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jeudi 29 novembre 2018

Les Gilets jaunes et les écologistes

eEmmanuel Macron ne pouvait pas convaincre les Gilets jaunes parce que ce qu'on présentait comme sa réponse aux Gilets jaunes avait lieu lors de l'installation d'un nième comité Théodule faisant doublon avec un autre haut Conseil de l'écologie hors sol. Lors de son passage dans L'Emission politique, Nicolas Hulot a enfin tombé le masque et avoué que l'écologie est une pensée de la fin du monde, un millénarisme apocalyptique, prospérant sur l'épuisement de l'Occident qui, parce qu'il ne croit plus en son génie inventif, renvoie "la planète" ad patres, comme il a naguère prophétisé la mort de Dieu, la mort du sujet, la mort de l'auteur ou la mort de l'homme. Après que l'homme s'est donné les moyens de provoquer une fin du monde par dévastation nucléaire, confisquant la fin du monde des mains de Dieu, l'écologie est une transgression intellectuelle qui promet la fin du monde à l'intervention humaine, même la plus anodine. L'écologie est une pensée idolâtre et morbide qui met la terre à la place du ciel, en procédant en outre à une inversion du regard: regarder la terre, les yeux au ciel et les pieds devant. On ne pourrait plus rien faire pour la terre si la terre se réchauffait, alors qu'un dissident du GIEC tel que François Gervais attire l'attention sur le fait que le réchauffement climatique, à supposer qu'il se confirme, rendrait disponibles des millions de kilomètres carrés de terres à l'agriculture, sans compter que le Groenland a été nommé ainsi parce qu'il désignait la terre verte bien avant l'actuelle fonte de la banquise. Mais l'écologie politique prétend s'imposer comme un nouveaut totalitarisme apocalyptique, au nom de ce qu'il y a de plus primitif dans la géographie ou dans l'appréhension des éléments, le climat. L'écologie est un totalitarisme qui a cela d'inédit qu'il est sans espoir, contrairement à tous les millénarismes qui l'ont précédé. Il est sans espoir et veut éteindre la lumière dans le monde en refusant le développement aux pays émergents parce que l'Occident est fatigué de son modèle de développement. Au passage, j'aimerais demander à Claude Luçon s'il croit que l'homme pourra un jour trouver la manière de fabriquer du pétrole en reproduisant sa formule chimique, comme alternative à l'épuisement des hydrocarbures. Quant à l'écologie, elle ne cesse de changer d'impératif. Hier elle nous alertait sur l'imminence de cet épuisement en enjoignant à l'industrie automobile de faire des recherches sur la voiture électrique. Aujourd'hui qu'elle en fabrique et et en commercialise un grand nombre, les écologistes alertent sur les dangers du lithium et assurent que la voiture électrique n'est pas l'avenir. Longtemps les écologistes n'ont fait aucun cas de l'esclavage des animaux. Aujourd'hui ils ne parlent toujours pas de leurs conditions d'élevage, mais seulement de leurs conditions d'abattage, tout en nous expliquant violemment qu'il faut redevenir herbivore. Est-ce un hasard si les privilégiés veulent toujours plus d'écologie et si celles que Macron appelle "les classes laborieuses" en veulent toujours moins? J'ai la faiblesse de croire que l'instinct du peuple ne le trompe pas sur ce qui est bon pour lui. Il n'y a pas de convergence entre écologie et humanisme. Entre sauver la planète et la faim dans le monde, il faut choisir, mais qui parle encore de la faim dans le monde? La Chine se moque des injonctions écologistes et poursuit sans faiblir son développement parce qu'elle aspire à son avènement dans l'Histoire quand l'Occident regrette son déclin. Pourra-t-on parler un jour de l'universalisme confucianiste? Quant à la raison fondamentale pour laquelle Macron ne pouvait pas convaincre, c'est qu'il monologue alors que la démocratie est dialogue, comme l'explique très bien Arnaud Benedetti dans le Figarovox: http://premium.lefigaro.fr/vox/politique/2018/11/28/31001-20181128ARTFIG00227-benedetti-le-macronisme-est-monologue-la-o-la-democratie-est-dialogue.php Ce déni de la démocratie par le chef de l'Etat rend les Gilets jaunes accessibles à la récupération mélenchoniste et à sa rhétorique de dissolution des institutions, en particulier de l'Assemblée nationale qu'il brandit sans parler de démission du président de la République pour ne pas jouer les séditieux, dissolution au secours de laquelle va jusqu'à se porter le prudent Luc Ferry, disant qu'on ne peut pas gouverner contre 84 % des Français. Macron en rajoute une couche, depuis l'étranger comme d'habitude, en dénigrant "la démagogie" à laquelle il promet de ne pas céder, alors que c'est Edouard Philippe que l'on accuse de mépriser ce qui se passe dans la rue. Macron est le président de l'éloignement jupitérien et Philippe le premier ministre de la proximité juppéiste. Comment dit-on déjà démissionner en latin? Je cuisine pour faire mon Caton : Macro demissionandum est aut senatus eum destituendum. Duvent me corrigera. (Commentaire posté sur le blog de Philippe Bilger en réponse à son article: "Macron ne pouvait pas convaincre." https://www.philippebilger.com/blog/2018/11/emmanuel-macron-naurait-pas-pu-convaincre.html

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