Ça n'empêchait pas Ardisson d'avoir des idées. On disait que c'était un fils de pub dont le fond de sauce était un royalisme d'opérette pour taquiner tour à tour l'Action française revisitée par Bertrand Renouvin et le monde du spectacle avec, pour invité le plus emblématique et le plus récurrent, Yvan Attal. Il n'était pas d'un anticonformisme à se faire jeter de la télé pour inviter envers et contre tout les polycensurés quil avait contribué à faire monter en flèche comme Dieudonné ou Alain Soral.
Si on l'avait interrogé sur le contenu de son royalisme, je crois qu'il aurait été bien en peine d'en livrer une synthèse convaincante et structurée, de même que sur son catholicisme esthétique, quoique reste gravé dans ma mémoire de serviteur de la liturgie qui a la liturgie dans la peau à défaut que s'y glisse une chanteuse un peu fraîche des chorales que j'y accompagne en train d'accompagner le bon Dieu de leurs chants louangeurs qui nous Le rendent propice, on en a bien besoin!, cette remarque d'Ardisson sur la messe: "La messe, c'est très bien, mais c'est mal produit."
Je n'ai pas retenu grand-chose de beaucoup plus structurant quoique c'eût été mieux articulé, des tirades analytiques de Balzac sur le légitimisme ou le bonapartisme et je crois que bien malin qui pourrait dire, finalement, si Victor Hugo était plus fidèle quand il était le légitimiste médiévisant de ses années "Notre-Dame de Paris", quand il s'est perdu de vanité à la Chambre des pairs de la monarchie de juillet ou, proscription oblige, quand il se mua, à son retour d'exil dont l'aurait volontiers rappelé Napoléon le Petit, en socialiste bon teint plaidant contre la loi Falloux ou se faisant le précurseur des États-Unis d'Europe. Balzac a néanmoins écrit un "Traité de la prière" et un "Traité des excitants modernes" que je rêve de lire depuis des années et où je suis sûr que je trouverai à faire mon miel quant à l'une et aux autres.
Ardisson n'était le Balzac ou le Victor Hugo de notre époque que si nous n'en avons pas mérité d'autres. Du moins nous a-t-il introduit au salon des "Illusions perdues", tel un Étienne Lousteau se disputant avec Lucien de rubempré, le premier voulant bien faire piger l'autre pourvu qu'il disparût un jour, criblé de dettes ou sous les jupes de Coralie. Et puisque les politiques ne veulent plus, même à l'ère des réseaux sociaux, nous introduire dans la petite histoire et répondre à notre saine curiosité sur qui sont leurs mignons et qui leurs favorites, car ils n'ont vocation qu'à faire la grande histoire bien qu'ils fassent beaucoup d'embrouilles, on peut savoir gré à Ardisson, sinon de nous avoir introduits dans la chambre du roi, du moins de nous avoir offert un strapontin à la cour. Mais la cour était débilitante, diront les grincheux. La Bruyère ou Saint-Simon ne disaient pas moins de mal de celles qu'ils fréquentaient.
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