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jeudi 25 juillet 2024

Martin Hirsch sur l'abbé Pierre, la curée continue!

Et la curée continue. Dans "la Croix", Martin Hirsch qui, pour un peu, se poserait en "compagnon d'Emmaüs" de la base, mais dont la carrière doit tout à ce qu'Emmaüs ait confié sa direction à cet ancien directeur de cabinet de Bernard Kouchner, assure qu'il ne veut pas jeter de l'huile sur le feu dans cette période douloureuse, mais qu'il prend la parorle pour expliquer "qu’on ne peut pas comprendre le mouvement Emmaüs sans cette simultanéité dans la reconnaissance et la distanciation, dans l’admiration des forces et la crainte des faiblesses de son fondateur." 


Il avait déjà pris ses distances avec l'abbé Pierre quand celui-ci avait pris des positions favorables à son ami Roger Garaudy dont je crois moins qu'il ait été auteur d'écrits révisionnistes qu'il n'a été influencé, après beaucoup d'autres revirements qui avaient pour tronc comun  l'option préférentielle pour les damnés de la terre, par sa conversion à l'islam, qui le rendait proche des Palestiniens et peut-être de ce fait injuste avec la condition (plus qu'avec la question) juive. 


Mais revenons à Martin Hirsch et demandons-nous d'abord, à titre purement gratuit et nullement diffamatoire malgré le caractère insinuant de la question posée, si l'homme est certain qu'un jour, une secrétaire ne pourra pas dire qu'il a abusé de sa position dominante pour lui faire des avances non souhaitées ou avoir envers elle des gestes inappropriés. Je dis ça sans rien savoir, je dis que c'est le fait de pas mal de patrons dans pas mal d'entreprises, et singulièrement dans le monde médical où Martin Hirsch a évolué en tant qu'administratif.


Je note que le couple qu'il forme ou qu'il formait avec sa femme Florence (je ne sais pas ce qu'il en est de sa situation matrimoniale actuelle) est ou était un couple de gens très favorisés, ce qui l'apparente assez peu avec la condition des compagnons d'Emmaüs lors même qu'il se dépeint comme l'un d'entre eux, presque un ancien primus inter pares, pairs et compagnons qui ont cessé d'être aux avant-postes de la décision dans la confrérie, et ce apparemment depuis qu'"en 1957, peu après l’appel de 1954 qui fit de lui une légende vivante, les proches de l'abbé Pierre l’avaient envoyé dans une clinique en Suisse, à l’isolement, parce que son comportement avec les femmes posait problème."Ses proches et, on l'a vu, le cardinal Feltin, et mgr Jean Rodhain, président du Secours catholique, à qui l'abbé Pierre faisait de l'ombre. 


Entre parenthèses, en cette fin des années 50, comme le notait le rapport de la CIASE, on s'occupait des prêtres qui présentaient des troubles et des déviances et avaient "un comportement problématique" ou "un problème avec les femmes". On s'en occupait, on essayait de les soigner tant bien que mal, même si ces soins revenaient à leur administrer du bromure pour, je recite Martin Hirsch, "canaliser l’énergie débordante de l’abbé Pierre vers de justes causes. "Comme si l'énergie sexuelle et libidinale, identifiée depuis  la psychanalyse comme le ressort ultime, énergétique et érotique de l'intérêt à agir, pouvait être canalisée et sublimée au point qu'en vertu de la "misère du désir",  le désir" se tourne entièrement vers la misère, une "juste cause" aux yeux de Martin Hirsch, que lui-même a diversement servie. Il se garde bien de dresser son propre bilan en la matière, et c'est en cela que son intervention a quelque chose d'indécent, parce que cet homme "qui, d'une certaine manière, doit tout" lui aussi au fondateur d'Emmaüs veut bien prendre ses distances avec lui pour en discerner ombres et lumières, mais il ne prend aucune distance avec lui-même et sa propre carrière qui, elle aussi, présente ombres et lumières et où globalement, on peut discerner deux périodes:


-Celle où il quitte le mouvement pour, fort de son aura d'homme qui sait lutter contre la misère, devenir ministre de Nicolas sarkozy et lui proposer la création du RSA, ce qui est plutôt à mettre à son actif, même s'il va vite en besogne en disant que "les dernières décennies ont donné lieu à un important travail pour sortir de cette conception" où, "Puisque les règles sociales ne savaient pas trouver une place aux exclus, les communautés se dispenseraient des règles, l’esprit de solidarité en tenant lieu. Et l’abbé Pierre pouvait faire rempart de son mythe pour éviter que les pouvoirs publics y trouvent à redire." Sous-entendu, aujourd'hui, les règles sociales règlent le problème de la misère, mais beaucoup de ceux qui pourraient prétendre au RSA n'y recourent pas, car c'est une solidarité bureaucratique et de plus en plus stigmatisante, ce que n'a certes pas vouluMartin Hirsch en fondant et construisant le revenu de solidarité active.


-Le deuxième moment où Martin Hirsch refait parler de lui est celui où il dirige l'Assistance publique hôpitaux de Paris, et le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas fait l'unanimité durant cette période, entre compression de personnel, gestion de la crise Covid avec suppression de lits, suspension des soignants et maîtrise d'oeuvre du Ségur de la santé. C'est pourtant là qu'il pouvait faire ses preuves: il n'était plus un militant qu'on peut toujours accuser d'être dans l'incantation, mais un gestionnaire qui pouvait mettre sa gestion à l'épreuve de son militantisme.


Bref, Martin Hirsch préfère enfoncer l'abbé Pierre que balayer devant sa porte, non sans rappeler qu'il a prononcé son éloge funèbre: "Aux obsèques de l’abbé Pierre, j’avais dit que le meilleur hommage, c’était de continuer. Aujourd’hui, ce que disent à raison les responsables du mouvement Emmaüs, c’est que le meilleur hommage à rendre aux victimes, c’est de continuer le combat contre la misère."Martin Hirsch se place naturellement dans la continuité des dirigeants actuels d'Emmaüs, non dans celle de l'abbé Pierre. À Martin Hirsch l'ingrat, les mannes de l'abbé Pierre reconnaissantes! 


Martin Hirsch sur l’abbé Pierre : « Pendant 50 ans, Emmaüs a pensé que ces comportements étaient de l’histoire ancienne » (la-croix.com)

dimanche 21 juillet 2024

Mon rêve de Nathalie Sarraute

La nuit dernière, j'ai rêvé que j'étais invité à déjeuner chez #Marie-VéraMaixandeau, mon amie musicienne qui n'est plus de ce monde depuis quelques années. Elle s'était pliée en quatre pour nous confectionner un délicieux repas. S'y trouvent deux Polonaises qui portaient deux noms chrétiens comme Thérèse, qu'un autre invité, un peintre, trouvait ridicules.

Nous y buvons beaucoup et surtout quantité de Cognac ou apparenté. Le peintre n'arrête pas de me servir et j'ai peur d'être soul en ne faisant pas honneur au repas que Marie-Véra s'est décarcassé pour nous apprêter, or c'est à peine si nous lui en savons gré.

Parmi les convives, se trouvent Nathalie Sarraute et sa fille Claude, encore assez jeune. La fin du repas approchant, je réalise qu'il faut absolument que je pose des questions à Nathalie Sarraute sur les livres qu'elle écrit. Je lui demande: "Comment avez-vous pu écrire, à travers "Enfance", non seulement un livre aussi différent du "nouveau roman" dont vous fûtes peut-être la principale théoricienne à travers "l'Ère du soupçon", mais un livre où vous avez écrit tout ce que vous ne vouliez pas écrire et qui représente à mon avis la quintessence de l'autobiographie?
-En effet, entre l'auteur des "Fruits d'or" et ce qui est sorti de moi dans "Enfance", il n'y a plus aucun rapport, mais je suis revenue à moi-même, je me suis remise à écrire des livres comme "les Fruits d'or", "Ici" ou ou "Pour un oui pour un non", "Tropismes" se situant entre "Enfance" et ma veine originelle."
ET Claude et Nathalie Sarraute de me citer des livres qui n'existent pas et qui venaient de paraître, prouvant que Nathalie Sarraute avait abandonné sa veine d'auteur d'"Enfance".

Et voilà que tout à coup, sans que je lui demande rien, elle me révèle que, chaque fois qu'elle prend la plume, elle demande à l'Esprit-Saint d'être le scripteur de ses conversations ou sous-conversations. Pour moi, quiconque demande à l'Esprit-Saint d'entériner tout ce qu'il écrit se met dans l'impossibilité d'écrire. Ce n'était pas, dans mon rêve, l'avis de ce grand écrivain, non plus que ce n'était l'avis de mon amie #MaryseBonnard, quand nous en discutions au Central, rue de Tolbiac, et Maryse est mère d'écrivain... 

dimanche 14 juillet 2024

Premier tombeau à mon maître et ami René Pommier

http://renepommierfreefr.com/


J'ai appris hier, à travers une conversation avec mon amie Geneviève Vogel, la mort de mon vieux maître et ami, professeur à la Sorbonne (il y tenait, il faisait partie du collège des professeurs, du collège §A!) #RenéPommier.



René avait perdu la foi à travers ce qu'il refusait de reconnaître comme une nuit de Pascal, car il me décrivait cette perte de la foi comme un lent processus.  (Et dans un de ses livres, il avait dézingué Pascal.)


Mais il ajoutait aussitôt qu'il était inconsolable de ce deuil de la foi et que c'était de là que luivenait sa passion négative pour détruire toutes les fausses valeurs ou idoles de la fausse vérité qu'il qualifiait volontiers de "sornettes", terme que je trouvais ringard: je ne me suis pas privé  de le lui dire, il en convenait, mais il n'en faisait aucun cas, il l'employait toujours. 


Ce deuil inconsolable de la foi lui a valu de démolir à peu près tout ce qui bougeait: ste-Thérèse d'Avila, Pascal (déjà nommé), Freud, René Girard ("Cet allumé qui se prend pour un phare"), Roland Barthes au début de sa carrière, et tant d'autres...


Au début de l'année 2024, j'ai téléphoné à René pour lui souhaiter la bonne année. Il m'a dit: "Julien, d'après votre répondeur, vousavez l'air en forme. Moi, je ne vais pas bien du tout. J'ai mal dès que je me réveille et je sais que cette douleur ne cessera jamais. Je n'ai pas vécu une belle vie. 


J'ai été un grand chercheur en littérature, un chercheur qui trouve, et on m'a préféré des fausses valeurs comme Roland Bartehs. Je n'ai pas écrit une oeuvre, j'ai raté beaucoup de choses, j'ai raté ma vie. Et si vous saviez tout ce que je laisse" 


(Je le savais, il me l'avait dit.) 


Et moi de lui répondre cruellement (mais ce n'était pas mon intention):  "Écoutez, René, vous n'avez pas eu une belle vie, mais je vous souhaite une belle mort. D'abord je vous souhaite une mort chrétienne, vous vous en doutez, mais je n'y crois pas." "Vous avez raison de ne pas y croire, ce n'est pas possible." "Admettons, encore qu'à mes yeux (d'aveugle), 

 le miracle est toujours possible. Mais si vous ne pouvez décidément pas mourir chrétiennement, ne souffrez pas plus qu'il ne faut. Ne vous accrochez pas à la vie."Ca non plus, ce n'est pas possible.  Vous êtes un croyant immmmoral et je sui  un athée moral. Vous n'avez jamais compris combien j'étais un homme de devoir." "Si, René, je l'ai compris après."


Et à l'issue de cette conversation, je lui ai dit: "C'est la chose la plus importante que je vous ai dite, je crois que nous nous sommes parlés pour la dernière fois Pas pour la première, car nous nous étions déjà beaucoup parlés." "J'espère que nous nous entendrons encore. Je le vivrais très mal s'il n'en était pas ainsi.",Comme je sui s assez lâche, je n'ai plus jamais osé appeler mon vieux maître René Pommier etil est mort aumois de mai, m'a appris Geneviève en consultant son site. 


Il m'avait dit "C'est toujours vous qui m'appelez, mais vous ne pouvez pas savoir à quel point ces appels sont importants pour moi. Comme l'étaient ceux de Nathalie." 

Je n'ai aucun doute sur le salut de ce chercheur de Dieu. Il l'a cherché si loin et si profondément qu'il l'a nécessairement trouvé.


Et il m'a dit: "Vous savez, dans ce monde, beaucoup d'intellectuels (j'ai connu Claude Tresmonttant qui fumait sa pipe, ou Pierre Chaunu qui étaient discrètement des amis à moi, , qui n'entrait pas du tout dans cette catégorie), vous regardent de très haut et se présentent comme vos amis pour mieux vous dénigrer dès que (ou si) vou sdevenez quelque chose. Moi, je nourris envers vous et envers Nathalie une amitié très sincère et indestructible." Merci, René, je l'ai ressentie, cette amitié. 

jeudi 11 juillet 2024

L'homme qui voulait cohabiter avec lui-même

Gérard Collomb en mai 2022: "La logique d'un parti unique central conduira à un rétrécissement politique puisque, au pouvoir, compte tenu des circonstances, on ne peut que s'user. Et on peut donc aboutir à la victoire de l'un des extrêmes, toutes les forces de gouvernement étant dans le même camp »…
Collomb, pardon, avait raison sur tout." (Étienne Gernelle)

Le centrisme façon Macron, en cela héritier de Bayrou qui avait tort de le traiter d'hologramme, ce n'est pas l'union des intelligences, c'est l'union des personnalités assez en vue pour pouvoir être appelées au gouvernement. Ca n'a jamais été autre chose. Et ça ne l'est pas davantage à l'issue de ces élections législatives qualifiées d'ultime "coup de folie du président français" par la presse internationale.

Il dissout sans raison, organise des élections législatives pour rien, certains rêvent de devenir premier ministre et le font savoir, Macron ne les détrompe ni ne les dément, aujourd'hui il vient nous dire qu'il ne nommera que le premier ministre technique d'une majorité rétrécie. (Cf. sa lettre aux Français parue hier, que Jean-Lou Bonnamy résumait ainsi ce matin aux #GrandesGueules de #RMC: "Macron écrit pour dire qu'il a fait n'importe quoi. "Mais je suis le meilleur, on s'en fout."").

Macron a provoqué une cohabitation, mais il veut cohabiter avec lui-même.

"Il nous a mis dans le pétrin et c'est à lui de nous en sortir", a dit Gérard Larcher ce matin. "Le pétrin. Avec "cette métaphore boulangère", le président du Sénat a évité un mot plus grossier. "Demeure l'impression extérieure, peu flatteuse dans cette affaire où il a tout d'un homme qui flambe au casino et laisse sa famille accueillir les huissiers." (Etienne Gernelle)

Macron, le centriste disruptif, a toujours cru en la "destruction créatrice". C'est un président schumpeterien qui joue avec nos nerfs.

https://www.lepoint.fr/politique/mais-qu-a-t-il-fait-a-la-france-emmanuel-macron-le-president-qui-ne-savait-plus-quoi-faire-10-07-2024-2565264_20.php 

mardi 9 juillet 2024

La révélation Tondelier

Décidément j'ai un faible pour Marine Tondelier. Quand je pouvais aisément communiquer sur Twitter, je la suivais. J'aimais sa manière dynamique et posée de parler d'expérience d'une ville dirigée par le Frontnational dont elle révélait les méthodes avec le moins de parti pris possible. Je l'ai perdue de vue, d'oreille et d'intérêt depuis qu'elle est devenue la patronne officielle des écologistes, parti qui n'a pas l'heur de m'intéresser... 


La presse, à commencer par "Libération",  en a fait la révélation de l'entre-deux-tours. Elle-même, avec son éditeur, "les Liens qui libèrent",  a pris l'initiative de mettre en libre accès son livre "des Nouvelles du front" et a conseillé de profiter de la pause électorale pour le lire et se faire une idée plus éclairée de la manière dont ce parti se comportait "en vrai", une fois aux affaires. Elle a prodigué ce conseil sur "Europe 1", où elle n'était pas revenue s'exprimer depuis deux ans, écoeurée par la mainmise excessive de Vincent bolloré et de ses zbires sur cette station.  


J'ai suivi son conseil et presque achevé son livre. Bien m'en a pris. J'ai mieux pris conscience que la stratégie de séduction du rN consiste à "Polir, lustrer, rincer les mémoires, mélanger les héritages intellectuels, brouiller les ascendances", récupérer De Gaulle ouJean Jaurès. "Le RN ne s’encombre pas de sentimentalisme. Dans sa nouvelle version, il a choisi l’option caméléon. Le FN est devenu une boule à facettes,

capable de renvoyer à chacun le rayon de lumière dont il

avait besoin pour se sentir rassuré" pour accepter le seul invariant de sa politique:  le refus, par xénophobie, de l'immigration et le fait de la rendre responsable du désordre et de l'insécurité qui règnent en France, en profitant de ce que le débat soit interdit en France sur les liens entre insécurité et immigration. 


Marine Tondelier, révélation de cet entre-deux tours, a remis sur le devant des échopes des libraires son livre révélateur et elle poursuit sa route intelligente. Hier soir, elle était l'invitée de "BFMTV". 


Aux antipodes d'une droite retailleau-Wauquiez indéterminée à prendre le pouvoir dans cette période critique et qui ne veut pas entendre parler d'une alliance du bloc central pour ne pas faire le jeu du président Macron, elle avance  que le futur gouvernement Nouveau front populaire devrait proposer au Parlement, texte après texte, le programme du NFP, charge à chacun de se déterminer et d'expliquer pourquoi il vote pour ou contre chacune des dispositions contenues dans ce programme. Et si l'abrogation de la réforme des retraites doit se faire avec les voix du Rassemblement national, pas question de faire la fine bouche, affirme, déterminée, celle qui assume et ne regrette pas d'avoir "fait barrage". Plus de "pudeurs de gazelle" en refusant des voix, Pas non plus de coalition, pas de tractations pour faire au coup par coup des "majorités de projet" comme sous le gouvernement Borne, mais la vie parlementaire à l'état pur, remise au goût du jour dans notre pays au régime présidentiel par l'esprit de la constitution de la Ve République à bout de souffle d'avoir été taillée pour un homme ou pour un mythe.  Une vie parlementaire où le NFP pourrait gouverner, qu'il gagne ou perde au fil de ses projets de loi, grâce à la maîtrise de l'ordre du jour... 


Quand la journaliste de "BFM" lui demande si de proposer une méthode de gouvernement la met sur les rangs pour être  premier ministre, Marine tondelier répond habilement que c'est une manière très "masculiniste" d'envisager la politique. "Je ne compte pas dans cette équation, c'est l'avenir et la gouvernabilité du pays qui m'intéressent." Elle écrivait la même chose dans son livre publié début 2017: "Les attaques gratuites contre moi ne m’affectent pas. Je me suis bâtie une carapace sur laquelle elles glissent. Celles qui visent les plus précaires… me troublent par contre profondément."


Tant d'abnégation et d'à propos que d'aucuns jugeront certainement surjoués me rappellent comment,en 1995, des profondeurs du parti socialiste, un ancien premier secrétaire assez sectaire, Lionel Jospin, fendit l'armure, se révéla, perdit l'élection présidentielle, mais devint premier ministre deux ans plus tard pour cinq ans, et laissa à la France beaucoup de bons souvenirs. C'est tout le mal que je souhaite à Marine Tondelier, ma révélation de l'entre-deux-tours. 

dimanche 7 juillet 2024

Législatives 2024, le sursaut contre le cahos

Je me suis finalement abstenu en étant fidèle à ma première idée et suis content que les forces de gauche, qui se préocuupent du social, aient remporté ces élections législatives, car la société est très malade. LLa réaction des Français est plutôt réjouissante, qui a donné la première place au Nouveau Front populaire.
Cette victoire, fût-elle numérique et symbolique, me paraît saine pour la cohésion sociale.

Le RN ne représentait qu'un Français sur trois et c'est à cette aune qu'il fallait peser le résultat du premier tour. #RenéPOujol me l'avait ditpar tél., je lui avais objecté qu'on ne peut pas analyser un scrutin majoritaire comme un scrutin proportionnel, je m'étais trompé.

Emmanuel macron a réussi son coup de poker et va devoir s'allier avec "les Républicains" qui ne sont pas mort, c'est une bonne nouvelle, même si cette résurgence consacre la longévité façon "Elle nous enterrera tous" de la bourgeoisieopportuniste qui domin cette base électorale. Éric Ciotti a complètement perdu son pari et il était plutôt

donné gagnant compte tenu de la base idéologique de l'électorat LR.

Emmanuel Macron a réussi son coup de poker de cavalier de l'Apocalypse. Il est le principal vainqueur de ces élections puisque, si son camp s'allie aux Républicains, ils constitueront la première force du pays, insuffisante pour le gouverner, mais elle trouvera des majorités de compromis ou fera comme avant: elle fera voter ses lois à laschlag du 49.3.

Raphaël Glucksmann va retourner au Parlement européen ou empocher un marocain. Il est le nouveau Manuel Valls des deux gauches iréconciliables et n'a cure de contredire Olivier Faure qui va dans le même sens que Jean-Luc Mélenchon. Ce "fils à papa" qui joue avec des alumettes à travers le monde comme BHLnous explique que le Parlement français doit devenir le Parlement européen, ce qui revient au plan national au retour de la Vème à la IVème République, que Macron a organisé par cette dissolution.

Jean-Luc Mélenchon a fait un discours courageux et martial en "lançant le débat" comme s'il était le leader de la partie et du parti gagnant. Il parlait à Macron comme Le Pen parlait à Chirac. Le Pen disait de celui-ci: "Il doit partir."Mélenchon a dit à Macron: "Il ne doit pas faire de combinaisons et doit nommer premier ministre le vainqueur de ces élections, au risque que le chef administratif de l'exécutif bénéficie d'une "minorité primo-ministérielle" (allusion à"la minorité présidentielle" dont les oppositions ne cessaient d'affubler"Renaissance" et ses alliés dans la précédente législature).

Jordan Bardella semble soulagé de ne pasavoir à exercer le pouvoir et pousse la muavaise foi jusqu'à dire que Macron a organisé "le chaos institutionnel" en répondant à sa demande dedissolution de l'Assemblée nationale en cas de victoire du RN aux élections européennes.

É♫douard Philippe a lancé son "appel du 7 juillet" avec trois ans d'avance surla prochaine élection présidentielle. Il prend une revanche un peu ridicule et personnelle sur son ancien mentor présidentiel. Ça risque de le griller.

Olivier Faure a fait une très belle déclaration: "La France méritait mieux qu'un choix entre le libéralisme et le fascisme."Le peuple français a trouvé les moyens d'échapper à cette alterntaivealternative.

Gabriel Attal a pris date dans un très beau discours où il a dit deux choses qui semblent transcender cet ambitieux à l'état pur: "Cette dissolution, je ne l'ai pas choisie" (good bye Macron!), "mais j'ai choisi de ne pas la subir." Et
"Tous ces échanges avec les Français qui souffrent est ce que j'ai de plus précieux."

La France se réveillera sans gueule de bois et on peut compter sur le président pour faire des tractations.Il a tweeté très vite: "Prudence et analyse. J'attends la structuration de la nouvelle Assemblée nationale [pour abattre mes cartes]."  

mardi 2 juillet 2024

Résister aux désistements

https://www.philippebilger.com/blog/2024/07/tous-fous-%C3%A0-lier-sauf-le-peuple-.html#comments

Le peuple va résister à tous "ces désistements autorisés mais contre-nature qui vont dénaturer les conséquences du premier tour et la rectitude démocratique du second." (Philippe Bilger) Espérons-le pour la démocratie.

On s'est beaucoup penché sur la psychologie d'un Macron et d'un Mélenchon. L'heure n'est plus à s'y intéresser quand le premier se goberge le soir où la "grenade dégoupillée" qu'il leur a envoyée explose dans les jambes des Français, parce qu'il a choisi de "bien se marrer", a-t-il confié à Nicolas Sarkozy, et qu'il ne saurait déroger à célébrer l'anniversaire de Richard Ferrand, "sorti des poubelles du parti socialiste" (selon Pierre-Yves Rougeyron) et devenu l'oracle du macronisme:
"Macron, tango sur un champ de ruines
Désistements en faveur de la gauche, spectre d’une chambre ingérable, cohabitation… Le président reste imperturbable.
https://www.lepoint.fr/politique/legislatives-macron-tango-sur-un-champ-de-ruines-02-07-2024-2564587_20.php
J'avais trouvé excessif ceux qui, comme Bernard Antony, l'avaient surnommé Macronéron. Moins modérés que moi, ils y voyaient plus clair.

Dans un numéro de mauvaise sociologie hallucinante,
https://www.youtube.com/watch?v=qrqbazVYFXE
Jean-Luc Mélenchon en remontre au sociologue de service qui lui explique que les trois blocs et sa façon de segmenter la gauche ne la résume pas et, après avoir raconté son histoire depuis son retour en dissidence à partir de 2005 et la création du Parti de gauche, il nous assure qu'il va désormais chercher les 16 millions d'abstentionnistes pour constituer une majorité absolue introuvable pour le Nouveau front populaire dont il promet de ne pas être le futur premier ministre, n'étant candidat à rien.

Ah bon, Mélenchon veut séduire les abstentionnistes? Mais pourquoi fait-il de moi un abstentionniste, moi qui, dans ma circonscription, ai voté au premier tour pour la candidate du NFP, laquelle arrivée en troisième position, se retire sans raison, le député macroniste sortant Olivier Becht étant assuré d'emporter la mise, en ballotage plus que favorable! Mais quoiqu'il n'ait pas démérité, je ne peux pas voter pour lui, car quoiqu'il se présente comme indépendant, comme tous ceux qui vivent à déshonneur de se réclamer de Macron, ma voix atterrirait en Macronie si je participais à l'élection de cet homme estimable.
Et je ne veux pas voter pour l'autre, Pierre Pinto, le représentant du RN, me refusant à sauter dans l'inconnu d'un bardélisme bordellisé par le "coup d'État administratif" d'une société contractualiste, organisée contre ce parti épouvantail en corps intermédiaires qui font pièce à la citoyenneté individuelle et à "la société des individus".
La société française est organisée contre le Rassemblement nationale. Il a brisé plus qu'un plafond de verre en parvenant à faire élire 89 députés. Mais cela ne l'a pas transformé en parti ordinaire aux yeux de la "démocratie organisée" contre lui. Quelle civilité pourra-t-il faire émerger de l'indignité civique dont il est frappé indignement?

L'anticapitaliste Mélenchon me met au rancard de l'abstentionnisme tout en me ciblant dans son marketing politique digne d'un trader caressant les marchés. Que ce renégat du trotskisme nous explique une fois pour toutes pourquoi il déteste moins le libéralisme qu'il fait profession de haïr que le fascisme qu'il s'agite à traquer tout en pérorant sur le même ton que les harangueurs et harengères des temps jadis.

Mais qu'on laisse aboyer cet aboyeur, s'exprimer les sportifs, s'énerver les syndicats, nous menacer les rappeurs et polémiquer les journalistes en un journalisme de boules puantes, ça en jette toujours à quelques jours d'un scrutin décisif. La stratégie d'intimidation n'est pas nouvelle, elle est éculée, bien qu'elle puisse faire son effet sur les dégonflés comme moi qui aiment les parias par esthétisme sans rarement oser aller jusqu'à partager leur sort! Le vrai déni de la démocratie, ce sont ces désistements. Ceux qui ne la laissent pas jouer comme elle le doit, ce sont ces désisteurs.

À l'inverse, Denis Monod-Broca a raison et dit les choses encore mieux que
Caroff (mais je les remercie tous les deux en particulier, chacun fait sa sélection dans les avis éclairés de ce blog): « Front républicain ! », « front républicain ! »… disent-ils, mais est-il « républicain » d’avoir renoncé au franc, d’œuvrer si ardemment pour une souveraineté européenne, d’avoir réintégré le commandement militaire de l’Alliance atlantique, de croire en la mondialisation néolibérale-libertaire, etc. ?
Nation, France, République ne sont pas des concepts abstraits, elles sont des réalités, vivantes, à condition de leur être fidèle, de leur donner sens, de les maintenir en vie.
Les premiers fossoyeurs de la République sont ceux-là même qui appellent si fort au « front républicain ».
Le corps électoral s’évertue depuis des années à leur faire comprendre qu’il n’est pas d’accord, qu’il y tient, lui, dur comme fer, à la nation, à la France, à la République. Mais ils ne comprennent pas. Eux affirment vouloir la République mais sans la nation, sans la France. Impossible ! Insensé ! Et ils sont enfermés dans cette aporie.
Comment le leur faire comprendre ?
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 01 juillet 2024 à 15:14