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dimanche 22 août 2010

La théorie des Goths

On a beaucoup accusé les études indoeuropéennes d'être basées sur un mythe
que Georges dumézil a largement contribué à fortifier, tordant la réalité
des sociétés qu'il étudiait pour obtenir une concordance avec les trois
fonctions qu'il voulait dégager. La réalité ou le mythe indoeuropéen font
se développer sur le même plan des langues si différentes qu'on a peine à
croire qu'elles aient même racine. La preuve la plus convaincante de la pensée de dumézil concernant la société persane repose sur le constat que l'Islam de la Perse a un clergé (d'où le régime des mollah actuel), preuve s'il en fallait une de plus que la persanité (avec notamment le zoroastrisme) est antérieur à l'Islam dans cette civilisation vieille de 2500 ans qu'est la Perse devenue Iran, qu'on persécute aujourd'hui. La Perse persécutée…

Les études indoeuropéennes ont fortement contribué à enraciner le mythe ou la réalité que l'humanité a deux langues sources : le sanskrit et l'Hébreu. Le recours à une descendance aryenne (avec un y grec) dont se réclamaient les nazis trouve peut-être lui aussi son origine dans ces études indoeuropéennes. Du moins se trouve-t-il une concordance assez bizarre entre la mythique race aryenne (avec un y grec) et l'arianisme gothique (avec un i), l'arianisme des Goths, dans lequel la langue allemande a commencé de se codifier réellement, bien avant que Luther ne traduise la bible en allemand. Arius fut un hérésiarque dont la caractéristique était de ne pas croire en la divinité de Jésus-Christ. Saint-Augustin s'y est opposé, mais pas aussi vertement que saint-athanase. Les principaux hérétiques avec lesquels Saint-augustin eut à croiser le fer furent les Pélagiens, qui croyaient en une primauté quasi absolue du libre arbitre.
Mais revenons à arius. Avant d'être un hérétique, c'est un évangélisateur. Il traduit l'évangile pour les goths et, quand il a à trouver comment il va rendre le tétragramme imprononçable des Hébreux, sous quelle forme choisit-il de la traduire ? Il la traduit tout simplement par goth, non sous lequel continuent de le désigner les allemands. De là à trouver l'origine du nationalisme allemand dans l'arianisme (avec un i), il n'y a qu'un pas que peu de chercheurs, ilme semble, se sont décidés à franchir. Si l'on pousse donc les conséquences de la traduction d'Arius dans ses retranchements, ce n'est pas seulement "Goth mit uns", "Dieu avec nous" que peuvent dire les Allemands comme ils l'arboraient sur leurs drapeaux durant la première guerre mondiale, mais "goth ist ich", "Dieu, c'est moi". On aurait dans l'arianisme (avec un i), non seulement l'origine du nationalisme allemand, mais l'origine de l'individualisme et de l'autodivinisation de l'homme, pour laquelle le choix de goth, désignation des goths eux-mêmes, pour traduire dieu, était un miroir très fidèle des idées que voulait promouvoir Arius par ailleurs en refusant la nature divine de Jésus-Christ pour la donner à l’homme. Or, quand, faisant un pas de plus, on s'aperçoit que "ish" (transcription i s h) en Hébreu veut dire l'homme, on y perd carrément son latin. Si, avec cela, l'inconscient sémantique n'existe pas, je rends mon tablier à la recherche sauvage...

Julien WEINZAEPFLEN

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