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dimanche 15 décembre 2024

Le sous-Rocard et le sous-Giscard

Justice au Singulier: Leur dernière chance...


"Tout ce qu'on est en droit de demander, de la part de ses adversaires comme de ses alliés, est qu'on le traite (François Bayrou)  comme il le mérite : gravement, sérieusement, avec respect. Sans les moindres dérision ni abaissement." (Philippe Bilger)

Je ne suis pas sûr de pouvoir y arriver.

"Il avait un passé à faire valoir pour arracher Matignon à la force de son désir..." (PB)

Il aurait voulu gravir la marche élyséenne, mais il ne doit pas être à la hauteur.

Bayrou est-il la dernière chance de Macron ou Matignon est-il pour Bayrou le moyen de faireune fin? Bayrou dont Chirac disait qu'il finirait pétant de vanité. "Je dirai que c'est bien quand c'est bien et que c'est mauvais quand c'est mauvais", résumait-il son rôle dans le champ politique. Rôle de grand parleur plus que de beau parleur. 

On peut comprendre que Macron ait hésité à nommer Bayrou Premier ministre. Il n'oublie jamais les humiliations. IL pouvait, pour la forme, lui demander conseil, on ne sait pas au nom de quelle expertise; il ne devait pas avoir oublié que le conseilleur en chef l'avait d'abord traité d'hologramme avant de se rallier à son panache blanc.  "Un reniement vaut bien un ministère", avait-il pu espérer, avant d'être rattrapé par la patrouille et la cavalerie en voulant moraliser la vie politique  en y perdant son poste de garde des sceaux.


Ministre de l'Éducation nationale, il voulait refonder l'école sur les savoirs et n'est jamais parvenu à refermer le tournant du pédagogisme. La gifle qu'il a donnée à un enfant du Neudorf lui aurait valu un blâme s'il était resté professeur. Mais "ça se nourrit de tout, la gloire." (Serge Lama) 

Ce grand pourfendeur de la dette française voulait nommer Mario Monti président de la Commission européenne, dont même Ernest-Antoine seillère disait qu'il raisonnait comme un notaire. Mais Bayrou s'est tout à coup montré cigale quand le Covid fut venu et voulut qu'on ouvrît les vannes de la dette. On n'a compté à presque rien ses notes comme commissaire au plan, où il ne s'est montré ni Henri Guaino ni Jean Monnet.

Bayrou a fustigé l'égocratie de Nicolas Sarkozy et accepte d'être le Premier ministre du plus égocrate des présidents, auprès duquel Nicolas Sarkozy fait figure de paltoquet. 

Bayrou avancevolontiers un point comun avec François Hollande: le fait de refuser que le pays se fracture. Hollande a prospéré sur le refus du clivage  que Nicolas Sarkozy aurait provoqué. Je crains que le refus de la fracturation française qu'oppose François Bayrou n'accouche d'une souris   qui nous fera ronger notre frein "du pareil au Modem", comme le titrait plaisamment "Libération". 

L'argument de Marine Le Pen selon lequel on n'avait jamais essayé le Rassemblement national commence à faire pschit. Elle a suggéré  la dissolution au président de la République et censurée sans raison Michel Barnier qui avait une autre stature que Bayrou.

Le Béarnais se donnait pour un rénovateur qui voulait chasser Chirac et Giscard. Il a accepté d'être le ministre du premier et a dilapidé l'héritage du second en volant son parti sans le faire fructifier intellectuellement ni électoralement. En 2007, il s'exclamait: "La politique de la France ne sera plus jamais comme avant" parce qu'il avait enregistré 18% des électeurs et été enfin devenu le troisième homme, là où VGE a été élu président dès sa première candidature et   a fait de ses Républicains indépendants un parti présidentiel qui gouvernait la France au centre ès étiquette et qualité. 

Bayrou est un sous-Giscard. Le sous-Rocard qu'est Macron l'a nommé Premier ministre, car qui se ressemble s'assemble. Macron aura usé les fonds de culotte des culotés de l'ancien monde en n'arrivant pas à accoucher du nouveau monde qu'il promettait. 

Mais Macron a quelque chose pour lui qui l'identifie à la France: il est fantasque. Il parvient envers et contre tout à cohabiter avec lui-même en faisant croire, par exemple, qu'il est le vrai restaurateur en chef de Notre-Dame. "Puisque non pas "Madame Bovary", mais Notre-Dame, c'est moi, vous voyez bien que le pays ne peut pas s'écrouler sous mon autorité." Et Macron continue de cohabiter avec lui-même en nommant avec François Bayrou après Michel Barnier, un autre Européen. Ils agiron "en Européens", comme il dit dans un nouveau tic de langage. Les "frexiteurs cachés" du RN en seront pour leurs frais si Bayrou dure plus que Barnier.  

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