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mercredi 5 février 2014

Le gaullisme et la mythologie politique (partie II)

Réponse au Croissant de lune dont la réaction figure en commentaire au pied de l'article précédent: rétractation impossible. Ce texte est brute. Il s'est imposé à moi cette après-midi, comme la nécessité de réfléchir une bonne fois pour toutes à ce que je pensais du gaullisme, objet pour lequel je suis sujet à alternances. Je l'ai écrit, posté, envoyé à vous, à quelques militants gaullistes célèbre ou inconnus, je l'ai publié sur mon blog, dont tout est supprimable, à condition que l'on sache s'y prendre, ce n'est donc pas pour cela que la rétractation est impossible. Moi-même, je me suis demandé pourquoi j'avais commis cet écrit, quand la première réaction que j'ai recueillie à son contact fut qu'on ne voyait pas où je voulais en venir. Je me suis dit : "Cet ami a raison", à quoi mène cette description qui dresse un constat historique sans en tirer aucune leçon, ni pour le passé, quitte à faire de l'histoire fiction, ni pour le présent ? Je m'en vais donc brièvement expliquer les leçons que j'en tire, et cet ajout constitue un autre texte, il ne vaut pas rétractation. Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit de l'inversion de l'ordre de la réflexion et de l'action, c'est le ressort profond de cette empreinte du gaullisme dans son aspect négatif et y compris négateur. Comme, en général, on croit qu'il faut réfléchir avant d'agir et on n'entend pas qu'il faut croire pour comprendre avant de comprendre pour croire, on ne s'aperçoit pas que l'action est spontanément antérieure à la réflexion ou, si tu préfères, que "les mots précèdent la pensée". Cela m'incite à te détromper, croissant de lune : tu crois à "la parole efficace", écris-tu. Libre à toi, mais la "Parole efficace" n'est pas le Logos. Le Logos ne relève pas de "la pensée magique". Ce n'est en rien une volonté qui a aussitôt et comme par magie le pouvoir de se réaliser, ce qu'en jargonnnant, on appelle une "parole performative". Le Logos sait que les mots ne font que penser pour LUi, que la pensée est intérieure à la parole, parce qu'elle prend la forme de sa parole, que la Pensée est une volonté formée très logiquement, ce qui permet à l'objet qu'elle crée d'être conforme à sa détermination. Le Logos ne relève pas de "la pensée magique", c'est une volonté qui a la forme de sa parole, et qui forme de même en acte ce qu'elle veut. Redescendons de là. "Mais le mythe n'est pas mort puisqu'on continue de pratiquer le "story telling". Ce qui permet de confondre le "story telling" avec le mythe, c'est que celui-ci a intériorisé dans l'expression qui le désigne, à la faveur de cette empreinte du gaullisme, le fait qu'il "raconte des histoires", ment pour l'emporter, fait de la rhétorique au sens vulgaire, et rabaisse la sphère politique dans celle de la dramaturgie, Le mythe ne se survit pas dans le "story telling". La preuve, il est anglo-saxon... Pour le passé, le gaullisme n'aurait pas dû aller jusq'uà confesser l'inversion de l'ordre de la réflexion et de l'action qui était indispensable en son temps, mais il aurait dû se dénoncer comme mythologie après l'occupation, pour assurer la continuité de l'Etat, ne pas permettre que l'Etat réel soit à jamais délégitimé et finalement mis en fiction. Il devait enfin le faire pour incarner l'Etat dans le réel. Il devait, comme le colonel Rémy, dire que la france avait eu besoin sous l'occupation du bouclier et de l'épée. Il devait assumer le bouclier comme récit et l'épée comme roman. Ce faisant, il pouvait dire que le récit avait été médiocre et que le roman avait été sublime. Il devait expliquer que le roman seul était vrai et que le récit s'était contenté d'être réel. Il devait distinguer l'ordre de la réalité et celui de la vérité, distinction constamment présente à l'esprit de de gaulle, comme l'a montré Paul-Marie coûteaux, mais qui est devenue nocive à force d'être tue, et d'être tue sans raison politique, si ce n'est de complaire à la vanité du général, par cet homme qui la connaissait. Le gaullisme historique ne l'a pas fait, n'en parlons plus ? si, parlons-en, justement, car c'est d'avoir été tue que la distinction entre le monde visible et l'ordre intelligible a fini par être nocive. On ne saurait non plus la passer sous silence parce que l' gaullisme figure comme chef d'oeuvre le plus exposé, étant tout proche de nous, à l'inventaire des armes de la France. C'est qu'il suffit pour le présent de faire ce que le gaullisme historique n'a pas fait. Et il est essentiel au préalable de se situer par rapport au gaullisme, comme objet le plus récent et à ce jour dernier de notre inventaire national. Il est nécessaire de se situer au regard de la mythologie du gaullisme en ce qu'elle continue de nous hanter, c'est-à-dire de nous obséder au sens négatif. elle nous obsèdera positivement quand un politique, ami de son pays, la France, osera lui dire que le gaullisme est une mythologie, que cette mythologie a sauvé la vie de la france, comme toujours, le mythe est vivant et sauveur ; qu'elle a simplement manqué à se faire connaître en son temps comme mythologie. C'est seulement de cette manière que l'on conservera intacte et qu'on gardera respectueusement la mémoire du gaullisme.

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