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mardi 9 juillet 2024

La révélation Tondelier

Décidément j'ai un faible pour Marine Tondelier. Quand je pouvais aisément communiquer sur Twitter, je la suivais. J'aimais sa manière dynamique et posée de parler d'expérience d'une ville dirigée par le Frontnational dont elle révélait les méthodes avec le moins de parti pris possible. Je l'ai perdue de vue, d'oreille et d'intérêt depuis qu'elle est devenue la patronne officielle des écologistes, parti qui n'a pas l'heur de m'intéresser... 


La presse, à commencer par "Libération",  en a fait la révélation de l'entre-deux-tours. Elle-même, avec son éditeur, "les Liens qui libèrent",  a pris l'initiative de mettre en libre accès son livre "des Nouvelles du front" et a conseillé de profiter de la pause électorale pour le lire et se faire une idée plus éclairée de la manière dont ce parti se comportait "en vrai", une fois aux affaires. Elle a prodigué ce conseil sur "Europe 1", où elle n'était pas revenue s'exprimer depuis deux ans, écoeurée par la mainmise excessive de Vincent bolloré et de ses zbires sur cette station.  


J'ai suivi son conseil et presque achevé son livre. Bien m'en a pris. J'ai mieux pris conscience que la stratégie de séduction du rN consiste à "Polir, lustrer, rincer les mémoires, mélanger les héritages intellectuels, brouiller les ascendances", récupérer De Gaulle ouJean Jaurès. "Le RN ne s’encombre pas de sentimentalisme. Dans sa nouvelle version, il a choisi l’option caméléon. Le FN est devenu une boule à facettes,

capable de renvoyer à chacun le rayon de lumière dont il

avait besoin pour se sentir rassuré" pour accepter le seul invariant de sa politique:  le refus, par xénophobie, de l'immigration et le fait de la rendre responsable du désordre et de l'insécurité qui règnent en France, en profitant de ce que le débat soit interdit en France sur les liens entre insécurité et immigration. 


Marine Tondelier, révélation de cet entre-deux tours, a remis sur le devant des échopes des libraires son livre révélateur et elle poursuit sa route intelligente. Hier soir, elle était l'invitée de "BFMTV". 


Aux antipodes d'une droite retailleau-Wauquiez indéterminée à prendre le pouvoir dans cette période critique et qui ne veut pas entendre parler d'une alliance du bloc central pour ne pas faire le jeu du président Macron, elle avance  que le futur gouvernement Nouveau front populaire devrait proposer au Parlement, texte après texte, le programme du NFP, charge à chacun de se déterminer et d'expliquer pourquoi il vote pour ou contre chacune des dispositions contenues dans ce programme. Et si l'abrogation de la réforme des retraites doit se faire avec les voix du Rassemblement national, pas question de faire la fine bouche, affirme, déterminée, celle qui assume et ne regrette pas d'avoir "fait barrage". Plus de "pudeurs de gazelle" en refusant des voix, Pas non plus de coalition, pas de tractations pour faire au coup par coup des "majorités de projet" comme sous le gouvernement Borne, mais la vie parlementaire à l'état pur, remise au goût du jour dans notre pays au régime présidentiel par l'esprit de la constitution de la Ve République à bout de souffle d'avoir été taillée pour un homme ou pour un mythe.  Une vie parlementaire où le NFP pourrait gouverner, qu'il gagne ou perde au fil de ses projets de loi, grâce à la maîtrise de l'ordre du jour... 


Quand la journaliste de "BFM" lui demande si de proposer une méthode de gouvernement la met sur les rangs pour être  premier ministre, Marine tondelier répond habilement que c'est une manière très "masculiniste" d'envisager la politique. "Je ne compte pas dans cette équation, c'est l'avenir et la gouvernabilité du pays qui m'intéressent." Elle écrivait la même chose dans son livre publié début 2017: "Les attaques gratuites contre moi ne m’affectent pas. Je me suis bâtie une carapace sur laquelle elles glissent. Celles qui visent les plus précaires… me troublent par contre profondément."


Tant d'abnégation et d'à propos que d'aucuns jugeront certainement surjoués me rappellent comment,en 1995, des profondeurs du parti socialiste, un ancien premier secrétaire assez sectaire, Lionel Jospin, fendit l'armure, se révéla, perdit l'élection présidentielle, mais devint premier ministre deux ans plus tard pour cinq ans, et laissa à la France beaucoup de bons souvenirs. C'est tout le mal que je souhaite à Marine Tondelier, ma révélation de l'entre-deux-tours. 

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