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dimanche 16 février 2014

Centrafrique et autres

(par le Croissant de lune) Torrentiel, A lire ton dernier message à propos du Centre-Afrique, j'ai relevé ce lapsus révélateur, tu sembles considérer que les Musulmans d'Afrique sont partout des migrants. Ils sont probablement plus mobiles, mais la qualification de migrants signifie qu'on change de pays, remarques, ils changent de pays, souvent, et alors. Ce lapsus révèle quoi, qu'au fond, tu es bien Christiano-centré, que l'élément Musulman est migrant par nature. Tu sais bien l'abus qu'on en a fait en Côte d'Ivoire de cette thématique, au point de programmer de déchoir de nationalité des gens sur lesquels on ne peut pas prouver la citoyenneté Ivoirienne, laquelle est peu démontrable, d'ailleurs. L'actuel Président de la Côte est ce qu'il y a de plus autochtone, issu d'une lignée royale du pays. Mettons qu'il y ait en Côte d'Ivoire un certain nombre de migrants, mais l'Afrique est un continent de migration naturelle. Et les Musulmans de Côte d'Ivoire sont eux aussi, mieux adonnés au commerce que leurs vis-à-vis, c'est eux qui mettent le mieux en valeur les plantations, même s'ils n'en sont pas propriétaires. Je n'ai pas dit que le Musulman du Centre-Afrique a une origine Bédouine, juste qu'il est plus aproprié à l'activité marchande, ce qui sous-entend qu'il subit une influence culturelle Arabo-Berbère fût-elle lointaine. Cette apropriation au commerce et activités marchandes va avec une production supérieure, parce qu'il faut produire du surplus si on veut vendre. En gros, et c'est pas politiquement correct, l'Africain profond ne se rend qu'à des marchés proches s'il a du surplus, mais il ne veut produire que le strict nécessaire pour survivre d'un jour à l'autre. C'est shématique, mais interroges des gens qui connaissent l'Afrique, ils te le confirmeront. Quant à l'Africain qui vit une certaine influence culturelle Arabo-Musulmane, celui-là, il produira un peu plus pour avoir de quoi vendre et se rendre au marché. L'Africain profond, considère en gros, que ce n'est pas bien d'aimer autant la vie, au point de travailler autant et de produire autant, ce qui compte c'est un loisir, qui se compose de palabres, chants et danses, mais qui n'est pas qu'un loisir, parce qu'il est mêlé d'invocations, aspect religieux, bien qu'on soit sur la marge entre religieux et profane. L'Afro-Musulman, lui, aime les loisirs, mais le marché est un loisir. Avec l'avantage de mêler un loisir à la production, au minimum, il faut produire plus que ses propres besoin vitaux pour avoir le droit de vendre. Il y a aussi une influence climatique, si on est vraiment sur l'équateur, la chaleur intense et l'extrême humidité surtout, ne permettent pas de tenir marché, parce que les marchandises se gâtent vite. Quand on abat une bête, il faut la consommer le jour même, très vite la mettre à cuire, authentique, interroges les gens. Les gens du Nord bénéficient d'un climat plus sec, on peut garder plus longtemps les produits alimentaires, on peut les conserver ou les vendre. Le Centre-Afrique n'est pas encore en plein équateur, en tout cas, son relief le soustrait à un climat d'humidité malsaine, c'est pour ça que j'écrivais que c'est mieux que le Rwanda. Mais il lui faut des marchands et distributeurs. Or, la minorité Musulmane semble avoir quitté totalement le pays. Il en est réduit à être ravitaillé par avion, réduit à la distribution humanitaire caritative et dégradante. Qu'a fait la France, quels sont mes reproches? L'ingérance d'abord, c'est un mal en soit, ceci est un axiome, sinon, qu'on le démonte et le déconstruise. Jusqu'à présent, les situations d'ingérance semblent produire plus de mal que de bien à tous propos, que ce soit immédiat ou différé. Mais avant cela, la France a médiatisé beaucoup trop dans le sens de la confessionalité du conflit, le caractère confessionel n'était pas si évident, maintenant, il l'est. Avant, c'était une lutte de factions, opposant une faction du Nord à dominante Musulmane, à une faction du Sud à dominante Christiano-Animiste. Ceci n'allait pas sans des luttes entre des clans du Sud entre eux, des clans du nord entre eux. Mais qu'une faction ou une autre l'emporte, il n'y avait pas ce qu'il y a maintenant, c'est-à-dire une lutte entre populations. Qu'une faction ou l'autre ait eu l'avantage, les marchés étaient tenus, les marchands circulaient. L'atteinte aux marchands, c'est une atteinte aux Musulmans, parce que dans ce pays, on est à peu près sûr que quiconque tient étalage est Musulman ou presque. Or, quand la France médiatise, elle exerce une autorité morale ou immorale comme on voudra, la France médiatique est entendue partout, c'est ça qu'il faut comprendre. Si le Centre-Afrique connaissait des luttes entre factions, peu confessionelles, du moment que la France a une lecture confessionaliste du conflit, elle en fait un conflit réellement confessionel. La France est entendue dans les pays pauvres d'Afrique, un peu comme si on écoutait une prof, il faut bien comprendre ça. Ceci veut dire qu'on se fait plaisir à peu de frais, quand on déclare des choses du genre que la voix de la France porte loin. C'est vrai qu'elle porte loin, mais ça devrait aller avec plus de responsabilité. J'entends par là, que du moment que la voix de la France porte au loin, quand la France agit sur les autres, elle doit au minimum parler vrai. Parler vrai au sens vrai du mot, pas au sens de la mode Sarkozi, parler vrai, dire la vérité. La France, à cause de son influence est à la fois aimée et détestée, il y a des moments où elle fait un mal immense sans s'en rendre compte, ou sans vraiment vouloir s'auto-analyser. Je n'ai rien contre que la France soit entendue de loin, à condition qu'elle pourchasse en elle toute trace d'ambiguïté, c'est bien le moins qu'on attend d'une donneuse de leçons, c'est ce qui est le plus difficile à la France, cousue d'ambiguïté. L'impartialité Française, tant vantée dès les débuts, n'a trompé personne, ici même. Il y eut désarmement assymétrique, lequel joint à la médiatisation lamentable et confessionaliste était comme un signal, on exposait les Musulmans du pays en proie. Cet aspect fut agravé, lorsque cette France imaginative, a eu l'idée d'élever une femme à la présidence transitoire du pays, elle fut désobéie voire bravée dès le début, parce que la parité ça marche pas encore en Afrique... On a tué des gens sous ses yeux, le jour de son investiture, tout se passe à présent, comme si elle n'existait pas. A priorie, n'importe qui, doué de bon sens, aurait pensé que dans le pays déchiré, il fallait un homme ayant de l'autorité sur les forces armées. Mais la France se raconte sa propre vie et voudrait à toute force projeter ses rêves sur les autres, dommage pour Caroline Fourest, mais ça marche pas. Donc, le pays est sans autorité, pratiquement sans gouvernement, du moment que les forces officielles ou semi-officielles ont traitée la présidence par-dessus la jambe. Et après, il y a un truc que je ne m'explique pas, toi non plus, je pense. Tu vois, moi, je ne crois pas, mais pas du tout que l'ingérance Française n'ait produit aucune victime Centre-Africaine, combien la France a tué de Centre-Africains, tu le sais, toi? Ne me réponds pas qu'elle n'a tué personne, ça c'est pas possible, ou alors, il faut le prouver. Et ça, c'est très grave, on a l'impression que les vies ne se valent pas. C'est vrai que très vite, les forces Françaises se sont cantonnées dans la capitale, devant la résistance des Musulmans. Dans la capitale même, elles n'ont plus patrouillé, sauf en étant protégées, je dis bien protégées de forces Africaines, alors à quoi ça sert? On va dire que le seul fait de se maintenir sans utilité, uniquement pour ne pas perdre la face, alors que tout le monde le sait, c'est une atteinte grave au prestige militaire Français, qui va de pair avec le prestige moral, puisque la parole de la France est bonne à traîner dans la boue. C'est totalement surréaliste, le protecteur est protégé, ce qui veut dire que les exactions se commettent très librement, faute d'autorité de la présidente et faute d'efficacité militaire Française. S'il s'agit de vengeances, c'est possible, on ne peut exclure que les Musulmans du pays sont peut-être une minorité un peu privilégiée, aptitudes au commerce mais pas seulement. Mon impression, c'est que ce n'est pas que de la vengeance, c'est hélas pas politiquement correct, mais la situation a libéré la brutalité de l'Africain profond. Les Musulmans désarmés et montrés en coupables plus ou moins en raison de leur Islamité, puis l'érection stupide d'une présidente, avec l'incapacité militaire Française que tout le monde a vu. Qu'une force aussi chétive ne suffisait pas, on le savait depuis le début, ou on savait probablement que la sollution n'était pas là. La sollution était une co-gouvernance, appuyée sur une éventuelle action conjointe de l'O-U-A et de l'O-C-I. S'agit-il d'une erreur Française, faute du gouvernement? A priorie je répondrais que non, la situation ne relevait pas d'un genre d'&action comme ça, l'ingérance n'était pas apropriée, si tant est qu'elle soit jamais apropriée nulle part. Je dis à priorie, mais hélas, je me demande si la France actuelle ne pourrit pas par la tête, si des décisions graves de ce genre ne sont pas prises à la légère sur l'impulsion de ces intellectuels faussaires et imposteurs qui infestent les médias et la cour du président pâle. J'aimerais bien me tromper, mais hélas, il me semble bien toucher du doigt le fond du problème Français, on pourrit par la tête. Dans ces conditions, si d'aventure on poursuivait la France devant la Justice Internationale dont elle est une artisanne acharnée, je dirais pourquoi pas, ça serait le bon moment d'enfoncer le parti Sio-Franc-Maçon qui a trop abusé du sceptre et du trésor de France. Je ne sais pas, mais j'ai bien l'impression que d'ici quelques jours, on entendra parler de ces poursuites, je le pressens. Que je passe à tout-à-fait autre chose, l'égypte longue, patrie première et mère des patries, il s'y passe des choses. C'est heureux et malheureux en même temps. Une partie des Frères Musulmans est passée à la lutte armée. En même temps, comme c'était prévisible, le hizb-En-Nour, le parti prétendu de la lumière quant à lui, met ses forces au service du général qui s'est fait maréchal par lui-même. Ah, le fameux sheik Raslan, ennemi de la démocratie, accompagne le régime militaire dans sa répression. Tout ça était prévisible, tyrannie laïco-Salafiste comme je le pressentais. Ce qui l'était moins, c'est que les Frères soient passées à la lutte armée. On croyait, et d'ailleurs on leur en faisait reproche, qu'à force de faire de la politique ils seraient incapables d'accepter la brutalité réelle de la situation. Il n'en est rien, c'était juste oublier que les Frères Musulmans d'égypte, se sont levés les premiers en 1948 et que ce sont leurs volontaires qui ont fait le plus d'action contre l'ennemi Sioniste, ce sont leurs volontaires qui furent le plus efficaces. Voilà pourquoi j'ai qualifié le mouvement des Frères et la sensibilité "Frères Musulmans" de "Gaullisme de la nation". Cette composante n'est pas une faction, parce que son action est fédérative, et en ce sens, elle est la plus légitime d'autorité, la plus légitime à rassembler les sabres, la seule qui puisse éventuellement négocier une alliance. C'est malheureux, parce que la configuration territoriale de l'égypte se prête mal aux luttes armées, pays plat et sans profondeur, difficile à défendre. Parce que l'égypte seule n'est pas défendable ni viable, comme le répète Haïkel Ahmed, l'égypte ne peut se protéger et se nourrir qu'en fédérant d'autres autour d'elle. L'historien a dit ceci, "Je vois l'unité Arabe comme l'intérêt strictement national de l'égypte". Sans ça, le pays est dépourvu de défense et de ressources fortes, très peuplé qui plus est. Les intérêts vitaux de l'égypte, si même on voulait la prendre au sens de l'état-nation d'aujourd'hui, ses intérêts vitaux sont dans le panarabisme, voire le panislamisme. Mener la lutte armée dans les conditions égyptiennes est difficile, mais je suppose que les Frères ont évalué leur décision en voyant qu'elle ne fera pas plus de mal que ce qu'il y a maintenant. Savoir s'ils peuvent faire agir des sympathisants dans les profondeurs de l'armée, s'ils parviennent à une situation de résistance suffisante, on peut s'attendre à des soulèvements populaires opportuns, même si on entrevoit de lourds sacrifices. La lutte des égyptiens s'inscrit dans un environnement régional évident de lutte armée, mieux vaut que les Frères en soient l'axe central, c'est de leur dignité. Si les Frères ont vraiment cru à la démocratie, oui, ils l'ont trop cru, et ils n'ont pas voulu voire ce qui se passait, aveuglement volontaire. Exemple, il est évident pour tout le monde que le raïs Morsi a été élu avec un score bien supérieur à ce qui fut annoncé, j'ai jamais cru aux 52%. On était déjà aux débuts du coup d'état, et on a fait comme s'il n'y avait pas endiguement. Les gens étaient si heureux qu'ils voulaient le croire, au point qu'un jour, j'ai entendu un sheik dire que l'unité politique de la Oumma est plus proche qu'on ne croit, parce qu'avec la liberté, rien n'est impossible. C'était vrai sur le papier, la vraie liberté donnerait l'unité de la nation recouvrée, c'est absolument juste, mais on n'en est pas là. Est-ce que cette longue marche Islamique sera très coûteuse? Bien entendu, hélas, peut-être plus coûteuse que la longue marche Chinoise. Y a-t-il une autre issue? Oui, la résignation, qui est une autre forme de la mort. A propos de l'expérience Chinoise, à propos de la longue marche, le Général De Gaulles a écrit en substance, que tout était exclu sauf l'extrême. Il pourrait en aller de même concernant la nation des Musulmans. Croissant de lune

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