Justice au Singulier: Il faut sauver les diplomates !
Patrick Emin, dans un précédent commentaire, met le doigt sur le fait qu'il existe comme un supra-nationalisme israélien. Israël pratique un nationalisme toléré par la communauté internationale et viole impunément la souveraineté de ses voisins non seulement sans être sanctionné, mais la première puissance mondiale, dirigée par un impulsif qui souffre d'une "faille narcissique", lui emboîte le pas comme dernièrement en Iran, où l'opportuniste Donald Trump profite des réussites militaires israéliennes pour s'approprier ses victoires contre le nucléaire iranien.
"Emmanuel Macron a échangé dimanche avec le président iranien Masoud Pezeshkian et l’a appelé «à l’exercice de la plus grande retenue» pour «permettre un retour à la voie diplomatique», écrit Paul Sugy dans "le Figaro" de ce jour.
Imagine-ton ce qu'il en serait si l'on remplaçait le nom du président iranien par celui de Wolodymyr Zelensky? Pourquoi les mêmes qui ont reproché à juste titre à Vladimir Poutine d'avoir agressé l'Ukraine pour préserver son aire de civilisation et sous des prétextes sécuritaires en partie légitimes, n'assimilent-ils jamais Netanyahou à Poutine? Pour l'heure et jusqu'à plus ample informé,l'expansionnisme poutinien se limite aux républiques de l'ex-URSS, quand Le théâtre des opérations militaires israéliennes déstabilise toute la grande région sur les fronts palestinien, libanais, syrien et maintenant iranien, sans certitude d'être exhaustif.
Si on remonte la mémoire longue de la séquence Trump-Macron-Iran, on trouvera que d'abord, un accord a été âprement négocié par des adversaires de l'Iran aussi peu suspects de collusion avec le régime des Molah que Laurent Fabius, le célèbre auteur de la phrase: "Bachar ne mérite pas d'être sur terre" (il doit être content, les djihadistes ont renversé le président syrien, ça plaît aussi beaucoup à Israël, d'autant que le nouveau président djihadiste de Syrie ne condamne pas l'attaque d'Israël contre l'Iran, ancien allié de son prédécesseur Bachar qui ne "mérite pas d'être sur terre").
Trump dénonce l'accord sur le nucléaire iranien comme étant trop favorable à l'Iran. Macron ne veut pas être en reste et abonde dans le sens de Trump pour dire que l'accord n'est pas assez répressif et sanctionnaire.
Puis Trump réélu change de pied et veut à nouveau négocier avec l'Iran. Netanyahou lui "tord le bras" en attaquant l'Iran. Trump ne veut pas être en reste et bombarde les sites nucléaires iraniens. Et Macron le parachutiste joue les gentils désescaladeurs.
Mais le présent billet portait sur la diplomatie et nous parle de deux mondes: d'un côté "le caractère tranquille d'une Europe qui n'est pas impulsive", étrangère aux "accès et [aux coups de boutoir de grandes puissances et de leurs responsables se vantant d'être libérés des règles communes." (PB) Et de l'autre le "monde actuel" dont la guerre est devenue le nouveau paradigme -ou est à nouveau devenue le paradigme- par un "retour du refoulé" ou "du même" qui stupéfie ma génération, qui croyait fermement qu'elle ne connaîtrait "plus jamais la guerre", comme le demandait Paul VI dans son discours à l'ONU.
La guerre est devenue le nouveau paradigme du monde actuel parce que e monde est dirigé par des fous. La formule est lapidaire, mais il était autrefois dirigé par des membres du "cercle de la raison". Ce qu'il en reste a perdu la raison, à commencer par le président français, bien moins impulsif que Trump et qui sait dérouler une vision du monde, mais en change comme de chemise, enfin il les amidonne à mesure.
La diplomatie est morte avec les bonnes manières et il n'est pas anodin qu'Emmanuel Macron ait détruit le corps diplomatique. Autrefois c'était à quel chef d'Etat serait le plus raisonnable. Aujourd'hui, c'est à qui tirera le mieux la manche de son hôte, l'époussettera, lui enlèvera des pellicules, dans une bande de copains (la bande de copains a remplacé le "cercle de la raison") qui se chamaillent et s'insultent en se tutoyant dans un jeu de connivence qui n'a rien à faire ici.
Donald Trump a donné le "la", signal ou le baiser de la mort de la diplomatie en faisant de Twitter au cours de son premier mandat le canal où elle se jouait et en y postant l'équivalent de "câbles" qui seraient restés secrets dans un temps plus ancien et plus civilisé. Bref, Donald Trump a suspendu la diplomatie à un réseau réactionnel où on s'insulte, se menace, se trolle, comme si c'était sans conséquence.
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