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dimanche 14 juillet 2024

Premier tombeau à mon maître et ami René Pommier

http://renepommierfreefr.com/


J'ai appris hier, à travers une conversation avec mon amie Geneviève Vogel, la mort de mon vieux maître et ami, professeur à la Sorbonne (il y tenait, il faisait partie du collège des professeurs, du collège §A!) #RenéPommier.



René avait perdu la foi à travers ce qu'il refusait de reconnaître comme une nuit de Pascal, car il me décrivait cette perte de la foi comme un lent processus.  (Et dans un de ses livres, il avait dézingué Pascal.)


Mais il ajoutait aussitôt qu'il était inconsolable de ce deuil de la foi et que c'était de là que luivenait sa passion négative pour détruire toutes les fausses valeurs ou idoles de la fausse vérité qu'il qualifiait volontiers de "sornettes", terme que je trouvais ringard: je ne me suis pas privé  de le lui dire, il en convenait, mais il n'en faisait aucun cas, il l'employait toujours. 


Ce deuil inconsolable de la foi lui a valu de démolir à peu près tout ce qui bougeait: ste-Thérèse d'Avila, Pascal (déjà nommé), Freud, René Girard ("Cet allumé qui se prend pour un phare"), Roland Barthes au début de sa carrière, et tant d'autres...


Au début de l'année 2024, j'ai téléphoné à René pour lui souhaiter la bonne année. Il m'a dit: "Julien, d'après votre répondeur, vousavez l'air en forme. Moi, je ne vais pas bien du tout. J'ai mal dès que je me réveille et je sais que cette douleur ne cessera jamais. Je n'ai pas vécu une belle vie. 


J'ai été un grand chercheur en littérature, un chercheur qui trouve, et on m'a préféré des fausses valeurs comme Roland Bartehs. Je n'ai pas écrit une oeuvre, j'ai raté beaucoup de choses, j'ai raté ma vie. Et si vous saviez tout ce que je laisse" 


(Je le savais, il me l'avait dit.) 


Et moi de lui répondre cruellement (mais ce n'était pas mon intention):  "Écoutez, René, vous n'avez pas eu une belle vie, mais je vous souhaite une belle mort. D'abord je vous souhaite une mort chrétienne, vous vous en doutez, mais je n'y crois pas." "Vous avez raison de ne pas y croire, ce n'est pas possible." "Admettons, encore qu'à mes yeux (d'aveugle), 

 le miracle est toujours possible. Mais si vous ne pouvez décidément pas mourir chrétiennement, ne souffrez pas plus qu'il ne faut. Ne vous accrochez pas à la vie."Ca non plus, ce n'est pas possible.  Vous êtes un croyant immmmoral et je sui  un athée moral. Vous n'avez jamais compris combien j'étais un homme de devoir." "Si, René, je l'ai compris après."


Et à l'issue de cette conversation, je lui ai dit: "C'est la chose la plus importante que je vous ai dite, je crois que nous nous sommes parlés pour la dernière fois Pas pour la première, car nous nous étions déjà beaucoup parlés." "J'espère que nous nous entendrons encore. Je le vivrais très mal s'il n'en était pas ainsi.",Comme je sui s assez lâche, je n'ai plus jamais osé appeler mon vieux maître René Pommier etil est mort aumois de mai, m'a appris Geneviève en consultant son site. 


Il m'avait dit "C'est toujours vous qui m'appelez, mais vous ne pouvez pas savoir à quel point ces appels sont importants pour moi. Comme l'étaient ceux de Nathalie." 

Je n'ai aucun doute sur le salut de ce chercheur de Dieu. Il l'a cherché si loin et si profondément qu'il l'a nécessairement trouvé.


Et il m'a dit: "Vous savez, dans ce monde, beaucoup d'intellectuels (j'ai connu Claude Tresmonttant qui fumait sa pipe, ou Pierre Chaunu qui étaient discrètement des amis à moi, , qui n'entrait pas du tout dans cette catégorie), vous regardent de très haut et se présentent comme vos amis pour mieux vous dénigrer dès que (ou si) vou sdevenez quelque chose. Moi, je nourris envers vous et envers Nathalie une amitié très sincère et indestructible." Merci, René, je l'ai ressentie, cette amitié. 

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