du vote électronique, qui coïncide beaucoup plus avec nos habitudes et avec la modernité que l'obligation qui nous est faite d'émarger à un bureau de vote en perdant son dimanche;


-L'interdiction à toute personne n'étant pas régulièrement domiciliée dans une région, une ville ou un département,  de prétendre y exercer un mandat politique: si tel avait été le cas, François Mitterrand ne serait jamais devenu maire de Château-Chinon ni François Hollande maire de Tulle, nul ne s'en serait trouvé plus mal.


-L'interdiction non seulement du cumul des mandats, mais de cette aberration qu'un Jacques Chirac ait pu être à la fois maire de Paris et député de la Corrèze;


-l'interdiction à toute personne exerçant un mandat de prétendre en exercer un autre. Exiger qu'un député achève son mandat de parlementaire avant de se présenter à une autre élection, à l'exception de l'élection présidentielle. 

Lettre ouverte orale aux fils aînés de la parabole de l'enfant prodigue, les catholiques de tradition

Une inquiétude exprimée par mon ami l'abbé Guillaume de Tanouarn au cours de son émission "le Libre journal de chrétienté",  sur "Radio courtoisie", concernant la délibéralisation possible, à la faveur d'un prochain "Motu proprio" du pape François (décision prise "de son propre mouvement"),  délibéralisation de la "messe en latin", "ancienne messe" ou messe en forme extraordinaire, m'a donné l'occasion d'écrire cette lettre ouverte orale aux catholiques de la Tradition, ces fils aînés de la parabole de l'enfant prodigue. C'est mon premier audioblog. Il est divisé en deux parties.  Je le soumets à la sagacité de mes auditeurs. Bonne écoute.


Première partie:


https://www.dropbox.com/s/txp454y4by0qptr/lettre%20ouverte%20orale%20aux%20fils%20a%C3%AEn%C3%A9s1.MP3?dl=1


Seconde partie:


https://www.dropbox.com/s/p0i60jajwv0ccvr/lettre%20ouverte%20orale%20aux%20fils%20a%C3%AEn%C3%A9s%202B.MP3?dl=1 



https://www.dropbox.com/s/p0i60jajwv0ccvr/lettre%20ouverte%20orale%20aux%20fils%20a%C3%AEn%C3%A9s%202B.MP3?dl=1

jeudi 10 juin 2021

L'Eglise doit se taire sur la bioéthique



On attend que l'Eglise -et les catholiques se taisent sur la bioéthique. 


Il y a d'abord une raison d'opportunité qui dépasse l'attente de la société. La parole de l'Eglise ne modifie pas une situation de fait depuis 1986, où la PMA (qu'on appelait jadis l'"insémination artificielle") est autorisée, est fonctionnelle et donne le jour, ô surprise!,  à des enfants viables et souvent heureux, enfants de l'amour au moins autant que ceux issus d'une relation sexuelle classique, pas toujours amoureuse, tant s'en faut. 


   Enfants de l'amour ou du désir, tempérerais-je, car pourquoi vouloir à tout prix un enfant issu pour tout ou partie des gamètes du couple, plutôt que d'encourager (et de s'engager dans) la difficile et oblative aventure de l'adoption? 


    Cette contradiction entre un enfant issu d'une démarche procréative encadrée ou médicalement assistée et l'adoption est mal perçue en général. Il est plus facile de dire que la PMA favorise la logique consumériste plutôt que de dénoncer que le désintérêt pour l'adoption accuse une logique égoïste de la part des couples ambitionnant l'accès à la parentalité biologique hors des voies communes de la fécondation.  


    Mon expression brutale passe sans doute à côté, car je n'ai pas d'enfant, de l'appel de la chair, même si les voies et moyens d'avoir un enfant qui soit charnellement rattaché au couple parental via une FIVE, ne sont pas très biologiques. 


    La parole de l'Eglise touchant l'extension de la PMA aux couples de femmes est inutile parce que c'est la PMA qui fait problème en soi, or celle-ci est déjà inscrite dans la loi, et elle donne le jour à des enfants viables. La refuser à des couples de femmes et, en effet, plus tard, à des couples homosexuels masculins via la GPA faute d'une autre solution dans notre cadre législatif (comme par exemple l'autorisation de donneuses d'ovocytes anonymes), est une discrimination qui sera bientôt déclarée illégale. 


-Mais la parole de l'Eglise est irrecevable pour au moins trois autres raisons:


  -Elle prend trop de biais rhétoriques pour masquer que l'Eglise est obsédée par les limites antérieures et  postérieures de la vie humaine, le refus de la PMA et de l'euthanasie masquant une peur de ces  deux seuils que sont la naissance et la mort. 


    La parole marquée par la peur passe pour névrotique et notre société d'émancipation récuse une parole qu'elle présume inspirée par la névrose.


  -La PMA est un détournement de la relation sexuelle qui jusqu'ici était liée au processus de la reproduction humaine. Or la société ne supporte plus d'entendre l'Eglise parler de sexualité. Il faudrait pour qu'elle soit audible que sa parole soit purifiée par une véritable intention de lutter contre la "culture de l'abus" jusqu'à la racine de ses pratiques et au-delà de la dénonciation des scandales et des scandales du passé. Or l'Eglise n'est qu'au début de cette lutte. Sa parole ne retrouvera une légitimité en la matière que vérifiée et purifiée par une longue pratique et pas seulement par le traditionnel et incantatoire "plus jamais ça, plus jamais la guerre, plus jamais l'avalanche".


  -Enfin et surtout, on n'attend pas l'Eglise, qui s'est trop longtemps révélée incapable  de se comporter normalement, sur une parole normative. On l'attend sur une tentative de répondre à la question du "pourquoi" lorsque survient le malheur qui n'a été causé par aucun désordre ou choix de la liberté humaine. Pourquoi l'enfant surhandicapé ou victime de toutes les injustices de la vie? Pourquoi l'enfant sur lequel le sort s'acharne? L'Eglise ne peut pas se contenter de dire: "Je ne sais pas, mais je compatis." Elle doit déployer un effort intellectuel  tout aussi généreux que l'énergie qu'elle gaspille à s'exprimer sur des sujets sur lesquels la société qui est gavée de ses leçons de morale ne lui demande plus son avis.

mardi 1 juin 2021

Les catholiques et la défaite

En tout catholique, sommeille un agnostique et le "fait religieux" m'a toujours paru un oxymore.


Je suis un catholique de combat spirituel, pas de combat social et tous les catholiques sont de ma famille.


J'estime qu'il est à l'honneur des catholiques de ne pas rendre indignation identitaire contre agression communautaire et de se démarquer des autres communautés qui constituent la nation. Il est en revanche impolitique d'importer cette nonchalance dans le champ politique, car un pays qui le ferait, je ne vise personne, suivez mon regard! basculerait très vite dans la repentance, la déconstruction de l'histoire ou la dénonciation unilatérale contre la torture en Algérie qui ignore les exactions du FLN.


Je me souhaite d'avoir le courage du héros de "la Puissance et la gloire" de Graham Green et de mourir en pécheur sanctifié par le martyre ou par une forme de martyre, se réduisît-elle au témoignage que je rends que l'Eglise m'a porté à bout de bras quand j'étais au plus mal, et m'a tiré vers le haut, constamment, vivant en bonne intelligence avec moi et respectant le malade que j'étais  ou que je suis, moi et ma bipolarité. L'Eglise m'a traité en frère.


Mon meilleur ami m'avait prédit un jour: "J'ai rêvé que toi et moi nous mourrions en martyrs. Toi tu avais peur et moi, je t'encourageais."


Un catholique doit aimer ses ennemis et prier pour ceux qui le persécutent. 


Un aubergiste qui tient salon sur Internet (le nom de son auberge est la banquise) disait qu'un djihadiste qui nous ferait la peau ne serait jamais qu'un "second couteau" par rapport au péché qui a persécuté le Christ. "Ma faute est toujours devant moi. Libère-moi du sang versé, ô mon Dieu." (psaume 50) 

"Moi, quand j'aurais commis tous les crimes possibles,

Je garderais toujours la même confiance,

Car je sais bien que cette multitude d'offenses

N'est qu'une goutte d'eau dans un brasier ardent." (sainte Thérèse de Lisieux)


C'est le privilège de l'accompagnateur des laudes que je suis dans une église du coeur de ma ville de lire ainsi la liturgie des heures: depuis vingt-cinq siècles que le psalmiste prend Dieu à témoin indirect de ses états d'âme, rien ne change et pourtant il est exaucé, car il sent le pardon divin se poser sur lui et la divine miséricorde purifier son coeur.

"Mon Dieu, je crois en vous, j'espère en vous et je vous prie pour ceux qui ne vous croient pas et ne vous espèrent pas", inspira de prier Notre-Dame de Fatima. L'Eglise célèbre la liturgie des heures pour pratiquer la communion des saints et assister les malades et les agonisants, tous ceux qui ont un combat à mener.


Le matin, j'écoute souvent "radio Notre-Dame" et quand j'ai entendu, au début de la semaine dernière, que le diocèse de Paris envisageait de commémorer les martyrs de la commune dans un contexte où la société se demandait si elle devait la commémorer, je me suis dit que ce n'était pas très habile et qu'il pouvait y avoir du grabuge. Les communards ont massacré leurs otages en représailles à la répression versaillaise. La réaction de l'Eglise face à la Révolution était beaucoup plus simple. La Révolution s'est faite sur une base anti-catholique (cf. Jacques Crétineau-Joly ou "Pour qu'Il règne" de Jean Ousset). Les terroristes révolutionnaires ont gagné et ont forgé l'univers mental dans lequel nous baignons encore. Il y a peu de chances ou de probabilités que nous sortions jamais de ce bain-là. Les Les révolutionnaires ont gagné, les communards ont perdu. Les catholiques sont les alliés de tous les défaits. Ils aiment "les perdants de l'histoire". Bernanos a défendu les communards dans "la   Grande peur des bien-pensants."


Quand j'habitais dans le XIXème arrondissement de Paris, je fréquentais une église qui prit pour affectation le rez-de-chaussée de l'ancien immeuble de la sécurité sociale. Le quartier était scindé entre juifs loubavitchs, noirs africains, musulmans volontiers salafistes "qui cognaient fort", disait le curé aux enfants du catéchisme, et nous et nous et nous. Le curé trouva fort intelligent de faire fondre une cloche. Tous les jours, il teintait de 10h à 19h et pour l'angélus , jamais il ne frappait les trois fois trois coups. Ce combat était un peu clochemerlesque et un peu cloche. Paris n'a pas de chance d'avoir un clergé conservateur, c'est l'héritage du lustigérisme qui y règne  depuis cinquante ans. Le cal Vingt-trois assumait d'être appelé "Copie conforme" (cf. Robert Serroux) et Mgr Aupetit marche dans les pas du cal Vingt-trois. 

dimanche 30 mai 2021

La pensée du sacrifice

    1. Le christianisme est-il une religion de la sortie du sacré ou la désacralisation  est-elle une vue de l'esprit voire un chemin de perdition pour notre religion? Une thèse apparentée a été formulée par René Girard: le christianisme serait la religion de la sortie du sacrifice. Il a longtemps pensé cela, puis a revu sa copie  en relisant l'épître aux Hébreux dans un sens sacrificiel, contenu dans la lettre de l'épître.

 

    A ce stade, je relaterai un entretien qui a compté pour moi sur cette question. Dans un hôtel d'Alby, j'avais devisé avec l'abbé Yannick Vella (nous étions invités dans une espèce de club informel où se mêlaient agapes et prière). Nous nous isolâmes dans la salle de petit déjeuner et il m'expliqua que, selon lui, notre civilisation traversait une crise du sacrifice. Jusque-là, rien de très original. Mais pour lui, prêtre traditionaliste et membre de l'IBP (Institut du bon pasteur), contre la thèse horizontale, l'Eucharistie consomme la logique sacrificielle. Tirant sa proposition d'une encyclique de Benoît XIV dont il ne retrouvait plus le titre, il poussa la pensée de René Girard jusqu'au bout, me disant que, dans la passion-résurrection du Christ, il n'y avait pas que la mort de la victime, son ensevelissement dans le silence et son retour à l'expression de la vie comme on le pensait trop souvent, mais la victime était brûlée avant de retrouver son intégrité physique dans un miracle de régénération.

 

    Pourquoi ce passage par le feu? Pour aller au bout de l'"épreuve qui nous est proposée"? Pour consumer nos péchés? Mais l'abbé Vella était formel: si l'on fait l'économie de ce creuset, on a manqué une étape essentielle du don par lequel Jésus s'est offert en victime, offrande qui se rejoue de manière non sanglante à chaque eucharistie.

 

    Une partie de cette proposition m'a toujours échappé, d'abord parce que je ne sais pas ce qui la fonde dans les Ecritures, même si les Hébreux offrant des sacrifices à l'Eternel le faisaient en brûlant leurs holocaustes. mais j'ai plaisir à l'exposer, ne serait-ce que pour lutter contre l'affadissement du sens de l'eucharistie. Nos vieux catéchismes nous la représentaient comme un sacrifice de propitiation et de louange. Nous avons fait main basse sur l'idée de propitiation, alors que d'interroger les présages et nous rendre les dieux favorables étaient la fonction première de la religion du temps où l'homme était précaire, la religion reposant sur une superstition préalable qui fait partie de son assise humaine ou de ce que j'ai appelé plus haut notre animal sacré.

 

   2. Ceux qui, comme François Cassingéna-Trevidy, estimaient que le confinement, loin d'attenter d'abord à notre liberté de culte, était une occasion de nous interroger sur l'ordonnancement de nos rites dans notre vie relationnelle avec Dieu et en Eglise, ont pensé qu'il n'y avait pas que la messe dans la vie même si "la messe (pouvait être) la vie", comme le disait Jacques Lebreton, et pouvait même demeurer "la source et le sommet de notre vie chrétienne", comme l'affirme Vatican II, dans la tradition de tous les conciles antérieurs, car la messe soutient et porte le monde. Contre cette profession de foi très sacralisante,  ils ont rappelé que, sous prétexte que le rite est une dimension essentielle de l'animal sacré humain, on avait enfermé l'Evangile dans des cérémonies. Que de fois ne l'ai-je pas pensé moi-même! L'Evangile est gardé dans les églises et plutôt que d'être vécu comme en un repas où nous reconnaîtrions Jésus à la fraction du pain à travers la vie fraternelle éventuellement centrée sur la Parole de Dieu, il nous est enseigné dans des discours où l'émetteur est tout-puissant, se voudrait-il un véhicule, et où l'auditoire est passif, boit les paroles du prédicateur et est empêché de réagir.

 

    La forme des Evangiles est rarement discursive. Elle est parabolique ou injonctive. Et quand elle résume son idéal un peu comme le ferait le décalogue, c'est sous la forme des béatitudes dans  le seul discours de l'Evangile qui est le sermon sur la montagne. Car le discours après la Cène est une confidence de Jésus qui va mourir à ses disciples, et il est immédiatement suivi de la prière sacerdotale. La Parole de Jésus pousse à l'action et "l'action est la passion de ceux qui aiment", a écrit saint Thomas d'Aquin.     

 

    Mais entre le quatrième et le cinquième Evangile, l'Evangile de l'Esprit ou l'Evangile de l'Eglise, les Actes des apôtres, la joyeuse annonce de la Résurrection du Christ  n'est pas plutôt proférée -de manière que chacun puisse l'entendre dans sa langue maternelle- que le désordre de l'événement est récupéré dans le premier discours apostolique, Pierre prenant la parole pour expliquer ce qui est en train d'arriver, il dogmatise d'emblée et les apôtres ne cesseront plus depuis de discourir, de nous adresser épîtres et encycliques, si attachés à leur fonction d'enseigner en parlant qu'ils vont très vite déléguer le sacrement du frère à des intendants qu'ils choisiront et nommeront  disciples (nous les appelons aujourd'hui des diacres), et qui auront rang inférieur dans l'Eglise naissante, même si le premier d'entre eux, saint Etienne, est aussi le premier martyr.

 

     Nous avons enfermé l'Evangile dans des cérémonies et dans des discours, mais ce glissement s'est opéré au sein même de l'événement de la Pentecôte, il est donc très difficile de rectifier le tir. Pourtant, la rencontre de Jésus avec les disciples d'Emmaüs nous donne le la d'une eucharistie telle qu'elle devrait être. Jésus explique ce qui le concernait à des chercheurs de Dieu qui ne le reconnaissent pas et qui se rendent compte que c'était Lui quand Il rompt le pain pour eux avant de disparaître à leurs yeux. Par définition, on ne peut pas reproduire un tel événement, donc on ne peut pas en faire un rite.

 

    3. Pour reprendre la question de départ, le christianisme comme appartenance au Christ semble d'autant moins relié au sacré qu'il procède de l'Incarnation où Dieu est descendu pour que l'homme monte, mouvement descendant et ascendant qui se reproduit dans tous les sacrements, où l'homme n'est que la petite main de Dieu.

 

    En Jésus s'incarnant, mourant, ressuscitant et montant au ciel, le sacré n'est plus un sacré de séparation. Le "viens et suis-moi" indique un chemin de divinisation.

 

    La désacralisation juive est consécutive à la destruction du Temple. La sacralisation chrétienne obéit à une stratégie de l'universel qui se fond dans le discours des helléno-chrétiens, même si la philosophie comme l'Evangile avait commencé par être un art de l'oralité. On cherchait la vérité en banquetant ou en se promenant (voir les agapes des académiciens ou les méditations péripatéticiennes du Lycée)...

 

    Mais cette perversion du sacré par le discours est ancienne, elle date du second mouvement de la Pentecôte où Pierre a ramassé l'expérience que l'on venait de vivre. C'est une tendance lourde des religions que de ramasser l'Esprit avant souvent de l'éteindre. Ce qui nous a fait passer du discours au rite est sans doute ce sur quoi il nous faudrait travailler pour redonner à notre sacré sa dimension spécifiquement chrétienne. Et moins nous discourerons, plus nous nous rapprocherons d'un Evangile vécu hors cérémonies. Les meetings des mega churchs évangéliques n'apportent à cet égard rien de nouveau. 

jeudi 27 mai 2021

Un petit tour en Macronie

                    Un petit tour en Macronie.


Le Darmanin a pour fonction de faire feu contre-feu, mais le contre-feu est plus vrai que le feu, le Darmanin n'est pas un policier dangereux, vous pouvez lui confier une arme de service, il ne s'en servira pas, ou alors il s'en servira pour dézinguer les partisans de la police comme les électeurs du Rn, mais il ne s'en servira pas pour contrer sérieusement une adversaire socialiste qui après tout a le droit d'avoir ses opinions et de trouver glaçant que des policiers se mettent en mouvement, car elle n'aime pas les flics, toutes les femmes n'aiment pas les beaux militaires. Le Darmanin est farouchement opposé au séparatisme islamiste, mais c'est "Génération identitaire" qu'il dissout. On a beau dire, le "en même temps" tape de tous les côtés, mais il a un sens giratoire, il tombe quand même du côté où il penche.


Qu'y a-t-il à tirer de la vidéo du singulier Emmanuel avec Mcfly et Carlito? C'est que le singulier Emmanuel aime bien la drogue. Il en avait fait l'apologie au Nigéria, en voyage officiel dans ce pays et en escale dans la boîte de je ne sais plus quel soi-disant inventeur de la musique africaine. Le singulier Emmanuel rappelle ce souvenir et demande à ses deux youtubeurs compulsifs où est l'endroit en Corse où ils vont se fumer un bon pétard en buvant une goutte de rosé.


A force d'avoir courtisé et de fréquenter de façon mondaine toute la gérontocratie française à commencer par sa Brigitte, le singulier Emmanuel veut faire jeune. Il ne prend pas les gars les plus vulgaires pour faire sa démonstration de jeunesse. Il aurait pu participer à la libre antenne de "Fun radio" où il aurait parlé de "boîte à caca" et je ne sais quelle autre joyeuseté sodomique, sexuelle et peu politique. Cela me permet d'inciser que le drame de la jeunesse actuelle, et donc de la communication qui veut faire jeune, c'est de tout mettre sur le même plan, le caca et les sentiments.


La Bachelot a toute honte bue depuis qu'elle est sortie de son officine pour retourner dans l'arène à papa député. Guy Birenbaum avait échoté, je crois, dans "Nos délits d'initiés" qu'elle apprit sa nomination au ministère de l'écologie par Jacques Chirac dans une boutique de lingerie. Elle répondit "Pourquoi pas pourvu que je sois ministre! L'écologie n'est-elle pas la chose la plus importante au monde? Il sied que je sois ministre de la chose la plus importante au monde. C'est rigolo, l'écologie. Dans cent ans, la température augmentera de cent degrés. C'est énorme cent degrés? Ah bon, j'ai dû ajouter deux zéros au chiffre officiel du réchauffement climatique, je les retire et je retire mon intérêt pour l'écologie puisque je n'en suis plus ministre. Je suis nommée ministre de la santé. La santé, c'est l'essentiel. Je vais acheter des vaccins contre la grippe des oiseaux. Ah bon, les humains ne sont pas des oiseaux? Désolée d'avoir gaspillé l'argent du contribuable. Maintenant je vais m'occuper des handicapés. C'est la cause de ma vie, les handicapés. Ah, mais je n'en suis plus ministre, alors les handicapés, ce n'est plus important. Il faut que je m'occupe de la culture. J'avais toujours rêvé d'être ministre de la culture. On la confine sous ma juridiction, mais je ne démissionne pas, je suis ministre de la culture et il faut que je sois ministre. J'ai été autrefois ministre de la culture physique. C'est là que j'ai connu YOussoupha. Mais vous l'aurez compris, je n'ai qu'une passion, je suis douée pour l'opéra." Bachelot est une grue.


On a beaucoup blagué les couacs sous Hollande qui laissait s'esbaudir une meute de louveteaux indisciplinés et piaffants sous la houlette de Valls le mordilleur, mais on n'a jamais vitupéré l'incompétence des ministres macronautes. Au pire on l'a taxée d'amateurisme, or on a battu tous les records avec ce président, et on ne sait ce qui, de l'incompétence ou de l'arrogance, est le plus insupportable. L'arrogance se voit, il faut donc qu'elle se montre, qu'on l'arbore comme une marque de fabrique, qu'on en expose le logo. Le porte-parolat du gouvernement est donc le mieux indiqué pour être le ministère de l'arrogance, avec une palme pour Griveaux le grivois, mais Sibeth Ndiaye et avant elle Christophe Castaner ou après eux le petit Gabriel Attal, sa "gréviculture" et son ennemi juré  Juan Branco,  n'ont pas grand-chose à lui envier. Et puis il y a l'Intérieur. On a dit de certains ministres des affaires étrangères qu'ils n'étaient pas étrangers aux affaires. Collomb semble avoir été étranger aux affaires de l'Intérieur. Il préférait les tenues blanches aux notes blanches même s'il se voulait faiseur de roi et de premier ministre tel Edouard Philippe qu'il examina. Il s'écarta du ministère en menaçant de guerre civile. On dut attendre quinze jours pour apprendre que ce serait Castaner qui le remplacerait, les forces de l'ordre étaient bien loties d'avoir ce taoïste truand, ou qui avait eu autrefois ses entrées dans la pègre, pour diriger ses hommes comme il disait, imitant Macron qui plastronnait devant les soldats et le frère du Villiers des vanités: "Je suis votre chef." "Castaner, tiré des poubelles du parti socialiste", se gaussa Pierre-Yves Rougeyron, qui ne craint jamais d'être insolent. Castaner ayant déclaré qu'il se prosternerait devant George Floyd fut débarqué, eut les godillots de la République en marche pour lot de consolation et fut remplacé par Darmanin contre qui court une affaire de viol, pour laquelle les sanctions encourues si elles étaient avérées seraient plus graves qu'un rappel à la loi. Mais on n'est plus à ça près en France. Henri Nalet y fut ministre de la justice et Laurent Fabius est président de la Cour suprême.


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