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vendredi 28 février 2014

Contre l'Eglise vertueuse

Et pourtant, qu'est-ce que les catholiques ont aujourd'hui à proposer, en dehors du retour à la vertu? Quel est le ressort qui anime le retour en politique des catholiques, si ce n'est ce retour aux vertus morales qui vient cingler les "ligues de (contre)vertu"? Que nous chantent les catholiques, si ce n'est le bon vieux couplet: "O tempora, o mores"? Et pourquoi est-ce que ça réchauffe et que ça prend (car moi-même, ça me prend quelquefois)? Pourquoi va-t-on jusqu'à rêver que ce retour à la vertu pourra engendrer un nouveau "compromis national"? Or ce compromis, s'il est moralement vertueux dans sa fin, l'est-il dans ses moyens? Ceux-là mêmes qui l'auraient détestée chaudement se rallient à farida Belghoul qui trouve ce ralliement plus chaleureux que d'avoir été méprisée par ceux qui la détestaient froidement, on peut rêver mieux comme reprise chaleureuse de contact ou des hostilités... Que l'homme soit vertueux le rendrait-il moins peccamineux (depuis quand est-ce la vertu qui justifie)? Pourquoi dit-on en creux que c'est la vertu ou le néant (que l'on appelle "nihilisme" dans une très moderne inflation verbale et systématique)? En quoi est-on fondé à proposer par là un compromis national-vertueux? En quoi est-il capital que l'on revienne à des principes vertueux contre les valeurs subversives qui sanctionnent et viennent précéder les moeurs vicieuses de l'homme pécheur? Et si "le péchéest la place béante de Dieu", en quoi une société d'ordre et qui se croirait impeccable ne se révélerait-elle pas tellement imbue d'elle-même qu'elle aurait pris la place de Dieu? Questions qui valent d'être posées en ces temps de compromis vertueux. Et de compromis vertueux contre qui? Car c'est un autre danger de cette posture vertueuse de l'Eglise militante qui se croit triomphante: elle croit s'allier vertueusement contre la canaille à laquelle elle donne des noms: la maçonnerie, Manuel valls, Najat Valaut-bel Kacem. L'alliance vertueuse se fait moins en haine du péché que de certains pécheurs, dans la désignation de l'ennemi voué à la vindict publique. Enfin, n'est-il pas trop tard pour amorcer ce retour à la vertu (et constater cet a nachronisme est-il nécessairement tragique)? Est-ce que la recomposition n'est pas en effet la nouvelle donne? Et vouloir restaurer en dépit de la recomposition qui s'impose, n'est-ce pas oublier que les principes sont faits pour les hommes et non les hommes pour les principes? Bref, ne se fait-on pas plaisir à bon marché en proposant à grand bruit une société pharisienne contre des publicains corrupteurs? En ce cas, quoi de nouveau sous le soleil? Et ne le fait-on pas en se berçant de l'illusion qu'on combat pour la gloire... de dieu (et le salut du monde), sans avoir à en tirer aucun avantage personnel? Or cette apparente gratuité du combat ne cache-t-elle pas qu'on ne veut pas payer de sa personne en se convertissant dans un combat contre son propre péché et pour restaurer le pécheur, au lieu de quoi on s'enorgueillit de combattre contre le péché sans avoir à s'amender ni à restaurer qui que ce soit? Bien au contraire, ceux-là meêmes qui se plaignent de la pente vicieuse que prendraient nos moeursse lamentent aussi de devoir trop contribuer. Ils aiment dieu, ils n'aiment pas l'argent, et ils aiment encore moins le fiscalisme. "O tempora, o mores"! Est-il dit qu'on ne peut vivre qu'en se lamentant et en se battant la coulpe sur la poitrine de ses contemporains? Ou en croyant pouvoir se consoler dans la comparaison de ses péché mignons à leurs infâmes turpitudes? On se passe le mot comme ils se passent le joint: "Regardez comme je vaux mieux que cet affreux Peillon!"

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