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samedi 1 décembre 2018

Gilets jaunes et classe moyenne

On le sait depuis #Alainsouchon, les classes moyennes sont des "foules sentimentales". Mais réfléchissons. A l'origine, les #GiletsJaunes sont motorisés, donc ils appartiennent à la classe moyenne. Une classe moyenne déclassée par un président qui aurait planché au #Bilderberg, aux dires de #MichelGeoffroy dans son livre traitant de la superclasse mondiale, sur la manière de lui faire avaler son déclassement sans qu'elle geigne, car la "mondialisation heureuse" tire le niveau de vie moyen vers le bas. Son déclassement du centre à la périphérie. La France ne se gouverne plus au centre, au niveau de l'électeur médian, elle ne se gouverne plus pour que la classe moyenne y trouve son compte. Depuis le début de cette agitation, j'ai craint le mouvement des #GiletsJaunes parce que, pour une fois, on avait affaire à une force. Les automobilistes ont un bolide sous l'accélérateur, il ne faut pas le leur dire deux fois pour qu'ils fendent la foule comme le camionneur de Nice. Finalement, c'est une gilet jaune qui a été la première victime d'un tel emballement de prétendue panique automobile. En 2002, l'électorat disait craindre pour sa sécurité. On l'a détrompé: "Vous souffrez d'une dérive sentimentale, vous avez un sentiment d'insécurité, ce sentiment est infondé, #LaurentMuchielli vous l'assure". Cette classe moyenne paniquée des automobilistes vote Le Pen. Jospin est sorti du jeu et Chirac sort victorieux du jeu. Il commence par ironiser en punissant les automobilistes pour répondre à l'insécurité dont ils disent souffrir par un accent mis sur la sécurité routière. Or, entre les automobilistes et les vandales ou les "racailles", il y a la différence qui, dans un crime, juge de la préméditation. Il arrive que les automobilistes donnent la mort, mais c'est sans intention de la donner. Et même ils la donnent plus souvent qu'à leur tour. Ils sont plus souvent criminels que les assassins. Mais ils ne le sont pas volontairement, à la différence des assassins, quand bien même se transformeraient-ils en chauffards. Ils n'ont pas la volonté de nuire et on met ces criminels involontaires, qui n'ont pas l'intention d'augmenter la criminalité, au rang des assassins. Seize ans plus tard, ces automobilistes tabagiques et qui roulent au diésel ont encore assez de pouvoir d'achat pour puiser à la pompe, mais ils ne veulent plus être taxés. La taxe symbolise leur déclassement. Ils réagissent à l'exaspération financière et normative. Ils le font avec les beaufs et les jeunes des banlieues, réunis pour l'occasion dans un improbable vivre-ensemble de la négativité. Le danger est double: la coalition est divisée en son principe, et l'ascenseur social tombe au sous-sol. La classe moyenne, qui formait la tête de pont de ce mouvement de protestation, est aspirée vers les classes populaires, signe de son déclassement et de la crise de la méritocratie.

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