Pages

vendredi 20 mars 2020

Les évangéliques et le Coronavirus

Ironie du sort. « La porte ouverte chrétienne » de Mulhouse, qui ne cesse d’assurer qu’en son sein Jésus opère des guérisons miraculeuses, se voit opposer un démenti cinglant aux yeux du siècle moqueur en étant devenue le lieu de propagation du coronavirus dans le Grand-Est et sur tout le territoire national après sa semaine de jeûne et de prière. Le pasteur Samuel Peterschmitt, que je connais et dont je sais que Joseph Confavreux (qui travaille aujourd’hui à Mediapart) a témoigné que c’était un des personnages les plus intenses qu’il lui ait été donné d’interviewer , a lui-même été contaminé. Les évangéliques constituent une des périphéries et comme un point aveugle de l’Église catholique et de l’oecuménisme. Mais grâce à Dieu si l’on ose encore dire après ce que cette expression a coûté au cardinal Barbarin, les Églises grandes sœurs ne les traînent pas trop dans la boue et n’humilient pas ces frères et sœurs à terre. Ils se sont vus lancer une volée de bois vert par la préfette du Grand-Est. Ils ont réagi dignement en ne se laissant pas faire et accuser de n’avoir pas respecté des normes qui n’avaient pas encore été édictées.

Curieux (de façon malsaine ?) de la manière dont ils réagissaient à cette épreuve, je viens de visionner sur Youtube un culte célébré peu après les faits, le 8 mars autant que je sache. Le pasteur Thiebaut Geyer qui le conduisait, a centré son message sur le thème de l’incompréhension. Avec une créativité biblique et théologique que j’ai toujours constatée chez eux, il développe plusieurs points que je relève et souligne :

- Dieu ne créée pas le cosmos tout d’un coup dans son ordre et dans sa beauté, il créée dans le chaos, la terre informe et vide, les ténèbres avant la lumière. Pourquoi ?

- Lorsque Paul et ses compagnons débarquent à Malte après avoir fait naufrage,, jetant des broussailles pour alimenter le feu que les Maltais qui les ont recueillis ont fait pour réchauffer les naufragés, voici qu’un serpent sort sous l’effet de la chaleur et se trouve dans la main de Paul. Paul ne récrimine pas, garde son calme et secoue le serpent qui retombe de sa main dans le feu. « Les barbares » prennent Paul pour un meurtrier puis pour un dieu. Cela se passe pour lui comme il a dû arriver aux premiers conquistadores regardés par les Indiens d’Amérique.

- Quand Jésus guérit l’aveugle de Betsaïda à la prière des gens de sonvoisinage, Il commence par le sortir de la zone de confort qu’est son village, puis il lui « crache dessus », traduit-on littéralement du Grec des Évangiles. Il lui demande s’il voit. L’aveugle lui répond : « Je vois des arbres qui marchent comme des hommes. » Cela correspond exactement au genre de méprise que je faisais quand jai appris que j’étais moi-même aveugle. Pour moi, les arbres devaient cogner les yeux de ceux qui voyaient clair et je ne les enviais pas d’avoir si mal à la réalité. Jésus lui repasse de la salive sur les yeux en le « fixant du regard ». Alors il voit distinctement. Il comprend par degrés en perdant ses écailles.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire