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lundi 9 septembre 2019

Une certaine idée de la start-up nation

Je lis dans le second Davet-Lhomme sur le hollandisme comme autodestruction, à la fin minée par Macron : « Un texte publié par Guillaume Liegey, le petit prince de la data technologie appliquée à la politique, lui sert [à Macron] de référence : Si les partis étaient des start-up, édité par la revue Policy Network. Le chef fixe la ligne, les troupes s’y conforment, et surtout pas l’inverse. La start-up En marche ! doit supplanter ce PS décidément trop vermoulu. »

On ne dit pas assez que la start-up est une déviance de l’idée de projet, telle qu’elle est apparue dans l’existentialisme sartrien, idée elle-même déviante en ce que le projet n’est pas une orientation de la vie discernée, guidée et vérifiée par la volonté à chaque étape, mais le projet vaut pour lui-même, et chacun doit avoir un projet, serait-il grabataire, aurait-il la maladie d’Alzheimer.

Dans une start-up, l’idée compte plus que sa réalisation, le faire-savoir plus que le savoir-faire, et celui qui a une idée peut certes convoquer des brainstorming pour approfondir son idée, mais il est le seul responsable de l’idée qui domine la start-up, donc il ne s’agit pas que la start-up mette des idées aux voix, car il faut qu’une seule idée soit dans la lumière, et qu’elle émane de l’ingénieur en chef, de celui qui l’a eue. - De fait, en littérature, il n’y a pas eu un seul chef-d’œuvre qui soit sorti d’une intelligence collective. C’est pourquoi je ne crois pas à la vieille lune historico-critique des Évangiles rédigés par les communautés auxquelles ils ont été annoncés et non pas par un seul auteur inspiré. Au mieux les communautés peuvent avoir contribué à les collecter et avoir rafraîchi ou accru la mémoire de l’auteur inspiré. Sans uni(ci)té de l’auteur, pas d’unité littaraire, le texte se disperse. Mais revenons aux biens et aux services. -

Dans la start-up, il faut que l’idée soit un projet qui coure indépendamment de la réalisation de l’idée, dont la réalisation est facultative sans être interdite ni absolument proscrite. Le projet, l’idée, doivent vivre du story telling.

La start-up, c’est du flan. On n’a jamais géré une entreprise en se moquant de ce qu’on y produit. On gère un fonds d’investissement comme ça. Ou unemultinationale, qui peut à loisir acheter et vendre pour produire successivement ce qu’elle vient d’acheter.

La start-up, c’est du flan. Et la start-up nation, c’est du flan au carré.

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